Cette école est un refuge pour beaucoup, dans cet univers de conflits. Mais cet abri est particulier. Poussez ces portes et venez découvrir ce nouveau monde.
 
AccueilCalendrierFAQRechercherDernières imagesMembresGroupesS'enregistrerConnexion
Le Deal du moment :
Display Star Wars Unlimited Ombres de la Galaxie : ...
Voir le deal

 :: Académie Leoska :: Les extérieurs :: Terrain de sport Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
Dent pour Dent - [PV Saph] - FINI
Philophæ M. Andreatus
Messages : 102

Feuille de personnage
Age: 45
Pronoms:
Club: Aucun, Prof de transformation et patrouilleur
Pouvoir: Magie rouge: Transformaton en chien et altération des os. Contrecoups: dent toujours transformées et cicatrice à l'oeil. Collonne vertébrale se soudant petit à petit.
Philophæ M. Andreatus
Premier de la classe



Sam 3 Avr - 23:05
Dent pour dent
Saphirre Lacey

Le mail n'avait absolument aucun corps de texte, aucune pièce jointe, juste un titre. « J'ai changé d’avis sur tout ça ». C'était court mais ça avait suffit à le mettre au bord de... La crise d'angoisse ? Difficile à dire. Saphirre continuait de le mettre dans une situation extrêmement étrange vis à vis de ses propres émotions et ça commençait à sérieusement le faire chier.

Pourtant, il avait fermé son ordinateur dans la foulée, un petit sourire au coin des lèvres. Puis il avait éclaté de rire et avait réfugier son visage dans ses bras croisés, soupirant. Il avait espéré l'arrivée d'un mail mais il ne s'était pas attendu... A ça.
De même, il s'était attendu à ce que les choses prennent plus de deux semaines mais comme d'habitudes il s'attendait mal et les choses n'allaient pas dans le sens qu'il avait prévu ou voulu.

Il rouvrit son ordinateur, refixant ses yeux sur le mail vide. Iel aurait pu trouver autre chose qu'un mail ressemblant à un message de stalker à sa victime... Se passant la main sur le visage, il prit la peine de s'interroger : est ce que ça en vallait la peine ? Dernièrement, il retrouvait petit à petit de l'énergie mais il était loin d'être au top de sa forme. Il avait envie de saisir cette oportunité mais il savait aussi que la communication serait impossible, tant de son côté que de celui de l'élève. Et quand la communication était impossible il utilisait toujours la même méthode... Qui n'était pas si loin du pouvoir de Saph.

Il se figea un instant. Peut être que ? Non. C'était mauvais plan. D'un autre côté, il l'avait fait régulièrement quand il donnait cours. Oui, mais pas de manière aussi personnelle... C'était vraiment prendre le risque de se montrer vulnérable et Saph ne l'accepterait pas. Mais peut-être que...

Il se redressa, chopant un pul au passage, allant dans la cuisine.

-Elaine, j'ai une faveur à te demander. S'il te plait, répond non parce que c'est pas raisonable.


-Mmmh ?


Elle se tourna vers lui, accoudée au comptoir. Il se posa à côté d'elle, lui passant une mèche de cheveux derrière l'oreille en regardant son nez. Puis il se pencha, chuchottant au creux de son oreille son idée.

-Pourquoi c'est une mauvaise idée ?


-C'est pour Lacey.


-Tu veux que je te dise non, vraiment ?


-Oui.

-C'est pas une bonne idée. Après, aucune bonne idée ne fonctionne avec ellui, donc c'est quitte ou double. J'pense qu'iel devrait être en classe d'aide jusqu'à la fin de sa scolarité donc, au moins, que la responsabilté de la situation de merde est partagée avec notre vénérable directrice qui a accepté votre demande sans rechigner. Je pense qu'elle en avait trop rien à foutre ce jour là. Je pense que quoi qu'il se passe avec ellui, ne serait-ce que le fait qu'iel se trimballe librement dans les couloirs, c'est pas une bonne idée. Je pense que Saphirre Lacey c'est pas une bonne idée.
Et au milieu de toutes ces mauvaises idées, je pense que la tienne est la moins pire. Et tu vas le faire quoi que je dise.


Elle se leva, alla dans le frigo et saisit le steak qui s'y trouvait avant de lui faire signe et ensemble ils quitèrent l'appartement.


*****

Une semaine avait été necessaire à ce qu'il se sente prêt. Il n'avait pas répondu à son mail, ne lui avait pas envoyé de sms ni demandé à l'équipe pédago de faire passer un message. Il venait donc officiellement de mériter son titre de schlag au pays des trou du cul, mais ça lui allait. Il avait préparé son coup ce qui lui donnait au moins le mérite d'être un shlag malin et prévoyant.

Ainsi il avait été zieuter l'emplois du temps et avait été se poster en face de la salle dont sortirait Saphirre à 11h, le sac de matos entre les jambes. Il pleuvait dehors, des cordes, à tel point qu'il était déjà trempé avant même que la phase « rigolotte » de la chose ait commencée.
Il était... Stressé. Son cœur avait décidé de devenir une batoucada à lui tout seul ce qui était non seulement pas pratique mais aussi désagréable. Quand la tête pleine de dread de l'abrutis se pointa se fut pire. Le gosse donna l'impression de faire un infarctus avant de se reprendre un peu.

-Heu. Salut Philo.


Il grogna une salutation, même si la partie mot de son allucation fut perdue entre ses dents, laissant sortir principalement un son grave, un peu accueillant mais pas trop. Se redressant, il lui fit signe de le suivre.

-C'est pour... ?


-Pour le tout ça sur lequel t'as changé d'avis.


Car oui, contrairement à ce que son attitude suggerait, boire le thé n'étais pas au programme (sans rire). Il ramassa le sac en le jetant à moitié sur son épaule. Je ne sais pas si vous avez déjà vu un mastodonte vouloir disparaître et quasiment y parvenir. C'était l'idée.

Autours de lui certains de ses anciens élèves s'arrêtaient pour le regarder. Un élève avait même failli venir le voir mais son attitude avait sans doute du le décourager car il n'était pas allé au bout de son projet. Il faut admettre que déjà qu'il n'avait pas souvent l'air avenant, la situation n'aidait pas.

-Oh. Heu. D'acc. Et.... On va où ?  


-Dehors.


Oui, sous la pluie. Oh, iel pouvait bien tirer la tronche autant qu'iel voulait, ce n'était pas vraiment son problème. Iel suivait ou pas, c'était son choix.

-Pronoms ?

Il passa la porte, la lui tenant pour pas qu'iel se la prenne en pleine face.

-Il.


Il hocha la tête et commença a trotiner sous la pluie en direction des terrains de sport.
Quitte à faire une connerie, autant être un minimum responsable. Autant être échauffés.

Informations


Dent pour Dent - [PV Saph] - FINI Philop20
Revenir en haut Aller en bas
Saphirre Lacey
Messages : 450
Age : 23

Feuille de personnage
Age: 20 ans
Pronoms:
Club: Art martiaux
Pouvoir: Contrôle hormonale
Saphirre Lacey
Trash Can or trash cannot



Dim 4 Avr - 21:11

Philophæ
M. Andréatus

Saph
Lacey

「Dent pour dent」


Combien de fois j’ai essayé de réécrire cette daube ? P’t’être une dizaine. Peut-être plus. J’ai tenté le format officiel : ça ne collait pas. Le format explicatif ? Après relecture pour enlever les passages trop personnels il n’en reste quasi plus rien. Rien, rien, rien ne va. Alors je reprends juste ses termes, « Si tu changes d’avis… », parce que j’ai changé d’avis.

Ça faisait quelques temps depuis la dernière fois qu'il m'avais empêcher d'être trop con. La première semaine, j’étais incapable de quoi que ce soit. Odette avait tenté le mauvais plan de la communication, mais poser des mots à voix haute m’aurait fait péter une durite et elle aurait pas pu encaisser. Mais ça avait remué quelque chose. Que quelqu’un s’en inquiète.

Ses objectifs m’échappent toujours, mais… Ouai. Elle. Habité avec des personnes que j’apprécie. C’est différent. Différent de cette époque où je me confrontais directement à ma propre solitude comme si se planter un couteau dans la cuisse en hurlant aux autres d’aller se faire foutre était une solution.

La seconde semaine, j’avais choisi d’accepter d’aller à une soirée pour me perdre en alcool, en son et ne plus ruminer. Reprendre son souffle quelques heures. Où j’ai rencontré une go qui m’intéresse. Et ouais, même si le lendemain c’était pas jouasse, le souvenir de la soirée en elle-même était cool. Je me suis rappelé que j’avais beau passer mon temps à pisser à la raie des mages, c’était avec eux que j’avais pu connaître des heures parfois grandioses. Et que c’est un problème parmi tous les autres.

Bref. Le déni n’avait duré que quelques secondes au moment du départ de ce qui me sert de géniteur. La colère, elle, persiste et parasiterait probablement mes pensées pour longtemps. Le marchandage, pour réfléchir à réparer les choses, avait été écrasé sous le talon de mes rangers avant même de poindre. J’suis sans concession les compromis m’intéressent très peu. La dépression, c’est plus compliqué que ça. Et l’acceptation ?

C’est ce qui nous ramène devant ma messagerie.

Dire que la colère part au passage de la phase suivante, c’est des conneries plus grosses que moi. Elle est toujours là. Rampante et sinueuse, attendant le meilleur moment pour se dresser en éclat et sauter à la gorge. Mais l’acceptation aussi. Elle vous mord au cœur, le compresse en vous regardant avec ses petits yeux noirs qui vous murmurent « Faut faire avec » tandis que vous lui répondez « Va crever. » en priant pour qu’elle lâche.

Faut faire avec.

Et surtout faut faire quelque chose. Commencer à avancer. Si on veut pas accepter les événements eux même, autant se servir de l’énergie des insurgés comme carburant pour botter le cul aux casseroles qu’on se traîne aux chevilles.

Un jour j’lui péterais le crâne, j’lui coucherais la couenne jusqu’à ce qu’il crache ses regrets avec ses dents. Et le lendemain, la trachée de cette salope se tiendra entre le sol et ma semelle.

En attendant, je décide que je mérite mieux et que j’en aie ras le cul.

Et que s’il est trop tard pour mettre des freins sur la roue libre que j’me paie depuis des années… il est pas trop tard pour accepter la main tendue qui veut m’sortir de la voiture avant que je percute le mur.

Enfin non pas une main tendue. Une paluche immense qu’essaie de m’choper à l’arrière du col pour me dégager par la fenêtre avant que la bagnole s’écrase. J’ai conscience que le chemin à pied s’ra pas facile et j’ai des appréhensions si grandes que j’peux même pas les situer. Mais…

Philophae avait été là. Autant de fois que je lui ai craché à la gueule. M’avais parlé de façon suffisamment sincère, brute, et équivalente pour que ça crée un écho à l’inverse des discours crevants de pitié, de compassion condescendante, bonne à nourrir ceux qui traînent leurs fiertés au sol.

Je sais pas ce que ça peut donner. Je sais pas si je serais en mesure d’accepter ce qu’il aura à me dire. Je sais pas.

Mais je suis certain que c’est la seule voie sur laquelle m’engager et qui me conduit à quelque chose. Quelque chose qui n’aggrave pas le reste. Parce que j’arrive pas à écouter les autres, mais que j’arrive pas à avancer seul. Mais qu'avec lui... c'est différent. Pas facile, mais entendable. Je saurais pas expliquer.

J’l’ai envoyé. Pas en corps de texte, j’aurais pas su quoi mettre de plus, non, juste en titre. Et après avoir cliqué j’ai réfugié ma tête dans mes bras, mort de stress. Épuisé par un geste aussi simple que ça.

Mais la vie a repris son cours pendant une semaine avec cette angoisse constante d’attendre une réponse importante et de rien recevoir et les questionnements qui vont avec. Est-ce que sa proposition tenait vraiment ou c’était du bullshit juste parce que les conditions s’y prêtaient ? Pourquoi il accepterait ? Et s’il approuve, c’est pour aboutir à quoi au juste ? Il aurait aucun intérêt à le faire. Mais, pire…. s’il refuse ?

Tout ça, c’était avant l’internal screaming en sortant de cours. Pas de coup de semonce pour prévenir, juste une balle de sniper qui vient activer le levier du coup de flippe avec précision. Philophae est devant la salle, attend. Je suis absolument pas prêt. J’ai pas le temps de process, habituellement c’est l’inverse, et ça m’plaît pas.

J’essaie de me reprendre et de le saluer. Il grogne, mais un grognement de salutation. Pas d’hostilité notoire donc ?

Mais pas plus d’information non plus. Pas de feed-back, de retours, de « C’est ok » ou l’inverse, pas de consigne autre que de le suivre et de, faut croire, lui faire confiance.

« C’est pour… ?

— Pour le tout ça sur lequel t’as changé d’avis. »

Donc ça a été reçu et compris. C’est bien pour ça et c’est au moins cent fois plus terrifiant. Bordel. Philo, j’ai bien saisi que t’étais du genre pas bavard, mais est-ce que tu accepterais de faire une exception une fois dans ta vie pour que j’arrête de crever de stress ?

« Oh. Heu. D’acc. Et.... On va où ?  

— Dehors. »

J’affiche une moue contrariée, pas à l’idée de prendre l’averse, plus à l’idée d’avoir si peu de clef sur ce qui se déroule. Qu’est-ce qu’il a prévu ? Qu’est-ce qu’il se passe dans sa tête ? Pourquoi je suis pas un putain de mage noir pour choper toutes ses infos une bonne fois pour toutes et arrêter d’avoir le souffle aussi court, le dos aussi droit.

Mais non. Tout ce que je peux faire c’est le suivre sous la pluie sans être préparé, sans savoir pourquoi et juste accepter qu’avec Philo de toute façon c’est l’idée générale. D’autant plus aujourd’hui.
Dans un soupire sonore, je m’attache les cheveux en un chignon le plus serré possible, quitte à sortir, je préfère éviter de finir en serpillère.

« Pronoms ?

— Il. »

On passe la porte. Et il trottine. Hmm. Échauffement ? Okey, ça commence à prendre un peu plus forme.

Je le suis et me prends un festival de flotte une fois le préau franchi. Une pluie qui vous aligne au jet, dans l’genre le ciel qu’à soudainement décidé de vous balancer des barriques d’eau à la tronche pour faire chier le monde. Mes vêtements protègent queud et servent plutôt à pomper l’eau comme un assoiffé qui se s’rait jeté sur mon dos de tout son poids après s’être gorgé de l’oasis entiére.

Mais c’est le genre de noyade qui fait respirer, l’air frais absorbé à pleins poumons, la peau rendue brûlante par la course rafraîchie au fur et à mesure par les trombes qui lui pisse l’eau a la gueule. Ça m’fait étrangement sourire même, de courir dans ce temps pas plus merdique qu’autre chose. Personne dehors, virée par les vagues.

Je me cale sur le rythme de Philo, sachant pas trop vers où il m’emmène, mais ça fait une trotte depuis les bâtiments.

Le terrain de sport commence à se dessiner au loin, il semblerait que ce soit sa direction. En tout cas c’est bien là qu’on s’arrête. Les muscles chauds, je balance le haut de mon uniforme lesté par la flotte pour me retrouver en débardeur. Je profite un instant de la respiration que la course procure, les poumons plus grands, l’air brûlant. Puis en l’absence d’instructions, me tourne vers le dogue.

« C’est le moment où tu m’expliques où tu veux en venir ?

- on s’échauffe puis on va se battre. Et on va faire ça bien. »

Je sens mes épaules se détendre un peu. Ok. J’en sais un peu plus, l’exercice est coutumier et Philo à l’air… de savoir ce qu’il fait. Ce qu’il a en tête en proposant ça en tout cas.

« Hmm. D’accord. Je te suis pour l’échauffement ?

- Non, dirige. »

Ça me convient, j’ai l’habitude. Surtout si c’est pour se battre. Je pars sur un truc complet, si l’idée c’est de se fighter contre Philo mieux vaut être dans de bonnes dispositions. Ne serait-ce que pour encaisser correctement les potentielles gamelles.

D’abord la mobilisation articulaire, haut et bas du corps, puis les exercices de monter en température, de plus en plus intense, stretching dynamique pour être OP, et enfin début d’exercice technique dans le vide pour inscrire la motricité avec tout le reste. Ça prend plus d’une vingtaine de minutes de faire un échauffement viable pour du combat et je le guide à fur et à mesure des exos pour essayer de faire ça bien. Diriger un travail routinier m’aide à descendre de quelques barres de stress mais j’en reste pas moins sur mes gardes avec Philo. Je comprends toujours pas la moitié de ce qu’il se passe contrairement à lui.

Prêt, si on excepte le fait que j’ai pas de matos, je me plante face à lui, un sourcil interrogateur levé.

« Des instructions ? »

Allez, vieux loup, raconte-moi ce que tu as derrière le crâne.





Dent pour Dent - [PV Saph] - FINI Sans_t56

J'écrit en cette belle couleur, jalouse pas trop stp#0099cc
Revenir en haut Aller en bas
Philophæ M. Andreatus
Messages : 102

Feuille de personnage
Age: 45
Pronoms:
Club: Aucun, Prof de transformation et patrouilleur
Pouvoir: Magie rouge: Transformaton en chien et altération des os. Contrecoups: dent toujours transformées et cicatrice à l'oeil. Collonne vertébrale se soudant petit à petit.
Philophæ M. Andreatus
Premier de la classe



Sam 10 Avr - 23:14
Dent pour dent
Saphirre Lacey

Le gosse suivait sans poser de questions. Est-ce qu'il avait finit par apprendre à la fermer ? Ca paraissait improbable mais pas impossible étant donné les dernier évènements. Si c'était le cas, c'était cependant une mauvaise nouvelle, aussi agréable cela soit-il.

