Aujourd'hui les kheys, sonne le jour de ma mort. Allez, un tonnerre d’applaudissement pour fêter ça, s'vous plaît, pourrissez-moi les tympans avant que je ne puisse plus vous pourrir la vie.

Les événements s’enchainent depuis ma sortie et j’ai pas une minute. Les trois demi-journées obligatoires avec Philo ont commencé ce week-end. En soit, c’est cool, j’suis content de cette solution. C’est juste que concilier ça avec les cours, les devoirs, les suivis psy et educ, et les entraînements avec Ingi… Ay ?

Ça a été crescendo avec Philo. On s’est assis, on a parlé. Il a eu le droit au récit complet ; pourquoi j’ai atterri là-bas, qu’est-ce que j’y ai foutu et pourquoi j’y suis resté plus longtemps AKA une connasse à tenter de me faire les poches. Sauf que, règle simple de bon vivre en société ; JE me sers dans les poches des gens et pas l’inverse, normal. Alors j’ai essayé de lui faire comprendre en lui prenant ses affaires de force, ça a escaladé, on s’est mis sur la gueule, bref j’ai prolongé mon séjour.

La bonne nouvelle du forfait de trois semaines, c’est que suite à la période d’observation j’ai eu la confirmation que ma magie, sauf contrecoup, n’est pas la cause de mon comportement de merde ce qui signifie que je suis mon propre problème, yess ! Pas ouf, mais sensiblement plus simple à régler si on ne se concentre pas trop sur les détails.

Philo a globalement… assez bien réagi à tout ce qui est hyper rassurant. Il a adapté le contenu des deux demi-journées restantes ; entraînement intensif au combat. Pour décompresser des classes d’aides, se dépenser, extérioriser, le tout dans la zone de confort que peut être le fighto. Je sais pas comment exprimer à quel point c’est à la fois le feu, et à la fois terriblement étranger comme sentiment de compréhension, de soulagement. Bizarre non ?

J'vous aurais bien parlé de la sensation de légèreté que ça peut procurer, mais tout ce que j’ressens c'est le fait que l’entièreté de mon corps essais de me buter.

Dang. Je vais dormir toute l’après-midi. J’ai pris la douche la plus longue de ma vie pour détendre mes muscles et tenter lamentablement de leur faire croire qu’ils sont encore opérationnels. L’examen approfondi dans le miroir est folklo. J’ai chopé de ces bleus mon gars. Juré celui sur le tibia on dirait un type qui fait le poirier. Ah, yes, j’en ai un sur la joue aussi, mais il ressemble à rien. Je saurais même plus dire si c’est la signature d'une mandale perdue ou si je me suis juste vautré.

Je quitte la salle d’eau, les cheveux et le corps enroulés dans des serviettes en route pour choper des fringues confortables pour une après-midi cosy. Ça fait du bien d’être sortie de classe d’aide, d’avoir retrouvé mes potes, mon quotidien, de pouvoir juste traîner en sous-vêtement dans ma chambre en me coiffant les cheveux.

Et bien sûr, pile quand j’décide que je vais me poser comme un sac, ça toque. CHIER. Je me jette dans un débardeur et un pantalon cargo avant d’ouvrir.

Mordred. Oh. Cool. Pourquoi je flippe ?

Ah oui c’est vrai, « revenir sur ce qu’il s’est passé », voilà pourquoi. Il est sympa il répond à ma question en deux trois phrases, propres, nettes, presque précises. Je reste figé sur le pas de ma porte après son speech déstabilisant de franchise. Kinda impressive move i guess, that’s strangely hot.
Mais j’arrive pas à savoir si c’est un pas en avant qui prépare la suite du chemin ou la balayette de ma life. Hey, j’vous l’avais pas dit que c’était le jour de ma mort sur tous les plans ? Ah. Ahaha.

En plus ça ne sonne pas vraiment comme un choix, ce qui est un mal pour un bien puisque j’ai aussi besoin de réponse. Mais. Eh. En principe c'est pas mon genre, mais là on aurait pu organiser ça bien, non ? Et je lui réponds quoi à ses questions indirectes ? Et pourquoi il déjà installé, pépouze, alors que j’ai pas fini d’hurler intérieurement ?!
On respire. Tout va bien se passer. Comme dirait ce connard useless de James Bond, mourir peut attendre la fin de cette conversation.

« Hmm. Je…quoi… heu… Ouai ?! »

Duh. J’y arrive pas. Chuis pété, ça craint de ouf. Je stresse à mort et j’ai le palpitant qui me cogne autant aux tempes comme si je faisais du cardio depuis 1 h. Les mots ne s’alignent même pas dans le bon sens, c’est ridicule.

J’inspire et me passe une main sur le visage. Ouais je m’attendais vraiment, vraiment pas à avoir cette conversation maintenant.  Lorsque j’ai été le voir en classe d’aide pour m’excuser de m’être comporté comme un gros shlag avec lui, et qu’aucun de nous n’a insisté sur le sujet, je suis partie du principe qu’il fallait faire comme s’il ne s’était rien passé, provisoirement. Je pense que j’aurais essayé d’organiser quelque chose plus tard, en lui proposant un vrai date par exemple.

Mais je m’étais pas préparé à l’éventualité de… de ça ? J’crois que j’ai pas capté les signaux de fin de trêve, où alors y’en avait pas.

Devoir jouer cartes sur table sans avoir été prévenu qu’on est en pleine partie est d’autant plus déstabilisant que ma politique à ce sujet consiste en principe à jeter toutes les cartes des participants sur la table, les mélanger en lâchant un « DEVINE », droit dans les yeux, avant de me barrer de la salle. Ce qui est fondamentalement la pire chose, je sais, si quelqu’un me faisait le coup je le dégommerais. J’imagine que c’est aussi le jour pour changer ça. C’est avec Mordred alors… J’ai sincèrement envie qu’on réussisse à parler. C’est juste que… je sais strictement rien de ce qu’il en pense et que ça me fait baliser.

« Tu peux être plus précis ? J’suis pas sûr de piger ce que t’as pas compris. Ni d’avoir de réponse sur ce que ça implique ou ce que ça change vu que ça… ne concerne pas que moi ? Puisque… Enfin… Je sais pas si… »

Je m’embrouille, soupire et me tais, bras croisé, les yeux rivés sur le sol. C’est difficile d’essayer d’éclaircir les choses.

Tout bien (pas) réfléchi, je suis pas sûr d’être prêt.e à entendre des réponses. Mais si je m’écoutais j’le serais jamais alors la question n’est pas là, mais sur comment faire pour fluidifier la communication.

« Mec, cet appart est un putain de moulin et je sais pas qui de la pub pour matelas qui vis dans le coin, son mec, notre partenaire de business, où de Oris sera lae premier.e à nous interrompre, et j’ai pas envie de le savoir. Donc ça te dit qu’on sorte ? Histoire d’avoir cette conversation dans de bonnes conditions. »

Déjà, gagner du temps. Ensuite, trouver une vaste excuse pour ne pas dire que j’ai besoin de prendre l’air. Et enfin… on verra pour les éclaircissements.

Être coincé entre quatre murs pendant qu’on aborde un sujet qui implique de s’exposer, très peu pour moi. J’attrape un blouson et file chausser mes docs à l’entrée. Si je pensais pouvoir bénéficier d’un dernier moment de tranquillité avant de sortir, well, try again bitch. L’interrogatoire n’as visiblement pas le luxe d'attendre ma disponibilité.

Tu veux savoir le plus drôle Mordred ? On est à égalité des informations pour tes premières questions, j’ai zéro idée de ce que j’ai foutu. Quand je panique, je vire à l’aléatoire et ça donne ce que t’as vu. Splendide, c’est ce pas ?

Lorsqu’il poursuit sur les renseignements qu’il a trouvés, je me détends un peu et sourit, amusé du nombre de recherches qu’il a faites. Ahah. Si seulement j’avais fait pareil, ça aurait limité les dégâts. Quoique, vu la qualité douteuse des informations chopés, et le peu de trucs que j’ai zieuté sur internet, c’est chaud. En vrai j’aurais seulement dû poser des questions à Ingi, j’ai pas d’excuse, son algorithme est mieux rodé que celui de google.

Je lui emboite le pas vers l’extérieur, mains dans les poches, l’allure tranquille. Marcher un peu me détend, dans tous les sens du terme puisque ça me permet petit à petit d’oublier mes courbatures de la mort.  L’air frais me ressource et j’essaie au possible de nous orienter dans les coins ou on croisera le moins de monde un dimanche de printemps.

Effectivement l’intérêt d’organiser un date était de mettre en œuvre un geste romantique, mais j’entends au vu de l’exécution que ça ressemblait juste à une participation très prometteuse au championship de la stupidité. Moins romantique. Pour ma défense et c’qu’elle vaut, j’ai jamais été très doué pour ça.

Le ton de ses propos lorsqu’il pense avoir mal compris éveille cette subtile petite flamme de culpabilité à l’idée de l’avoir potentiellement fait flipper d’une façon ou d’une autre.
Bon. Mon point de vue, mes explications, et ce que ça signifie pour moi. Rien que ça. Seems fun to me.

« Hmm. Tu t’es pas trompé, c’était bien un… bon je sais qu’au vu du choix à chier d’activité on dirait pas, mais dans les faits c’était un geste romantique. »

You know, s’offrir des fleurs, aller au restaurant, au ciné, où manipuler une lycéenne pour jeter une malédiction sur une piscine. La base quoi. Non, mais c’est du sarcasme, faites pas ça, sérieux, faut vraiment être allumé pour avoir des idées pareilles.

« Quand j’t’ai dit que j’savais pas ce que ça impliquait c’est que je pensais ta question plus générale, sur, hmm, “nous” ? » J’ai l’air chelou là ? Hmm si, j’suis sur j’ai l’air chelou.
« Et vu que tout ce que je peux te donner c’est mon point de vue, je pouvais pas te répondre. »

J’hausse les épaules. J’me sens hyper gauche. Je vais débuter avec des sujets un peu moins personnels.


« Big news, pour une fois je vais faire les choses dans l’ordre et commencer par les premières questions, je voulais juste t'éclairer là-dessus avant. Alors, pourquoi je t’ai évité ; je n’en ai aucune putain d’idée. En fait je me suis rendu compte… »

Ah nan. J’vais encore raconter ça.

« J’me suis rendu compte de trucs parce que... urh... j’étais défoncé. Disons que ça m'a donné un coup de pouce pour réaliser des évidences. L’ennui, c’est que j’ai fait n’importe quoi ce soir-là, le lendemain, et les semaines qui ont suivis vu que je balisais complet. J’arrivais pas à process les infos et… Parce que… — Damn c’est hyper dur de s’expliquer. »

Je souffle un coup et passe ma main sur mon front. Ça devrait pas être si éprouvant d’être honnête normalement, non ? Mais c’est jamais les bons mots qui sortent, que des idées un peu vagues et éloignées des intensités réelles. Plus simple à exprimer mais moins juste. Ça m’agace.

« Mec, j’pense que j’avais juste peur de te perdre, ou de perdre notre relation si tu l’apprenais. Et comme je savais pas quoi faire de mes sentiments du coup ça a donné… ça ? »

J’hausse les épaules et les mains d’un mouvement incertain pour désigner cette phase trop cheloue. Je croise par accident son regard et recadre très vite le mien sur le SUPERBE SOL, WOW,  FANTASTIQUE. Mordred, soit gentil, me déconcentre pas, j’ai presque fini.

