Ils sont une dizaine, marchant dans la rue de nuit. Chacun séparés le temps d'arriver au point de rendez vous mais nous suivrons seulement Bogdan. C'est trop compliqué de narrer dix points de vues. Déso pas déso.
Pour une fois, il ne s'est pas maquillé. L'idée c'était d'attirer le moins d'attention possible alors il faut ce qu'il faut, c'est pas sa faute si ce monde respire la masculinité toxique. Ses cheveux sont rassemblés dans chignon revêche dans lequel ses boucles font n'importe quoi. Ses fringues sont passe partout.
Il faut ce qu'il faut on a dit. Son pas est régulier, c'est pas la première fois qu'il fait ce genre de trucs. C'pas grand chose, c'est pas le plus impressionnant qu'il ait fait mais c'est toujours ça. Et puis c'est l'occasion de faire quelque chose de visible. Là, les médias seront bien obligé de couvrir l'affaire.
Un contact sur son épaule gauche et il sent qu'il bascule. Il sait qui c'est, elle s'est comme toujours approchée en silence mais il sait qu'elle est là. Les monde paraît plus flou quand on est invisible, c'est un coup à prendre. Mais on s'y fait, surtout vu les avantages que ça comprends.
Ils ont essayé à une période de faire des actions de plus grandes envergure mais la plupart des bâtiments officiels ont leur moyen de lutte et l'invisibilité ne suffit pas. Alors ils se contentent de petites traces à droit et à gauches.
Qu'on en parle.
Qu'on oublie pas.
Vadim est là, il a sentit son souffle si caractéristique. Ca fait du bien des fois de voir un non mage risquer son cul pour eux 9, grossir le nombre. Faut dire qu'il est fou amoureux de ses trois partenaires et que y'a que Nia' qu'est pas là. La pauvre est scotchée au lit depuis trois jour à cause d'un contrecoup non maîtrisé et c'est c'est pas beau à voir. On lui a raconté ; elle vomit ses tripes.
En tout y'a Vadim, l'humain lambda trop amoureux pour ce monde et ses deux amour, Vitaly l'ange et Mikhail / Anna / Sacha lae pleureureuse qui hésite encore sur son prénom. Asya est la aussi, c'est elle qui les a fait disparaître de l'existence, du coup Andrey, l'imitateur, devrait pas être loin. Dans un coin de son oreille il perçoit le bruissement caractéristique des Lyubia qui flottent non loin. Avec lui ça fait 9. Le dernier c'est le Piaf, un mec dont ils ignorent presque tout qui leur sert d'indics' et qui se pointe toujours juste avant la mise en œuvre de leurs coups. Son pouvoir c'est de l'art. C'est parfait, c'est ce qui les rend si connus.
Bogdan n'en voit aucun mais il sait qu'ils sont tous là. Ils sont toujours tous là, de toute façon ils n'ont pas le choix. C'est ça ou se terrer, il n'y a pas d'entre deux, pas de vie normale pour les mages. Nulle part.
Alors ils sont là, face au bâtiment.
-Vadim en premier. Dit quand c'est bon.
Le Réseau s’étend dans son crâne et il sent les pensées des autres caresser les sienne, Lyubia première prenant en charge la communication tandis que son double maintient leur lévitation. Dans un silence absolu Vadim monte puis l'ordre se fait comme d'habitude. Le bâtiment est moderne, c'est de la daube. Il sera effondré dans peu de temps, il a été monté à la zaï avec les JO d'il y a quelques années. Mais il a un emplacement par-fait, visible depuis l'entièreté de la ville.
Ils ont répété leur truc, alors ils sont prêts. Chacun chope sa bombe, celle marquée pour être repérable même quand on la voit pas. Ils se dispersent, se mettent en place. Les un après les autres, une petite pensée arrive dans leur tête, comme un concert de voix éthérées, sans vocabulaire, produit d'une pensées télépathiques que chacun comprends.
« En place ». Puis « Masqué » quand leurs cagoules et capuches sont rabattues sur leurs tronches.
