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Une longue soirée de non fiançailles [PV Amicia] - FINI
Alphonse De Villeneuve
Messages : 80
Alphonse De Villeneuve
Camarade



Mer 12 Mai - 13:58
Une longue soirée de non fiançaille
Non mais trop weird cette idée. Si je me marié ça serait juste pour la robe stylish, mdr.
COLOR
#ffcc00
TAGGED
F. Amicia Faversham
@pharaohleap
NOTES
Yeh
Feat Demi pour les Villeneuves !



Ok DOUCEMENT, reprends les informations petit à petit. La famille Faveurchame vous a contacté pour vous faire une offre de mariage à ranger entre vos deux familles. Donc toi et leur fille.

Mais à ranger où exactement ?

Après de bien trop nombreuses et patientes explications de tes parents, tu comprends qu’il s'agit de mariage « arrangé » et ça te paraît tout de suite bien plus surréaliste. Se marier ? Toi ? Mais ? Pourquoi ?! C’est mégas étranges, qui fait ça à part tes parents, sérieux ? Bon plein de gens, mais à titre personnel tu ne te projettes pas vraiment sur ce genre de projet d’avenir, plus sur le prochain design de ton skateboard.

Pourtant tu acceptes la rencontre, puisqu’ils ont bien spécifié que tu n’avais aucune obligation.

À cause de ta magie instable, tu sors rarement hors maison et hors Leoska. So, c’est 100 % le moment de faire une nouvelle rencontre amusante hors cadre scolaire même si en soi… Le mariage arrangé n’est pas censé servir à se faire des nouveaux potes. Mais toi, ça t’arrange parce que si tu pouvais connaître des gens coolos pour que les dîners d’affaires soit vachement plus rigolo, ça serait quand même bien.


Mais alors te marier LAISSEZ-MOI RIRE, c’est tellement pas en projet, feeling ou pas.

Ce point étant élucidé, les choses ne sont donc pas beaucoup plus nettes et tu préfères te parer pour essayer d’agir à peu près comme on l’attend de toi. Tu as besoin de te préparer mentalement pour ça.

« Donc j’ai juste à rencontrer quelqu’un, papoter et voir si on s’entend bien c’est ça ? Je suis censé lui dire quoi en fait ? Je peux m’habiller normalement ? Elle aime bien les carte magic ? Parce que moi c’est pas celle dont je suis le plus fan, mais on peut toujours s’arranger. »

Suzanne de Villeneuve est… quelqu’un. Vous savez, ces personnes qui en imposent naturellement. Ces personnes qui brillent tant par leur savoir, que leur savoir-faire.
Mais c’est aussi une personne fatiguée qui se pince l’arête du nez en soufflant. Sans doute parce qu’elle doit avoir envie d’éternuer, penses-tu.

« On s’habille bien, tu lui parles, si tu te dis : me marier avec elle pour en faire une possible héritière à ma famille et que de notre côté, nous ne sommes pas contre, tu nous en parles.

— Okeeey.

— De ce que je sais des Favershame, j’ai un doute. »

Oh Albéric de Villeneuve, pas que les Favershame. De ce que tu sais de la vie en générale et de ton enfant, tu peux te permettre un doute.

« Certes, mais pourquoi pas ? »

Oui, mais surtout pourquoi ? Bon. Tant pis, de toute façon tu connais tes plans et ce que tu comptes en faire. Ils ont l’air partis pour discuter entre eux, donc tu files à travers les jardins sur ta planche, et ne les entends pas soupirer et parler derrière toi. Non, toi t’es juste super content de pouvoir faire des rencontres, « YEAAH des potooos, that would be FUN. », comme tu l’exprimes en partant pour rider comme jaja dans les jardins.

« Je donne au père Favershame une demi-heure avant qu’iel discrédite toute forme d’accord.
- Hum... Il est désespéré. Je pense que c’est sa fille qui, la première, se rendra compte de l’espèce de... Bio Hazard qu’est notre progéniture. »
« Tu crois qu’on a le temps d’en faire un deuxième ? Oui, non, oubliez ce que je viens de dire. »


****

Tu es à table. Tu as fait le choix d’un costume classe pour être sûr de ne risquer aucun fashion faux-pas ce soir, et tu prends le temps de jauger les inviter. Enfin... tu restes discrèt.e avec le père Favershame. Il a l’air d’être le genre de personne qui fout la pression, tu laisses ça allégrement à tes parents. Amicia est donc la personne qu’on veut te présenter pour cette question d’offre de mariage arrangée. O.M.G. Ses cheveux sont trop soin. La couleur est naturelle ? Ils ont l’air tellement soyeux... Elle utilise quoi comme shampoing ? Tu t’apprêtes à lui demander puis les circonstances du repas te reviennent dans la poire.

Inspire longuement.


OK. Se tenir. Donc on commence poliment, on se tient droit.e et c’est parti.


« Bonjouuurs Amicia, ravie de te rencontrer mes parents m’ont beaucoup parler de toi et je crois avoir compris qu’il y avait peu de chance que tu aimes les cartes magic, c’vrai ? »


Mission accomplie. Enfin presque. Mais un peu quand même.


« Enchantée également. Je n’ai jamais eu de carte magique de ma vie, je ne sais même pas à quoi ça ressemble, vous m’en voyez navré. Qu’est-ce donc ? »


Tu ne le vois pas, mais non loin, sous la table, ton père glisse un billet de 50 euros dans la main de ta mère, discrètement. Elle a gagné le pari sur qui des Favershame découvriraient en premier tes vibes de weirdo. Mais ils ne l’ont pas formulé comme ça évidemment.

Toi, tu commences déjà à avoir la bougeotte. C’est terrible, c’est affreux comme dirait timon et pumba. Tu ramènes tes jambes en tailleurs, réalise que ça ne se fait pas et arrête. Elle se tient si droite, c’est franchement impressionnant ! Prend exemple sur-


Trop tard. Tes mains qui prennent le relais. Tu prends et dépose machinalement tes couverts à plusieurs reprises. Ton attitude contraste avec celle d’Amicia, exemple de droiture,de menton levé et de coude pas sur la table. Discipline spécifique somme toute très peu évidente, mais qu’elle pratique probablement à échelle olympique.

« Aaaah c’était pas des mythos, alors. C’est des cartes à jouer et à collectionner vachement chouettes. C’est LA référence dans le domaine. J’pourrais te montrer mes decks si ça t’intéresse de découvrir, mais c’est pas celles que je préfère perso. OH J’AVAIS PAS VU TA ROBE ELLE EST SO STYLISH J’VEUX LA MÊME, tu l’as acheté oùùùùùùù ?! »

Tu plisses les yeux un instant. Zut. Elle a l’air sympatoche donc t’as parlé normal quoi. Mais un des minis-toi dans ta tête, celui que les autres ont savamment caché sous la pile de désordre qu'est ton esprit, à l’air de dire que ce n’était pas la chose à faire. Avant de se retrouver à nouveau noyée dans les méandres du chaos. Pauvre mini-toi qui était probablement le garant de ton score de sagesse dans DnD.

« J’suis pas censé dire ça, c’est ça ? Asy fait la conversation genre normal et tout sinon ils vont encore me charrier.

— Ne vous inquiétez pas, je vais gérer. En tout cas merci pour ma robe, je l’aime beaucoup, je l’ai acheté chez un grand couturier à Paris pour mon anniversaire, mais je ne saurais vous dire le nom... faudrait que je me renseigne auprès de mon père, mais il n’aura sans doute pas l’information ce soir. Mais de mémoire, ça vient de chez un grand créateur italien je crois. En tout cas j’adore la matière, à la fois légère et confortable. En tout cas j’aime beaucoup votre costume aussi. Italien à vue d’œil ? »

Comme tu as commencé à manger tu n’étais qu'à moitié concentré sur ce qu’elle a dit et répond tout naturellement :

« Ah merci c’est gentil ! Et non, il ne parle aucune langue. »

À la réflexion, ça serait bizarre d’enchanter ses vêtements pour qu’ils parlent, il faudrait leur taper la discut’ toute la journée.

« Qui est-ce qui ne parle aucune langue ? J’ai peur de ne pas vous suivre. »

Mais. Mais c’est elle qui t’a posé la question pourtant ?

« Ben. Le costume, t-vous m’avez demandé s’il était ital- Oh. Ah oui ok les créateurs tout ça tout ça ouaiii j’avais bien compris. »

Puisque tu étais censé reprendre la discussion normalement pour montrer à tes parents que tu es tout à fait apte à te comporter comme c’est visiblement attendu (même si tu ne comprends toujours pas en quoi ta manière de parler et tes sujets ne conviennent pas aux dîners d’affaires), tu hausses les sourcils d’un air assuré en leurs directions, mais ils ne te prêtent pas attention.

« C’t’était un trait d’humour. »

Personne n’y croit.

Cependant ça ne répond pas à l’immense question que personne ; d’où vient ce costume ? De ton placard. Mais avant ? Tu creuses ta mémoire. Hmm oui ça te dit quelque chose. Elle doit avoir raison.

« Ah oui c’est ça. Sacré œil. T’es styliste ? »

Elle esquisse un p’tit sourire mims et contagieux.

« Non, mais j’aime beaucoup le monde de la mode et des vêtements. C’est ma mère qui m’a donné le virus, elle-même étant très versée dedans. Quand je vais pas bien, j’ai tendance à aller faire les boutiques pour me changer les idées, même si je n’achète rien. »

Un échange de regard entre les Favershame et Amicia baisse les yeux sur son assiette. Tu ne comprends pas ce qu’il se passe donc tu essaies de ne pas faire attention.

« Mais vous, avez vous des passions dans la vie autre que les cartes magiques ? »

Elle a posé LA question.

LA question qui fait que tu entrecroises tes doigts d’un air candide en poussant une exclamation de hype.

La question qui fait que tu clignes des yeux comme une biche en posant ta tête sur tes mains entrelaçées.

LA question qui fait de toi le nouvel Eminem comme les médias ont tendance à nommer les rookies à tort et à travers.

« OUIIIIII. Les cartes c’est juste comme çaaaa, mais J’ADOOOORE le chant et la danse j’en fais depuis petit.e c’est trop trop trop bien. Plein de types de chant et de danse. C’est vraiment la best chose sur terre. Tu voudras danser après dans la soirée ? Ah j’ai oublié, j’adore aussi le skateboard, le jeu de rôle crée des vidéos, j’ai déjà dit le skateboard ? Bah skateboard quand même, j’aime bien cuisiner, mais c’est pas encore ça, et j’adoooooore aussi la mode. Mais un peu ma propre mode, du coup c’est pas la mode en fait lol, c’est juste aimé bien s’habiller. L’équitation c’est v’la chouette aussi. J’ai déjà essayé la trompette c’était chanmé mais j’aimerais aussi essayer la flûte traversière. Et le kayak. En fait j’oublie plein de trucs, mais c’est pas grave, de toute manière ça évolue. J’aime trop de ouf découvrir des nouvelles activités, c’est vraiment la base. En fait c’est ça ma passion, avoir plein de passion. »


Tu hésites a ponctué avec un « J’adore la vie c’est vraiment trop coOOool. » et en fait tu l’as fait parce que tu as parlé, pas pensé. Si seulement tu avais un filtre.

