Tu n’as pas oublié ta petite expérience sur Mitre, tu t’es seulement dit qu’il n’y aurait aucune conséquence puisque ce dernier ne s’est pas manifesté suite à votre rencontre aux sources chaudes. Mitre est un peu stupide de ne pas réagir, de ne pas voir le problème, mais ça t’arrange bien. Tu as voulu jouer avec son cerveau, c’était amusant, tu t’attendais à des représailles mais il n’est rien arrivé. Ce gars est aussi mou qu’une éponge, pas étonnant que son cerveau ait été si simple à manipuler. Tu es donc rapidement passé à autre chose, continuant tranquillement ta vie sans revenir sur ta rencontre. Pourquoi faire ? Tu as testé, tu as eu des résultats plaisants, fin. Tout cela sans soucis !

Tu ne t’attendais donc pas à ce qu’on tambourine à la porte de la colocation à 3h du matin. 3h. du. Matin. Tu ne l’as pas entendu directement, car tu DORMAIS et tu souhaitais poursuivre ta nuit en ignorant le plus possible le dérangement. Problème, le gros connard de ses morts continue de tambouriner comme un demeuré tant que personne ne répond. Tu espérais que quelqu’un bouge. Caël, Sora… L’un des deux pour envoyer chier le perturbateur. Mais non, personne ! Tu sors donc de ton lit à contre coeur, avec des envies de meurtre. Il faut attendre que tu mettes un pull et fasse ton – uh, pourquoi tu fais ton lit alors que tu vas te recoucher aussitôt ? Tant pis, tu termines ce que tu as commencé avant d’aller ouvrir la porte. Le réveil au beau milieu de la nuit ne te réussit pas.

« Quoi ?! Ça va pas de frapper comme ça à 3 heures du matin ?!! »

Puis tu percutes qu’il s’agit de Mitre. Mitre. Les sources chaudes. Ah putain… Tu soupires et te masses les tempes dans une tentative de reprendre ton calme. C’est pas après deux semaines qu’il faut te faire chier avec ça, sûrement qu’il est là pour autre chose.

« Tu t’es perdu ? Ta chambre est ailleurs, par là-bas. J’en sais rien. Bonne nuit. »

Tu lui claques la porte au nez et retournes dans ta chambre sans le laisser parler. S’il veut te dire un truc, il attendra demain matin.

Mitre ne te laisse pas faire deux pas avant de frapper à nouveau à la porte, répétant ton prénom en plus de ça. Mais pitié, tu veux dormir ! Comment tu vas faire demain si tu n’as pas le minimum de sommeil adéquat ? Et lui là, comment il fait pour être comme ça en pleine nuit alors que vous avez la journée de cours à supporter le lendemain ?? Preuve en est qu’il a vraiment rien dans la tête, il ne doit pas faire beaucoup d’efforts pour étudier. Toi, tu vas douiller demain si tu ne vas pas vite te recoucher. Tu décides donc de rouvrir la porte pour écouter Mitre. Plus vite tu lui auras donné ce qu’il veut, plus vite tu retourneras au lit.

Tu as aussitôt envie de refermer la porte quand il te parle de convention sociale en te traitant de petit  bourgeois. IL EST 3H ! Au diable les conventions ! Puis d’où il t’insulte, alors qu’il vient t’emmerder au beau milieu de la nuit ? Tu ne vas pas le supporter longtemps. Il n’a pas l’intention de bouger. Nouveau soupir quand il dit ça. Il a pas réveillé la totalité des gens du couloir pour aller se recoucher pépouze. Mais quel gros gland… Si vous restez parler sur le palier, vous allez juste vous attirer les foudres des autres étudiants.

« Tu aurais pu attendre demain. »

Sauf qu’il n’attendra pas, il l’a bien fait comprendre. Tu te décales pour le laisser entrer.

« Entre du coup, on dérangera moins de monde à l’intérieur.  »

Il fait plus chaud, en plus. Tu le guides jusqu’à ta chambre pour que vous ne dérangiez pas en plus tes colocs. Quoique, c’est sûrement mort pour ça, Mitre a réveillé tout le monde, dans toutes les chambres. Il a pas idée…
Dans ta chambre, ton lit est évidemment parfaitement bien fait puisque tu n’as rien trouvé de mieux à faire avant d’aller ouvrir la porte. C’est mieux comme ça de toute façon, tu n’aurais pas pu quitter ta chambre avec un minimum de désordre. Elle est donc nickel, si Mitre touche à quoique ce soit tu le tues pour de bon.