La foulée du colosse était régulière, calme, imperturbable. Sous son crâne repassait en boucle les mêmes souvenirs, imprimés dans sa mémoire avec une précision photographique. Le saladier de leur père qu'ils avaient amené à Leoska, à la lumière d'un soir d'été. La canine gauche de son frère lorsqu'il souriait. L'intérieur de la paume droite d'Elaine alors qu'elle y faisait glisser le canon de son arme. Les rideaux entrouvert de la salle de classe du fond du couloir B, quand la mouche s'y était cogné plusieurs fois. La main de sa mère tenant la sienne devant la pelleteuse, là où se trouvait desormais la grande serre.

Le saladier. La canine. La paume. Le rideau, la mouche. Sa mère, la pelleteuse. En rythme, comme ça il ne voyait pas vraiment le chemin défiler. Comme ça il ne sentait pas la foulée de Saph à côté de lui, il esquivait la naissance des doutes. Il savait ce qu'il faisait... Probablement. En tout cas il savait ce qu'il voulait faire.

Il avait réussi à se lever tôt ce matin, c'est pour ça qu'il avait choisis cette journée. Il n'avait pas été bloqué dans son lit à contempler son plafond, écrasé par un poids monstrueux et informe. Pourtant il ne se sentait pas spécialement fort. Mais il ne mourrait pas doucement d'angoisse, c'était probablement ce qu'il pourrait avoir de mieux avant longtemps. Il n'avait pas prévu que ce soit aujourd'hui mais c'était aujourd'hui.

Le saladier. La canine. La paume. Le rideau, la mouche. Sa mère, la pelleteuse. En rythme avec le poème, gauche, droite, gauche, droite jusqu'aux terrains de sports détrempés. Ca l'arrangeait, il n'y aurait personne sauf peut être quelques membres de clubs trop zélés, il n'avait envie de voir personne. Il s'arrêta dés qu'ils arrivèrent en bord d'un des stades, posant son sac sur le sol avant de l'ouvrir doucement, s'accroupissant à côté.

-C’est le moment où tu m’expliques où tu veux en venir ?


Ah, du son sortant de sa bouche. On ne lui avait donc pas manger la langue au final, il savait toujours parler. Comme à chaque dois cet entre-deux à lui faire suffisament confiance pour le suivre mais pas assez pour aller au bout sans explications, cette limite entre le confort dans l'inconnu et le besoins de contrôle qui était si précaire chez lui. Ce n'était pas un reproche, Philophae ne l'aurait même pas suivit sans explication si les rôles avaient été inversés. Non, ça tenait plus du léger agacement parce que ça impliquait de devoir parler et il avait précisément prévu cette séance de travail pour ne pas avoir à trop le faire.

-On s’échauffe puis on va se battre. Et on va faire ça bien.


Enfin, se battre était un bien grand mot. Ils allaient raconter une histoire mais comme la communication de Saphirre ne passait jamais mieux que par le conflit au moins il serait servit et les choses ne seraient pas hors de contrôle.

-Hmmm...


Philophae releva les yeux vers lui, le visage complètement neutre.

-D'accord. Je te suis pour l'échauffement ?


Il rebaissa la tête pour faire ses lacets, baissant doucement les épaules. Un instant, un court instant, il avait cru qu'il allait refuser. Il n'aurait pas su quoi en penser ni comment réagir, le scénario des évènements était censé être plutôt simple et linéaire : ils se battaient, le dogue poussait l'élève là où il voulait et ensemble il partaient sur une nouvelle base.

- Non, dirige.


Ses chaussures convenablement lacées le colosse se redressa de toute sa hauteur, attendant le signal de Saphirre. Il commença. Il suivit. Les dés étaient jetés.

Le dreadeux ne laissa rien au hasard, rendant l'échauffement le plus complet possible, efficace, pointu, proffessionnel. Jamais l'expression de Philo ne changea. Profondément concentré, il semblait enfermé à l'intérieur de lui même, imperméable au monde extérieur. La suite allait être franchement énergivore et il rassemblait en lui l'énergie en même temps que ses muscles fonctionnaient. La chaleur du corps pour le courage, la claque froide de la pluie pour la concentration.
Le corps de plus en plus ancré, de plus en plus léger, un mouvement après l'autre, comme toujours. Ca allait vraiment être ça à chaque fois ? Où à un moment ils allaient agir comme des personnes normales et, par exemple, simplement se parler ?

Il n'avait pas envie de parler. Il n'avait pas envie d'être normal. Peut-être qu'en fin de compte le secret était là, peut être qu'il encourageait cette absence de communication... C'était une mauvaise idée au final...

-Des instructions ?


Il releva la tête, faisant face à un Saph prêt, inquisiteur mais prêt. Il ne pouvait pas partir aussi simplement, aussi vite. En face il l'attendait, c'était évident et ça balaya ses doutes. Il l'attendait et pour une fois que c'était pas l'inverse ça aurait été dommage de fuir.

Il grogna. C'était tentant d'y aller comme ça mais c'était dangereux et c'était pas prévu. Il pointa du doigt le sac.

-D'abord, protections.


Saphirre s'éloigna en silence pour s'équiper et il l'imita. Méticuleusement, sans jamais regarder autre chose que ce qu'il faisait, le passa le plastron et le casque, retirant ses chassures pour mettre les jambières. Quand ce fut fait, il attrapa sa paire de gant et retourna se placer un peu plus loin, pieds nus, attendant que Saphirre reviennent.
Sourcil levé, encore.

-Mollo. On s'entraîne, on s'fait pas mal


Le moins de mots possible, garder la parole au maximum préservée, précieuse. Il allait la falloir plus tard, après, quand on en serait au bon moment. A l'instant qui avait dicté que ça serait aujourd'hui. Au moment oportun.

-Tu veux qu'on stoppe les coup avant ?


-Pas stopper mais pas toute la force. Doucement au début.


Garde tes forces Saph. Garde les précieusement, économise. Le combat n'est qu'un accessoire, le vrai jeu, le vrai but, le vrai travail n'arrive qu'après. Quand la tensions redescendrait il avait prévu de parler. De parler. De parler. De parler et de le faire parler car l'important c'était lui. Ce travail là, le dogue l'avait déjà fait il y a longtemps. Se mettre à nu face à lui même il savait faire, comprendre ce qui grondait dans son ventre n'était pas un problème.

-Ok, noté. Go ?


Il ne répondit pas mais bondit en avant, visant la machoire à plusieurs reprise. Avançant de toute sa masse il voulait forcer Saphirre à reculer, à se mettre en mouvement. Son élève céda au départ, forcé sur la defensive. Vif, il passait au travers de ses coups qui ne touchaient pas. Rapidement pourtant il contrattaqua, forçant la dynamique alors qu'une ouverture se présentait. Droit sur les côtes. Le dogue se déroba sur le côté in extremis mais se retrouva le bras tordu dans son dos. Il s'imobilisa un instant en grognant.

Minute.

Il l'avait jamais aussi bien placé avant. Il tenta une seconde sa chance pour se dégager mais non, la prise était bien trop solide. Il s'était perfectionné pendant ce temps, il n'avait pas complètement arrêté de se battre, de s'entrainer. Malgré la décision du conseil. Malgré la honte.

Il avait continué.

Philophae sourit de toutes ses dents, envoyant son pied en arrière pour le forcer à soit lâcher soit se prendre son talon dans le ventre. Une fois libre il se tourna immédiatement vers lui, secouant son poignet. Pour la première fois ce jour là il présentait à Saphirre une face éclairée, suprise et satisfaite.

-J'ai beaucoup réfléchi.


Il fonça dans le tas tête baissée. Pas de techique avancé, simplement de l'endurance et de la force, brute, sauvage, déterminée. Choppant l'élève par la taille il le traina sur plusieur mètre, encaissant ses coups en grognant. Puis il le jeta plus loin, bondissant en arrière pour mettre de la distance entre eux, pour avoir le temps. Pour gagner du temps, le temps de dire.

-J'te comprends un peu. Mais j'te connais pas, pas comme il faut.



La pluie avait plaqué ses cheveux blancs sur sa tronche et il passa la main dedans pour les virer, soufflant pour chasser l'eau accumulée à la commissure de ses lèvres. C'était pas encore le moment, vraiment. Le timing de l'amorçage était bon mais pas pour la consigne, il fallait encore attendre. Il anonçait, doucement, qu'il y avait plus à cette séance. Que derrière tout ça il y avait un but, quelque chose, une construction plus complexe. Une attente. Une récompense.

Un truc tangible qui scellerait leur relation autours de leurs rôle respectifs. Il revoyait le steak dans la main d'Elaine. Il sentait son poing sur sa joue alors qu'il tentait de changer la nature même du morceau de viande, qu'il tentait d'en faire... Autre chose. C'était la même idée. Une sorte de fusion entre ses cours d'avant et ça, plus sanguinolents que les cours mais moins que la pièce de boucherie. Plus dangereux que les cours mais moins qu'Elaine.

Plus personnel, avec plus d'enjeux. Pas de notes, pas de barrière, pas d'attendus autre que de dire, d'expliquer sans vraiment le faire. Ce subtil mélange étrange, à la lisière de la communication. Apprendre et voir, se passer de leurs faux semblant à la con. Pas de sous entendu mais du silence quand on ne veut pas dire. Pas de silence mais du mouvement quand on ne peux pas dire. La brutalité sans violence, la dureté sans haine. L'authenticité, pas d'artifice car le corps ne ment pas, l'essence ne ment pas. Faire ressortir ce que l'ont veut, ce que le poème veut, ce que l'ont est. Ce avec quoi c'est plus simple, ce qui calme, apaise, ce qui hurle, ce qui tue et fait vivre. Ce qui donne la rage au chien, la rage aux dents, le calme aux loups et au chiots. Ce qui donne la nuit.

Le jeune se relèva en grognant. Deux parties, un même langage. Il avait entendu mais ne répondit pas, s'approchant simplement avec une tronche crispée par la reflexion. Alors, entre ses dents, presque en silence, Philophae récitait en attendant. Il récitait sa comptine.

Qui calme le loup.

Qui assombri la nuit.

Qui amadoue le chiot.

Qui donne au chien.

Qui sociabilise la meute.

Qui renforce le soit.

C'était tout ce à quoi il avait réfléchit, tout ce qui lui manquait. Il comprenait Saphirre mais ne percutait pas pourquoi. Pour percuter il devait le connaître et pour le connaître il avait besoins d'un truc. D'un seul.

Esquivant un uppercut, Philophae se replaça dans l'échange. Le rythme reprenait, ce commerce incessant qu'il connaissait déjà de parade et de coups. La force, la force et le jeu, la force et la compétition sans enjeux. Pas de gagnant, pas de perdant, ça n'avait pas de sens en combat quand on ne cherchait pas à tuer l'adversaire. Un échange, c'était tout.

Un troc avec à la clef la pièce manquante.

-Où est-ce que tu veux en venir ?

Il lui fallait son putain de poème.

C'était ça qu'il était venu chercher, c'était ça le début du travail, le terreau fertile dans lequel il planterait ce jour même l'arbre qui donnerait la forêt. Il avait besoins d'un aveux, le reste, il le démêlerait seul. Comme un cadeau, une promesse intrusive mais pas trop. Le commencement d'un nouveau cours...
Au tout début il était venu le voir pour sa magie, non ? Aller, c'était partie, ça allait être festival.
Mais pas tout de suite. C'était pas encore le bon timing, c'était pas encore le bon moment. C'était l'introduction, l'entrée en matière. A peine un ostinato sans thème.

Le chien continua les coups, silencieux, imperturbable, souriant toujours. Ca y était presque, bientôt. Quand la confusion serait là, quand la reponse serait impérative. Alors viendrait la danse. Avec la danse s'écrirait l'argumentaire et la symphonie. Là viendrait la parole.

Un instant, un seul instant, c'était tout ce qu'il fallait. D'un mouvement de pied il envoya Saphirre au sol, se reculant pour se mettre hors de portée.

-Calme comme loup. Sombre comme nuit. Aimable comme chiot. Doué comme chien. Sociable comme meute. Fort comme moi.


Il avait baissé les bras, sortant du langage combattant our annoncer la trève. Sa parole était venue mais elle n'était pas importante. Ca n'était pas à son propos, ça ne devait pas l'être. L'important c'était lui, l'important c'était...

-Ca c'est mon poème. Qui je suis est là dedans.


Le nœud de cette affaire, le cœur battant cet affrontement, c'était ce qu'il se passait sou sa masse de dread, dans ce qui lui servait de cerveau à lui. Au sale gosse. Son élève. Saphirre fucking Lacey. Saphirre Lacey. Saph.

-Il me faut le tient.


Aller Saph, raconte. C'est ton poème, il est probablement cru, plein de violence et de justice. Ou peut-être étonnement doux. Laisse le sortir gamin.

Dis le, car c'est l'essence de la suite. Dis le. Que le recueil s'allonge.

Informations


Dent pour Dent - [PV Saph] - FINI Philop20
Revenir en haut Aller en bas
Saphirre Lacey
Messages : 450
Age : 23

Feuille de personnage
Age: 20 ans
Pronoms:
Club: Art martiaux
Pouvoir: Contrôle hormonale
Saphirre Lacey
Trash Can or trash cannot



Dim 25 Avr - 21:08

Philophæ
M. Andréatus

Saph
Lacey

「Dent pour dent」


« D'abord, protections. »

Normal.
Je n’ai franchement pas envie de m’engoncer dans un plastron, des mitaines de combat, et des jambières, mais ça reste essentiel. C’est désagréable sous la pluie, plus lourd, ça garde l’humidité. Mais si c’était pour se plaindre, je l’aurais pas suivi donc pour une fois je ferme ma gueule et j’obtempère.

Je prends un casque au sommet ouvert pour pouvoir y faire passer mon immense queue de cheval puis rejoins Philophae.

« Mollo. On s’entraîne, on s’fait pas mal.

— Tu veux qu’on stoppe les coups avant ?

— Pas stopper, mais pas toute la force. Doucement au début. »

C’est enregistré. J’ai pas beaucoup plus d’informations, mais une première confirmation; il a quelque chose derrière la tête. Il se serait pas ramené juste comme ça. Et il parlerait pas autant de se préserver au démarrage si son seul but était qu’on se mette sur la gueule.

Mais quoi ?

Je peux pas m’empêcher de rester sur mes gardes. Philophae est… Philophae. Je sais que ses objectifs tendent vers quelque chose de positif. Mais d’expérience, pas toujours confortable. La première fois qu’il m’avait fait un cours particulier, ça ne l’était pas. Je ne remets pas la fatigue accumulée sur son dos, c’était clairement un problème d’égo de ma part d’avoir cru pouvoir fournir autant de travail dans les délais. Ce que j’accuse cependant, c’est sa capacité à vite virer dans l’analyse, la parole, et le juste.

Et ce problème récurrent aussi. Tout est toujours trop personnel avec lui. Chaque fois.
Alors avec une situation aussi floue que l’état actuel de notre… nôtre quoi d’ailleurs ? Tutorat ? Bref. En l’état actuel de ça, parce que je pense pas qu’il y ait à préciser davantage, ça me paraît être un risque. Plus qu’un risque. Une certitude. Parce qu’il va falloir parler un moment ou un autre.

Et ça me fait mettre en garde au littéral comme au figuré.

«  Ok, noté. Go ? »

Avance droite, crochet, crochet et encore crochet à la tête. Forcer au recul, mais ça ne dure pas, stratégiquement ce n’est pas viable de se retrouver acculé. Comme en escrime. Il faut rentrer dans sa garde, profiter de l’ouverture pour passer de côté plutôt que de rester dans l’axe.

Dès que la faille se présente, je fonce, attrape son bras pour le porter en clé, et bloque. Il me l’a fait répéter ce salaud d’Ingi. Pas des dizaines et dizaines de fois : trop de fois. Trop qui veut juste dire juste assez pour que ça devienne un automatisme, ancré dans les muscles comme la marche, programmer comme un réflexe. Je l’ai insulté. Maintenant je le remercie.
Il essaie de se débloquer, mais la prise est faite de sorte que je n’ai pas à forcer. Il en vient au coup de pied en arrière pour s’en sortir et je bondis en arrière pour éviter de me le bouffer.



« J’ai beaucoup réfléchi. »

Ouais, tu sais bien l’faire ça. Trop bien. Trop souvent. Et ça m’agace. Dis les choses, balance-les, bordel. J’en ai marre des semi-vérités et des silences.

Philophae charge. Pas besoin de s’encombrer de technique et d’artifice excessif quand vous êtes du bois des géants, cette matière brute suffisamment monumentale dans ce qu’elle dégage pour être appelée force tranquille. Celle qui vous fait voler d’un revers, comme celle qui vous fait tomber en hurlant comme des cuivres.

La puissance du canon, plus que la précision du sniper. C’est sauvage, mais efficace. Peu importe qu’il vise bien si vous êtes suffisamment stupide pour rester dans le périmètre, il vous dégommera si vous êtes pas assez rapide pour vous casser. Pourquoi il aurait à s’emmerder à la jouer plus technique, alors que je suis assez con pour ne pas faire place nette ?  Il m’attrape par la taille et tout ce que je peux faire c’est essayer de le frapper au contact pour qu’il me lâche, mais il encaisse jusqu’à me jeter plus loin sans plus de manière.