« Ingi m’a cramé alors que j’essayais un peu d’enterrer les événements comme un con et m’a convaincu de tenter ma chance et d’organiser un date. C’est vrai que les propositions sur internet sont hyper débiles. Je savais pas quoi faire pour te plaire. Donc j’ai improvisé en voulant être créatif.ve et bien faire les choses et c’était, genre, pire.  Bref, tu connais la suite. »

À un détail près. Et damn que j’me sens con, des fois mon cerveau se barre vraiment, j’dois faire une garde partager avec Oris, c’est pas poss '.

« Je l’ai pas dit avant que c’était un date parce que… J’suis obligé de répondre ? » Soupire ponctuer d’un geste de bras exaspéré « Gros j'suis monté à l’envers, c’est pas une nouveauté ! C’était juste stupide, je sais pas pourquoi j’ai fait ça non plus, c’est super weird. J’ai dû avoir peur que tu trouves ça chelou alors j’ai rien dit et j'ai fait un truc encore plus chelou, as usual. Puis j’ai eu un élan de
confiance à la fin avec l’euphorie et… Voilà. Fiouuuu. J’sais pas comment tu m’as supporté ces dernières semaines dude, vraiment, c’est chaud. »

Je crains de ouf. J’espère que j’suis pas tout le temps comme ça, où que je m’en rendrais compte.

Bon. C’était synthétique, mais y’a déja pas mal de réponses, non ? Je soupire et joue avec un caillou du bout de mes pompes. Shoot, avance, shoot, avance, petite passe à droite, re-shoot. Ça à quelque chose de rassurant de se concentrer sur une tâche répétitive. Ça m’aide à organiser mes pensées, à rester sur le sujet.

« J’ai pas répondu au plus important, hein ? »

Je lui souris. En soi, il a déjà les clefs, les éléments à assembler. Le date, les explications, ma tronche actuelle… Y’a plein de preuve évidente du fait que je tiens à lui différemment et beaucoup plus fort, qu'aux autres. Concrètement j’ai déjà eu des rencards, mais jamais ça a viré de façon aussi ingérable à cause de succession de bordel émotionnels. Uh, i'm a bit too intense. Faut sérieusement que j’me calme.

« Donc, ce que ça veut dire pour moi. Mis à part le fait que ça confirme que j'ai un problème avec les piscines. »

Je m’arrête et me tourne vers lui en essayant d’arborer un sourire à peu près sûr de moi malgré mon décès intérieur. Ahahaha c’était tellement plus simple de blaguer pour retarder.

Je sais pas pourquoi j’ai peur comme ça. C’est ridicule. Vraiment ridicule. J’ai juste les mains dans les poches pour pas qu’on voie qu’elles tremblent. J’suis quasiment sûre que mon visage n'est pas de la bonne couleur. Achevez-moi j’sers à rien quand il est à proximité. Pourquoi c’est à ce point ? Sans rire, ça me fait mal. J’ai l’impression de ne pas avoir d’air dans les poumons et que mon cœur cogne directement dans ma tête.

« C’est que… » J’vais clamser « Tu… M’intéresse. » C’est ultra péter comme phrase. Et pas précis. « Sentimentalement parlant ? »

BAH VAS-Y AIT L’AIR D’HÉSITER DUCON. PUTAIN. DE. MERDE. DIS LES CHOSES AU LIEU DE PINAILLER COMME UNE VICTIME.

« RAAAH, BOR-DEL, j’suis juste FUUUUCKING amoureux, VOILA. »

Ay, j’suis pas bien. Cette sensation, c’est une attaque hein ? Oui c’est ça, 100 % c’est une crise cardiaque, ou une connerie du genre.

Perds la main, lève le pied, et les langues se délient. C’est systématique, symptomatique d’une perte de contrôle pour le meilleur. Les choses sont formulées, claires, posées. Et nouvelles. La panique laisse peu à peu la place à une sorte de sérénité fière, de ce qui a été exprimé et de ce qu’il en est.

Ouaiii. C’est la première fois que je passe ce palier dans ma relation avec quelqu’un, que je réussis à dire que j’suis vraiment amoureux. Sans ciller, sans douter une seule seconde. Si la communication est floue, le fait que ça dépasse le stade de simple intérêt est, en revanche, une certitude.

C’est complexe de savoir quoi en penser. C’est à la fois grisant de ouf et absolument terrifiant. Notamment parce que les conséquences dépendent de sa réponse et que ça pose énormément de pouvoir et d’espoir entre ses mains.

Et qu’il se marre. Sur le coup je nage encore tellement dans l’incompréhension générale que j’arrive pas à l’interpréter. Je sais pas si c’est le côté vraiment foireux de la déclaration qui le fait rire, s’il est heureux, ou si c’est le début d’une étrange origins vilain story. Je sais juste que, quoi qu’il en soit, c’est super beau et doux de le voir rire et que rien que le fait de penser ça prouve qu’il m’a salement atteint.

Lui aussi.

J’ai pas vraiment le luxe de me concentrer sur le reste de sa phrase. Un mois de tension balayer en deux mots. Mon corps ne trouve pas d’autres moyens de concilier la joie et départ de la chape de pression qu’en éclatant de rire à son tour. J’ai pas de mots. De la nature des sacs de nerf, pour rien au monde j’me suis calmé, mais au lieu de me faire passer à tabac par mon palpitant, l’omniprésence de la pulsation ressemble davantage à l'emballement d'un batteur heureux d'être une partie de la musique, et probablement excessivement impliqué dedans. C'est d'l’euphorie en intraveineuse, un shot de légèreté, une sorte d’ivresse folle qui vous prend aux tripes.

Il me remercie d’avoir fait le premier pas et je me permets allégrement d’accueillir sa reconnaissance comme on recevrait des félicitations ; y’avait beaucoup de premiers pas et ils n’étaient pas évidents. Et si de son côté il avait une visibilité se limitant au chaos que j’ai pu produire, perso j’ai avancé en terrain miné avec un bandeau sur les yeux. Mais quoi qu’il en soit on peut être fier d'en arriver là.

Je sais pas comment le manifester, mais je suis touché, et heureux d’avoir de l’importance pour lui. Et assez amusé de voir que… pour lui aussi ça date un peu, mais il capter juste pas ? Est-ce qu’on est un des boulets ou ça se passe souvent comme ça ?

Je regarde le sol lorsqu’il parle du fait que je ne le perdrais pas. On se connaît suffisamment pour que notre relation ne s’altère pas bêtement, certes, et c’est bien de l’entendre le dire, en opposition avec la proportion irrationnelle des appréhensions que j'peux parfois me taper. C’est simple de tomber vite dans les pires scénarios quand on baigne dans sa flippe. Admettons que ça n’ait pas été réciproque de son côté, ça aurait été difficile à vivre et les choses auraient sans doute changé d’une certaine façon, même provisoirement. La prise de risque était existante, bien qu'elle en vaille la peine. Ça aurait été dommage de ne pas essayer de mouvoir les choses par peur de la nouvelle forme qu’elles auraient pu adopter.

Son commentaire sur mes défauts me fait ricaner. J’viens juste de te déclarer ma flamme, les grands sujets ne perdent pas de temps, j’imagine ? Fair enough, la remarque est plutôt cool et je la comprends. Ses défauts à lui sont aussi amusants. Et attachant.
Et puis, si son traitement de l’information me concernant n’était pas foireux, il m’aurait probablement tej’ par la fenêtre ce mois-ci. Quoique. Il doit être hyper biaisé depuis longtemps en fait, wow.

Eh. Les relations aux autres sont effectivement un peu une galère bien que je sois certain.e que nos difficultés ne portent pas sur les mêmes points. Bouarf. C’est comme ça. Sur un malentendu la complémentarité dans le galérisme d'vrait nous aider à piger des trucs à deux. D'autant que sur ce qui attrait aux relations romantiques, ça peut que nous inciter à communiquer davantage j'imagine.

« C’était pas le cas visiblement, c’est rassurant. Je suis aussi amoureux, tu « m’intéresse sentimentalement parlant » depuis un peu trop longtemps. »

Sa phrase chamboule toute une série d'émotions trop intenses pour être caractérisée, tout se mélange. J’arrive pas à répondre parce que je suis trop heureux, extatique, pour parler. J’inspire profondément, bloque. Mais ça sert à rien vu mon état, complètement noyé dans la sérotonine.

Oh et puis MERDE, on discutera après. J’craque sévère et bondis en poussant une exclamation de joie parce que j’en ai envie. Petit agité, saute et court de partout comme um timbré, parce qu’après tout, pourquoi pas ? Et si je passe pour um fou à atterrir sur les mains et presque rouler dans l’herbe, alors grand bien fasse à ceux qui n’ont pas ma putain de chance.

Honnêtement je plane beaucoup trop pour ne serait-ce que me rappeler de la manifestation physique du fait que je suis cassée en deux. J'capterais quand les résultantes de ma crise d’hyperactivité vont me briser en quatre.

Quand j’ai fini mon cirque, essoufflé, je me cache la tête dans mon blouson en criant à nouveau de bonheur. Je ne ressors que le nez de ma veste, encadré par les deux mains qui tiennent fermement le tissu, la moitié du visage encore dérobé dedans. Et c’est depuis ma planque miteuse que je lance à Mordred ce regard de « Dang, je t’aime, j’suis heureux, et je sais pas pourquoi je me planque dans une veste, mais j’ai envie ».

Je finis par sortir ma tronche de là et passer une paluche dans mes cheveux déjà bien ébouriffés par mon p'tit craquage émotionnel pour en viré les brins d’herbe et faire genre j’ai pas fait n’imp.

Sauf que l’intérieur de ma tête est réduit à une espèce de vaste keysmash. J’ai plein de choses à lui exprimer, mais impossible de les dire. Ouais, j’ai jamais été bien doué avec les mots hein ? C’est rarement comme ça que je communique le mieux. Toujours en moyen détourner, en gestuelle, en signification. J’hésite plusieurs fois à commencer à parler, entrouvre la bouche, la referme, avant de finalement réussir à me décider, sur ce que j’ai envie de dire. Ou plutôt de faire, le sourire aux lèvres.

« J’peux t’embrasser ? Ou te prendre dans mes bras ? »

C’est juste... plus simple pour exprimer ses sentiments. De les vivre ensemble, de partager cette sensation. Mais ouais. Je conçois qu’il y a plus glam comme proposition qu’un type décoiffé, plein d’herbe, avec des bleus sur la joue. J’espère que c’est pas trop rapide pour lui comme question, j’ai pas réfléchi, c’est venu assez spontanément vu qu'j’aime bien embrasser les gens. Mais... J'me rends compte que je connais assez peu sa position vis-à-vis de ce genre de chose.

Je tique lorsque Mordred s’arrête net. Ça ne veut peut-être rien dire, mais aujourd’hui chaque « détail » prend le poids de son importance. Trop tôt ? Aaaah, Lacey, putain de Lacey. On l’sait que ton truc dans la vie c’est de sprinter tête baissée, de cramer les étapes. Mais c’est pas son cas et tu le sais.

