‘kay. Allegedly, this whole situation is a mess mais seul Dieu peut te juger. Tu as fait le choix de sauver les fesses de Jean-Connard. Pas par gentillesse. Pas parce que tu voulais lui éviter la rouste qu’il allait se prendre par un petit paquet d’adultes pour t’avoir mis dans cet état—ce sale état. Tu en as encore des cauchemars. Même si tu essaies de te convaincre que ça ne t’a pas tant affecté que ça. Pas pour ses beaux yeux non plus, parce que le whole épisode t’a vacciné.

Parce que tu ne sais pas quoi faire. Clairement, réagir aussi violemment à une gifle… il doit avoir des problèmes, ce garçon. Et tu ne connais pas les méthodes en vigueur à l’Académie alors le balancer n’était pas forcément l’idée la plus… bienveillante. Ça et le fait que tu hésites encore à aller le goumer toi-même. Non, vraiment, c’est compliqué. Lui péter le nez ou essayer de comprendre ce qui a provoqué une telle réaction, et essayer de l’aider ? Tu es désarçonné. Tu es confus. Tu es complètement désemparé. Tu pourrais le pourrir, ou l’aider. Tu n’as pas très envie de l’aider. Mais tu n’as pas entièrement envie de le pourrir non plus. Il a des problèmes, c’est certain. Tu te repasses sans cesse les options qui s’offrent à toi. Tu es content d’avoir gardé la main à ce sujet et de pouvoir gérer la situation comme tu l’entends, mais tu es toujours déconcerté et tu ne sais toujours pas comment procéder. Le retrouver et lui coller un coup de boule ne devrait pas être trop difficile. Le retrouver et lui demander s’il a des problèmes dont il a besoin de parler non plus.

En fait, tu remets cette confrontation à plus tard. Tu n’as aucune envie de ressentir la terreur qui s’est emparée de toi lorsqu’il a … fait à ton cerveau ce qu’il lui a fait, whatever this shit was. Tu pensais avoir peur du noir plus que tout au monde. Tu as découvert quelque chose de pire que la peur. Tu as toujours peur du noir, mais maintenant, tu as aussi peur de…ça. Et probablement, un peu, de lui. Mais ça, tu ne te l’avoueras pas. Tu es trop buté pour ça.

Tu as repoussé cette confrontation et tu as bien l’intention de poursuivre dans cette direction, mais tu as également repoussé le moment où tu sortirais pour acheter des fringues—il a pourri ton jean et après coup, tu as remarqué que ton pull et ton T shirt étaient morts aussi—et de l’encre. L’encre. La source de tous tes maux. Mais tu en as besoin pour des projets artistiques, et pour terminer ton tatouage. Tu as du mal à le regarder. Il te rappelle le moment où tu l’as vu se tordre, disparaitre. Tu fronces les sourcils. Non. C’est fini maintenant, pas la peine de continuer à t’attarder là-dessus. Tu cales le sac dans lequel tes nouveaux vêtements sont empilés et te mets sur la pointe des pieds pour regarder les flacons d’encres proposés par la librairie papeterie dans laquelle tu as décidé de faire tes achats. Après ça, tu iras voir s’ils ont une section anglophone. Tu devrais sans doute te concentrer sur des romans français, mais tu as aussi besoin de décompresser. Tu finis par trouver ce que tu cherchais et te tournes en direction du comptoir. Et ton visage se décompose. A quelques pas de toi seulement, la personne à qui tu pensais justement.

Tu deviens livide, manque de lâcher le flacon et te reprends à la dernière seconde. Pas encore un pot d’encre de gâché, Scout, enfin !