Les écorchures de ma peau contribuent à me réveiller, à me foutre une claque sur ce qui est en train de se passer pour que je focus sur le combat. Arrête de penser et bouge putain. T’as pas continuer à t’entrainer, à jamais rien lâcher, pour te traîner le cul au sol le jour ou au t’offres enfin une occasion de te confronter.

C’est pas parce qu’il a choisi de tourner autour du pot que j’dois faire pareil. Au contraire. Si ça me fout les j’tons de parler il serait temps de lui rentrer dans le lard plutôt que dans le vif du sujet.


« J’te comprends un peu. Mais j’te connais pas, pas comme il faut. »

Je serre les dents. Ouais, et ? Y’a un problème ? Alors quoi, l’aperçut t’as donné envie d’en savoir plus ?

Je me relève en grommelant, tant à cause de la chute qu’à cause de ses propos qui engendrent trop de réflexion parasite. Cette zone de flou me les brise. Cette zone d’information dissimulée.

J’en ai marre de penser. J’suis pas là pour ça, t’as de la chance. J’accepte de te croire un peu. T’as compris que ma seule église était celle de la confrontation, celle du vacarme, mais pas celui des mots.

Et alors c’est de ça que tu comptes partir ? Raconte. Quoi que tu fasses. J’t’attends. Jt’encaisses.

Je fends la pluie, démarre au quart de tour avec une énergie mesurée pour l’économie. Très bien. Je me réserve. Vaux mieux ça tant que c’est pas clair. Analyse, dose, frappe. Il esquive l’uppercut. Replace, observe, heurte, mais ne rencontre rien d’autre que la pluie. Pare, fonce, et contre.

Là, on discute. Là, on échange.

« Où est-ce que tu veux en venir ? »


Allez, allez, parle, crache le morceau au lieu de ruminer si t'es un putain de chien. Articule les fourmillements qui pétillent derrière ces yeux sombres en parole.

Sauf qu'il sourit. Il sourit et ça, c’est surréaliste. Rassurant et inquiétant. En tout cas trop inattendu pour que je sache quoi faire.

Garde pas les histoires drôles pour toi gros radins.

Un instant de garde ouverte, un instant d’erreur de déconcentration et un coup de pied m’envoient encore valser au sol.

« Calme comme loup. Sombre comme nuit. Aimable comme chiot. Doué comme chien. Sociable comme meute. Fort comme moi. »

Il a l’air parti pour parler alors je ne me relève pas immédiatement et écoute sa voix grave bousculer la pluie. Un poème ? Une histoire personnelle en tout cas. Je sens qu’il continue de pavé la route pour mener à son propos, pièce par pièce et que c’est long. Mais c’est pas en pressant le pas qu’il se forcera à construire plus vite hein ? Alors j'observe plutôt la façon dont il travaille.

« Ça c’est mon poème. Qui je suis est là-dedans. »

Donc ça c’est Philo ? Calme, sombre, aimable, doué, sociable, fort. À différents niveaux. Ça sonne comme lui j'imagine. Pas les adjectifs que quelqu’un d’extérieur donnerait, pas pour tous en tout cas, pas pour ce qui est à déceler.

Je suis pas à l’aise à l’idée de l’entendre, j’ai l’impression d’être indiscret- Non c’est pas ça. L’indiscrétion je m’en branle. Qu’est-ce qui me fait ressentir ça alors ? La peur de connaître l’autre ? Possible. Parce qu’avec Philo c’était plus douloureux.

J’ai beau avoir pris conscience d’avoir agi comme un con, j’ai beau m’être excusé, ça ne veut pas dire que c’est accepté et pris en compte. Ni que j'ai envie que ça le sois.

Mais connaître… C’est aussi voir le visage derrière une personne qu’on voulut utiliser. Qu’on a harcelé. Et qui fait suffisamment confiance pour se montrer. Oh, pas à moi évidemment. Se faire suffisamment confiance à lui-même pour s’exposer.

« Il me faut le tient. »

Quoi ?

Je me passe une main rapide sur le bas du visage comme si ça pouvait m'aider à virer les trombes d’eau et la surprise que je viens de me manger.

Des souvenirs remontent, ses premiers exercices. Avec deux poèmes demandés. J’ai profité du manque de temps comme excuse pour éviter de m’y confronter. J’en ai pas plus envie aujourd’hui en me rendant compte de la portée personnelle de l’exercice.

Raconter des histoires et écrire des poèmes, c'était sa patte. La conscience de soi, l’analyse humaine aussi. On était déjà bien assez parties dans la confidence. Quel genre de connard aurait envie de se confronter à lui-même ? De faire face à ses travers et aux torts qui nous constituent ? C’est ça le premier pas que tu me demandes, un saut de la foi ?

Et ça nous amènerait à quoi au juste ? Pas besoin de savoir qui je suis pour pouvoir avancer, juste de savoir bouger.

« Donc… T’attends de moi que je te dise qui je suis ? »

Mais qu’est-ce que j’en sais ? T’en as d’autres questions aussi merdiques que celle-ci ?
Philo hésite. Un instant.

« Oui. »

Un râle d’agacement m’échappe. Bien sûr. « Oui » sans indication. C’est aussi simple que ça.

Pourquoi tu voudrais comprendre, hein ? Pour le plaisir d’un mauvais moment de plus, pour voir si chaque fois qu’on se recroise on refout du sang dans la plaie ? Si t'as pas d'idée derrière la tête, pas d'intention, t'es probablement juste maso d'avoir accepté de venir. Ça colle pas.

Debout. Les sens exacerber, hissé avec lestes. L’attitude exaspérée, saccadé dans les gestes.

« Dans un poème ? Que j’te raconte dans un poème qui-  Non mais sérieux ? »

Philophae affiche ce genre de tronche renfrognée qui lui est caractéristique.

« Stop. Tu réfléchis. Arrête. »

Je serre les dents.

D’où faut que j’arrête de réfléchir alors que tu me demandes l’inverse ? Sans même compter l’exercice de foutue versification, on parle d’introspection et d’identité. Qui je suis. Par quoi je me définis. Qu’est-ce qui nous détermine ? Actes, pensées, valeurs, vérités, souvenirs où encore nos objectifs ?  Comment tu veux que j’arrête de penser alors que tu me mets face à une foule d’interrogation qui me les brises sévère.

J’ai pas envie, pas les réponses, pas la matière.

Le dogue soupire. Yeah, same here.

« Fait taire tes pensées et ouvre ta gueule. Dis des phrases, j’m’en branle de si ça a du sens. Faut juste que… »

Finir sa phrase sans juste grogner aurait été trop simple, à la place il fait ce geste bizarre pour illustrer, celui qui part du ventre, là, genre une sorte de « laisse sortir tes tripes bordel ».

Tch. Philo, avec beaucoup de respect, va te faire voir avec tes idées toujours plus cheloues. J’vais pas laisser passer ma chance donc je vais me forcer le cul et l’appliquer ton putain de plan, mais ça veut pas dire que j’en ai envie. Ça me met pas à l’aise de parler. Ouvrir ma gueule c’est pas un problème, mais pas de cette façon pour juste lâcher des trucs comme ça que j’ressens.

Mais il a raison sur un point, et un seul. J’y arriverais pas si je réfléchis. Les mots vont juste se bousculer et jamais sortir. Pour ça y’a qu’une seule solution.

Je me passe machinalement l’avant-bras sur le visage pour virer des cheveux qui me gênent.

« Donc tu veux pas que je réfléchisse. Ok. »

J’esquisse un sourire de biais, un de ceux sans chaleur si ce n’est celle de la fièvre de l’affrontement. Pas hostile pour autant. C’est ce qui différencie l’adversaire de l’ennemi.

« Allez. Viens. Donne-toi à fond. »

D’une posture nonchalante, je passe à une garde solide.
Je veux plus perdre mon souffle et mon énergie dans des choses aussi stupides que de la mesure. Sois tu m’fous à terre soit je te bouffe, mais y’a que comme ça que je peux penser. Que quand je suis contraint de pousser mes batteries à fond, bloqué dans les retranchements. Avec une cible à atteindre, un danger à évincer, un problème à découdre. Un adversaire à résoudre.

Là je suis obligé de hiérarchiser, d’analyser, de m’adapter.

Là j’y vois clair.

Et là je me sens moi-même.

« J’accepte de te dire ce qui j’suis que si tu me montres ce que tu as. »

Faut que tu m’aides à les faire sortir ces réponses aux tas de questions qui rampe sous mon crâne pour que je t’aide à les comprendre. J’vais te les balancer puisque tu y tiens. Tout ce qui vient. Mais rien n’est gratos. Une info contre une autre. J’ferais sortir mes tripes si tu craches les tiennes. Jusqu’où tu peux aller pour connaître ? Qu’est-ce que tu peux donner pour accomplir ce que tu planques ?

Mais t’es pas le seul à vouloir savoir ce qui te fait face. Mais les mots, ça n’a jamais aidé à cerner les autres. Ton poème j’peux pas le comprendre ; mais la façon dont tu te bats, si. J’ai toujours fait comme ça. Ça a commencé comme ça. Y’a longtemps. Et pas avec toi.

Soupire fatiguée, mine déconfite, presque contrainte. Attendu, mais pas décevant, je suppose ? Il se met en position avec une garde à chier. Et un sourire en coin qui me fait hausser un sourcil.

Haha, salaud, même toi t’y crois pas à ta feinte, et tu sais très bien que le mensonge c'est mon quotidien. Alors comme ça toi aussi tu fais partie de ceux-là ? Ceux dont le souffle crache l’adrénaline, qui se dopent et se saoulent à l’affrontement, au vrai combat. T'es grillé.

Amusé, je pouffe et affiche une tête sceptique, juste de quoi lui faire comprendre que personne n’y croit. J’aurais pu faire illusion, feindre aussi, mais c’était pas le but. Il me répond par une sorte de tête de chien battu et je lève les yeux au ciel.

Sa garde est basse. Il fait semblant, mais j’ai quand même plus de chance de le toucher sur le haut du corps qu’en bas au vu de sa posture alors j’engage sur les poings en retenant moins mes coups que précédemment. Philophae se le mange, mais c’est trop simple, pourq-

Vol plané un peu plus loin, réception à quatre pattes, l’avant-bras éraflé par le dérapage. Outch. Voilà pourquoi. Pour me foutre un coup de pied à la hanche. Bien ouej. Philo se met une main sur la joue et j’ai quasiment le même geste réflexe sur ma pauvre ceinture pelvienne.

« Aie ? »

Quoi tu tu t’y attendais pas ? T'as des protections, et on a pas l’air parti pour faire uniquement semblant. Aller bouuuuuge. Qu’est-ce que tu veux que je te raconte si tu me laisses le temps de réfléchir ?

Je sautille sur mes appuis.

« On y retourne ? »


C’était entre la question et l’injonction polie, Philophae soupire et se remet en garde.
Il charge de façon étonnamment rapide pour son gabarit. Pas le temps de se retirer de l’axe, dès qu’il s’approche faut viser la gorge pour le forcer à ralentir. Mais tout va trop vite, beaucoup trop vite. Il disparaît en forme semi-canine, rase le sol et réapparaît derrière moi. Je vais pour lui mettre un coup de coude en arrière mais URGH - Frappe dans le dos, souffle coupé, clé d’immobilisation des épaules et de la tête, pas assez d’appui sur le sol pour lui foutre un coup de pied.

Je serre les dents, j’ai envie de hurler, mais il grogne son front à deux centimètres du mien et j’ai une idée sur laquelle je me concentre pour pas vriller. Respire. Reprend ton souffle.

« Magie autorisée ?
- Uniquement sur toi–même »

Chier.

BAM. Puisque j’peux pas trafiquer son système, tout ce que je peux faire c’est un énorme coup de boule. Et je recommencerais jusqu'à ce qu'il me lâche. Le visage de Philo se déforme et il me vire en claquant brutalement sa mâchoire canine dans le vide. Intéressant. J’imagine que je suis heureux d’avoir encore un visage. Il se reprend, se détransforme, ça me laisse une fenêtre. Go.

Je cours et balance directement ma jambe en biais par rapport à son genou, une attaque basse, plus compliquée à stopper. Si je peux lui niquer les rotules pour lui faire perdre en mobilité ça serait idéal pour essayer de rééquilibrer les choses ; il a une formation de garde. Évidemment que j'vais me faire sévèrement rétamer si j'lui fout pas vite des bâtons dans les roues, l'écart est trop important. Dans l’ouverture je profite des deux secondes de latence pour tenter une prise, mais Philophae y échappe en modifiant son bras. Il est insaisissable et c’est beaucoup trop chiant.

Et monstrueux aussi. Monstrueusement rapide. C’est un putain de clebs d’attaque et je peux rien faire d’autre que reculé pour pas me faire choper ou niaquer. Ce connard est trop bas et pas facilement immobilisable. Et il a cet œil fou. Une joie canine et prédatrice dans le regard d’une chimère mi-iench, mi-humain improbable et terrifiante. C’est putain de cool. Allez, ramène-toi, montre-moi vite à quel point tu peux être cauchemardesque. Je grogne quand je me fais choper le bras, mais un sourire fend mon visage, grisé par le combat sous la pluie, et l’attitude extatique de Philophae. Je prends cher mais j'en ai rien à foutre, au contraire, c'est parfait.  

Parler plutôt que penser. Phraser, dire ce qui me vient au moment où ça me vient, peu importe ce que je sors.

« Joue avec le feu, tant que tu te sens cramer t’es encore certain d’être vivant. »

Parce que c’est ce que je fais, non ? Tout le temps. Et qu’encore une fois aujourd’hui j’ai envie de brûler. Mon vieux t’es pas le seul à pouvoir t’enivrer d’adrénaline. Je commence la manœuvre, laisse la chimie faire sa magie et amplifié les processus déjà en marche. Le pied plus léger, cette impression d’invincibilité. Juste ce qu’il faut pour perdre ce surplus de rationalité qui me pousse a reculé plutôt que d'essayer quitte à échouer.  Et je me jette sur lui pour tenter de le plaquer au sol. Il se débat en s’humanisant.

« Exulte de l’interdit, oxyde-toi sous la pluie jusqu’à tomber en cendre. »

Détransformation, il m’envoie voler plus loin, et plus l’adrénaline monte plus j’ignore la douleur pour bondir à nouveau. Frapper encore et encore, alors que Philophae à l’air beaucoup moins agressif que sous sa forme animale, mais beaucoup plus méthodique. Toujours difficilement atteignable.

Aller puisque tu me l’as demandé j’vais continuer à raconter la daube qui m’vient. Pourquoi j’voudrais tomber en cendre ?

Parce que personne ne se méfie de la rouille dans leurs poumons.

« Parce qu’ils crèveront tous de la rouille qu’ils respirent. »


Et qu’ils sont nombreux à mériter certaines promesse. Parler sous adrénaline me fait moin grincer des dents, les phrases sorte juste et point barre.

On continue l'assaut. À nos positions, en opposition, à cracher les mots pour déchirer la pluie, à balancer nos coups pour hurler nos vérité, porter par l'euphorie grandissante de l'adrénaline qui brule dans nos veines. Front contre front, un rictus de biais je le cherche. De la provocation pur et bête. J'ai envie de voir si il revient à la charge comme j'ai pu le voir précédemment. Par curiosité. Par envie de d'affronter ce que j'ai vue.

« Allez, Philo, j'ai bien vue que tu pouvais m'foutre ma misère t'attend quoi au juste ? Fonce putain ! »







Dent pour Dent - [PV Saph] - FINI Sans_t56

J'écrit en cette belle couleur, jalouse pas trop stp#0099cc
Revenir en haut Aller en bas
Philophæ M. Andreatus
Messages : 102

Feuille de personnage
Age: 45
Pronoms:
Club: Aucun, Prof de transformation et patrouilleur
Pouvoir: Magie rouge: Transformaton en chien et altération des os. Contrecoups: dent toujours transformées et cicatrice à l'oeil. Collonne vertébrale se soudant petit à petit.
Philophæ M. Andreatus
Premier de la classe



Sam 22 Mai - 14:05
Dent pour dent
Saphirre Lacey

D'un seul coup
le combat retomba comme un cake pas cuit. Bye bye l'adrénaline, lavée par la pluie elle laissait place à un moment suspendu aux lèvres. Aux mots. Un seul instant pour tout remettre à plat.

-Donc… T’attends de moi que je te dise qui je suis ? 


L'élève passa une main sur son visage pour garder une contenance, l'air un peu perdu. Il avait  besoins de plus d'explication et pourtant... Philophae hésita. Peut-être que s'il savait où ça allait ?
Non. Si il connaissait la destination il ne prendrait pas le bon chemin, se contentant de racourcis et il n'arriverais jamais au bout. Pour faire cette route il fallait se mettre à nu, se débarasser de sa peau pour révêler les organes palpitant en dessous. Muer, arracher son derme pour le renouveler plus vrai.

Il n'y avait pas de raccourci.  

-Oui
.

Debout, sur la défensive, Saphirre râlait. Il s'agittait, refusant le calme, scruttant à travers les arbres pour trouver la traverse. Mais il n'y en avait pas, le bois était dense et plein de ronce. Il n'y avait qu'un chemin, droit devant ou en arrière, et devant, devant... Il y avait un molosse noir, de croc et de force. Devant il y avait le Dogue.

-Dans un poème ? Que j’te raconte dans un poème qui-  Non mais sérieux ? 


Oui sérieux, bien évidement sérieux. Un poeme sans règles, de la simple prose, quelque chose sans... Sans ce qu'il était pourtant en train de faire. Sans reflexion.
La voix de Philophae se fit presque tranchante.  

