Au terme d'un périple effrayant avec l'étrangère, nous sommes arrivées à Leoska. Même si le voyage ne date que d'une poignée d'heures, les souvenirs restent flous dans ma tête. Comme si tout ce qui venait de se passer était arrivé à quelqu'un d'autre et que j'avais regardé la scène de loin. j'aurais presque pu me persuader que tout ca n'avait été qu'un mauvais rêve au final. Un songe destiné à glisser dans l'oubli sitôt que le matin serait arrivé.

Et pourtant non. J'étais bel et bien là physiquement. Epuisée, tremblante. Assise sur une chaise dans un bureau depuis des heures. Je n'avais pas pris de vrai repos depuis mon réveil précipité la nuit où les camions noirs étaient venus. Le sommeil m'avait fui jusque là, je n'avais pas été capable de chasser le choc que m'avait causé l'adieu brutal fait à ma mère et à ma vie d'avant.

J'avais quand même eu le temps de me changer depuis la nuit de ma fuite. J'ai pu quitter mon pyjama pour enfiler des vêtements élimés et dépareillés, piochés par l'étrangère dans le sac d'affaires que moi et ma mère avions eu le temps de prendre.  

Je portais donc présentement mes vieilles baskets (une des semelles menace de se faire la malle), un pantalon en velours (rapiécé aux genoux), un grand pull en laine (trop grand, les manches me tombent sur les mains) et un bonnet (Il s'effiloche et quelques mites ont fait leur quatre heure avec). J'avais sur mes genoux mon manteau marinière d'hiver (Dans un état correct lui, il ne lui manque que deux boutons). Mes vêtements étaient objectivement hideux mais c'étaient les plus chauds de ma garde-robe de voyage. Je gardais serré entre mes mains une petite chaine et une médaille. Celle que ma mère m'avait glissée dans la main juste avant qu'on soit séparées. Je m'y accrochais depuis avec une bien étrange résignation, refusant de la lâcher avec obstination.

J'ai vaguement conscience d'avoir répondu à des questions posées par des adultes préoccupés par mon cas. Des choses simples. Mon nom ... je savais répondre. Mon prénom. Aussi. Ma classe, ma famille, mon adresse, mon âge ... aucun problème.
Ils m'ont expliqué des choses. Je hochais la tête, un peu hébétée mais docile. J'étais à Leoska. J'étais en sécurité, loin des voitures noires. Loin de tout problème. Que je n'avais plus à m'inquiéter.

Ma mère viendrait elle ... ? Non. Est-ce je pourrais l'appeler ... ? Nous verrons plus tard. Qu'est-ce que je vais devenir ... ? Mener une vie normale sans me cacher. Les informations montaient peu à peu dans ma tête et s'y imprimaient vaguement. Les personnes en face de moi faisaient preuve de patience et de gentillesse. On m'avait proposé à manger, à boire. J'ai à peine picoré un biscuit et bu un verre d'une boisson très sucrée.

Une des personnes finit par conclure, parlant à une autre.

- Elle est épuisée (...) Laissons la se reposer, nous aviserons de la suite plus tard. Dortoir 3.

La voix reprend, plus douce et rassurante. Elle s'adressait à moi. De qui venait elle ? Je ne saurais plus mettre un nom et encore moins un visage sur la personne qui m'a parlé.

- Marie-Colette ? Tu veux bien me suivre ? Tu dois être fatiguée. Viens je vais te montrer où tu vas pouvoir te reposer.  

Boule dans la gorge, j'ai hoché la tête et je l'ai suivie. Nous étions en tout début d'après-midi et elle me fit traverser ce qui ressemblait bien à une école. Un internat pour être plus précise puisque au delà de la cour et de ce qui devait être les bâtiments contenant les salles de classes, une aile semblait réservée pour des logements. L'architecture des bâtiments et même de la ville entière sortait de tout ce que j'avais pu voir au cours de mon existence. Malheureusement j'étais trop épuisée et déboussolée pour m'en rendre compte et pouvoir l'admirer.  

Les couloirs que nous avons traversés étaient vides. Les autres élèves devaient sûrement être en cours. Quelques volées de marches, deux couloirs et enfin on arrive à destination. Elle une porte et m'invite à rentrer dans une chambre spacieuse et propre.

