Alors comme ça j’étais incapable de pas me faire chopper ?

Tch.

La bave des crapauds n’atteint pas la blanche colombe que je suis. Ce sont des avis d’amateur, les winrar de l’escroquerie, les Heidi du crime, qu’est-ce que j’en ai à faire concrètement c’est pas comme si ce que pense mes camarades est important.

…

SI, ÇA COMPTE GRAVE PUTAIN. C’est primordial de montrer la qualité de mon taf, après tout, les mauvaises idées sont faites pour être remarquées et surtout il est hors de question qu’on me prenne pour un looser incapable de faire les choses bien. Et ça il fallait le démontrer aux Romuald, Ambre et cie… en vrai je ne connais pas leurs noms je m’en fous un peu, je veux juste pas qu’ils sous-entendent sur je suis naze. Ok, ok, je me fais souvent choper parce que quand j’ai une connerie en tête, je la fais, et j’analyse après. Mais il était temps de prouver plus à moi-même qu’aux autres que je pouvais réfléchir a v a n t de faire de la merde, de façon à rester discret. Enfin dans une certaine mesure, sinon j’imagine que la solution la plus simple serait de ne PAS faire d’imbécillité, mais daaamn que la vie serait fade si on penser tout comme ça.
Alors ce qu’il me fallait c’était un truc simple, débile, mais où je me parviendrais à tout mettre en place sans être suspecté.

La bibliothèque m’a paru comme une évidence ; recueil du savoir, règne du silence et du travail. Parfait pour crée facilement le contraste avec quelque chose de stupide et sans intérêt. Mais tout en restant dans le sobre. Pour rester discret, mieux valait éviter de tomber dans les écueils habituels qui auraient conduit à faire de la bibliothèque le prochain festival des lumières de France.

L’idée était de crée des memes sur le contenu des bouquins des nouveaux arrivages et de les agrafer à tous les moments adéquats avant leurs mises en place. Facile n’est-ce pas ?

On commence par se familiariser avec les lieux, a venir régulièrement et écouter la bibliothécaire parler des futurs arrivages aux habitués avant même leur réception, et en consigner les noms. Ensuite, les lires en avance à l’extérieur de l’école, avec les techniques de lecture rapide pour saisir l’essentiel du bouquin et prendre des notes sur les passages à meme.

Ça, c’était la phase la plus longue. Enfin, éditer les images, les imprimer au bon format, et les effacer de l’historique de l’imprimante et de l’ordinateur c’est ok.
Il ne restait à organiser que le plus difficile ; se planquer dans la bibliothèque pour s’y faire enfermer, et en ressortir. Le problème étant que je n’ai pas réussi à voler la clef à la fameuse Odette. Quelle grosse blague. J’ai fouillé tout son bureau ; rien. Elle la garde sur un fucking collier donc évidemment impossible de les piquer ou de les "emprunter" le temps que je les double grâce à un kit de moulage de clef. En tout cas pas à moins d’avoir l’air terriblement louche à coup de « OUPS ! Que faisais ma jambe ici, je suis si confus que vous ayez trébuché, QUOI, UN COLLIER VOUS DÎTES ? », ce qui serait contre-productif pour une mission dont le but est de pas se faire choper.

Pour partir, j’avais repéré un pan de mur dé-escaladable, tester quelques jours plus tôt dans le sens inverse. C’était putain de dangereux, mais faisable grâce aux pierres. Il faudra rester proximité des gouttières ; même si mon poids risque de les entrainer en arrière ça ralentira toujours une éventuelle chute.

Et aujourd’hui, est le fameux jour où les arrivages sont préparés pour le lendemain me poussant à aller sur les lieux du futur crime à la tombée du soir. Je me planque derrière des étagères de façon à être constamment hors du champ de vision de la bibliothécaire, puis file dans le placard à balais lorsque je suis certain qu’il ne servira plus. À ma grande surprise, se faire oublier se révèle bien plus compliquer que de se faire remarquer ; être enfermé pendant plus d’une heure dans une sorte armoire encombrer, de 2 m², tient de la torture psychologique pour quelqu’un qui a besoin d’autant se dépenser. Malheureusement, c’est le seul endroit déjà vérifier, pas le choix. Je trépigne, implore des entités en lesquelles je ne crois pas d’accélérer le temps, compte les points sur le mur, réfléchis a de nouvelles idées, pour éviter de craquer.