-Stop. Tu réfléchis. Arrête. 

Silence en face. Tension, contorsion, machoire torve. Méfiance et provocation. Dans les yeux gris de l'aîné passa un nuage rapide. Désescalader, souffler pour se reprendre, guider un peu. Tu es le proffesseur, Chien-Loup, guide le ce cadet auquel tu tiens. Tu ne peux pas t'attendre à enseigner comme un berger alors qu'il est de ta meute où personne n'est un agneaux. Vous êtes tous des mordeur de là d'où tu viens-va, il fallait t'y attendre.

Dis lui. Abrasif par les mots mais doux par l'intention.
Doucement, il reprit.

-Fait taire tes pensées et ouvre ta gueule. Dis des phrases, j’m’en branle de si ça a du sens. Faut juste que…

Que ca vienne des tripes.

Qu'il s'éventre, vide ses entraille dans la terre trempée, c'était ça qu'il voulait. En voir la couleur et la texture. Plus encore, voir qu'elle couleur et texture lui voulait que ses organes revêtent. Révéler son image d'ellui même, que les choses coulent pour capter, capter ce moment précieux de lâcher prise. Là, il verait ce qu'il y avait à voir.

-Donc tu veux pas que je réfléchisse. Ok.


Sourire.

-Allez. Viens. Donne-toi à fond. J’accepte de te dire ce qui j’suis que si tu me montres ce que tu as. 

Evidement. Philophae soupira. C'était toujours par ce genre de jeu que cela passait, toujours. Cette violence physique pourtant écartée de tout contexte vraiment blessant. Cette profonde entente par le combat.
Pour autant... Philophae se redressa avec lenteur et patience, d'un air parfaitement démotivé. Oh, il allait jouer, avec plaisir même, mais il voulait pousser l'illusion de l'agacement. L'illusion de l'ouverture pour que Saphirre s'y engouffre. Faire semblant, comme un enfant, ramener le jeu dedans. Être chien.
Toujours était-il que le mensonge était loin d'être parfait et l'élève se moqua gentiment du maître qui leva les yeux au ciel. Il pouvait pas au moins faire semblant d'y croire ?

Apparement non. Tant pis, lui jouerais son rôle jusqu'au bout.

Il s'avança comme si ce qui allait arriver l'ennuyait au plus haut point, avec aucune volonté apparente d'en découdre. Désinteressé.
Pourtant il avait un plan. Tant pis si la feinte ne marchait pas, il le ferait quand même. Enfin en théorie... Dans les faits, il n'en eu pas vraiment le temps.

Arrivé à la hauteur du dreadeux, celui-ci lui envoya son poing dans la figure avant qu'il n'ait vraiment eu le temps de modifier ses intention. Tant pis. Il se le mangerait mais l'enverrait balad...
D'un coup de pied dans le bassin il envoya Saph se ramasser plus loin, encaissant avec difficulté.

-Aie ? 


Il se massa la mâchoire. Oui. Aïe. Sur le fait de se donner à fond il n'avait pas mentit l'imbécile ! Il ne s'y était pas attendu, c'était une grossière erreur... Mais s'il y allait à ce point, faire ce qu'il voulait faire risquait de se révéler compliqué, bien plus que prévu.
En face, le gamin sautillait comme un faon vraisemblablement très satisfait de son coup et plein d'une énergie... Rare ? L'avait-il déjà vraiment vu comme ça ? C'était pas certain.
Chacun de ses geste parlait, la maîtrise qu'il désirait tant était là mais masqué par le réflexe. La légèreté et l'envie étaient sincères, bien plus que jamais. Peut-être que s'il y allait à fond les choses ne se dérouleraient pas comme prévu mais d'un autre côté, avec Saph, rien ne se passait jamais comme prévu. Et sans ça.... l'outil était trop beau.
Qu'à cela ne tienne.

-On y retourne ?


Cette fois
le dogue n'attendit pas. Il voulait qu'il y aille à fond ? Tant mieux. Les occasions étaient rare et, au moins, ça serait thématique. Il laissa couler sa magie, libre, euphorisante et fondit sur l'élève. Bas, plus bas, toujours plus bas. Le nez au sol, le flair sortit et cette espèce de savoir mordant d'où vont les choses. La raison rentrée, l'instinct exposé, non pas chien mais l'idée d'un chien, sa vigueur, son envie.

Immédiatement ses sens furent agressés par le nombre insaisissables d'odeurs. Son pelage sortant se gorgea de pluie, gonflant son poids. Imposant. Imposant et pourtant plus frêle, mais imposant. Par sa mâchoire serrée d'où débordaient désormais dents et langue jusqu'à son regard devenant rouge. Dans sa chevelure apparaissait des poils noirs qui, par plaque, poussaient le reste. Ses traits se tirèrent à peine, dans son dos sa colonne craqua et au creux de ses paume la corne se déforma. Ses ongles devinrent grossières griffes, son nez s'humidifia et ses oreilles s’allongèrent.

Simultanément avec le mouvement. D'un seul coup. En moins de trois secondes ; courir.  

Sous la garde, sous la défense et dans le dos. En saisissant le bras, la force et les muscles enflammés de magie. Cette chose, cette danse qu'il ne faisait que rarement. Cette danse qui faisait de lui quelqu'un de dangereux, un mage au sens des monstres. Un garou, un changeforme que l'on craint la nuit. Des histoires à cauchemars.
Et Saph dans ses filets après un coup dans le dos, sur le point de tonner dans cette posture qu'il détestait tant sans parvenir à s'en échapper. Légèrement soulevé, à chercher ses appuis, il tentait de se libérer.
Philo grogna, Saphirre souffla.

-Magie autorisée ?


-Uniquement sur toi–même.


Et la parole partie comme elle était venue. C'était plus l'heure, c'était l'heure du chien et rien d'autre. Il sentait pulser dans ces veines cette absence de retenue, cette joie comme jeu, au bord de la perte de contrôle. Simplement, seulement de l'adrénaline. Rien d'autre.
A tel point que lorsque Saphirre lui mit le coup de boule, la transformation vint seule, spontanément pour lui arracher le visage en réponse à l'affront, immédiatement.

La gueule allongée claqua alors à côté, maintenue hors blessure par un fil de volonté tandis que le molosse poussait Saph plus loin. La masse se recula pour se reprendre, sentant un peu trop tard la raffale.
Accusant le coup dans son genoux, il tomba, recevant dans son dos le poids de son adversaire. Grognement, transformation.
Se relever.
Aller plus loin.
Recommencer.

Bas, si bas, avec l'envie terrifiante de soummettre par la gorge, insaisissable, précis. Bouger, tout le temps, à en amplifier le mouvement par l'extension. Echapper meme à son corps. Laisser la conscience mourir et attaquer, attaquer, attaqu...

-Joue avec le feu...


D'un seul coup l'humain tira sur la laisse du chien qui s'applatit comme une crêpe au fond de ses entrailes.

NON ! Non, bordel, non c'était si rare ! C'était le moment du jeu, le moment de mordre, le moment du courir, le moment de montrer à ce petit con que...

-...tant que tu te sens cramer t’es encore certain d’être vivant. 


Tais toi et écoute. Ta magie doit servir à autre chose maintenant. Il a accepté de jouer alors attends. Attends. Fait toi chiot, chien de berger non chien d'attaque. Et attends mon signe.
L'échange est pas fini. Reste là, guide le pendant que lui, l'esprit, s'attelle au reste.

Le steak. La main d'Elaine. Le murmure du changement qui vient de te chopper, contre lequel tu te débat.

-Exulte de l’interdit, oxyde-toi sous la pluie jusqu’à tomber en cendre.


Philophae pivota rapidement sur ses appuis, reprenant forme humaine. Basculant complètement sur la défensive, il envoya bouler Saph avant de le laisser venir à lui dans sa litanie de coup, plus fort et puissant qu'à l'accoutumés. Doppés.

L'adrenaline dégoulinant de ses veines, sa magie pulsait jusque dans ses orbites, le dogue la sentait. Le dogue la sentait et exultait avec lui, voulait à tout prix reprendre ce combat mais l'homme, lui, muselait le chien, reprenant son énergie pour une chose, une chose précise.

Méthodique pour encaisser, ne pas se laisser avoir. Reprendre le calme. Le calme. LE CALME.

-Parce qu’ils crèveront tous de la rouille qu’ils respirent. 


L'entièreté des sens tendu, harponant ce qu'il parvenait à percevoir tout en continuant le combat, Philo tendit sa sorcellerie vers celle du dreadeux pour la saisir, mais elle lui échappa. Quelque chose n'allait pas, quelque chose n'était pas suffisant...

Il lui échappait, encore, encore, encore, encore... Le mastodonte de ses tripes commença a abboyer, bruyament, de frustration et de retenue alors que l'enfoiré d'en face le provoquait. Il voulait tirer sur la corde mais en face Saph avait trop les jetons pour se mouiller et vraiment la lui donner ! Il faisait le putain de fier, comme si affronter le loup était suffisament terrifiant pour être noté. Son organisme en feu voulait du répondant ? Mais c'était pas ça la putain d'idée, ce que voulait philo c'était ces mots. Il avait peur de quoi au juste ? Pas de sa machoire ni de son œil fou. Alors de quoi ?!

Mais file le lui son putain de jouet avant qu'il ne te mordre les chevilles espèce de lâche ! On pacte pas avec un prédateur quand on veut la jouer sécure nom de dieu ! Tu vas les cracher tes organes qu'on puisse enfin s'en repaître ensemble en paix et que t'en ressorte grandit ?

ALLER LACEY, CRACHE LE TON PUTAIN DE PALPITANT, DROIT DANS L'HERBE.

MAINTEN...

-Allez, Philo, j'ai bien vue que tu pouvais m'foutre ma misère t'attend quoi au juste ? Fonce putain !


Fou de rage, le dogue le repoussa en hurlant, abboyant presque à travers le rideau de pluie. Le mince fil qu'il avait presque réussi à atteindre venait de lui échapper, sa magie avait lâché la sienne et un bref instant son œil redevint rouge, son poil redevint noir et sa machoire claqua.

-CONTINUE !


Sa voix était à peine compréhensible tant elle était profonde, prise dans un monstrueux grognement.  Revenant au corps à corps, Philophae mit un taquet à l'arrière du crane de son élève avant de le soulever par le col pour coller son front contre le siens, sifflant entre ses dents serrées.

-Continue, ne t'arrête pas. Je l'avais presque. Ne. T'arrête. Pas.


Rien. La porte d'en face s'était fermée et lui, seul face à ça, il enrageait. Saphirre rembobinant le fil de l'exercice au creux de son foie, au sein de son ventre, tranquillement. Comme si de rien n'était. Comme s'il avait le droit de le faire.

- Presque quoi ? C'est quoi ton problème à la fin, hein ? Alleeeeeeeez j'ai envie d'affronter ce que j'ai vue. Ça rime à rien de te raconter des histoires. Attaque, bordel !


Il creusait furieusement dans la magie de l'élève à la recherche de cette faible étincelle qu'il avait brièvement vu, mais impossible de la retrouver. Noyée par l'adrénaline et le bordel de son don, elle s'enfouissait, le narguant presque. Il grogna de mécontentement puis, sentant la main de Saphirre se refermer sur ses cheveux il se retourna en transformant sa gueule. Et il mordit.
Ses dent rencontrèrent la protection, en arrachant un morceau qui, d'abord coincé entre ses dents, vola à l'impact du genoux dans son ventre. Le dogue senti la bile lui monter aux lèvres et cria.

Ne pas perdre de temps, même plié... Chopper. Frapper.

-CONTINUE ! Si tu t'arrête, tout ça sert à rien alors tu vas te BOUGER ET CONTINUER

Le combat était accessoire, quand est-ce qu'il comprendrait ça ?! A remuer leurs tripes à grand coups de genoux ils les enfonçaient, les cachaient encore plus profond et ça n'était pas le but. Il voulait les voir s'agiter, frémir et sortir dans un dégueuli d'émotion, voilà ce qu'il voulait. Qu'iel perde le contrôle. Vraiment.
Qu'iel arrête. De. Réfléchir.

L'élève recula à l'impact laissant au dogue le temps de se reprendre. Non, non, non, non, non, non, non, non, non...
NON ! Il n'avait pas le droit de lui voler tout son temps de préparation comme ça ! C'était pas ça le putain de jeu, aller Saph ! Mets y du tiens !

-Putain. Tu fait chier avec tes idées à la con.


Tête baissée. Droit sur lui, bas sur lui. Aller, chien, suis le donc ! Bas sur tes appuies et encaisse le revers de la feinte. Encaisse. Encaisse et attends. Encaisse et espère qu'il parle. Serre les dents.

Ouvre la. Ouvre la.
OUVRE LA.

-Charbonne à t’en carboniser la peau, apprend...

Le sourire de Philophae revint, carnassier, violent, bienveillant. La proie venait de pointer son nez sur son territoire, la balle était de nouveau dans son camps. Il avait admit... Accepté. Obéis.

Se redressant d'un coup, il balança son talon sur son torse pour l'envoyer bouler d'un coup de pied avant de fermer complètement sa garde. Bas sur ses appuis il fondit sur l'élève, ouvrant les bras au dernier moment. Il visait la taille.
Saphirre parlait mais il n'écoutait pas, n'entendait même pas. Bercé par sa voix, sa concentration s'egrenait dans chacun de ses souffle, dirigeant le moindre de ses actes ; et l'extérieur disparaissait.
Ce qu'il disait était secondaire, n'était pas l'essence de ce qu'il y avait à raconter. Ce qui comptait était ailleur et c'était là que Philophae allait, à la place de l'étincelle.
Les deux combatants se rencontrèrent épaules contre épaule et le dogue écrasa sa main sur le visage d'en face pour forcer le recul. Adieu le chien, quand à toi loup, observe. Dit-lui le moindre changement, regarde bien... Mais laisse l'humain faire. Soit ses yeux, laisse le être... Stratège.

Ou pas.

Profitant de la position, Saphirre attrapa sa main pour la tordre. Depuis quand savait-il placer ce genre de choses lui ? Ca aussi c'était nouveau ! Qu'à cela ne tienne, Philophae ne lui laissa pas l'occasion de plier son bras comme il l'entendait, reposant sur lui son poid en profitant de sa position pour le frapper au côtes.
Le sang pulsait irrégulièrement à ses oreilles, assourdissant. Regardant dans le vide, l'attention entammée, il guettait. Mais rien ne venait. Rien ne venait et tout s'agitait. Un insant il douta de ce qu'il faisait, se voyant les épuiser pour rien... Avec l'autre en face, infatiguable, pour lequel le festival des contrecoups allait tomber d'un moment à l'autre... Et si tout ça ne payait pas ?

Le chien japa pour le prévenir et le colosse sauta en arrière, un peu trop tard, évitant tout de même le coup destiné à sa gorge mais pas celui visant ses côtes. Il se recroquevilla un instant sentant les larmes monter au coin de ses yeux, bénissant de toute son âme les protections. Plus jamais de combat aussi intense contre ellui.
Aller Philo, reste focus là ! Qu'est ce que tu branle ! Tu sais bien ce que ça vaut d'être distrait sur ce genre de blagues : rien ! Alors maintenant t'arrête de faire de la merde, de douter et t'applique tes propres conseils.

Arrête.
De.

Penser.

Il grogna. Plus jamais ça.

Malgré tout, il sourit. Elle était de retours, timide, légère... Fragile. Mais présente. Petit point lumineux dans le chaos de magie qu'était le corps d'en face.

L'athlète infatigable, déblatérait son âme dans une avalanche de mots. Le dogue, lui, reprit une pause défensive. Economiser son énergie et sa concentration, ne fournir que le strict minimum et filer la laine du mouton d'en face. Dérouler le fil.
Tout commençait à prendre place. Ce n'était que le début.

Saph fonça une fois de plus mais, cette fois-ci, Philophae resta hermétique. Intransigeant avec lui même, prostré dans une posture défensive pour simplement encaisser en serrant les dents, en attendant qu'en face ça fatigue aussi. Le visage crispé, le professeur tendait son esprit, sa magie  vers celui qui le couvrait de coup.
Crocheter une serrure après l'autre en horloger méticuleux sur lequel hurlait et abboyait un chien et un loup.

Frapper, frapper, jouer, mordre. Lacher tout dans l'euphorie des coups et de la douleur, comme avant ! Que l'humain se pousse de la porte, qu'il laisse partir nos chaines...

Mais ils tiraient, tiraient sur leurs laisses. Juste dans son dos, juste hors de porté, suffisament pour les ignorer. Concentré sur son ouvrage alors qu'un premier loquet venait de sauter, il sentit affluer vers lui la magie comme une inondation. Attrapant délicatement la production d'adrénaline il commença a creuser le fosser qui redirigerait le flux. Porter l'irigation rouge ailleurs... Là où il voulait.
Un coup en trop et il regressa. Il lui fallait de l'espace, de l'espace pour faire sauter cette putain de deuxième serrure...
Remontant son poing, l'aîné tenta un uppercut en direction de la machoire de son ennemi qui se jeta en arrière. Simplement.
Plus de finesse, plus de précision, juste de... La maladresse ? Il soupira de soulagement. Enfin la fatigue, il allait pouvoir travailler sans s'épuiser. Sans trop s'épuiser.
Au creux de sa magie pulsait, brûlante, celle de Saphire. Elle avait trouvé sa route, avait laissé tomber sa course destructrice et de reposait sous son diaphragme, rageant contre tout. Accompagnant sa respiration, elle coulait vers l'architecture même de l'élève, encore avide de brutalité. Elle en bougeait les briques, la fabrique pourtant si fine... Sans calme pour l'instant, mais ralentie par la charge nouvelle.
Il était temps d'en finir.

