Posons les choses: est-ce que philo aimait se balader de nuit ? Oui. Est-ce qu'il détestait patrouiller de nuit ? Aussi.
Déjà, ça lui dérèglait l'entièreté de son rythme. Il se couchait super tard (ou tôt selon la vision que l'on a des choses) mais en plus il dormait peu.
Ensuite, la nuit, il ne croisait que des petits cons, ceux qui étaient persuadés que la pénombre les protégeait des surveillant et autres "gradés" de l'administration scolaire. Malheureusement c'était souvent vrai, comme la majorité de ses collègues étaient aussi des petits cons doublés parfois d'incapables. Mais, avec lui, pas d'échappatoire. Il était un chien et il avait du flair.

D'ailleurs, sa forme canine lui permettait de se faufiler gracieusement et de manière tout à fait invisible entre les zones d'ombre, dans un silence de mort. Il était un prédateur, un prédateur là pour annoncer sa sentences au scélérats dehors dans les zones interdites de nuit: retournez à votre dortoir. Prenez en note que vous aurez quatre heures de travaux d'intérêts généraux. Certes, c'était pas très létal comme sentence. Mais vu la tête que tiraient certains, c'était suffisant. D'autant plus qu'on disait que tuer des élèves, c'était relativement mal venu. Pf. C'était pas des élèves mais des petits cons. Ça comptait pas.

En vérité, et comme vous le savez, jamais Philophæ n'aurait fait de mal à un élève, du moins physiquement et volontairement. Leur abboyer dessus ne comptait pas, n'est-ce pas ? Du coup lorsqu'il croisait des élèves, il retenait simplement leur odeur et noms et s'il se mettait à courir se débrouillait pour les retrouver le lendemain.

Ainsi, lorsqu'il arriva vers les terrain de sport et qu'il y vit un élève, il s'en approcha doucement avant de s'arrêter non loin de lui. Alors qu'il dessinait, il avait tourné plusieurs fois la tête vers lui mais avait choisis de l'ignorer et de continuer à gratter du papier. Tranquille Bill ? Un énorme molosse t'approche et toi tu reste en mode détente ? Bon. Il ne devait simplement pas avoir peur des chiens. Tant mieux, ça lui éviterait de se prendre des cailloux comme la dernière fois qu'un phobique des chiens l'avait croisé de nuit.

Il finit par s'asseoir à côté de l'élève et se racla la gorge. Oui, comme un humain. A vrai dire il était décontenancé par l'indifférence du petit con et ne savait pas vraiment s'il devait s'énerver ou pas. Dans le doute, il resterait calme.

-Je vous demande de retourner à votre dortoir et vous annonce que vous aurez quatre heures de travaux d'intérêt généraux en conséquence de votre présence ici alors que nous sommes en couvre feu. Avez vous des questions ?

Philophae avait déjà observé un certain nombre de réactions chez les élèves qui l'avaient rencontrés sous sa forme canine mais se faire taper la discut', et de manière aussi étrange, jamais.


- Okay. On va y aller de manière organisée, point par point, parce qu'il y a beaucoup à déballer d'un coup.

Non mais, non. Y'avait rien a déballer du tout, il était juste en train d'aggraver son cas le bougre ! Le chien allait reprendre la parole mais le gosse le devança.

-1) Depuis quand ça fait des phrases aussi construites, une hallu de ma part ?

Attends, quoi ?

-Normalement, c'est 2-3 mots max, généralement grognés et c'est suffisamment chiant comme ça. Si vous vous mettez à taper des full discussions, j'vais pas m'en sortir.

Philophae avait redressé la tête dans son cou et froncer les sourcils en signe d'incompréhension. C'était quoi l'idée...

-2) C'est quoi la thématique générale ? Manifestement, on part sur un mood chien de garde, c'est cool, hein. Mais pourquoi partir sur du toutou menaçant et taper dans du langage soutenu après ? Un peu de cohérence, que diable !

Alors basiquement, merde. Genre il faisait bien ce qu'il voulait et il n'avait pas a recevoir de leçon de la part d'un mioche hors de ses droi...

- Je sais que les rêves, c'est bof structuré, mais on est pas chez les sauvages, ici, y'a un standing à respecter !

Oh. Ooooh. Un somnambule ou quelqu'un qui le prenait pour un con ? Peut être un peu des deux.

-3) Quel est le message global ? Si je me retrouve à squatter les terrains de sports, c'est quand même grandement la faute de tes potes les araignées, donc c'est bof utile de me dire de partir. Ah, et, si je me retrouve encore à squatter un autre endroit que mon sweet sweet dortoir, c'est à cause de ton autre pote le contrecoup d'insomnie, donc si t'as quelqu'un à engueuler, c'est c'ui là, merci de laisser les victimes hors de ce débat.

