Yoléhihou, on est vraiment sur la période du fun ou quoi ??? Pouah non, mais quel enfer, c’est plus le bordel dans cette école que dans ma tête et c’est dire, les frérots. Franchement j’ai majoritairement zoné côté sécu et j’ai demandé des dérogations pour pas aller en cours. Je les ai eus parce que Mordred a besoin de soutiens, et que MDR, ils sont pas trop cons ils vont pas forcer le mec du gars qui à fait les aveux à se jeter dans une fosse pleine d’élèves fraichement enrager.

J’y retournerais hein, mais si je peux limiter les contacts tant que c’est chaud, j’préfère. J’ai des bons résultats t’façon, ça me pose pas de problème de taffer dans mon coin. Après je suis pas h24 chez Mordred hein sinon on finirait par ce choper l’museau à coup de tatane. Pas le but. Disons que je me déplace d’un espace à l’autre entre ; être présent pour Mordred et laisser de l’espace en me trouvant des terriers variés.

Bref. La période est bizarre. Le mood de la période est bizarre. L’odeur des locaux de la sécu est bizarre. Le rythme des journées est bizarre. Tout est bizarre. Ce qui est pas bizarre en revanche c’est de se faire un petit trip temporel retours dans les années 2000 en chillant avec Mordred façon soirée manucure. Je rajuste mon bandana motif Paisley, un classique d’époque (c’était ça ou les pics senteur vivel dop fixation forte, j’suis sans concession) et m’apprête à attaquer la deuxième main de Mordred quand ça toque.

Je suis dans mon quart d’heure no brain de la journée donc, j’m’en soucis pas. Ça me chatouille une narine sans faire éternuer l’autre. Pas grand monde qui passe, la plupart du temps c’est le personnel de l’école qui parle à Mordred donc j’vais pas m’en mêler et faire ma vie.

Ça que j’entends par là, c’est me faire un smiley moche sur l’ongle en vivant l’instant musical de tout mon saoul. En vrai heureusement qu’il n’écoute pas, y’a des paroles qui corresponde grave à la situation. Et genre, « relater sur du Lorie » ? T-t-t-t. Ça, ça peut faire du dégât. Autant de dégât que moi qui imite la voix de la chanteuse.

« Je serais toujouuuurs la même, un peu bohème, prête à faire des foliiiiie — AH. AAAH. PHIL. QU’EST-CE QUE TU FAIS LA ?!!! »

Je rebouche précipitamment le vernis comme si j’étais en train de faire quelque chose de profondément illégal et me tourne vers lui. J’l’avais pas entendu à l’entrer comme j’écouter pas, et il apparait dans mon champ de vision là BAM, SCREAMER. Il m’a fait grave peur le revenant là ?? J’étais pas prés ? Je… J’ai quasi pas sociabilisé ces dernières semaines.

« … De la bouffe. » Je détaille le contenu des sacs en regardant par-dessus mes lunettes de soleil. Fait les liens qu’il y a à faire. « Des tacos. T’es un putain de food truck en fait ?? »

Phil le foodtruc. Le mec est un perso de robocar Poli ?? Ça va, ça bicrave du pneu avec Pelleto la pelleteuse et Max le rouleau compresseur ???? C’est pas poss’. Wah. Je. Je m’attendais pas à le voir là ? Mordred non plus vu sa tronche ?? Je suis choqué, j’arrive pas à réfléchir.

Déjà parce que. Ben. J’ai pris des nouvelles de personnes comme un GROS CHACAL. Chacal avec une raison cependant : je savais pas comment les autres aller réagir vis-à-vis des aveux publics qu’y’a eu, et j’avais pas envie de gérer ça parce que c’est clair que ça va pas être simple. J’ai pas une énergie infinie, et là j’préférais la consacrer à être présent pour Mordred qu’à démêler c’t’histoire avec d’autres.

Mais pour Phil. Hmm. J’ai un peu la grosse honte. Parce que, déjà, on sort ensemble et que j’ai un peu disparu des radars même s’il sait pourquoi. Et parce que j’aurais du savoir qu’il réagirait bien et pas avoir une espèce de doute à la con. Mais comme Eizh sort de camp… J’sais pas OUAI. J’ai flippé, voilà. En plus il m’a grave manqué, ça me vénère d’être débile comme ça. Et comme j’suis vénère, je le regarde avec une expression vénère alors que j’ai rien contre lui, et que j’viens d’le saluer de façon hyper random. Ouais. La période bizarre m’a carrément déconnecté et quand j’suis la belle ironie c’est que j’fais aussi partie des trucs bizarres de la période.

