Aujourd’hui, tu as hâte de rentrer dans le confort de ton appartement. Tu le sais vide, parce que l’emploi du temps de Kira et Eizh indique qu’iels sont toustes deux occupés. Ce qui est arrangeant, parce qu’aujourd’hui est le jour désigné « bitching avec Mordred ». La dernière fois, il t’a lancé un défi un peu stupide, en appuyant bien sur ton esprit de contradiction et ton refus de reculer devant quoi que ce soit, pour te faire aller changer les affaires de Lucas de place. Et tu l’as fait, tu as organisé ses livres par couleur, dans son cellier à vin, les bouteilles de vin ont toutes – celles que tu n'as pas gardé pour toi, en tout cas – fini sous le lit. Les draps ont été soigneusement bourrés dans le lave-vaisselle, la vaisselle rangée à la place des livres et ses vêtements organisés par ordre de laideur et pendus à son rideau de douche. Ses produits de beauté ont été rangés avec les ingrédients culinaires et de qui était au congélateur dans son lit. En clair, tu y as passé du temps, tu as fait des photos et des vidéos, laissé un mot pour couper à Lucas toute envie de te dénoncer, et tu t’es rendu chez toi. Il faisait nuit, personne n’était à l’appartement, qui était aussi propre qu’après un de tes jours de ménage, alors tu as envoyé les photos et vidéos à Mordred sur messenger à la place. C’était une expérience amusante, mais qui a coupé court à tes réquisitoires pour la journée. Aujourd’hui, tu vas pouvoir te rattraper.

Malheureusement, la professeure de littérature du Moyen-Âge a jugé pertinent de vous faire terminer avec plus de vingt minutes de retard. Parce qu’elle est arrivée avec vingt minutes de retard. Tu as rongé ton frein pendant ces longues minutes en sachant que Mordred rentrerait dans l’appartement même en ton absence, et prête à déverser ton dépit vers lui. L’incompétence des profs, un vaste domaine qui vous laisse de quoi parler pendant un bon moment. Une fois l’heure terminée, tu as ramassé tes affaires et tu t’es empressée de rentrer chez toi. Une bonne tasse de thé, ou une théière complète, et une liste des nouvelles frasques des boulets qui te servent de colocataires en tête, voilà ce qui devait t’accueillir.

Tu pousses la porte, avec un petit effet dramatique, et annonce la couleur avant même de croiser le regard de Mordred dans la pièce :

- V i n g t minutes. Ma professeure de littérature du Moyen-Âge a commencé son cours avec vingt minutes de retard. Bien évidemment, elle a décidé de—oh.

Tu relèves la tête après avoir ôté tes chaussures et t’aperçois que Mordred est effectivement présent, mais en compagnie d’un inconnu. Et ils ont l’air assez près de se taper dessus. Mauvaise idée, avec un exploit comme celui-là, Mordred pourrait être envoyé en classes d’aides à nouveau. Est-ce que tu es censée tempérer ? ou au contraire t’enflammer (métaphoriquement, mais aussi très littéralement) ? Retenir Mordred ? physiquement, tu n’es pas sûre d’en être capable, pas plus que tu ne serais capable de te battre contre l’inconnu qui a l’air énervé. Mh, s’il donne le premier coup, vous pourrez probablement faire passer la réponse de Mordred pour de la légitime défense. Dans ce cas il faudra le provoquer un peu plus. Connaissant Mordred, ça ne devrait pas être trop compliqué pour lui. Cependant, tu es aussi extrêmement curieuse, et tu aimerais savoir duquel des deux boulets l’échalas est l’ami. Et de préférence le jeter dehors pour pouvoir bitcher en paix avec ton ami. Tu ne feins pas la confusion, mais tu affiches tout de même un air étonné de trouver Mordred en si bonne compagnie, et t’approches du canapé, sans quitter Mordred des yeux. Il n’est pas assis avec l’autre.