@Mordred

Il s’approche. Il a l’air… aussi anxieux que toi ? Oh non. La colère, le mépris, c’est facile. Tu peux répondre à l’animosité par l’animosité mais ça… ça, ça a l’air beaucoup trop sincère et… inquiet, et globalement mal. Il a l’air mal. Tu es instantanément soulagé de ne pas avoir cherché à le retrouver pour lui maraver la gueule. La chute aurait été brutale, te pointer vnr chez lui et te retrouvé face à… whatever this is. Tu le fixes, interdit, depuis un peu trop longtemps. Tu ouvres la bouche mais tu ne sais pas quoi lui répondre. Tu pourrais lui dire que ce n’est rien, que tu n’avais pas l’intention de le dénoncer. Que tu ne l’as pas fait pour lui. Tu ne l’as, après tout, vraiment pas fait pour lui. Tu refermes la bouche, fronces les sourcils et t’accroches à ton pauvre pot d’encre, à défaut de savoir quoi faire. Ton instinct serait de tendre la main et de lui tapoter le sommet du crâne, trois fois, en disant « pat. Pat. Pat. » mais il a réagi excessivement mal à la gifle et tu ne sais pas si c’est l’acte de violence en lui-même ou le contact qui l’a mis dans cet état, et tu n’as pas vraiment envie de provoquer un autre incident. Surtout hors de l’Académie. Ce serait infiniment imprudent. Et pas très sympa pour lui, il faut l’avouer. Il vient, après tout, de s’excuser ; ça n’effacera pas les cicatrices que son geste a infligé à ton inconscient, mais tu es particulièrement doué pour enterrer tes traumatismes et tes peines et feindre qu’elles n’existent pas. Il n’y a que l’alcool pour bousculer cette piètre façade, et tu es entièrement, pleinement, tragiquement sobre.

Tu finis par laisser glisser le pot d’encre dans ton sac afin de le protéger d’une chute incontrolée. Tu jettes un regard en direction des caisses pour espérer qu’ils n’aient rien vu, qu’ils n’aillent pas s’imaginer que tu as l’intention de la voler. Tu as dépensé par mal d’argent aujourd’hui. Un pot d’encre de Chine ne va pas changer grand-chose. Tu reportes enfin ton attention sur Jean-Connard. Tu ne sais toujours pas quoi faire de lui.

- Ça ne les concernait pas. Ne me remercie pas, je ne l’ai pas fait pour toi. Je suis un adulte, je règle mes problèmes comme un adulte. Je ne sais toujours pas comment le régler, d’ailleurs. Tu m’as l’air beaucoup trop… tu ne sais pas comment expliquer ce que tu veux dire, alors tu te contentes d’un vague geste du poignet dans sa direction, un mouvement rond, un peu ample, avant de reprendre, tu as pas besoin de te faire punir, ou enfermer, ou quoi que ce soit. Tu as besoin d’aide. Et je sais pas comment on s’occupe de ce genre de situations ici. Alors ça servait à rien que je te dénonce.

Well, Scout, that was a lot of words. Tu reprends ta respiration. Soupires et finis par hausser les épaules.

- Il y a des gens qui t’aident ? parce que j’ai pas particulièrement envie de le faire, j’ai toujours très envie de t’en coller une. Mais on est censés s’entraider. Donc si tu as besoin… j’ai pas la prétention de savoir quoi te dire mais si t’as besoin de parler… je présume que tu peux me contacter.

Tu n’avais pas exactement prévu que la situation évoluerait de la sorte. Tu es toujours très tenté par la solution violente. Mais il avait l’air tellement incertain en s’excusant. Et c’est un mage. Vous êtes vraiment censés vous serrer les coudes.