Il se redressa de toute sa hauteur, marchant sur Saphirre de toute sa force. Un coup après l'autre, pas necessairement précis ni puissants mais enchaînés. L'obliger à reculer, à se recroqueviller, à encaisser, qu'il ne puisse plus attaquer. Qu'il lui laisse le champs libre, qu'il se ménage. S'il craquait avant la fin la suite serait plus dure, alors il fallait le forcer à laisser de l'espace. A conserver son énergie le temps que le chant commun dont iel était le lead finisse.

A l'arrière de son crâne avaient cessés les aboiement et ne restait plus que de rare jappement. Les canidés, battant doucement de la queue, hurlaient à l'unisson avec lui l'accueil de ce qui arrivait. Par moment les poings de Philophae rencontrait leur cible qui, perdue, avait de plus en plus de mal à se défendre correctement.
Mais iel parlait, iel parlait toujours, continuant de démêler ses intestins, de reveler ses vraies couleurs. Le dogue n'écoutait pas, mais la magie elle sentait. Attentive, bien plus que lui, elle profitait de ce que les mots faisaient faire à Saphirre pour s'emparer d'ellui. Peut importait le vocable, il changerait peut-être douze fois dans le mois qui viendrait. Non, ce qui était important c'était la prise de risque. La vulnérabilité. Les émotions rudes que cela provoquait et qui guidait le reste vers un motif stable, durable. Facilement accessible pour peu qu'on ne lui mente pas.

Et c'était cela que les hurlement accueillaient. Et c'était cela que les loups chantaient car avec elle venait autre chose. Avec elle venait plus. Avec elle venait l'apprentissage, le surpassement...
Philo grogna. Trempé, le souffle court, il tentait de se convaincre qu'il tiendrait mais il en doutait de plus en plus.
Encore un peu, si peu... Iel y était presque ! Leur magies ne se battaient pas, elles. Mêlées. Docile, celle de Saphirre suivait les indications du discourd, du souffle, de la confusion, soutenue par celle du dogue. Gentiment mais surement, elle suportait celle de l'élève, lui montrant les mouvements, la vitesse, le chemin et tout cela coutait à son propriétaire qui commençait à devenir sérieusement pataud.
Il sera les dents, entendant dans un coin de son esprit la diction de Saphirre changer. Puis, d'un coup, l'entièreté du pouvoir de Saph céda et il prit un instant pour l'encaisser. Enfin. ENFIN !

Il sourit.

Il était temps. De l'extérieur leur combat devait ne ressemblait plus à grand chose... Glissant à moitié dans l'herbe trempée, il devenait même dangereux de continuer comme ça mais, pour être tout à fait honnête, il s'en moquait un peu. C'était grisant. Il y avait longtemps qu'il n'avait pas été aussi... Fatigué.

Alors qu'il clignait des yeux, il sentit dans ce court instant aveugle un mouvement inatendu venant d'en face. Il retira sa main juste à temps, grognant, alors que Saphirre venait d'essayer de le niaquer. Cela voulait dire deux choses.

Premièrement, probablement carnivore.
Deuxièmement, il était temps d'arrêter.

-Préserve ce à qui tu tiens et ce a quoi tu tiens. Ceux qui compte. Le reste peut bien bruler en enfer tant que le noyau reste.


Aller, stop.C'était une très jolie phrase de conclusion pour un poème aussi personnel, il n'était pas utile de continuer.

Le dogue arracha sa magie de celle du jeune homme, s'extirpant du combat par la même occasion. Brusquement. Sans prévenir. Au fond de lui, les canidés s'étirèrent en baillant comme le ferait des chiots fatigués par une ballade. Et diantre, quelle ballade ! Elle en vallait franchement la peine.

Il attrapa le gosse par le plastron, souriant comme un imbécile, lachant dans un soupire deux stops satisfaits. Il était épuisé et Saphirre aussi, il avait bien boss...
Mais qu'est ce que cet imbécile branlait ? Lui attrapant le bras, l'élève tenta un minable revers que le dogue chassa, sentant le pauvre gosse s'appuyer sur lui pour ne pas tomber. Il gronda.

-Stop, stop... STOP !


Ca suffit Saph. C'est bien, tu as été fantastique mais là c'est fini. Tout doux... Calme.

-Calme. C'est bon. C'est fini


Il souriait sincèrement et dans ses yeux transpirait de la fierté. Il le savait. Il avait eu raison de tester ça, il avait toujours su que ça marcherait....
Il le regardait droit dans les yeux pour une fois, le laissant comprendre petit à petit que le combat n'existait plus. Time out petite gemme, time out.

Puis, se reculant légèrement, il prit le temps d'observer le résultat. Ca lui faisait une sacré tête.. Il avait un peu l'air con, surtout à la base des cheveux. Les racines de dread à motif à peine lisible à cause des noeuds ça le faisait moyen.  
Le gosse essaya de parler et, avec un petit effort, Philo parvint à traduire l'espèce de grognement inarticulé qu'il venait d'émettre.

- Fkroi qf’est fini ? ?


Il sourit. Savoir alors que lui ne comprenait pas était délicieux. Il avait réussi quelque chose de dur, de grand et il n'était même pas en mesure de s'en rendre compte ce qui donnait à l'aînée le monopole de la fierté. Pour une fois, Saphirre n'essayait pas de fabriquer quelque choses dont les autres pourraient être fiers à sa place, il venait vraiment de faire une prouesse et ne pouvait qu'être humble car il l'ignorait. C'était reposant. Ca ne durerait pas, mais c'était reposant.

-La leçon d'aujourd'hui...


Et quelle leçon...
Il passa son bras autours de ses épaules pour le soutenir, le guidant doucement vers le sac qu'il récupéra. L'étape d'après c'était se changer et ensuite... Elaine devait les rejoindre aux vestiaires pour les accompagner faire un check up complet à l'infirmerie dans la foulée. Honnêtement ? Ca ne serait pas du luxe. L'entièreté de son corps était douloureux et dormir pendant les trois prochaines journées ne lui paraissait pas être une idée abérante.

-On r'tourne aux vestiaires.


Tout en parlant il se mit en route aussi vite que son état le lui permettait, lâchant l'élève.. Il n'était pas en mesure de l'aider à marcher et risquait surtout de le faire tomber avec lui au moindre faux pas. La pluie s'était calmée peu à peu alors qu'ils s'affrontaient et elle venait de s'arrêter. Il inspira à plein poumon. Combien de temps leur connerie avait durée ? Trop longtemps pour son dos en tout cas, mais moins de dix minutes.

Il grimaça intensément en sentant la douleur monter, s'arrêtant pour tousser. Se redrassant, il s'étira en lachant un grognement lorsque la moitié de ses vertèbres craquèrent. Puis, avant de se remettre en route, il se tourna vers son élève avec un sourire chaleureux aux lèvres.

-Chuis fier de toi, Saph. Vraiment.


Il tourna les talons et repartit en se tenant les côtes.
Il était vraiment heureux. Cependant... Aïe.

Informations


Dent pour Dent - [PV Saph] - FINI Philop20
Revenir en haut Aller en bas
Saphirre Lacey
Messages : 450
Age : 23

Feuille de personnage
Age: 20 ans
Pronoms:
Club: Art martiaux
Pouvoir: Contrôle hormonale
Saphirre Lacey
Trash Can or trash cannot



Jeu 3 Juin - 18:41

Philophæ
M. Andréatus

Saph
Lacey

「Dent pour dent」



Un rugissement de rage qui déchire l’air, les pulsations qui s’emballent, grisé, grillé par la hargne et l’imminence du danger. La provocation enchaîne la fureur, la violence née de sa manifestation. Ouais c’est ça. C’est exactement ça. Hurle, aboie, crache, cris, pleure, j’en ai rien à battre connard, j’veux seulement que tu réagisses, que tu joues à nouveau.
L’œil rouge comme un putain de bestiaux enragé, l’émail qui claque bruyamment. Mon sourire qui s’étire.

« CONTINUE ! »

Tu grognes comme un clebs taillé pour l’attaque, t’es même plus capable d’articuler, à dégueuler les mots comme une bête alors qu’est-ce que tu viens me faire croire que tu veux qu’on écrive des poèmes à la con ?

J’ai pas le temps de voir son taquet arrivé à l’arrière de mon crâne que mes talons décollent du sol, ses mains agrippées à mon col. Front contre front. La voix sifflante comme un tir de semonce.

« Continue, ne t’arrête pas. Je l’avais presque. Ne. T’arrête. Pas.

- Presque quoi ? C’est quoi ton problème à la fin, hein ? Alleeeeeeeez j’ai envie d’affronter ce que j’ai vu. Ça rime à rien de te raconter des histoires. Attaque, bordel ! »

Il ne comprend pas. Ils ne comprennent jamais. Mais moi je sais, mieux qu’eux. Parce que j’y vois clair, maintenant plus que jamais, tout est si fluide. Les irrégularités de ton souffle, les aspérités de l’épiderme, le détail des gouttes qui s’écrase au sol, tes pupilles dilatées par l’obscurité et l’affrontement. Tout est si net et vous êtes tous si prévisibles.

On me l’a déjà dit, ça Philo. De continuer. De pas m’arrêter. Jusqu’à ce que j’en crève de fatigue. Mais aujourd’hui c’est différent. Aujourd’hui, à cet instant, je pourrais détruire des montagnes si tu me demandais pas de leur taper la discut’.

J’ai besoin que tu me foutes en danger. J’ai besoin de cette putain de sensation, cette électricité au creux du ventre. Qu’on balance une décharge à cette école de merde. Qu’on mette le feu à la pluie. Qu’on s’enfile un putain de rail de magie sur une arme en faisant en doigt d’honneur au monde. Pour se sentir comme des dieux. Si c’est de nous que viennent les miracles, c’est ce qu’on est, sinon ils ne flipperaient pas.

Tentative de chope, mais j’peux pas bloqué sa nuque alors c’est ses veuchs qui prennent, je les tire pour le forcer à se baisser. À plier.

WHAT ? Ce salaud m’a niaqué la main ! Dans un hurlement, je profite du corps à corps pour lui foutre un coup de genou dans la panse, jusqu’à ce qu’il en crache le bout de protection qu’il vient d’arracher. C’est l’état d’esprit, la mentalité, l’idée. Essaie un peu de me tailler en pièce, affirme ma légitimité à frapper plus fort à chaque coup. C’est là que l’affrontement grandit, en crescendo jusqu’au moment où l’un de nous deux tombera des sommets.

La droite qu’il me rend résonne sous mon crâne, moins qu’elle le devrait, mais continue de me foutre les idées dans le désordre. Je titube. Chaque coup est une défaite. Chaque défaite nourrit ce brasier de frustration. C’est parfait. Mets-moi en rogne bordel, continue, j’attends que ça.


« Putain. Tu fais chier avec tes idées à la con. »

T'as l'air en colère vieux clébard. Ta condition sine qua non c’est que j’te raconte de la daube sur ma vie pour qu’on continue à se battre, c'est ça ?

Chier. Pourquoi tu veux dénaturer le précieux goût de l’affrontement avec tes conneries. J’ai vu le bois qui te compose. Ne sois pas aussi décevant.

Revers pour envoyer toute sa force, frappe sèche, chaque coup rencontrant cette muraille vivante. Se confronter à un titan pour tomber comme les dieux. Frappe, encore et encore, enchaîne-le, s’il bloque encore c’est que tu n’y es pas allé assez fort.

Mais si je veux que ça continue cette pulsation qui fait vibrer mes veines, cette palpitation qui cogne jusqu’à la pulpe de mes doigts, ce flou qui entoure mes pensées, cette netteté qui encadre mes gestes, il va falloir que je parle.

Râle de mécontentement, les mots contraints d’être articulés quand c’est un hurlement qui force. Qu’est-ce que je fais. Qu’est-ce que je suis. Putain, mais qu’est-ce qu’on s’en branle. Pourquoi je dois chercher ça ? Les coups partent, de plus en plus virulents.

« Charbonne à t’en carboniser la peau, apprend, progresse et atteins les sommets plutôt que de les prétendre »

C’est la base. Pour aller plus loin que tous ces connards, se hisser là-haut, indétrônable. C’est pas de la vantardise, juste la volonté de leur faire comprendre qu’un jour je volerais plus haut qu’eux. Les écartés, les éclatés, tous. Pour acquérir une qualité si indécente de compétence que le droit de prononcer mon putain de prénom devienne un honneur en soi.

C’est ça que tu veux Philo ? Que j’te parle de ces conneries ? Pourtant c’est pas ça l’important. Ça n’a jamais été l’important les mots. J’suis censée en foutre quoi ? Ça a pas de valeur, pas comme des actes.

La conversation c’est le reste, c’est ce sourire carnivore, c’est ce coup de pied que tu me fous sur le thorax, c’est ce souffle coupé qui me donne envie de bouffer l’oxygène à nouveau. Cette rixe, le paradigme de notre communication, ce monde de coups de cris, de mots qui ne s’écrive pas, mais se trace dans la rage et l’adrénaline, l’amour du combat, le respect de l’autre, et la haine du reste.

J’en ai pas assez. Toujours pas assez. L’exaltation transcendante, l’absolue, c’est ça que j’veux pas une euphorie temporaire et vaine. Tu la connais, toi, non ? Tu devrais comprendre. J’augmente le flux, par besoin de cette sensation. Extatique. Remonté à bloc. Avec ce besoin de plus, de trembler sous l’envie grisante, de s’abîmer dans le combat. Le sang qui cogne la base du crâne comme des basses, des appuis si légers que j’ai l’impression de voler.

Sa garde à lui se ferme complètement, il reste bas sur ses appuis à vouloir raser le sol pour encore me choper à la taille. Je souris de toutes mes dents. Pas deux fois salaud.
Je me baisse aussi pour tenter de l’attraper aux épaules, à la nuque et ont fini par se confronter, en mêlé. Épaule contre épaule. Un terrain où je ne peux pas gagner, mais sur lequel j’ai envie de m’aventurer pour mesurer l’étendue de sa force. J’m’en tape qu’elle m’écrase.

La seule chose incontrôlable sur cette putain de planète c’est cette sensation de brulure qui s’agite, s’agite, s’agite. Elle me chope par le plexus solaire d’une poigne ferme en menaçant de me cramer tant que je resterai immobile. Et moi je me noie amoureusement dans l’ivresse qu’elle m’offre en espérant qu’elle continuera malgré tout à palpiter, encore et encore.

Le reste c’est pas grave. Le reste est binaire, écrasé ou être écrasé, il nous entraîne pas dans cette valse chimique contre nature, c’est simple de le mesurer. De le calculer. De savoir comment il fonctionne pour mieux le construire ou le détruire, pour ce que l'on est comme pour les autres. Ils sont tous si simples. Animé par cette peur instinctive, animale, mais nous on vaut mieux que ça. Surpasser les peurs pour être ceux qui leur font bouffer la terre, leurs os entre nos mains. Pas besoin de fuir quand on choisit d’être ceux qui traquent.

« Contrôle-les, tiens leurs cous et c’est qu’une fois la gorge prise qu’ils sont capables d’écouter »


Des muscles qui hurlent dans la mêlée. Deux masses d’air, un chaud-froid qui se confronte et duquel née l’orage sous l’averse. Parce que c’est là que ça commence. Parce que c’est pas de nous que viens le feu, mais du soleil et de la foudre et que c’est à eux qu’il faut faire cracher les débuts d’une histoire.

Sa main s’écrase sur mon visage et me repousse de toute sa force. Tu veux te débarrasser de moi ? Ça ne marche pas comme ça. J’attrape son poignet, commence à tordre son bras, mais il me frappe aux côtes avant. Une fois. Deux fois. Même à travers les protections le souffle se coupe, la douleur paralyse. Encaisse bordel, ENCAISSE. Mais cet enfoiré fout tout son poids et me vire. Tu veux la jouer comme ça salaud ? Hein ? Arrête ça alors si t’es si fort que ça !

Je jette mon bras en direction de sa gorge, profitant du contact pour viser efficacement. Je l’aurais pas balancé jusqu’au bout. Mais qu’il m’expose par ses putains de point faible comme si je pouvais pas les voir. Oh Philo, tu peux bien bondir en arrière pour pas te le prendre, je lâcherais pas. J’envoie ma jambe dans ses côtes et jubile lorsque je sens le coup s’y planter. Philo se recroqueville un instant.

Saisis la faille, exploite-la, rapproche-toi au corps au corps parce que c’est là que la vie prend son sens, c’est là que tu existes.

« Converge par le conflit, joue de la rixe, parce que tant que tu ne frappes que les murs ils raisonneront vide. »

Comme les mots. Que des foutus échos, des réverbérations sans intérêt. Mais le duel, c’est là que l’authenticité se révèle. C’est autre chose.

C’est une sensation de brûlure enivrante au niveau du diaphragme. Des battements ratés. Des mains qui tremblent. Des regards enragés, ceux des bêtes qui feulent dans les profondeurs. Des vestiges de coups vibrant encore des chocs. Des poumons qui pourraient respirer le ciel. Des échanges bestiaux, mais au-dessus de l’humanité. À vouloir transcender la réalité, déchirer son enveloppe dans un hurlement pour libérer ce qui l’habite, écrire son nom dans le sang et la sueur. L’image cauchemardesque d’un garou et d’une goule qui s’entretue sous la pluie, le derme pâli par la dope, l’œil ouvert des fanatiques, des chasseurs.