- Bonjour, Mordred. Désolée pour le retard. Bonjour, tu es ? je suis Aprilynne. La colocataire de Kira et Eizh. Je vous coupe, peut-être ?

Tu tends la main à l’inconnu, tout en veillant à maîtriser ta température corporelle. Pas besoin de s’échauffer pour le moment. Ça viendra sans doute, vu l’ambiance. Mordred sera peut-être agacé que tu l’interrompes dans la joute verbale – tu présumes en tout cas que c’est ce dont il s’agissait, même si tu doutes qu’elle serait restée verbale très longtemps sans ton interruption – mais s’il te connaît un tant soit peu il saura que tu n’as aucune raison de l’empêcher de s’empoigner métaphoriquement avec un inconnu ami de l’un de tes colocataires.

Mordred l’a provoqué, quelle surprise ! ce n’est pas du tout son genre pourtant, lui qui sait toujours trouver les mots pour plaire aux autres. Ha-ha. Tu souris à Mordred, mais joues la carte de l’hypocrisie encore un peu avec Filandrys, le temps de tâter le terrain. Un ami de Eizh… c’est une première, tu ne savais pas qu’il avait des ami.es. C’est une bonne chose, il gravitera moins autour de toi s’il a réussi à créer des liens avec des étudiants en dehors des classes d’aide. Ledit ami n’a pas l’air très à l’aise. La compagnie de Mordred peut avoir cet effet, mais tu te doutes aussi que ton arrivée le met dans une position plus incertaine : vous êtes deux, et tu doutes qu’Eizh ait gardé le silence par rapport au discours que lui a tenu Mordred lors de leur rencontre. C’est probablement pour ça que la situation est tendue, d’ailleurs. Ses paroles viennent confirmer tes suspicions, même si « désagréable » est un euphémisme. Tout en l’écoutant, tu déposes ton sac sur une chaise et vas te laver les mains au-dessus de l’évier de la cuisine. Tu reviens avec un torchon pour t’essuyer et jauges l’ambiance.

- Eizh est sensible et Mordred n’a pas de filtre. Leur rencontre a provoqué des étincelles.

Encore un euphémisme extrême, qui minimise grandement les actions et paroles de Mordred ce jour-là, tu en as conscience et ça ne t’ennuie pas particulièrement. C’est un ami de Eizh, il serait sans doute incapable de visualiser la situation du point de vue de Mordred, ou même du tien. Votre amitié n’est pas fondée sur de bons sentiments et votre attachement ne dépend pas de la bonté de chacun des membres de votre trio. Vous n’êtes pas de bonnes personnes. Une fois qu’il aura accepté ça, et le fait que vous en soyez conscients et n'en ayez rien à faire – voire au fait que c’est ce qui vous a justement rapproché.es – peut-être qu’il aura une chance de comprendre ce qui a pu pousser Mordred à s’en prendre à ton colocataire de cette façon. Pour ce qui est de la notion de faiblesse, tu ne sais pas comment dire poliment qu’Eizh est, en effet, faible. La crainte d’être perçue comme telle est l’une des raisons qui t’a poussée à garder pour toi le temps passé en camps, et tu imagines que son propre séjour dans cet environnement l’a abimé au-delà de tout espoir de réparation. Tu as de la compassion vis-à-vis de cette situation, malgré toi, mais tu ne peux pas t’empêcher d’être agacée par sa fragilité. Tu présumes que celle-ci t’agacerait bien moins s’il ne s’évertuait pas à rester vers toi dès que tu es dans l’espace commun de l’appartement. Enfin, depuis que tu l’as confronté par rapport à son indiscrétion, il envahit moins ton espace personnel. Peut-être aurais-tu dû être plus dure avec lui dès le début. Comme ça n’avait pas marché avec Kira, tu as tenté une autre méthode, pas plus efficace que ça.