Celle qui m'accompagne me donne quelques consignes bienveillantes que je n'imprime qu'à moitié. Me reposer ? Elle reviendra plus tard ? D'accord ... je ne retiens que ça mais ca semble être l'essentiel du message.

Un tour du regard me permet de me faire une idée du lieu où je me trouve. Un dortoir. Un lit vide. Il m'attire et je ne peux pas résister à son appel. Alors je pose mon sac a son extrémité. Je m'assois puis m'allonge et à l'instant où je sens ma joue se poser contre l'oreiller, je me suis endormie. Au delà de l'épuisement, j'étais tombée dans un sommeil sans rêve, ce qui était sans doutes mieux.

Une nouvelle journée de cours se terminait pour Natheon. Il avait assez bien pris le rythme du lycée et se plaisait bien dans cette nouvelle école un peu spéciale. Son habitude à la solitude ne l'avait pas poussé à se lier avec d'autres camarades. Toutefois, il trouvait qu'il y avait une bonne ambiance et que c'était un environnement très sympathique. Il avait bien sûr échangé quelques mots avec certains camarades mais trainait souvent seul dans son dortoir.

Même s'il lui arrivait de passer du temps dehors, surtout le week-end, c'était dans ce dortoir que Natheon passait le plus de son temps libre. Il y dessinait, écrivait, faisait ses devoirs et parfois même révisait. Effectivement, contrairement à ses années primaires et collèges, le jeune adolescent était davantage déterminé à réussir, à bien travailler et s'améliorer. Cela ressemblait un peu à une bonne résolution qu'il aurait pris en arrivant à Leoska, une résolution qui tenait assez bien pour l'instant.

Il tenait si bien cette résolution que ce jour-là, Natheon n'avait pas d'exercices à faire et il allait pouvoir se pencher sur un dessin commencé quelques jours auparavant. Il se baladait dans les couloirs, fredonnant un air qu'il avait en tête depuis le matin même.

Le temps étant un peu trop frais à son goût, il préféra rester à l'intérieur, au chaud. Il se dirigea donc vers son dortoir. Il profita de sa petite balade dans les couloirs pour aller remplir sa gourde d'eau et continua son chemin.

Une fois arrivée devant la porte du dortoir, Natheon prit ses clés mais se rendit compte que c'était inutile car en posant la main sur la poignée, il sentit la porte s'ouvrir. Un instant de doute le parcourut, avait-il oublié de verrouiller la porte en partant? Peu importe, de toute façon, il n'avait rien de valeur ou de confidentiel qui nécessiterait une protection particulière. Il entra donc dans sa chambre avec l'esprit aussi léger qu'il avait quitté son dernier cours.

Il prit ses clés et verrouilla la porte, laissant les clés sur la porte pour en être sûr. Puis, il se dirigea vers son bureau passant à côté du lit habituellement vide du dortoir. Cela faisait plusieurs semaines qu'il vivait seul dans ce dortoir et cela ne lui déplaisait pas. Il pouvait écouter de la musique sans casque, trainer tard le soir avec la lumière allumée, étaler son bazar sans avoir peur de déranger.

Mais cette fois-ci, quelque chose avait changé, en avançant, son pied se prit dans l'anse d'un sac posé au pied du lit et Natheon chuta lourdement au sol. Il resta quelques instant au sol, admirant le panorama de la pièce depuis le sol. Il remarqua une gomme par terre, elle était sûrement tombée pendant qu'il dessinait et il n'avait jamais daigné la ramasser. Il tendit donc le bras pour prendre la gomme.

Il posa les mains à plat sur le sol et se retourna pour s'asseoir au sol et voir la raison de sa chute. Un sac, mais pas le sien, il fallut un petit temps à Natheon pour s'en rendre compte.

Lorsque le jeune homme réalisa que le sac n'était pas à lui, il se demanda à qui appartenait l'objet et scruta la pièce. Il ne fallut pas longtemps pour trouver la réponse à sa question. Il regarda sur le lit et vit une jeune fille allongée sur le lit.

Tiens, fini la vie en solitaire.