Bouge-toi la vioque… ALLER. VITE. PART. STEUPLAIT.

Lorsque le « BOUM » de la lourde porte de la bibliothèque fut suivi du « CLAC » caractéristique du tour de serrure, je résiste seulement une minute de plus enfermée, par sécurité, avant de sortir, haletant.

« URGH. J’ai failli mourir à stagner là-dedans. Mon dooos… »

Lorsque je cesse enfin de me plaindre comme un gosse, je récupère mes affaires et les poses sur la table d’exposition où tous les livres attendent d’être décorés, joyeusement alignées.

« On dirait bien que la vielle Odette me facilite la tâche. Bon, où est l’agrafeuuuuse… Ah ! »

Je la trouve sur le bureau de la bibliothécaire ; parfait. Je balaie du regard les alentours alors que la nuit d’hiver commence à tomber, observant les allées sombres, silencieuses, désertes. Je suis pris d’un immense sourire fantasque, impossible à enrayer, griser par l’ambiance. J’ai l’impression d’être dans un putain de film d’action lors d’une scène de cambriolage et qu’à tout moment quelqu’un va débarquer en pétant les fenêtres pour venir stopper mes plans. Ou un film d’horreur ! Avec je sais pas, des étagères qui vole pour zéro raison où... plutôt une scène avec un silence pesant avant que je ne découvre un livre qui ouvre la porte du monde des goules, ou qu’un meurtrier apparaisse. Toujours est-il que ça a beau être stylé comme scénario, j’allais probablement juste rester seul dans cette bibliothèque comme un gros nullos à agrafer des images.

On s’y met ! Ils vont voir ces abrutis de mage rouge si je ne suis pas capable de faire n’imp’ en toute discrétion sans même que la bibliothécaire ou les surveillants ne me suspectent. Je fais craquer mes poings comme pour intimider ces pauvres bouquins qui n’ont rien demandé.

« Let’s get it! »

Alors que j’accroche un meme sur les oiseaux, au milieu du premier tome du royaume de ga’hoole, il me semble percevoir un mouvement, mais mes pauvres yeux de mortel ne distinguent que… de rien du tout en faites. Enfin rien qui ne se démarque du moins. En même temps on se fait chier à mourir dans la bibliothèque de jours, donc de nuit je ne risque pas de voir de l’action ! Mon esprit me joue seulement des tours. Je finis de tout agrafer sur le premier livre et le replace délicatement.

ZBAMCLINC

Je sursaute violemment lorsque l’espace vide de son se remplit inopinément. Pour ceux qui se posent la question, ce bruit ne vient pas du livre que je viens de poser puisque j’ai réellement été délicat. Non, ce vacarme assourdissant vient d’une… boite de trombone ? Mais ?
Qu’est-ce que… ? Hein ? Quoi ? Comment, dans quelle étagère ? Soit cette fichu boite a une volonté propre, soit y’a un mage planqué pas loin, style un télékinésiste ou un invisible, soit la bibliothèque est hantée, soit je débloque complètement. Je balaie les alentours du faisceau de ma lampe.
Rien…
Plus de bruit pendant un moment…
Boooooon on va dire que c’est normal. Je saisis le deuxième livre avec moins d’enthousiasme, et ma méfiance se confirme lorsque j’ouvre les pages collantes de glue.

« QUOI ? »

Je couine davantage à cause du sabotage de mon boulot de memiste, plus que par réelle inquiétude du fait qu’un livre neuf avait bougé et avait été ruiné à la glue alors que j’étais censée être seul.
La connexion se fait.
Fuck, c’est quoi ces conneries ? Je prends une grande inspiration pour contenir mon sel ; qui que soit l’abrutie qui me prend pour un con, j’vais m’le faire.

