Philophæ n'avait pas eu cours ce jour là, ce qui n'était pas pour lui déplaire. Une journée complète de patrouille, de lecture, de glandouille sans voir d'élève, sans bruit strident, sans... Sans chahut. Une journée de calme où seulement lui comptait, lui et son bien être, lui et sa peau de chien. Lui.

Il était sortit de ses appartements tôt le matin et avait passé la journée à courir l'académie sous forme canine, allant parfois quémander à manger aux cuisine ou aux élèves qui ignoraient tout de sa double forme. Il avait aussi couru les lapins dans le parc, profitant de la liberté de ne pas avoir à être humain. Puis, quand il fut croûté de terre jusqu'à la truffe, il se rentra chez lui pour se doucher. La fin d'après midi serait consacrée à la flûte et à une patrouille plus calme, humaine, du côté des bois. Revêtant un T-shirt sur lequel un meme bien connu était imprimé (avec la mention: pas besoins d'avoir une affinité avec un type de magie si t'es daltonien) et un jean confortable, il était sorti en sandales dans le couloir. Dans son sac à dos se trouvait ses flûtes dans leurs étuis, un thermos de thé, un couteau militaire au cas où, un livre et ses lunettes.

Il avait traversé les bâtiment sous le regard fuyant de certains de ses élèves, saluant les surveillants qu'il croisait d'un vague signe de la main. Puis, une fois passé la partie la plus fréquentée du parc, il s'était mis pied nu et avait sourit. Enfin au milieu des arbres, sans rien que l’humus sous les pieds.

Les bois étaient calmes et le chemins couvert de mousse. Ça sentait bon l’humus frais et acide et, dans les branches, le vent chantait. Il se déplaçait en silence, sans rien faire craquer sous son poids, plantant ses orteils dans les feuilles mortes. Le Chien remontait toujours dans se genre de moment, lui donnait envie d'hurler pour accompagner le bise. Mais il se cotentait de respirer profondément et de marcher régulièrement, un pas après l'autre. Le rocher... C'était là qu'il se rendait.

Un immense rocher, rond, couvert des végétaux et tellement plaisant à escalader. Philophæ s'y hissa et, assis sur le bord se mit à jouer. Le morceau n'était pas complet avec la flute seule mais il aimait ce morceau et le complétait chaque fois un peu plus, s'essayant à faire plusieurs voix avec son seul souffle. Il s'était plongé dans son ode quand un grésillement le sortit de sa transe. Laissant là ses affaires, il alla en direction de la radio la plus proche devant laquelle se trouvait... Un élève. Il ne le connaissait pas. Qui décroche. Et qui dit j'écoute. Bon, en soit, ça paraissait logique. Philophæ aurait sans doute fait la même chose. Mais là, il avait l’impression qu'on touchait à une petite partie de son jardin à lui, de son monde alors que cet élève, cet intrus n'avait rien à y faire. Alors il grogna puis s’accroupit à côté de la radio sans regarder le malotru. Ni lui prendre l'espèce de combiné des mains, il n'avait vraiment pas envie de contact brusque. Juste de prendre le message.

"C'est Philo, j'écoute. A vous.
-Ah, Philo ! Y'a une ligne électrique qui est coupée, on sait pas pourquoi. Tu peux jeter un oeil ? A toi."

Grognement affirmatif.

"Parfait. Tiens nous au jus. Over."

Toujours accroupi, il tendit la main vers l'élève, le regard fixé devant lui.

"Le combiné."

Puis, après avoir rangé la machine comme il fallait, avec des gestes précis et méticuleux, il reprit.

"T'es qui ?"

Le gamin lui répond avec l'air jouasse et avenant.

« Eagle One. Et vous êtes « Been there done that » ? »

Il fronça  les sourcils. Eagle one ? C'est pas un nom ça... Et non, il n'était pas Binehir Donedat. Ou Been Here Done That ? Bah non ça n'aurait aucun sens qu'il lui ai dit ça... C'était même pas un nom, c'était une phrase en anglais... Ou alors c'était une blague, une référence que Philophae n'avait pas. Ce devait être ça, en tout cas ça avait plus de sens que Binehir Donedat.