- Vous pouvez continuer d’en discuter, je ne voudrais pas interrompre un débat qui pourrait être éclairant pour tout le monde. Mais si tu es un ami de Eizh, je doute que vous finissiez par tomber d’accord. On ne voit pas exactement le monde de la même façon.

Tu prends le parti de Mordred sans avoir eu besoin de l’entendre. Tu sais déjà que tu seras d’accord avec lui.

Si on regarde la situation d’un point de vue un peu différent, Saphirre t’a rendu un fier service en essayant de piéger Eizh pour s’amuser. Maintenant, ton passé est sur le tapis, les gens que tu aimes sont au courant et les choses n’ont pas trop changées entre vous. En plus de ça, ce qui est un très gros bonus, le fait que Eizh évite désormais ta compagnie alors qu’il la recherchait auparavant. Bien sûr, tu gardes cette réflexion pour toi : dans les faits, tu sors tout juste d’une période très dure, à laquelle tu n’étais pas encore préparée, juste parce que ton colocataire ne sait pas garder un secret. Difficile de ne pas être furieuse contre lui. Difficile, donc, d’en vouloir à Mordred pour ce qu’il a fait, quand tu comprends pleinement les raisons qui l’ont poussé à agir de la sorte, et que tu n’aurais guère été plus gentille si Eizh avait été qui que ce soit d’autre que la personne avec qui tu partages un appartement. Par ailleurs, ce que dis ton ami est vrai : ce n’est pas à vous de payer les pots cassés de l’innocence et de la crédulité de ton colocataire. Qu’il soit trop gentil est un fait avec lequel tu pouvais composer, le fait qu’il manque de détruire la seule chose vraiment précieuse que tu ais trouvée à Leoska ne passe pas. La blague de Saph n’était pas particulièrement brillante, et les mots de Mordred ont touché Eizh en plein cœur, mais c’est tout de même contre lui que se porte ton agacement. Lui, et Filandrys, qui est présentement dans ton espace, et qui s’échauffe contre ton ami. Mauvaise idée, soi dit en passant.

Tu lèves les yeux au ciel à la remarque de Mordred, sourire amusé aux lèvres. Evidemment, il a ressenti le besoin de se défendre… à sa façon, en se vantant au lieu de laisser tes mots lui ôter un peu de culpabilité. Il est impossible. Enfin, puisque l’ami de Eizh est déjà au courant de la situation, et que Mordred lui a fait une démonstration de son habituelle gentillesse, tous les mots doux du monde ne suffiraient pas à dissimuler la vérité de cette altercation : Mordred a fait du mal à Eizh, au moins autant que celui-ci aurait pu vous faire du mal.

- Le monde dans lequel on vit n’est pas propice à de si bons sentiments. Eizh a fait une erreur, il nous a fait du tords, et il a simplement récolté ce qu’il a semé. Sa crédulité, et son irresponsabilité m’ont couté quelque chose que je n’étais pas désireuse de perdre. La réaction de Mordred n’était pas disproportionnée.

