A cause de la réaction disproportionnée de l’ami de Eizh – discuter avec Mordred tend à avoir cet effet quand on n’a pas l’habitude – vous avez dû changer de lieu pour votre session bitching. Ce qui n’est pas tant un problème que ça, puisque les différents appartements sont tous situés dans le même couloir, vous n’êtes donc pas bien loin de chez Saph et Mordred, mais tu es agacée par l’état dans lequel Filandrys a mis ton logement. Nouveau problème : le bruit terrible qui semble émaner de la porte d’entrée de l’appartement en question. Tu sais que Saph a des gouts douteux dans certains domaines, tu as essayé de toutes tes forces d’y remédier en ce qui est de son gout vestimentaire, et la musique n’y fait pas exception. Tu grimaces, mais laisses Mordred pousser la porte. La scène sur laquelle vous débouchez à le mérite d’être comique, à défaut d’être acoustiquement reposante. Saph vous tourne le dos, semble avoir donné raison au qualificatif « douteux » pour ce qui est de ses vêtements, et rappe par-dessus la musique, dont le volume est élevé. C’est… quelque chose. Tu te tournes vers Mordred et lui demandes en faisant mine de chuchoter mais avec un volume suffisant pour être entendue par-dessus le bruit de Saph :

- Qu’est-ce que c’est que cette musique de dégénéré.es ? je ne comprends rien à ce qu’ils disent.
- Si seulement c’était une incantation maléfique…mais c’est juste du rap.

Aïe. Tu grimaces – une expression familière, aujourd’hui – et fais un geste englobant la scène dans sa globalité.

- Tu sais sur quel bouton appuyer pour que ça cesse ?

De façon très prévisible, Mordred ne choisit pas l’option la plus simple, mais la plus divertissante, et te répond :

- Oui, mais c’est plus drôle d’attendre qu’iel nous remarque.

Ce qui est très juste, tu ne peux pas dire le contraire. C’est donc exactement ce que vous faites. Saph est très impliqué.e dans cette interprétation musicale et tu ne peux que saluer son entrain. Il y a plus de danse et de chant que de ménage réalisé, mais l’énergie est entrainante et tu applaudirais surement si tu ne devais pas attendre qu’iel vous remarque d’ellui-même – et que tu n’étais pas complètement vidée physiquement et émotionnellement par ce que vous venez de vivre avec Mordred. La musique finit par atteindre un passage plus calme et tu retiens un sourire amusé quand Saph amorce un tour de la pièce, qui læ place dans votre sens. Iel hurle, jette la serpillère dans votre direction – qui ne vole d’ailleurs pas très loin, rendant la scène encore plus ridicule qu’elle ne l’était déjà – avec un air d’abord effrayé, puis légèrement embêté par son jeter de serpillère suboptimal, puis juste perplexe. Ça se comprend. Vous n’êtes pas censé.es être là.

- MERDE, PARDON…Quoi ?

Sa réaction est, comme l’avait prédis Mordred, relativement drôle. Tu rigoles un peu, et entends Mordred faire de même à côté de toi. Dieu qu’il est bon de pouvoir entendre les choses qui ont lieu autour de toi, plutôt que cette musique dont tu ne comprends pas les codes.

- Je crois qu’iel nous a repéré.es. Juste une hypothèse. Bonjour Saphirre !
- On voulait voir tes talents pour faire le ménage alors on est rentrés.

Il va dans la cuisine pour préparer le thé et te fait signe de t’installer alors tu suis son geste et prends place à table, là où tu as l’habitude de t’installer lorsque tu viens prendre le thé. Mordred reprend ensuite :

- Plus sérieusement, on a eu un imprévu alors on fait notre session bitchage ici.

Saph range la serpillère, améliore légèrement son look en ôtant le bandeau à cheveux – une aberration – et va se laver les mains. Quand iel revient, iel demande en souriant :

- Quel genre d'imprévu ? Le genre trop prenant pour prévenir que j’suis pas seul à l'appart ?