« RAAAH. Qui est le con qui bousille mon précieux travail ? DENONCE-TOI SALAUD. »

Face à l’absence de réponse, je pose le livre et m’assois sur la table, bras croisé, en surveillant mon tas de livres et les alentours.
Bon. J’imagine qu’il ne va pas se montrer comme ça et que vu qu’il me voit et qu’il joue avec moi, si je le cherche il se déplacera en conséquence. La meilleure solution reste d’énerver mon vis-à-vis secret, crier ne le fera pas sortir.

« Les télékinésistes sont un complot, en vérité c’est les objets qui se déplace pas eux qui les bouges. »

Toujours rien, ce n’est donc pas un télékinésiste ou alors un télékinésiste patient pour ne pas réagir face à une connerie pareille. Un mage de l’invisibilité ? Oh, mais c’est styler ce pouvoir, je sais pas comment le clasher ce n’est pas comme cette capacité de gros shlag qui à la flemme de se lever pour chercher des objets. Et puis si ça se trouve, il a une magie hyperspécifique relou, comme déplacer son esprit sur le plan astral et pouvoir interagir avec l’environnement à distance de cette façon. Je suis sûr que toutes les croyances basées sur l’existence d’une liberté de l’esprit sur le plan astral seraient hyper déçues de savoir qu’un mage s’en sert pour aller coller des pages de livres. Bref je divague, reconcentrons-nous. Je ne suis pas fou, y’a un truc, mais je ne sais pas quoi et faudrait pas que ça bousille mon plan parfait.

« Aller… Si tu te montres je ne dirais rien sur ta connerie et promis je mets pas de glue sur tes vêtements pour me venger. On peut même voir pour faire équipe. Si tu ne te montres pas et que je te trouve autrement par contre j’garantie rien sur les vengeances… »

Boooon l’amabilité et la communication ne fonctionne pas non plus on va repartir sur les pistes de l’énervement. Lorsqu’il me semble apercevoir du mouvement, je jette un bouquin immédiatement dans la-dîte direction, dans l’espoir de percuter quelqu’un avec mes bons réflexes pour le pousser à se révéler. Mais le livre s’écrase tristement au sol. Raté, c’est encore mon imagination qui s’invente des ennemis, ugh c’est tendant de pas savoir ce qui se trame. J’hésite à mettre de la musique très très mauvaise pour le forcer à sortir venir l’arrêter, cependant ce ne serait pas suffisamment discret comme manœuvre.
Bon, passons à l’hypothèse de la bibliothèque hantée.

« J’espère que ce n’est pas un esprit, les fantômes aussi sont des nazes. Puisqu’ils ne sont même pas matériels, techniquement ils n’ont pas de cerveau, ce qui expliquerait le fait qu’ils soient un peu idiot. »

Malgré le fait que je continue de trash talk les fantômes je ne vois toujours pas de manifestation pour me contredire. En même temps l’hypothèse était à chier, franchement s’il y avait des spectres ici ils auraient autre chose à foutre, non ? Sans doute. Toujours est-il que ça vient pas de nulle part ces conneries. Je vais essayer de jouer sur les projets de l’homme invisible pour le titiller un peu et le faire réagir, voire lui donner de mauvaise idées, et attendre qu’il tente un nouveau coup pour l’attraper.

