Contrairement à la dernière fois, læ futur.e coloc n’a pas été ramassé.e dans une poubelle. Enfin. Tu espères qu’iel n’a pas été ramassé.e dans une poubelle, à la vérité tu n’as présentement aucun moyen d’en être sûre. Il va falloir attendre son arrivée. Comme pour l’emménagement de Kira, tu as préparé du thé. Tu ne sais pas si elle a l’intention de se présenter pour accueillir la nouvelle addition à votre colocation. Tu espères juste que ça se passera mieux avec ellui qu’avec Kira. Parce que la dernière fois, une serrure a éclaté et tu as dû aller signaler à l’administration que tu vivais désormais avec un boulet et qu’il faudrait coller des sécurités bébé dans tout l’appartement. Tu te demandes les aménagements que ladite nouvelle adition va requérir. Tu te demandes si tu t’entendras avec, ou si tu vas devoir continuer à hanter ta chambre au lieu de passer du temps dans les communs pour éviter le plus possible de les croiser.

Sur le canapé, un livre à la main, sur lequel tu peines à rester concentrée, tu jettes des coups d’œil rapides à la porte, t’attendant à la voir s’ouvrir d’un moment à l’autre. Principalement, tu penses à cette rencontre et à tes attentes pour celle-ci. Compliqué de rester optimiste quand tes relations avec Kira ne sont pas particulièrement amicales. Tu fais de ton mieux, mais tu as du mal à supporter les surnoms dont elle s’entête à tenter de t’affubler. Non, en réalité tu ne fais pas de ton mieux. Elle t’agace avec ça, et à partir du moment où elle t’appelle Cupcake, tu ne cherches pas exactement à cacher ton mépris. Puisque vos pouvoirs réagissent à vos émotions, tu évites les communs pour ne pas y mettre le feu—techniquement une bonne partie des affaires ne risquent pas grand-chose—ou provoquer un vol de couverts dans la pièce pour cause d’un mot déplacé ou d’un ton un peu trop dédaigneux. Tu n’y peux rien. Elle t’agace. Elle n’est pas méchante, mais elle réfléchit différemment et tu n’es pas assez patiente. Peut-être que votre futur.e colocataire fonctionnera plus comme toi. Ou d’une façon qui ne soit pas aussi opposée à la tienne. Tu soupires et ferme ton livre, n'ayant pas réussi à te concentrer sur les pages que tu as survolées sans vraiment les lire. Le pessimisme commence à te faire changer d’avis. Qu’est-ce qui te force à rester ici, exactement ? tu pourrais rencontrer læ nouvel.le à l’improviste, au lieu de faire le pied de grue sur le canapé, une théière de thé prête à l’emploi sur la table et un livre en guise de couverture pour faire semblant de n'attendre personne. Mais la curiosité est plus pressante que ton pessimisme, et tu restes là où tu es, à te dire que ce sera surement une immense catastrophe, et qu’avec ta chance, il s’agira d’um autre mage vert avec une affinité pour l’eau. En perspective, rien de pire. Tu continues de fixer la porte avec intensité.

Tu le regardes galérer avec un air sceptique. Bon. C’est assez mal parti. Il a une bonne bouille, mais ça ne veut pas dire grand-chose. Kira aussi, et elle… bon. La pensée n’a même pas le temps de traverser ton esprit qu’un vacarme se fait entendre depuis sa chambre. Visiblement elle n’avait pas l’intention d’accueillir… Eizh, donc, avec toi. Ses manières laissent à désirer. Tu n’as pas eu l’occasion de répondre à votre nouveau coloc qu’elle lui fonce dessus. Bien. Tu t’écartes, refermes la porte derrière lui et les laisses faire connaissance.

- Enchantée, Eizh. Je suis Aprilynne. Tu peux m’appeler April. Pas Cupcake.