Tu grimaces. Saph semble de bonne humeur, ce serait dommage de gâcher ça avec un résumé de vos péripéties qui ne sont pas particulièrement amusantes. Provoquer Filandrys l’était, mais le résultat est loin d’être aussi drôle et les ennuis que vous allez avoir avec Leoska donnent difficilement matière à rire. Tu résumes brièvement :

- Le genre forêt Amazonienne dans mon appartement et probablement problèmes avec l'académie... On a.... « Rencontré » un ami de Eizh. Ça ne s'est pas très bien passé.
- Rencontré, discuté. C'était assez pour que tout parte dans les extrêmes. Kira et Eizh ont débarqué, alors on est partis.

Malheureusement, Saph ne semble pas vouloir s’en tenir à ça, et essaie de vous tirer les vers du nez :

- Ok ??? C'est... un peu obscur comme présentation sans être dans le contexte. En gros vous vous êtes tataner avec un pote de Eizh parce que vous pouviez juste pas le piffrer ? Ou ça avait un rapport avec Eizh ?

Tu grimaces à nouveau, parce que l’explication ne vous met pas exactement en avant positivement. Tu essaies de verbaliser les événements de façon à ne pas trop vous donner le mauvais rôle. Et minimiser l’impact que ça pourrait avoir, histoire de ne pas inquiéter Saphirre inutilement, alors que vous ne savez même pas si vous allez effectivement avoir des ennuis avec Leoska pour ce qu’il s’est passé :

- Alors, avec plus de contexte : Filandrys a essayé de défendre Eizh, Mordred est resté sur ses positions et le ton a fini par monter quand Filandrys a menacé de frapper Mordred. Il a déclenché ses pouvoirs et ça à un peu dégénéré. Il n'y a pas eu de blessés, si ce n'est le T-shirt de Mordred et mon appartement. Eizh et Kira sont intervenu.es, la situation s'est apaisée mais mon appartement a souffert. Il y a eu pas mal de casse. Et on avait Kira dans les pattes donc on a préféré migrer ici.
- Voilà. On ne s'est pas « tatané », on a essayé simplement de le garder à distance. Tu veux boire quoi, Saph ?
- De la Javel.

Bon, ça aurait pu être pire. Iel semble sidéré, mais c’était à prévoir, la situation était vraiment stupide et vous faites clairement passer Filandrys pour le méchant de l’histoire. Pour être tout à fait honnête, il était assez antagonisant vis-à-vis de Mordred… et il s’en est pris à lui et à toi sur ton territoire, tu ne vois pas comment vous auriez, toutes choses considérées, pu être plus calmes. Il ne s’est pas roulé par terre en se tenant le crâne, envahi par des images d’horreur, et il n’a pas non plus été brûlé au troisième degré.

- C'est quoi ce bouffon ? Vous allez bien ? Fin' y'a pas de blessé donc j'imagine que physiquement oui, j'parle de façon générale.

Tu regardes l’état dans lequel tu as mis tes mains, hausses les épaules et les relèves pour les mettre à la vue de Saph. La peau est d’un rouge agressif, et elles sont douloureuses, mais ce n’est rien d’insupportable. De toute façon tu as de quoi apaiser la douleur sur toi.

- A part ça, je n'ai pas à me plaindre. Au contraire, je pense que Eizh va rester éloigné pendant quelque temps, donc c'est un bonus.

Mordred répond également :

- Oui, oui, tout va très bien. Ce n'était qu'un désaccord sur nos points de vue.

C’est une façon de présenter les choses, oui. Il a escaladé et vous avez tous utilisé vos pouvoirs, ce qui peut être un problème. Saph a l’air profondément septique, aventure :

- Hmm... C'est, wild pour un désaccord.

Peut-être un peu, oui. Iel se tourne vers toi.

- Tu veux peut-être quelque chose pour soulager tes mains ?

Tu secoues la tête, touchée par la question attentionnée mais parée à cette éventualité, et sors le tube de crème anti-brûlures que tu es allé chercher avant de quitter ton logement.

- J'en mettrai quand on aura fini notre thé, je ne veux pas mettre du gras sur la tasse. Pour le moment je préfère me plaindre de mes colocataires et de leur incapacité à se comporter en société, c'est plus divertissant.