@Mordred

S’il insiste. Tu présumes que c’est toujours ça. Entre des excuses et des remerciements… Tu ne sais pas ce que tu es censé penser, censé accepter aussi. Parce que comme il te le fait remarquer, il attend surtout de savoir si tu acceptes ses excuses. Tu n’es pas certain.e que ça changera grand-chose pour lui. Mais si ça peut l’aider à aller de l’avant…

- Okay, tu as dit beaucoup de choses. D’abord : j’accepte tes excuses. Ça ne t’avancera à rien que je les refuse et ça ne me servira à rien non plus. Juste, évite de reproduire ça sur une autre personne. Ça ne sert à rien de s’excuser si c’est pour recommencer à la première contrariété. Ensuite : je ne vais pas t’en coller une. Le chaud du moment est passé, je suis capable de me maitriser maintenant. Mais ça ne m’empêche pas de ressentir des émotions négatives à ton sujet, je pense que tu peux comprendre pourquoi. Ça ne veut pas dire que tu ne mérites pas d’empathie ou de compréhension. Ou d’aide. Si tu veux m’éviter, ça me va. Si tu veux parler de ce qu’il s’est passé pour te décharger et éviter de recommencer, ça me va aussi. J’ai été secoué. Pas traumatisé. Je peux encaisser de te croiser et de te parler.

Ta bienveillance te perdra. Ou ta connerie. Parce qu’il n’a pas l’air particulièrement enclin à revoir ta gueule ou à échanger avec toi. Tu te mordilles la lèvre. Yep, come to think of it, you might have overstepped. Mais c’est compliqué. Il a indubitablement besoin de parler de ses soucis. On ne réagit pas aussi violemment à une simple gifle, tu en es sûr. Il y a quelque chose derrière sa réaction violente qui te confond.

D’un autre côté, c’est un peu son problème et tu n’as pas particulièrement envie de l’aider à le régler. Tu n’y verrais pas d’inconvénient, mais ce n’est pas devenu ton objectif de vie pour autant. Comme tu l’as dit, émotions négatives. Tu es agacé.e par la contradiction à laquelle tu es confronté.e. Tu fronces les sourcils à nouveau. Tu as beaucoup froncé les sourcils aujourd’hui. Ça ne devait pas être une journée prise de tête. Ça devait être une journée shopping. Fun. Pas prise de tête. Tu soupires.

- You know what ? you do you buddy. Je propose mon aide, tu es pas obligé de l’accepter. Juste, you know je suis là si besoin.

Tu te bas avec ton sac pour en ressortir le pot d’encre. Il a visiblement des choses à acheter lui aussi. S’il veut poursuivre cette conversation, vous pourrez le faire en caisse.

@Mordred

Bon, visiblement il n’a pas l’air très intéressé par ton aide. Tant mieux. Tu ne sais absolument pas quel genre de soutien tu aurais pu lui apporter. Tu n’as aucune idée de ce qui peut déclencher de telles pulsions destructrices, alors tu ne sais pas très bien comment tu aurais pu le guider loin de celles-ci. Tu n’as aucun conseil à lui donner, et tu n’es pas sûr que vous ayez eu beaucoup de sujets de conversations possibles pour essayer de le distraire. Vous n’allez pas établir une relation sur votre lecture commune de L’Homme qui rit. D’ailleurs, tu préférerais laisser cette lecture de côté. Y repenser, regarder ton tatouage encore incomplet te provoque des sentiments très désagréables et une certaine angoisse à laquelle tu n’as pas très envie d’être confronté. Malheureusement, à part ça, tu ne sais pas exactement le genre de points communs que vous pourriez avoir. Vous avez tous les deux des cheveux, éventuellement…mais les siens sont probablement naturels, donc pas la peine de discuter colorations capillaires. Attends…il a dit quelque chose, là, non ? une réaction bienveillante ? tu lui as pas dit à l’instant que tu avais envie de lui en coller une ? bordel mais qu’est ce qu’il se passe dans la vie de ce type pour que « j’ai envie de t’en coller une mais je le ferai pas » s’apparente à une réaction bienveillante ? nouvel élan de compassion, que tu gardes pour toi. On va pas non plus lui donner l’impression qu’il te fait pitié sinon ça va mettre le feu aux poudres et ce n’est pas ce dont vous avez besoin pour l’instant. Tu fronces les sourcils. Ouvres la bouche, la refermes avec une moue circonspecte. Il ne te laisse pas le temps de lui signaler que ta réaction est loin d’être bienveillante. Man, your life must be so fucked up. Il balance à la place une nouvelle bombe qui, cette fois, te fais sourire avec un air un peu mutin.