Quel beau duo vous formez à l’instant, lui dans la provocation non dissimulée, et toi derrière qui vient calmement appuyer ses dires. Rien de tel pour énerver d’autant plus l’ami. D’ailleurs, la colère apparait rapidement, et sans surprise aucune. Les mots de Mordred sont durs, mais Eizh n’est pas là pour se plaindre d’en être la victime, alors on ne peut pas vraiment considérer qu’il lui fasse du tords. Et encore une fois, et si c’était le cas ? ses mots à lui vous ont couté assez cher comme ça. Filandrys s’énerve, ce qui n’est pas une surprise : vous tendez à avoir cet effet sur les gens. Ce qui est plus surprenant, c’est la manifestation de son pouvoir. Immédiatement, tes sens s’affutent, le niveau de danger augmentant. Les vêtements de Mordred prennent vie d’une manière étrange, semblent se transformer en… plantes ? Bon. Tu ne crains pas grand-chose, tu n’aurais aucun mal à les réduire en cendre si elles te touchaient, mais Mordred n’a pas cette possibilité, et tu ne peux pas les enflammer sans risquer de bruler Mordred par la même occasion. En plus de s’en prendre à ton ami, cet imbécile a déformé le plancher sous ses pieds et le bois semble reprendre vie avec son pouvoir. Du bois frais, difficile à cramer. Malheureusement, la colère monte immédiatement, et tu perds une partie de ta capacité de raisonnement. Tu t’immisces entre les deux pour reporter l’attention de Filandrys sur toi, enflammes tes mains et les laisses parallèles à ton corps, les poings serrés et prêts à être utilisés. Tu ne sais pas te battre, tu n’as jamais appris, mais tu es prête à essayer, magie à l’appui. Tu ne veux pas finir en classes d’aides, mais Mordred serait dans une situation bien pire que la tienne s’il venait à utiliser ses propres pouvoirs sur l’ami d’Eizh et à lui embrouiller le cerveau.

- Essaies, je t’en prie. Ou sors de chez moi avant que je décide de vraiment m’énerver.

L’adrénaline, qui est montée d’un seul coup, te chuchotes que tu aurais tes chances contre lui, que ça pourrait être amusant s’il restait. Et en vérité, tu n’es pas particulièrement haute ou menaçante, il pourrait probablement se débarrasser de toi très aisément pour s’en prendre à Mordred. Tu jettes un regard par-dessus ton épaule à Mordred, pour t’assurer qu’il va bien, qu’il n’est pas en train d’étouffer sous les racines qui sont sorties de ses vêtements. Quel pouvoir insolite, d’ailleurs.

Mordred a utilisé son pouvoir. Visiblement, Filandrys va bien malgré tout, alors tu oses espérer qu’il s’agit d’une petite hallucination, pas de quoi demander une expulsion définitive ou une sanction de la sorte, lorsque vous devrez faire face aux conséquences de vos actions. Parce que ce moment arrivera probablement. D’ici-là, tu refuses de perdre la face. Ton appartement grince et craque, le bois se déplie et se déploie, tu doutes que la vaisselle survive à cette résurrection. Tu ne peux pas bruler ce qui dépasse de peur de blesser Mordred par la même occasion. Tu ne peux que te contenter d’être témoin passive de ce qui se passe autour de toi. La prochaine fois que tu verras Saphirre, tu lui demanderas de t’apprendre à te battre, ton pouvoir est trop agressif pour être utile contre des mages, trop dangereux dans ce genre de situations et tu es finalement démunie, incapable de faire quoi que ce soit. Tu détestes ça.

La porte d’entrée s’ouvre, et l’appartement cesse de se remplir de branches et de feuilles. Tu as à peine le temps d’apercevoir Eizh que Filandrys lui crie de rester en retrait. Bonne idée, il ne ferait que se mettre en travers de votre route. Cependant, et de façon assez imprévisible, Eizh n’obéit pas à son ami et se précipite – à une vitesse moyenne, puisqu’il trébuche à plusieurs reprises – dans sa direction. Tu arques un sourcil, tandis que Mordred, fidèle à lui-même, se moque de ton colocataire. Ce n’est pas exactement le moment, mais tu peux apprécier l’humour derrière la situation. Ça doit être d’autant plus drôle pour lui qu’il ne s’agit pas de son appartement ou de ses affaires. Tu pourrais éteindre tes mains, maintenant que Eizh est là et que la situation va sans doute désescalader, mais, même s’il est inutile présentement, le feu te rassure. Même si tu ne peux pas l’utiliser contre Filandrys, il est présent comme soutien. Puisque Eizh semble avoir érigé une barrière autour de Fil et lui – comme si Fil était en danger, alors que c’est lui qui a ouvert les hostilités en se servant de sa magie – ce n’est pas la peine de continuer à s’échauffer, Mordred ne pourra pas les atteindre avec son pouvoir et la seule arme qu’il te reste est désormais la parole. Malheureusement, ouvrir la bouche et dire ce que tu as sur le cœur ne ferait qu’empirer la situation, et avec le pouvoir de Eizh dans l’équation, Mordred et toi êtes désormais relativement impuissants. C’est un problème, il faudrait débarrasser Eizh des lieux. Avant que tu puisses lui demander poliment d’aller jouer dans la cour intérieure avec les enfants de son âge, Kira débarque.

