En entendant frapper à la porte de la coloc, tu interromps brièvement tes occupations pour être attentif au mouvement dans les autres chambres. Personne. Ou alors, tout le monde attend que quelqu’un bouge par flemme d’ouvrir la porte. C’est possible, t’as déjà fait semblant de ne rien entendre pour ne pas avoir à sortir de ta chambre. Sauf qu’il y avait quelqu’un pour aller ouvrir. C’est pas le cas actuellement. Contrarié de devoir abandonner ta lecture, tu prends quand même le temps de finir ton chapitre avant de bouger. C’est rapide, et avec un peu de chance la personne sera partie entre temps.

…Ou pas. Mitre t’attend derrière la porte, et tu ne sais pas quoi penser de cette découverte. Qu’est-ce qu’il fiche ici ? Il s’est trompé de destination ? De ce dont tu te rappelles, il ne s’entend avec personne dans la colocation. Il a raison et ça ne t’émeut pas particulièrement. Votre dernière rencontre remontant à l’année dernière, ou celle d’avant encore… - ouais, ça fait longtemps, raison de plus pour questionner sa présence ici – tu adoptes une attitude polie et accueillante.

« Bonjour Mitre. Tu cherches quelqu’un ou quelque chose ? Je peux t’aider ? »

Honnêtement, t’es presque certain qu’il tape au hasard sur les portes pour trouver ce qu’il cherche. Ce que tu n’imagines pas, c’est que tu es ce qu’il cherche. Tu ne vois pas pourquoi ce serait le cas. La dernière fois que vous vous êtes vu, tu lui as jeté des déchets dessus. Ça remonte à loin, tu peux faire semblant d’avoir oublié et de l’apprécier un minimum. Peut-être que lui aussi a oublié pas mal de choses. Ce serait bien. Tu n’éprouves aucun remord, c’est juste qu’il a l’air rancunier et tenace et que tu ne veux pas être dans son viseur.

Hein ? C’est quoi ça ? Qui est-il ? D’où sort ce sourire poli et calme, et pourquoi il te cherche encore une fois ? Tu ne te souviens pas de Mitre respectant l’ordre conventionnel des conversations (bonjour, comment ça va, ça fait longtemps, et si on renouait contact, je te paie un café ?) et ça te laisse plus que perplexe. Il affirme également que vous vous êtes plutôt bien entendus, et tu dois te retenir de rire pour ne pas gâcher ses efforts. Ses efforts et ta curiosité. Tu veux savoir ce qu’il fout ici et qui lui a dit que ce serait une bonne idée de t’inviter à boire un café, quand il n’est même pas capable de retenir ton prénom. En l’espace de quelques secondes, tu décides de l’attitude à adopter. Il n’y a pas de raison que tu ne joues pas avec lui.

Tu ris un peu, pas du tout dans l’optique de te moquer mais plutôt pour soulever un détail l’air de rien, sur un ton léger et amusé.

« Ça fait longtemps, c’est vrai, mais j’ai une très bonne mémoire. »

Donc tu ne croies pas son baratin et il devra se souvenir de ton prénom tout seul. Tu souris et te décales pour le laisser entrer.

« Je suis content si tu as de bons souvenirs de nos interactions, cela dit. Tu veux entrer ? A moins que l’invitation à boire un café était pour maintenant ? Je ne vois pas d’inconvénient à renouer contact, d’autant plus que je te dois des excuses pour t’avoir jeter des déchets au bal. »

Petit air désolé, tu affiches un remord sincère même si tu n’en penses rien. Pour ta défense, t’étais pas sobre et sur le moment c’était très divertissant.

« Et pour avoir maudit le raton-laveur. Après réflexion, ma réaction n’était pas rationnelle. C’est un plaisir de voir qu’on peut repartir sur de bonnes bases. »

Si on omet le total foutage de gueule qu’il vient de te présenter.

Tu fermes la porte derrière Mitre lorsqu’il entre et l’accompagnes jusqu’au séjour. Il veut te laisser son numéro pour planifier le café, affirmant le « fun » de cette sortie. Il résidera dans tes efforts pour te moquer de Mitre car il t’offre un jeu parfait pour changer un peu de ta routine devenue bien calme ces temps-ci. Tu as considérablement réduit les conneries, si on regarde les deux dernières semaines. Si on oublie quelques vols par-ci par-là. En fait, il faut surtout noter que tu n’as blessé personne sur ces deux semaines. Voilà, ça c’est la conclusion positive que tout le monde attend.