Oh. Un point commun inattendu. Ce garçon d’allure si sérieuse et méticuleuse est apparemment capable des mêmes conneries que toi. Voilà qui est intéressant. Ton sourire s’élargit. Tu secoues la tête et remontes ton sac sur ton épaule pour plus de confort, et répond à ses inquiétudes quant à ta technique de vol. Qui n’en est pas une, puisque tu as prévu de payer pour ce pot. Mais ça, il ne peut pas vraiment le savoir, et tu comprends que le geste l’ait perturbé. Tu réponds à sa remarque, un sourire toujours collé aux lèvres.

- Oh, j’ai prévu de payer pour cet article. J’ai un peu la flemme de risquer de me faire choper à voler un pot d’encre aujourd’hui. Monsieur est un spécialiste ?

Ton tout de suite plus léger, pour un sujet tout aussi léger, qui change drastiquement avec ses excuses inconfortables et les sensations désagréables qu’elles provoquent en toi. Soulagement, aussi.

@Mordred

Awh et en plus il joue les modestes. Tu présumes qu’il n’a, pour sa part, pas l’intention de repartir les mains et les poches vides. Il semblerait que la malhonnêteté vous relie. Intéressant, vraiment. Il n’a pas l’allure d’une petite frappe. Mais encore une fois, il a beau ne pas en avoir l’air, il a fait fondre ta peau, il l’a faite se décoller, il t’a fait perdre tous tes repères physiques et psychiques, il t’a fucked up real good. Alors vraiment, qu’il en ait l’air ou pas, tu ne devrais pas être surpris. Tu l’es encore plus lorsqu’il poursuit et te demande si tu as eu l’occasion de trouver les endroits sympathiques à cambrioler. Enfin, pas exactement cambrioler, tu ne rentres dans la maison de personne, et tu ne rentres pas par effraction. Et tu piques exclusivement dans de grandes enseignes. Et tu tends à avoir moins de sympathie pour les boutiques tenues par des non-mages ; ils exploitent tes pairs, tu peux bien leur voler quelques bricoles.

Ton sourire mutin s’élargit. Sa proposition te plait bien. C’est un moyen absolument parfait d’enterrer définitivement ses excuses inconfortables et de partir sur de vraies bases saines. Tu ne le connais pas, mais vous avez un passif en commun, maintenant. Quand vous vous croiserez, vous repenserez forcément à cette sale expérience. Autant que les images qui vous viennent si vous tombez nez à nez dans les couloirs soient celle d’un échange de conseils et de zones bien achalandées où emprunter de la marchandise. Ça change de votre discussion avortée sur Victor Hugo. Ça, c’est distrayant.

Malheureusement, tu ne portes pas ta veste spéciale pour les visites de supermarchés. Difficile de lancer un concours de celui qui volera les babioles les plus originales sans le matériel adapté. Mais l’idée se tente, vraiment, et tu réponds à sa question un grand sourire aux lèvres :

- Non, c’est ma première visite dans le centre commercial. Je n’ai même pas eu le temps de repérer les caméras, je ne suis pas venu pour ça à la base. Mais je suis preneur, si tu connais bien le coin et les habitudes des vigiles.

La file d’attente progresse. Tu vérifies que le code barre est bien présent sur le pot, histoire de ne pas avoir à faire attendre tout le monde si tu dois retourner en chercher un qui soit bien étiqueté. Il est bien là. Tu reportes à nouveau ton attention sur ton interlocuteur, sans spécialement chercher à le regarder dans les yeux pour autant. La conversation est légère, pas besoin d’un contact maintenu. Enfin, tu présumes.

- Et quand je me serai familiarisé, on peut même organiser un concours, qui sait.

Clin d’œil. Il pourrait dire non, il va surement dire non. Il n’a sans doute pas envie de te revoir. Mais il pourrait aussi dire oui. Et dans ce cas-là, tu auras de quoi t’amuser.