-Chuid ni un mage noir ni un mage vert, gromela-t-il. Je peux ni engueuler un concept ni des insectes. Bon, on va reprendre, vous...

- Bon, si tu comptes pas partir, à la limite prends la pose pour que je dessine.


… pardon ? Genre… PARDON ?! Bon, a ce niveau d'insolence là, il ne pouvait pas le faire exprès. C'était pas Saph et franchement il voyait personne d'autre d'assez stupide pour tenter de noyer le poisson aussi grossièrement. Il avait parlé d'hallucinations, d'insomnies… Il grogna.

-J'veux bien mettre du miens mais va falloir m'expliquer. Je sais pas de quoi vous parlez, vous pouvez peut être faire un léger effort de pédagogie ?

L’incompréhension avait l’air réciproque ce qui confirma à Philo que le gosse ne se foutait pas de sa gueule. Bon. C’était toujours ça de gagné.

- Bon, pour la suite de la discussion, on va partir du principe que tu es réel et pas un fragment de mon esprit, j'imagine que ça sera plus simple. Auquel cas, on va faire une explication complète.

Merci.

-Bonjour, Elias, élève de terminale, mage noir à ses heures perdues. Heures perdues qui s'avèrent être très nombreuses. Quand j'utilise ma magie, je me prends des insomnies dans la gueule. Et j'entends les rêves des gens. Fort. Du coup, pour éviter de péter un câble, je ne reste pas à un endroit où l'ensemble de l'établissement dort en même temps. Sinon j'ai des envies de meurtre et il paraît que c'est impoli.

Certes.


-Ah, et j'ai aussi des hallucinations régulières. Et j'en ai eu très récemment. A moins que la tour d'astronomie soit réellement envahie d'araignées et de substance indéfinie mais objectivement dégueulasse. Du coup, quand je vois un chien menaçant qui commence à me parler, je pars du principe qu'il fait partie de la team hallu.

Ah. Tout faisait soudainement beaucoup plus sens. Enfin presque.

-Je suis pas si menaçant que ça.

Si. Clairement si, tous ses élèves avaient peur de lui. D’un autre côté, ils ne se rendaient pas compte qu’ils étaient aussi terrifiant. Les cours avaient toujours été terrifiant quand il fallait les suivre, alors les donner était encore pire. Mais là n’était pas la question.

-Bonsoir Elias. Je suis Philophae Méales Andreatus, professeur de transformation et un des gardiens de l’école. Et tu devrais être dans ton dortoir.

Il marqua un petit temps de pause. C’est vrai, il devrait être dans son dortoir. D’un autre côté… Le renvoyer dans son dortoir alors qu’il avait l’air d’un télépathe au bord de la rupture, c’était moyen.

-D’un autre côté, si tu pense que tu vas assassiner des gens, je peux aussi aller à la radio des vestiaires, signaler que je reste avec un élève incapable de retourner dans les bâtiment pour cause de trop plein de magie. Je te filerait trois heures de colles, à faire dans la semaine. Est ce que ça t’irait ?

Être gentil n’était pas sa tasse de thé, mais aller là où on a pas envie et où en est en danger parce qu’il y a trop de bruit, ça lui parlait un peu trop pour qu’il le force à rentrer.

Le gosse commença à… Mal réagir. Non seulement il ne lui répondait pas, mais ses gestes devenaient moins précis en matière de dessin. Il avait la respiration qui semblait difficile et… Oh non. Déjà pour gérer les siennes, de crises d’angoisses, c’était compliqué mais alors pour gérer celles des autres…

Il se recroqueville, se prends les cheveux.

- A.. Ahh.. AHHHH. Pas le dortoir.

Oui, pas le dortoir. Mais ça c’était déjà réglé. Bon, problème, problème, problème. Il était sous forme de chien et avait pas prévu de gérer ça. La dernière fois qu’il s’était transformé en humain sans fringues pour séparer un combat, on lui avait plus reproché sa nudité que le paing qu’il avait mis par inadvertance dans la tête d’un élève. En même temps, la mandale l’avait fait rire. Il avait vraiment un grain. BREF ! Là n’était pas la question. Toujours était-il que sous forme de chien, il pouvait pas faire grand chose.

-On ira pas au dortoir. Je…

Quand lui angoissait, il avait besoins d’un lieu sans son, sans personne et sans contact. Est ce que c’était aussi son cas ? Il ne pouvait pas laisser un élève seul dehors… Il fallait prendre une décision… Il glapit, un peu dépassé par la situation, puis décida qu’il allait agir en expliquant à l’élève ce qu’il allait faire au fur et à mesure.

-Ecoute moi Elias. Je vais re-transformer mes pattes avants en bras humain. Ca va être très étrange, mais c’est juste moi. Je vais rassembler tes feuilles et les poser à côté de toi.