« Ça en fait des passions. Personnellement je ne fais que du violon, du piano et du chant. J’apprécie toute sorte de musique, bien que je travaille principalement du classique et de l’opéra. Après concernant la danse... j’ai un professeur qui a bien essayé de m’enseigner les danses de salon, mais je suis une piètre danseuse. Mais peut-être qu’avec vous j’y arriverai, qui sait »


Tu la regardes avec des étoiles dans les yeux. C’est tellement, tellement, tellement chouettos. À tel point que tu murmures un « Trop cooool » admiratif. Elle a l’air si passionnée, et voir des gens kiffer leurs trucs, te met d’une humeur merveilleuse. Et puis…

VOUS AVEZ DES PASSIONS COMMUNES.

NOW, let’s HYPERFOCUS là-dessus pour le reste de la soirée.


Tes parents échangent le « regard d’urgence » et ta mère se penche vers toi.

« Je comprends que la conversation soit lourde pour vous, Alphonse : montre donc à mademoiselle Favershame les jardins, de nuit. Nous avons fait refaire l’éclairage, il est magnifique. »


Le fait que ta mère t’ait gentiment congédié.e pour diverses raisons sonne comme une douce mélodie à tes oreilles. Le reste du repas aurait été un supplice, à attendre immobile que le temps s’écoule pour enfin faire autre chose que fixer des assiettes. Tu as besoin de bouger. Dans l’engouement de cette soudaine liberté, tu te tournes vers elle avec trop d’énergie.


« Yeeees de OUF. »


Respire.

« Je veux dire, oui bien sûr maman, hahaha, on sooort. »
tu penses tout de même à faire un signe poli à M. Favershame « Passez un agréable moment. Nous reviendrons pour le dessert. »

Tu essaies de bien te tenir pour les minutes de votre départ, fais signe poliment à Amicia de te suivre et salues la tablée.

Ouf.

« WOUHOU, enfin libre, bon sang c’était épuisant toutes ces conventions sociales. »


Ouiii. Bien sûr. Comme si tu les avais respectées. Tu tournes vers Amicia avec beaucoup plus de manières et d’exagération dans ta gestuelle, tes paumes ouvertes comme si tu aller présenter la nouvelle du siècle.

« J’ai pensé à un truc, est-ce que tu as ton violon ? Parce que ça pourrait être super fun de faire de la musique et chanter dans le kiosque du jardin, l’acoustique est topissime. »


Oui parce qu’initialement tu avais pensé à faire une activité à la con comme une course de skateboard dans le jardin tu t'es rappelé qu'elle ne connaît pas les lieux donc ce n’est pas fair-play. Après faire ça les yeux bandés c’est quand même super drôle aussi et permettrait plus d’équité, mais c’est passablement dangereux. C’est pourtant l’alternative que tu avais trouvée quand tes parents t’ont dit de ne pas accrocher ton skateboard aux animaux de ferme pour voir où ils allaient t’emmener (ne faites pas ça chez vous, rien ne va).

Et puis peut-être qu’elle ne se dit pas qu’être absolument perdu c’est une manière d’encore plus apprécier son trajet, elle. N’est-ce pas ? Donc, reste raisonnable. La musique c’est très bien.

Amicia prend le temps de demander la permission, de s’habiller et c’est vrai qu’après réflexion tu es peut-être partie comme une sauvage.


Bon. Tant pis. C’est la vie et elle arrive c’est juste le temps qu’elle aille cherche son violon. Ça ne t’empêche pas de tourner en rond et de sautiller sur place. C’est quand même scandaleux de patienter 5 minutes, n'est-ce pas ? Tu soupires. Si seulement tout le monde pouvait se téléporter, ça serait vachement fun. Mais tu n’es même pas autorisé à le faire aujourd’hui.

Quand elle arrive, tu claques dans tes mains, enjoué.e.


« Par-fait. Ça va être absolument fabuleux ! Suis-mwaa ~ »


Non, mais avant d’aller au kiosque, autant montrer un peu les jardins quand même. Si tu rentrais sans lui avoir montré l’éclairage ça serait méga craignos.


« Hop on va aller par-là ! Comme tu peux le voir, on est plus fan des jardins à l’anglaise qu’à la française. Tout est toujours si… ancré dans un formalisme géométrique flippant. Le design anglais laisse beaucoup plus de place à l’expression végétale je trouve, avec cet aspect un peu sauvage qui prend le contrepied de l’esthétique française. Au contraire, ce qui est cadré avec l’esthétique anglaise c’est plus le choix des points de vue qui vont être mis en valeur par l’ensemble, c’est vachement plus malin. »


Tu connais cette balade par cœur, tout ce qui est mis en valeur dans le paysage extérieur, comme les bâtisses de pierre un peu plus en amont dans le haut de la vallée, depuis le chêne sur la droite de votre chemin. L’exposition d’ombre qu’il offre a permis de mettre en place quelques espèces comme les heuchères et les hostas qui donnent un aspect buissonnant à cet angle. Le problème, c’est que si le nouvel éclairage permet de profiter de la vue des assemblement végétale et des arrangements de couleur… Elle ne verra pas les paysages mis en valeur.


« Enfin c’est qu’une question de goût, tu préfères p’t’être les jardins français toi. No offense. »


Tu retiens de justesse un « Même si c’est moche ». En temps normal il serait sorti, mais des forces supérieures du destin (et surtout l’envie d’essayer d’être présentable pour une fois) sont intervenues pour que tu ne le lâches pas directement. Du coup tu l’as juste murmuré dans une direction différente pour qu’elle ne le voie pas. Très bas. Ça te démangeait trop pour resté silencieux.se.

« Et bien je n’ai pas de préférence, j’aime bien les deux, bien que j’ai une préférence pour les roses. Ma mère possédait une magnifique roseraie dans notre ancienne demeure. Une merveille. J’y passais énormément de temps en été »

Amicia semble pensive dans sa façon d’observer le jardin, et pourtant, tu ne repères aucune différence dans son attitude. Tu as toujours été particulièrement mauvais pour lire les autres et te rendre compte de leurs changements d’humeur. Mais si ça te permet de passer au travers des réfléxions malveillantes sans soucis, ça t’empêche souvent de voir que les autres ne sont pas dans de bonnes dispositions. Tu es très peu attentif à autrui, mais même ça, tu ne te rends pas encore compte que ça peut te jouer des tours comme leurs causer des difficultés.

« En tout cas ce jardin est vraiment magnifique, il n’y a pas à dire. Votre personnel fait un excellent travail pour entretenir un tel bijou.
— Ouaiii, ils sont forts. Puis les jardiniers sont vraiment super sympas j’aime bien papoter avec quand ils travaillent. Si t’aimes bien ce type de fleurs, il y a les rosiers Louis Bleriot là-bas ! Atta, je vais te montrer ! »

Et ouais. Tu vas la traîner PARTOUT et oublier une bonne cinquantaine de fois votre destination parce que… Hahaha. Bah oui tu aimes trop votre jardin donc tu vas lui montrer ce coin ou tu as repéré un nid de pie, celui avec les chèvrefeuilles près de la maisonnette de pierre où les jardiniers entreposent le matériel, et surtout le petit pont au-dessus de l’eau qui mène au kiosque entouré de glycine. KIOSQUE. MAIS OUI. Youhou, mission accomplie. Ça aura pris plus de temps que prévu. Mais ça vous aura permis de discuter au moins, et puis tu es tellement heureux.se de voir du monde.

« Youpla boom, voilà le kiosque ! Après t-vous. »

Tu suis le pas d’Amicia pour aller t’installer sur la rambarde, suffisamment large pour que tu puisses y être assis.e stablement.


« Magnifique demeure en tout cas. Bien maintenant que nous sommes là, que voulez-vous chanter ou jouer ? Je ne pense pas connaitre tout votre répertoire et vous ne connaissez sans doute pas le mien, aussi je vous laisse choisir cette première chanson et je m’adapterais, car après tout, nous sommes bien ici pour jouer ?

- Exactly. C’est le mood ! Alors alors la première chanson… Quel honneur. JE SAIS. Le générique de wakfu. Il est trop trop cool non ? »


Une cover violon serait merveilleuse, n’est-il-pas ?

Sauf qu’en fait vous êtes en rencontre d’affaire pour un potentiel mariage.

Oui, mais ça ne t’intéresse pas et justement, avec le décalage c’est encore plus ouf, nan ?

… Oui. Mais. Essaie de faire un minimum d’effort pour que ça lui plaise à elle aussi au lieu de mobiliser la conversation autour de ce qui t’intéresse toi, comme tu as tendance à le faire. Aller.

Tu fronces les sourcils et regarde la voûte du kiosque d’un air pensive.

« Attend c’est p’t’être pas ton style. T’écoutes quoi comme style de musique exactement ?
— Et bien... mon père ne me fait écouter que de la musique classique et mes professeurs jouer uniquement ça. Mais maintenant que j’ai un ordinateur, j’aime bien fouiller la toile à la recherche de musique de film, comme ça, ça reste de la musique d’orchestre. Sinon quand il n’est pas là, j’écoute un peu de tout, mais surtout de la variété française, Céline Dion et Lara Fabian principalement, et après un peu de pop anglophone tirant parfois sur du rock. Mais je suis ouverte à, à peu près, tout, sauf le rap, je n’aime pas beaucoup le rap. Et vous ? »

Tu plisses les yeux. Le what ? C’est quoi le problème avec la variété française ? Tu ne captes pas.


« Et c’est quoi.... Oukfou ? »


Ouhla attend une urgence t’appelle là, reviens sur terre tu pourras lui demander le reste après. Et c'est repartie pour le tuvoiement intempestif, incapable de te décidé entre le "tu" et le "vous". Elle utilise le "vous" mais vous avez le même age quasiment non ? Argh. Bon au pif hein.

« C’est un dessin animé français créé par Ankama ! Vachement chouette si vous avez l’occasion de regarder, c’est de l’héroic Fantasy et l’animation est coooool. J’écoute vraiment tout style de musique. Surtout des trucs qui bougent, mais… vraiment de tout. De toute manière chaque style a tellement de variantes que c’est difficile de ne rien aimer dans “un style”, comme dans le rap par exemple, c’est mégavaste. Ou la variété. D’ailleurs c’est bizarre, c’est personnel la haine de votre père envers Céline Dion et Lara Fabian ? »


Vraiment, tu ne comprends pas. Pourquoi empêcher sa fille d’écouter certaines musiques, c’est super bizarre.