@Mordred

Il accepte, mais ton sourire est déjà trop large pour pouvoir encore s’agrandir. Pas besoin d’en ajouter plus, ce n’est pour l’instant ni utile ni prudent. Pas si près des caisses. Une fois qu’il y passe, tu te mets à phaser, le regard fixé dans son dos et les pensées à mille lieues d’ici. Le ton impatient de la jeune femme derrière la caisse te ramène à la réalité et tu remarques qu’il a disparu. Oops. Tu espères que tu n’es pas resté dans la lune trop longtemps, mais un rapide coup d’œil aux caisses adjacentes te confirme que les clients sont les mêmes. Cela dit, elle a bien fait de se rappeler à ton attention, ou tu serais resté coincé bien plus longtemps dans tes pensées. Tu bafouilles des excuses auxquelles elle ne répond pas—ce n’est après tout pas la peine qu’elle le fasse—et lui tends le pot d’encre, avant de fouiller dans ton portefeuille pour en sortir la monnaie nécessaire. Petite montée de panique, à l’idée de devoir compter aussi rapidement, bouffée supplémentaire quand tu lui tends le montant et qu’elle compte les pièces. Faites que je me sois pas planté.e….

Tu finis par sortir, le temps étant passé bien plus vite que tu ne l’as ressenti—comme toujours—et remarques qu’il t’a attendu. Awh, how cute. Not so much, parce que l’accueil n’est pas joyeux et jovial. C’est globalement un gros « merci pour ton idée de merde ». Mais pas « en fait non merci », alors tu comptes ça comme une victoire. Visiblement, les élèves sont relativement unhinged par ici, et ça te plaît. Ça te donnera de quoi t’occuper, quand tu écouteras les autres parler à la bibliothèque—si tu y remets un jour les pieds, cela dit—ou à la cafétéria et peut-être même que tu pourras trouver dans la population de Leoska un ou deux camarades pour aller tagger les propriétés appartenant à la ville. Probablement pas lui, il a l’air trop… clean, pour ça. Si on peut appeler un fellow voleur « clean ».

- Mhmh, je suis sûr que tu t’en remettras. Si tu gagnes, évidemment.

Pour l’instant, c’est son terrain. Mais ça ne va pas durer. Tu avais la flemme aujourd’hui, rien ne garanti que tu l’aies toujours dans une semaine. Tu as une garde-robe à composer, et un stock d’art supplies à reconstruire, si tu veux t’en sortir avec les cours. Tu penses qu’emprunter du matériel est possible, mais difficile quand on a des horaires de travail qui ressemblent aux tiens—a.k.a pas d’horaires, on taffe quand l’inspiration hit, entre deux séances d’insomnie.

Tu hoches doucement la tête pour montrer que tu écoutes ce qu’il te dit. C’est mieux. Plus poli. Tu essaies de retenir les informations, mais tu es pleinement conscient que tu les oublieras irrémédiablement si tu ne les notes pas, alors tu sors un carnet et un stylo de la poche de ta veste et prends des notes succinctes sur une nouvelle page, juste à côté d’un poème recopié à la va vite et d’un dessin de lapin.

- Roger that. tu penches la tête sur le côté, réfléchis, avant d’ajouter : je devrais te payer un café pour te remercier pour ces précieuses informations.

Peut-être que si vous passez suffisamment de temps ensembles, il finira par lâcher son prénom. Après, est-ce qu’il a envie de passer plus de temps en ta compagnie ? Est-ce que tu as envie d’en passer plus en la sienne ?