« T’as intérêt d’avoir quelque chose d’intéressant à dire. »

Et de partir aussitôt après avoir balancé son truc. Tu ne comptes pas entrer dans son délire.

De tout l’espace disponible dans la pièce, il s’assoit sur ton lit. Tu as un petit pincement au coeur en voyant les draps si plats se plisser sous son poids. T’as pas fait ton lit pour qu’il défasse tout avec son derrière. Te concernant, tu vas t’asseoir sur ta chaise de bureau, tourné vers lui. Tu t’accoudes au bureau et c’est une erreur. Tu as tellemeeent envie de fermer les yeux ! Pourtant Mitre est là. Il blablate sur Arbogast, comme quoi c’était bizarre. Bravo, c’est bien, il lui a fallu deux putain de semaines pour le comprendre ! Tu le fixes, blasé, quand il commence à s’égarer sur des lapins magiques. Non. Non putain non mais qu’il ferme sa gueule. Tu n’es vraiment pas de bonne humeur et tu risques de très vite perdre patience s’il continue.

« Mitre… »

Il semble remarquer ton impatience, puisqu’il soupire et… Ton visage se décompose lorsqu’il prend ton oreiller pour le serrer contre lui et caler son menton dessus. En plus d’être complètement con il est aussi très impoli ! Ça ne se fait pas de toucher aux affaires des autres. Ton lit parfaitement clean se retrouve maintenant en bazar total. Oui, il n’a touché qu’à l’oreiller, mais il est 3h du mat et tu vas pas supporter plus que ça ! Tu te lèves donc pour lui prendre l’oreiller des mains et le virer de ton lit pour le refaire comme il faut.

« Tu veux de l’aide pour toucher à mes affaires ?? »

Respire, Mordred, après tout t’as joué avec son cerveau et il vient de se rendre compte du problème. Deux semaines après et à 3h du matin… Ce type a beaucoup de retard. Il veut que tu l’aides à trouver le coupable, en plus ! Eeeerh… Comment dire… Tu soupires et fais mine d’être déstabilisé par la nouvelle.

« C’est… T’es sûr de toi ? Cette personne doit être douée pour nous tromper tous les deux avec autant de précisions. »

S’il va chercher le coupable t’es clairement dans la merde, parce qu’après ton petit jeu tu as subi plein d’autres hallucinations et des migraines bien lourdes. C’est pas difficile de repérer un type en pls qui marche en évitant des trucs qui existent pas. D’autant plus que ton pouvoir n’est pas inconnu chez certains… Aaaah mais pourquoi maintenant… ! Tu réfléchis et décides d’entrer dans son jeu pour l’instant.

« Qu’est-ce qui te fait dire que c’était une hallucination commune et pas autre chose ? »

« Les stylo en plastique c’est pas très écologique », et alors ? T’en as strictement rien à foutre en ce moment même. Puis pourquoi il te dit ça ? Tu arrêtes deux secondes de faire ton lit pour le regarder, et voir qu’il a piqué des stylos pour les mettre dans ses cheveux. …Ce serait très vulgaire d’écrire toutes les insultes qui te viennent en tête quand tu le remarques, alors la joueuse ne va rien écrire et laisser courir l’imagination de sa partenaire. Ta tête, cela dit, exprime le condensé de jurons plutôt clairement.
« Non ça va je gère ». MAIS PUTAIN. Il comprend rien. Rien du tout. Tu soupires dans une énième tentative de conserver ton calme, mais sérieusement t’as juste envie de le foutre dehors. En plus, votre conversation ne va aboutir à rien puisque tu dois seulement éviter qu’il découvre que tu l’as manipulé. Si tu perds ton sang-froid, tu vas faire une erreur et le mener à la vérité.