Ni celui de cette relation. On a… pris le temps jusque-là. Beaucoup de temps. Puis tout s’est accéléré de façon presque alarmante. Tout est terriblement fort. Et j’flippe d’être un peu dense à suivre dans ma manière de vivre les choses.

Mordred m’aide à virer l’herbe de mes cheveux. Je le laisse faire. C’est galère de les trouver donc toute aide est à prendre, et le geste a quelque chose d’apaisant -etcutesarace-.

Lorsqu’il ouvre ses bras en proposant une étreinte puis d’aviser après pour s’embrasser, je lui souris tendrement. Donc y'avait bien de ça. Noté. Chaque chose en son temps.

J'inspire, une boule de sentiment positif grouillant au creux de ma poitrine. J’ai pas le loisir de réfléchir beaucoup plus, le fait que je l’ai pris dans mes bras a été aussi rapide que spontané. J’aurais toute une vie pour me poser des questions, mais là, à cette seconde, mes émotions débordent. Leur expression ne peut passer que par un geste de tendresse, un élan d’affection animé par cette même énergie sincère pour consumer, consommer le moment comme il se doit d’être apprécié.

À son contact, tout se transforme. C’est immédiat. Un instant complet. Quelque chose de violent et délicat, un contraste entre l’intensité du sentiment et sa douceur. Le bercement d’un séisme. Le crépitement d’un incendie. Une inspiration au cœur d’une tempête, allégée de tout poids.

« Je t’aime, je t’aime, je t’aiiime, bordel. »


Je blottis affectueusement ma joue contre sa tête, inspire et resserre juste très légèrement l’étreinte pour appuyer mes propos.

J’veux… juste être dans tes bras et plus les quitter. Juste te dire que ta présence c’est comme… Se sentir à la maison, avoir l’impression d’être à sa place quelque part. Juste que tu saches à quel point tu comptes, à quel point je tiens à toi, à quel point ces putains de mots sont insuffisants pour t’exprimer tout ce que je souhaiterais te dire.

Je profite encore un peu de l’étreinte et m’en détache doucement, les bras toujours autour de ses épaules. L’envie naturelle de poser ma tête contre la sienne me vient, mais…. p’t’être que ça peut paraître étrange ? Dans tous les cas je préfère le prévenir, pour ne pas laisser de doute sur ce que j’avais l’intention de faire, et pour être certain.e que ça lui convient.

« Je peux juste poser ma tête contre la tienne ? »

Dès qu’il manifeste son accord, j’amorce le mouvement, front contre front, comme une conclusion de l’étreinte. Mon nez frôle le sien, mes yeux se closent. Un retour au calme. C’est agréable. Apaisant. Je profite de ce dernier instant de contact privilégié avant de relever la tête tout aussi tranquillement, le sourire au coin des yeux.

On est… assez prés. C’est amusant de réaliser après plus d’un an de vie commune qu’on a jamais eu nos visages aussi proches qu’en cet instant. Shit, j’ai pas l’habitude et ça me joue des tours, parce que… Sa façon de porter son regard sur ce qui l’entoure, ses expressions, son odeur, son visage, tout ça c’est… c’est… cohijfoihf.

Je suis pris d’un très léger rire nerveux et amoureux. HEY, normalement j’suis pas aussi simple à troubler. C’est terrible de m’faire ça Mordred. J’suis probablement en train de rougir, c’est ridicule, achevez-moi.

Mes bras glissent jusqu’à ce que mes mains effleurent les siennes pour qu'il ait le choix de les tenir ou de les laisser partir, comme il le souhaite, et je m’écarte. Erh, évidemment la parole, cette chagasse, met un peu de temps à revenir. Mais ça aboutit.

« Tu voudrais qu’on en discute ? »

Je pense qu’il y a pas mal de choses à dire, à définir. Comme… confirmer si l’on est ensemble ? Pour commencer. J’suis pas une personne de lettres, mais ça me paraît important de le verbaliser. Tout comme la nature de notre relation, ses composantes, la manière dont il la voit, ce dont il a besoin et ce qu’il accepte. J’aurais probablement des interrogations, des choses à exprimer aussi, mais je lui laisse la priorité. Les questions c’est son truc, non ? J'vais pas lui chourer le monopole.

Greuh. Je fronce le nez d’un air faussement énervé sa moquerie. C’est important de râler, pour la forme, la street cred', ça s’entretient. Moh. Évidemment les railleries ne sont pas sans conséquence et je trouverais bien une vengeance quand les circonstances s'y prêterons.

Je profite du contacte de ses mains pendant qu’il aborde les grands thèmes. Ah. Oh. Heu. C’est moi ou chaque question est globalement susceptible d’être transposée en sujet de dissertation ? Soyons fous, je pose les paris ; mes explications vont être trop à la masse à côté de la précision attendue.

Qu’est ce que ça signifie d’être ensemble ? Chuis pas un putain de manuel de philo -ou alors sacrément péter —, donc toute tentative de réponse risque de s’approcher de « Jsp frère, mais c’est cool. ». J’vais juste y mettre les formes pour pas que ça vire à la balayette.

Je souris lorsqu'il reprend. Eh, t’inquiètes gros j’ai aussi un tas de trucs qui me passe au-dessus de la tête, mais en même temps on n’a pas l’air homologué sur le sujet, chacun à notre façon donc ça m’étonne pas plus que ça.

C’pratique que la question des rapports sexuels soit déjà abordée, ou plutôt résolue en vitesse. En soit, c’est cool au moins c’est tranché dès le début, clair, net, presque précis. J’vais avoir besoin qu’on en tchatche un peu parce qu’il y a obviously des modalités que je peux pas deviner et que là-dessus j’ai pas envie de jouer la com’ en rébus. Il est plutôt convenu que je suis une personne assez sexuelle, c’pas comme si je m’en cacher, et de ce qu’il me dit, je sais pas à quelle échelle, mais il a l’air sur le spectre Ace. Donc la communication, ça me paraît absolument nécessaire pour organiser correctement le schmilblick.J’espère que ça va pas le mettre mal à l’aise de parler de ça s’il n’a volontairement pas voulu y réfléchir.


« Wooowhoho… Alors y’a du taf. » Je siffle un « Fiouuu » de cinquantenaire dans le BTP qui rencontre des difficultés sur un chantier « Hmm. Pour la question d’être ensemble je pense que… du moment où on est tous les deux d’accord sur le principe et les termes, on peut dire que oui ? Et là tu vas me dire “Merci, Jean-François, mais en fait le problème c’est les termes” et j’y viens. »

Uh, here we are, je sens que je vais grave divaguer.

« J’ai graaaavement l’impression qu’on agissait déjà comme une espèce de vieux couple c’p’t’être pour ça qu’on a le sentiment que ça change pas grand-chose ? En tout cas c’est tchoukar. » Je passe une main sur la base de ma barbe, pensif.ve. On a toujours partagé beaucoup de centres d’intérêt, d’activités, de notre quotidien de façon générale « Yo, en fait t’as grave raison ça se joue surtout sur la proximité autant — physique que genre, pas physique — et des termes qu’on peut appliquer sur les ressentis et la relation. Ça peut aussi avoir des influences sur le quotidien suivant les choix qu’on fait, exemple tout con pour illustrer ; certains couples dorment ensemble. Donc ce que ça change, et les mots à poser dessus je pense que ça va surtout dépendre de ce qu’on décide. »

Certes j’ai qu’à moitié répondu, MAIS notez l’effort de réflexion ; c’est paaas si mal contrairement au plan initial. Bon, la suite, le sequse, toussa toussa. Faut calibrer les choses et le but c’est de laisser aucun doute pour ne pas laisser la porte ouverte à des maladresses.

« Hmm, sur la question des rapports sexuels je pense qu'il faut qu'on en parle si ça ne te dérange pas. Si c’est pas ton trip, c’est important qu’on place bien les limites pour que je m’adapte au mieux. Genre, tout le monde ne répartit pas de la même façon l’interaction commune/romantique/sexuel, y’as des trucs assez convenus de façon générale, mais d’autre vachement plus flou à l’échelle individuelle par exemple j'ai eu des partos pour qui les interactions avec le cou était relatif au sexuel alors que d'autre non. Bref, l’idée si on est en relation, eeh, c’est d’éviter les flous. Donc si possible j’aimerais bien savoir ce qui est OK/pas OK pour toi à ce niveau-là. » Je lève les yeux en l’air pour réfléchir. Anh. Reporter ça de manière générale serait potentiellement plus malin vu que c'est notamment là-dessus qu'on va avoir besoin d'éclaircissement. « Voir, globalement, ce que tu acceptes -et apprécie- en termes de contact physique et les codes à appliquer pour que ce soit tranquille pour toi. »

J’vais commencer à entamer le sujet, ça aide souvent d’avoir une première réponse pour illustrer. Après la mienne est simple, à ce niveau-là c’est pas compliqué. Pour les proches c’est ok et cool, partenaire c’est open-bar, inconnu, gaffe a ton slip chaton t'es sur mon ter ter, indésirable, j’te pète la gueule.

« Perso je vais pas avoir de truc a notifié rapport au contact, j’te fais confiance, t’as une place particulière donc c’est OK de façon générale ça me fera plaisir, et j’ai pas forcément besoin d’être prévenu avant. Mais si t’as des doutes, t’hésites pas à demander. »

Ce qui amène à LA question de la nature de la relation. Oh god. C’est méga vaste. Déjà, qu’est-ce qu’on entend par « nature d’une relation » ? Non parce que c’est mignon hein, mais ça veut dire quoi ? Genre c’est comme les différents niveaux d’affection qu’on peut avoir avec des potes ? Entre ceux qu’on croise juste occasionnellement, le sang de la veine, les partenaires d'entraînement un peu chelou, mais sympa, sexfriend, ect, c’est ça l'idée ?

Je choisis donc d’y répondre en riant.

« Donc la nature de notre relation… Damn, boiiiii. “Two brain cells” ? “Partner in crime” ? “two bro chillin in a hot tub but six feet apart cause they not gay” ? “Bae” ? Non ? Bouarf, plus sérieusement… » Je hausse les bras d’un air incertain.e « … “Relation amoureuse” ? Oh, gros, vraiment chuis pas sûr d’avoir la bonne définition de “nature d’une relation” c’est chaud. »

Hell yeah, let’s be partners in crime, the world will tremble under our reign of terror.
Le problème c’est plus la deuxième partie même si elle me fait marrer. Mec, si on définit d’ja notre relation comme un risque pris alors qu’on serait mauvais en math, c’pas le meilleur bail. Mais c’est vachement drôle et assez représentatif du fait qu’on rame un peu du cul.

Bon pour les contacts physiques, c’est plus clair ce sera juste une question de réflexe à adopter. En soi, il n’a d’ailleurs pas à s’excuser, chacun son rythme, normal. C’est vrai que j’ai tendance à être savage là-dessus de façon générale, mais je m’adapte bien comme c’est pas un sujet qui me pose des difficultés particulières.

Lorsqu’il parle de l’absence de comparatif viable, je commence à me demander si ce n’est pas sa première relation à lui aussi. Bon après, de mon côté j’triche un peu. J’ai déjà failli me mettre en couple, mais n'avais jamais abouti, vue que j’avais, basiquement, le TROUILLOMÈTRE FÊLÉ. Et parce que ça devenait chelou. Voir les deux. Les tentatives amoufoireuse mises à part, j’pense que c’est grâce plans cul réguliers, merci vous êtes le sang, que je suis plutôt confortable sur ce type de discussion. Ça m’a rôdé.