« Booooon, heureusement qu’il n’y a personne alors… C’est vrai, j’ai cru que quelqu’un voulait compromettre mes plans en collant des livres. Je suis rassuré que ce ne soit pas le cas, ça aurait été d’un teeeeel manque d’originalité comme idée. Peu amusant… carrément fade même. Des gamins de primaire trouveraient mieux comme connerie à faire, c’est gâché du potentiel sur les nouveaux arrivages qui vont être lus et vus par tous, ça revient juste à les faire jeter sans fun. Quitte à coller des trucs autant coller les documents de la vieille Odette, là ce serait moins décevant vu qu’y’a aucun potentiel de fun de base, et un gros potentiel de contestation dans le geste. »

Je reprends alors mon travail, sur mes gardes, pour bondir sur l’intrus à la moindre occasion si celui-ci cherche à se venger, à s’attaquer aux dossiers de Odette ou à me répondre. Cependant, je tente d’aller le plus vite possible dans la réalisation de mon plan, de peur que l’inconnue ne soit une énorme balance qui n’appelle les surveillants. Urgh l’horreur, espérons qu’il est juste aussi débile que moi et qu’il essaie plutôt d’exécuter de nouvelles conneries.

Bon. Pas de nouvelles bizarrerie. Cool, cool, cool. Cependant je reste méfiant et observe les alentours en travaillant, façon vieillard contrarié que des jeunes viennent piétiner SON gazon, jusqu’à me faire HONTEUSEMENT pousser par… rien.

Rien qui… pose des livres sur la table. Abasourdis, je passe mon bras pour vérifier qu’il n’y ait pas un mage invisible à côté de moi, mais ma main traverse l’air sans forcer et je fais un bond en arrière, surpris. Un… Un fantôme ? WOW. J’le pensais pas vraiment possible tout à l’heure quand je parlais du scénario de la bibliothèque hanté ! C’est flippant. Quoique, pas plus flippant que certains mages, en soit, suffit de croiser ces vieux croûtons d'Andréatus pour comprendre. Du coup je dirais plutôt que c’est SO FREACKING COOOOOL, pour rester sobre. Je trépigne sur place, survolté par cette révélation ; même si ça à l’air courant par ici, et même si c’est un gros lourd ce fantôme là, je n’en ai jamais rencontré avant donc… comme chaque fois qu’il y a quelque chose de nouveau, j’suis comme un gosse.

Lorsqu’il essaie de me faire passer un message avec les bouquins je me penche au-dessus de la table pour comprendre. « Un fantôme à l’école », d’accord dude merci de confirmer, « De l’art de toujours persévérer », plutôt d’accord, mais pourquoi ?
« À l’ombre d’un saule ensoleillé »

Je jette un regard sidéré au vide de mon ancienne place.

« EST-CE QUE C’EST UNE TENTATIVE DE FLIRT ? C’EST CHELOU, GROS. »

Les pages du livre se tournent rapidement sur autre chose et je plisse les yeux en une expression suspicieuse. C’est ça, rattrape-toi, j’te regarde. « Règlement de compte ».

« — Haaa ouf, tu m’as fait peur. »

C’est plutôt rassurant. Non parce que les règlements de compte c’est tout de même un peu plus familier, ça fait partie des choses que je peux traiter, bref, franchement tranquille Bill.

…

Mais avec un fantôme, c’pas ouf non ? Hmm. Je passe une main sur mon menton, en pleine réflexion. Ça m’arrange pas cette affaire, l’idéal, pour une fois, serait de désamorcer le conflit, je ne voudrais pas qu’il foute en l’air mon plan. D’autant que le but était tout de même de prouver que je pouvais mener une connerie à bien, sans accroc. Dans le pire des cas s’il colle tout je m’accorderais quand même le mérite du mauvais coup, mais c'est vachement moins drôle. Mais bon là il s’agit de comprendre ses intentions.

« Ok, ok calmos, heuu… toi. D’ailleurs t’es qui ? File-moi ton blaze et tes pronoms si tu peux, sinon jurer je t’appelle du premier nom que je trouve et y’à 90 % de chance que ce soit de la merde, ok Jean-glue ? De quoi te motiver à faire des présentations. En plus il y a un tableau dans la salle de travail si tu sais écrire. Ou sinon y’a des stylos là-bas et du papier ici. »

Je m’assied tranquillement en tailleur sur la table pour redéfinir les termes de ce début de « règlement de compte » qui visiblement doit se faire par la parole si je ne veux pas entamer une sauvage lutte contre le vent.