S’ensuit un moment de blanc, tandis que vous la regardez et l’écoutez babiller ; tu es complètement choquée par la situation et peine à répondre à ses réflexions complètement hors sol. Elle te colle un bol dans les mains, et tu diminues l’intensité des flammes pour ne pas y mettre le feu, sans comprendre complètement ce qu’il se passe. C’est le choc, ou l’outrage, qui t’immobilise quelques instants, bien assez pour que le maïs ait le temps d’éclater dans le bol. Tu pouffes avec un air outré dans sa direction.

- Je n’ai pas à te rendre de comptes, Kira. Ce n’est pas parce que j’ai parlé de ça à Eizh qu’il devait le répéter, et le fait que je n’aie pas informé Mordred et Saphirre avant d’en discuter avec Eizh ne change rien au fait que leur en toucher mot aurait dû être ma décision et que j’ai été privée de la liberté de leur en parler quand je me serais sentie prête.

Tu viens de lui dire que tu n’avais pas de comptes à lui rendre, et c’est pourtant exactement ce que tu fais. Tu te renfrognes et restes silencieuse quelques instants. L’arrivée de tes deux colocataires a créé un blanc et arrêté net l’affrontement, mais la tension n’est pas retombée pour autant, et tu doutes que Mordred en ait fini avec Fil. Ce n’est pas ton cas, il a détruit tes affaires et ton lieu de résidence, lui qui est censé être un endroit où tu te sens en sécurité. Ce n'est plus le cas, et tu as des comptes à régler avec lui. Tu te tournes pourtant vers Mordred, dont le T-shirt a repris vie au même titre que le reste de ton appartement et hausses un sourcil.

- Tu te rends compte de la situation ? c’est Kira – Kira ! – qui vient calmer le jeu ! et il faut avouer que c’est relativement risible, Filandrys voulait jouer les chevalier blancs et protéger Eizh, et il a juste détruit son logement. Qu’est-ce qu’on fait, maintenant ? vu le bruit qu’a fait l’appartement, je doute que ma théière ait survécu… difficile de prendre le thé dans ces conditions… surtout qu’on ne s’est toujours pas débarrassé de l’envahisseur.

Le mieux est encore de rire de tout ça. Tu as bien l’intention de rendre la pareille à Fil, mais pour l’instant il est surtout question de montrer que malgré l’arrivée d’Eizh et de Kira, toi et Mordred avez toujours la main. Pour ça, rien de tel que le sarcasme et l’ironie, qui mettent en avant le fait que vous ne vous laissiez pas démonter par la situation.

Nouveau sourire amusé échangé avec Mordred malgré la situation. Tu ne serais pas une connasse. Tu te demandes ce que tu peux bien être d’autre, après avoir poussé l’ami de Eizh dans ses derniers retranchements avec l’aide de Mordred, et l’avoir amené à perdre son calme et transformé ton appartement et les vêtements de Mordred en forêt buissonnante. Après ce qui vient de se passer, tu sais que tu ne fais pas partie du manichéen côté des « gentils ». Tu n’as aucun remord, tu te fiches éperdument de savoir que l’utilisation de son pouvoir de la sorte va surement couter cher à Filandrys, et tu n’es pas particulièrement inquiète pour l’état mental de ton colocataire… ou pour son appréciation de toi. Il ne serait pas étonnant qu’il demande à déménager. Ou à repartir en classes d’aides après l’intervention de Mordred. Il est trop fragile pour le cursus standard. Pas que tu sois dure avec lui pour l’endurcir. Tu ne t’intéresse juste pas assez à lui, malgré votre point commun saillant. Maintenant que les gens que tu aimes sont au courant – merci encore, Eizh – tu peux en parler si le besoin se fait sentir. Tu doutes que ça arrivera, tu ne veux pas être un fardeau ou être perçue comme trop fragile, trop semblable à Eizh… mais si un jour tu fais une crise de panique alors qu’iels sont dans les parages, ce sera plus simple à expliquer.