« Je m’appelle Mordred Arraw. Vous êtes M. Andreatus, celui des mages rouges. Pas celui des mages noirs. »

Ah. Bon. Trois conclusions: lui demander son identité était inutile puisqu'il savait qui il était, de deux c'était un mage noir, de trois il avait son frère comme prof.

« Vous aviez perdu votre radio ou vous l’aviez mise ici exprès ? Dans les deux cas ce n’est pas pratique. »

Phliphae Groffia. C'est pouffer de rire en grognant, quelque chose dont le chien avait le secret. Il pouvait désormais faire une quatrième conclusion: le gosse était bavard.  

-Quand je suis en peau de chien, je peux rien transporter. Y'en à plusieurs un peu partout, dit-il en faisait un geste de la main pointant tout autours de lui. Toutes reliées à la même fréquence. Pour communiquer. Même quand... Même quand je suis pas humain.

Il lui avait offert un sourire en se tournant vers lui. Sans pour autant le regarder dans les yeux. Puis il se leva et épousseta son jean.

-J'vais faire un tours, vérifier ce qui va pas avec la ligne. T'veux v'nir ?

Enfin, il pointa la direction du rocher moussu.

-M'z'affaires. J'reviens.

L'élève le suivait à quelques mètres de distance, lançant dans sa direction:

-Votre interlocuteur n’a pas précisé le lieu, comment vous allez vous y rendre ? Et puis… Comment savent-ils que c’est vous si vous êtes en peau de chien ? Visiblement vous conservez beaucoup le langage de l’animal en étant humain, je doute donc que vous parliez l’humain en étant chien.

Philophae avait escaladé le rocher en l'écoutant. Il avait rassemblé ses affaires méticuleusement, les unes après les autres, empaquetant le tout avec soin. Le gosse posait beaucoup de question, c'était assez assommant... Mais bon, pour une fois qu'un élève lui adressait la parole autrement que en cours, ça lui faisait à vrai dire assez de bien. Se rendre compte qu'ils étaient plus que des visages anonymes dans une salle de classe était rassurant.

-Quel est votre travail exactement ? Prof, chaman, chien de garde ? Les trois ?

Cinq questions et une conclusion hâtive en quelques phrases. De nouveau, l'homme-chien grogna.

-Dans l'ordre: s'ils ont pas précisé, c'est le secteur de la radio où j'ai prit l'appel. Je leur dis. Que c'est moi, hein. Et mon travail c'est prof et gardien.

Il sauta souplement à terre, toujours pied nus, ses sandales à la main et son sac sur une épaule. Puis il se mit en chemin en direction des lignes électriques du secteur.

-Et je peux parler sous forme canine. Je peux juste pas transporter d'objet. Pour décrocher il suffit que je prenne le combiné en gueule ou que je me retransforme. Et comment ça, Chaman ? J'ai une tronche à être chaman ?

La question était sincère. Le ton, bourru.

L'homme-chien marchait régulièrement, passant sous les branches et par dessus les troncs avec fluidité. Alors qu'il marchait, des vieux airs lui remontaient en tête qu'il se mit à fredonner de sa voix de basse tandis que Mordred lui répondait.

-Vous étiez en train de jouer de la flûte dans les bois, ça fait cliché de chaman. Vous êtes en plus pieds nus, vous avez une thermos, probablement de thé car vous n’avez pas l’air du genre à boire du café. Vous êtes déjà… Il y a quelque chose dans votre comportement qui me fait penser que vous ne buvez pas, ou peu, de café.

Deuxième présomption fausse. Vraiment, il fallait qu'il arrête de faire des conclusions aussi hâtives le jeune homme.

- Bref, vous avez aussi un livre. Ça peut être un détail anodin mais avec le reste… Ben en fait vous avez une panoplie de chaman, le style vestimentaire en moins.