Tandis que Mitre fait de son mieux pour amener la conversation sur un terrain paisible, tu lui indiques le canapé pour l’inviter à s’asseoir.

« Je vais bien. J’étais en train de lire avant que tu arrives. Quant à ce que je deviens, hm… On est dans la même coloc, avec ton partenaire pour Mystic Leoska. Il n’est pas là, ou alors il dort, donc il ne t’a probablement pas entendu, ne t’en fais pas. »

Tu lui offres un sourire rassurant, type « je vais pas balancer que tu le trashtalk chez lui » alors que tu vas définitivement raconter sa visite à tes colocs.

« Et toi ? Tu veux boire quelque chose ? »

« Pourquoi pas ». Parfait, ça te donne une excuse pour ne pas t’asseoir à côté de lui. Tu t’éloignes vers la cuisine et ouvres un placard.

« On a des thés vert, noir, blanc, oolong, natures ou parfumés. On a aussi des jus de fruits. Qu’est-ce que tu veux ? »

En attendant qu’il fasse son choix, tu mets l’eau à bouillir et choisis ton thé.

« Alors, qu’est-ce qui t’a poussé à renouer contact ? Puisqu’on met de côté le passé, je suppose que ce n’est pas pour chercher notre ennemi commun. »

Il avait l’air gentil. Trop gentil pour constituer un cavalier potable pour Mystic Leoska ? C’est une drôle de façon de préciser son avis sur Elias. Pas flatteuse quand on considère les déclinaisons de l’adjectif « gentil ». Tu confirmes d’un hochement de tête, et il te faut ensuite mobiliser toutes tes forces pour ne pas répondre à sa formule de politesse. C’est tellement inattendu venant de lui, t’as envie de lui demander l’air de rien s’il a fait un stage pour réussir à sortir ce « s’il te plaît » basique. T’es aussi tenté de lui demander s’il ne veut pas se rincer la bouche à l’eau bénite, ça doit brûler d’être poli une fois dans une vie. A la place, tu vide une cuillère de thé en vrac dans l’infuseur de sa tasse et fais de même pour la tienne. Ensuite tu surveilles la bouilloire et l’arrêtes avant que l’eau commence à bouillir. Une fois les tasses remplies, tu les amènes sur la table basse et les poses soigneusement sur des dessous de verre avant de partir chercher une petite assiette pour y poser les infuseurs.

Tu es content d’apprendre qu’il a abandonné sa chasse à l’homme. Il se fatiguait pour rien, t’as rarement vu plus nul et inefficace. En un ou deux ans, tu l’as vu deux fois après le requin dans la piscine et deux fois il était à 100Km de la vérité. Tu t’assois sur le canapé et l’écoutes attentivement. Il apporte de lui-même une véritable explication à sa présence ici et tu l’en remercies. S’il avait encore attendu pour être plus explicite, tu n’aurais pas tenu plus longtemps et serais aller chercher dans sa tête. Plus rapide, moins pénible à écouter. Tu lui souris en saisissant ta tasse pour souffler dessus.

« Et bien, ça me fait plaisir de t’entendre dire ça. Je ne suis pas particulièrement doué pour garder contact non plus, ça me fait toujours passer à côté de belles opportunités. C’est vrai qu’on avait atteint le stade de la soirée pyjama. »

Qu’il est con, mais qu’il est con. Tu peux pas croire qu’il parle de cette soirée sérieusement. Soit il se fout de ta gueule, soit il te montre que l’être humain ne manque jamais de ressources pour être incroyablement débile.

« Je suis certain qu’on pourrait faire mieux, cependant. Avec plus de préparation, en se mettant d’accord sur le jour et l’heure. »

A comprendre : débarquer par surprise chez quelqu’un et squatter sur son sol sans lui laisser le choix, c’est nul et c’est pas une soirée pyjama.

« Pour revenir à ton idée de vengeance, qu’est-ce qui t’a poussé à abandonner ? Tu étais très déterminé, si je me souviens bien, et il faut une grande volonté pour changer sa vision des choses. »

Il faut aussi être très con pour ne pas abandonner alors qu’on a la réponse en face de soi pendant des mois. Sa présence d’esprit est comme sa politesse, inattendue et incroyable.