Mieux vaut le préciser immédiatement. Tu n’as pas particulièrement envie qu’il prenne la mauvaise habitude de Kira. Tu sursautes quand elle te donne un coup de jus, et fronces les sourcils rapidement, agacée. Tu ne sais pas ce qu’elle faisait dans sa chambre, mais tu soupçonnes qu’il s’agissait de quelque chose de dangereux, sinon elle n’aurait pas cette allure, et n’aurait certainement pas provoqué un tel bruit. Bien. Maintenant, il va falloir essayer de se changer les idées, afin d’avoir l’air un tant soi peu accueillante. Au-delà de sa maladresse apparente, le nouveau ne t’a pas encore exactement fait mauvaise impression, tu as donc encore une raison d’être civile avec lui. Tu poses les mains sur la théière pour en jauger la température et, satisfaite, tu vas chercher trois tasses dépareillées pour les déposer sur la table, ainsi qu’une petite coupelle de sucre au cas où. Comme tu ne bois pas de café, tu ne sais pas comment le préparer et n’a donc pas pris cette peine. Il ne reste plus qu’à espérer que ça leur convienne… de toute façon ils vivent aussi ici, lui vient seulement d’arriver mais il a entièrement le droit d’aller s’en préparer un. Quand à Kira, elle a pris ses aises ici et n’a pas à attendre que tu le lui proposes. Si elle veut du café, elle est assez autonome pour s’en faire d’elle-même. En parlant de Kira… tu déposes les tasses sur la table en essayant de ne pas les faire claquer trop fort, le sucre, et jettes un regard dans sa direction, les yeux légèrement plissés.

- Tu es sûre que tu vas bien ? tu as besoin qu’on t’emmène à l’infirmerie ?

Tu n’as pas envie de l’emmener à l’infirmerie. Mais tu n’auras peut-être pas le choix. C’était un bruit assez important, comme celui qu’une bibliothèque ferait en tombant. Pour peu qu’elle ait été dessous… et l’odeur de grillé qui émane d’elle te laisse perplexe. Est-ce qu’elle s’est électrocutée ?

- Désolée, Eizh. C’est habituellement plus calme ici. Du thé ? c’est du thé vert au jasmin, il n’a pas infusé très longtemps donc il ne devrait pas être trop amer ou trop fort.

Tu hoches la tête sobrement quand Kira te rassure. Bien. C’est toujours ça. Même si tu n’es pas sûre qu’elle prenne la bonne décision ; on ne joue pas avec les électrocutions et les brûlures. Enfin, c’est son problème. Si elle s’imagine que tout va bien, tu ne vas pas exactement la contredire. La réponse d’Eizh fait naître un sourire amusé sur tes lèvres. Il l’a prise au pied de la lettre, sans avoir conscience que par « folle », Kira entend simplement « différente ». Et pas « cliniquement, mentalement malade ». Il faudrait que quelqu’un prenne le temps de lui expliquer qu’à Leoska, nombreux sont les étudiants qui ont des troubles psychiatriques, et que se présenter comme folle risque juste de leur laisser penser qu’elle est comme eux. Qu’elle pourrait éventuellement partager des traits ou des trauma avec eux. Au lieu de juste signifier « suffisamment imprudente pour jouer avec de l’électricité sans gants non-conducteurs ». Tu n’as pas l’énergie pour expliquer ce genre de chose à ta colocataire. Tu n’es même pas sûre que le message passerait, de toute façon.