Une fois ceci dit il s’exécuta. Puis, réfléchissant, il se dit qu’il serait plus simple pour le gosse d'interagir avec un humain plutôt qu’avec un chien.

-Ne bouge pas, je reviens.

Il partit en courant en direction des vestiaires. Arrivé au bâtiment il chercha la clef dissimulée, redevint humain et ouvrit la remise. Attrapant un uniforme de l’équipe de rugby il enfila en vitesse avant d’aller à la radio. Non, ça prendrait trop de temps… Il alla donc directement vers la sortie, sans prendre le temps de refermer la porte.

En sortant il eu froid au ventre. Et pour cause. Sans surprise, l’uniforme était trop petit.

Philo était ressortit des bâtiment et c’était mis à trottiner dans la direction de l’élève, histoire de ne pas trop trainer mais de ne pas être terrifiant non plus. Quoi qu’il devait être de toute façon trop ridicule pour être effrayant, avec son immense uniforme de rugby pourtant trop petit pour lui.
Mais peu importe. Il fallait être un adulte responsable et y retourner. Gé-nial. Bon, au moins le gosse était toujours là et avait l’air un peu plus calme. Pas grâce à lui donc. Pas étonnant, d’un autre côté il aurait peut être pas pu faire grand chose.

-Ca va mieux ?

Le mastodonte s’assit en tailleur à côté du jeune, le nez perdu dans les étoiles. Sans le poil, y’avait pas à chier, il faisait un peu froid.

-Faut que je reste avec toi. Je vais pas te forcer à retourner dans le dortoir, mais je peux pas te laisser seul ici. Faut un “adulte” avec toi.

Il s’étira en baillant comme un canidé, montrant toutes ses dents pointu au monde et se laissa tomber au sol. Croisant ses mains sur son ventre il huma l’air, percevant la moindre parcelle d’odeur. A un moment il faudrait qu’il previenne qu’il ne faisait pas son itinéraire habituel, non ? Mouaif. C’était pas urgentissime de toute façon, si fauteurs de troubles il y avait d’autres patrouilleurs les trouveraient. Tant pis pour la forme de chien aussi. Que ça soirée soit ainsi perturbée l’agaçait au plus haut point, particulièrement après avoir fait flipper un élève. Cependant c’était ainsi et aussi grumpy puisse-t-il être, ça ne changeait rien. Donc autant compter les étoiles.

Les constellations… Il n’avait jamais réussi à les retenir. D’un autre côté, il avait jamais vraiment essayé, ça ne l'intéressait pas plus que ça. Il ne les utilisait que très peu pour se diriger, il n’avait jamais vraiment quitté l’école et connaissait les lieux par coeur alors bon… Et pour le reste, il avait déjà la tête suffisamment pleines d’autres choses bien plus intéressantes.

L’élève le remercia et il haussa les épaules. C’était un peu son job aussi. Bien que la plupart du temps il soit mauvais à le faire ça n’en restait pas moins son travail.

Il frissonna. Plusieurs courants d’air venaient de passer. Il se concentra pour ramener sur son ventre de la fourrure, histoire d’isoler sa peau de l’air. Il était désormais un mastodonte de deux mètres dans un uniforme de rugby trop petit, le ventre couvert de fourrure noire… Image étrange s’il en était.

Il patienta comme ça un moment encore, sans savoir vraiment combien de temps puis la fatigue commença à arriver et il se sentit aux portes du sommeil. Pas l’idéal quand on est censé surveiller un élève, particulièrement un élève sensible au rêve des autres. Il se redressa sur son séant, se tournant vers le gosse.

- M’est d’avis que ma garde est finie… J’vais aller prévenir à la radio que t’es là et que je t’ai autorisé à rester, qu’ils te renvoient pas à ton dortoir.

Il se releva et retourna vers les vestiaires en trottinant. Il appela la centrale à la radio et se fit… Engueuler. Normal. Ils savaient pas où il était passé et, bien qu’il n’y ai aucun danger apparent, ils étaient passé en degré de vigilance supérieure. Évidemment. Philophae grogna et leur expliqua la situation puis raccrocha d’un air grognon. Il quitta l’uniforme qu’il posa sur un banc et se transforma en chien avant de galoper vers l’élève. Arrivé à son niveau, il s’assit à côté de lui.

-Tu as l'autorisation de rester ici. Les patrouilleurs après moi passeront voir comment tu te porte, le prochain devrait être là dans cinq minutes. Si tu as besoins qu’il reste, il restera.

Il devait vraiment y aller. Avant de rentrer, son chef avait demandé à le voir et ça sentait le passage de savon. Il apréhendait et n’avait pas la moindre envie d’y aller mais c’était comme ça.

-Faut que file. Bonne fin de nuit.

Il s’élança dans la nuit, en direction du central, passablement saoulé par avance de ce qui allait suivre.