« Insurge-toi de leurs limites, franchis-les sous leurs yeux, fous la merde, bouscule-les et ris de leurs entraves. »

C'est aussi ça, non ? Le poème de la magie rouge. Le dépassement de soi, et des autres. Modeler son corps pour outrepasser ses limites, et utiliser sa propre force pour briser celles qu’on nous impose. Y’a que comme ça qu’on atteint ses objectifs. Les visions étriquées ne s’ouvrent que si on force les champs de vision, à bout de bras.

Tout s’accélère. La mélodie des os qui s’entrechoquent, la chair qui hurle, l’épiderme qui s’érafle sous les assauts. On continue. On s’arrête pas. J’veux pas que ça cesse. Alors pourquoi je commence à me sentir bizarre ? J’ai pas utilisé mon pouvoir récemment, il devrait pas tirer aussi vite, qu’est-ce que j’ai encore foutu.

J’dois ralentir la production.  J’suis déjà dopé à donf, c’est plus sécure d’y aller mollo sur la synthèse pour pas finir comme au début de l’été quand j’me suis fight avec Ingi. Mes dents grincent machinalement. J’devrais pas être aussi crevé bordel.

Faut que je trouve un moyen de le bloquer. Et vite. Plus le temps de s’amuser. Je tente de viser les points sensibles, cherche un shortcut pour viser une victoire vaine malgré tout. J’en ai assez d’enchaîner les défaites.

Et y’a encore cette saloperie à réfléchir. Mais l’idée vient avec la situation, avec les feintes ratées, les coups encaissés. Puisqu’on a toujours joué au c’est « toi ou moi » les méthodes n’ont jamais importé pour s’en sortir, en témoignera le concours de pari risqué qui m’a amené ici.

« Triches pour atteindre tes objectifs, les gagnants n’ont jamais été honnêtes alors décide toi-même de tes règles. »


Putain sa mère ça brule. Ça ne devrait pas, pas autant dopé, mais j’ai l’impression qu’on a allumé un chalumeau juste à côté de mes yeux. J’ai merdé, mais je sais pas comment. Faut pas qu’il le voie, mais c’est cramé. Les distances. Je les évalue mal, j’ai… la tête qui tourne, je crois. C’est son crâne que je visais, mais là la direction était plus côté épaule. Putain, putain, putaiiiin.

MERDE. Le poing de Philo me frôle le visage alors que je viens de me balancer en arrière de manière franchement gauche. Minable. Ma vision vire, j’essaie de retrouver mon équilibre, ferme les yeux un instant, mais j’ai pas le time. Évidemment. Pourquoi il me laisserait me payer ce luxe ?

Il enchaîne, enchaîne, enchaîne et tout ce que le peut faire c’est bloqué, éviter maladroitement sans avoir le temps de faire autre chose que d’encaisser et de grincer des dents. Parce que je rage. Parce que les limites qui se dessinent sont insupportables. Parce que je faiblis et que ça se voit.

Et puis y’a cette putain mâchoire me fait souffrir. J’ai dû me manger un choc que j’ai pas senti passer avec l’adrénaline. Mes perceptions sont enrayées, mon souffle saccadé, mes mouvements exagérés pour s’assurer qu’ils arrivent à leurs buts, mais ça ne suffit pas. J’me prends des sacrées tartes.

Réfléchir est compliqué. La difficulté, me ramène à l’essentiel de ce qui me constitue, à l’émotion. J’suis toujours dans cette tempête moléculaire, cet excès d’émotions trop chaotiques pour être exprimées autrement qu’en les laissant exploser. Alors ouais. J’m’enrage, déchaîne les passions, plane plus haut qu’ils ne pourront jamais voler, jubile, exulte, jouis, pleure, tombe avec une intensité que leur imagination ne peut que frôler. Mais je pourrais aussi me vanter d’avoir vécu plus fort, plus vrai.

« Hurle pour… Urgh… Cracher c’qui leur plait pas, pour ressentir, te… » Je grogne en esquivant de justesse une droite « Te shooter à c’qui les effraie. »

Parler devient insurmontable sur tous les plans, mental comme physique. Toi aussi t’es crevé, j’le voie, t’es en nage, à bout de souffle. Tes coups sont moins nets. Ça ressemble de plus en plus à rien c’qu’on est en train de foutre, mais on sait toi et moi qu’on lâchera pas le morceau tant qu’on aura pas suffisamment déguster. T’abandonnerais pas une traque pour repartir la gueule vide, hein Philo ?

Je recule et ma tête tourne anormalement. Un monde flou, un goût ferreux, doucereux dans la bouche. Par réflexe je passe une main sur le bas de mon visage pour vérifier et y étale du sang par accident. Ok. Faut que je stoppe. Je sais pas si c’est à cause des coups que j’ai pas sentis passé ou à cause de mon pouvoir, mais gaffe. Mes surrénales et mon système nerveux central commencent à faire la gueule. Je souffle. J’ai pas envie d’arrêter, ça me coûte. Je dois me faire violence pour interrompre totalement la production d’adrénaline.

L’énergie s’amenuise avec le temps, la douleur remonte au fur et à mesure et rend tous les mouvements plus compliqués. J’aime pas ça. Je suis acculé, maladroit, bloqué. Vulnérable ? Non, putain, non, je peux pas. J’veux pas retomber.

Mes parades se font plus faibles. Le combat est perdu. Je le sais. Je le sens. Mais quitte à être en train de clamser, j’veux au moins réussir l’exercice, finir ce qui a été entamé. Concéder une victoire à l’adversaire est envisageable, mais je ne me céderai pas un échec.

« Rush, trace ta route comme tu l’entends sans regarder les conséquences, fais ton truc, tu t’en tape de ce qui peut se trouver sur le chemin. »

L’important c’est que j’y trouve mon compte et que je fonce. Que la route de ce qui me sert de vie me convienne à moi et moi seul. Que j’ai pas de regret sur c’que j’y gratte.

Ça tire. Encore plus. J’ai envie de crever. Mon corps essaie de me tuer, je capte que dalle. La main de Philo passe trop près de mon visage et le premier geste qui me vient c’est de tenter de la niaquer par pur réflexe. De douleur et de défense. Mais les dents claquent dans le vide. Et le goût revient.

Encore. Un. Effort.

Fini le taf putain, c’est bien toi qui parler de charbonner ? Alors, arrête de glander, t’auras tout le temps de te laisser mourir après.

Qu’est-ce qu’il y a d’autres ? Y’a pas que ça. Sinon la vie serait chiante à en crever. Comme ces dernières années. Mais c’est plus le cas. Y’a pas que des choses à démolir, contrôler, traverser, hurler. Y’a aussi des choses importantes. Des personnes précieuses. C’est récent, c’est nouveau, mais c’est là et j’ai pas envie de le perdre.

Une dernière phrase. Un râle essoufflé, un grognement d’agonie. Les mots ne ressemblent même plus à des mots tant l'articulation est laborieuse.

« Préserve ce à qui tu tiens et ce à quoi tu tiens. Ceux qui comptent. Le reste… RAAAH… Le reste peut… bien brulfer en enfer tant… que lre rgh…noyau… kreste. »

Je peux plus parler, c’est trop compliqué, j’ai le visage engourdi comme si je sortais d’anesthésie. L’épuisement me traverse avec violence. Je suis à bout. L’adrénaline retombe, et les conséquences avec. Philo chope mon plastron, mais ses mots n’atteignent pas le cerveau qui tourne sur les réserves d’agressivité. J’attrape le bras qui me tient, mais finis par m’appuyer dessus en envoyant un revers sans force. J’sens qu’on me vire. Évidemment que ça a pas touché, qu’est-ce que je fouuuut. J’ai mal. J’ai mal au dos, au visage, à la nuque, aux côtes. Je douille tellement que je vois flou.

« Stop, stop… STOP ! »

Je relève lentement la tête vers lui, il a l’air… content ? Il sourit en tout cas. Je ne comprend rien.


« Calme. C’est bon. C’est fini. »

Je plisse les yeux en le regardant, totalement à l’ouest, toujours appuyé sur son bras. On arrête ? Mais pourquoi ? Je pige rien à ce qu’il raconte. On vient de se latter la gueule à grands coups de paluche, j’m’en prends le revers, et je commence à payer mon contrecoup. Franchement, un effort sur les explications ça serait pas volé après l’avoir suivi à l’aveugle dans ses conneries non ?

 « Fkroi qf’est fini ? »

Uuuh ok j’arrête d’essayer, c’est pas la peine de parler j’ai trop merdé. Putain à tous les coups il m’a déboité la mâchoire. Fuuuuck.

« La leçon d’aujourd’hui… »

Mais QUEL putain de leçon, tu m’as fait dire des trucs DÉBILES en s’m’étant la misère sous une pluie TORENTIEL. C’est quoi ton foutu but avec ça, me mettre une raclée ? M’apprendre l’humilité ? Me montrer mes limites ?! Bordel, mais range tes saloperies d’énigme là où j’pense et file-moi les réponses vites parce que j’vais crever là.

« On r'tourne aux vestiaires. »

… Donc t’as pas l’intention de dire plus. J’ai… pas la force de te poser des questions pour aujourd’hui, j’aligne pas deux mots sans cracher toutes les consonnes à cause de ma mâchoire. Mais si l’infirmerie me répare ça fissa juré j’te colle au cul jusqu’à ce que tu m'fasse un exposé complet sur c'que t'as derrière la tête et pourquoi il t'as fait ça. Tu t'fout pas de ma gueule quand même ?

« Chuis fier de toi, Saph. Vraiment. »

Mais. Mais quoiiii ? Mais ça va pas ???



MAIS QUOIIIIIIIIIIIII ?!  Ma mâchoire déjà plus vraiment en place trouve le moyen de se décrocher davantage. Ça me parait tellement inconcevable que j’arrive pas à assimiler. Déjà parce qu’on m’l'a jamais dit, donc ouais, si on m'le sort comme ça ; perso j'intègre queud. Ensuite parce que ça vient de Philo à qui j’ai fait majoritairement des crasses. Et enfin parce que ; fier de quoi ? Je… hein ? On s’est juste éclaté la gueule en discutant je… Je saisis pas ce qui pourrait valoir ça… Non. Trop bizarre.

Je sais pas comment réagir, je bloque compleeeet. Ça me fait flipper, j'crois que j’préfère pas lui répondre. Enfin si, j’aimerais savoir pourquoi. Juste pourquoi.

« Phriho jre…. Aaarrhag.. »

La tentative d’explication s’évanouit dans un râle et je passe machinalement mon visage dans le creux de mon avant-bras sous le coup de la douleur à… au… partout en fait ?

Le gymnase est pas loin, on y est presque. Aller, dans une minute a tout pété je peux me laisser crever sur le sol. Faut juste que lj’le prévienne dans l’doute…


« Aa Achroire. »

Inspiration. Longue inspiration. Je la pointe vaguement du doigt pour illustrer.

« é krété »


J’vais clamser.
Philo pose sa main sur mon épaule et souris.

« T’inquiéte. Viens. »

Bah ? Bah oui j’m’inquiète ? J’aimerais bien conserver l’utilisation de ma mandibule dans les années à venir ? J’suis tellement engourdi que j’ai l’impression qu’on m’a foutu les muscles et le cerveau sous morphine et les nerfs sous coke. Je me contente de serrer le poing d’un air contrit puis de la secouer la main pour évacuer. Le pire c’est de pas serrer les dents.

J’inspire. L’avantage c’est que je suis pas en état de faire autre chose que le suivre en espérant pour la seconde fois de ma vie qu’on m’amène um infirmier. e. On passe la porte du gymnase, alléluia, c'est l'moment du prank où il a planqué des mages de soin ? Non ? Chier.

Je me traîne derrière lui avec une démarche claudicante due à ma ceinture pelvienne en souffrance, et contre toute attente il me pousse vers un miroir. Pourquoi, j'ai à c'point une sale gueule ?

La vision toujours aussi floue, et endolorie, je ne reconnais pas instantanément mon reflet et instinctivement je bondis en arrière.

« RAAAAAAAAAAAARHGSQZRRAGR… RGH.. »

Le hurlement passé je me rapproche en plissant les yeux.

Longue inspiration.

QU’EST-CE QUE C’EST QUE CES CONNERIES DE CES GRANDS MORTS POURQUOI J’AI DES ARMES BLANCHES À LA PLACE DES DENTS, POURQUOI MES YEUX ILS SONT CHELOUS, POURQUOI C’EST LA TECHNOPARADE DANS MES POILS, QU’EST-CE-QUE-C’EST-QUE-QUOI ?????????

Je me retourne brutalement en direction de Philophae et écarte les bras d’un air de profonde incompréhension.

« KREKTREÉRSCRA ??? »

Je m’agite, me retourne vers le miroir, bouge comme une brute et finis par cracher mes poumons aux vues de mon état actuel.

Deux immenses paluches m’encadrent les épaules et les excès laissent soudainement place à une tension immobile. Ok, ok, j’ai compris. Doucement. On m’lâche et doucement. Hahahahahah. Doucement. Ça va bientôt faire une heure que j’ai le contrôle sur absolument rien de c’qui se passe, que j’me fait balloter par les événements sans rien comprendre, mais TOUT va BIEN.

« Tout doux. Va t’asseoir et on parle. »


IL SERAIT TEMPS OUI. Je m’assieds lentement, souffle, et le transperce du regard. J’attends qu’il explique. C’est quoi les bails exactement ?

« Tu es venu me voir la première fois pour me demander de t’apprendre l’altération. J’ai refusé parce que je pensais que ce n’était pas le bon moment et la bonne chose. »

Je plisse les yeux et triture nerveusement la partie arrachée de mon gant. Ouais. J’m’en souviens. Pas sans honte, mais je m’en souviens. J’avais vraiment joué au plus con. L’altération est un pouvoir intéressant, puissant, précis, mais ce jour-là… J’ai juste vu une arme, le besoin d’en avoir une, et j’ai pas réfléchi plus que ça.

« Je t’ai rien appris. J’ai juste guidé. Ça, tout ça, c’est toi. C’est juste toi, avec un petit coup de pouce. »


… Comment ça ? Comment il s’y est pris et comment j’m’y suis pris si…
Ah.
AH.

LE POÈME DE MES DEUX. C’est ça ? Non ? J’vois pas ce que ça peut être d’autres c’était sa seule consigne. Ça explique aussi pourquoi j’arrivais pas à puiser autant que d’habitude dans mon premier pouvoir. Enfin j’pense ?

Il sourit. De toutes ses dents. Comme j’l’ai jamais vu sourire a vrai dire et ça me déstabilise un peu, je crois. Ça accentue l’incompréhension. Et comme un truc de confiance. Je sais pas, je plane trop.

« Tu es un mage de la transformation désormais. Bravo. »

J’ouvre la bouche pour « parler » puis me ravise. J’arrive pas à trouver les mots. C’est juste une sensation et c’est mieux comme ça. De la fierté. Un sourire. Une sorte de calme presque anormal. Carrément anormal même. C’est quoi ça encore ? J’crois que. J’suis... content d’avoir été compris ? En fait, qu’il ait mieux capté que moi c’qu’il me fallait. Aussi flippant qu'ça soit, je ressens cette étrange euphorie eu creux du ventre et… Je ris. Juste je ris sans comprendre pourquoi, de toute manière je flotte trop pour vraiment chercher.

Je me lève comme un octogénaire et me dirige lentement vers la glace pour examiner ça plus en détail. Qu’est-ce qu’on a là.  Des yeux ambrés foncés, encadrés de noir et… C’est pas un début de truffe ça ? Enfin. Début, début… Wow la gueule, les bleus et le sang étalé par la gueule ça arrange rien j’vous jure.

Poils jaune et noir. À la base de mon incarnation et au niveau des sourcils. Oh wait… Je me tourne laborieusement et repère de longs poils noirs au niveau de la nuque. Mais qu’est-ce que c’eeeest que ce truc.

Hmm. J’ouvre la bouche. Woaw ? Woaw. Tu m’étonnes que je saigne j’me suis coupé les lèvres avec ces machiiiins. Je tire ma lèvre inférieure, avance la mâchoire, examine. Passe ma langue dessus. Ma langue ? Elle est… Je la tire et vois qu’elle a un peu changé. J’passe vite fait un doigt dessus pour test et… C’est giga râpeux.


« Rraaan. Fuis krand rmême pas un rkros raht.. GRFRR. Frat. Chrat ? »


Soupire. C’est laborieux. Machinalement je teste les pointes des canines, mais n’insiste pas trop parce que… bordel mes dents me font un mal de chien. Enfin non, du coup pas exactement. Bref, j'douille mais c'est une chtouille plus simple à encaisser quand on sait ce que c’est. Et que c'est...

Nouveau rire. Rire qui fait mal, mais rire qui s’intensifie quand même.

« SFuis un chhhrangefrms brkodel. »

Un regard a Philo, puis au miroir et l'éclat extatique qui reprend de plus belle.
C’est énorme. C’est géant. Je. Bordel. J'redescends pas.

« Roent… Romment sra arche ? Ourkoi, Prhi o ? »

Un sourire immense un peu effrayant, des yeux joueurs, une belle tête de con en somme, mais bordel qu'est-ce que j'suis heureux.