Mitre prend beaucoup trop ses aises alors qu’il est chez toi. Dans sa façon de toucher à tout et son attitude, il n’a aucune gêne et ça t’agace. Pourtant, tu dois l’écouter dire ses bêtises pas si bêtes. Tu réfléchis sérieusement à ce qu’il te dit, mais pas comme il doit l’espérer. Tu n’es pas allé à l’infirmerie car tu as déjà les cachets qu’il te faut, et un lit pour crever le temps que la migraine passe. Autant l’encourager sur sa piste foireuse. Le problème c’est que… A lui tout seul, il pourrait mettre 3000 ans à te retrouver. Si tu l’aides ça peut être plus rapide, tu dois éviter ça.
D’autres idées ? Non, c’est vrai qu’en prenant le problème de manière objective, l’hallucination reste la cause la plus logique. Par contre… « l’abruti qui a eu besoin de cobaye humain pour tester son pouvoir » ne regrette pas son action. Ce n’est pas stupide de tester en conditions réelles.

« Hm… D’autant plus que cette personne a dû s’arranger pour virer les autres gens, ça doit demander beaucoup d’efforts. On peut aller voir à l’infirmerie, oui. Demain. »

Ou un autre jour, ou jamais. Il peut aussi laisser tomber ça t’arrangerait. Surtout que l’infirmière peut te trahir.

« Mais dis, tu parlais au requin. Tu n’as rien perçu de bizarre ? Tu n’aurais pas dû te rendre compte plus tôt du problème ? C’est étrange quand même, de réussir à duper ton pouvoir. »

Tu serais plus fier de toi si tu avais dupé quelqu’un de plus efficace que Mitre. Là, tu n’es pas certain que ce soit vraiment une réussite.  

« Si ça avait été un mage avec la capacité de se transformer en animal, tu n’aurais pas senti ses pensées ? Admettons qu’il se soit associé avec un mage contrôlant la téléportation… Non, il y a trop d’inconnues pour que ce schéma puisse fonctionner. »

Depuis tout à l’heure, tu essaies d’ignorer les crayons dans ses cheveux. C’est impossible, tes yeux y reviennent constamment lorsque tu parles. Tu vas donc les enlever et les reposer exactement où ils étaient.

« Arrête de toucher à mes affaire, par contre, tu me déconcentres. Tu m’emmerdes déjà au milieu de la nuit donc pousse pas trop. »

Il confirme l’importance d’entraîner son pouvoir sur d’autres mages en te donnant le détail de son expérience avec l’hallucination. Tu notes tout ce qu’il te dit dans un coin de la tête pour pouvoir le réutiliser la prochaine fois que tu rencontreras un mage qui parle aux animaux. Même Supernatural, même le fait d’aimer La Petite Sirène. Tu trouves ça bizarre et te demandes un instant si c’est pas juste Mitre qui délire, mais puisqu’il leur parle… Son expérience n’est pas unique, d’autres mages doivent comprendre les animaux de la même façon. Mouais. Tu notes également que tu devras faire une liste de tous les cas sociaux à éviter dans cette école. Il y en a beaucoup et tu en fais partie, tu le sais très bien.

Mitre ajoute qu’il peut comprendre les humains, vaguement, et qu’il l’aurait senti si ce n’était pas un requin. Intéressant. Le fait que tu contrôles l’hallucination et que tu sois humain n’interfère pas avec le réalisme du requin. Cool. Super cool. Il est l’abruti dans tout ça, à te donner autant d’informations utiles sans se douter une seconde que tu es le responsable de cette affaire.

C’est quand même hyper difficile de gérer ce gars. Tu ne lui as pas proposé d’élastique parce qu’il n’a pas demandé, il est malin lui ! Comment tu aurais pu savoir qu’il en cherchait ! Puis non, il ne fait pas ce qu’il peut avec ce qu’il a, puisque ce sont tes affaires. Tu passes une main sur ton visage tandis qu’il te traite de personne basique, parle de vengeance, ses idées… Ses idées ? Il devrait t’en dire plus. Tu lui donnes une boite remplie de chouchous, élastiques et pinces en tout genre à sa demande.

« C’est important, t’as raison, mais je serais vraiment plus efficace demain. L’infirmière ne sera pas disponible avant demain matin de toute façon. Ça ne me plaît pas non plus de savoir qu’on a joué avec mon cerveau. Tu as quoi comme idées ? Pour savoir si j’ai moyen de participer à cette vengeance. »

Ou juste moyen d’empêcher ça.