Yo. Pourquoi il me regarde pas ? Il m’en veut ? Évidemment qu’il m’en veut. Uh. J’vais laisser Mordred choisir, j’vais pas m’en mêler, c’est une bonne chose de voir des gens un peu. C’est juste que… Meh. Grmglrgmr.

Le coup de coude de Mordred me fait sursauter.

« Oh ??? Et oh j’suis pas un bouledogue asthmatique, c’est toi wesh, c’est ma tête normale d’avoir les sourcils froncés, insulte pas zbi. En plus c’est lui qui me regarde pas. »

Il est dans la pièce by the way Saph, tu feras gaffe. Je croise les bras et je renifle, hyper mature comme réaction. Dang it. ça me fait réaliser à quel point je me suis empâté socialement. Faudrait que. J’sais pas, j’retourne au moins à la salle en groupe. Où que j’aille voir des potes. Qui ne sont peut-être plus des potes. L O L. Je tremble de hâte.

« Ça me dérange pas non plus hein, au contraire. »

J’suis même surpris par la réaction de mon cher et tendre. (Celui avec les yeux bleus) (… ET les cheveux noirs, et non j’ai pas un problème avec les yeux bleus) (d’ailleurs c’était pas du tout le cas d’April non plus hahahaha bordel non casse-toi le vieux souvenir déprimant j't'ai pas sonné frérot). Bref. Cette légère arborescence de pensées mise à part, force est de constater que Mordred accueille bien mieux Phil maintenant que par le passé. Une des nombreuses conséquences du chamboulement, pas la plus négative si ça lui permet de s’ouvrir davantage à ceux qui restent.

Il file dans la cuisine ce qui me laisse… Seul à seul avec Phil. Je plisse les yeux et soupire.

« C’est pas que je suis vénère, c’est juste que… Grgrlgrlgrmrrrrrrrrrrrrrrrr. »

Voilà, bonne journée !

« J’ai été un peu concon les ballons quoi. Désolé de pas avoir pris de nouvelle. J’sais pas. Ça fait pas hyper longtemps, mais j’ai un peu déconnecté de tout, et j’avais pas la foi d’aller constater qui nous avait rayés d’leurs entourages, qui était toujours OK, de gérer des gens qui réagisse mal… De gérer les gens tout court. » Franchement je croise un badaud qui traine vers l’appart pour des ragots, mais j’lui tombe dessus « Bref. J’aurais pas vraiment dû douter te concernant, c’était grave débile, même de ma part. »

C’est un vrai sujet cependant. À un moment faudra que j’arrête de chiller dans mon déni par omission et que je me confronte au changement. Grosse flemme. C’est carrément lâche ouais. Surtout que les autres s’rons surement mille fois plus chill a mon égard qu’à celui de Mordred mais c’est aussi ça l’problème. J’m’en fous qu’on parle dans mon dos. Mais gardons le ciboulot frais quelques secondes ; c’est évident que j’vais mal réagir à ce qui le concerne. Mais chaque chose en son temps.

Regard vers le sol. Puis vers lui. Petit sourire.

« Ce que j’essaie d’te dire, c’est que j’suis content de te voir. »

Autant parce que je lui suis reconnaissant de passé, que parce qu’il me MANQUE bordel de merde.

Je lui tends ma main fraichement manucurée parce que… parce que ???? Je sais pas trop si je veux l’embrasser, lui faire un câlin ou autre, donc, heu, voilà quoi, logique on se sert la main. Two bro just shaking hands caus’ they’re not gayyyy.

Pff. Ça pour savoir séduire, tartine moi d’épines, j’t’en prie, ça me vend du rêve. Même pour une blague faut s’méfier, depuis le temps qu’on traine ensemble, force est de constater que c’est vraiment son trip de m’enrouler dans des trucs. Des ronces, des rideaux, du lierre, des plaids. Il veut pas un mec, il veut un putain de wrap. Quel gros weirdo, j’suis tellement heureux de le voir.

Il attrape ma main et je souris non sans une certaine ironie à ses propos. Ouais, bon. Doute clairement infondé devant le grand parangon de la rédemption. Même mes angoisses juge sévère tant c’était irrationnel le concernant. J’lui réponds pas pour pas parler au nom de l’intéressé ni tchatcher dans son dos, mais ça reste rassurant.