Sur la fin, eh, il a l’air gravement pas à l’aise. Enfin si j’en crois mon pouvoir qui se fait ping par l’expression de ses émotions, ça arrive dès que ça devient un peu trop marqué. C’est extrêmement relou de se concentrer quand vot’ magie vous hurle « HEY, HEY, ET SI AU LIEU DE RÉPONDRE A TON PARTENAIRE T’ALLER TAPER LA DISCUT’ A SES SYNAPSES. QUELLE AMBIANCE. FEEL THE STRESS IN THE AIR, ALLEY, ALLEY, ALLEY. ».

Jsuis trop con j’me suis mis la chanson en tête putain. Urh. On skip.

L’avantage c’est qu’il pose des questions donc au moins on va pouvoir désamorcer ça pas à pas. En parlant de pas d’ailleurs.

« On marche ? »

Je préfère définitivement être en mouvement, exécuter quelque chose de mécaniques en parallèle de la discussion. Pour trier l’info, comme pour éviter de prêter attention à ma magie. Focus.



« Oh boi, vraiment, pas d’inquiétude, tout va bien. C’est normal qu’on n’ait pas les mêmes besoins, comme n’importe quel couple d’ailleurs, ça serait hyper flippant si on était pareil, non ? »

Ahahahah wait ça m’as fait trop bizarre de m’entendre sortir le mot couple naturellement ça me rend super heureux.se mais ça me bouscule un peu. Je sais pas si je suis weird ou juste pas habitué. Anyway.

 « T’imagines ? Tu saluerais les gens en essayant de les goumer, tu parlerais mal, t’aurais parfois presque 20 h de sport par semaine, ça serait chelou. Ou alors j’aurais lu plus de livres qu’Odette n’a d’année, je serais tellement organisé que je serais à çaaaaa… » tu mimes un fin interstice entre le pouce et l’index « de faire breveter ma propre méthode, et j’aurais des scores pas ouf a Mario kart. Terrible n’est-ce pas ? »

Hey au moins je nous ai grossi le portrait à tous les deux, c’était tout à fait équitable. Bon je déconne pour alléger le sujet, placé le contexte de — Well on sait qu’on est vachement différent, au pire si on avait un doute on a qu’à regarder genre nos chambres, nos quotidiens, nos fucking vies et on sera vite éclairé. Ça fait aussi partie du deal — .

« Bref. C’est pas une graaande nouveauté le fait qu’on a des fonctionnements opposés sur certains points, la même question pouvait se poser pour habiter ensemble et pourtant here we are. Donc est-ce qu’avoir des besoins différents c’est un problème pour être ensemble ? Nop. L’important c’est qu’on communique et qu’on aménage les choses pour que ça nous convienne à tout.e.s les deux. Ce qui semble être en bonne voie puisque c’est basiquement ce qu’on est en train de faire. Si je t’ai posé ces questions-là, d’ailleurs désolae si jamais ça t’a mis mal à l’aise, c’est juste pour connaitre tes limites et éviter de te proposer des trucs qui t’intéressent pas. »



Ça sera beaucoup plus confortable d’un côté comme de l’autre d’être informé.  



« Pour finir sur le contact, c’est noté du coup je préviendrais. Ensuite oui pour le cou je parlais d’embrasser, caresser, lécher, mordre, fin’ bref un tas de trucs, mais c’était qu’un exemple pour expliquer la différence de perception, si ça pouvait aider à comprendre. Et biiiiiien évidemment qu’on peut y aller petit à petit, no prob’ frér—»

Holy music stops.

« Gros. Dude. Honey? Toi ? Mordred ? EEEEH, CHIER J’AVAIS PAS PENSÉ A CA. Heuuu. Bref. L’important c’est juste ; tranquille, tu vas à ton rythme. »

Je fourre mes mains dans mes poches pour couper court à la gestuelle excessive de la confusion. Est-ce qu’il faut que j’arrête de l’appeler gros ? MAIS COMMENT JE VAIS FAIRE ?!

Je racle ma gorge pour recentrer la conversation sur les sujets déjà en cours avant d’aborder les MONUMENTS. Ah oui, j’voulais fournir un peu de potentiels backups.

« Ça te convient si je te propose des trucs à l’occas' quand ça me vient ? Comme tout à l’heure par exemple. D’ailleurs je te le dis au cas où ce soit utile, mais si c’est une difficulté pour toi le “comment t’y prendre” et que t’as envie de tester quelque chose dont pour l’instant t'as de “comparatifs”, hésites pas à m’en parler et j’initierais le contact si ça peut aider à suivre. »

Bon. Maintenant sur la relation. Je marque quelques secondes de silence, le temps de situer ce qui a été dit et ce qu’il reste à dire. Le regard posé autour de nous. On est relativement tranquille sur ces chemins, c’est agréable.



« Une relation uniquement amoureuse c’est parfait tu sais, genre… vraiment. »



J’hausse les épaules d’un air simple et lui souris. J’espère l’avoir un peu rassuré sur le fait que les choses peuvent très bien s’aménager en fonction de nos besoins respectifs et que ce n’est pas un élément bloquant. Plus des décisions à trancher et des habitudes à prendre.



« Effectivement je vais aller faire ma vie de mon côté sexuellement parlant, mais tant que t’es OK avec le fait que j’aille voir ailleurs y’a vraiment aucun souci. »



Je lui souris avant de me faire PUNCHER par mon TDA. J’ai zappé ses interrogations sur la jalousie et cie, discuter relation ouverte a fait remonter l’info des limbes du manque d’attention. En plus ça aurait pu aider, mais je me suis souvenu des premières questions puis bang, plus rien.



« AH ! Alors, oui, d’ailleurs, en parlant de ça. J’ai oublié de te répondre tout à l’heure. Je pense pas être possesif.ve ou jaloux.se, j’peux pas l’affirmer à 100 % en ce sens ou j’ai jamais été en relation amoureuse, amoureuse maiiis de ce que j’ai pu expérimenter, ça m’étonnerait. J’ai plutôt tendance à résonner les relations de façon ouverte. Je voulais aussi voir ce que tu envisages de ton côté. Genre si amoureusement tu souhaitais une relation ouverte ou fermée. »



Franchement, le pourcentage il est là juste pour le luxe du doute, on va pas s’mentir les kheys.

La question de la jalousie et de la relation ouverte se conclut avec une simplicité plaisante. Partir sur ce principe et aviser si nécessaire semble être un bon plan, si d’autres relations sont amenés à graviter autour celle-ci on en parlera. De toute façon je ne cours pas vraiment après les liaisons amoureuses j’suis compliqué pour ça, c’plus du flirt sans conséquence qui va me concerner.

Je sais pas comment recevoir le fait qu’il risquerait de mal réagir si on me porte atteinte. Honnêtement, chuis paumé entre trop d’émotion et de pensée. J'arrive pas à poser les mots dessus. Ça me touche d'une certaine façon et m’inquiète d'une autre. Tout ce que je sais c'est que la réciproque est valable. Et que si quelqu’un cherche la merde faudra que j'lui goume ses grands morts avant que Mordred ne constate pour lui éviter ça.

Lorsqu’il reprend, je claque des doigts par réflexes pour déclencher le « focus » et arrêter de partir loiiin. AH ! Donc lui aussi c’est sa première relation, boom, j’l’avais dit j’suis devin frère. Mais comme il le fait remarquer, on se débrouille pas si mal pour des gros noobs dans le game. Notre capacité de communication à toujours tenu à un mince et paradoxale équilibre basculant de l'excellence à la grosse lose celons les sujets. Y'a un monde entre inventer des langages codés optimiser des échanges, être à la limite de finir les phrases de l’autre pour organisé un plan et les galères qu'on a eu a comprendre nos besoins respectifs. Y’a des événements pas brillants brillants qui m'font encore un peu honte. Mais on a fait du chemin, c’est l’important et ça fait plaisir de s’en rendre compte.

Pouvoir continuer à parler naturellement est un soulagement, j’étais pas sûr de réussir à choper le filon des diminutifs au glucose. Sauf ceux en Anglais qui me viennent spontanément dans des cadre bitchy ou ouvertement flirty mais c’est tout.

Mais… « Ptit chat » ? HMMM. Je tire la moue de façon presque caricaturale. J’arrive pas à savoir s’il provoque allégrement sur ma transformation, ou si c’est juste un surnom affectueux. Pour filer l’analogie féline, c’est l’genre de truc qui me donne simultanément envie de ronronner et feuler. J’suis EXTRÊMEMENT triste de ne pas trouver d’équivalence ni d’avoir le loisir de râler, mais je sais reconnaître que la synthèse de la conversation est plus importante que genre, mon « Rémy susceptible » intérieur.

Je suis globalement OK sur tous les aspects.

Sauf.

Le.

Foutage de gueule.

Est-ce que j’ai quelque chose à ajouter ou rectifier ? Hahahahahaha, CONTENT QUE TU D’MANDE MON GARS J’VAIS PAS TE RATER. Mais chaque chose en son temps on est pas des sauvages ici.

« J’suis carrément d’accord avec tous les points, sauf le dernier, mais j’y reviendrai après. Eh. Juste, Mec. Franchement. On peut se le dire entre nous, là, comme ça. En un an, on s’rais pas devenu un peu les ultimes king de la communication ? C’est ouf qu’on ait autant évolué là-dessus.»


Reste à voir comment ça va s’appliquer maiiiis j’suis plutôt confiant sur la solidité de ce qu’on commence à mettre en place, pour une fois qu’on part pas directe sur un énorme « yolo ». Faudrait juste genre, avoir le choix sur le moment de la conversation et ce serais nickel.


« J’ai rien qui m’vient à ajouter de suite. Ah si, trois points rapides. Pour faire écho à mon exemple de tout à l’heure, j’sais pas ce que tu penses de dormir ensemble ? Perso si c’est occasionnel ça peut être fun, mais au quotidien je crois que je suis plus tranquille avec l'idée d’avoir mon lit, ma chambre, mes lois. Après je m’adapte hein, mais c’est un type de routine auquel je suis pas familier.e. Deuxièmement, l’optique de la relation ouverte est carrément cool, mais je suis plutôt pour qu’on en discute si l’um de nous développe des sentiments pour une tierce personne. Ne serait-ce que pour constater si dans les faits ça nous convient toujours comme format de relation.»

Les émotions c’est quand même chelou, on réagit pas forcément comme on l'imagine face aux événements accomplis. Ça paraît important de checker. Et puis ça peut être chouette de savoir de qui il s’agit histoire de pas se prendre la surprise de sa life en pleine poire aux détours d’un couloir, sans sommation.

« Et pour gossiper ensemble. »

Double haussement de sourcil amusé pour appuyer l’aspect fun de l’activité. En couple ça doit être le feu.


« Et autre point juste pour te prévenir comme tu l’as fait même si je pense que tu t’en doutes ; je risquerais aussi de vraiment mal réagir si on te porter atteinte. C’était franchement pas un secret, maiiiis ça à l'mérite d'être dit. Et je vois pas quoi ajouter là-dessus. »

Pas besoin de compétence d’analyse très poussée pour savoir que je suis relativement excessif, que je tiens à Mordred comme à personne et que mon sang c’est d’la sauce salsa. Est-ce que c’est nécessaire de se poser des calmos au cas où or just let us take the risk to consume our soul in an endless revenge ? Bwarf. Y’a pas de raison qu’on soit à ce point extrême, non ?