Les chaman avait une panoplie ? S'il devait vraiment réfléchir à ce a quoi devait ressembler un chaman... Il l'imaginerait plus avec de très long cheveux et des grigris partout.

-Vous êtes daltonien, d’ailleurs ?

Il sourit.

-Non.

Devant eux s'ouvrait un chemin couvert de feuilles et d'épines. Autours la forêt était dense et les arbres tendaient leurs branches pour saisir celles des feuillus d'en face. Sous cet arche naturelle perçait un peu de lumière dénaturée par le feuillage donnait à la scène une allure féérique.

-Est-ce que vous pouvez donner plus de détails sur ce que vous allez faire et comment fonctionne votre organisation ? C’est intéressant de savoir comment l’école est gardée, ou entretenue. C’est généralement la faute d’un animal, des intempéries, des élèves ou d’un élément extérieur, que ce genre d’accident arrive ? En tout cas il y a pas mal de branches cassées ici.

Le prof s'arrêta, indiquant un passage entre les arbres à droite.

-On part par là. Et pour te répondre....

Le terrain descendait le long d'un affleurement rocheux couvert de mousse magique luisantes. Chaque pas était périlleux et libérait de nombreuses spores qui partaient au gré du vent ou s'accrochaient aux chaussures.

-On patrouille régulièrement. Je suis pas tout seul même si mon affinité à la magie me prédispose à ce genre de tâche. Si on repère un truc qui va pas on préviens. Si y'a besoins de renfort on en demande. Si y'a besoins d'intervention technique on demande. Si y'a des intrus, on agit et on demande des renforts aussitôt que possible. 'Fin, si c'est nécessaire. Quant aux raisons y'a de tout.

Puis, pointant entre deux sapins.

-Par là.

Alors qu'il descendait tranquillement il avait senti l'élève s'affaler dans son dos. Genre... Sur lui. Le tout accompagné d'un énorme éternuement. Une fois remis de la surprise, il attrapa le gosse par le col pour l'aider à s'équilibrer, lui tenant le bras sur les derniers pas de descente.

-Uh, pardon. Je n’ai pas l’habitude de… d’aller vers ici.

Il lui répondit par un grognement accompagné d'un sourire en coin et d'un haussement d'épaule. C'était pas bien grave en soit, l'important restait qu'il ne se soit pas fait mal.

-Pas d'problèm'.

-Il y aura d’autres éléments du genre ?

Il s'arrêta un moment pour y réfléchir, refaisant mentalement le chemin dans sa tête.

-Un. Y'a une traversée guet en passant sur des rochers, mais c'est pas dangereux. Au pire t'es mouillé. Après, t'es pas lourd, s'faut j'te porte.

Derrière les deux sapins s'ouvraient une une clairière pleine de fleurs aux parfums légers au creux desquels certains oiseaux mangeaient. Alors que les deux mages s'avançaient, il s'envolèrent dans un bruit d'aile et se perchèrent au arbre pour les observer.

-Dans l'coin, y'a plein d'espèces magiques. La faune et la flores sont particulières, c'est... Joli. Y'a un coin où la nuit, y'a des fougères qui réagissent au son et fleurissent. Quand c'est pleine lune, on peut bien les voir.

Il traversa la clairière d'un pas mesuré pour être sur que Mordred parvienne à le suivre puis se rengouffra dans les bois. Quelque dizaines de mètre plus loin se trouvait le fameux guet. Une rivière arrivant à mi-tibia de Philo au plus profond, d'une dizaine de mètres de large, serpentait paisiblement entre les arbres. Faisant une sorte de pont praticable, de grand rochers plats légèrement vermoulu étaient régulièrement posés.

-La radio est juste derrière. Tu le sens comment ?

-Avez-vous un problème avec les rochers glissants ? Dans le sens, est-ce que ça vous plaît, vous amuse. Ça n’a pas l’air très sûr. Mais… Ce n’est pas infranchissable. Clairement pas. J’ai juste à…

Juste à quoi ? Ah, retirer ses pompes. Ouais. D'ailleurs lui même relevait son pantalon jusqu'à ses genoux. Contrairement à l'élève, il n'allait pas s’embarrasser à passer sur les rochers et avait l'intention de passer directement dans la flotte.