Tu repenses à Kira et à son saladier de pop-corn et ton envie de meurtre augmente. Avec la fatigue, tu dois faire attention à ce qu’aucune partie de ton corps prenne feu en réaction à la colère qui monte, et que tu essaies d’étouffer. C’est fini. Tu trouveras bien un moyen de lui faire payer ça, et le sachet de glaçons sur la tête. Mordred, quant à lui, répond à la première remarque de Saph après avoir haussé les épaules, l’air légèrement agacé :

- Notre conversation manquait de retenue, c'est tout.

Il sort les tasses, poursuit en changeant de sujet :

- Tu ne m'as pas dit ce que tu voulais boire, Saph. April, je t'en prie installe toi. Par quoi tu veux commencer ? Le retard de ta prof de français ou tes colocs ?

Et la tentation de te lancer dans une tirade sur ta prof de français est présente, mais Saph coupe court à toute possibilité d’explorer cette éventualité en ramenant la conversation sur le sujet précédant, que vous avez tous deux tenté de fuir. Iel refuse la proposition de boisson de Mordred et reprend avec un air assez sérieux.

- Heu. Donc, c'est tout, vous aller juste bitcher là-dessus, point barre ? Vous... avez pas l'impression que c'est complètement en train de partir en steak ?

Tu hausses les épaules. Honnêtement… Bien sûr, l’Académie ne va pas apprécier ce développement, et tu présumes que vous aurez au moins à rendre des comptes devant des adultes, puisque tu vas devoir contacter l’administration pour qu’iels s’occupent de réparer le plancher. Mais au-delà de ça, tu espères que la situation ne se retournera pas trop contre vous. Vous n’avez pas frappé en premier, après tout.

- On a été plus raisonnables que Filandrys en terme d'utilisation de nos pouvoirs, et Mordred s'est excusé vis à vis de Eizh. Si on joue nos cartes correctement, on ne devrait pas avoir trop d'ennuis.

Mordred fronce légèrement les sourcils, ne semble pas en accord avec la question de Saph.

- Comment ça « en train » ? L'affaire est réglée, personne n'a été blessé, ce n'était qu'une dispute. S'il y a des conséquences, elles tomberont sur Phil plus que sur nous.

Saph ne semble pas de cet avis, fronce à son tour les sourcils et croise les bras.

- Tu crois ? Parce si l'appart d'April est devenu une pseudo forêt, le personnel va intervenir pour réparer les dégâts. Les concernées vont forcément être interrogés. Vous pensez vraiment qu'Eizh et Phil vont la boucler ?

Tu espères, sincèrement, qu’ils n’en profiteront pas pour tout vous mettre sur le dos. Ce n’est pas le genre de Eizh, mais il pourrait le faire pour défendre son ami, ou tout simplement parce qu’il se voit comme la victime de cette situation. Pour ce qui est de Filandrys, tu ne sais pas ce qu’il en est. S’il est malin, il mettra la faute sur votre dos à toi et Mordred, et ce même s’il a menacé de frapper ton acolyte. Saph a un sourcil haussé mais son expression est définitivement sérieuse. Ce n’est pas aussi habituel que de voir Mordred sérieux, et son expression donne plus de poids à ce qu’iel dit ensuite.

- J'ai pas toutes les infos sur ce que vous vous êtes dit, ou sur a tout ce que vous mettez derrière « ça a dégénéré » vous z’êtes absolument certain.e.s que si on vous dénonce y'a r qui vous porte préjudice ?

Tu grimaces. Evidemment, il y a des choses qui vous porteront préjudice dans cette sombre affaire. A commencer par les propos de Mordred à l’encontre de Eizh, que ce soit en sa présence ou en son absence. Tu ne sais pas si deux occurrences suffisent pour considérer qu’il s’agit de harcèlement, mais c’est bien possible. Et un problème. Mordred est loin d’avoir le casier le plus vierge de l’Académie. Si tu as des problèmes, ils seront légers. Ceux de Mordred pourraient être bien plus sérieux.