« Il n’a pas vraiment une haine contre ces chanteuses, c’est juste que... A ses yeux, rien n’a autant valeur que la musique classique. Et comme il veut que mon éducation soit parfaite, et bien il ne veut pas que je m’encombre l’esprit avec de telles idioties, comme il dit, et préfère que je travaille mes cours ou mon violon plutôt que d’écouter des chansons qui à ses oreilles sont trop populaires. C’est comme il m’empêche aussi de travailler le chant pour que je me concentre uniquement sur le violon, car ça fait plus virtuose et plus travaillé à ses yeux. Ce qui est absurde, je maîtrise des chants d’opéra qui me demande bien plus de technicité dans la voix que certains morceaux au violon. »


Elle secoua la tête en soupirant, s’approchant de la balustrade du kiosque et posant ses yeux sur le paysage.


« Parfois je ne le comprends pas. Et j’aurais beau argumenter, il ne veut rien entendre. Il a sa vision des choses et je ne peux rien dire ni m’y soustraire. C’est ainsi et je dois l’accepter. Après tout, c’est lui l’adulte, il sait surement mieux ce qui est bien ou non pour moi.

- Beh ? Quoi ? What the fuck ?! »

C’est surréaliste. Tu te tournes vers elle d’un air abasourdi.


« Il est pas un peu débile ? »


Non, mais sérieux. Tu as pas de filtre et ça n’aurait pas pu sortir autrement. Le gars baigne dans des contradictions que même toi tu es incapable d’atteindre. Vouloir une éducation pointue et couper l’accès à toute les œuvres modernes par exemple ? Alors qu’elles sont tout aussi importantes d’un point de vue éducatif pour constituer sa culture et ses goûts ? C’est tellement illogique que ça te coupe le soufflet.

Non, mais encore, s’il faisait juste partie des vieux cons qui considèrent comme sous-culture tous les domaines qui ne leur ressemblent pas, t’en as déjà vu. Mais des comme ça WOUAW. Le gars catégorise des domaines comme appartenant à une « élite » de manière hyper random et en interdit l’accès. C’est… Mais… Non, ça t’échappes.

Est-ce qu’il faut contacter Céline Dion pour venir lui botter le cul ? P’t’être qu’il le rangera deux petites secondes son élitisme insensé.


« Je ne sais pas, borné et sans tact oui, très souvent absent, car retenu par son travail aussi, peu investit dans ma vie personnelle également. Tout ce qui compte à ses yeux j’ai l’impression, c’est l’image que je renvoie aux autres, et pas réellement qui je suis. Mais ça toujours été comme cela, d’aussi loin que je me souvienne. Je ne suis que sa petite fille bonne à marier et qu’il faut au mieux préparer pour cela. Mes goûts et mes couleurs, il n’en a que faire. Je dois rentrer dans son moule, un point c’est tout. »


C’est exactement ce que tu as dit en juste… plus alambiquée. Tu trouves au contraire qu’il a l’air gravement trop impliqué dans sa vie perso pour lui imposer tout ça, si tes parents étaient du même acabit tu n’aurais probablement pas pu le supporter.


« Enfin bref, passons, nous sommes là pour jouer après tout. Ou chanter. Vous êtes vous décidé sur une chanson ? »


Tu as fait la focale sur son propos précédent à tel point que tu ne saisis pas la perche qu’elle te tend, perdu dans tes pensées. Tu es difficile à ramener quand tu divagues trop.


« Non, mais du coup oui. Il est débile et sexiste. Tu devrais avoir le droit de faire ce qui te chante. Je… je comprends pas, il est bloqué au moyen-âge et particulièrement con, mais ça à l’air grave, enfin… non, mais je comprends vraiment pas… »


Tu fixes le vide et phase complètement. Cette conversation est très énergivore pour toi et tu ne sais pas ce que tu es censé faire ou dire alors tu restes juste là, à ne pas comprendre pourquoi il fait ça. Partager entre l’envie de ne pas s’en mêler et entre ce blocage qui fait que tu deviens juste amorphe quand tu ne saisis pas et que tu ne peux rien faire pour oublier les obstacles. Comme apparaître plus loin. Si seulement tu pouvais te téléporter.

Ton interlocutrice pose sa main sur ton bras et te sort de tes pensées dans un sursaut. À temps. Parce que les catalyseurs sont ce qu’il sont pour limiter les disparitions intempestives, mais ta magie reste très sensible à ta volonté.


« Ecoutez, ma vie est ainsi faite et j’ai finis par l’accepter. N’essayez pas de comprendre, car moi même j’ai arrêté de chercher pour finalement m’y faire à l’idée. Mon père et ainsi et ne changera pas, et je ne pourrais rien contre ça. Je sais que c’est une forme poussée de patriarcat, mais je ne puis m’y soustraire. Donc s’il vous plais, oubliez tout ceci, dites vous que c’est mon choix et pensons à autre chose. Tout ceci ne vaut vraiment pas la peine que l’on s’y attarde. »


Tu aurais probablement dû l’inciter à en parler à des personnes habilitées, ou demander si tu pouvais en parler à tes parents.


Tu aurais probablement dû ne pas ignorer cette lueur triste dans ses yeux. Lui montrer activement du soutien, lui dire de venir en discuter si elle avait besoin.


La vérité c’est que tout ça te dépasse, que tu n’en comprends pas la moitié de cette histoire et que ce que tu en saisis te met mal à l’aise. Alors puisqu’elle te tend la main pour, tu fais le choix de fuir complètement cette conversation particulièrement complexe. Dans le fond ça te fait peut-être un peu peur. Alors même si ce n’est peut-être pas le bon choix, pour l’instant, tant qu’elle affirme s’en satisfaire, tu préfères te contenter de la facilité.


« Comme… vous voulez ? »


Tu es perdu, complètement perdu.


« Je ne vais pas insister si tu ne veux pas t’y attarder. Tu préfères rentrer peut-être ? »


Sourire, signe de tête négatif. Parfait. Tu as demandé par politesse, mais tu n’as pas envie de rentrer non plus. Tu te balances d’avant en arrière sur ta rambarde, machinalement, puis après avoir menacé de te casser la gueule, remets les deux pieds sur le plancher des vaches. C’est plus sûr.


« Non, ne vous inquiétez pas. Autant profiter d’être enfin loin de lui pour jouer un peu. »


Tu relève les yeux vers elle et remarque qu’elle accorde son violon. Ah oui ! Jouer de la musique. Tu te détends légèrement et tu éclipses violemment la discussion précédente avec ce léger espoir de l'oublier assez vite et une légère culpabilité sous-jacente a cette pensée.

Dès les premières notes tu reconnais, et tes yeux et ton sourire s'agrandissent sous l’émerveillement. « I’m still here » ! La planète au trésor est une pure merveille et cette chanson est un chef-d’œuvre.


Amicia a métaphoriquement conquis ton cœur en un seul mouv'. Métaphoriquement, parce que tu sais qu’elle ne t’intéresse pas amoureusement, pour autant elle est vraiment de bonne compagnie et a une habilitée à toute épreuve pour avoir sélectionné la musique qui vous permet parfaitement de vous retrouver.


Tu es tout de suite impressionné.e par son talent. La mélodie rend si bien au violon et elle la mène avec brio. Alors évidemment ça te donne envie de chanter ; tu la connais par cœur. Tu prends les paroles en cours avec enthousiasme. Puisque tu es d’humeur joueuse, tu t’amuses à modifier quelques paroles comme « I’m a boy, no, i’m nby », en riant légèrement - zut, perd pas le rythme. Elle sait jouer, tu sais chanter, on ne va pas se mentir, le duo est « chanmé de ouf frér c’est trop de la balle » pour employer les termes techniques. Et tu vibes complètement dans cette ambiance, transportée par la musique. C’est fabuleux. Et du début à la fin tu la suis pour qu’ensemble vous tissiez cette performance en kiffant juste le moment. La musique s’estompe, tu reprends ton souffle et l'applaudit.

« Wouaaahouu bon sang c’était hyper stylé, tu joue super bien ! Je suis sou-fflé. »


Tu haches ton dernier mot par ta gestuelle exubérante de retour, un sourire plus grand que toi collé aux lèvres.

« Et vous, vous avez une voix très agréable à écouter, je suis sincèrement surprise.
— Haha, merci ! Je fais du chant depuis petit.e. »


Son compliment te fait rire parce que tu te demandes sur quoi porte sa surprise, et que tu ne peux pas t’empêcher de modifier ses propos dans ta tête comme les interprétations de cette phrase peuvent être diverses. Comme « Je suis sincèrement surprise, j’aurais juré que vous chantiez comme un tanche ».

Du coup tu pouffes. Seul.e. Dans ton délire, comme d’hab’.

Le sourire qu’elle affiche avant de commencer te met la puce à l’oreille. Qu’est-ce qu’elle prépare comme dinguerie ? Owi. Je voudrais déjà être roi. Pépite.

Tu la suis directement. Tu aurais trop aimé qu’elle fasse un des personnages, mais tu t’imagines que chanter avec un violon doit être passablement impossible aux vues de la position de sa tête. Alors tu fais toutes les voix. Moins concentré sur l’aspect performance de chant que précédemment ; tu t’essaies au doublage, en essayant de prendre les intonations et les attitudes des personnages. Avec ta voix, mais aussi avec tes gestes et ton visage expressif. Tu t’amuses de la caricature, ris avec elle de ce décalage et t’éclates complet à jouer les personnages du roi lion sur du fucking violon de ouf.

Mais alors que vous riez ensemble à la fin du morceau, tu as cette légère impression qui te suit de ne pas être tout à fait honnête avec elle. Tu as accepté cette rencontre en sachant pertinemment que tu n’étais pas intéressé par le mariage. Qui sait, plus tard peut-être, mais pour l’instant pas du tout. Mais elle. Sa famille avait des raisons de demander un arrangement, non ?

Si.

Sauf que tu ne sais pas comment lui expliquer. Tu ne sais pas comment lui dire que malgré le fait qu’elle soit on ne peut plus sympathique, non seulement tu penses qu’elle ne t’intéresserait pas amoureusement parlant, mais pour couronner le tout tu ne veux pas te marier.« Salut mdr alors en fait j’ai accepté cette rencontre juste pour rencontrer des pooootes » « Tu connais la blague du mariage arrangé, mais en fait non ? ».

Non vraiment. Tu ne sais pas comment faire. Le sujet est sérieux et tu ne sais pas gérer ça. Sauf… avec le langage que tu connais. Et ça tombe bien, parce qu’elle le parle.