3 minute 45 secondes, le temps prévu. Bogdan décapsule sa plume gazeuse, attendant le signal. Leurs montres synchronisées affichent cinq secondes restantes. Quatre. Trois. Deux. Un.
Bipbipbip.
C'est partit.
L'invisibilité drop et les battement de son cœur avec. Leur ballet est répété, il sait exactement quoi faire. Il se baisse, remonte, choppe l'autre couleur et recommence. Flex sur ses pieds, léger sur ses jambe il danse plus qu'il ne graph. L'important c'est pas le dessin, c'est la cohésion. C'est gagner du temps. C'est faire passer le message.
Derrière, l'Oiseau prépare son coup. Il s'agite, manipule l'air lui même qui crépite et parfois Vadim le regarde avec des étoiles dans les yeux. Ce gars est amoureux de la magie des autres et surtout de ce type là. Il a tellement de respect pour les mages que ça en est flippant... C'est un vrai taré qui sait qu'il n'est qu'un visiteur dans leur monde à part et qui l'accepte sans ciller. Le genre de gars tellement épris de liberté mais jamais jaloux de celle des autres, humble mais qui se diminue pas pour autant. Un vrai bon gars.
Entre les mains du Piaf s'agite la lumière tandis que lae tri-baptisae s'agite. Une pensée qu'ils reçoivent tous : y'a du mouvement dans le bâtiment, plein d'émotions sommes toutes peu sympathiques se précipitent vers eux. Sur ses joues les larmes commencent à couler et ils savent qu'en dessous, dans les méandres des escalier ses enfoirées sont en train de chialer autant qu'à leurs premier souffles.
Les Lyubias sont en train de finir le haut et sourient comme jaja. A chaque fois elle espèrent que ça parte en couille pour pouvoir buter des assaillants et dire qu'elles n'avaient pas le choix. Elles n'y vont jamais volontairement pour autant, c'est pas l'idée. C'est juste au cas où.
Le dernier jet est posé.
Doigts collés, l'autre plumé s'approche et pose ses mains sur le mur qui s'anime. La lumière, chaude, surprenante, inattendue leur saute au visage tandis que les lignes s'animent. Comme d'hab. De l'art.
Andrey sourit de toute ses dents, prêt à croquer la victoire, à y plonger à grand coup de saut dans le vide. D'ailleurs, l'Ange est prêt.
Ils ramassent leur clic et leur clac et crac, direction le bord du toit. Toujours connecté, Bogdan attends sagement LE sentiment, se moment où d'un seul souffle pfiooouuuuuu c'est le moment. Ce moment, ce souffle. Ce basculement ou toustes loupent un battement de cœur. Ou l'adrénaline va en choeur. Ce moment sans sens ou tout est sans dessus dessous car tout bascule. Dont eux.
Il l'attends, se dresse sur la pointe des pieds, suspendu aux indications précises et parfaites de Vitaly.
C'est.
Maintenant.
Il se laisse tomber et sent son dos, ses fringues, tout se déchirer dans un cri et une douleur. Vadim hurle de rire, les dopelganger en ont rien à battre et flottent. Elle s'en foutent, elles ont économisé leurs pouvoir pendant un mois sur ce coup et en ont en réserve. Ce soir par contre ça va être le festival des contrecoups mais iels le savent, touste. Comme un mauvais lendemain soirée violent niveau descente mais heureusement iels sont des consommateurs prévoyants. Y'a toujours le pote qui sait gérer.
Vadim va s'y coller pour tout le monde. Sauf pour le Piaf. Il aura disparu de toute façon.
Asya se rapproche de lui et il lui souffle dessus pour que l'air la fasse remonter. Puis il se sent disparaître dans l'invisibilité et va se poser plus loin. Il est nauséeux. Il est heureux. C'était bien.
Sur le bâtiment, en 3D, des lèvres ultra lumineuses dans lesquelles s'ouvre un œil se meuvent. Quand elles murmurent, une fois sur deux, apparaît le texte suivant.
« Le génocide des mages continu. Communauté internationale coupable, collaborationnistes assassins. »