« Je t’avoue que, personnellement, j’ai vite été découragé. »

Tu reposes ta tasse quand il te donne son portable allumé, la fenêtre d’ajout de contact ouverte. Ugh. La plaie. Tu galères déjà à répondre par message aux personnes que tu aimes ou apprécies, tu ne vois même pas comment lui répondre de manière encourageante s’il t’envoie un sms. Encourageante pour quoi, d’ailleurs ? Pour qu’il revienne te voir et que vous gardiez contact pour de vrai ? Tu pourrais profiter de cette occasion pour continuer à te moquer de lui, remarque. Il est assez stupide pour constituer un bon divertissement. Tu lui souris, comme enchanté de l’avoir dans tes contacts. Ce serait vraiment dommage de vous louper, c’est vrai. Tu songes un instant à renseigner le numéro de Saph juste pour la blague, certain que ça ferait des heureux (ou pas). Si tu décides d’inscrire ton vrai numéro au final, c’est seulement parce que ça t’amuse et que tu pourras de toute façon lire tes échanges à Saph et April. Tu lui rends le portable après t’être envoyé un message pour l’avoir aussi dans tes contacts.

Il a besoin de quelqu’un pour trouver un sens à sa vie. Rien d’étonnant, t’es presque sûr qu’il accepterait de devenir une plante verte s’il le pouvait, et sa vie serait suffisamment palpitante. Elle manquerait peut-être de drama, élément qu’il semble beaucoup apprécier. Cette simple pensée te fait douter de la franchise de son explication. Il peut se mentir à lui-même dans sa recherche de sens. Toi, t’es très lucide sur les émotions provoquées par la fin de sa déclaration. Vous n’êtes pas de « vieux amis », il est un crétin fini qui anime ta journée. T’es un connard qui n’a aucune considération pour lui.

« Tu remercieras taon colocataire de ma part alors, ma journée aurait été morne sans ta visite. »

Tu te retiens (encore) de rire quand il évoque votre relation avec le requin. Rien n’allait dans le contexte de l’hallucination et c’était court. Trop court pour construire la moindre relation. Ce gars s’attache démesurément à n’importe quoi.
Ton sourire se fige un peu en un « pardon? » silencieux à son « tu n’as pas l’air très doué avec les animaux ». L’argument n’a aucun poids s’il se base sur le faux échange avec le requin. S’il parle de la malédiction lancée sur Biskit, il a tout intérêt à questionner son savoir vivre plutôt que ton entente avec les animaux. Tu finis par hocher la tête, ton sourire moins crispé.

« Oui ! Ça ne sert à rien de revenir sur tout ça. »

Puisque tu ne peux pas te moquer davantage sur ce qu’il peut dire du passé, tu n’as rien à ajouter verbalement.

« Tu parlais d’aller boire un café… C’est quoi tes adresses préférées en ville ? On se connaît peu l’un l’autre pour de vieux amis, dis m’en plus sur toi ! Tout ce que je sais, c’est que tu aimes les plantes et les animaux, tu as un raton laveur, tu sais bien t’habiller et ton respect de l’étiquette est aléatoire. »

Tu sais aussi que ses capacités de déduction sont au ras des pâquerettes, mais c’est pas un truc à dire si tu veux encore t’amuser. La dernière remarque était déjà limite.

« Qu’est-ce qu’il y a d’autre à savoir ? »

Le café est si bien que ça, pour qu’il fasse cette tête ? A moins qu’il réfléchisse à autre chose, mais puisqu’il parle d’un café anglais juste après tu te dis qu’il y pense. Tu ris légèrement à son aveux sur les noms, pour lui répondre d’un ton sympathique :

« J’ai remarqué, mon prénom est très éloigné de Jean-Eude. »

Il se démerdera pour le retrouver tout seul. Tu enregistres toutes les informations données bien que tu les considères totalement insignifiantes. Il aime le vert, étonnant. Ça se devine tout de suite. Qu’il aime lire est bon à savoir, vous pourrez avoir de vraies discussions pas entièrement basées sur votre mépris mutuel. Il est bélier, tu t’en fous. Il peut fournir de la beuh, ça ne t’intéresse pas.

« Je ne consomme pas de drogues mais merci pour la proposition. Hm… Je lis beaucoup aussi. Un peu de fiction et pas mal de littérature scientifique, de la socio, de la philosophie, de la théorie magique, de la psychologie aussi. J’aime bien prendre des notes au fur et à mesure pour pas oublier mes questions et faire des recherches après. Ma couleur préférée est le bleu. J’aime bien aller régulièrement au cinéma. »

Tu ne sais pas quels détails sont intéressants à donner et tu te fiches un peu de savoir si Mitre est captivé ou pas. Tu n’as pas envie de donner des informations qui pourraient se retourner contre toi, comme ce que tu n’aimes pas ou ce que tu aimes beaucoup. Affirmer que tu adores manipuler ta magie est risqué, par exemple. Préciser quand et comment tu aimes aller au cinéma l’est aussi.