« Je peux choisir la prochaine ?

— Oui assurément. Que voulez-vous chanter ?

— Le bal des chats, de Cécile Corbel, ça vous dit quelque chose ? »


Pour illustrer, tu fredonnes l’air de base. Tu pris en ton for intérieur pour qu’elle la connaisse, sinon tu ne sais pas comment faire pour entamer cette conversation. Il y a bien cette chanson de Brassens, mais le rythme te parle moins.

« Non désolée, je ne connais pas.Mais si vous avez un téléphone sur vous et internet, je pourrais peut être trouver et apprendre rapidement la partition. »

- J’ai ! »

Tu dégaines ton téléphone avec un bruitage SF fait maison, puis fouine l’internet mondial comme disent les jeun's, pour trouver la partition qui t’intéresse. Cette musique te donne envie de filer dans le bal trad’ le plus proche sur le type de danse que ça t’inspire. Et surtout c’est la seule musique à laquelle tu penses dont les paroles te permettent de t’expliquer, le tout dans un bon mood. Puisque ça passe trop difficilement par la discussion alors ton refus du mariage passera par le chant, tu connais, ça t’est familier et les paroles et la musique s'expriment mieux que tu ne le fais.

Tu lui tends ton téléphone ouvert sur la page des partitions.

« Ça t’ira vous êtes sur ? On pourra le caler dans l’angle là si tu veux la partition en jouant. Ou si vous préférez changer de musique, n’hésitez pas. »

Pitié, noooooooooo, god no, please, no.

« Donnez moi 5 minutes je vais tenter de la mémoriser. »

Ouf. Mais quelle personne fabuleuse. Attends, 5 minutes ? Wouaw. P’t’être qu’elle a des capacités d’hypermnésie. Comme Monk ?

Pendant qu’elle révise, tu t’amuses à te hisser sur la rambarde sans t’y asseoir et regrettes les barreaux qui la composent. Autrement tu aurais pu faire des loopings. Quelle tristesse. Bref. Au final le temps passe et c’est fascinant de la voir préparer sa performance, mémoriser. Tu en profite pour t’échauffer un peu la voix et éviter de trop yolo.

« Je pense que c’est bon. Pardonnez moi d’avance s’il y a des erreurs, mais je ne pourrais faire mieux en si peu de temps.

- Tu es fa-bu-leuuuuse ! »

Tu chantonnes ça avec joie, Amicia à céder à ton caprice et ça ne pouvait pas plus te faire plaisir. Tu souffles. Elle te fait signe. C'est parti.

Tu laisses Amicia prendre son rythme sur deux premières phrases musicales répétitives plutôt que de commencer directement comme dans l’originale. Tu t'appropries la mélodie, test la hauteur de voix que tu souhaites prendre en fredonnant dessus pour lui permettre de se tester, de vous ajuster. Amicia gère la fougère. Et tu commences.

Pour cette chanson, tu pars sur un ton plus doux et aigu que les précédentes, Cécile Corbel oblige. Ta voix est chantante Tikiti tom tes intonations papillonnantes ta tikiti tom et tu t’amuses de cette mélodie entêtante Tikiti tom ti day. Ton pied marque le rythme de lui-même tap tap tap, et tes mains modèlent ce banc en percussion katatatac, katatatac. Puisque tu ne veux pas danser seul.e, c’est le rythme qui le fera pour toi.


La musique te mène et si au début tu lui souris franchement, tu finis par fermer les yeux en chantant pour ne pas réfléchir et juste te laisser porter comme tu sais si bien le faire.


Hey Souris veux-tu qu’on se marie, j’ai de l’or et du crédit, Me cax macare duck and a dil, Tikiti tom ti day


Si tu es probablement la personne avec de l’or et du crédit dans cette histoire, tu ne t’identifies pourtant pas au chat.

Je ne veux pas me marier, Tikit tom ta tikiti tom

Voilà, c’est dit. Tu espères qu’elle a compris où tu voulais en venir en chantant et ouvre un œil curieux pour évaluer sa réaction. Tu n’y arrives pas, c’est déjà suffisamment difficile en temps normal alors dans une performance… Tu préfères te concentrer sur les glycines. Et tu continues, continues à parcourir ces phrasés galopants.

Non je ne veux pas me marier, je veux courir dans le blé, Me cax macare duck and a dill
Tikiti tom ti day


C’est étrangement représentatif de ta manière de te laisser porter par ton épicurisme, a sans cesse chercher les petits plaisirs de la vie, à ne favoriser que les décisions qui te rendent heureux.se. Au détriment des choix des autres parfois. Mais ta vie est la tienne et pour l’instant tu considères que tu n’as ni à la plier aux autres ni aux contraintes. Ta décision n’est qu’une pierre de plus à cet édifice.

Non, je ne veux pas me marier, Ôte tes pattes, vilain chat gris, Me cax macare duck and a dill, Tikiti tom ti lay


La musique se stoppe et tu reprends ton souffle et relève les yeux vers Amicia. Ce soir ton choix est on ne peut plus clair, et tu espères que le sien va dans le même sens.


Attends. Mais t’avais pas réfléchi. Tu viens de la traiter de vilain chat gris là ?

Elle affiche un sourire, serein, et tu te détends. Que ce soit parce qu’elle aime bien les chats ou parce qu’elle a compris le message, ça te rassure.

« Et vous savez quoi ? Moi non plus, du moins pas maintenant, et surtout pas dans le cadre d’un mariage arrangé. »


Tu souffles ton soulagement de façon presque exagérée : YEEEEES. Elle non pluuus. Top là fréroooot- ah non elle reprend, range ton high five deux minutes.

« J’aimerai découvrir l’amour véritable, le vrai, celui que l’on voit uniquement dans les histoires et dans les films, et ainsi unir ma vie à la personne de mes rêves, la personne de mon choix. »

Oooh you kinda romantic dude.

C’est effectivement une vision de l’amour très romancé, mais tant mieux non ? Si on s’accroche autant à ces histoires c’est bien qu’elles sont chanmé de ouf.

« En tout cas Alphonse, je vous souhaite vraiment de vivre une vie épanouie et de trouver votre voie et peut être un jour votre âme soeur. On sait tout les deux que ce ne sera jamais moi et je ne voudrais m’imposer. Même si mon père n’est pas d’accord, je ne vous imposerais jamais cette pression, soyez en assuré. Vous n’êtes pas le premier qu’il me présente et le jour où il me demandera de choisir, je vous promets d’élire quelqu’un d’autre. »

Tu regardes le sol en riant légèrement de la situation, c’est étrangement cool de ce tej’ mutuellement. Vous convenez d’une friendzone mutuelle, elle te fait la solennelle promesse de te ghost si son père lui demande de choisir, c’t’une rencontre plus que réussie. La notion de trouver ton âme sœur te fait rire aussi, c’est gentil, mais tu vas déjà commencer par réussir à mettre mes chaussettes par paire avant de chercher qui que ce soit, ça sera un bon exercice de cohésion

« Aussi, je tenais à ce que vous sachiez que vous êtes une personne formidable, drôle et sans prise de tête. Passez du temps avec vous me fait un bien fou et je ne vous en remercierez jamais assez pour cela. J’espère que nous pourrions demeurer néanmoins amis, surtout que ma mère semblait apprécier vos parents. »

Ah… peut-être ? Tu n’as pas retenu tout le réseau relationnel de tes parents (même si tu aurais pu faire l’effort de demander leur entente avec les Favershame pour ce soir), mais c’est possible. Tu préfères ne pas te demander pourquoi elle parle de sa mère au passé. Pour le reste … is this a cinnamon roll? Yeah. It is.

« Aaaahw vous êtes adorables. Je vous souhaite genre tout pareil aussi. » Tu mets ta main sur ton torse d’un air attendri puis poursuis « Passez du temps avec vous était grave drôle, t’sais je m’ennuie toujours au repas d’affaires je suis vraiment content qu’on ait pu s’enfuir pour faire de la musique dans le jardin c’était trop trop trop cool. N’hésitez pas à prétexter des repas d’affaires si vous voulez revenir organiser des gros concerts paumés dans le jardin, énorme ambiance. »


Aaah. Ca y est, son vouvoiement intempestif t'as eu.

Tu lui souris d’un air amusé. À elle de voir si elle considère que c’est un trait d’humour ou pas. À titre personnel tu trouverais ça amusant, un dîner d’affaires dont le but est de s’éclipser le plus discrètement possible. Tes parents non.

« Ceci étant dit, je suis TELLEMENT soulagé qu’on soit d’accord. J’ai eu trop peur, mais c’est parfait comme ça, rester pote ça me va très bien. On devrait retourner trinquer à la friendzone mutuelle, d’ailleurs, non ? »

Vu que vous aviez parlé de revenir pour le dessert. Oupsie, z’avez peut-être traîné. Tu tends la main dans sa direction.

« High-five-de-la-mort-qui-tue-de-la-non-demande-en-mariage ? »

Tu as décidé qu’il y aurait autant de mouv’ dans ce high five que de mots dans cette phrase. Ça sera donc long. Rip amicia.

Ah oui effectivement. Tu l’as cassé. Elle bug puis pose sa main contre la sienne d’un air pas certain. Tu fais la moue. Bon on y est presque, it’s time too lui apprendre les bases.


« Yep, c’est ça, imitez-moi je vous montre et on fait notre propre check genre… Hop… Tac… Voilà… »



Vous commencez un check classique, clap des mains, du poing, bras qui glisse sur le côté et qui aboutit à un p’tit coup d’épaule amicale, des classiques avant de partir sur des mouv’ plus douteux et ambitieux de check de genoux (abandon de la mission aux vues de sa robe), faire semblant de tenir une boule d’énergie, quelques effets de mains un peu stylés, bait-check, clap dos à dos, et en finissant sur un dab. Tu aurais proposé le backflip sinon, mais sa tenue n’a pas l’air pratique. En tout c’est en 13 phases. Parfait.


« Special handshake for special people, buddyyy. »


Thumbs up pour appuyer ton propos. Si vous vous recroisez, vous pourrez donc vous saluer avec décence grâce à cette méthode infaillible.

« Bien, et si nous y retournions a présent ? Nos parents doivent nous attendre pour le dessert. »


Tu hoches la tête avec un entousiasme beaucoup plus mesuré à l'idée de retourner à l'intérieur. Ca a au moins l'avantage de te faire ralentir le pas. Mais bon dieu. Ca va être long.