« On aurait pu réfléchir à quel type de mage mais… Tu penses pas que l’hallucination aurait pu être due à une potion versée dans l’eau ? Je connais quelqu’un qui a fait ça avec un sérum de vérité, dans la piscine. J’y étais et l’effet était puissant. »

Pas sur toi, tu n’étais pas dans l’eau. En tout cas, tu devrais éloigner Mitre de la piste du mage noir, car à partir de là ce sera trop facile de te retrouver.

Tu jettes immédiatement les tiges à la poubelle quand il le dépose sur ton bureau. Il est hyper long à la détente, tu ne t’attends donc pas à ce qu’il comprenne que tu ne supporteras pas la moindre trace d’invasion dans ta chambre. Le moindre petit bordel. C’est donc plus simple de t’occuper par toi-même de rattraper ses erreurs. Il te répond qu’il ne t’a pas demandé ton pouvoir, et tu réfléchis à en inventer un. Ensuite, il expose son plan. Black mail et punaise de lit. Hm… ça va. Vraiment, l’un comme l’autre sont gérables. Même si concernant les punaises de lit… De toute façon, il ne découvrira jamais ton identité, t’y comptes bien. Tu n’auras donc pas de problème avec ses petites vengeances.

Mitre reste focalisé sur l’option des hallucinations, à raison. Il parle même de dresser une liste des mages noirs de l’école. Il va falloir que tu réfléchisses à des hallucinations capables de te faire passer pour un mage blanc, ou rouge. Pas vert, Mitre en étant un il pourrait repérer les failles. Aussi simplet soit-il, il ne vaut mieux pas le sous-estimer. Tu soupires de soulagement quand il décide de remettre ça à demain. Tu vas pouvoir passer le reste de ta nuit à réfléchir à des excuses et des hallucinations convaincantes. Ah… Comme si tu n’avais que ça à faire ! Ça t’emmerde sérieusement, tu ne peux pas te permettre de te laisser autant distraire par une connerie du genre.

Au moins, il va enfin te laisser tranquille ! …N’est-ce pas ? Comment ça, « je dors où »? Il est pas sérieux. Tu le saisis par le bras pour le raccompagner le plus calmement possible vers la porte.

« Tu dors dans ta chambre, Mitre. On peut se rejoindre demain à 7h à la cafet pour le petit dej, si ça t’arrange. »

Tu l’inclus dans ta routine, c’est déjà un grand effort. A moins que… est-ce qu’il serait pas du genre à faire n’importe quoi, et donc décider de trouver la réponse cette nuit, tout seul, sans que tu sois là pour le dérouter ? Putain, le plus sage serait de garder un œil sur lui. Ça te saoule. Dieu comme ça te saoule. Tu veux pas partager ta chambre, encore moins avec un type qui risque de mettre des saletés partout. Nouveau soupir. Tu commences à être au bout de ta vie, là. Tu le lâches et lui dis :

« En fait… Ce sera plus pratique que tu restes, t’as raison. J’ai la tête ailleurs depuis tout à l’heure, excuse-moi. J’ai juste besoin de dormir et tu m’aides pas. »

De toute façon tu ne dormiras pas, c’est foutu. Pas avec lui dans ta chambre. Il suffit que tu lui colles une hallucination en dormant pour lui balancer la vérité. Tu lui mets des couettes en rab par terre, très peu enclin à prêter ton lit. Le bordel au sol te désespère déjà.

« C’est bon là ? »

Il va chercher ses affaires, génial. Comme si tu n’avais pas assez avec les tiges qu’il récupère dans la poubelle pour mettre sur son lit de fortune. Il n’y a que des papiers dedans donc ça ne te dérange pas trop, de toute façon tu laveras tout demain. Tu regardes à ta montre lorsqu’il part, pour profiter de ces cinq minutes de calme avant qu’il ne revienne perturber ton environnement à nouveau. Tu veux dormir, mais tu dois bien admettre que t’as cherché cette situation. Elle aurait seulement dû arriver plus tôt dans la semaine, pas à 3h du mat.

En attendant que Mitre revienne, tu t’autorises à fermer les yeux 5 minutes. C’est tout ce qu’il te restera de ta nuit, et tu ne risques pas de t’endormir en si peu de temps. Que tu crois. Ton cerveau s’éteint direct et c’est totalement fait exprès dans le fond. Si tu dors tu ne l’entendras pas revenir et donc il partira et tu pourras avoir une vraie nuit. Le problème, c’est que l’inquiétude de le voir faire de la merde te sort de ta sieste. Tu t’es assoupi dix minutes et il n’est toujours pas revenu. Pfff à tous les coups il frappe à la mauvaise porte, dans le mauvais couloir. Tu as très envie de le laisser se faire insulter par tous les autres souhaitant dormir comme des personnes basiques. Le problème bis, c’est qu’il finira par retrouver ta chambre.

