Nav avait les deux pieds enfoncés dans le sol et faisait face à l’enfant. Un peu de sang coulait de sa coupure à la joue et elle grogna.

Lorsqu’il s’agissait d’humains en face, c’était moins chiant… Elle soulevait la terre et les écrasait en dessous, vite fait bien fait, c’était réglé. Mais là elle devait garder en vie l’espèce d’asticot qui lui balançait la forêt à la tronche… La gosse devait faire un mètre cinquante pour quarante kilos tout mouillés mais elle s’arrêtait pas ! Enragée, fatiguée et dangereuse le moucheron. Saloperie... Aucun des réfugiés de son camp n’arrivait à la calmer et Nav venait de se prendre deux vagues télékinésiques en pleine tronche... Sa patience arrivait à bout.

Soyons clair: la gosse avait aucune chance contre elle. La merde étant que les interventions non létales étaient pas trop dans ses habitudes… Son opposante était sous-nourrie, maigre comme un os et ça rendait tout délicat. Elle avait bien essayer de l’immobiliser mais la gourdasse s'était déboitée l’épaule en gigotant comme une débile. Elle l’avait lâché, pensez vous. Si c’était pour se prendre un savon par Safi ou les classes d’aides, merci mais non merci.  

D’ailleurs…

-Il branle quoi Jean ? On a pas tout le jour !

-Il est en chemin.


-Et y’a vraiment PERSONNE d’efficace pour la gérer ici ?

-Bah… Personne plus près que Jean qui est déjà en chemin.

Elle grogna et se fondit intégralement dans le sol pour éviter une nouvelle vague de projectiles.

-Mais en plus elle s’agite avec une épaule démise là ! Jean il va encore me faire chier comme quoi que je prends pas soins des gosses que je lui file !

-Commandante ! Il arrive.

-Bah dis donc, t’es pas press… A TERRE !

Elle lança sur le moustachu un crochet de terre qui l’aplatit au sol, lui évitant de se prendre un tronc d’arbre. Après un soupir fatigué, le prof resta au sol les bras autours de sa tête pour se protéger. C’est dans cette position qu’il commença à poser les questions tandis que Nav était toujours le centre d'intérêt de la mioche.

-Comment ça se fait que ça soit toi qui t’en occupe et que vous soyez aussi peu nombreux Nav ?

-C’est elle qu’à commencé ! Elle a porté le premier coup, cte sale gosse de merde ! Et quand on était nombreux c’était pire du coup j’ai envoyé le gros de l’équipe emmener les nouveaux plus loin. Elle fait une fixette sur moi et empêche les autres d’approcher. Elle a mordu Gab, mais genre comme moi je mords ! Il manque un bout à Gabby maintenant, il doit être quelque part par là bas. Elle l’a craché.

-Bon.

Jean se redressa doucement pour analyser l’enfant qui lui faisait face.

-Ah et elle s’est deboit’ l’épaule quand je la tenait en essayant de se barrer.

-Évidemment.

-He, ho, j’y suis pour rien si c’est une furie.

-Ca me rappelle quelqu’un tient. Enfin tiens, façon de parler hein, puisque t’as rien à tenir.

Tout en parlant il étendait autours de lui sa magie, la dirigeant doucement vers l’enfant qui le regardait d’un air méfiant. Il offrit un clin d’oeil à Nav qui grogna. Il était fier l’autre con ! D’un autre côté il avait de quoi.
Quand on l’avait ramenée à Leoska elle était intenable. Elle refusait de s’alimenter, ne parlait pas et balançait des cailloux à la tronche de tout ceux faisaient mine de l’approcher. Sauf Jean. Enfin… Une fois qu’il l’avait pacifié, parce qu’avant ça… Il avait eu 16 points de sutures à cause d’une morsure de sa part au bras.
Après ça, elle parlait pas plus mais au moins elle n’avait pas tenter de bouffer la main de quelqu’un d’autre.

Delèze s’avança doucement vers l’enfant qui, au fur et à mesure les aiguilles de pins arrêtèrent de voler dans tous les sens et elle accepta que l’adulte la prenne dans ses bras, se mettant doucement à pleurer. Elle était légère, si légère…

Nav soupira de soulagement. Ayai, c’était plus son problème ! Que l’autre rigolo se démerde avec le monstre, elle allait aller faire son rapport à Safi et manger ! C’était pas trop tôt… Après elle pourrait aller s’occuper des chiens !

Elle s’ébroua et fit signe au siens qu’on pliait bagage.

-Courage avec la teigne le vieux !

Jean souris, s’en allant avec la gamine dans les bras vers l’infirmerie. C’était normal que Nav n’aime pas cette gosse, après tout, la teigne était une maladie de chien sauvage.