W T F
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Une longue soirée de non fiançailles [PV Amicia] - FINI Signat11
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Amicia S. Faversham
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Mer 12 Mai - 15:18


Une longue soirée de non fiançailles


ft Alphonse


J’étais tranquillement installée sur mon lit dans ma chambre à écouter de la musique avec l’aide de mon ordinateur tout en révisant mes leçons de la journée, lorsque j’entendis la voiture de mon père se garer dans l’allée. Je regardais l’heure : il rentrait tôt de son travail pour ses habitues, et ça, ça voulait dire que nous n’allions pas rester tranquillement à la maison mais plutôt sortir pour dîner. Je soupirais d’avance : il allait surement m’emmener dans un diner professionnel à faire la conversation à des inconnus dont je n’en avais rien à faire. J’arrêtai ma musique et vérifiai dans mon miroir si j’étais présentable.

Mon père finit par rentrer dans ma chambre et s’arrêta non loin du seuil, m’observant un instant.

- Bonsoir Amicia, avez-vous passé une bonne journée ?

Assise bien droite sur le bord de mon lit, les mains posées sur mes genoux, j’affichais un sourire qui sonnait faux sur mon visage et salua mon père :

- Bonsoir père, excellente je dirais. Et vous, votre travail ?
- Très bien. Nous sortons dîner chez les de Villeneuve de soir, apprêtez-vous convenablement, vous devez les impressionner comme il se doit.

Ca, ça voulait dire deux choses : soit mon père voulait demander ou obtenir quelque chose des de Villeneuve, bien qu’ils étaient des amis de longue date de ma mère, soit la deuxième option que je soupçonnait plus que sérieusement, au vu de ces dernières semaines.

- Il en sera fait selon votre volonté. Mais puis-je vous demander pourquoi dois-je les impressionner ?
- Les de Villeneuves ont un fils, Alphonse. J’aimerai que vous fassiez sa connaissance.

Et voila qui confirmait la chose : le mariage arrangé que mon père voulait plus ou moins m’imposer. Je n’avais que 17 ans et j’allais en avoir 18 à la fin de cette année-là, et approchant de ma majorité, mon père commençait à me présenter des jeunes hommes de bonne famille dans l’optique que j’apprenne à les connaitre au fil des années et que je puisse en choisir un, un jour, qui me convienne et avec qui je ferais ma vie. Mais pour le moment, tous ceux que j’avais rencontré s’intéressait plus à ce que je pouvais leur apporter en tant qu’épouse plutôt qu’à ma véritable personne. S’en était affligeant.

- J’ai compris, je ferais au mieux pour leur faire bonne impression.
- Prenez votre violon, vos nous ferez une petite démonstration de votre talent à la fin du dîner.
- Très bien, père.

Il sortit alors de la pièce, me laissant seule. En observant mon reflet dans le miroir, je ne pus m’empêcher de soupirer. Bien, j’avais quelques heures pour transformer cette épave en quelque chose d’a peu près convenable aux yeux de mon père. Et ce qu’il en ressortit au bout de ces quelques heures de préparation ce fut un corps maquillé légèrement, vêtu d’une robe bleu nuit somptueuse et des cheveux attachés en queue de cheval surmonté d’un diadème, et surtout en âme encore plus malheureuse qu’avant.

*****

Nous étions installé autour de la table, chez les de Villeneuve, à déguster cet excellent dîner qui nous avait été servi. Les adultes se tenaient d’un côté, les jeunes de l’autre, et autant la conversation, bien que cordiale, étaient plutôt animée du côté des adultes, autant de notre côté, c’était le calme plat. J’avais le nez dans mon assiette et me permettait de jeter des petits coups d’œil discret à mon voisin, ne sachant pas comment briser la glace entre nous. Mon père m’avait répété cent fois dans la voiture à quel point ce diner était important et je m’étais faite la plus belle pour ça, mais je devais avouer que maintenant que nous y étions, je me sentais dépassée et impressionnée. Il fallait que je fasse bonne figure, faisant transparaitre toute ma bonne éducation, et ça passait dans un maintien droit, le menton légèrement relevé et une expression amicale affichée sur mon visage. Mais je n’arrivais pas à vaincre ma timidité. Ce fut Alphonse qui finit par faire :

- Bonjouuurs Amicia, ravie de te rencontrer mes parents m’ont beaucoup parler de toi et je crois avoir compris qu’il y avait peu de chance que tu aimes les cartes magic, c’vrai ?

J’osais enfin tourner mon regard vers mon voisin de table, jusqu’ici trop impressionnée. Ce fut un soulagement lorsqu’il engagea la conversation, bien que sa question me décontenançât.

- Enchantée également. Je n’ai jamais eu de carte magique de ma vie, je ne sais même pas à quoi ça ressemble, vous m’en voyez navré. Qu’est-ce donc ?

Le jeune homme semblait avoir la bougeotte et n’arrêtait pas de prendre et reposer ses couverts. Serait-il nerveux ? Peut être à cause de moi ? Ou alors c’était tout simplement dans sa nature, je devais arrêter de croire que tout était de ma seule faute.

- Aaaah c’était pas des mythos, alors. C’est des cartes à jouer et à collectionner vachement chouettes. C’est LA référence dans le domaine. J’pourrais te montrer mes decks si ça t’intéresse de découvrir, mais c’est pas celles que je préfère perso. OH J’AVAIS PAS VU TA ROBE ELLE EST SO STYLISH J’VEUX LA MÊME, tu l’as acheté oùùùùùùù ?!

Il marqua alors une pause alors que je réfléchissais à ce qu’il venait de dire, plissant les yeux un instant. Puis finalement il revient à son expression naturelle et s’exprima :

-  J’suis pas censé dire ça, c’est ça ? Asy fait la conversation genre normal et tout sinon ils vont encore me charrier.

La réaction du jeune homme m’arracha un sourire amusé. Il avait au moins le don de décomplexer la situation et de me rappeler que je n’avais que 17, bientôt 18 ans et que j’avais aussi le droit de m’amuser.

- Ne vous inquiétez pas, je vais gérer. En tout cas merci pour ma robe, je l’aime beaucoup, je l’ai acheté chez un grand couturier à Paris pour mon anniversaire, mais je ne saurais vous dire le nom... faudrait que je me renseigne auprès de mon père mais il n’aura sans doute pas l’information ce soir. Mais de mémoire, ça vient de chez un grand créateur italien je crois. En tout cas j’adore la matière, à la fois légère et confortable.

Et elle mettait surtout toutes mes formes en valeur, offrant un joli décolleté sur ma poitrine et ce bleu nuit contrastait avec ma peau claire et mes cheveux argentés.

- En tout cas j’aime beaucoup votre costume aussi. Italien à vue d’œil ?
- Ah merci c’est gentil ! Et non, il ne parle aucune langue. 

La réponse du jeune homme me rendis perplexe, laissant ma fourchette en suspend devant moi. Qu’est ce qui ne parlait aucune langue ? Je papillonnai des cils avant de me reconcentrer sur ma fourchette et de manger ma bouchée.

- Qui est-ce qui ne parle aucune langue ? J’ai peur de ne pas vous suivre.
- Ben. Le costume, t-vous m’avez demandé s’il était ital- Oh. Ah oui ok les créateurs tout ça tout ça ouaiii j’avais bien compris.

Ca y est, il venait enfin de comprendre le vrai sens de ma question. Je ne savais pas du tout sur quelle idée il était partit, surement qu'il avait mal entendu la première fois ou que son cerveau avait fait un amalgame.

-  C’t’était un trait d’humour.

J’esquissai un sourire. Je ne croyais pas beaucoup à un trait d’humour mais plutôt à une inattention de sa part. Mais pour cela je lui pardonnais. Il marqua alors une pause, réfléchissant probablement à ma question. Je pris alors une nouvelle bouchée, attendant patiemment qu’il me réponde.

- Ah oui c’est ça. Sacré œil. T’es styliste ?

Sa remarque me fit plaisir, élargissant peu à peu mon sourire. Je n’avais que peu de connaissance dans le monde de la mode, ne connaissant que les grands couturier de notre siècle et le nom des tissus les plus fréquemment utilisé pour fabriquer des vêtements. Mais j’aimais les vêtements et le shopping, ma mère m’ayant transmis le virus et m’ayant apprit que porter suivant circonstances, chaque vêtement ayant son propre langage.

- Non mais j’aime beaucoup le monde de la mode et des vêtements. C’est ma mère qui m’a donnée le virus, elle-même étant très versé dedans. Quand je ne vais pas bien, j’ai tendance à aller faire les boutiques pour me changer les idées, même si je n’achète rien.

Je vis mon père me lancer un regard. Il n’aimait pas trop quand je sortais toute seule depuis la mort de sa mère pour aller traîner en ville, me faisant escorter de mon seul chauffeur. Je n’étais certes pas encore majeur mais assez grande pour sortir seule à présent. Je baissai mon regard sur mon assiette en signe de soumission et pris une nouvelle bouchée avant de me tourner de nouveau vers mon voisin.

- Mais vous, avez-vous des passions dans la vie autre que les cartes magiques ?

Le visage d’Alphonse s’illumina. Visiblement, j’avais posé la question qui lui faisait plaisir. Personnellement, ça me permettait d’en apprendre plus sur lui, donc si ça lui procurait autant de joie de me parler de ce qu’il aimait, ça ne pouvait qu’en être bénéfique.

- OUIIIIII. Les cartes c’est juste comme çaaaa, mais J’ADOOOORE le chant et la danse j’en fais depuis petit.e c’est trop trop trop bien. Plein de types de chant et de danse. C’est vraiment la best chose sur terre. Tu voudras danser après dans la soirée ? Ah j’ai oublié, j’adore aussi le skateboard, le jeu de rôle crée des vidéos, j’ai déjà dit le skateboard ? Bah skateboard quand même, j’aime bien cuisiner, mais c’est pas encore ça, et j’adoooooore aussi la mode. Mais un peu ma propre mode, du coup c’est pas la mode en fait lol, c’est juste aimé bien s’habiller. L’équitation c’est v’la chouette aussi. J’ai déjà essayé la trompette c’était chanmé mais j’aimerais aussi essayer la flûte traversière. Et le kayak. En fait j’oublie plein de trucs, mais c’est pas grave, de toute manière ça évolue. J’aime trop de ouf découvrir des nouvelles activités, c’est vraiment la base. En fait c’est ça ma passion, avoir plein de passion.  J’adore la vie c’est vraiment trop coOOool. 

Je regardai Alphonse avec un sourire aux lèvres. Décidément il en avait des passions et semblait vraiment passionné par tout, plein de vie et joie. Ça me faisait du bien de voir une personne avec une mentalité aussi positive, ça me sortait de son train de vie morne et triste dans lequel je m’étais enfermée depuis ces quatre dernières années, depuis la mort de ma mère. Il avait cette insouciance que j’avais perdue depuis, et ça me donnait le sourire l’espace d’une soirée, même si je savais que je ne pourrais partager sa joie.

