M'le faut.Quand j’l’ai vue-là, dans la vitrine, avec sa petite tête de miskine, j’avais déjà plus le choix. Le collier « Lettre », ce fameux équivalent au collier de patte dans le milieu des cadeaux, en plus romantique parce que brillant, le précieux artefact tant rechercher pour faire juste une blague à la con à mon gars sur.
J’ai pris un S as in « Saph » or as in « Sui porte ça sérieux ? » qui ne commence par un S que pour cette blague vu que ce serait hyper craignos d’offrir un Q a quelqu’un.
Bref, tout ça pour dire que tout ça, c’est pour faire une vieille ref miteuse aux mêmes sur High School musical a Mordred, et que je n’ai aucun regret à financer ce cadeau quali as fuck avec les thunasses de mes gentils camarades.
Évidemment, la mise en scène est importante pour comprendre le cadeau. Donc j’arrive à cette situation lunaire où je guette le moment ou Mordred décidera enfin d’ouvrir n’importe quel placard de cet appart pour pouvoir me poster comme Troy à côté de Gabriella dans le film. J’ai l’air HYPERCHELOU à surveiller, c’est super, surtout pour faire de la daube. Remarque, c’pas pire que la fois ou on a reproduit une scène de Twilight dans le réfectoire. Non j’en dirais pas plus fallait être présent.e sérieux, les performances artistiques ça ne se raconte pas, ça s’observe.
Ô grand Dieu, il daigne enfin approcher un fichu placard ! Je bondis du canap’ avec le collier en poche. Évidemment, je me mets quelques dreads sur la face pour imiter une mèche un peu nulle d’adolescent des années 2000, accentue ma gestuelle caricaturalement l'air plus « Troy », puis prends ma meilleure dégaine de lover et m’appuie sur le vaisselier, à côté de lui.
« Ton coach personnel d’activité estival est arrivé. »
Hey, l’année dernière on a bien vu que j’étais capable de m’dépasser pour nous tenir occuper l’été, c’pas si déconnant.
Pendant un instant, je me rappelle que le risque que Mordred se retourne pour me lâcher un « tu fous quoi boloss ? » existe, mais bien heureusement il s’agit d’une personne de culture et d’action donc… Il joue le jeu.
« Oui mais avant de penser à m’amuser, il faudrait d’abord que je trouve un travail. »
Et my god, quel jeu. C’est absolument parfait. J’ai clairement la meilleure exclue de l’année parce que Mordred-Gabriella AKA « je suis trop mignonne et je “glousse” toutes les deux secondes en papillonnant des yeux », c’quand même merveilleux. Miraculeusement je contiens mon envie de rire et replace plutôt ma mèche en caricature de lycéen drama de vieux teen movie.
« Hey, promets-moi que quoiqu’il arrive on passera l’été ensemble tous les deux ? »
Mordred affiche un instant une expression plus sérieuse avant de redevenir beaucoup plus genre, barbe à papa.
« Et toi, tu promets que tu parles pas d’une énième idée à la con qui nous enverra en classe d’aide ? »
That’s fair my good sir. Je grimace légèrement, difficile de garder l’expression de « Gabriella, tu es mon oxygène, si tu t’éloignes de quelques mètres de plus je vais probablement mourir », quand j’me retrouve bizarrement coincé par les dialogues de ce film. Shit. Parce qu’entre nous jvoudrais bien lui promettre, mais ça va quand même souvent plus vite que nous les idées. M’enfin si Ingi précise la définition de « date » ça devrait bien se passer les prochaines fois.
J’hausse un sourcil, le sourire aux lèvres.
« Je… m’engage officiellement à essayer à d’éviter de te parler des idées à Classe d’Aide. »
Oui parce que « essayer » c’est bien, mais « promettre » qu’on va faire aucune dinguerie ça m’parait un poil ambitieux. Je commence à passer derrière lui avec la boite du collier en main, puis me ravise avec un pas de côté pour lui refaire face le temps d’une précision. Wesh j’veux bien m’engager un peu, mais si les idées viennent de lui on n’est pas mieux lotie.
« Si toi aussi hein ?
- Bien sûr. J’essaierai aussi. Hihi. » MAIS QU’EST-CE QUE C’EST QU’SE RIRE DE CRUCHE. OKAY, RESTONS CALMES. Paix intérieur, plénitude astrale, les trucs du genre j’sais pas, mais… Non c’est pas poss'. Malgré tous mes efforts, je ricane comme une hyène face au décalage in-cro-yable de son acting. Waah. J’oublierais jamais. Chaque fois qu’j’serais déçu par le monde j’me rappellerais que ce moment a existé.