« Qu’est-ce que tu aimes lire ? Et ton livre préféré ? Est-ce que tu fais attention au format du livre ou tu t’en fiches ? »

Ces questions vont permettront de déterminer si oui ou non vous pourrez parler de livres ensemble.

« ça fait plaisir de voir qu’on a au moins un point commun. Deux, si tu aimes beaucoup le thé. »

Trois avec les vols en boutique.

Vous pourrez avoir de vraies conversations, tu ne t’attendais pas du tout à ça. Tu le sous-estimais, craignant que sa seule « qualité » soit d’être assez illogique pour offrir des conversations à peine surprenantes. Ici, à ce moment précis, ce qui l’est vraiment c’est que tu le considères comme un être humain intéressant. Pas juste une nuisance sonore ou une plante verte dans le décor. Ça ne durera probablement pas, tu ne penses pas que vous vous reverrez souvent. Sinon il aurait retenu ton prénom. Quand il te demande si tu as une préférence, tu réponds sans avoir besoin de réfléchir :

« Oui. Je préfère les livres grand format. C’est plus agréable pour lire, pour prendre des notes ou mettre des post-it. Pour les annoter aussi dans le cas des lectures scientifiques. J’aime bien les couvertures rigides avec un dos cousu mais ça coûte plus cher qu’un dos collé. Enfin, comme je ne les paie pas souvent ça ne m’embête pas. J’aime à peu près tous les types de papier sauf le papier bible. Il est pénible à manier. Même si j’ai mes préférences sur le format, c’est surtout le contenu qui m’intéresse donc je m’adapte si le grand format n’existe pas. Par contre, je n’arrive pas à lire sur portable. Je me désintéresse trop vite et l’objet en lui-même ne représente aucun intérêt. A mes yeux, bien sûr, parce que les efforts des maisons d’édition pour varier les modes de lecture valent la peine de s’y pencher. Je n’ai juste pas besoin d’une aide visuel quand j’ai tout ce qu’il faut dans la tête. En plus, la lecture numérique ne permet pas d'organiser une bibliothèque physique, ce qui représente environ 40% du plaisir de lire. S’il faut lire des articles en ligne, je préfère l’ordinateur où je peux ouvrir un document à côté pour prendre des notes. »

Tu connais les avantages de la lecture numérique mais tu n’arrives pas à t’y faire. Tout comme tu n’as jamais réussi à faire des sms avec des phrases complètes. C’est trop chiant, le tactile ne te plaît pas.
Parler d’un abonnement Disney+ demande plus de concentration, tu n’as aucun argument pour ou contre.

« Si tu es prêt à payer deux abonnements alors que les séries sont disponibles en  téléchargement illégal, pourquoi pas. Ça me semble plus simple de suivre les actualités du catalogue et de télécharger ce qui t’intéresse quand tu es hors de l’académie. Comme ça, tu as du contenu accessible en permanence en passant à côté du problème de réseau de l’école et tu ne te ruines pas. Pareil pour Netflix, d’ailleurs. »

ça t’étonne qu’il vole des livres alors qu’il paie un abonnement Netflix. Quitte à faire des économies, autant en faire partout. Tu sirotes ton thé avant qu’il devienne tiède et profites de la chaleur de l’eau pour t’ancrer davantage dans la conversation. Physiquement t’es bien présent. Mentalement tu cherches encore pourquoi Mitre est là et comment vous faites pour tenir une conversation.

En plus de parler livres, vous pourrez parler carnets. La tentation de montrer les tiens ne t’effleure même pas, cependant. En parler et les montrer sont deux choses très différentes et tu ne penses pas que Mitre soit intéressé par des carnets de listes et prises de note en tout genre. Tu es curieux de savoir comment il organise ses cahiers, si tant est qu’il les organise.

« J'utilise plein de carnets aussi, chacun pour un but différent histoire de ne pas tout mélanger. Ils prennent autant de place que les livres dans ma chambre. Tu voles aux bibliothèques ? »

Si oui, ce sera votre premier point de discorde sur un sujet qui vous rassemble.

« Je n’ai pas de techniques particulières pour voler en librairie à part retirer les étiquettes ou anti-vols, faire accuser un autre client, faire croire qu’un autre achat est mal passé au démagnétiseur d’une autre boutique… Le reste est une question de discrétion et de dextérité, je ne t’apprends rien là-dessus. Et toi ? »

Tu l’écoutes parler de son abonnement Netlix, concluant rapidement qu’il n’a jamais l’air d’avoir une once d’énergie. Son attitude générale le reflète parfaitement, c’est amusant de voir que son discours le confirme.