- Du point de vue magique, je pense qu'on ne risque rien. Je n'ai pas attaqué donc je peux dire que j'ai réagi uniquement pour me défendre, et Mordred n'a pas exagéré avec son pouvoir... Mais du point de vue purement moral... Tu penses que ce que tu as dit à Eizh pourrait être susceptible de se retourner contre toi ?
- T'as un problème avec la situation, Saph ?

Oh non. La réaction de Saph est sensée, mais elle frictionne aussi l’esprit de Mordred qui est déjà suffisamment à vif après ce qu’il vient de se passer. Ce n’est peut-être pas le moment. Il répond ensuite à ta question :

- Possiblement... Mais je n'ai pas si mal parlé à Eizh et tant que Phil ou Eizh n'en parlent pas ça devrait aller.

Saph revient à la charge et tu espères que votre petite aventure ne déclenchera pas de conflit entre vous trois. C’est votre premier désaccord – mais pas le premier désaccord de Saph et Mordred, tu présumes, ce qui est rassurant, puisqu’iels sont toujours fourré.es ensemble malgré tout – et tu n’aimes pas ça.

- Ouais, on peut dire ça. Y'a un truc qui me dérange mais j'arrive pas à mettre le doigt dessus.

Iel s’appuie sur le meuble derrière ellui, les bras toujours croisés, les yeux rivés sur le sol.

- L'affaire aurait dû être réglée quand April a réglé ses comptes avec Eizh, mais ça fait qu'escalader depuis l'début. Comprenez que j'ai du mal à être certain.e que là, c'est fini.

Tu as du mal à lire les émotions sur le visage de Saph. Iel vous regarde alternativement toi et Mordred, et tu maintiens ton regard, malgré l’envie de baisser les yeux. Tu n’as pas l’habitude de te faire sermonner, et au lieu d’être indignée, tu te sens coupable.

- J'aime pas ça, vraiment pas. T'aurais un dossier vierge j'dis pas, ça passerais p’t’être mais là... L'école se limitera pas éternellement a des passage express en classe d'aide tu sais ? Donc ouais ça me pose problème cette histoire. Et j'comprends pas comment vous arrivez à vous en amuser, là.

Tu regardes tes mains abimées l’espace d’un instant, incertaine de comment répondre et de prendre part à cette conversation qui concerne principalement les problèmes de Mordred avec l'académie, mais puisqu’il s’est défoulé sur Eizh à cause de ce que tu lui as dit et qu’il a répété, tu te sens en partie responsable de la situation .

- On l'a provoqué, mais c'est lui qui a été agressif. Il n'était même pas censé être là. Et.... Autant dédramatiser la situation tant qu'on n'est pas fixés, non ?

Mordred est plus fermé que toi, mais ne s’énerve pas pour autant.

- Je le sais très bien, et si j'arrivais à faire autrement je n'en serai pas là. Ça ne m'amuse pas. Plus, en tout cas. Il soupire, Saph a raison... Et je doute que l'académie accepte les explications de mes derniers agissements. D'autant que je n'ai pas de remords sur ce qui s'est passé.
- J’suis désolé April mais dédramatiser ça va vous occuper 30 minute mais j’suis pas sûr que ça va repousser l'sujet beaucoup plus longtemps. Après si vous tenez a bitcher et que j'pourris votre groove j'vous fout la paix et j'me casse y'a pas de problème.

Iel marque une pause, pointe Mordred du doigt, semble réfléchir intensément à la situation, reprend :

- Tu  n'y arrive pas, ok, j'entends et franchement j’comprends. Le problème c'est que les trucs que j'utilise auquel je pense vis à vis de Jean t'aiderais p't'être pas, faut voir. Donc . Hmm. J'essaie... de comprendre un truc. Répond si t'as envie, j'te promet que c'est pas pour juger ou quoi j'veux juste capter. Par exemple, pourquoi quand tu l'as revu t'as roast Eizh ? Il était déjà au courant qu'il devait foutre la paix a April, j'le vois pas trop te provoquer et y'avais rien de particulièrement funny à tester sur la situation. T'avais rien à y gagner. Donc là, comme ça, pourquoi ?

La question s’adresse pleinement à Mordred, alors tu restes silencieuse et immobile afin de ne pas les déconcentrer. C’est une question importante, et la réponse le sera sans doute tout autant.