Le fait qu’il fasse également partie du club bricolage t’inquiète légèrement. S’ils s’y mettent à deux, tu n’es pas sûre que la tranquillité précaire de cette colocation demeure telle qu’elle est à présent. Il faudra que vous définissiez quelques règles, si tu sens qu’ils tirent trop sur la corde de ta patience fragile. Pour l’instant il est loin de l’énergie permanente de Kira. Trouble de l’attention avec hyperactivité. Tu n’es pas sûre de ce que ça veut dire exactement, mais « hyperactivité » se passe assez d’explication. Tu fronces les sourcils à la boutade d’Eizh. Bon. Tu n’as pas besoin de réagir, en bien ou en mal tu ne sais pas exactement, et préfères te concentrer sur la suite des évènements. Grave erreur. Un. Deux. Trois. Quatre. Cinq. Six. Sept. Tu regardes les sucres tomber dans sa tasse l’un après l’autre, l’air progressivement plus horrifiée à chaque nouvelle hérésie commise. Si tu devais être honnête, tu avouerais que tu n’as emmené les sucres que dans l’idée de faire bonne figure, et avec l’espoir qu’aucun des deux n’aie l’intention d’en mettre. Bien. Tu secoues la tête. Ce que les autres mangent et boivent ne te concerne pas, tu as déjà assez à faire avec ta propre assiette pour t’intéresser aux tasses des autres. Tu regardes Kira, qui n’a pas ajouté de sucre, et qui répond à sa question—très pertinente, d’ailleurs—sur les courants électriques et la possibilité de jouer avec. Est-ce que c’est vraiment mieux, de savoir qu’il s’agit d’une bobine Tesla—peu importe ce que ça veut dire—et non les prises de l’Académie ? Et tu doutes entièrement de sa réponse concernant le jeu. Si ce n’en était pas un, tu vois difficilement ce que ça pourrait être. Tu la laisses poser sa question, pertinente également, et prend la suite quand elle te lance sur la question de tes pouvoirs. La réponse ne change pas de la dernière fois, il n’y a pas eu de découverte capitale depuis l’arrivée de Kira. Le feu, toujours. Pas de grands progrès. Liés à tes émotions, ce qui est risqué dans ton cas, vu la volatilité de ceux-ci. Etc.

- Je suis pyromancienne. Je peux faire apparaître et contrôler de petites flammes, et augmenter la chaleur de mon corps ou de certains objets. Ne t’inquiète pas, je n’ai jamais mis le feu à l’appartement avant aujourd’hui, ça ne devrait pas arriver.

Pour ce qui est de mha, Endeavor et compagnie, aucune idée de ce que ça signifie. Magnéto, en revanche, te rappelle quelque chose. On t’a accusée de te comporter comme lui. Est-ce que ça veut dire que tu as des similarités avec Kira ? Au-delà d’une partie de votre couleur de cheveux ?

Kira ne réagit pas au chaos provoqué par Eizh. Tu tiques, mais ne fait pas de commentaire. Ce n’est probablement pas la peine. Il paraît suffisamment intimidé comme ça, mieux vaut sans doute ne pas en rajouter, ça ne ferait qu’empirer la situation. Tu soulèves ta tasse et la gardes calée dans tes mains pour éviter qu’elle ne soit renversée par une future maladresse. La remarque de Kira ne passe pas inaperçue, mais tu te contentes d’un regard agacé lancé dans sa direction comme toute réponse. Il n’y a rien à ajouter. Tu n’es pas sûre que « méchante » soit un terme approprié pour te désigner, mais « gentille » ne fait certainement pas partie des qualificatifs qu’on pourrait utiliser à ton sujet. C’est probablement mérité, vu l’accueil que tu lui as fait… mais encore une fois, elle a sorti un taser quand vous vous êtes rencontré.es, difficile d’être agréable avec quelqu’un qui a dans l’idée de pointer une arme sur tes ami.es et toi. Eizh semble au moins aussi maladroit qu’elle, mais son casier judiciaire est vierge, ce qui te rend forcément plus bienveillante à son encontre. Même si c’est la deuxième fois qu’il perd le contrôle de ses membres et met quelque chose par terre.