Dent pour Dent - [PV Saph] - FINI Sans_t56

J'écrit en cette belle couleur, jalouse pas trop stp#0099cc
Revenir en haut Aller en bas
Philophæ M. Andreatus
Messages : 102

Feuille de personnage
Age: 45
Pronoms:
Club: Aucun, Prof de transformation et patrouilleur
Pouvoir: Magie rouge: Transformaton en chien et altération des os. Contrecoups: dent toujours transformées et cicatrice à l'oeil. Collonne vertébrale se soudant petit à petit.
Philophæ M. Andreatus
Premier de la classe



Ven 7 Jan - 23:36
Dent pour dent
Saphirre Lacey
[u]
Après l'intensité vint le calme. Ce fut à la fois graduel et violent, comme si tout ses sens étaient trop ensuqués pour assimiler ce qui arrivait pourtant au fur et à mesure. La toux passée, les vertèbres ayant fini de craquer ce fut au tours du froid. S'immissant entre les couches de vetements trempées, dans les protections qui couinant d'humidité, il s'attaqua à sa peau et le géant trembla.

Derrière lui Saphirre suivait bon an mal an. Maintenant quoi ?

-Phriho jre…. Aaarrhag..

Il s'arrêta, évitant le yeux de Saph. Le calme était de retours et, mise à part la douleur pulsant de partout, plus rien n'était intense alors ses yeux reprenaient leurs habitudes. Il y a plus interessant à voir que les yeux de son élève, non ? Comme per exemple la forme complètement absurde de ses sourcils désormais jaunes.
Il rit interieurement, tendre, affectueux.
Entre ça et la diction, il se sentait en profonde empathie avec le pauvre gosse qui comprenait queudalle. Lui, la première fois aussi ça lui avait fait tout drôle. Bon ça avait été aussi un peu plus direct, en témoignait son œil, mais il pouvait se projeter dans ce que ressentait Saph. Surtout pour la frustration autours de la comunication.

-Aa Achroire.


Ah bon ? Sa mâchoire lui faisait des misères ? Qui l'eu cru.

-é krété .


Il sourit, posant une main rassurante sur son épaule.

-T’inquiéte. Viens. 


Il lui devait certes des explications mais rester debout sur la pluie pour parler de tout ça, sans qu'il ait la possibilité de se zieuter dans un miroir pour constater ne lui paraissait pas etre un bon plan. Non. Il voulait que Saphirre constate la métamorphose. Qu'il regarde son reflet droit dans les yeux et percute.
Il ne voulait pas lui dire, il voulait lui montrer. Leur relation passait par là de toute façon, le constat et l'action au dela des mots. Cette découverte lui appartenait. Il n'avait fait que aider mais la suite ne lui appartenait pas, elle était sous son contrôle de jeune transformé. Il n'avait aucun droit sur lui, sur sa magie, sur son rythme de découverte.
Il serait là. Mais le constat viendrait de l'élève.

Il se remis en marche, sentant la tension de ses muscles combattant le froid. D'une main il décrocha son casque et le vira de sa tête, s'ébourrifant les cheveux. Une chose était sure, dés que tout ça serait fini, il prendrait la plus longue des douches de sa vie.
Toujours derrière, boitant, Lacey suivait. Elaine allait lui passer un savon pour l'avoir mis dans cet état et ne pas avoir tout arrêter... Elle aurait fait une bien meilleure professeur que lui, c'était d'ailleur l'exacte raison pour laquelle elle ne l'était pas. Les responsabilité envers les gens plus jeune qu'elle, ça ne lui allait pas au teint. Pourtant, elle était intelligente et parfois étrangement pédagogue, mais comme Philo elle faisait partie des gens sans ambitions concernant leur status sociaux. L'ascension dans une quelconque hierarchie, la reconnaissance de son travail lui important peu. Elle était fiere de ce qu'elle accomplissait et savait ce qu'elle valait. Elle aspirait à s'améliorer constament et à bien faire son travail mais rester anonyme lui allait bien voir l'arrangeait. Avoir un nom impliquait tout un tas de contraintes dont elle se passait bien.
En cela, les deux se comprenaient.

Après un temps de marche ils passèrent enfin les portes des batiments. Un dernier effort gamin, tiens bon, t'y es presque. Dans cinq minute on appelle quelqu'un, on s'asseoit et on se soigne, dans cinq petite minutes. Mais d'abord...

Le chien poussa son élève vers un miroir, allant à l'encontre de son souhait évident de s'asseoir. Au départ il ne compris pas, mettant un temps de reflexion pour comprendre son reflet. Puis, il hurla, faisait sursauter Philophae qui échappa un couinement. Cependant, l'élève revint bien vite, les yeux plissés pour comprendre ce qui clochait avec son visage, vraissemblablement incapable de percuter seul.
Se tournant vers son aîné dans un mouvement des plus memesque, il présentait des signes d'agitation de plus en plus importante. Tournant à droite, à gauche, à moitié en panique, il fini par se plier en deux sous l'assaut d'une toux ce qui fit réagir son maître. Ce dernier l'attrapa par les épaules pour le forcer à économiser ses mouvements. Dans l'ordre, la communication et l'échange en premier. Puis, le travail suivit de la dernière ligne droite de la confiance. Ensuite la révélation et en dernier les explications. Violence puis concentration, calme et agitation puis ce qui allait venir.

-Tout doux. Va t’asseoir et on parle. 


Il l'aida a s'asseoir, ne prêtant aucune attention à son regard. Il était légitime qu'il soit quelque peu en colère mais, à son sens, c'était un juste retours de baton non ? Et il l'avait encaissé étonnement bien et dignement. La quantité de chose que Saph avait acceptées ce jour là était terrifiante comparée à ses standards habituels et, soyons franc, Philo en était soulagé. Ca pouvait marcher. La confiance pouvait exister.
Il était le maître, Saph était l'élève. Il venait de se débarasser du rôle de simple pantin ne pouvant rien attendre de son apprentis à part des trahisons et Saphire venant de s'émanciper de son image de terreur irrespectueux.

Le chien ferma les yeux et reprit d'une voix posée, grave, acceuillante.

-Tu es venu me voir la première fois pour me demander de t’apprendre l’altération. J’ai refusé parce que je pensais que ce n’était pas le bon moment et la bonne chose. 


Il avait d'ailleurs eu raison. A l'instar de ce pouvoir, Saphire aurait précipité sa chutte avec quelque chose comme l'altération. Ce pouvoir purement violent et destructeur n'était pas ce qu'il lui fallait, il n'avait pas la maîtrise necessaire et possédait, pour la destruction, d'autres moyens. Non, ce qu'il lui fallait c'était la confirmation de ce qu'il était. Changeforme. Insaisissable. Intangible. Ce gosse vous montrait sa main droite pour mieux vous voler de la gauche, la violence était en plus. Une sorte de bonus, un truc qui échappe, qu'est là malgré soit. Alors que changer, se changer soit et de manière aussi profonde c'est impératif. L'introspection est necessaire et en avoir une sorte de manifestation physique, une métaphore du changement... Quelque chose d'intime et de révélant qui permettait quand même de garder le contrôle sur ce que l'on dit, ça c'était interessant.

Un sourire extrêmement doux étira les lèvres du chien. Il avait hâte de lui dire, qu'ils partagent à deux ce soulagement. «Nous sommes fais du même bois, issus du même arbre. Deux branches, pas si éloignées. ».

-Je t’ai rien appris. J’ai juste guidé. Ça, tout ça, c’est toi. C’est juste toi, avec un petit coup de pouce. 


La tronche qui se décomposait d'incompréhension en face était délicieuse à voir. C'était fantastique, il comprenait. Lentement, mais petit à petit ça faisait tilt et c'était incroable de voir qu'il avait posé les bases de la meilleure manière possible pour apporter à son élève non seulement une connaissance mais... Un cadeaux ? Il avait voulu lui faire plaisir ? Oui. Oui, un cadeau d'excuse ? Un cadeaux de félicitation ?
Un présent de fierté pour lequel il souriait comme rarement, de toutes ses dents et de tout son cœur.

-Tu es un mage de la transformation désormais. Bravo. 


Un instant, le temps flotte. L'information est prise en compte et encaissée avec un sourire béat et un rire incontrolable qui fit frissoner le colosse. Alors c'était ça, Saph vulnérable ? C'était ça Saph sans filtre de fierté entre lui et sa joie ? Ca en valait la peine. Bordel, il avait eu raison de s'écouter.

Le jeune homme se leva tant bien que mal pour retourner devant le mirroir et s'examiner. Les rares indices présents ne permettait pas à Philo de déterminer de quel animal il s'agissait précisément, même si au vu de la forme générale il penchait plus pour...

-Rraaan. Fuis krand rmême pas un rkros raht.. GRFRR. Frat. Chrat ? 


Exactement.

Le gamin teste, râle, a mal mais teste quand même plus. Puis il se mit à rire, à rire si fort, si libre... Un court instant les pensées de Philo allèrent à Charles Lacey. Comment cet idiot avait-il pu, volontairement, passer à côté de ça ? Son fils était un mage incroyable... Il n'avait aucune conscience de qui son enfant était pour ne pas l'avoir compris et, si avant ça le rendait triste, le rire du jeune homme balaya ça. Durant ce moment à penser à Charles, il eut juste pitié de lui.

-SFuis un chhhrangefrms brkodel. 


Silence. Un regard. Silence.

-Roent… Romment sra arche ? Ourkoi, Prhi o ? 


L'adulte resta coi plusieurs secondes, regardant dans le vide. D'un coup, le prenant au dépourvu, les larmes montèrent. Changeforme ? Pas mage de la transformation ? Mais bien evidement ! BIEN EVIDEMENT ! Bien sur que c'était un changeforme, un mage à la nature changeante et pas qu'une personne pour qui la transformation serait un outil. Regardant ses pieds, incapable de parler, il se contenta d'abord d'agiter sa main droite. Il sentit quelques larmes déborder de ses yeux alors qu'il souriait. Prenant son sac dans ses bras, il le serra fort. Dans l'immédiat, il était incapable de parler.

Saph, toujours aussi pudique, détournait les yeux mais... Par respect plus que par gêne. Un sourire idiot en coin il poussait l'autoinspection plus loin, petit à petit. Le maître-chien prit une immense inspiration, cherchant à sentir le moindre flux d'air entrant dans ses poumons. Son expression s'adoucie encore. Puis, longuement, il expira en baissant les épaules. Du sommet de son crane naquit un frisson qui se répandit le long de sa colonne et avec lui coulèrent ses émotions. Il posa son sac sans un bruit, se rapprochant de son élève discrètement pour ne pas faire voler en éclat l'instant. Celui-ci s'inspectait la nuque d'un air interdit, ne semblant pas comprendre la nature de la touffe noire de poils dru qui s'y trouvait désormais. Saph serait une hyène ? Non, pourtant ça n'allait pas avec les pupilles. Le colosse se raprocha donc, pointant l'objet de toutes les interrogations en silence, accompagnant son mouvement d'un hochement de tête comme pour dire « je peux ? » Quand Saphirre hocha la tête de manière affirmative il tendit doucement sa main vers la touffe de poil pour la toucher et l'écarter. Se plaçant à côté de lae jeune, il chercha à apercevoir la couleur de la peau sous la fourrure, galérant quelque peu car son sujet se contorsionnait pour tenter de voir son propre dos. Son examen, des plus minutieux, prit un certain temps avant qu'il ne s'avoue vaincu et ne se décide à tenter sa chance sur le reste de l'étrange pilosité. Passant devant lui il s'attarda sur la racine de ses cheveux et les sourcil, n'obtenant rien de plus concluant. Les yeux non plus ne lui furent pas d'une grande d'aide alors il s'écarta, ouvrant grand la bouche en faisant signe à Saph de l'imiter pour examiner sa dentition. Une fois que ce fut fait, il se recua définitivement, s'apuyant sur le lavabo en haussant les épaules d'un air peu convaincu, geste auquel Saph répondit de manière similaure. Honnetement, il n'avait pas la moindre idée de quel espèce il s'agissait.

Après un temps de réfléxion, le jeune changeforme alla farfouiller son sac pour en sortir son téléphone, tentant d'articuler un vague « des photos pour chercher », abandonnant très vite pour mimer à la place. Philo approuva de la tête et lorsqu'il lui demanda de photographier sa nuque il récupéra le téléphone.

-Bon, je suppose que ça veut dire que ça a marché. Vous allez bien ?


Droite et calme, Elaine se tenait au niveau de la porte. Elle avait prit le temps de se changer avant de venir mais ses cheveux restaient trempés. Philo sourit d'un air un peu penaud, prenant une photo quand même. Il savavait qu'Elaine allait l'engueuler, et à raison, mais il n'avait pas hate. Il se sentait un peu comme un gamin de 5 ans qui a fait une bêtise et qui s'est fait prendre sur le fait... Ce qui en soit n'était pas complètement faux, il avait simplement 45 ans. Saph tenta de formuler quelque chose mais échoua lamentablement, se contentant de lever un puce en l'air beaucoup tro convaincu par rapport à la situation réelle. Philophae décida cependant d'être plus franc, après tout c'est pour cela qu'il lui avait demandé de venir.

-On a besoins d'aide pour aller aux médics...


Sourire en coin d'escroc qui se fait passer pour innocent, aussitôt repris par Saph, leur duo tenta la carte de l'attendrissement. En vain.

-Et du coup tu prends le temps de faire des photos ?


Il regarda immédiatement ses pieds en rendant le téléphonne à Saphirre. On aurait vraiment dis un enfant prêt à rire de bon cœur de sa bêtise tout en sachant pertinement qu'elle aurait pu bien plus mal tourner et que l'adulte a raison.

-Vous pouvez marcher ?


-Ugh, roué ranquihe,
répondit Saph dont l'air nonchalant ne convainquit pas pour autant la garde.

Elle soupira, attrapant les sacs qui se trouvaient au sol pour se mettre en marche.

-Parfait, comme ça j'ai pas à vous porter. Aller. En route.

Informations


Dent pour Dent - [PV Saph] - FINI Philop20
Revenir en haut Aller en bas
Saphirre Lacey
Messages : 450
Age : 23

Feuille de personnage
Age: 20 ans
Pronoms:
Club: Art martiaux
Pouvoir: Contrôle hormonale
Saphirre Lacey
Trash Can or trash cannot



Sam 5 Fév - 22:30

Philophæ
M. Andréatus

Saph
Lacey

「Dent pour dent」


Silence étrangement confortable, la sensation de l’après, de l’accomplissement. Le même phase out que celui dans les vestiaires suite à une compétition, la vague de l’adrénaline se retire pendant que la sérotonine vous fauche les synapses et les jambes façon lame de fond. Les perceptions sont aux ralentis et pourtant les veines battent encore le fer de la peau brûlante. Je prends le temps d’apprécier, de souffler face au travail accompli et à la fierté qui l’accompagne avant que j’sois trop mort pour savourer. Ça serait dommage de pas profiter d’la redescente, du lâcher-prise ; cet instant de flottement dans le vide après avoir volé trop haut. J’aurais tout le temps de subir l’atterrissage plus tard.

Les yeux de Philo s’embuent, ses bras s’accrochent à son sac comme à une ancre et mon regard se braque sur mes gants de protection. Hmm. La chiale ça à toujours tendance à exhiber les autres de façon trop crue. J’ai pas de soucis avec le fait de se foutre émotionnellement à poil, ça m’arrive aussi. Ça me rend assez indifférent venant d’inconnus, c’est à eux de pas dévoiler leurs failles, s’exposer. C’est extérieur. Mais venant de celleux qui ont du sens, c’est pas pareil. J’ai pas à l’envahir c’est à moi de creuser la distance, laissé un voile. S’il veut le lever, ce sera sa décision, pas la mienne.

Je retire les protections de mains et de tête pour mieux poursuivre l’inspection, excitée comme une puce à l’idée d'en savoir plus. Nice to meet you stranger but who the damn are you big boi  ? La langue, les dents, les yeux ça définitivement l’air plutôt félin. Gros félin. Avec les poils jaunes visiblement tachetés j’aurais pu avoir des hypothèses si y’avais pas… Sérieux, c’est quoi cette crête noire de punk des savanes là ? C’est un truc de hyène il me semble, mais ça colle pas avec le reste. P’t’être une sorte de chimère ? C’est possible ? Hey j’ai jamais fait ce type de transformation, on sait jamais.

Je vois Philo arrivé derrière moi, le pas anormalement léger, étouffé proportionnellement à sa taille. Il désigne ma crête et j’hoche la tête pour confirmer qu’il peut examiner le bordel, un deuxième regard ne serait pas de trop pour identifier cette anomalie du règne animal. Lorsque je sens qu’il écarte les poils pour apercevoir la peau j’essaie laborieusement de checker aussi avant d’abandonner à cause de quelques encombrantes évidences comme… au hasard ; des os, des muscles qui ne se plie pas dans ce sens, sans oublier l'absence de viabilité physique.

Je soupire, j’attends. Il a l’air de savoir ce qu’il fait, et honnêtement, je suis paumé. Il change de côté et c’est… chelou d’être observé comme ça j’ai l’impression d’être dans un examen médical qui consiste à jauger mes sourcils c’qui est tout à fait inhabituel. D’autant que, franchement, je pourrais qualifier ma tronche de plein de manières. Mais « Inattendu » et/ou « Pointu » ne faisait pas partie des adjectifs en lice jusqu’à aujourd’hui. Mais, hmm. J’imagine que c’est pas l'évolution sur laquelle je devrais m’attarder, hein ?

L’examen de la dentition fait suite, sans plus de succès. Confirmation de l’incompréhension par une succession d’épaules haussées. Bon. Bah. Y paraît qu’le mystère a aussi son charme. … J’déconne, ça, c’est des énormes conneries, c’est tout ce que c’est. J’veux absolument tout savoir. Tout.