Appliquer des règles me parait compliqué et complètement dispensable. Évidemment que je serais tenté de lui dire molo pour qu’il se préserve, mais ce s’rait vraiment malvenu de lui faire des réflexions que je serais probablement incapable de tenir de mon côté. Et je lui fais toute confiance pour que si problème il y a, on gère ça ensemble. Je préfère voir ça comme une alliance en cas de menace, un front commun.

Puis franchement… si qui que ce soit d’vais causé du tord à l’um de nous, lae fautif.ve en question méritera ce qu’iel risque de se prendre par la gueule et ça lui donnera toutes les raisons du monde de pas recommencer. M’enfin pour l’instant on est gravement plus les fouteurs de merde que l’inverse donc c'est pas tant l'soucis dont on a à ce méfier.

Bien. C’est tout pour les ajouts, passons aux rectifications.

« Maintenant, juste faut rétablir certaines vérités. »

J’inspire longuement les mains jointes, la tranche en appuie de mon menton à mon nez d’un air excessivement dramatique.

« Boi. Pour Mario Kart là j’vois même pas le côté “foi” de “mauvaise foi” parce que personne n’y croit. À c’jeu t’es genre, la fusion improbable d’un octogénaire et d’un marteau piqueur sous coke, t’as vu comment tu bouges ? T’as failli nous éborgner à plusieurs reprises, r’garde j’en ai encore des bleus, t’es dangereux gros. »

Pour expliciter mes assertions, je lui présente d’un air outré celui sur ma joue. Il n’a rien à voir avec ses excès de zèle à Mario kart, certes, mais il a le mérite d’apporter de la texture que-dis-je, de la couleur au propos.

« Chuis tellement calme à côté j’pourrais me fondre dans le paysage, c’pas ma faute si tu te prends pour une caisse quand tu joues. »

Ça, c’est pas de la mauvaise foi, le mec tourne avec sa manette. C’est un peu cute. Mais tout autant un truc de boomer. Et comme je suis un sale sale je souligne pas le côté cute évidemment, me contentant juste d’un air aussi amoureux qu’odieux.

« Mais c’est pas grave hein, je t’aime quand même. »

Mais c’est pas parce qu’on est ensemble maintenant que je vais moins être une saloperie.

And it’s time for the dramaqueenage anthem. Je sais honey, j’ai brisé ton cœur et ton âme et que ta vie ne sera plus jamais comme avant, mais c’était nécessaire. Les mots sont durs, mais les mots sont justes.

Je souris à sa déclaration, son interprétation tragique des événements avec tout le drama du monde aggravant seulement le fait que je sois, et bien, grièvement amoureux. La seconde partie me convainc étrangement beaucoup moins. Il peut m’la refaire sans trembler des genoux celle-là ? Je lève les yeux au ciel.

Art is hard, je suppose, mais c’est pas qui va abaisser mes standards en termes de respect. D’autant qu’il n’a pas l’air de porter plus de déférence que ça à mon art de la dissimulation, carrément plus complexe que celui de sa méthode américaine pour progresser aux jeux vidéo.

La discussion reprend sur des sujets moins touchy. Dang, je pensais pas que c’était à ce point compliqué pour lui de dormir autrement que seul dans sa chambre, à vrai dire quand je parlais « d’occasionnellement » j’imaginais davantage le risque de tomber comme des gros sacs devant un film ou à la flemme de bouger après une conversation deep super tard, qu’à toute ces paramètres. C’est bon à savoir.

D’mon côté c’est pas tant que je préfère dormir seul.e, mais plus que je préfère être certain.e de conserver mon espace de vie, son absence d’organisation et ne pas être dépendant.e des horaires d'une tierce personne. Pioncer avec des gens en soit c’est grave chouette, mais partager une chambre, même partiellement, c’est autre chose.

Mordred instant kill mon groove sur le gossip. Aaaah. Oh. C’pour ça qu’il a fait une tête cheloue quand j’en ai parlé ?  J’aurais p’t’être dû être plus précis.

Je sens mon stress partir en wheeling à 200 à l’heure sur l’autoroute de la flippe lorsqu’il aborde le risque de perdre confiance en moi. Ça à escalader rapidement ou c’est moi ? Y’a une différence fondamentale entre parler avec quelqu’un de confiance de personne que l’on rencontre et aller raconter à tout le monde des ragots sur ses proches, ça n’a rien à voir. J’ferais pas ça ?! Sérieux !
 
Je choisis de discrètement enterrer mon internal screaming et tente de prendre les choses doucement pour ne pas auto-alimenté ma contrariété. Chaque pensée parasite sur la peur qu’il parte ou sur le risque de merder avec lui est solidement retenu en laisse. Pas maintenant. C’est pas rationnel.

Lui parler devrait m’empêcher de ruminer, pour commencer.

Évidemment puisque je panique, je suis useless. Par réflexe j’allais attirer son attention par un coup de coude amical de la bousculado-franche-camaraderie pour simuler une attitude à l’aise. Sauf que pour rappel on a délibéré sur ses difficultés vis-à-vis contact physique y’as quoi… moins de dix minutes ? Putain de Lacey de — RRRRH. Annule la mission, grouille, GROUILLE. Le mouvement s’arrête avant l’atteinte de la bulle personnelle de la cible, mais mute en passage de main dans les cheveux puis dans la nuque, qui n'a de naturelle que son taux de weirdness.

Attends.

C’est quoi dans ma nuque ? Des… poils ?

« MAIS PUTAIN. »

Ma crête noire est évidemment de sortie depuis la base de mon implantation pour se hérisser dignement sur la longueur de ma colonne. 100% c’est l’anxiété qu'à déclencher cette merde. Soupire.

Vraiment la transfo’ c’est cool, mais tant que c’est pas stabilisé et que ça se pointe à chaque émotion qui se fait un peu trop remarquer ça saoule. J’ai pas envie que ça se sache. Ça fait longtemps qu’elle est sortie ? Urh…

« Désolé c’est… Haha… Toujours instable. Fais pas gaffe. »

Bordel de merde, c'est quand même fun en tant que mage rouge d'être complétement baisé sur le langage corporel. Qu'est-ce qu'on ce marre.

Je tapote la crête et laisse tomber mon bras. Il me faut quelque secondes pour finir de rassembler mes mots, mais ça va vite et je sens que je m’emmêle. Je pensais pas que c’type de sujet avait tendance à me faire virer irrationnel au quart de tour, mais… hmm, en fait c’est évident. Perdre la confiance des autres c’est quelque chose que je suis particulièrement doué pour faire, je sais pas… j’ai juste pas envie de le décevoir, j’imagine ? C’est bizarre.

Inspire.

« Come on’ dude, tu crois vraiment que je parlerais sur ta gueule ? Sérieux. Tu me connais. D’un, je sais tenir ma langue et surtout sur quoi la tenir. » J’inspire. « De deux, grooos je tiens à toi comme à personne, pourquoi je te la mettrais à l'envers ! Genre, tu sais très bien que si je choper quelqu’un en train de dire du mal de toi j’le boufferais donc non, évidemment que j’irais pas te tailler dans ton dos, c’est juste pas poss'. »

Bon, c’pas ma meilleure journée pour l’aisance sociale. Je soupire. C’était le plus important. Le plus complexe. J’ai pris les choses trop à cœur proportionnellement au sujet de base qui est… relativement enfantin, mais parler est cathartique et m’aide à y aller mollo. Je sais quelles notions sont formulées. Et je sais que la marée vas se retiré peu à peu, laissant accès aux informations, aux notions pour l'instant dissimulé sous les vagues. C'est qu'une question de temps, temps durant lequel on discute.

Le reste consiste à galérer comme une charogne à expliquer ce que je mettais derrière mes mots. Je profite du changement de sujet pour me forcer à adopter à nouveau une attitude tranquille jusqu’à ce qu’elle devienne naturelle.

« Hmm… Pour resituer mes propos et répondre à tes questions, j’disais plus ça sur un ton déconneur, et dans l’sens “Bavardage” plutôt que de “Gros commérage sa mère”. Ça me paraissait juste fun de pouvoir tchatcher de ce type de choses ensemble. Discuter de ce qu’il se passe avec ladite personne si on a envie d’en parler, raconter des anecdotes sympas qui sont tranquille à partager. »



Puis des fois c’est juste cool de parler des autres. J'pense même sincèrement que c'est un exutoire intéressant. Que ce soit pour le plaisir partager des choses cool dans le cas présent, où pour cracher son venin en privé aussi. Des fois le formuler à voix haute suffit à s'rendre compte qu'on est vraiment con et qu'il faut se calmos, et des fois ça confirme la nécessité de distribuer des coups de pieds au culs. Faut juste soigneusement sélectionné ce qu'on dit et à qui on le dit. Et c'est la d'ssus que j'la fout pas à l'envers.

« Franchement si jamais ça m’arrive je serais pas contre l'avis extérieur d’une personne fiable - au hasard, j’connais un Mordred qui correspond à la description - sur lae potentiel crush. Parce que toi, j’te connais, j’ai toute confiance en toi et on était ami avant, hmm, tout ça. Sauf qu’admettons que je rencontre une personne qui me plaît, mais que j’connais depuis pas longtemps. Comme je crush j’vois pas forcément les gros redflag. En discuter avec un proche, ça permet aussi de capter ça avec un peu plus d'objectivité t’vois ? »

Ça peut paraître absurde mais j'ai déjà crusher sur des sacrés connasses quand même donc si j'pouvais éviter de refaire des débilités, ce serais trop.

Je manœuvre pour détendre l’atmosphère en repartant sur de l’illustration miteuse meilleure ambiance et sourit d’un air amusé dans sa direction. C’est vraiment con hein, mais l’humour c’est un des vecteurs qui contribuer s'éloigner des chemins de pensées problématiques. J’saurais pas l’expliquer, mais très indirectement ça m’aide à prendre plus de recul émotionnel sur la situation. Ça permet aussi de faire passer un message sur mon propre état d'esprit, juste de quoi contredire les codes renvoyés tout à l'heure.

« Ou imagine l’um de nous a un date avec l’autre personne et a trop envie de partager ça à quelqu’un, on pourra en discuter tranquille et bénéficier de la formidable expertise en drague de l’autre. » Clin d’œil ringard pour illustrer l’exact inverse. « J’voudrais pas rater tes conseils de pro. »

Parce que c’pas beau de se moquer quand on est mal placé pour le faire, mais ça reste délicieux. En vrai je déconne, mais c’est surtout que vu qu’on s’y est pris comme des boloss on a pas forcément eu l’occasion de flirter. Ça s’trouve il a d' immenses ressources insoupçonnées sur le sujet. Dang.

« Bref. J’ai p’t’être pas la bonne définition du mot, mais en tout cas si c’était vis-à-vis de quelqu’un pour qui on a des sentiments, obviously, c’était pas pour lae descendre ou exposer des trucs qu’iel n’a pas envie qu’on raconte. C’est juste que je trouve ça plus cool de pouvoir en parler ouvertement de ce genre de chose et que le mot amène l’aspect “amusant” du ton.  Le bitchage, indeed, on le réserve aux bitchs et on a laaaargement de quoi faire dans l’école. »

Oublions juste qu’on fait partie des bitchs en question et qu’on à gravement tendance à naturellement bitcher sur des randoms.