T’façon il étaye pas parce qu’il a l’air inspiré pour autre chose. Comme me saluer autrement qu’en se serrant la main, j’crois. Et oh gosh, j’ai genre 9 niveaux de tension invisible et inattendu (vraiment ?) qui s’affaisse quand il me prend dans ses bras, j’ai l’impression d’être la reine des flaques. J’veux plus bouger. Le PIRE, c’est quand il m’embrasse. Ça fait si longtemps que ça me refait des sensations bêtes des premières fois, avec des papillons dans l’ventre comme un.e ado en pâmoison, c’est pas poss’. C’est chelou de fou un corps, hein.

«  Ouais. Toi aussi tu m’avais vraiment manqué. »

Je le regarde avec des cœurs dans les yeux, les bras noués dans son dos. Proche. Ahem. OUAHOU. Une envie de le galocher mon gars, c’est pas le moment, allez, ON REMBALLE.

« Maiiiis on arrive sur la durée limite du socialement acceptable sur le fait d’se gluer, là, qu’on se manque ou non. Bouge. »

Je récupère mes bras, tapote son torse comme un true gym bro avant de m’écarter. Et de soigneusement ranger mentalement mes débiles d’hormones dans une valise métaphorique. Je file dans la cuisine et… Mordred sursaute en nous voyant. J’m’en formalise pas, je le note juste. Il nous jette un paquet de gruyère dessus. J’m’en formalise un peu plus et lève les yeux au ciel.

« On fricoter pas msieurs. » En même temps, s’il arrêter d’se comporter comme un ancêtre. « J’lui faisais juste un câlin, si t’en veux un aussi suffit de demander hein. »

Je lui souris en allant me laver les mains et essaie de garder un ton léger. Parce qu’il a l’air. EH. UGH. AheAearg. Voyez c’que je veux dire ? Ce mood-là. Et c’est normal hein. C’est beaucoup d’avoir d’la visite. De base.

Mais dans l’cadre où on voit quasi personne ?

Qu’il a aucun visu sur la réaction de son ancien entourage suite aux récentes révélations ?

À l’improviste alors que ça à jamais été un grand fan de la surprise ?

Dans son état émotionnel ?

Et j’en passe ?

Ohohoh. Ouais, on est d’accord, c’est beaucoup. Il a pas l’air ienb, mais le call out à voix haute ça s’rait pire. Giga impoli pour Phil, mais je signe à Mordred le nécessaire pour faire passer « Ça va ? Si besoin, t’hésites pas. » face au chamboulement du programme de la journée. Pour que ça se fonde dans le décor, j’enchaîne directement, tout en restant attentif aux mains de Mordred pour voir sa réponse.

« Bref si vous voulez de la main-d’œuvre fraiche, dispo et efficace j’peux, faudra juste me souffler les secrets d’la recette. »

Sur ces belles paroles, j’en profite pour me mettre en action et laver les légumes. Ayay que c’est étrange de revivre des scènes quotidiennes de sociabilisation dans un cadre qui n’a rien de normal.

TW : Image de grenouille dans un des liens hypertexte

Eh. Il angoisse, mais c’est pas vraiment une surprise, ça se voyait, et la situation le veut. J’attends d’être à nouveau en visu pour répondre « OK pour l’angoisse, si ça devient trop lourd et qu’il faut intervenir, demande. Si trop chiant de parler, SMS, ou genre, tousse trois fois. ».

Pour le reste c’est plus difficile à expliquer. Perso le flow de Phil m’a fait si chelou au début, j’ai régulièrement considéré que c’était lui qui court-circuiter. Où que c’était juste un gros mytho. Mais il est juste giga weird en fait, tout va bien. C’est ce qui fait son charme, aussi.

« C’est pas ton cerveau gros, il est vraiment comme ça. Chelou de ouf ET très sincère. Ça m’a fait trop bizarre aussi au début je le croyais pas, faut s’habituer, c’est qu’il t’apprécie. »

… C’est grave odieux, j’ai l’impression d’parler d’un animal apprivoisé alors qu’c’est trop pas le but. L’idée c’était de faire comprendre que si Phil débarque jusqu'ici pour le voir et papote comme ça, c’est qu’d’une façon ou d’une autre il doit tenir à lui. Il pourrait pas être hypocrite, ça l’ferait genre, i m p l o s e r. Et c’est bien qu’ce soit lui qui soit venu, peu pas y’avoir plus honnête pour lui dire qu’en dehors de ses murs, y’a toujours des gens qui l’aime.