La bruit d'une portière qui claque. Je me réveille en sursaut et ouvre les yeux d'un coups. Le cœur bat la chamade sous l'effet de la panique. Il me faut quelques secondes pour me rappeler où je suis et lentement me calmer. Je suis en sécurité. Un bruit soudain m'a juste tirée de mon sommeil. Pas un bruit de portière qui claque non. Ni de moteur. Les fourgons noirs ne sont pas là. Juste un bruit sourd qui ne s'est pas reproduit.

La chambre où je m'étais endormie est maintenant sombre. La pâleur de la journée a fait place à la pénombre de la fin d'après-midi. Le bâtiment entièrement calme quand j'étais arrivé résonne maintenant de bruits diffus, témoins d'une présence.

Mon esprit se remet à tourner alors que les événements de ces dernières heures repassent dans ma tête. J'ai toujours de la peine à admettre que tout ce qui m'arrive est vrai. Je m'accroche toujours à ma médaille, seul lien que je ressens avec la réalité tangible. Ma mère. L'Amour qu'elle me porte. C'est la seule chose que j'aurais emmenée avec moi.

Ça et un vieux sac de vêtements usés. Qui dans le fond ne m'appartiennent que parce que plus personne de ma famille n'en voulait. Des rebuts tout juste bons pour Marie-Colette. Et alors que je continue de ressasser encore et encore en boucle les mêmes choses, mon attention est soudain attirée par quelque chose.

Un bruit feutré. Une présence. Il y a quelqu'un est dans la pièce avec moi. Allongée sur le côté, jambes repliées et faisant face au mur, je n'ai aucune vision sur ce qui se passe dans mon dos.

Alors lentement, je me redresse, prenant appui de mes mains pour retrouver une position assise. Je m'étais endormie sans enlever mes baskets ... c'est un crime de s'allonger sur des draps propres avec des chaussures chez les Bourdoise. Mon père aurait hurlé.
Lentement je me retourne et pivote pour faire face vers le centre de la pièce, prenant un soin méticuleux de bouger mes pieds hors du lit. Mon regard finit par tomber sur la silhouette assise au milieu de la pièce.

J'affiche un air surpris. Une fille est assise-là. Coiffure quasi identique à la mienne, aussi maigre que moi mais sans doutes plus grande. Qu'est-ce qu'elle fiche là par terre ? Pourquoi elle me regarde ? Il me faut quelques secondes pour dépasser ces interrogations et prononcer les seules paroles qui peuvent avoir du sens dans ces circonstances.

- Heu ... Salut ... ?


Sourire hésitant, regard gêné. Je la détaille et malgré la pénombre quelque me chiffonne chez elle. Un détail qui finit par me sauter aux yeux. J'écarquille un peu les yeux.

- Mais .. ?? Tu es un garçon !


Quelle incongruité ! Ils vont me faire dormir dans la même pièce qu'un garçon ?? Mais ... toute ma vie on m'a répété que c'est quelque chose qu'il ne fallait faire sous aucun prétexte ! Chez les Bourdoise les choses sont bien claires sur ce point là. Hommes et femmes. Deux espèces bien à part. On ne mélange pas les choux et les carottes. Ceux qui le font sombrent dans la dépravation.

Bien involontairement je pique un fard et bafouille un peu. Il devait y avoir une erreur quelque part, non ?

La jeune fille s'assit, dévisagea Natheon avant de le saluer.

- Salut, désolé j'ai chuté...

Il eut à peine le temps de finir sa phrase que l'inconnue s'exclama sur le fait qu'il était un garçon. Sur le coup Razin n'avait pas capté mais il était vrai qu'ils étaient une fille et un garçon et qu'ils allaient partager un dortoir. En soit il s'en fichait totalement, il était déjà content d'avoir de la compagnie mais il pouvait comprendre que cela puisse gêner la jeune fille.

- Euh à ce que je saches, oui je suis un gars... D'ailleurs...
Natheon se leva, sourire au lèvres et leva la main pour saluer la jeune fille.

- Je m'appelle Natheon, enchanté, je suis en seconde et visiblement ton nouveau colloc' ! Enfin, sauf si ça te dérange, je sais pas trop comment ça se passe dans ce cas là.

Natheon, prit une chaise et s'assit, en souriant à l'inconnue. Finalement cette fin de journée allait être plus sociale, animée et intéressante que prévue.