No need to be stressed, il avait l’air de sourire tranquille pendant mes précisions, non ?

Qui m’éclaire sur le fait qu’le temps semble gravement étiré en attendant sa réponse ? C’est juste mes pensées qui tournent suffisamment vite pour que j’aie l’impression de voir le monde au ralenti ? Est-ce qu’il y a une anomalie dans l’espace-temps  ???! C’quoi les bails ?!

Je souffle un coup quand Mordred reprend la parole sur un ton tranquille, pavant la voie de l’éclaircissement pour rétablir la communication. Bien. On s’détend Lacey, c’est pas parce que t’as un cul musclé que t’es obligé d’être tendu comme un slip.

Hmm c’est vrai que gossip à un sens plus courant et que j’ai tendance à un peu sortir les mots au feeling de ce que je mets dessus, et, en soit, j’l’associe pas mal à la vibe de tchatche d’amourettes ambiance soirée pyjama qu’on peut voir dans les séries par exemple. T’façon j’ai toujours utilisé le vocabulaire avec la précision et la délicatesse d’une truelle en guise de coupe-papier. À l’image de cette analogie de merde ; c’est à côté du propos, mais sur un malentendu ça fonctionne, l’exécution n’est pas nette et implique un risque de dégât collatéral et surtout, faut être sacrément con pour faire ça.

Je lui rends son sourire l’air de dire que la confusion est comprise.

Il est mignon. Non en fait il est pas mignon. Enfin, si évidemment qu’il l’est, mais ce que je veux dire par là, c’est qu’il est bien plus que ça. Et qu’à chaque seconde qui passe, chaque seconde où je l’entends parler, je me rends compte d’à quel point c’est doux d’être à ses côtés. Je pense sincèrement qu’en dépit de nos remarquables dispositions au chaos, ensemble, on peut vraiment construire quelque chose de beau. En tout cas, les fondations envoient déjà du lourd.

Ses mots sont apaisants et ont la même texture dans leurs sensations qu’une promenade de nuit, que l’après d’une course à pleins poumons, des moments de bonheur simples, des mécaniques rassurantes. J’aime aussi l’entendre parler de ce qu’il aime. J’aime l’entendre parler tout court. J’suis sérieux.se, je m’en lasserais jamais.

Mon pelage se dégonfle et retombe lentement à plat sur ma nuque à mesure de la conversation, mais ne part pas encore, faut le temps. L’soucis, c’est que mes magies ont salement tendance à s’alimenter, l’une influencée par les émotions fortes, l’autre impliquant que la manifestation des-dites émotions aient la subtilité et la cohérence d’un film de Mickael Bay. Sauf qu’au lieu de s’exprimer en explosion spectaculaire, c’est genre, des boules de poils. Bien sûr on s’économisera les énormités dans le style "On a le charisme qu’on mérite" sinon on va voir passer un certain nombre d’avis de recherche pour des rotules.

Je ris lorsqu’il parle de sa renommée dans le flirt game, appuyée par un petit geste de diva. T’inquiètes honey, j’serais là pour rétablir la vérité sur tes compétences dans l’domaine, le monde n’est pas prêt.

Je reste silencieuxse pendant le moment de flottement, je lui donne mon accord d’un hochement de tête pour prendre ma main et… Vous vous souvenez sur ce que je vous avais dit vis-à-vis de la subtilité de Michael Bay, mes émotions qui me foutent des pains, tout le bordel ? Oui bon bah, on remet le couvert, MAIS dans le positif. Comme des pétillements agréables. Physiquement, avec la magie toujours un peu trop littéralement à fleur de peau, ça se manifeste par une étrange vague discrète de fourrure qui glisse l’épiderme et disparaît aussitôt qu’elle passe. Un frisson fluff puisque vous avez l’air de préférer les appellations techniques et ridicules.

Il est plutôt accurate dans son analyse des choses, et particulièrement efficace pour pointer les éléments importants au bon rétablissement de la situation. Ses explications précédentes avaient suffi à faire retomber le stress, mais c’est toujours autre chose d’avoir directement les mots posés en contradiction des appréhensions.

Mon esprit est une sorte de boule de nœud que plusieurs sentiments se tirent dans les pattes pour continuer de l’emmêler. Sécurité, apaisement, un peu de honte d’avoir flippé comme ça, de l’affection, bref. Dans l’ensemble de la positivité condensé de façon informe. Genre une grosse flaque, mais en forme de cœur et avec un pouce en l’air qui en sort, donc c’est cool. Juste pas hyper pratique pour sortir des phrases plus cohérentes que « sudhipfugd jtm wesh. »

L’effusion d’émotions est légèrement désamorcée par le rire à sa dernière phrase sur les Kings des boulets. Ça me parait terriblement on point.

Par contre comment j’me sens ? Wowowow, calm down. Cette question elle est jamais simple. Même dans les meilleurs mood ça demande toujours une analyse trop fine de l’instant, un recul qu’y faudrait p’t’être bien pensés à avoir de façon générale, mais qui se démarque par sa nature énergivore.

Mais cette fois si, l’introspection n’est pas un putain de casse-tête à cause de mon cerveau réglé avec le cul. C’est plutôt doux, juste difficile à exprimer. Hmm. J’vais pas commencer par ça.

« C’est fou, j’pense qu’on est les kings de plein de choses, mais qu’il faut surtout pas s’amuser à faire la liste. »

En relation directe avec notre tendance à l’excellence dans certains domaines, pas toujours les bons. Ça dépend d’la formulation, les Kings de la créativité ça sonnera toujours mieux que « Les Roi des Débiles ». C’probablement l’anglais qui fait c’t’effet tiens. Donc contentons-nous des boulets et des… communicants ? Enfin de la communication, merde quoi, vous voyez l’principe, la phrase était cheloue.

Je marche un peu en silence le temps de me lancer dans une réponse à sa dernière interrogation.

« Pour revenir à ta question, j’sais trop pas comment j’me sens gros, mais c’est positif. J’suis toujours un peu un sac pour dire les choses correctement hein, c’est juste qu’aujourd’hui on est sur du gros morceau en termes de pas en avant. Sur beaucoup de choses d’ailleurs. » Je passe ma main libre sur el barbiche, d’un air pensif.ve « Hum… J’sais pas comment expliquer. Un truc comme ça. »

Je fais un mouvement vague de roulement de la main près du thorax, histoire de dire « emmêler, mais c’est cool de ouf », ce qui, pour toute personne extérieure à mon fil de pensé ou non initié à ma gestuelle ressemble plus à « Je vais faire des grosses grosses roulades mon gars ». Enfin, techniquement il pourrait être à l’intérieur de ma tête, mais je lui fais confiance pour ne pas le faire, il connaît mes limites là-dessus.

Ça change rien au fait que mes explications pu. C’qui n’a pas l’air de le plonger dans une profonde incompréhension, d’apparence, pour autant ça d’vrais pas me tuer d’être plus précis. Le truc, c’est que j’suis une buse pour ça et qu’le « Hey gros ça t’dit on part se battre à main nu sous des trombes de pluies pour se dire c’qu’on a à se dire ? » ne fait pas partie des possibilités en termes de discussion. J’aimerais vraiment en rire, mais dans les fait chuis certain.e que si c’était une option j’aurais p’t’être mis vachement moins de temps à en parler. J’sais pas ce que j’ai foutu de ma vie, est-ce que c’est un désastre ou désastreusement cool, personne ne sait, toujours est-il que je suis indeed désastreusement doué pour divaguer quand ça m’arrange.

Je fais la moue. Eh. C’même plus tourné autour du pot là c’est l’format terrain d’athlétisme.

« Hmm. C’est juste que je voulais te dire, que, enfin, pareil que ce que tu as dit sur la confiance, et le reste. » Inspiration. Echec. Bon bah on va faire avec c’qui nous reste d’air.« Wesh t’es trop précieux gros, j’me sens hyper chatteux et heureux d’être avec toi et j’sais trop pas non plus comment t’exprimer à quel point du compte, mais j’voulais te le dire aussi. »

Récupération d’oxygène qui se solde par un succès, youhou, bravo moi. Ça ne répond toujours pas à la question, ceci étant dit. Ma jauge d’efficacité est morte pour la journée.

« Ensuite pour comment j’me sens j’dirais, dans le désordre ; heureux, amoureux de ouf, c’qui fait de moi quelqu’un de vachement niais j’te l’accorde, un peu embrouillé/bousculé au milieu de tout ça, MAIS rassuré. »

"Tout ça" comprenant autant le quiproquo que les événements de façon générale. Tout comme le fait d’être rassuré couvre aussi ma perception de l’ensemble des changements qui se mettent en place.

« Merci d’ailleurs. Pour, hmm, juste avant. La transformation devrait pas tarder à se résorber, je pense. » je passe machinalement mes doigts à travers les poils pendant l’instant de battement puis lui souris et serre légèrement sa main « Par contre j’vais pas pouvoir être beaucoup plus clair que ça. Et toi, comment tu te sens ? »

Comment ça chuis cute, ça change des… ? Hmpf.

Grognement caractéristique pour toute réponse. Grave erreur stratégique pour quelqu’un qui compte s’en offusquer dans l’style « MOI J’TE GREUH ? No fucking way je grogne pas tant qu’ça ». Oui bah faut croire qu’les mauvaises habitudes collent à la peau. Je fais la moue pour la forme pendant qu’il réfléchit.

Ay. Bah ouais fréro cette question c’est vraiment la demer hein j’suis d’accord avec toi, prend ton temps. T’façon on est pas obligé de répondre. Ni de répondre avec des mots. Si tu veux te taper une p’tite macarena toi aussi j’te dirais rien promis j’essaierais de capter.

Il rit un peu lorsqu’il reprend et l’ensemble qui en ressort est majoritairement positif ce qui gonfle ma poitrine d’un sentiment de soulagement/YEEEES. Évidemment c’est nouveau, ça bouscule pas mal de choses donc vas y avoir des stress hein, on va pas s’mentir. D’un côté comme de l’autre. Mais c'est majoritairement beaucoup trop cool et c'est ça l'important.

« T’inquiètes c’était clair de ouf. Je pense que je comprends. »

Je prends le temps pour réfléchir à sa dernière demande, mais…. Hmm. Le vide total. Rien. Niet. Nada. Que tchi. À part quelques idées importantes sur le « R » en question.

« De suite y’a rien qui m’vient, mais c’est normal, on a balayé beaucoup de choses en une conversation. Les sujets à aborder viendront d’eux-mêmes, j’pense. Faut qu’on s’laisse le temps. Y’a des trucs qui viendront naturellement. Y’auras p’t’être même des gaffes aussi. » C’pas comme si on n’en avait jamais fait M-D-R. L'but c'est de les éviter au max mais ça reste des possibilités qu'il ne faut pas craindre, juste gérer. On peut pas pensé à tout J.1.« L’important c’est jusque que quand ça arrivera faut qu’on en discute pour que ça s’passe bien. J’nous fais confiance pour manager ça à mesure. »

Sur ce je lui adresse un sourire à l’allure sûr. HAHAHA, z’avez vu c’que je dis ? Pète sa mère. On n’y aurait jamais cru à de la com’ pareille, c’tellement fluide c’est pas des mots c’est du putain de smoothie. C’est réel. Franchement chuis grave impressionné par nos efforts à tous les deux. Bon, ceci étant dit je suis d’une humeur particulièrement excellente (oh bah on s’demande pourquoi tien) aujourd’hui, ça joue sur la facilité. Et puis c’est Mordred. Bref j’garantis pas que ce soit régulièrement aussi tranquille, mais c’est important de noter que c’est possible.