- Ça en fait des passions. Personnellement je ne fais que du violon, du piano et du chant. J’apprécie toute sorte de musique, bien que je travaille principalement du classique et de l’opéra. Après concernant la danse... j’ai un professeur qui a bien essayé de m’enseigner les danses de salon mais je suis une piètre danseuse. Mais peut être qu’avec vous j’y arriverai, qui sait.

Je lui glissai un léger sourire pour souligner ma dernière phrase. J’aimais bien la danse, mais je ne m’étais jamais montrée très douée dedans aussi avais-je arrêté de me torturer. Mais peut être qu’avec une personne avec qui je savais que c’était plus pour m’amuser que pour les apparences, peut être que ça passerait mieux. Et puis, j’avais bien le droit de m’amuser de temps à autre.

Alphonse me regarda avec une lueur au fond des yeux, remplis de joie et d’une pointe d’admiration. Je l’entendis murmurer un « Trop cooool » avant de sortir de sa torpeur, arraché par les propres mots de sa mère qui l’invitait à sortir pour aller prendre l’air et me faire visiter les jardins. Pourquoi pas avais-je envie de dire, ça me permettrait d’échapper à cette ambiance étouffante et d’être seule en tête à tête avec mon hôte, et devenir enfin moi-même, loin du regard inquisiteur de mon père.

- Yeeees de OUF. Je veux dire, oui bien sûr maman, hahaha, on sooort. Passez un agréable moment. Nous reviendrons pour le dessert. 

Je le regardai un instant, esquissant un sourire devant son attitude. Puis j’observai le visage de mon père. Celui-ci n’affichait aucune expression mais je lisais au fond de ses yeux une pointe d’exaspération devant l’attitude du fils de nos hôtes. Il en faisait fit car il savait que les de Villeneuve étaient des partenaires commerciaux et des amis importants pour notre famille, mais il devait sans doute se demander comment Alphonse avait-il été élevé. Tous n’avaient pas ma consilience père, tous n’étaient pas aussi obéissant et bien formaté que moi, et heureusement, car le monde serait bien triste sinon.

- WOUHOU, enfin libre, bon sang c’était épuisant toutes ces conventions sociales. 

Le petit cri de soulagement d’Alphonse me fit sortir de mes pensées et je reposai alors mon regard sur lui. A celui-là, décidément, comme s’il les avait respectés depuis le début. De nous deux, je faisais la personne la plus bien élevé et respectable, alors qu’il était mon ainé. Mais personnellement, je préférais le voir comme ça, naturel et sans prise de tête, c’était bien plus agréable.
Il se tourna alors vers moi et me demanda gentiment, une idée luisant au fond des yeux :

-  J’ai pensé à un truc, est-ce que tu as ton violon ? Parce que ça pourrait être super fun de faire de la musique et chanter dans le kiosque du jardin, l’acoustique est topissime.

Je fis un petit hochement de la tête. Mais avant cela, il fallait que je demande à pouvoir sortir de table. Les apparences, toujours les apparences. Je jouais dans une immense pièce de théâtre qui n’avait pour unique but d’impressionner les de Villeneuve par mon éducation parfaite. Aussi, tant que j’étais dans cette pièce, je ne pouvais lâcher mon rôle. Aussi, me levai-je de ma chaise et me tournai vers mon père.

- Père, puis-je sortir dans le jardin avec Alphonse ?

Mon père posa alors les yeux sur moi et après un regard échangé avec les de Villeneuve, il hocha la tête.

- Permission accordée. Mais couvrez-vous avant, je n’aimerai pas que vous attrapiez froid.
- Bien entendu, je vous en remercie.

Je saluai d’un petit mouvement de tête les parents puis demandai poliment à un majordome qu’on m’apporte mon châle. Une fois celui-ci mît sur mes épaules, je rejoignis le jeune homme pour le prévenir que je devais aller chercher mon instrument que j’avais apporté avec moi mais que pour cela, il allait devoir m’attendre :

- J’ai effectivement mon violon, mon père s’étant dit qu’une petite démonstration après le repas auprès de vos parents pourrait être une bonne idée. Ne bougez pas je vais aller le chercher, il doit être resté dans le vestibule.

Je parcourus les longs couloirs à la recherche de mon violon et finis par mettre la main dessus, effleurant un instant l’instrument des doigts, admirant encore une fois le seul cadeau que ma mère m’avait légué. Je m’emparai ensuite de mon violon et de l’archet puis fit le chemin inverse pour aller retrouver le jeune homme qui... m’attendait, ouais enfin attendre on y repassera.

- Et voilà je suis prête ! Je vous suis.

Il m’invita alors à le suivre en dehors de la bâtisse, nous faisant déboucher à l’arrière dans un magnifique jardin sur lequel la nuit projetait des ombres inquiétantes mais qui, grâce à l’éclairage, ne semblait pas perdre en charme et en magnificence.

- Hop on va aller par-là ! Comme tu peux le voir, on est plus fan des jardins à l’anglaise qu’à la française. Tout est toujours si… ancré dans un formalisme géométrique flippant. Le design anglais laisse beaucoup plus de place à l’expression végétale je trouve, avec cet aspect un peu sauvage qui prend le contrepied de l’esthétique française. Au contraire, ce qui est cadré avec l’esthétique anglaise c’est plus le choix des points de vue qui vont être mis en valeur par l’ensemble, c’est vachement plus malin. Enfin c’est qu’une question de goût, tu préfères p’t’être les jardins français toi. No offense.

J’observai le jardin. Il était vraiment très différent du jardin de ma mère qui était à présent à l’abandon, à l’arrière de mon ancienne maison en cendre. Mes parents à l’époque avaient opté pour un jardin à la française avec comme pièce maîtresse tout au fond une magnifique roseraie au centre de laquelle trônait une statue de Diane, la fameuse statue de Diane déesse de la chasse. J’avais toujours aimé le jardin de ma mère et passais des heures à jouer au milieu de la roseraie ou à regarder les étoiles. A présent, ma nouvelle maison possédait un jardin plus petit qui était plus un parc qu’un réel jardin.

Mais je devais avouer que le style à l’anglaise avait tout autant de charme, donnant un aspect qui se voulait plus naturel. En réalité je ne saurais dire quel style je préférais. Les deux avaient leurs avantages et leur beauté comme leur contraintes.

- Et bien je n’ai pas de préférence, j’aime bien les deux, bien que j’ai une préférence pour les roses. Ma mère possédait une magnifique roseraie dans notre ancienne demeure. Une merveille. J’y passais énormément de temps en été.

Repenser à tout ça me mit un peu mal au niveau du moral mais je fis bonne figure, affichant une expression neutre et essayant de m’extasier sur ce que le jardin des de Villeneuve avaient à offrir. J’étais à une soirée et ne pouvais afficher ouvertement mes sentiments, mon père ne me l’aurait pas permis. Je devais tout refouler comme toujours et ne pleurer que lorsque je serai sous mes draps. De plus, a force de pratique, j’étais devenue une excellente actrice, intériorisant facilement mon mal être pour n’afficher que ce que je voulais que les gens voient de ma personne.

- En tout cas ce jardin est vraiment magnifique, il n’y a pas à dire. Votre personnel fait un excellent travail pour entretenir un tel bijou.
- Ouaiii, ils sont forts. Puis les jardiniers sont vraiment super sympas j’aime bien papoter avec quand ils travaillent. Si t’aimes bien ce type de fleurs, il y a les rosiers Louis Bleriot là-bas ! Atta, je vais te montrer !

Je suivis Alphonse à travers le jardin, l'écoutant avec passion et amusement parler de son jardin. Il semblait si passionné que s'en était attendrissant, et il y avait tellement à voir. Je ne pouvais m'empêcher de faire des remarques, de lui poser des questions ou de faire des parallèles avec le jardin de ma mère. En tout cas, j’appréciais de plus en plus la compagnie de mon hôte, bien qu'il me semblât toujours étrange dans certains moments.

Nous arrivâmes finalement devant le kiosque et Alphonse me laissa alors passer. Je le remerciai, remontant un pan de sa robe pour ne pas se prendre les pieds dedans en montant les marches. Une fois à l'intérieur, je regardai autour de moi. Nous avions une magnifique vue sur tout le jardin d'ici, c'était vraiment splendide. Et l'air était doux et frais pour la saison, on sentait que les beaux jours arrivaient bientôt. Je me tournai finalement vers la seule personne présente avec moi dans ce kiosque et lui souris gentiment.

- Magnifique demeure en tout cas. Bien maintenant que nous sommes là, que voulez-vous chanter ou jouer ? Je ne pense pas connaitre tout votre répertoire et vous ne connaissez sans doute pas le miens, aussi je vous laisse choisir cette première chanson et je m'adapterais, car après tout, nous sommes bien ici pour jouer ?

Et j’avais vraiment hâte de montrer au jeune homme mon talent pour le chant et le violon. Surtout que mon père n'était pas là, il n'en saurait donc jamais rien que je m’étais permise de chanter devant Alphonse. Et il me mettait si bien en confiance grâce à son naturel que je me sentais pousser des ailes et voulais me lâcher un peu, montrer qui j’étais réellement au-delà des apparences de petite fille bien élevé que je m’efforçais d'être. Et puis, pour une fois que j’avais l'occasion de m’amuser, je le ferais.

- Exactly. C’est le mood ! Alors alors la première chanson… Quel honneur. JE SAIS. Le générique de Wakfu. Il est trop trop cool non ? 

Le générique de quoi ? Je n'avais aucune idée de ce dont il parlait, mais alors aucune. C'était quoi... Ouakfou ? Très bizarre comme nom d'ailleurs. Ah si seulement j’avais eu une éducation comme tous les autres enfants de mon age et que j’avais donc les mêmes références culturelles, je pourrais connaitre, mais là, ça me dépassait totalement. Et bien tant pis, il allait... ah non.

- Attend c’est p’t’être pas ton style. T’écoutes quoi comme style de musique exactement ?
- Et bien... mon père ne me fait écouter que de la musique classique et mes professeurs jouer uniquement ça. Mais maintenant que j'ai un ordinateur, j'aime bien fouiller la toile à la recherche de musique de films, comme ça, ça reste de la musique d'orchestre. Sinon quand il n'est pas là, j'écoute un peu de tout mais surtout de la variété française, Céline Dion et Lara Fabian principalement, et après un peu de pop anglophone tirant parfois sur du rock. Mais je suis ouverte à, à peu près, tout, sauf le rap, je n'aime pas beaucoup le rap. Et vous ?