« Bref, règlement de compte pour quoi ? Pour les nouveaux arrivages, tu les vise aussi ? Dans quelle mesure tu appliques ces termes puisque, en soit j’ai pas de compte à te rendre, tu comprends, y’a rien à régler : mon idée est infiniment meilleure. Mais la tienne n’est pas mal non plus je peux te l’accorder, mais c’est… comment dire. Classique ? Donc, ce que je te propose c’est que tu colles d’autres livres tranquilles dans ton coin et tu me laisses ceux-là puisque ce que tu veux c’est le chaos, non ? Bon dans ce cas ça marche aussi bien avec le reste, mais moi j’ai besoin de ceux-là. Ou tu les colles demain soir. Ou si tu tiens à ceux-là on trouve un moyen de se départager, on négocie, on fait un concours je sais pas, ça peut être plus fun que de se mettre sur la gueule sur deux plans différents de l’existence. Tu veux quoi, gros ? »


Raison précise pour laquelle je ne fais jamais équipe. Y’a une chance sur deux de se trouver avec un gros malade qui fait n’imp, de se faire trahir, ou de devoir discuter ce qui est passablement chiant. Dire que tout se dérouler sans accroc… Et que je me retrouver à tailler le bout de gras avec un fantôme de mauvais gout, pour pas qu’il mette de la glue sur mes livres. Pourtant dans le fond, je suis content qu'il m'ait interrompu. S'infiltrer de nuit dans la bibliothèque pour y accomplir un méfait c'est pas mal. Mais, botter le cul de façon épique à un fantôme dans la bibliothèque sous la superbe lumière de la lune ce serait quand même bien plus spectaculaire. T’inquiètes Jean-glue, je vais trouver un moyen de te faire céder pour que tu dégages de mon ter ter.

« Mes livres, je t’en devrait 1 »

Je plisse les yeux en voyant des mots se tracer d’eux-mêmes sur le tableau. Tch c’est quoi cette arnaque, les fantômes c’est pas censé être des vieux qui écrive super bien en vielle langue ? Noooon ce fantôme est tellement unique qu’il a décidé qu’il ne me ferait même pas de longue phrase alambiquée stylée, même « une » en trois lettres je ne le mérite pas, visiblement. Aucun sens du drame, c’est vraiment décevant, cet esprit serait un très mauvais scénariste. Et aucune présentation non plus, ce sera donc Jean-glue au neutre. Je soupire, puis hausse les épaules d’un air sensiblement saoulé par l’accord qu’iel propose.

« Tu t’es cru chez mémé, c’est quoi le concept ? C’est moi qui pose les deals, pas des vieux croutons de fantôme qui vienne taper la discut'. Laisse ce privilège au vivant, mon chou, t’a eu toute une vie pour t’éclater. »

Cependant, une main sur le menton, je reste tiraillé par l’hésitation. Est-ce qu’avoir une dette de la part de quelqu’un qui a les capacités de s’infiltrer absolument partout ne serait extrêmement utile ?
Si. Carrément. Mais ça pue quand même l’arnaque.
Je tire une moue dubitative.

« Cependant, pour être honnête tant que tu laissais les deux livres que j’ai commencés tranquille, si j’avais la certitude que tu rendais tes dettes, j’aurais claiiiiirement accepté le deal. Le problème j’te le donne en mille : Est-ce qu’un fantôme qui ne se présente pas, et qui asperge des bouquins de glue en pleine nuit sans raison est une personne fiable pour un tel deal ? I don’t think so. »

L’air sûr de moi je m’approche du tableau, zone ou je lae soupçonne d’être. Je ne peux clairement pas lui faire confiance, je risque de me faire enfumer dans l’histoire, je n’ai aucun moyen de pression sur ellui pour m’assurer qu’iel paie ses dettes. Par contre, faire une autre proposition pour qu’iel arrête de me courir sur le haricot ça me parait possible.