Je me redresse dans un sursaut de réalisation, touché par la grâce de la grande et brillante créativité, la muse de l’inspiration,  bref ce que j’essaie de vous dire c’est que j’ai une bête d’idée. Je rattrape in extremis le coup de coude enthousiaste que j’ai failli lui mettre en tapotement tout aussi enthousiaste de la main que je lui tiens.

« Gros, gros ,gros, groos. J’ai une idée. T’sais ce qu’on d’vrait faire ? »

Question rhétorique, je lui laisse pas le temps de répondre.

« On d’vrait refaire un date, fin’ la version officielle et homologuée. Genre, les deux personnes sont prévenues et finissent pas classe d’aide à la fin. »

Ça devrait être moins compliqué maintenant que logiquement y’a plus trop trop trop de difficulté à le tenir informé. L’problème c’est les idées mais j’avais pas vues aussi loin quand j’lui ai annoncées. Ça s’rait cool d’éviter de se prendre une taule parce qu’on a décidé de faire un Harlem Shake dans le bureau de la dirlo.
Mais alors. Qu’est-ce qu’on peut faire ?

« Ah la galère a trouvé par contre. »

Quelle dure voie que celle de la discipline. Et celle d’avoir le cerveau pété aussi.

« On pourrais faire deux activités et on en choisit une chacun ?»

Pourquoi systématiquement deux d'ailleurs ?

« Où un triathlon, mais avec des domaines un peu random ? »

«Aller à une fête foraine ? » Air sceptique, très sceptique, l’épaule hochée au fur et à mesure que le doute s'installe. Dans qu'elle galère j'me suis mis.e. « Tu veux essayer la MMA ? Ou sinon un date où on fait tout l’inverse de ce qu’il y a dans un date au sens où on l’entend en général ? Genre j’sais pas on se sape n’importe comme, on met les chaises à l’envers pour prendre un repas avec des plats hyper inattendus, MAIS KESKEJ’DIT, GROS J’TE RACONTE ÇA, MAIS J’SAIS PAS QUOI FAIRE EN VRAI ?? Et t'sais quoi, vasy balance tes idées, j’ai choisi l’premier date, ton tour. »

Vaste excuse même pas dissimuler pour lui refiler la bombe que j’viens de créer ouais. Et pour détourner l'attention de la daube que j'viens de sortir. En plus il a des bonnes idées, avec un peu de chance il pensera à des trucs plus adaptés pour un date.

« Fin’, si ça te tente »

Oui non parce que j’ai toujours pas eu son avis hein, j’me suis emballé tout.e seul.e comme um grand.e.

Haussement de sourcil circonspect à sa protestation. Genre c’est lui qui décide des règles, non, non et non c’est la dure loi de la street qui s’applique ici. Le fameux chacun son tour. Ceci étant dit j’suis pas contre l’aider à chercher, j’ai déjà même contribué au « Braisto’ » comme on dirait si le diminutif de cet anglicisme n’était pas banni.

Trêve de divagation, le concept du repas paintball est grave prometteur. La version laser game peut être sympa et ajoute la partie « repas dans le noir » qui peut être fun, mais parallèlement on peut très bien la jouer mauvaise foi et continuer à se faire tirer dessus sans que ça pose de réelles difficultés. Le paintball est plus immersif. En référence au fait qu’on se prend des grosses balles de peinture par la tronche, ça donne des raisons de les éviter. Ah et puis y’a juste à choper le matos, ça peut être compliqué, mais ça reste plus simple qu’un truc ou on a besoin des locaux.

Attendez. Quoi ? Il trouve le MMA safe, ce qui est ni complètement juste ni complètement faux, mais étonnant en comparatif des différentes activités. Disons que c’est un peu extrême comme discipline, mais que quand c’est bien encadré c’est pas beaucoup plus dangereux que d’autres sports de contacts.

Mais le pire, c’est la suite. DON’T YOU DARE INSULT MY WHOLE LIFE ?! NON. ON VIENT TOUT JUSTE DE CONCLURE, POURQUOI TU ME BRISES LE CŒUR COMME ÇA ? Le MMA c’est ma vie, ma reine, mon oxygène, le sang de ma veine. Depuis tout.e jeune je suis l’UFC comme um dingue, vraiment, j’ai passé des heures à observer des matchs, à imiter des champion.nes de la discipline en poursuivant mon daron qui d’vait salement regretter de m’avoir faire découvrir. ET JE PLEURE CHAQUE JOUR DE PAS AVOIR PU REJOINDRE UN CLUB OFFICIEL DEPUIS LA LÉGALISATION. ET DE PAS POUVOIR FAIRE DE LA COMPET’.

Justice sera rétablie. Pour l’instant je vais daigner écouter le reste de ses propositions malgré ces outrageux propos.

La suite de ces idées à ajouter au date inverser est plutôt fun indeed. Et je suis obviously d’accord avec le fait qu’un ciné c’est pas le meilleur moyen de marquer le coup, à vrai dire ça ne m’était même pas venu à l’esprit. Ni le café. Après ça peut être très facilement détourné.

« Naaan tranquille j’pense que même si on allait au café ou au ciné ça dégénérait. Enfin, j’veux dire « On s’ennuierait pas ». Imagine, rien qu’au ciné, suffit qu’on tombe sur un film ou y’as personne pour que ça parte en steakos sur un terrain taille salle de ciné avec un dispo un grand écran et un film probablement daubé. »

On peut très bien inventer un jeu sur la base des dialogues ou des actions du film dans une salle vide. Genre, j'sais pas, chaque fois qu’un regarde par la fenêtre d'un air triste on réalise tel ou tel défi, une sorte de bingo comme pour les jeux à boire. Voir, ça peut être un jeu à boire pour une soirée entre potes. Hmm tiens, j’vais garder le concept dans un coin.

Bref y’a TELLEMENT d'idées à explorer, la concurrence de l'une à l'autre est rude. Mais j’aime beaucoup trop chercher des activités comme ça avec lui.

« Meeeec toutes les idées peuvent être cool. Pourquoi choisir. Un repas paintball peut faire partie du date inversée comme c’est pas commun. Genre c’est la première manche du repas, et le premier qui chope son cadeau moche a gagné. Perso t’embêtes pas pour les fleurs, j’arrive jamais à les entretenir de toute façon. Au pire on peut envisager un bouquet de mauvaises herbes pour ajouter une touche sauvage à la table. »

Oui, j’ai toujours cette sorte d’aisance naturelle avec le romantisme, ça m’vient comme ça, on m’arrête pas.
Bien. Maintenant aux grands maux les grands moyens, il est temps d’offrir justice à ce monde. Je reprends la conversation avec un ton qui frôle le dead serious. Est-ce que je manque d’objectivité sur le sujet ? Oui. Est-ce que ça va m’empêcher de le défendre à la vie à la mort ? Non. Donc le débat est lancé et il a intérêt à avoir d'excellents arguments pour se justifier.

« Par contre gros y’a des trucs à pas dire, VRAI-MENT, c’est quoi le souci avec le MMA ?! Autant j’m’attendais à ce que tu refuses, normal, mais pas pour ces raisons. J’peux pas laisser passer l’insulte à la discipline, j’vois vraiment pas ce qui te fait dire que c’est ennuyeux alors que tout dans le MMA est ABSOLUMENT MERVEILLEUX. J’insiste hein, mais s’il faut un jour j’te ferais découvrir correctement parce que là c’est pas poss’. »

T’façon ça serait juste pour commenter de la compet’ internationale et lui présenter le principe, pas lui faire une démo, ça, se serait avec plaisir, mais sur d’autres disciplines plus adaptées.

Mais là, on parle d’un sport qui mélange la crème des techniques d’une flopée d’arts martiaux SUPER COOL. Ça permet des combats tellement riches et variés avec des méga pointures issues de différentes écoles de disciplines, c’est juste grandiose. C’EST UN PUR CONDENSÉ DE MA PASSION, évidemment que j’vais défendre mon bout de pain.

Mais y’as ABSOLUMENT TOUT de merveilleux mon pote, c’est ça l’astuce. La technique, le spectacle, le public, les challengers, l’ambiance, TOUT. Il s’agit pas de respecter ma passion, mais de respecter un art. Les combattants sont des putains d’orfèvres du sport et c’est tout le principe de… rester assis.e éplucher des formulaires ? Hein ? Je vois même pas le rapport, fin’ oui les procédures d’inscription sont un peu lourdes, mais ça concerne uniquement les compétiteurs. Saisie de contrat… Version pro du logiciel… Wowowow. Quoi. J’ai loupé combien de trains ? Keske.  

Le MMA, les papiers…

Je… ?

Oh.

AH. OH PUTAIN, L’ASSURANCE AVEC UN JINGLE DE MERDE. WOW. TU L’AURAIS VOULU TU L’AURAIS PAS FAIT CELLE LA MON GRAND. J’éclate de rire et me passe une main sur le front d’un air exaspéré pendant qu’il me demande si j’ai d’autres centres d’intérêt weird. Merci, mes passions se portent très bien contrairement à notre compréhension interpersonnelle. On s’comprend plus Mordred. C’est terrible.

Je skip complètement sa dernière interrogation, elle est pertinente, mais j’y reviendrai après.

« Oh dear.  Est-ce que tu m’as regardé, genre, deux secondes récemment ? »

Question rhétorique ponctuée d’un rire amusé. Je passe ma main sous mon visage et papillonne des yeux.

« Évidemment, étant donné que je suis extrêmement bg, mais c’est pas la question Mordred concentre-toi, j’t’en prie, je parlais de ma personnalité. »

Je chasse d’un geste de starlette sa prétendue « déconcentration » avant de reprendre le sujet. Déjà que la compréhension est laborieuse, si en plus j’m’arrête pour le charrier on n’a pas fini.

« Est-ce.Que.J’ai.L’air.D’aimer.Gratter.Du.Putain.de.Papier ? GROS. IL M’FAUT UN MOIS POUR REMPLIR UN FORMULAIRE D’UNE PAGE SANS SAIGNER DU NEZ, NON, JE N’AI PAS DE PASSION POUR LES MUTUELS. »

On est excessif ou on ne l’est pas, tout y est, la gestuelle outré, le ton dramatique, j’aurais pu être convaincant.e si j’avais pas ris à la fin parce que j’arrive pas a croire deux secondes cette erreur sans me marrer.

Non parce que, qu’il ait jamais entendu parler du MMA, mais AUCUN SOUCI, je lui fais un PowerPoint quand il veut, ou il veut. Mais qu’il me pense en capacité de ne serait-ce que lire un contrat d’assurance sans faire trois comas c’est surréaliste.