@Mordred

Pour l’instant il n’est pas revenu sur sa décision éclaire. C’est un succès. Par contre, il a l’air très consciencieux et s’il n’a pas fini, ce n’est pas très rassurant pour toi. S’il connait aussi bien les spécificités de chacune des boutiques, c’est que tu as réellement à faire à un spécialiste. Il va falloir ta meilleure veste à poches—celle que tu n’as pas encore, d’ailleurs—pour équilibrer le jeu. L’avantage, aussi, c’est que son pouvoir vous permettra sans doute d’éviter les emmerdes si vous vous faites coincer big time. Discrètement, parce qu’utiliser ses pouvoirs sur des non mages n’est pas une idée glorieuse, mais reste une possibilité.

Tu chasses les émotions conflictuelles qui se présentent lorsqu’il accepte de passer plus de temps en ta compagnie, et affiches un sourire joyeux. C’est pour la bonne cause, c’est le l’anarchie. De l’anticapitalisme. Whatever, les deux vont de pair. Il n’a pas l’air particulièrement enjoué à l’idée de passer du temps en ta compagnie non plus, mais peut-être que tu peux considérer ça comme some exposure therapy. Même si tu n’as absolument pas besoin de thérapie (ha.). Tu hoches la tête pour marquer ton assentiment et, puisqu’il connait les lieux mieux que toi, pars du principe qu’il vous emmènera à un endroit décent, où les oreilles ne trainent pas trop. Peut-être même que tu pourras piquer des dessous-de-verres pour ta collection. Ou un cendrier. Quelque chose, pour compenser les thunes que tu as dépensées ; plus facile à voler, aussi.

Et comme ça, il propose tout seul comme un grand. Fantastique. Tu lui fais un thumbs up un peu bancal, puisque tu as encore ton carnet dans une main, un stylo dans l’autre, et des sacs chargés sur les bras.

- Yup, all good, tant qu’ils ont de quoi faire un thé décent, je te suis.

Tu ne sais absolument pas à quoi t’attendre, cependant. Jean-Connard—note to self, lui demander son prénom pour éviter de glisser et de l’appeler Jean-Connard IRL—est assez surprenant. Tu ne t’attendais pas exactement à le croiser en train de piquer dans des boutiques et encore moins à avoir [i]an extensive knowledge of stealing spots. Le mieux pour vous deux serait globalement que tu n’en saches pas plus à son sujet, ni lui au tiens. Mais visiblement, aucun de vous deux n’est doté d’instincts de survie viables. Ça va vous couter cher en psy, cette affaire. Et peut-être même en travaux d’intérêts généraux, si vous vous faites gauler. Tu te demandes si tu réussirais à voler une chaise au bar.

@Mordred

Charles-Edouard prend les devants, se débrouille comme un grand et réussit dans le même temps à vous trouver un point de chute, une table, et absolument aucune raison de rester en la compagnie l’un de l’autre. Ce n’est pas la sollicitude qui l’étrangle, en tout cas. Tu ne lui aurais pas fait porter ton bordel, mais demander ne coute rien. Ta mère t’a appris les bonnes manières. Peut-être que la sienne était absente. Ou juste un peu nulle. Tu ne connais pas son histoire, tu ne vas pas lui reprocher d’être un petit con avec des idées à la hauteur de sa bétise. Et pas de bonnes manières. Au moins il a du gout et, avec un peu de chance, ne considère pas un thé comme bon dès lors qu’il est buvable si on y ajoute cinq sucres. Pour l’instant, c’est tout ce qui compte. Tu vas devoir rester en sa compagnie encore un peu alors autant en retirer quelque chose. Mis à part les connaissances en chapardise qu’il va t’apporter.