Je marquai alors une pause gênée par mon ignorance. Mais vainquant ma gêne, j’osai alors demander :

- Et c'est quoi.... Ouakfou ?
- C’est un dessin animé français créé par Ankama ! Vachement chouette si vous avez l’occasion de regarder, c’est de l’héroic Fantasy et l’animation est coooool. J’écoute vraiment tout style de musique. Surtout des trucs qui bougent, mais… vraiment de tout. De toute manière chaque style a tellement de variantes que c’est difficile de ne rien aimer dans “un style”, comme dans le rap par exemple, c’est mégavaste. Ou la variété. D’ailleurs c’est bizarre, c’est personnel la haine de votre père envers Céline Dion et Lara Fabian ? 

Un dessin animé ? Voilà bien une chose que je ne regardais plus depuis des années. J’avais vu tous les classiques Disney et ça c'était arrêté là. Mais concernant sa recommandation, déjà que j’avais du mal à voir un film à l'heure actuelle, alors un dessin animé, n'en parlons pas...

En tout cas je comprenais ce qu'il voulait dire concernant la musique, et c'est vrai que dans la musique, il y avait a boire et à manger, et peut être n'étais-je pas tombé sur de bons raps, qui sait ?
Je soupirai légèrement à l'évocation de mon père : toute la problématique de ma triste vie.

- Il n'a pas vraiment une haine contre ces chanteuses, c'est juste que... A ses yeux, rien n'a autant valeur que la musique classique. Et comme il veut que mon éducation soit parfaite, et bien il ne veut pas que je m'encombre l'esprit avec de telles idioties, comme il dit, et préfère que je travaille mes cours ou mon violon plutôt que d'écouter des chansons qui à ses oreilles sont trop populaires. C'est comme il m'empêche aussi de travailler le chant pour que je me concentre uniquement sur le violon, car ça fait plus virtuose et plus travaillé à ses yeux. Ce qui est absurde, je maîtrise des chants d'opéra qui me demande bien plus de technicité dans la voix que certains morceaux au violon.

Je secouai la tête en soupirant, m'approchant de la balustrade du kiosque et posant mes yeux sur le paysage.

- Parfois je ne le comprends pas. Et j'aurais beau argumenter, il ne veut rien entendre. Il a sa vision des choses et je ne peux rien dire ni m'y soustraire. C'est ainsi et je dois l'accepter. Après tout, c'est lui l'adulte, il sait surement mieux ce qui est bien ou non pour moi.
- Beh ? Quoi ? What the fuck ?! 

Je me tournai alors vers Alphonse, fronçant légèrement les sourcils, surprise par sa réaction. Quoi que non, ce n’était pas si étonnant que cela en y réfléchissant : comment pourrait il comprendre ma situation lui qui ne semblait nullement brimé par ses parents et qui ne s’enfermait pas dans une éducation bien trop stricte au gout de tout le monde.

-  Il est pas un peu débile ?

Je baissai les yeux et regarda mon violon que je tenais entre ses mains. Ca, je n'aurais jamais osé le dire à voix haute bien que parfois je le pensais vraiment. Mon père pouvait vraiment être un abrutit parfois. Après, comme il était très souvent absent, j’arrivais toujours à faire ce que je voulais dans son dos, tant que ça ne s'entendait pas ou ça ne se voyait pas. Je soupçonnais ma gouvernante de la surveiller pour le compte de mon père.

- Je ne sais pas, borné et sans tact oui, très souvent absent car retenu par son travail aussi, peu investit dans ma vie personnelle également. Tout ce qui compte à ses yeux j'ai l'impression, c'est l'image que je renvoie aux autres, et pas réellement qui je suis. Mais ça toujours été comme cela, d'aussi loin que je me souvienne. Je ne suis que sa petite fille bonne à marier et qu'il faut au mieux préparer pour cela. Mes goûts et mes couleurs, il n'en a que faire. Je dois rentrer dans son moule, un point c'est tout.

Ou sinon... Mieux ne valait-il pas y penser. Pas besoin d’étaler mes déboires personnels et donner une image encore plus dégradante de mon père aux yeux d'Alphonse. Je finis par me détacher de la balustrade et me tourna vers mon hôte.

- Enfin bref, passons, nous sommes là pour jouer après tout. Ou chanter. Vous êtes-vous décidé sur une chanson ?

Mais visiblement Alphonse butait toujours sur ce que je venais de sortir précédemment, ne comprenant qu’à moitié ma situation. En même temps, comment pourrait-il comprendre ? Il fallait la vivre pour s’en rendre compte. Et je ne souhaitais à personne d’être dans ma position : bien que j’eusse de l’argent et une bonne situation sociale. Mais je me sentais comme un oiseau enfermé dans une volière dans un zoo. Un oiseau bien nourrit, bien logé, bien soigné mais qui ne pouvait s’envoler pour explorer d’autres contrées et qui était montré à des visiteurs comme une curiosité, une bête de foire, que l’on admirait pour la beauté de son plumage et sa voix mélodieuse, mais pas pour sa personnalité.

- Non, mais du coup oui. Il est débile et sexiste. Tu devrais avoir le droit de faire ce qui te chante. Je… je comprends pas, il est bloqué au moyen-âge et particulièrement con, mais ça à l’air grave, enfin… non, mais je comprends vraiment pas…

Je soupirai. Je ne voulais vraiment pas faire étalage de mon éducation et de mon passé devant lui. Surtout que j’avais pour ordre d'impressionner sa famille, pas de dégrader l'image de la mienne. Si mon père apprenait ce que je venais de lui révéler, il n'allait vraiment pas être content. Je posai mon instrument sur le sol. Si je pouvais utiliser ma magie, je l'aurais mis en suspension dans les airs à côté de moi, mais ce n'était pas trop possible. Puis je m'approchai de son interlocuteur et posai une main sur son bras.

- Ecoutez, ma vie est ainsi faite et j'ai finis par l'accepter. N'essayez pas de comprendre car moi-même j'ai arrêté de chercher pour finalement m'y faire à l'idée. Mon père et ainsi et ne changera pas, et je ne pourrais rien contre ça. Je sais que c'est une forme poussée de patriarcat mais je ne puis m'y soustraire. Donc s'il vous plait, oubliez tout ceci, dites-vous que c'est mon choix et pensons à autre chose. Tout ceci ne vaut vraiment pas la peine que l'on s'y attarde.

J’enlevai ma main du jeune homme et lui fit un sourire, essayant d'afficher une façade de joie et de bien être comme j’avais appris à le faire, bien qu'au fond de mes yeux brillait une pointe de tristesse et de détresse. Ma vie ne me convenait pas, j’étais malheureuse et je le savais. Mais ne pouvant faire autrement, je me contentais de profiter au maximum des petites sources de bonheur que je trouvais par ci par là, et d'oublier que je vivais enchaînée, enfermée dans une cage dorée. Ma vie était triste et ennuyeuse et je préférais oublier tout ceci pour me concentrer sur ces sources de joie bien plus importantes.

- Comme… vous voulez ?  Je ne vais pas insister si tu ne veux pas t’y attarder. Tu préfères rentrer peut-être ? 

J’affichai un sourire et secouai négativement la tête. Rentrer ? Alors que j’arrivais enfin à me soustraire un instant à mon père pour pouvoir faire ce que j’aimais par-dessus tout dans la vie, c'est à dire, la musique ? Ou que non, je n'avais pas envie de rentrer. Et puis comme il ne semblait pas décidé à choisir une musique, elle allait l'y inciter.

- Non, ne vous inquiétez pas. Autant profiter d'être enfin loin de lui pour jouer un peu.

Je retournai auprès de son instrument et le ramassai. Puis je me tournai de nouveau vers lui et tout en accordant son violon, je réfléchis à ce que je pourrais bien pouvoir jouer. Il semblait aimer un peu de tout. Et vu qu'il chantait... Et si on ne faisait pas une petite chanson Disney pour commencer ? Histoire de se mettre dans une bonne ambiance ? Mais laquelle ? Réfléchissons... Pas une chanson d'amour, plus une qui respire l'aventure... Une me vient alors à l'esprit et je commençai alors à entamer au violon "Un homme libre" de la Planète au Trésor, Disney que je n'avais que très peu vu mais dont sa chanson principale m’avait toujours inspiré. Et tant pis si Alphonse ne la connaissait pas, au moins elle, elle s'amusait et prenait du plaisir à la jouer, se laissant aller complètement, retournant en enfance en quelques secondes.

Alphonse finit par me rejoindre et chanta les paroles en s’accordant à mon violon. Je devais avouer qu'il avait une très jolie voix qui s'accordait parfaitement avec la hauteur de mon instrument. Je n'aurais jamais soupçonné qu'il aurait un tel talent pour le chant et mis d'autant plus d'entrain et de passion pour souligner sa voix. Je ne compris pas toutes ses modifications de paroles : il employait parfois des mots qui échappaient à ma compréhension, mais malgré tout, je ne pouvais m’empêcher de sourire.

A la fin de leur petite prestation, elle ne put s'empêcher de faire une petite révérence de la tête sous ses applaudissement, un sourire aux lèvres.

- Wouaaahouu bon sang c’était hyper stylé, tu joue super bien ! Je suis sou-fflé. 
- Et vous, vous avez une voix très agréable à écouter, je suis sincèrement surprise.

Elle souligna sa phrase en mettant plus de sincérité dans son sourire.

- Haha, merci ! Je fais du chant depuis petit.e.

Je promenai mes doigts le long du manche de mon violon, toujours calé contre mon cou, cherchant quoi jouer. Il y avait tellement de chansons possibles... Si je restais dans le monde de mon enfance... Le Roi Lion, un immense classique. La première qui lui vient fut alors "Je voudrais déjà être roi" qui avait l'avantage d'être joyeuse et amusante tout en offrant une gamme de mélodie plutôt sympathique. J’échangeai un regard avec Alphonse, un sourire aux lèvres et entamai alors les premières notes, espérant qu'il me suive dans son envie d'évasion, ce dont je ne doutais absolument pas vu le personnage. Elle se doutait même qu'il allait modifier sa voix pour faire l'oiseau.

Et je ne fus pas déçu lors qu’Alphonse commença à chanter. L'attitude du jeune homme me fit presque rire, a ainsi caricaturer et rentrer dans un aspect très théâtral de la chanson. Je n'en attendais réellement pas moins de lui. Le plus drôle étant quand il prenait une voix féminine pour faire la voix de la lionne. J’aurais presque pu louper quelques notes tellement c'était drôle.

Finalement, à la fin du morceau, je finis par rire de bon cœur avec lui, ne pouvant me retenir. Je portai une main devant sa bouche pour essayer de me retenir, mais rien à faire. De plus le rire du chanteur était contagieux, comment y résister ? Une fois le fou rire passé, je l'observai un instant.