Tu vas donc ouvrir la porte de la colocation pour voir si Mitre arrive. Il est effectivement en train de frapper à la mauvaise porte. Tu t’éclaircis la gorge pour l’interpeller.

« Mitre ! Arrête de déranger tout le monde ! »

Tu le fais ensuite entrer rapidement, car il ne faudrait pas qu’on t’associe au perturbateur de sommeil. Enfin bon, c’est pas le pire de tes connaissances et tu en tiens une couche toi-même, mais foutre le sbeul au milieu de la nuit reste le pire affront.
Lorsque vous êtes à nouveau dans ta chambre, tu le laisses s’installer tandis que tu allumes la lampe de chevet et éteint le plafonnier.

« Au fait, ça te change quoi de dormir ici ou dans ta chambre ? »

Toi tu acceptes sa présence pour garder un œil sur lui, mais techniquement il n’a pas de raison de vouloir rester avec toi. Que vous dormiez à côté ou pas, votre marge d’action reste réduite jusqu’au matin et vous n’avez rien à faire cette nuit. A part réfléchir à demain, mais ça tu le feras sans l’aide de Mitre.

Il… Non… C’est pas possible… Confortablement installé dans ses couvertures, Mitre t’explique la chose la plus conne du monde. Il était déjà là. Ça vous aurait fait perdre du temps qu’il retourne dans sa chambre. Ça… Tu en restes bouche bée, c’est pas possible de raisonner de manière aussi aléatoire et imprécise. S’il avait dû rentrer, vous auriez dû vous coucher encore plus tard… Mais. Juste. Non. Il est retourné dans sa chambre pour prendre une couette et il… Vivement qu’il arrête de parler, c’est peut-être contagieux. Il a pas tort pour le reste, être ici lui évitera de te chercher demain et vous pourrez partager vos soit disant illuminations dans la nuit. Te concernant tu ne lui diras rien, évidemment. Par contre, son idée de mettre ton nom sur la porte revient à lancer une invitation pour te faire taper. « Je t’ai insulté/pris de haut et tu ne sais pas où me trouver, voici ma chambre ! », « Je t’ai maudit.e pour X raison, ma porte est ouverte de 17 à 19h » ou « J’ai joué avec ton cerveau, viens donc dormir avec moi, j’ai mis mon nom sur la porte, hahaha comme on s’amuse ! ». Quelle bonne idée, jamais tu ne feras ça.

« Je vais dormir, surtout. »

Profiter que lui dorme et se taise, oui. Tu crois voir quelque chose bouger dans le dos de Mitre au moment d’éteindre la lumière. C’est pas vrai. Il a pas intérêt à avoir ramené sa merde ici ou ça va pas le faire. Tu essaies de te dire qu’il est tard, tu as sûrement rêvé. Avec la fatigue, tu ne vois pas très clair. Mitre te souhaite bonne nuit, mais toi tu es perturbé par la manifestation dans son dos. Tu mets un petit temps à répondre.

« C’est pas Jean-Eudes mais Mordred. T’as rien ramené de bizarre ici, hein ? C’est déjà pénible de partager ma chambre… »

Pas de réponse ? Tu soupires et laisses tomber, c’était ton imagination à force d’être à cran. Tu te sens attaqué par sa présence, c’est ton espace et il dérange tout. Tu as du mal à trouver le sommeil avec ça. Il est superficiel, court, et tu finis toujours par te réveiller pour réfléchir à comment gérer la situation le lendemain.

Il y a un putain de raton laveur dans ta chambre. Comment tu le sais ? Il s’est incrusté sur ton lit à côté de toi, et tu l’as vu lors d’un énième réveil. Tu rêves, c’est pas possible. Rien de tout cela n’est vrai, en fait. Ou alors c’est une caméra cachée, quelque chose qui expliquerait cette situation. Tu vas tuer quelqu’un. D’abord, tu essaies d’attraper la bestiole pour l’empêcher de toucher à tout. C’est très compliqué. Ce truc a beau être obèse, il est rapide et difficile à viser/attraper. Dans tout ça, tu glisses sur les couvertures de Mitre et lui tombes dessus. Tu t’en fous complètement, jusqu’à ce que tu sentes l’écosystème sous tes mains, qui se développe autour de ton invité non désiré. Tu vas le tuer.