-Moi, j'ai rien avec les rochers glissants. C'est une forêt, y'a des rocher, la mousse y pousse. C'est... le principe de la mousse.  

Puis il s'engagea dans l'eau suivit par Mordred qui sautait de rocher en rocher. Elle était fraiche, sans doute un peu trop pour qu'il ne chope pas la crève. Bah, tant pis. Il n'aurait cas transformer ses jambes en pattes poilues une fois de l'autre côté.

-Le chemin est aussi épineux qu’au début ou je peux attendre avant de remettre mes chaussures ? Aussi, on est quand même éloigné du secteur de la radio où vous avez pris l’appel, non ? Ce n’est pas la première radio à laquelle vous répondez qui détermine le secteur ? C’est pourtant ce que vous avez dit, il me semble. Ou j’ai mal compris… Les secteurs sont des zones de quelle taille à peu près ?

Au départ il ne compris pas ce dont il parlait (hormis la première question bien sûr). Pourquoi il lui parlait de radio alors qu'ils allaient voir la ligne ? Il dû rembobiner leur conversation dans son crâne pour se rendre compte de son labsus.

-C'est la ligne qui est juste derrière, j'ai dit de la merde. Scuse. Les secteurs font à peu prêt un hectare, c'est grand mais vu qu'elle ne serve que pour les formes non humaines, on le parcours vite.

Tout en parlant, il s'essuyait les plantes de pieds sur le pantalon.

-Je sais pas quoi te dire pour les épines. C'est une forêt. Après, on peut attendre un peu, y'a pas d'odeur suspecte donc c'est pas urgent.

Il faudra donc attendre que les pieds de Mordred sèchent. Le temps que l'attente passe, Philophæ transforma ses jambes en pattes de chien pour se les maintenir au chaud et s'assit dans un simili de tailleur. Le silence ne le dérangeait pas, il avait simplement tendance à oublier qu'il n'était pas seul dans ces moments là et laissait son esprit vagabonder en oubliant son environnement.

-Est-ce que vous pouvez être plus clair dans vos explications ? Jusque là, je ne comprends pas comment vous pouvez être prof si vos cours ressemblent tous à ça. Puis comment ça la ligne qui est juste derrière ? Derrière quoi ?

La voix le ramena à lui et il s'ébroua pour remettre son cerveau en marche. Qu'est ce qu'il ne... Comprenais pas ? Ses explications étaient claires pourtant, non ?

-Derriere la rivière. Que l'ont vient de passer. Elle est à dix mètres, on la voie pas a cause des arbres.

Voyant qu'il avait remis ses chaussures, il se releva et se mit en route vers la ligne. Une fois atteinte, il faudrait déterminer dans quel sens partir pour la suivre jusqu'au secteur suivant, histoire de vérifier où l'arbre était tombé.

-Vous faites ce boulot depuis longtemps ? Et vous avez fait quoi d’abord, prof ou gardien ? Le côté « prof » ne se voit pas beaucoup.

Philo lâcha un grognement.

-Ça va, je sais. J'ai été gardien pendant quasiment quatorze ans avant d'être aussi prof.

Il s'arrêta. Devant eux se trouvait un poteau de ligne électrique, en bois. Au dessus de leur tête, le câble partait se perdre dans les bois, en hauteur, tandis que de l'autre il semblait décidé a rejoindre le sol.

-Bonne nouvelle, on va pas avoir a remonter la ligne sur longtemps.

Suivant la partie tombante il se retrouvèrent vite nez à nez avec un arbre tombe en travers si câble d'alimentation, plantant ce dernier dans l'humus. Sur son tronc courrait la croûte blanche un champignon magique que connaissait bien Philophæ. Il sourit et sorti son téléphone pour prendre une photo et l'envoyer au PC sécurité, avec les coordonées. Sur l'arbre, le champignon semblait bouger, palpiter. Se tournant vers Mordred,Il reprit.