L'inconnue le regarda en hésitant, elle glissa quelque chose d'une main à l'autre avant de timidement serrer la main de l'adolescent. Natheon se dit qu'il avait peut-être brusqué la jeune fille et qu'il devrait faire plus attention.

Marie-Colette, c'était le prénom de cette nouvelle venue. Elle ne semblait pas particulièrement aimer son propre prénom et lui dit qu'il pouvait l'appeler Colette ou autre. Elle commença une phrase qui ne se finit pas, donc Natheon décida de compléter.

- ...sympa, moi j'aime bien. Tu es la première Marie-Colette que je rencontre. Mais ouais un peu long donc je vais sûrement t'appeler MC, (prononcé "èmcie"). Tu peux m'appeler Nat' ou comme tu veux si tu trouves un surnom qui te plait assez pour remplacer mon prénom.

Natheon se dit qu'elle était nouvelle et qu'elle était sûrement arrivée il y a peu et que toute sa vie changeait drastiquement. Il se souvint de comment il était quand il est arrivé. Il ne s'était pas inquiété avant de partir, ni pendant le voyage ou même pendant son arrivée. C'est une fois seul dans ce dortoir qu'il réalisa. Il se trouvait seul dans une école loin de chez lui, loin de sa famille, entouré par l'inconnu.

Il avait été chanceux, il était arrivé à peine quelques jours avant la rentrée donc il avait eu droit à un accueil général et avait eu du temps pour s'intégrer à l'école. Mais la jeune fille qui était devant lui n'avait pas eu cette chance et il en était désolé.

Mais ce petit moment de vide lui passa vite, il s'était dit que si elle n'avait pas pu avoir une rentrée comme il avait eu, bah il allait faire son maximum pour l'aider et qu'elle se sente bien ici.

Le garçon se leva, chercha dans un placard derrière lui et sorti un petite boite en fer. Il ouvrit la boîte qui contenait des biscuits et posa le contenant sur le lit à côté de Marie-Colette.

- Tiens, si jamais tu as faim sers toi, je les ai fait en club de cuisine. Si tu veux boire quelque chose, je dois avoir de l'eau. Au passage, si tu as besoin de quoique ce soit, aide sur un devoir, te retrouver dans les couloirs, parler ou même juste passer le temps et l'ennui hésite pas à me demander. Ca sera avec joie.

Natheon prit un biscuit et croqua dedans, regardant sa colocataire, le même sourire amical sur les lèvres.

La jeune fille semble approuver le surnom que lui a donné Natheon. C'est donc la tout juste nommée MC qui accepta les biscuits de Natheon, prit quelques biscuits de la boîte et les dévora. Le jeune garçon la regardait en souriant mais son sourire cachait une forme de tristesse. Il était attristé de voir que la jeune fille avait tant faim. Il se demandait bien ce qu'elle avait dû traverser pour arriver à l'école mais il ne lui demanda pas. Tout d'abord parce que c'était la vie privée de la colocataire mais aussi parce qu'elle venait d'arriver et elle n'avait peut-être pas envie de repenser à ça tout de suite.

MC indiqua qu'elle ne savait pas qu'il y avait le droit d'avoir une boîte de biscuits dans la chambre.

- Bah moi on m'a rien dit, et si jamais on me dit que c'est interdit je l'enlèverai. Mais je trouverais ça dommage de ne pas pouvoir amener mes créations du club de cuisine pour ma consommation personnelle.

Lorsque Nath termina sa phrase, le ventre de Marie-Colette se fit entendre et Natheon lui sourit.

- Surtout n'hésite pas à te servir, ils sont là pour ça.

Marie-Colette demanda ensuite au jeune s'il y avait un repas le soir. Le brun sourit, il s'était posé les mêmes questions au début. Il se demandait s'il allait devoir payer quoique ce soit ou autre mais il semblerait que ce soit pris en charge.

- Alors oui, ils servent à manger et comme je me posais la question au début je vais te dire tout de suite, je crois que c'est pris en charge sans avoir besoin de payer quoi que ce soit. En tout cas on m'a rien demandé...

Natheon s'arrêta de parler, il sentait sa gorge s'assécher, il voulait éviter de se déshydrater car cela avait un impact très fort sur son quotidien. Il se leva, prit sa gourde et but quelques gorgées.