Il s’excuse, et le message d’apaisement est clair et si inhabituel de la part de Mordred que tu comprends immédiatement qu’il ne s’agit que d’une façade. Malgré ses belles paroles, il est loin d’être sincère dans ses excuses. Vous allez surement vous retrancher dans son appartement pour bitcher, et tu doutes qu’il gardera le silence à ce sujet ou affichera des quelconques remords vis-à-vis de Eizh à ce moment-là. Par ailleurs, ses excuses sont destinées à Eizh, pas à Filandrys, qui est le principal antagoniste de votre petite dispute. Tu soupires, te souviens de la présence des glaçons, que tu ôtes de ta tête – tes cheveux sont mouillés à cause de la condensation, tu vas étrangler Kira – et jettes sur le canapé avec un air dédaigneux.

- Mordred a raison. La tension est montée et nous sommes sans doute allé trop loin.

Tu n’insistes cependant pas quand il décide de partir et d’emmener Eizh à sa suite. Il ne reste plus que Kira et Mordred et tu regardes ton acolyte. Son haut est effectivement ruiné – ce qui n’est pas un sacrilège, pour être honnête – et tu vas dans ta chambre chercher quelque chose qui pourrait convenir à sa morphologie. Fidèle à sa demande, tu reviens avec un pull en laine bleu pâle, assez large pour qu’il lui aille, et assez confortable. Tu regardes ensuite Kira, arques un sourcil.

- Je n’ai pas l’énergie de faire ça maintenant. Je ne sais pas si tu as remarqué, mais il y a des arbres dans notre appartement. Il va falloir plus qu’un simple rangement. Je te conseille d’aller trainer chez des amis à toi, je rangerai ce que je peux demain et j’irai voir l’administration pour leur dire qu’on aura besoin que quelqu’un vienne ôter les arbres et réparer le plancher. D’ici-là… Un thé, oui, ça pourrait être bien. Que nos plans ne soient pas complètement ruinés par l’intervention de Filandrys.

C’est tellement facile de rejeter la faute sur lui quand tu as ouvertement décidé d’être menaçante en enflammant tes mains. La peau de tes doigts commence à te démanger, tu auras surement des cloques sur toute la surface qui a pris feu. Un plaisir. Tu vas chercher de la crème pour les brulures à la salle de bain, un onguent de première nécessité dans ton cas, que tu glisses dans la poche de ton pantalon, et cherches le porte-manteau sur lequel est pendu ta veste.

- Je suis trop fatiguée pour ça, Kira, et de toute façon, on ne peut pas voir la télé depuis le canapé à cause des arbres. Tu devras te trouver une autre occupation.

Tu te tournes vers Mordred, tout en enfilant des sandales pour ne pas sortir pieds nus.

- J’ai quelque chose à demander à Saph, en plus, ça tombe bien.

Tu ne savais pas que tu avais quelque chose à lui demander avant l’intervention de Filandrys, mais tu présumes que ça compte quand même. Tu as hâte d’avoir une tasse de thé dans les mains et de pouvoir cracher ton venin avec Mordred. Dieu seul sait à quel point tu en as à cracher aujourd’hui grâce à l’intervention de Fil, Kira et Eizh.