Fiouu… On s’y remet, doucement. Je passe à nouveau derrière lui, normalement Troy ne dit rien à ce passage par qu’il est
so fucking mysterious (non), mais j’sais que Mordred préfère être avertie avant un contact.
« Attend, bouge ap j’ai un cadeau. »SHIT j’ai parlé normal là.
Je sors le collier de sa boite et me corrige en souriant.
« Je veux dire, hahaha » rire de Jock, pas bien compliqué étrangement
« je t’ai acheté un collier Gabriela, tourne-toi. »
On improvise comme on peut. Je soupire comme si j’avais la pression puis me rends compte que cette expiration avait des raisons d’exister face à l’aspect logistique tout à fait contraignant. Ah merde en plus j’ai pas d’élastique pour les veuch là. Heu.
Je réunis toute la délicatesse que j’ai en moi pour les regrouper et les enroulé légèrement sur le côté. En vrai c’est débile hein, mais j’suis content de pouvoir les touché parce qu’ils sont genre trop doux et que, j’sais pas. J’aime bien le geste, le contact. Bon hein voilà.
La manœuvre de les coiffer dans un coin n’aide qu’à moitié. Vue la masse ils essaient clairement de m’bouffer quand j’enfile le truc. Je crois que j’arrive prêt à éviter les accidents d’ordre capillaire. Enfin j’sais pas trop. Disons que c’moins pire que prévu. En même temps j’étais franchement pas aidé hein Gabriella, toi qu’est si intelligente.
Le vrai problème c’est que je galère comme un boloss avec la fermeture. C’parce que j’ai des grandes mains, c’quoi la tuile ? Est-ce que les acteurs aussi iels ont eu ces emmerdes ? Mais. Oh. Le truc il ne tient pas ouvert.
« Mais ? Putaiin. » Ah si en fait, tout va bien.
Je souffle de soulagement après la guerre et remets sa tignasse en arrière une fois l'accroche clipsé et reprends un sourire satisfait. N’est-il-pas trop beau avec son p’tit collier Alphabet ? À se retourner avec cette même attitude d’une ado qui a écouté beaucoup trop de « Lorie » ?
« Avec un S comme Sans neurones ? »
Bien ouéeeej ! Bien ouéj, bien ouéj. Je contiens mes esclaffements en petit rire discret pour la caméra, mais franchement c’est de plus en plus dur. Je cale mon coude sur une des portes en hauteur du vaisselier pour poser comme un beau gosse.
« Non Mordred, enfin, S comme Swag, c’est évident. »
Mordred glousse et j’ai l’impression de voir le shetan briller dans ses yeux.
« Haha, mais Saph, tu peux pas offrir quelque chose que tu n’as pas. » Excuse-me honey, je t’offre des cadeaux avec TOUT MON CŒUR (et pas toutes mes lettres faut pas abusé) dedans et toi tu m’clash ? Et j’peux même pas t’clasher parce que je joue un gamin ?
Damn.
On a qu’à faire comme ça. J’éclate d’un rire assuré transporté par l’humour transcendant de mon bien-aimé, et renvoie ma sublime fausse mèche en arrière pour un maximum de charisme, mon regard amoureux dans le bleu de ses yeux. Putain zeubi j’ai fait une rime sa race un peu.
« Ahah, Mordred, comme tu es drôle. C’est vrai que S comme Seum serait plus parlant vue que tu le portes, je te l’accorde. - Comment ça ? Y’a pas de seum quand un aussi beau cadeau me remplit d’Amour. Ou tu parlais de toi ? »Ce qui est génial dans le fait de vivre avec Mordred, c’est que parmi ses nombreuses qualités figure « transformées chaque jour en une joute verbale » peu importe les circonstances. Donc même la parodie de vieux films. Je balaie ses paroles d’un geste de bras toujours exagéré par ce fameux air « drama ».
« Moi ?! Enfiiiin, tu me connais par cœuuur Honey, tu sais très bien que je ne suis jamais atteint par le seum, tu imagines ? Je risquerais de chanter fort en faisant des grands gestes sur des greens de golfs si une difficulté scénaristique de cette ampleur me prenait d’assaut, ce serait terrible. »
Je prends l’air le plus émerveillé que je puisse avoir face à lui et prends ses mains dans les miennes pour appuyer le tout.