Il jeta un coup d'oeil à MC et les biscuits et se dit qu'elle avait aussi soif et peut-être elle était trop timide ou gênée pour demander quoique ce soit, donc il se retourna, prit une deuxième gourde qu'il alla remplir au robinet le plus proche avant de revenir vers Marie-Colette à côté de qui il posa la gourde.

- Si jamais tu as soif, tu n'auras qu'à garder la gourde si tu en as pas, j'en ai plein moi. Sinon, je me demande, tu me réponds si tu en as envie mais c'est quoi ton pouvoir à toi?

Jake s'assit sur son lit, regardant MC, attendant de voir si elle allait lui répondre.

J'écoute ses explications. Et lorsqu'il propose que je puise de nouveau dans sa boite de biscuits, je ne résiste pas et en reprend. Mais cette fois j'essaye de garder un self contrôle et de les manger doucement.  Je prend garde à ne pas baffrer même si mon estomac crie famine.

Je peux y arriver , il suffit de suivre les consignes :  Je croque. Je mâche. Je prends une gorgée d'eau. Je compte jusqu'à trois. Et je recommence.

Apprendre qu'on sera nourris est un soulagement. Ca se lit sur mon visage. Je suis au chaud, au sec, j'ai un endroit où dormir (même si c'est à côté d'un garçon aux cheveux longs) et j'ai la promesse de repas chauds. C'est plus que beaucoup de gens, je ne peux que m'estimer comblée pour l'heure ...

Je lui souris avec une reconnaissance sincère.

- Merci ... pour les biscuits ... et pour la gourde. C'est très gentil, je n'en avais pas. Comment ca se fait que tu en as "plein" ... ?  Les gens en ont souvent besoin que d'une seule, non ?

Tu as aussi parlé d'un "club" de cuisine ... ? Ca consiste en quoi ?

MC a l'air soulagée d'apprendre qu'elle sera nourrit et Natheon ne peut s'empêcher de sourire encore plus. Alors qu'elle mangeait des biscuits, le jeune homme était en train de boire, il but presque les trois quarts de sa gourde et ne s'arrêta que pour écouter Marie-Colette parler.

- De rien, c'est normal. On va visiblement vivre ensemble un moment, autant partir sur de bonnes bases et être sympa, et puis c'est une perte d'énergie d'être négatif avec les gens. Et pour ce qui est des gourdes, j'en ai plusieurs car j'ai tendance à me déshydrater super vite et donc je bois beaucoup.

Il marqua un pause pour terminer la gourde et aller la ranger dans une boite au pied de son lit.

- Et comme j'ai honnêtement la flemme de faire des allers-retours quatorze fois par jour, j'ai pris plein de gourdes et quand elles sont toutes vides, je vais toutes les remplir. Donc si jamais tu perds celle-là ou si tu en as besoin d'une autre, par exemple pour te servir de thermos, hésite pas à me demander je t'en donnerai une autre.

Natheon sourit à la jeune fille, il prit un biscuit et le mangea en écoutant la réponse de sa colocataire.

-Oh, bah dans l'école il y a différents clubs où on peut s'inscrire, ou alors on doit, je suis pas sûr. Il y a musique, cuisine, jardinage, sport ou combat aussi je crois. Enfin bref tout un tas d'activité. Moi je me suis inscrit en cuisine, c'est un truc que j'aime depuis tout petit et j'étais content de voir que j'allais pouvoir en faire ic...

Natheon, se rendit compte qu'il monopolisait la parole et s'arrêta brutalement.

- Pardon, je parle peut-être trop, tu veux peut-être que je te laisse te reposer? J'ai pas forcément l'habitude de discuter avec les gens donc j'ai pas certains réflexes comme celui de savoir quand se taire...

Natheon avait désormais un sourire gêné, et se massait la nuque, embarrassé d'avoir probablement embarrassée MC.

Je l'écoute. Et pendant qu'il parle, je retire mes vieilles baskets et glisse mes jambes sous moi, m'installant dans une position plus confortable.

Il parle beaucoup mais ca ne me dérange pas. Je suis curieuse par nature et écouter quelqu'un aborder des choses du quotidien me fait du bien. Ca m'éloigne pour quelques instants de mes problèmes.