« On va partir sur un autre bail ; tu me laisses faire ma connerie tranquille – et tu m’aides à sortir éventuellement, parce que si je me fais choper y’a plus de d’accord qui tienne- et JE te rends un petit service en échange. Réfléchis Jean-glue. Laisser une touuuuute petite connerie insignifiante de côté pour la possibilité de voir les choses en plus grand sur un autre coup par exemple. En plus j’imagine qu’un humain vivant ça peut quand même plus facilement interagir avec les objets non ? Bon, j’émets quelque réserve bien sûr, on reste sur un principe d’équivalence sur l’échange de service, me demande pas la lune. Ah ! Et ce qui concerne les hauts gradés de l’administration, genre côté directrice, j’y fout pas les pieds. Les autres j’m’en fout. Ah et obviously j’fais pas de mal physiquement à d’autre personne pour toi par exemple, ça me ferait prendre trop de risques. Autrement… »

Je m’appuie contre le tableau et fais mine de m’intéresser à ma manucure inexistante, d’un air nonchalant.

« Autrement j’peux récup’ des trucs pour toi, que se soit des objets d’autres personnes ou des choses qui peuvent t’être utiles comme certaines potions à faire fabriquer, je peux sans doute réussir à t’en obtenir. Ou alors foutre le zbeul quelque part, faire passer des messages, bref, ça t’ouvre des possibilités de coup équivalent, sans trop d’effort, tu as juste à savourer les résultats. Ça te va ? Ça serait stupide de refuser. »

Il est presque avantagé dans l’affaire, mais ça m’est égal honnêtement. Est-ce que j’ai quelque chose de mieux à foutre que de rendre service à un fantôme ? Nop. Donc dans le pire des cas ça peut être fun, et ça m’occupera vu qu’il a l’air d’être dans la même optique que moi. Puis si c’est un bon coup, j’m’en attribue les mérites, si je me fais choper je l’accuse, ça m’arrange bien au final d’avoir une excuse pour back-up des conneries.

Mystic fantôme à décider de se la jouer muette, grand bien lui fasse. J’imagine qu’il faut je temps à son petit cerveau de peser le pour et le contre dans un deal déjà gagnant. Qu’iel prenne son temps ça me permet de continuer me petites affaires ! De toute manière la réponse est évidente, il va dire oui et me foutre la paix, sinon iel est encore plus stupide qu’iel en a l’air. Sûre de moi, je commence à continue mon délit à un rythme plus que soutenu, tant et si bien que j’ai fini avant même d’avoir des nouvelles du spectre. Iel réfléchit encore ? Iel ne se serait pas barré en refusant sans me prévenir quand même ? Bon… Je range le matos jusqu’à ce qu’un petit trousseau volète face à mes yeux. Je tente de l’attraper avant qu’il ne file en direction de l’escalier.

Ha ? Jean-glue accepte le deal et me passe les clefs de la bibli ? YEEES ! Je n’aurais pas fait tout ça pour rien. Tomber sur un fantôme en pleine nuit la seule fois où je voulais éviter les imprévues avait un peu de positif.

Est-ce qu’il m’évite une périlleuse escalade nocturne sans sécurité ? Yep! Quel soulagement pour ma chère ossature !

Est-ce qu’iel est en train de me faire courir à travers la bibliothèque pour les avoir par contre ? Il semblerait. Sérieux, iel pourrait pas juste me les passer, ce.tte couillon.ne de spectre ? C’est tellement pas le moment de jouer gros, c’est censé être une mission infiltration, faire du parkour dans la bibliothèque j’me le réserve une autre nuit pour le faire, gâche pas mon planning.

« Mais passe moi les clefs ducon ! »

Je menace de les attraper, mais iel et plus rapide et je me retrouve contraint de suivre. … Ooooh ça y est j’capte, y’avais une autre porte planquée, top secrète, réservé aux professionnelles et tout, nickel j’vois le genre ! Le spectre frappe trois fois la porte, signe d’au revoir à mon humble avis et je le salue vite taf avant de filer. La porte donne en premier lieu à l’entrée d’une réserve, avec une autre porte en fond. Plein de livres qui ne se sont pas, ou du moins pas encore mis en rayon. Je fouine un peu, mais ne trouve rien d’intéressant à chiper ; pas de livres rares, pas de fioritures qui vaudraient une blinde… décevant.