« J’ai regardé beaucoup de documentaires sur les tueurs en série aussi, ainsi que sur les sectes. J’aime bien les séries documentaires de Arte, sinon. Je les télécharge ou je les regarde sur Youtube quand je suis dehors. La dernière étant La magie du cosmos, une série sur l’espace et le temps. Leur série sur l’archéologie est bien aussi et sinon je pioche dans les documentaires de culture et société. Pour la fiction… J’ai regardé Inside Job il  n’y a pas longtemps. Hm… Je regarde un peu de tout, en fait, sauf pour ce qui est tranche de vie et romance, ça m’ennuie trop. »

Toutes les scènes te semblent surréalistes, contrairement à la fantasy, science-fiction, paranormal ou horreur. Ces catégories sont basées sur le manque de réalisme, ça les rend plus faciles à comprendre et ça te fait voir les interactions des personnages sous un jour plus compréhensible.

« Comment tu fais pour réussir à t’imposer Les Chroniques des Brigerton ? A moins d’un pari, je ne pense pas que j’en serai capable, personnellement. Ah et, tu me parles des goûts de tes plantes et insectes mais ça ne me donne pas de détails sur toi. »

Tu juges très fort ceux qui rendent leurs livres en retard à la bibliothèque. C’est très contrariant d’attendre un document et de ne jamais savoir quand il sera enfin disponible, tout ça parce que des gens comme lui mettent des semaines à les rendre. Tu mets un point d’honneur à retourner tes emprunts dans les temps. Déjà parce que tu les termines avant la date limite la plupart du temps, ensuite parce que c’est une date à respecter et que ça t’angoisse de la dépasser. Tu essaies de ne pas retenir que cette information, Mitre a pas mal de choses à dire et elles ne sont pas toutes stupides. Il faudra que tu lui demandes le nom du documentaire sur la Peste Noire au passage. Tu connais Gravity Falls de nom, c’est tout, et tu n’as jamais pris le temps de regarder car tu as toujours d’autres priorités plus passionnantes.

Vous avez à peu près les mêmes goûts et tu te sens insulté de l’apprendre. Mitre est, pour toi, un abruti sans énergie qui t’a fait perdre ton temps. Ce n’est vraiment pas valorisant de constater que vous pouvez avoir de grandes conversations sur de nombreux centres d’intérêt. T’en viens presque à te dire qu’il n’est pas si con et que c’était une erreur de jugement. Ou un jugement par défaut particulièrement renforcé par son attitude.

Ou pas.

C’est quoi cette question complètement conne ? Qu’est-ce qui lui est passé par la tête pour qu’il parle de super pouvoirs dans une académie de mages ?? Tu hausses un sourcil, une grimace hautaine passe sur ton visage sans que tu puisses la maîtriser. Il t’a pris par surprise. Trop tard pour avoir l’air simplement amusé. Tu hoches la tête quand il se reprend pour confirmer tout ce qu’il dit. Oui, c’est complètement con. Oui, vous avez discuté de vos pouvoirs. Oui, tu as parlé rapidement de l’un des tiens.

« C’était il y a des mois mais oui, on en a déjà parlé sans entrer dans les détails. Je t’avais dit que mon pouvoir était de manipuler la mémoire, il me semble. »

Parce que tu n’allais pas dévoiler l’autre alors que c’était précisément ce qu’il cherchait.

« Il n’y a rien à en dire, ce n’est pas comme le tien. Tu interagis avec des êtres vivants en permanence, c’est toute une façon de vivre et visiblement leurs goûts sont liés aux tiens. Personnellement, je ne peux pas utiliser ma magie n’importe comment et je me contente de m’exercer pendant les cours de magie noire. »

C’est totalement faux. Tu finis ta tasse de thé avant de reprendre.

« Tu parlais d’un documentaire sur la Peste Noire tout à l’heure, il s’appelle comment ? Si tu veux qu’on reste sur les questions pour faire connaissance, je peux te demander… Si tu étais un tissu, qu’est-ce que tu serais ? Ou alors, tu préfères les chiffres pairs ou impairs ? Ton élément préféré ? »

Tu ne comprends pas en quoi ces questions permettent de mieux vous connaître, tu sais juste que les propositions peu cohérentes de Mitre quand ce sera son tour de t'interroger peuvent être amusantes.