J'ai un léger rire quand il s'arrête après avoir remarqué qu'il monologuait. Puis je reprend d'une voix tranquille.

-Non ... ca ne me dérange pas. J'aime bien écouter. ?

Plus que parler, ca c'est sûr.

- Tu crois que je pourrais m'inscrire à un club aussi ... ? En cours d'année je ne sais pas trop si ce sera faisable. Et je ne sais pas si il faudra du matériel particulier.

Je me rend compte que je ne lui ai pas répondu à propos de mon pouvoir magique. Il a posé la question mais ... j'avais commencé à dire autre chose en même temps ... et ca m'était sorti de la tête. C'est marrant que ce soit une question que les gens semblent poser ici. Les gens de l'accueil ont aussi voulu le savoir, comme si ca revêtait une importance capitale. Je suppose que chacun à le sien, un différent ... ? Sinon les gens ne se poseraient pas la question.

- Je t'ai pas dit pour mon pouvoir ... Je .. peux faire pousser des plantes. Ils ont dit que j'étais mage rouge ... Je ne sais pas ce que ca veut dire. C'est étrange de dire mage rouge pour quelqu'un qui fait pousser les plantes, non ... ?

- C'est gentil de dire ça mais je parle trop désolé. Pour les clubs, je ne vois pas de trucs qui pourraient t'empêcher d'intégrer le club de ton choix.

Il était vrai que même si Natheon n'était pas un expert sur l'école, il avait une certaine logique et ne voyait pas pourquoi l'établissement refuserait à une élève motivée, le droit d'entrer dans un club. L'équipe pédagogique devait être habituée à recevoir des élèves en cours d'année et cela ne devait pas trop la bousculer.

Le jeune homme écouta ensuite la réponse de Marie-Colette sur ses pouvoirs. Elle ne lui avait pas répondu avant mais comme il l'avait dit, il ne s'en formalisait pas, il pouvait comprendre qu'elle veuille garder ça pour elle. Mais elle était en train de lui répondre et la réponse le fit sourire. C'était vrai que d'un point de vue relativement amateur, donner l'appellation "Mage Rouge" pour quelqu'un qui fait pousser des plantes vertes était assez rigolo. Après tout, son cas était bien l'exact opposé.

- Ahah, ouais je vois, mais en vrai c'est stylé comme pouvoir. Tu fais pousser ce que tu veux quand tu veux? Et n'importe quelle plante? Genre même des plantes à légumes ou fruits? Ou juste des fleurs et buissons? ... Pardon je me suis encore emporté mais je suis un curieux de la magie et j'aime découvrir de nouvelles choses.

Lorsque Marie-Colette dit à Natheon qu'elle ne devait pas utiliser son pouvoir, un air d'étonnement naquit sur le visage du jeune homme. Il comprenait que certaines magies devait être contrôlées car dangereuse si non-maitrisée mais la pousse de plante ne lui paraissait pas si dangereuse. Mais l'étonnement fit place à l'admiration et la joie quand MC lista les végétaux déjà apparu grâce à ses capacités spéciales.

- Wow, c'est ultra stylé, mais oui si les Maitres t'ont dit d'éviter de trop l'utiliser, je serais toi je les écouterais. Mais si ça peut te faire sentir moins seule, dis toi que moi j'évite aussi de trop utiliser mon pouvoir car vu que je le maitrise pas entièrement ça peut être dangereux.

De cette réponse vint la question évidente, le jeune fille lui demanda quel était son pouvoir, lui demandant si c'était en lien avec l'eau.

- Alors non, au contraire, je bois de l'eau car je me déshydrate souvent car j'ai des pouvoirs liés au feu. Pour l'instant, je peux , de façon limitée bien sûr, changer la taille et l'intensité d'une flamme ou la déplacer légèrement. Comme je disais tout à l'heure, je suis l'opposé de toi car je "contrôle" le feu mais je suis un "mage vert". Ironique...

- Ouais ou alors ils ont leur propre classification.