Elle revient sur son utilisation du mot « folle », et tu observes la réaction d’Eizh. Peut-être qu’il aura plus de courage que toi et essaiera de lui expliquer pourquoi employer des termes précis est important, surtout dans le cas des troubles psy. Il est probablement trop intimidé pour ça, mais qui sait. L’espoir fait vivre. Au moins elle a confiance en elle, puisqu’elle ne prend pas ça pour une insulte—ce n’en est pas une… mais ce n’est pas non plus un compliment, juste un fait. Elle part sur une tirade pour expliquer l’analogie qui a laissé un gros blanc s’installer entre vous trois, puisque ni Eizh ni toi ne connaissez ses références. Tu décroches. Tu ne lis pas de BD, tu ne connais pas les X-men, alors la comparaison avec Leoska tombe complètement à plat pour toi. Endeavor ne s’en sort pas mieux, et tu hausses les épaules. Le reste ? encore pire. Des soirées entre colocs, bah voyons. Tu n’es pas sûre que vous ayez grand-chose à vous dire, et probablement pas de gouts en commun non plus en matière de culture. Mais. Tu as grand besoin de parfaire tes références en ce qu’elle a appelé « pop culture », et elle s’y connait probablement mieux qu’une grande partie de tes connaissances. A l’exception de Scout, peut-être, qui fait également bon nombre de refs qui tombent à plat. Et peut-être de Saph. Probablement pas de Mordred.

- Mhmh, pourquoi pas... Eizh, tu connais déjà le genre de contrecoups que tu développes après avoir utilisé ton pouvoir ? il vaut mieux qu’on y soit préparées, si tu as trop tiré sur la corde et qu’il faut t’emmener à l’infirmerie.

C’est une question importante. Tu as du mal à imaginer le genre de contrecoups provoqués par la création de barrières, donc il vaut mieux lui demander directement. Après, vu son air perdu, il est peut-être nouveau à Leoska et peut n’avoir découvert son pouvoir que peu de temps avant son arrivée. Il verra surement ça avec le personnel, si ce n’est pas déjà fait. Mieux vaut savoir assez rapidement, cependant, au cas où il faille mettre en place deux ou trois choses pour accommoder son pouvoir et ses contrecoups avec les vôtres. Même si tu vois difficilement le genre d’accommodations qu'un tel pouvoir requiert. Il pourra peut-être t’éclairer de ses lumières à ce sujet. Sinon, vous verrez bien sur le moment…

Dans un coin de ta tête, tu ranges l’information « Eizh, classes d’aide », et passes à autre chose. C’est toujours bon à savoir, mais ce serait mieux si tu savais pourquoi il est allé en classes d’aides. Par curiosité, mais aussi pour savoir s’il ne risque pas d’être un danger pour lui-même. Tu doutes que ce soit le cas, on vous aurait surement prévenues le cas échéant, et iels ne l’auraient pas laissé passer dans le cursus « normal » sans être sûr.es que ce soit recommandé. Vous échangerez ce genre de renseignements plus tard. Sans doute. Tu écoutes le reste de ses explications, soulagée d’apprendre qu’il n’y aura pas de répercussions matérielles ou morales à ses contrecoups. En ce qui te concerne, il peut se prendre tous les murs qu’il veut, tant qu’il ne le fait pas à trois heures du matin à côté de ta chambre. C’est loin du contrecoup de Kira, qui peut casser ou déranger des choses dans l’appartement. Contrecoup qui n’est, visiblement, pas le seul qu’elle ait développé. Tu aurais aimé avoir cette information plus tôt. Tu lui jettes un regard en biais, agacée, et ajoutes avec sarcasme :

- C’est toujours bon à savoir, Kira.

A tes yeux, elle est déjà conne comme un balais, tu doutes d’y voir un quelconque changement. Il est hors de question que tu la baby-sit dans ce genre de situations, alors l’honneur reviendra à Eizh. C’est une bonne chose qu’il soit là.