«  MMA, Mixed martial arts, le “Free-fight”. Je sais pas si tu connais du coup, mais c’est genre un sport de contact. Pas, hm, une assurance. Enfin, si , aussi, mais je parlais pas de ça. Ceci étant dit, j'suis franchement un peu ému que tu sois patient au point d’accepter qu’on construise ensemble un quizz autour d’une compagnie d’assurance pour me faire plaisir. Mais si tu n’y vois pas d’inconvénient, je vais décliner l’offre. »

Franchement si CA c’est pas la plus belle preuve d’amour et de compréhension qu’il pouvait m’faire j’sais pas ce que c’est. Il est in-cro-yable.

Et puis tant qu’on y est, p’t’être que j’ai raté des trucs depuis qu’on se côtoie, ça peut être cool à connaître comme info, les passions surprenantes. J’sais pas. Mordred passion freerun, PERSONNE n’est prêt.

« Des passions inattendues à signaler de ton côté ? Promis après ça j’suis prêt.e à tout entendre. »

Ah ouai non mais après ça j’lui doit le respect le plus total au moins pour la minute à venir.

Bien. Il était d’importance mondiale qu’on règle le quiproquo, pour des questions de perturbation de la force. M’reste plus qu’à éclaircir notre petite organisation.

« Ah ! Et pour le paintball. Autant ça aurait été merveilleux de le faire dans le coin, autant on aura moins de mal à demander à un club de paintball si on peut installer un repas -tiens d’ailleurs faut voir si on l’fait nous-même ? — au milieu d’un terrain, qu’à expliquer pourquoi on veut improviser un terrain de paintball dans l’école. L’administration va nous dégommer si on fait une requête, genre, avant même de la consulter. »

Non, mais j’prends le pari, les noms suffisent. Mais c’est pas grave, c’est l’occasion de se faire une sortie, j’fous pas assez souvent mon nez dehors, ça peut pas me faire de mal.

Du roller Derby ? Son ton est tellement sérieux qu’il me met un gros doute, il est doué pour mytho, j’sais jamais. Il fait du roller Derby en scred ou il se fout de ma gueule ? Et en même temps il m’a respecté même s’il me pensait fada d’assurance alors, si je considère sa passion pour le roller derby comme du foutage de gueule j’aurais l’air d’un sacré sac à merde non ? Est-ce que je vais essayer discrètement ignorée l’information pour éviter soit les bourdes, soit qu’il se moque ? Oui.

Sa formulation sur la résolution du quiproquo me surprend un peu, sur l’idée d’avoir l’impression de parler à quelqu’un d’autre, mais je ne m’en formalise pas et me concentre sur la suite. Le date. Ou une épreuve de Koh-Lanta. J’ai de gros doutes maintenant qu’on en discute ? Genre, entre la compétition, la bouffe dégueu, les challenges physiques et surtout une série de règles qui s’empile les unes sur les autres en une sorte de… tours de Pise du chaos. Y’a de quoi attirer des touristes pour faire semblant de s’appuyer dessus, tho.

Lorsqu’il confirme que l’organisation dans un club est largement plus envisageable, je note mine de rien un avantage stratégique à cette décision. Si on avait été dans un environnement où il pouvait utiliser sa magie, je me serais fait ATOMISER. Sans le voir venir. J’dis pas que ce sera pas le cas. J’dis juste que j’aurais le mérite de le voir.

En tout cas je suis d’accord avec la forme que ça prend entre les différentes manches et les contraintes de cuisine tirées au sort qui promettent… Oh, un glorieux moment, parti du postulat qu’on est tous les deux des contre-pointures de la discipline. Enfin, c’est plus subtil que ça. Perso je sais bien calculer mes rations en termes d’apport et préparer ça de façon purement utilitaire. Mais faire des trucs bons ? Eh, on en est loin. De toute façon j’ai jamais été trop fan du fait de manger pour le plaisir, c’est juste fonctionnel alors le fait que ce que je me fasse soit hyper fade n’est pas un souci.

Mais franchement, au regard de la situation, il suffit d’une contrainte pour que ça vire à l’immangeable. Rip lui. Au moins le défi rendra le fait de cuisiner plus amusant que ça ne l’est.

« Alors alors, grave bonne idée pour les plats. On pourra faire une liste de contraintes à l’occas' ». J’suis plutôt d’accord avec c’que tu suggères, du coup chaque étape sera entrecoupée d’une partie de paintball si je comprends bien ? »

Tiens d’ailleurs. Parce que, ça aussi va falloir le calibrer si on veut pas qu’ça tire à balle réelle M-D-R.

« Pour le paintball j’ai rien contre les pièges et les coups bas comme tu t’en doutes. Surprends-moi. » j’appuie mes propos d’un sourire d’escroc et reprends avec une expression plus tranquille « Pour ce qui est d'la bonne durée d’une partie à deux, on pourra demander directement au club. Après, vu qu’habituellement c’est quand même conçu pour de grosses équipes et là c’est du 1 vs 1 qui s’arrête à la première touche, alors j’pense que la durée des parties va surtout dépendre comment on s’en sort. Si on n’est pas statique, y'a peu de chance qu’on dépasse les 30 minutes. Fin bref'. » Je lève la main comme en signe de reddition « J’m'en réfère aux pros pour ça. »

Dernier point, et pas des moindres puisque c’est le moment de se faire pardonner pour le shit show du premier « date ».

« Oh. Et bien sûr OK pour se faire un repas après, il faudra bien ça pour s’en r’mettre ! Je t’invite. »

Double haussement de sourcil pour montrer que je suis hella romantic. Si on oublie que j’ai pas de thune et que c’est un repas, entièrement financé en argent sale, après un affrontement sanguinaire au paintball entrecoupé de bouffe dégueulasse et de cadeau moche, meh, une invitation au restau quand même. Par contre. Hmm.

Je plisse les yeux.

Après réflexion, j’vais plus jamais réussir à dormir si chuis pas sûr. J’ajoute sur un ton plus bas, comme si c’était un secret.

« Au fait… » Anh, qu’j’ai honte de demandé, ca va tellement me retomber d'ssus « C’est vrai pour le roller Derby ?! »

Son exagération me fait rire. J’sais, j’sais, je suis particulièrement connue pour ma générosité et ma galanterie. En effet, c’est noté sur ma gueule, mon horoscope, mon dossier scolaire et mon carnet de santé. On m'a décelé un trop grand cœur pour ce monde. Qui l'eut cru.

Je me penche légèrement vers lui avec un air méfiant lorsqu’il se rapproche sur le ton de la confidence et prend le temps d’examiner chaque subtilité de ses expressions pour traquer la p’tite bête. Son sourire est cute. Trop cute. J’connais, j’suis pas nouveau dans l’métier et ça fait un an que j’le pratique c’t’escroc. Qu’est-ce qu’il va m’pondre c’te fois ?

…

J’savais que j’aurais pas dû demander. Il s’fout tellement de ma gueule. Mes lèvres se pincent en une expression contrariée et je le bouscule du coude pour manifester mon mécontentement avant d’enfoncer mes mains dans mes poches comme si j’avais cinq ans.

« T’fous pas de ma gueule. »

Ou alors faut accepter la réciproque.

« T’as vraiment trop une tête à en faire pour que j’y croie pas un minimum. Franchement, quand on t’voit là comme ça la première chose qu’on s’dit c’est “Bordel ce mec est probablement un dieu du patin à roulettes, j’aimerais tellement pas l’croiser sur une piste” , donc c’était pas si déconnant. »

Sourire haussé de sourcil ouvertement rieur. Honnêtement j’sais pas c’que c’est une « tête à Roller Derby », mais ce que je sais en revanche c’est qu’au regard de Mordred en général, de ses centres d’intérêt, de son quotidien, on peut se dire beaucoup de chose sur lui et ses capacités dans de nombreux domaines, mais certainement pas ça.

Donc oui, ma question était débile, mais pour ma défense j’ai voulu être respectueux pour la première fois de ma vie et il ment vraiment bien. Et puisqu’il n’arrêtera probablement pas de mentir, j’vais juste arrêter d’être respectueux. Il aurait mérité qu’on remplace le paintball par une sortie roller pour voir s’il s’moque autant quand il est sur des roues, tch, il a d’la chance que j’tienne pas mieux.

Pour revenir sur le sujet et répondre à ses explications, j’ajoute.

« Ça m’va pour le reste, y’a des trucs qui se décideront au fur et à mesure, mais ça va le faire. Fiou, ça nous fait beaucoup de choses à organiser pour ta future défaite. Tiens en parlant de ça, c’est plus fun s’il y a des enjeux non ? »

J’aurais tellement aimé réussir à faire ce sourire, vous savez celui qui met les gens en confiance, là. Mais j’sais pas pourquoi j’sens que j’ai encore une gueule de bandit. Probablement a cause du sujet. Ouai, juste du sujet et pas de ma gueule en règle générale bien entendu.

« Lae perdant se fait teindre les cheveux par lae vainqueur ? »

Ouais j’ai peur de rien. Mais faut bien un truc au minimum à cette échelle rendre à la victoire et à la défaite tous leurs poids. Il sourit d’un air confiant.

« Ouh, ça fait peur… Mais ça marche. Par contre, on considère que le but c’est pas d’empirer le manque de style ? »

Au choix du vainqueur, j’ai envie de dire. Mais j’ai encore plus envie de le charrier avec un semi-avertissement. Si on a déja plus de style, y'aura pas d’problème

« Nooon, du tout, on peut s’permettre de faire des trucs sympas des fois, t’sais. Ça t’irait super bien genre, une sorte de motif flamme directement dans les cheveux, ça ajouterait un effet de profondeur dans le volume. »

Dans les faits je sais pas si en cas de défaite de sa part j’essaie de lui faire un truc supra stylé, ou si je pars sur ça. Faut avouer que l’occasion serait unique. Splendide. Brillante ? Pourquoi pas, si on oublie que c’est vraiment le genre de blague qui peut se retourner contre moi si je travaille pas mes esquives dans les semaines à venir, oui. Mais y’a pas de raison.

« Avec des barrettes pot d’échappement tant qu’à faire. »

Mais me refourgue pas de l’inspi si tu veux pas qu’ce soit cheum, m’enfin. Je pose ma main sur mon torse en soupirant d’un air inspiré à mi-chemin entre l’adolescent.e mièvre et le créateur de mode émue, les deux pieds sur l’autoroute de l’ironie.

« Ça t’irait teeeeeeeeeellement bien, j’vais craquer, juré. »

Mais qui ne craquerais pas sur un mec tout droit sorti de pimp my BF, j’vous le demande ? J’ai hésité avec « Ça m’rendrait tout feu tout flamme », mais y’en a qui se sont fait dégommer pour des jeux de mots moins gros qu’ça, j’allais pas le risquer.

Sur ces belles paroles, je tends la main vers lui pour conclure le pari dans les formes.

« Deal ? »

Il la serre, l’air méfiant.

« Deal. »

Sourire entendu. Voilà une affaire rondement menée qui promet un maximum de fun dans un maximum de peinture et de teinture. Date thématique « Couleur dans ta face mon gars », j’trouve ça franchement cool et ça me fait vraiment super plaisir de faire ça avec lui. Autant la recherche de l'idée que l'idée elle même d'ailleurs. Sur ces belles paroles pleines de créativité et de bon sens, on reprend la route à discuter de tout de rien ou à continuer à semer d'hypothétiques graines de chaos dans notre sillage.

That's what lovers do i guess. Who's know. En tout cas ça m'rend heureux.