Marie-Colette observait la pièce et Natheon fit pareil. Il était content d'avoir de la compagnie, il aimait la vie en solitaire, ce qui lui permettait une vie en toute liberté sans aucune limites réelle. S'il voulait dessiner jusqu'à 3h du matin, il pouvait, s'il voulait mettre la musique, il pouvait, s'il voulait faire du trampoline sur le lit, il pouvait. Mais maintenant qu'il n'était plus seul, cela allait changer et cela ne le gênait pas tant que ça.

Habitué à la solitude, oui, ne pas aimer la compagnie, non. Il était solitaire mais également sociable et il se dit que ça lui ferait du bien d'avoir un peu de compagnie en dehors des cours. Même si les deux ne parlent pas beaucoup, avoir une présence est toujours quelque chose d'appréciable.

Marie-Colette demanda ensuite à Natheon s'ils avaient un troisième colocataire.

- Euh.. non pas à ma connaissance, ou alors son pouvoir c'est l'invisibilité. plaisanta le jeune garçon.

Il pensa quelques secondes à ce qu'il venait de dire et réalisa que si colocataire invisible il y avait, il avait dû bien rire en observant Natheon au quotidien. Entre ses petites danses, ses moments où il chante, ses pensées à voix haute et ses galères en mathématiques. Ca devait être drôle à voir. Mais Natheon se dit qu'il n'y avait personne et reporta son attention sur MC.

- Me reta... oh non t'inquiètes pas, je suis à jour sur mes devoirs et mon travail perso. Mais oui, je vais te laisser t'installer. Si jamais tu as besoin de quoique ce soit hésite pas à demander. Je suis toujours dispo, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

Nath fit un semblant de salut militaire en souriant et pris une gourde pour boire un peu.

L'idée d'un colocataire invisible me fait sourire et je baisse le regard. Ce serait gênant quand on y pense. Sauf si on ne le soupçonne jamais ? On  ne peut être gênée si on ne se sait pas regardée. Oui sauf que maintenant que je le soupçonne c'est le début de l'embarras.

Heureusement que tout ca n'est qu'une hypothèse fantaisiste.

...

J'espère.

...

Je souris un peu à Nath après qu'il m'ait assuré pouvoir trouver de l'aide auprès de lui et qu'il ait vaguement fait le pitre. Un sourire indirect et timide, visage un peu baissé, évitant le contact visuel.

- Merci ... c'est gentil.

Je peux donc commencer à déballer mes affaires. J'essaye de faire comme si je n'occupais pas le même espace qu'un garçon bienveillant mais peut-être curieux. Tournée vers le mur, je commence par passer autour de mon cou la médaille après l'avoir un moment caressée au creux de ma paume. J'ai la gorge un peu nouée en faisant cela. Cette toute dernière parcelle de "chez moi" ... L'ultime et toute dernière preuve d'affection de ma mère.

Je vide mon sac haricot pour faire l'inventaire du peu que j'ai, l'étalant sur mon lit ...Le constat n'est pas très joyeux. Entre ce qui est mettable, ce qui est assorti, ce qui devra être lavé ... il ne reste pas grand chose de glorieux.

Les ranger dans le placard qui m'est réservé ne prend pas longtemps. Et je n'oublie pas de poser avec la petite gourde offerte par Natheon. Quand on a peu, la moindre petite chose devient précieuse ...


Je parviens à sélectionner quelques vêtements ... Je vais pouvoir aller dans la salle de bain. Je n'ai pas encore de serviette propre mais j'enfilerai mes vêtements comme ça. Ca ira ...

Mon Pyjama n'est pas très propre ... nous avons fui avec dans la nuit. Le bas du pantalon est légèrement boueux et poussiéreux.  Ça va être un problème si je veux dormir cette nuit. Mais encore une fois, ca ira ...J'imagine que pour la lessive je pourrais poser la question à Nath plus ... ? Savoir comment les gens font le linge ici ...

Voilà comment ma vie à Leoska démarre ... avec des vêtements mouillés, un tout petit paquet de linge sale et un voisin potomane aux cheveux longs dont la présence m'indispose et me rassure en même temps.

Dans quelques minutes, la dame de l'accueil reviendra me chercher comme promis pour m’entraîner dans la toute première visite de mon nouveau "chez moi". Mais c'est une autre histoire.

[Merci pour ce premier RP Nath, c'était cool. A bientôt dans un nouveau RP <3 ]