- On va s'éloigner un peu. C'est rare de les voir éclore, c'est un peu dangereux mais c'est un très beau phénomène.

Sur l'arbre, la couche blanche commença à se plier, emportant avec elle une partie de l'arbre. Se recroquevillant, tournant sur elle même, elle prit peu à peu la forme d'un cerf fait de champignons et de bois mêlés et fit un pas. Elle tomba aussitôt, roula en boule et prit la forme de ce qu'il semblait être un ours, refit un pas, retomba. Le même phénomène se répétait, encore et encore, de plus en plus vite mais l'organisme avançait toujours lentement. Plus le temps passait, plus les formes qu'il prenaient était chimériques, un mélange sans nom de tout ce qui peuple une forêt, de l'humain au cloporte, entremêlés et fantastiques.

-On peut le suivre jusqu'à ce qu'il trouve son prochain substrat. Au fur et à mesure qu'il avance il fini par relâcher des spores dorées et il laisse une trace blanche, comme de la neige. C'est très beau. Faut juste pas être devant lui, ajouta-t-il en pointant les branches écrasé par le poids de la chose. Il est lourd et ne s'arrête que face à des choses plus lourdes que lui. C'est le cas ni de toi ni de moi.

Pour être honnête, il se doutait que l'événement ferait mouche auprès de l'élève mais il s'attendait à ce qu'il devienne… plus silencieux. D'un autre côté, son avalanche de question était logique, normale et il aurait sans doute posé les même. Cependant, ça restait une avalanche de questions.

-Comment ça s’appelle ? Est-ce que ses spores ont un effet ? Il fonctionne comment en général, il s’accroche à un arbre jusqu’à avoir assez mangé, puis il migre jusqu’à un autre en mutant ? D’ailleurs, son évolution est liée à ce qu’il aurait pu absorber ou ce qu’il aurait « perçu » de la forêt ? Est-ce qu’il voit à proprement parler ? Quelle taille peut-il atteindre et a-t-il des « ennemis » ? Puisqu’il s’arrête face aux objets plus lourds… Est-ce que c’est comestible ? Ou venimeux ? Il y en a beaucoup ? Je n’en avais jamais vu. Oh, il éclot tous les combien de temps et quel est son cycle ?

Inspirer, le suivre doucement tout en répondant.

-On l'appelle le cauchemar des loups, je connais pas son nom scientifique. Y'a certains herbivores qui les utilisent pour échapper à leur prédateurs quand y'en a un de déplacement dans leur zone de passage. À cause de ses mouvements imprévisible il rend la chasse compliquée pour les prédateurs.

La chose avançait en brisant même des petits arbres tombé à terre. Allant à droite et à gauche de manière chaotique, elle accélérait peu à peu.

-Ses spores ont pas d'effet. En tout cas, pas sur les animaux. Par contre comme c'est un parasite des végétaux, ils sont bien évidemment dangereux pour lesdits végétaux. C'est des parasites qui tuent les arbres dans lesquels ils vivent. L'arbre tombe, ils se déplacent avec, libèrent leurs spores et meurt au bout de quelques heures. Les spores s'implantent ensuite sur de nouveaux arbres et poussent. Et caetera.
Je sais pas pourquoi il prend ces formes là, chais pas si quelqu'un le sait. Devient microbiologiste et étudie le, ça pourrait être intéressant.

Il lui sourit.

-C'est pas comestible, tu fera une bonne indigestion si tu en mange.

Il en avait lui même fait l'expérience quand, sous forme de chien, il avait joue avec un bâton qui en était recouvert.

-il a pas de prédateur a ma connaissance, je sais pas si il y en a beaucoup et je sais pas tout les combiens il éclot.

-Il ne mange que les plantes ? Ou la ligne aurait pu être absorbée aussi si son contact avec le champignon avait été plus direct ?