Je lus alors dans ses yeux que quelque chose le perturbait et le chagrinait mais je ne savait pas dire quoi. Mais une légère gêne était bien présente entre nous et ma curiosité aurait aimé savoir de quoi il en retournait. Mais c'était probablement quelque chose de personnel et il était inconvenant de le lui demander. Aussi, décidai-je de passer outre pour le moment. S'il voulait m’en parler, il le ferait.

- Je peux choisir la prochaine ?
- Oui assurément. Que voulez-vous chanter ?
- Le bal des chats, de Cécile Corbel, ça vous dit quelque chose ?

J’écoutai attentivement le fredonnement du jeune homme mais ni le titre ni l'air ne me disait quelque chose. J’en étais alors navrée.

- Non désolée, je ne connais pas.

Je réfléchis alors un instant. Si seulement j’avais mon ordinateur avec moi, j’aurais pu trouver la partition sur internet et ainsi satisfaire la demande d'Alphonse. Mais je n'avais aucun outil pour pouvoir aller sur internet, mon père refusant catégoriquement que j’ai un téléphone, étant toujours accompagnée au moins de mon chauffeur / garde du corps quand je sortais qui lui en avait un.

- Mais si vous avez un téléphone sur vous et internet, je pourrais peut-être trouver et apprendre rapidement la partition.
- J’ai !

Il sortit alors son téléphone et pianota dessus à la recherche de la précieuse partition, concentré dans sa tâche. Cette chanson lui tenait visiblement à cœur et je ne pouvais m’empêcher de me demander de quoi il en retournait. Tout ce que je savais c’est que ça parlait de chats et de bal, vu le titre. Il finit par me tendre son téléphone, ayant probablement trouvé ce qu’il cherchait.

- Ça t’ira vous êtes sur ? On pourra le caler dans l’angle là si tu veux la partition en jouant. Ou si vous préférez changer de musique, n’hésitez pas. 

Je saisis alors le téléphone. L'écran allait être trop petit pour suivre en direct, pas le choix je devais l'apprendre par coeur.

- Donnez-moi 5 minutes je vais tenter de la mémoriser.

Je lus une première fois la partition et vit que c'était assez répétitif dans les notes. Au final, je n'avais que quelques mesures à apprendre par coeur puis à multiplier, rien de très compliqué. Je fis plusieurs fois les mouvements sur le manche de son violon en même temps que je lisais la partition pour ancrer la gestuelle et donc les notes dans mon esprit. Je fis même quelques essais pour voir si j’avais bien tout retenu.

Une fois à peu près sûre de moi, je posai tout de même le téléphone bien en évidence sur la rambarde du kiosque pour avoir la partition en pense bête.

- Je pense que c'est bon. Pardonnez-moi d'avance s'il y a des erreurs mais je ne pourrais faire mieux en si peu de temps.

Je me remémorai une dernière fois les notes dans mon esprit avant de faire signe au jeune homme que j’étais prête et alors entamer la comptine dont l'air sonnait agréablement à ses oreilles.

La musique était entraînante et même si certaines paroles m’échappèrent comme les tikiti tom, je compris le message globale de la chanson, bien que je devais me concentrer pour ne pas perdre le fil des répétions de mesures et suivre le rythme qu'il imposait. C'était l'histoire d'un chat qui arrivait dans un bal de souris et qui voulait se marier mais la souris ne voulait pas. Jolie petite histoire raconté de manière toute mignonne.

Je levai les yeux vers le jeune homme et, alors que la chanson répétait inlassablement que la souris ne voulait pas se marier, je lus au fond de ses pupilles qu'il y avait un sous texte à comprendre. Il n'avait pas choisi cette chanson par hasard, clairement pas. Et c'était donc ça son malaise de tout à l'heure, la chose qui l'avait rendu nerveux.

A la fin de la chanson, je dégageai mon violon de mon cou et le laissa retomber le long de ma jambe. Je regardai un instant le jardin, soupirant et cherchant comment formuler mes propos. Finalement, un sourire s'afficha sur mon visage, un sentiment de soulagement s'emparant de mon être. Je reposai alors mes yeux sur Alphonse.

- Et vous savez quoi ? Moi non plus, du moins pas maintenant, et surtout pas dans le cadre d'un mariage arrangé.

Je marquai une pause et observa le jeune homme. J’avais visiblement touché juste.

- J'aimerai découvrir l'amour véritable, le vrai, celui que l'on voit uniquement dans les histoires et dans les films, et ainsi unir ma vie à la personne de mes rêves, la personne de mon choix.

Mais entre ce que je voulais et la réalité se dressait mon père. J’allais avoir 18 ans à la fin de l'année et je savais qu'en devenant majeur il ne pourrait plus rien m’imposer. Mais financièrement j’étais dépendante de lui : comment pourrais-je m'en sortir sans argent si je décidais de me rebeller une bonne fois pour toute ? Et surtout, ou irais-je ? Je n’avais nulle part où aller, n’ayant plus de famille hormis mon père. Aussi douloureux cela pouvait être, je n'avais pas le choix que de lui obéir, pas tant que je n'aurais pas un travail et une maison, et que je serais donc indépendante.

Je serai mes doigts autour du manche de mon instrument. Je n'avais pas le doit de craquer, il allait encore paniquer comme tout à l'heure sinon. Je m'accoudai alors à la balustrade et observai le paysage.

- En tout cas Alphonse, je vous souhaite vraiment de vivre une vie épanouie et de trouver votre voie et peut être un jour votre âme soeur. On sait tout les deux que ce ne sera jamais moi et je ne voudrais m'imposer. Même si mon père n'est pas d'accord, je ne vous imposerais jamais cette pression, soyez en assuré. Vous n'êtes pas le premier qu'il me présente et le jour ou il me demandera de choisir, je vous promets d’élire quelqu'un d'autre.

Je marquai une pause et observai mes mains.

- Aussi, je tenais à ce que vous sachiez que vous êtes une personne formidable, drôle et sans prise de tête. Passez du temps avec vous me fait un bien fou et je ne vous en remercierai jamais assez pour cela. J'espère que nous pourrions demeurer néanmoins amis, surtout que ma mère semblait apprécier vos parents.

Ma mère, qui avait à l'heure actuelle disparue de cette terre et qui ne pouvait donc plus s'imposer entre son mari et sa fille pour éviter le gâchis qui se profilait à l'horizon. Je le savais : depuis sa mort, ma vie ne serait plus que souffrance, tristesse et condamnation. Mon père avait tracé toute mon existence et à moins de trouver un mari compréhensif et qui voudrait vraiment mon bonheur et me laisserait faire ce que je voulais, je serais ensuite esclave de son propre mari, à sourire à ses invités et à se comporter en parfaite maîtresse de maison, élevant nos enfants, comme ma propre mère avant moi. Qu'elle triste vie, elle qui ne rêvait que de liberté.

- Aaaahw vous êtes adorables. Je vous souhaite genre tout pareil aussi. Passez du temps avec vous était grave drôle, t’sais je m’ennuie toujours au repas d’affaires je suis vraiment content qu’on ait pu s’enfuir pour faire de la musique dans le jardin c’était trop trop trop cool. N’hésitez pas à prétexter des repas d’affaires si vous voulez revenir organiser des gros concerts paumés dans le jardin, énorme ambiance.

Il me sourit, comme amusé par ses propres propos et je ne pus m’empêcher de lui rendre son sourire, chassant ma mélancolie au passage de mon esprit. Comme je l’avais dit, je pleurerais ce soir, une fois en sécurité sous mes draps, pas avant. Et Alphonse était vraiment une personne charmante avec une joie contagieuse.

Je me demandais tout de même si Alphonse avait bien été élevé par des parents venant de la haute société. Il semblait tellement plus décomplexé que moi, libre de toute convention social et parlait ouvertement avec un langage plus familier que moi. Mais ça me convenait, je me sentais enfin à ma place, plus jeune et moins adulte ainsi, bien que je n’arrivais pas à prendre le même vocabulaire et la même attitude que lui.

- Concernant les repas, ce n’est pas moi qui décide mais mon père. Mais je penserais à lui suggérer la prochaine fois de revenir chez vous, car ça sera avec grand plaisir que de venir jouer ici et chanter avec vous.

Par la suite, je lui souris gentiment. Je devais admettre que j’étais tout aussi soulagée que nous nous soyons mis d’accord sur cette question de mariage, bien que pour moi, ça ne faisait que repousser l’échéance, encore, car tôt ou tard j’allais devoir dire oui à un homme que mon père m’aura choisi. Et si ce n’était pas Alphonse, et bien ça en sera un autre. Je voulais au moins un homme qui était attiré par moi et qui ne faisait pas ça que par devoir ou pour l’argent. Et je ne voulais surtout pas emprisonner quelqu’un avec moi comme ce charmant jeune homme qui semblait ne rêver que de liberté. Tout comme moi.

Il proposa alors de retourner à l’intérieur trinquer à leur décision avant de lever la main vers elle en déclarant High five... Je le regardai avec de grands yeux étonnés. J’étais censée faire quoi ? Help ! Je n’avais jamais eu d’amis de mon âge et ne savait pas ce que c’était un high five. Et lui qui semblait attendre que je fasse quelque chose avec sa main ainsi levée devant lui, les doigts écartés.

Bon au vu du mouvement et de sa main ainsi tendue vers l’avant, peut-être que je devais faire pareil ? Dans le doute, tentons le mimétisme. Je levai alors la main et la posa paume contre paume sur celle du jeune homme sans grande conviction, pas certaine de mon geste.

- Yep, c’est ça, imitez-moi je vous montre et on fait notre propre check genre… Hop… Tac… Voilà… 

Il enchaina alors dans une série de mouvements divers et variés, plus ou moins complexes à réaliser. J’étais complètement dépassée par ce qui se passait et essayais au mieux de l’imiter mais sans rien comprendre à ce qui se déroulait devant mes yeux, et donc n’y mettant pas autant d’entrain que lui, peu certaine à chaque fois de mes gestes.

A la fin j’étais plus perdue et perplexe devant une telle pratique qu’autre chose, me demandant à quoi tout ce charabia servait. Mais visiblement ça lui faisait plaisir et c’était l’essentiel, et je lui répondis par un joli sourire. Bon par contre il allait me falloir un jour des explications sur ce qui venait de se passer car les us et coutumes des jeunes me dépassais complètement, moi qui avais été élevée dans une cage loin de tout.

- Bien, et si nous y retournions a présent ? Nos parents doivent nous attendre pour le dessert.

Je réajustai mon châle sur mes épaules et récupérai mon violon et mon archet, prête à partir pour retourner dans ma cage dorée au milieu de toutes ces convenances sociales qui me servait de chaînes.


© Fiche par Ethylen sur Libre Graph'




Une longue soirée de non fiançailles [PV Amicia] - FINI 966bb2bf70a8ab2e8fa278bcc60db6e1

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