- Il n’y a pas des protocoles à proprement parler que tu doives apprendre, si un contrecoup est lourd et nécessite de l’aide, il suffit de prévenir les médics et ils sauront quoi faire. Personnellement, j’ai des brulures qui apparaissent, le plus souvent sur les mains, et si j’abuses vraiment, je peux faire de la fièvre ou de l’hypothermie. Mais ça ne devrait pas arriver, je ne joue pas trop avec mon pouvoir et je l’utilise en petites quantités. Je me gère. Pour Kira, c’est vrai que c’est plus compliqué, il faudra parfois surveiller. La serrure a été changée et elle n'est plus aimantée maintenant, pareil pour le barillet et la poignée, ce qui nous évite de nous retrouver sans pouvoir fermer à clés.


Parce que tu n’oublies pas que tu vis avec un bourrin. Qui n’apprend pas de ses erreurs, et qui a failli s’électrocuter il y a moins de vingt minutes. C’est important de le rappeler. Et c’est important que Eizh le sache également. Et qu’elle l’entende, parce que qui sait, peut-être que les commentaires passif-agressifs auront une réaction sur elle. Tu en doutes. Mais peut-être…

- Tu as des questions par rapport à notre fonctionnement pour l’entretien de l’appartement et de la vie commune ? On va devoir le changer maintenant qu’on est trois… notre planning de ménage, notamment. Je vais chercher de quoi le modifier, je reviens.

Il y a des stylos dans ton bureau, et des feuilles de brouillon. Tu décroches le planning de ménage actuel en revenant et le poses sur la table devant tes deux colocataires, pour qu’iels puissent y jeter un œil. Tu as aussi ramené des surligneurs pastels, un bleu, un rose et un vert, pour des raisons évidentes de code couleur (parce que vous n’êtes pas des animaux).

- Tu as déjà ton emploi du temps ? ce serait mieux de faire en fonction de ça, pour ne pas avoir des journées vraiment surchargées. Dans le meilleur des cas, ce serait bien qu’on fasse toustes le ménage au moins une fois par semaine, pour que ça reste propre et vivable.

Tu commences à faire un tableau au propre avec les jours de la semaine et une case pour y ajouter vos noms. Ce n’est pas l’activité la plus plaisante qu’on puisse lancer pour apprendre à se connaître, mais c’est nécessaire. Plus vite ce sera fait, plus vite vous serez tranquilles.

Tu te fais la remarque qu’il est gentil de se proposer à aider Kira. Ce n’est pas un compliment. La gentillesse…est une qualité sans gout. Tu ne réagis pas à l’avalanche d’affaires qui tombent par terre et viennent déranger encore plus l’espace. Tout va bien se passer, ça ne devrait pas rester très longtemps et une fois qu’il aura rapatrié toutes ses affaires dans sa chambre tu n’auras plus à les regarder avec inquiétude toutes les trente secondes. Tu hoches la tête en te concentrant sur ce qu’il dit, et écoutes Kira avant d’écrire soigneusement sur un brouillon :
« Eizh, weekend.
Kira, lundi, mercredi, weekend. »

Tu connais ton emploi du temps par cœur pour ce semestre, et y notes tes propres disponibilités :
« Aprilynne, mercredi, jeudi, weekend. »

- Mh. Donc Eizh, tu pourrais faire le ménage le samedi ou le dimanche. De préférence le samedi ? Comme ça, Kira, tu t’occupes du lundi, et je prends le mercredi ou le jeudi. Ça ne sera pas grand-chose, juste laver les sols et les surfaces des communs et faire un brin de rangement. On fait chacune notre propre vaisselle puisqu’on ne mange pas ensemble la plupart du temps, donc il n’y aura pas besoin de faire la vaisselle pour les autres… ça vous va ?

Ils ont plutôt intérêt à acquiescer, mais tu es seule et ils sont deux, s’ils décident de t’envoyer bouler tu pourras difficilement les contredire ; le mieux serait de les cajoler un peu, mais ce n’est pas dans tes habitudes… à vrai dire, la cajolerie n’est pas dans tes gènes du tout.

- Pour les repas… je mange généralement en lisant ou en travaillant, donc je ne vais pas participer. Et je ne sais pas exactement cuisiner non plus, de toute façon donc je ne serai pas d’une grande aide.