-Il est parasite, le substrat est forcément vivant et végétal. Même si c'était le poteau, ça aurait pas marché. Tient, arrête toi, regarde.

La chose rentra dans un rocher et changea de direction. Au contact de l'obstacle, des dizaines de spores dorées s'échapèrent de l'organisme. À partir de ce moment là, l'organisme ralentis, se délirant en laissant sur son passage une espèce de neige mélangé au doré de ses spores. Puis, devenant quasiment immobile, il commença à tomber en morceau avant de mourir dans un nuage mordoré et blanchâtre.

-J’aurais jamais fini d’étudier à ce rythme, il y a trop de choses intéressantes à observer.

Philo hocha la tête. Ce gamin parlait beaucoup, posait beaucoup de questions et lavoir en cours était sans doute un cauchemar. Cependant, il était curieux et commençait à s'attirer la sympathie du chien.

-On peut l’approcher ?

Philo hocha la tête positivement, se mettant en quête d'autre chose du regard. Avec un peu de chance, il tomberait sur des morilles ! C'était pas tout à fait le bon moment, mais il y en avait parfois dans le coin.

-Au fait, pourquoi « cauchemar des loups » ? A cause des indigestions qu’il provoque si on l’ingère ? Et les loups ne font pas attention et le mangent ?

-C'est ce dont je te parlais tout à l'heure: les herbivores l'utilisent pour se protéger des prédateurs. Ses mouvements imprévisibles déstabilisent les chasseurs surtout quand ils sont en meute. Vu qu'il ne peuvent pas le forcer à faire ce qu'ils veulent et qu'ils ne peuvent pas l'ignorer sous peine de se faire écraser, ça les empêche de chasser. Parce que là, y'en avait qu'un, mais parfois t'en a deux ou trois, voir jusqu'à une dizaine qui éclosent en même temps. Mais bon, dans ces cas là, faut pas rester à côté.

Mordred le rendrait presque bavard tient ! Ça le changeait de ses autres élèves qui dés qu'ils ouvraient la bouche lui donnait envie de simplement se taire.

-Vous croisez souvent ce type d’organisme ? Pas forcément le même, mais des cousins. Est-ce que ça gêne votre travail ? Vous les évitez simplement, en général ?

Au départ il ne répondit pas. Devant lui, le spectacle horrible d'un cercle de morille écrasé par le cauchemar lui brisait le cœur et lui tirait une moue attristée. Il s'accroupit, cherchant à voir si quelque chose était sauvable mais non, son déjeuner se passerait vraissemblablement de champignons.

-Y'en a quelques un dans le coin. Des fois ils sont chiants. Surtout en descente. Une fois, j'ai failli m'en prendre un en pleine tronches dans les pierres qu'on a passées toute à l'heure: j'montais et lui descendait. Et quand ils sont plusieurs, à part monter dans un arbre solide, y'a pas grand chose à faire.

Il se releva et s'étira en baillant.

-Après, le bois offre plein de trucs aussi étrange et beau que ça. J'vais pas te faire faire un tours complet aujourd'hui mais si t'es tenté pour venir en patrouille avec moi un de ses quatre, on peut aller voir d'autres coins.

-Absolument ! Vous patrouillez quand ? De quelle heure à quelle heure le plus souvent ? Est-ce qu’il faut prendre quelque chose en particulier ?

Bon, il avait l'air enthousiaste à l'idée de venir en tout cas ! Philo sourit en retournant en direction de l'école.

-Tout les jours sauf samedi et dimanche, de 21h a minuit, parfois le matin. Quand je donne pas cours selon les besoins, le samedi c'est repos. Et parfois, juste parce que j'en ai envie.
Si tu viens je te fournirai une radio. Des chaussures de marchés peuvent être utiles, des vêtements que tu n'as pas peur de salir... Des jumelles si tu en a, sinon j'en récupérerai. Passe me voir a mon bureau de temps en temps, je te tiendrais au courant.

Puis, quand ils furent arrivés aux bâtiment, ils se séparèrent et Philo retourna a ses pénates pour écrire son rapport.