« Je parlais du Seum des autres par rapport à ton charisme avec ce collier, il te va si bien, je suis ravi qu’il te plaise à ce point ! »Notamment « par rapport » à tous les gens qui risque d’avoir vu les films ou les mêmes et de nous distribuer des regards approbateurs à la belle réf. Ou pas. Ils risquent plutôt de nous jeter des ballons de basket dessus du coup.
Mordred ris et nous rapproche et FUCK IL EST CUTE MÊME S’IL IMITE GABY. PUTAIN.
« Il est superbe merci beaucoup ! Il me suffira de le regarder pour me sentir proche de toi à tout moment. »Je pouffe de rire à sa réflexion puis il y a un moment de battement étrange où je réalise la proximité. Et c’est super cool. Mais. Alors. Hein. C’est chaud les reuf, j’ai envie de l’embrasser du coup, mais comme je sais pas comment l’exprimer avec lui. Je fais quoi de cette info dans ma vie ? Et comment je gère ça ? Pourquoi avec les autres j’y arrive eaaaasy à demander, mais avec lui y’a plus personne ? Bon bah. Je vais juste continuer à être weird après ce grand moment de silence, et me perdre dans les tréfonds de l’ironie pour pas avoir à dealer avec le reste. Et en faire trop accessoirement. Comme ça, ça passera pour du Troy, allez.
« Oh mon dieu, je suis tellement ému Mordred. Comme ça on ne s’oubliera jamais tous les deux. »
J’ajoute sur un ton toujours aussi porté par la détermination et des conneries du genre plutôt que sur celui de la raillerie du message en question.
« Ce qui aurait pu être compliqué alors qu’on habite genre, dans le même appart '. »
- T’as trop raison ! Dès que tu passes la porte, tu me manques. C’est bizarre en plus ça inspire des chansons. »J'éclate rire mesuré de bg sur critère télé. Sérieux elle ressemblerait à quoi nos chansons si on se mettait out of nowhere à taper notre meilleure comédie musicale ? Non, mais les concepts seraient ouf, on révolutionnerait le genre avec notre potentiel d’aléatoire.
« Mais pareil ! La dernière fois que je pensais à toi en cours, j’ai sauté pied joint sur la table pour chanter mon amour pour toi au monde entier, c’est incontrôlable. »Je penche la tête sur le côté d’un air ému pour accentuer l’effet adolescent fou amoureux, et effectue un subtil rapprochement again. Parce que… J’aime bien donc j’ai juste… pas réfléchi ? Mon regard se pose sur ses yeux, puis ses lèvres, puis re- ses yeux et damn pourquoi j’sais pas on me mettre, wesh. On est très près là non ? Dans le doute, p’tite blague de désamorçage ? Ouaiii. J’hausse les sourcils dans une expression rieuse pour garder un air assuré.
« Tu penses que si on débarque dans le couloir en chantant, une myriade de mages vont sortir de leurs chambres de manière parfaitement synchronisée derrière nous pour enflammer le dancefloor parce qu’on le vaut bien ? »« C’est la base pour une vie épanouie, hihi. » Son expression change lorsqu’il ajoute
« J’ai quelque chose sur le visage ? »Est-ce qu’il a un truc sur la face ?? Okey donc là c’est le moment de lui répondre par une blague ? Par un compliment ? De changer radicalement de sujet ? De lui dire honnêtement pourquoi je le dévisage ? Oh COME ON’ qui fait ça en 2021 ?! Sérieusement ?
Faudrait peut-être juste prendre l’initiative vu que s’expliquer c’est compliqué sa race ? Style se pencher vers lui et voir s’il est ok pour qu’on s’embrasse, quelque chose du genre.
Grave erreur du joueur français.
Jsuis tendu comme un slibar, donc forcément, j’ai les épaules raides et remontées, la gestuelle pas fluide. Donc quand j’essaie de doucement mettre ma main sur sa joue beh. J’le cogne pas hein. Mais j’la pose comme un robot et j’ai l’air hyperchelou quoi. BAHSUPER. JE FAIS QUOI MAINTENANT ?
Je reste figé comme un débile, le souffle complètement coupé parce que je SAIS ABSOLUMENT PAS COMMENT GÉRER, QUE QUELQU’UN ME SORTE DE LA BORDEEEL. Lorsque Mordred décale la main et que le contact cesse mes épaules, baisse d’un cran et je respire d’un coup en regardant le void en espérant qu’il fasse quelque chose pour me sortir de là. Bordel pourquoi j’suis toujours un gros weirdo avec lui.
« Juste… Sois plus clair.e. »
Inspire.
Plus claire. Aller.