J’emprunte donc la porte du fond de la réserve et file comme une ombre à travers les couloirs. Les surveillants connaissent ma tête, et si je me fais choper à rôder en pleine nuit ils se douteront bien que j’étais pas là pour enfiler des perles, peu importe les histoires que j’invente. Et honnêtement… avec l’adrénaline provoquer par la fuite de nuit, je suis sincèrement étonné d’arriver au dortoir tranquillement. Pas de surveillant ou de poucave. Un plan presque sans encombre. Et surtout discret. CHUIS UN CHAMPIOOOON. J’effectue un « YES » du bras, ma bouche le formulant en silence pour ne réveiller personne. C’était un petit coup, mais j’m’en fous, je l’ai réussie en scred et c’est suffisamment une rareté pour que je m’en réjouisse. C’est un sourire satisfait scotché sur les lèvres, que je m’en retourne à mes appartements, d’une humeur formidable.
***
Enfin rentré ! Urgh, j’en pouvais plus, les cours de magie rouge ça crève, j’ai mal partout. Qu’on ne se méprenne pas, c’est super intéressant d’apprendre à l’exploiter pour s’en servir sous ses formes les plus communes, la force, ce genre de choses. Ce qui est chiant c’est d’avoir l’impression que mes muscles me font sévèrement la gueule, donc je me contente de choper une bouteille d’eau et d’aller me crasher sur mon lit pour la soirée. Un froissement anormal m’interpelle quand je pose la tête sur mon oreiller. Du papier ? Je me redresse et saisis la feuille.

« Relevé de notes Lexia Harper »

QUOI ? Elle est entrée dans ma chambre sans mon autorisation ? Et elle laisse trainer ses affaires parce qu’elle est trop stupide pour ne pas laisser de trace ? C’est quoi le concept là exactement ?
Sidéré, je retourne la feuille par réflexe et y vois quelques indications aux dos, seule piste pour comprendre ce qu’il se passe. Une écriture un peu éraillée, griffonner que je ne reconnais pas.

« Va chez H. Andréatus et sacage son appartement.


Signé : Jean-glue »

Hahahahahahaha. HA. MERDE. LE CON DE SES MORTS.

Une fois le rire jaune passé, je me pince l’arrête du nez exaspéré. Gros débile de fantôme. J’avais dit pas les hauts gradés de l’admin, mais j’avais pas précisé, « Pas les profs principaux qui risque de me faire apparaître un doigt d’honneur en plomb dans le crâne si je tousse devant eux, stp, merci, la bise ». Fuck. Ça aurait été Anju, ou Thornbjörn… Ok c’était giga risqué, mais jouable. Mais là… Je le sens tellement pas, si je me fais choper je suis mort. Le gars à aucun chill, peu déjà pas voir ma gueule for no reason, et à l’air constamment sur ses gardes. Ouais, non je veux pas prendre le risque, il a probablement les moyens de me faire virer pour moins que ça donc on va faire comme si on n’avait rien vu, avec un peu de chance ce con de fantôme oubliera. Iel devait avoir autre chose à foutre.

Je vais chercher un briquet et crame discrètement la feuille sur le bord de la fenêtre, tant pis pour le relevé de notes de Lexia elle se démerdera bien pour en trouver un autre, je n’ai rien à voir là-dedans. Je vire les cendres du bord de la fenêtre et tape dans mes mains d’un air satisfait. Hop, pas de trace écrite. Quoi, une feuille ? Elle s’est peut-être envolée avec la fenêtre ouverte ? En tout cas je ne l’ai jamais vue, je ne pouvais évidemment pas savoir ce qu’il y avait de marquer dessus.