Tu réfléchis quelques instants à sa question en posant tes sacs de fringue sur la chaise à côté de toi et ton carnet et ton stylo sur la table. Tu n’auras pas besoin d’informations sur tous les magasins du centre commercial, mais si concours il y a, en glaner sur les boutiques qui vendent les merdes les plus chères pourrait être une bonne stratégie. Sinon, pour ce qui concerne ton usage personnel…

- Mmmh, je dirais librairies, papeteries et boutiques de fringues. C’est ce qui coute le plus cher, et c’est aussi là que j’irai le plus faire les courses. Si tu as quelques infos sur le magasin de produits capillaires au coin, ça m’arrangerait pas mal, je vais surement devoir y aller plusieurs fois par mois…

Une couleur comme la tienne, ça ne s’improvise pas et, surtout, ça s’entretient religieusement. Shampoing bleu pour ne pas qu’ils tirent sur l’orange au bout de deux lavages et retouches régulières sur les zones qui s’éclaircissent et l’éternel retour des racines rousses à endiguer. Et ils vendent surement du maquillage aussi. Si tu n’avais pas à ce point besoin de matériel d’arts plastiques, tu aurais surement désigné cette boutique en premier. Mais la seule chose qui passe avant ton look, c’est ton book (mdr). Ton carnet de croquis, un cahier qui répertorie tous tes projets. Tu espères qu’il sera en mesure de t’aider pour la boutique de coiffure. Avec des boucles comme les siennes, ça t’étonnerait qu’il n’y connaisse rien. Mais on ne sait jamais, il se contente peut être de se faire des masques à base de jaune d’œuf et de yaourt…

La question qu’il te pose ensuite est déroutante. Tu fronces les sourcils, repasses sur chacun des mots pour t’assurer que tu aies foiré le sens de sa demande en la traduisant en anglais, puis fronces un peu plus les sourcils. Because I’m a dumb bitch, honey. Self-preservation who ?. En vrai, pourquoi ? c’est une question légitime. Tu te la poses. Tu prends le menu pour t’occuper les mains et les yeux, parcours la liste des boissons chaudes avec une moue concentrée. Cherches une réponse qui expliquerait ce choix étrange. Ne cesses de revenir à « et toi, pourquoi tu as dit oui ? », pleinement conscient.e que ce n’est pas une vraie réponse, que cela ne vous avancera en rien. Tu cherches une plaisanterie à faire, pour désamorcer l’aura d’étrangeté et de malaise qui plane. Fronces le nez. Reposes le menu, pour te forcer à te concentrer.

- Je connais personne ici. Si croiser la seule personne que je peux reconnaître me fait faire une crise de panique, je ne donne pas cher de ma scolarité ici. Je me désensitivise. Désensitive. Désensi…bilise ? à force de parler à personne je vais en perdre mon français. C’est chiant. Tu n’es pas particulièrement agréable, mais tu t’es excusé donc tu es tolérable. Et tu as dit oui. Si ça me rend bizarre d’avoir proposé, tu es tout aussi étrange d’avoir dit oui… pour le concours, par contre, c’est juste parce que je m’ennuie comme un chien mort. Je cherche à m’occuper. En dehors de l’établissement, pour ne pas me foutre dans la merde plus que je ne le suis déjà à cause de notre… expérience à la bibliothèque. Librairie. Bibliothèque. Celle où on emprunte les livres, pas celle où on les achète.

Tu récupères la carte. L’observes. Choisis. Un thé noir fumé. Quelque chose que tu n’es pas prêt de trouver dans les machines à café de Leoska. Tu t’intéresses à ce qu’il choisira. Ça pourrait en dire long sur qui il est. Tu fais aussi, accessoirement, glisser un sous verre dans un de tes sacs de fringues, l'air absolument impassible.

@Mordred

AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH. Il parle vite, il parle tellement vite. Ou beaucoup. Les deux, définitivement. Il t’a perdu très rapidement. Tu as décidé de lui faire confiance et de ne pas prendre de note—ç’aurait, de toute façon été trop compliqué—et tu n’as quand même pas compris tout ce qu’il débitait. Bon. Tu vas très probablement devoir faire avec ce que tu auras retenu, et apprendre sur le tard. Malheureusement pour toi, tu n’as aucune capacité surnaturelle pour aider au vol. Uniquement des doigts agiles et une bouille d’ange. Bouille d’ange le plus souvent accompagnée de cheveux colorés et de tee-shirt aux slogans agressifs qui ruinent ta couverture d’enfant sage. Enfer et damnation, il te tend le calumet de la paix mais te précise comment t’en servir dans une langue que tu ne maitrises pas entièrement. Tu essaies de garder un air neutre et intéressé, même si ses dernières phrases passent complètement à l’as. Par politesse, TMTC.