Tu ne développes pas. Pas la peine de leur faire un exposé sur ta relation intriquée avec la nourriture. Ça ne les regarde pas, et tu n’as pas envie de partager cette information avec eux. Est-ce que tu devrais faire l’effort de participer aux soirées film en revanche ? tu n’en as absolument pas envie, mais. Mais Kira semble s’y connaître en culture populaire et tu en manques terriblement, entre ton enfance passée dans une bulle hors du temps et le reste passé en camps. Ça pourrait être une occasion de découvrir des choses à côté desquelles tu passerais sinon. Tu fais la moue, puis hoche la tête.

- Puisqu’on est toustes disponibles le weekend, on peut prévoir ça le samedi soir de temps en temps. Pour les soirées film, j’entends. Pour le repas, c’est comme vous voulez, mais si personne ne sait cuisiner ce n’est peut être pas la peine de tenter le diable. On peut se regrouper après le repas. Enfin, on est en train de faire des plans sur la comète.

Ce serait l'occasion d'apprendre enfin qui est Magneto.

Tu hoches la tête à la question de Eizh par rapport aux surfaces des communs et passes rapidement à autre chose. Il semble déjà bien parti sur son film à propos de dragons, vous reviendrez sur la question du ménage quand elle se posera sérieusement. D’ici là, tu es confrontée à ta propre erreur, celle d’avoir accepté l’idée des soirées film. Dans l’idée ce serait idéal pour parfaire ta culture populaire ; dans les faits ça implique de socialiser avec des gens qui ne sont ni Saph ni Mordred, ce qui déjà est un challenge en soi. En plus de ça, il s’agit de parler à tes colocataires, ce qui est d’autant plus compliqué que tu supportes difficilement quiconque vit dans le même espace restreint que toi, d’après ton expérience. La perspective des chocolats chauds – ce sera du thé pour toi, mais l’idée est là – n’est pas aussi horrifiante lorsqu’il s’agit de discuter autour d’une boisson chaude avec Mordred. Maintenant… tu vois la situation très clairement : Kira aura trouvé un moyen de fabriquer une machine qui gardera sa boisson au chaud, ou la remuera pour qu’elle demeure homogène, un truc qui fera un bruit monstre, probablement de la lumière aussi ; Eizh quant à lui renversera sa tasse au moins deux fois, dont une sur le canapé, ce qui interrompra le film et vous forcera à nettoyer avant que la tâche ne s’incruste. Il se cognera dans divers meubles, renversant la boisson de Kira sur sa machine. Bref, une vision d’horreur.

- Une fois par mois c’est bien.

Il ne faut pas abuser.

Son nouveau surnom est tout aussi ridicule que le tien, ce qui ne fait jamais plaisir, mais tu doutes qu’il ait la colonne vertébrale pour lui dire qu’il n’en veut pas. De toute façon, elle n’a pas l’air de tenir compte de l’autorisation des autres pour leur donner ses sobriquets. Tu vois une opportunité de mettre fin à ces présentations pour aller lire dans ta chambre, ou dehors, profiter du beau temps, mais d’autres points importants s’imposent à ton esprit :

- J’ai oublié de te demander si tu as des ami.es ou des petit.es ami.es qui risquent de venir dans l’appartement régulièrement ? J’invite généralement les mien.nes quand Kira n’est pas là, pour ne pas la déranger, donc si tu pouvais mettre ton emploi du temps dans un espace accessible, pour que je puisse voir quand les faire venir. Pour ma part, tant qu’il n’y a pas trop de bruit et que l’appartement est rangé lorsqu’iels partent, d’autres élèves ici ne me dérangeront pas.

Tu te gardes bien de dire que « pour ne pas la déranger » veut surtout dire « pour pouvoir cracher sur sa gueule », mieux vaut garder ça pour soi, si on veut s’acheter la paix sociale. Vu le personnage, tu penses que la situation s’appliquera également à Eizh.