« J’ai paniqué ma grosse race. »
On a vu mieux Lacey, mais c’est déjà un premier pas. Je soupire, pour calmos un peu de cette montée en tension qui n’a absolument aucun sens et reprend plus tranquillement. Mis à part que je parle… vite.
« Je… J’capte pas trop ce qui s’est passé, enfin si, t’es genre super beau et j’ai eu envie de t’embrasser, sauf que j’savais trop pas comment faire ou dire, donc… Beh j’ai tenté un geste pour le faire comprendre et voir si t’étais ok et j’ai PANIQUÉ à fond, jsuis désolé. » Ouais c’était soit je déblatérais d’une traite soit j’disais keud. On fait avec la com’ qu’on a. C’est chaud.
« C’est rien. Je suis ok. Et euh, merci, je crois, toi aussi. Mais euh, ça j’en suis sûr. »
Je soupire lorsqu’il affirme que c’est rien, et redescend de 12 niveaux de tension inutile. Les autres j’m’en fous royal de les bousculer, mais lui PAS DU TOUT.
C’est laborieux. C’est si laborieux. Laborieux et grave mignon quand même. Genre ce qu’il dit. J’aimerais bien que quelqu’un fasse l’effort de nous apporter un trophée, ce serait l’minimum après tous ces efforts de communication. On part de loin franchement.
Mordred prend l’initiative et… C’est maladroit. Donc ça me fait sourire, voir rire un peu. Mais un p’tit rire genre un rire… putain c’quoi le mot. Ouais un p’tit rire attendri quoi, m’voyez quoi ? Puisque plus détendu, je reprends en confiance lorsque je l’embrasse à nouveau avec une assurance et une fluidité qui me sont beaucoup plus naturelle dans ce genre de circonstance que c’t’espèce de coup de flippe spontanée. Et daaamn qu’est-ce que j’suis content de pouvoir l’embrasser. C’est genre… je saurais pas comment l’expliquer, mais juste c’est plaisant et ça me rend super heureux et amoureux et ça, c’est putain de trop bien.
M’enfin, ça a beau être giga cool, ça m’empêche pas de le charrier sur sa tentative de coup de boule précédente dès que nos lèvres se détachent. Non, mais non seulement ça permet d’en rire, mais surtout PTDR il a cru que j’allais rater cette occasion de me foutre de sa gueule à cause d’une salade de museau ??
« Tu voulais m’péter le pif, gros ? »Asy t’façon j’suis paré à toute forme de vengeance.
« Bah, c’est pas une astuce de combat ? Baisser la garde de l’adversaire pour mieux frapper. »
Alors oui, mais non, en fait - Non. Attend, c’est du premier ou du second degré ? Non, mais faut pas me parler de fighto gros je vais partir au quart de tour sur les explications lààà. C’était forcément une blague vu l’enchaînement des événements, après réflexion.
« Puis tu peux pas trop te moquer, c’était quoi ton geste bizarre avant ? »
…
Puisque tu l’as si gentiment présenté avant je vais appliquer la méthode de la diversion pour baisser habile sa garde. Histoire qu’il oublie de me parler des championship de la lose.
« Mmm… tu veux dire, celui-là ? »
Eeet hop là, et un Mordred en l’air, un. Avec la surprise il est pas hyper difficile à attraper vu ses réflexes de… ses réflexes et j’vais pas finir la phrase. Mais au moins, je peux me permettre de conserver le minimum syndical de respect et de le porter en princesse grâce au délai.
Gros privilégié, sérieux, ça aurait été quelqu’un d’autre ça serait parti direct en mêler ou en charge sac-a-patate, mais avec lui j’me calme sur le bourrinage. Z’avez vu comment je fais grave des efforts ? Puis j’pense que c’est biiiiiiiiien suffisant pour le chercher juste ce qu’il faut. Pas besoin de beaucoup avec lui.
Je le laisse rouler sur le sofa pour le libérer et ajoute d’un ton odieux.
« Ah zut. Mince. Oups. Halala vraiment navré hein, ça aussi ça devait être une astuce de combat spontané. Merde alors. C’est con ça. »
SHIT IL C’EST ACCROCHÉ. J’me fais traîner comme un sac sur le canap’ par sa chute. Alors que j’avais TROP fait attention à lui, cette grosse brutasse.
« Ben oui Saph, c’est pas pratique en plus, qu’est-ce qu’on fait maintenant ? »
Je cligne des yeux, faussement sidéré. Ça va pas s’passer comme ça. JE ne laisserais pas les choses se passer comme ça. Une seule réponse possible à l’affront.
« La guerre. »