Enfin, il marque une pause. Tu souffles intérieurement. Tu poses tes mains contre la tasse pour jauger la température de l’eau puis, comme ça ne te paraît pas particulièrement probant, tu y trempes un doigt. C’est bien ce que tu craignais. Bah. Tu as l’habitude de boire du thé froid, c’est le lot de ceux qui sont incapables de se souvenir qu’ils se sont fait une tasse fumante et s’en rappellent une demi heure après que celle-ci ait refroidi. Tu n’as pas osé boire pendant qu’il parlait, de peur de perdre quelque chose et tu as finalement tout perdu : tu as arrêté d’écouter et maintenant, ton thé n’est plus chaud. Grimace. Haussement d’épaule. Tu portes quand même la tasse à tes lèvres. On ne gâche pas une tasse de thé quand on est bien élevé.e. Shit, il a recommencé à parler. Tu arques un sourcil, répètes machinalement ses mots.

- Des questions, un numéro ? Non ! Pas de questions, tout va bien, merci beaucoup. C’était très… dense.

Tu souris, pour éviter qu’il prenne la remarque pour une insulte, puis poursuit.

- Je veux bien ! ça ne peut pas faire de mal. Mais si cette personne est ton ami.e, tu penses qu’on pourra bien s’entendre malgré le beef entre nous, ou ça n’altérera pas notre possible relation ? parce que c’est plus intéressant de discuter avec quelqu’un de plaisant…

Sous-entendu inintentionnel : pas comme toi, Yvan. En vérité, il devient moins déplaisant en parlant et en souriant. Tu te réchauffes petit à petit à lui, même si tu n’as toujours pas envie d’acheter un chalet de vacances dans les Alpes pour y passer du temps en tête à tête avec lui.

@Mordred

Shit. Tu as probablement dit quelque chose d’offensant. Ce n’était pas l’objectif. Objectivement, Galaad est déplaisant. On fait difficilement plus déplaisant que quelqu’un qui provoque chez des inconnus des hallucinations dignes d’une séance de torture. Mais il s’est calmé et il est presque supportable ! ses sourires sont moins mielleux et faux, et sa proposition est plutôt intéressante. Tu le laisses se concentrer sur son téléphone et t’occupes de ton thé. Tu pourrais en commander un autre, mais ce serait trop d’attente et tu ne vas pas non plus t’éterniser en la compagnie d’Arthur. Baby steps. Tu réfléchis à ce que tu vas lui dire pour expliquer ce qu’il a pris comme une insulte. C’en était une, tu ne t’en es juste pas rendu compte.

Tu fouilles dans ton sac pour retrouver de quoi noter et gribouilles rapidement les coordonnées de ladite amie. Aprilynne. Joli prénom. Tu as du mal avec les chiffres et espère ne pas t’être planté. Au pire, un prénom comme ça passe difficilement inaperçu, il ne te sera pas impossible de la retrouver. Tu te lances :

- J’ai pas sous entendu que tu étais déplaisant intentionnellement. Je parlais plutôt de… like est-ce que ton amie ne va pas aussi me coller des hallucinations traumatisantes ? pas que j’ai été traumatisé.e, mais je préférerais éviter de le devenir et d’avoir un PTSD tu vois. Merci pour le numéro, je la contacterai rapidement. J’aime bien son prénom by the way.

Tu doutes qu’il en ait quelque chose à faire. Tu suis son mouvement et vide ta tasse. Bon. Moment gênant. Vous n’avez plus de raison d’être dans ce café, ensemble, donc vos chemins vont sans doute se séparer. Sauf que vous allez probablement rentrer à l’Académie. Tous les deux. En même temps.

@Mordred