J’atteins mon sac pour et en sort mon téléphone pour conserver de la matière à but de recherches. Ça m’f’ra des photos souvenirs aussi tiens, histoire de me rappeler d’un, ce grand moment, de deux, pourquoi est-ce que les catégories de gabarit existent en sport de contact. Je pointe du doigt la machine, en dégueulant une flopée de consonnes pour la forme d’avoir essayé de m’expliquer, puis mime une prise de photo. Philo à l’air de comprendre et fait le taf. Ouf.

« Bon, je suppose que ça veut dire que ça a marché. Vous allez bien ? »

Oh putain, qu’est-ce qu’elle fout là Ellen Ripley ? Elle était au courant ? Hmm… bien sûr qu’elle était au courant, abrutie, suffit de l’écouter deux secondes. Donc j’en déduis que Philo a prévu du backup pour nous emmener au compost parce qu’il était conscient du fait qu’on allait être des gros déchets. Top.
Je me demande ce que pense sa go de tout ça ? Sa tête en dit long, c’est pas rassurant. Sa tête, ET c’qu'elle dit. Mais c’est plus son problème que le mien.

Je sais pas quoi lui répondre. J'suis en miettes, et lorsque j’essaie de l'expliquer, c’est un échec cuisant. Lever le pouce en l’air pour dire à quel point j’ai la giga forme après m’être fait tataner la tronche sous la flotte présente moins de risque de décès sur le court terme. Je serais franc quand je serais à nouveau fonctionnel. Fin’ à « peu près franc » quand je serais à nouveau « à peu près fonctionnelle » pour être plus juste, j’suis ambitieux, mais faut pas déconner.

« On a besoin d’aide pour aller aux médics… »

Voir Philo avec un sourire d’escroc pour convaincre Elaine qu’il a pas fait une énorme connerie est aussi amusant qu’inattendu. J’aurais encore une mâchoire j’me serais fendu la poire, mais là y’a plus de poire à fendre, tout est déjà en pièce.

Belle âme, je l’appuie quand même d’un rictus similaire pour ajouter du poids à l’argument. Après tout c’est pas qu’une connerie, y’a aussi du bon, donc c’est pas tant de l’escroquerie, non ? On a surtout l’air bien con. Maiiiis ça m’fait rire.

« Et du coup tu prends le temps de faire des photos ? »

Je plaide coupable sur le mauvais sens des priorités. Disons qu’notre âme d’artiste se devait de saisir l’instant ? C’est comme les photographes animaliers qui prennent le temps d’appuyer sur la gâchette de l’objectif face à un fauve plutôt que de se barrer direct. Sauf qu’on est deux fauves pétés qui jouent avec l’appareil, c'qui rend pas la situation plus brillante d'intellect.

Philo regarde ses pieds et c’est vraiment lunaire de le voir agir comme un gamin penaud face à quelqu’un.

« Vous pouvez marcher ?


-Ugh, roué ranquihe. »


Pour être plus exacte j’peux ramper façon mort-vivant désarticulé d’un point A à un point B ou je m’effondrerais probablement, mais j’suis actuellement limité en nombre de caractère et le point B est celui des médics dooonc… dans les faits ça colle. J’sais pas ce qu’il en est de Philo, mais il a pas l’air contrariant non plus. Bon.

Elle soupire. Attrape les sacs. Et file.

« Parfait, comme ça j’ai pas à vous porter. Aller. En route. »


Je suis si heureux d’avoir menti. Je me mets en mouvement dans un râle de douleur dont l’écho s’oppose à mon mensonge précédent. OUTCH… sa mère le bouc, non ça va pas tranquille. Après une pause c’est pire de repartir, marcher est une vraie galère et j’suis déjà boiteux. Avec un peu de chance, c’est comme les vieilles bagnoles, c’est juste le temps que le moteur chauffe ?

Tandis qu’on avance avec une démarche d'estropié, j’échange un court regard avec Philo. Et il rit. Comme un gamin. Et comme un autre gosse qui peut pas s’empêcher de rire après une belle connerie avec son pote, je pouffe aussi. Elaine lève les yeux au ciel, dur rôle que celui d’être soudainement la responsable légale de deux abrutis quand on n’a pas l’air d’avoir le temps pour ces conneries.

Je me cale contre le mur pour marcher, mes bras me mettent la douille, parce que courbaturé, mais ils ont le mérite d’être encore mobiles. C’est quand je me rends compte que les appuis manquent à la sortie du gymnase que je tire la gueule. Je prends mon élan en grognant pour essayer d’avancer, mais mon corps cherche encore un support par réflexe. Elaine se propose. Yes.

« Ça va ? »


Hmpf, comment tu veux répondre à ça ? Heureusement pour tout le monde, j'suis un peu obligé de fermer ma gueule grâce à mon nouveau sourire sponso Opinel. Ça va m’éviter de sortir des énormités style « Franchement j’ai jamais été aussi heureux d’être éclaté au sol ». Cool. J’aurais l’air chelou un autre jour. Pour l’instant on va se contenter d’hocher la tête bien gentiment au vu du bilan qui penche plus vers le positif.


« C’était très con votre truc. »


Ouais j’vais me la tatouer celle-là à force, ça fera des antisèches à ceux qui savent plus quoi m’dire. J’pensais juste que Philo allait s’en servir de support de lecture, pas faire partie des candidats pour le tatouage, faut croire que les idées d’merde c’est contagieux.

J’aurais été étonné d’entendre un « C’était absolument brillant » venant d’un point de vue extérieur, pourtant je trouve qu’en un sens, ça l’était de la part de Philo. C’était fin comme mouv’ de sa part. Ou plutôt suffisamment brutal pour que ça fonctionne. Pour reprendre, recommencer, construire. J’sais pas, c’est pas si déconnant, généralement on est bien obligé de creuser les bases d’une structure à la pelleteuse pour que ce soit solide, sinon ça s’appelle des châteaux de cartes.

Je grogne pour toute argumentation et hoche les épaules pour toute ponctuation. Je jette un œil à Philo pour voir ce qu’il en pense et… de même. Elle soupire.

Bien.

Bienvenue dans le royaume de la loquacité, où on est toujours aussi con, mais en silence.

Le trajet à l’air interminable, précisément parce qu’il l’est avec notre vitesse de déplacement proche du néant. J’suis pas fan des examens médicaux, mais faut admettre que pour une fois j’suis content de voir le bureau des médics, YES, j’vais pouvoir poser mon cul. Elaine nous tej’ ici pour retourner à son propre business. Nous, on passe une batterie de check-up pour étudier l’étendu des dégâts, et dang, donner des indications c’est pas simple en l’état. Heureusement qu’iels ont la magie pour vérifier les problèmes directement à la source.

Résultat des courses : multiple contusion, mais rien de péter. We have a winner. Un winner qui trinque bien, mais un winner quand même. Vont’ juste nous garder en observation pour être sûr de pouvoir intervenir en cas d’hémorragie interne ou ce genre de connerie. J’ai pour consigne de bouger le moins possible, malheureusement iels ont rien pour me kéblo la hanche. Philo a pris le temps de me détransformer et j’ai passé au moins une minute à m'étirer la mâchoire et ruminer dans le vide avec l’air le plus con du monde. D’un parce que ça fait mal. De deux parce que passer d’une conformation à l’autre est franchement perturbant. De trois parce qu’on ne rend jamais assez hommage au plaisiiiir de pouvoir prononcer des voyelles.

On est installé dans la même chambre et well c’est partie pour y passer la nuit. Ça devrait filer vite. Chuis… épuisé. Sur tous les plans de l’existence. J’me sens même pas partir la première fois.


_____________________________________


Pire nuit de ma life. Concrètement on est sur la version fullbody de la gueule de bois.

Y’a rien pour bloquer ma hanche et j’suis pas du genre immobile donc je me suis réveillé toutes les deux minutes. Et encore si y’avais que la hanche qui me faisait mal. Uh.
J’ai besoin de pioncer, mais j’peux pas. Donc j’suis là, j’suis éveillé, j’fixe le plafond comme un allumé et c’est tout, c’est bien le problème. Ca me met pas à l'aise en plus de dormir dans la même pièce que quelqu’un, surtout quand ce quelqu’un est M'sieur Méales, j'ai l'impression qu'il peut entendre mes pensées, ça m'stresse.

La nuit d'attente à turbiner comme un dingue, l'accumulation de fatigue, la redescente... Tout ça, ça me permet de foutre les pieds hors du p’tit nuage sur lequel je flottais hier. De réaliser à quel point la situation est aussi étrange et douteuse qu’un rêve.

« Bien dormi ? »


AH MERDE IL EST D’BOUT.

« Hmm. »

I’m not gonna lie, but si en fait. J’ai plus assez d’énergie pour m’expliquer. J’oriente mon regard vers lui en dealant avec ma mobilité de tortue sous beuh.

« Et toi ?
- Horrible. J’ai mal de partout.


- Ouaip. Faut croire qu’on y est allé un peu fort. »


Il rit d’un rire franc et je souris simplement. Pour être tout à fait honnête, la situation me perd. C’est … bizarre, cool, embarrassant, inattendu et inexplicable. Pour une fois je préfère fermer ma gueule, j’saurais pas quel mot poser, tout sonnerait… weird. Etrange de se dire que c’est Philo qui brise le silence.

« Saph, je… »


Il inspire profondément et relâche une sorte d’aboiement heureux, en reniflant. Je le fixe d’un air curieux. Incertain. Les lèvres pincées. J’ai des tas de choses à dire, mais pas un seul mot. Des tas de questions, mais pas une seule réponse. Mais c’est pas ça qui me bloque. C’est la flippe. En fait c’est ça. Je balise complet. J’ai peur qu’il revienne pour mieux se casser. Ca serait habile comme revanche. Pourquoi il le ferait pas ? J’lui ai fait du mal. Intentionnellement. Et par accident aussi. À plusieurs reprises. Il aurait tous les droits de se venger.


« Tu ? »


Je me fais violence pour essayer d’avoir la voix la plus neutre possible, ne rien trahir.

« T’es douae et t’as plus le choix. T’es de nouveau mon élève. Bon, si tu veux vraiment pas, j’entends, mais t’as saisi »

Mes yeux s’écarquillent légèrement, ma bouche s’entrouvre. Je… ?



Il m’a cassé là, j’m’étais préparé au pire et je sais pas quoi répondre à ça ni quoi penser. Je… suis heureux ? Fier ? J’ai autant envie de hurler de joie que de partir en courant, alors j’enterre, j’écrase le flot d'émotions, le refuse par sécurité. Trop peu de choses font sens. Le retour de Philophae, ses paroles, la tronche qu’il tire.

Qu’est-ce que tu fous vieux. Pourquoi tu t’obstines ? Qu’est-ce qui tourne pas rond chez toi ? T’es fatigant. Ça m’épuise. T’étais juste censé dire non et te casser. C’est pas si compliqué. Même moi je peux le faire.

« J’comprends pas pourquoi t’es revenu. Enfin. Pire. Pourquoi tu restes. »
Je soupire. « Ne me répond que c’est parce que tu es cloué au lit à cause de moi. »

Oh oui, bien sûr que l'ironie c'est seulement un bouclier, une manière de se détacher des choses en les décrédibilisant d'une façon ou d'une autre. C'est plus facile.


« Parce que les regrets m’empêchaient de dormir. Parce que… »


Les larmes lui montent aux yeux et il les chasse d’un air rageur qui lui vaut un « AIE » sonore.

« Parce que la culpabilité ? Parce que j’en avais marre d’être ton enfer et que tu sois le miens. Parce que j’ai voulu me prouver que j’avais eu raison ou constater une bonne fois pour toute que je m’étais planté. »


Il pleure. Fais chier. Je fixe à nouveau le plafond avec cette même obstination de pas en détacher les yeux.

Je pense sincèrement que j’suis juste incapable de le comprendre. Quelqu’un joue au con avec toi y’a pas de question à se poser, soit tu le vire de ta vie, soit tu lui rends œil pour œil. Fin de l’histoire. Peu importe la merde dans laquelle il c’est foutu, peu importe le motif, c’est comme ça que les choses fonctionnent, s’équilibre, y’a pas de remord à avoir.

J’vois même pas sur quoi il aurait à culpabiliser ! La seule notion que j’capte c’est la dernière, et le besoin de réponse qu’elle implique. Là on se rejoint, l’doute n’est jamais une option, c’est au mieux une perte de temps.

« Parce que c’est la seule chose pour laquelle j’ai eu de l’énergie. Parce qu’après la dernière fois j’ai eu de nouveau envie de mordre et que c’était un peu… Quitte ou double. Un acte de foi, presque. »


Eh bah putain. Avec tout le respect que j’te dois, Philo, si ça c’est un acte de foi, PAIE TA RELIGION MERDIQUE. Non, mais sérieux, regarde deux secondes ou ça t’mène ? T'as dit toi même que j'étais ton enfer, que t'avais plu d'énergie pour rien. Je… RAAAH. Tu le fais exprès de me mettre dans des dilemmes pareils ?

J’inspire très profondément dans l’espoir d’oublier le fait que ma gorge se serre. Eh bah c’est raté.

« Uurh j’t’en prie, viens pas me sortir des trucs comme ça quand j’peux pas me barrer. »

C’est tellement plus simple de continuer à jouer au con. L’étiquette est confortable. Il suffirait de caler deux trois piques et de la fermer, de juste considérer que parce que je ne le comprends pas, ce qu’il dit est forcément faux et qu'y'a pas a chercher plus loin.

Mais c’est pas ce que je veux. Je l’ai pigée hier. Alors… Ouais ce qu’il me dit m’échappe, c’est vrai, mais ce qu’il me dit n’as jamais été l’important et c’est peut-être pour ça qu’en principe il raconte aussi peu et fait autant.

Y’a quelques semaines il a… Non on s’en tape de ce qu’il s’est passé y’as quelques semaines.

Hier j’ai accepté de baisser ma garde et il m’a montré que ce qu’il y avait derrière était… beau. Pour la première fois, on a vraiment échangé. J’ai ressenti l’euphorie d’être compris. L’envie d’apprendre. Certes, j’saisis pas vers où il me traine et ça m'perturbe vu que ce que j’fais de mieux c’est faire semblant de savoir où je vais, mais que ça marche pas avec lui. C'vieux dogue est fin comme un renard. Il a rallumé un truc, i'sais pas quoi mais il l'as fait ce con. J’ai envie de voir la suite. De pas merder, pas baisser les bras une fois de plus et de mettre fin à ce cycle d'emmerde constante, d'étouffer ce rejet épidermique de l'indulgence.

De voir ce que ça fait de savoir où on va et surtout de savoir pourquoi on le fait. D'arrêter de me complaire au fond du trou que je me suis creusé. De faire les choses... Un peu mieux ?

Je sens les larmes montées aussi et ça m’aaaaaaaagace. Je pince les lèvres, inspire, et ponctue mes paroles en le pointant du doigt d’un geste de bras franchement ambitieux aux vues de mon état.

« Si jamais j’chiale c’est à cause de ma hanche, ok ? »


Ça fait beaucoup d’effort pour de la mauvaise foi, j’sais.

J’me prends la tête pour rien. Concrètement c’est juste une question à la con avec une réponse d’autant plus con qu’elle tient en trois lettres affirmatives ou négatives, le tout c’est de choisir lesquelles.

Est-ce que je veux être son élève, oui ou non. C’est ça la question. C’est pas « est-ce que je le mérite ». C’est pas non plus « pourquoi il me le propose ? ». Ni « est-ce que ça va marcher ? ».

Alors Lacey, qu’est-ce que tu veux connard ?

T’as bien dit que le doute était une perte de temps, non ? Alors quand est-ce que tu te décides à bouger ton cul ? WOW pour quelqu’un qui joue les durs on a quand même affaire à une sacrée grosse flipette, ça va, tu l’vis bien de t’planquer derrière des excuses au lieu de prendre les choses en main ? Non parce que si quelqu’un te faisait le coup tu voudrais teeellement d’le dégommer, reconnait un peu qu’tu fais de la daubasse là. Puis sérieux. T’as toujours été un putain d’égoïste et c’est AUJOURD’HUI que tu fais mine de te soucier du sort de c’que t’as envie de prendre ? T’as conscience que si tu t’poses ces questions c’est qu’t’as ta solution ?

Bon.

Inspire. Expire. On reste en contrôle.

J’ai les idées. J’ai la réponse. Et j’ai le chemin. J’ai juste pas encore eu les corones.
Malgré le fait qu’il pleure, je le regarde, parce que c’est important, mais merde, ça facilite pas les choses.

Hmm. Hrmrpf. Hrmprgfrgrgrrrrrr.

ALLEZ, BOUGE-TOI GROS DÉBILE.

« M’rci Philo. »


Inspiration. La voix aussi tremblante qu’une saloperie de lapin pris entre deux phares.

« J’serais… super content d’être ton élève. »


Il ne dit rien, pleure en silence, ferme les yeux. Je fais de même, les larmes en moins et un très léger sourire en plus. Y’as plus qu’à rester là, prendre le temps de guérir, loin du reste du monde. Les conséquences, on verra la gueule qu'elles prendrons plus tard.

J’suis satisfait de cette décision, c'est comme ça que les plus importantes sont prises ; en arrêtant de réfléchir. C'pas ce que tu m'as demandé hier ? Tu vois, j'suis p't'être ravagé du ciboulot mais j'écoute.

Apprends moi c’que tu sais et montre-moi où ça nous mène, j’suis curieux de faire un bout de chemin avec toi vieux clébard.








Dent pour Dent - [PV Saph] - FINI Sans_t56

J'écrit en cette belle couleur, jalouse pas trop stp#0099cc
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé



Revenir en haut Aller en bas
Page 1 sur 1
Sauter vers:
Partenaires