D’un sort, tu immobilises le raton laveur. Il est toujours vivant mais figé, même si c’est pas l’envie de le buter qui manque. Ensuite, tu maudis les rêves de Mitre pour qu’ils se changent en horribles cauchemars. Tu ne connais pas sa sensibilité à ce genre de choses, tu verras bien si ça donne des résultats ou pas. Le temps qu’il fasse de beaux (non) rêves, tu vas chercher tous les produits nécessaires pour nettoyer ta chambre de fond en comble. Tu allumes les lumières, fais l’état des lieux, maudis Mitre encore plus fort… Tiens, pourquoi pas le maudire pour qu’il se coince un nerf en dormant ? Le réveil risque d’être compliqué, avec tout ça… Et désolé pour tes colocataires, mais tu augmentes l’alarme stridente de ton réveil et le place à côté des oreilles de Mitre. Il sonnera dans une vingtaine de minutes.

En attendant que ça sonne, tu vas te faire un café, puis tu t’installes à ton bureau pour réviser. Ça ne va pas, ta journée ne va pas se dérouler correctement. Lancer des sorts à répétition te fatigue également, mais ça ne sert plus à rien d’aller se recoucher vue l’heure qu’il est. Quand 6h30 sonne, tu laisses le réveil brailler longtemps. Puisque ça ne donne rien, tu lui jettes ton fond de tasse froid à la figure. D’un ton glacial, tu lui dis :

« Debout, il est 6h30. »

Tu n’attends pas sa réaction pour prendre sa couette et la jeter hors de la colocation. Tu n’en peux plus de voir toutes ces saletés autour de toi. Ça grouille de partout, tu vas devoir tout laver au moins 5 fois… Tu reviens ensuite pour le pousser et mettre les draps qui t’appartiennent à laver.

« Bien dormi ? Moi non. Ton raton laveur a un problème. »

Et toi aussi. Tu as multiplié les erreurs depuis tout à l’heure.

Mitre n’a pas l’air content, évidemment. D’un geste de la main et après t’être concentré, tu lèves la malédiction et libères ainsi l’animal. Peu importe les conséquences, tu en jetteras une nouvelle s’il décide de n’en faire qu’à sa tête.

« Rien de grave, je l’ai simplement maîtrisé pour le reste de la nuit. »

Et quelle courte nuit ! Tu lui en veux de t’avoir autant dérangé, quand bien même tu le mérites pour avoir utilisé ton pouvoir sur lui. Tu n’attends pas sa réaction, tu t’en fiches totalement. Tout ce que tu espères, c’est qu’il veuille se barrer. Certes, il est en colère pour la bestiole mais qu’est-ce qu’il va faire ? Te jeter des araignées et des brindilles ? Saccager ta… Oh non. Enfin bon, il n’en viendra peut-être pas à cet extrême. Tu vas ouvrir la fenêtre, puis tu attrapes un paquet de mouchoir pour le jeter à Mitre. D’abord aérer, après t’occuper un minimum de l’intrus. Sans plus d’amabilité, tu lui expliques :

« Je suis sincèrement désolé pour l’animal, mais c’est très difficile pour moi de supporter un inconnu et autant de bazar dans ma chambre. »

Tu n’es pas désolé. Pas plus que tu ne l’es pour ses cauchemars et ses crampes. Tu te gardes bien d’en parler, d’ailleurs. Tant qu’il ne fait pas le lien ça te convient.

« C’est comme si moi, je venais dormir chez toi et que je rangeais absolument tout, en désinfectant en plus de ça. »

Il accorde de l’importance à ses parasites, tu en accordes à l’extrême propreté de ton environnement et tes affaires. Et qu’il ne te dise pas que c’est différent parce que les bestioles sont vivantes, t’en as rien à foutre. Il leur parle, c’est bien, ça reste des choses qui n’ont rien à faire dans une chambre.

« Tu veux peut-être aller te laver dans ta chambre ? »