Comme mes signes étaient longs et pas discrets, je fais juste un clin d’œil à Phil pour, d’une certaine façon, m’excuser de le mettre à part. Qu’il comprenne que c’est pas contre lui.

Je les écoute en gérant des trucs sur le feu, pépère. La recette est assez simple et en soi je cuisine pas si mal quand on me donne pas de mauvaise idée. Je cuisine juste pratique. Là, ça s’y prête.

Rassuré que Mordred soit pas chaud pour les plantes parce que ; grosse flemme de s’en occuper. Remarque s’il les prend en charge, ça peut faire juste de la jolie déco, ça au mérite d’être ni bruyant ni envahissant comme un animal… Attends. Qu’est-ce que.

AH.
AH ?
AH !
A

Genre un animal. Pas à côtoyer occasionnellement, pas à garder, non un animal qui vivrait chez nous, SUR MON TERRITOIRE, TOUT LE TEMPS. Haha. Ah. Eh. Oh. Mais c’est pour de l’assistance sociale. Pour Mordred. Calm down. Enfin, j’aimerais. Le problème c’est qu’à la perspective de partager mon espace de vie avec un animal, ma longue crête de poils noirs est brutalement apparut et c'est tout aussi brutalement hérissé donc on va pas pouvoir beaucoup mytho si le sujet revient. Ça veut pas dire que je suis radicalement contre, juste à -20% sur la sérénité dans vos magasins participants. Si ça peut l’aider ça passe, en prio. Mais, ouais, faudra que je m’habitue. Déjà le iench de Phil je suis pas un TOTAL fan.

T’façon j’ai le temps de préparer ma réponse pour un autre jour parce que Mordred rentre très directement dans le lard des gros sujets. Pas plus mal. Les non-dits me démangeaient. Ça flotter en sous-jacent et ça aurais été franchement inconfortable que toute la visite se passe comme si de rien était. Je les regarde pas pour pas foutre davantage de pression, concentré sur mon riz, mais prête une oreille attentive aux échanges.

Et je cuis, je cuis, je cuis du riz tout simplement, et ce depuis 20 aaans. Ouais je fais de la cover ambitieuse ça vous étonne ? Non, mais j’ai besoin de m’occuper les mains, chais pas, la situation fait que je me disperse beaucoup.

Par exemple il me suffit de regarder le riz (gros sujet du jours hein) dans la passoire pour réaliser que, seul, j’aurais fait cette très mauvaise blague à Mordred de proposer de le mettre dans du riz pour le réparer. Et vous savez quoi ? Évidemment qu’il m’aurait convaincu d’aller en acheter des quantités astronomiques et qu’on aurait fini par dormir dans du riz. Donc finalement, la présence de Phil nous fait le plus grands bien, hein.

Blague à part, c’est on ne peut plus vrai. J’ai beau penser à plusieurs choses à la fois, je manque pas ce qu’il lui dit. Et, RAAH qu’il est CHOU c’bâtard. Je le dirais pas, mais j’lui suis tellement reconnaissant d’être venu et de balancer ses discours idéalistes dégoulinants de love sur Mordred, c’est on ne peu plus nécessaire qu’il constate que tout est pas complètement destroy dehors. Qu’y’a si p’t’être un max de personne qui lui en veule à mort, y’en as aussi probablement d’autre qui estime que ça appartient à son passé. Et que surtout, quoi qu’il arrive, il a toujours un entourage proche. Il faut qu’il l’entende. Nan, qu’il le constate. Parce que ça n’a pas l’air d’être l’évidence même vu la tronche qu’il tire.
Je les regarde d’un air excessivement amoureux et attendri, heureux.se d'observer le développement de ce soutien aussi étrange et lunaire soit-il. Et en plus ils s’apprécient. Et il accepte de croire que c’est sincère. Et que ça lui manque le voisinage.

« J’vous aime trop. Aah. J’vais chialax ma grosse race tellement chuis ému sa daronne la reine des shlags. »

Ouhla wtf la démonstration d’affection, c’est qui aux commandes là, wowowowowowow c’est sortie giga tout seul. Je pose ma grosse passoire en secouant la tête, surpris tout seul.

« Ouhla, pardon d’avoir interrompu votre bonding moment, ça m’a pris d’un coup, c’était chelou, bref, voilà du riz, pur. »