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Saoirse "lae Changelin" Carraig
Saoirse Carraig
Messages : 90

Feuille de personnage
Age:
Pronoms:
Club:
Pouvoir:
Saoirse Carraig
Camarade



Dim 2 Fév - 15:19
Saoirse Carraig
ft. OC de Arucelli
ft. Ivan de the red king

Âge : 20 ans
Date de naissance : 16/04
Genre : Non
Nationnalité : Irlandaise
Année d'étude : 4 ème année d'études
Club : jardinage
Séxualité : Curieuse
Pouvoir : mage vert végétal, symbiote
à l'embrun, l'esprit...

Lorsque la pie passe, elle apporte avec elle un certain nombre de présages que ceux qui savent lire peuvent déchiffrer même sans utiliser la « magie ». Les esprits se montrent cléments et accueillant envers ceux qui les respectent et montrent la voie à ceux qui croient en eux. Ce n’est pas une question de ce qu’ils appellent « Magie ».
Ma’ lui a toujours dit que ce que les mages ailleurs appellent magie, c’est l’Équilibre. Que ça va au-delà de la magie. Que c’est un tout, le cœur du monde, le chemin vers leurs ancêtres, les vrais fées. Ma’ descend des farfadets et Aj’I des selkies, c’est pour cela que l’Équilibre les avait affiliés au rôles qu’elles avaient. Saoirse y croit profondément.

Respectueuxe au plus au point de la nature et des esprits, iel laisse des autels aux forces naturelles et aux fées partout où iel va. Au sein de l’archipel, nombreux ne partage pas les croyances des doyennes mais ellui si. Comme chacun des jeunes de la communauté, iel a été inscrit à l’Académie dés la première année et, même si iel s’y plait, la mer lui manque au plus haut point. Ainsi, Saoirse est souvent mélancolique et arpente au maximum les espaces rare sauvages trouvables sur l’académie. Iel vit ses émotions de manière intense, de la tristesse ravageuse aux joies solaires, tout son être présente des signe vif de sa vie intérieure en permanence. Et cela lui va. Selon ellui tout doit être vécu sans en gâcher une miette, en respect de ce que nous sommes et de ce que les éléments naturels expriment en nous. Et comme l’Équilibre a fait d’ellui un écosystème complet, suivre ses variations naturelles n’en est que plus… Évident.
Lea changelin, comme on l’a appelé en rapport à son affinité aux plante, est um touche à tout. Iel a apprit à bricoler, jardiner, carder et filer la laine, construire, se bagarrer, naviguer… La vie dans l’Archipel est sécure mais rude. Il a fallut apprendre, sous l’aile de ses parents, de Ma’, de Aj’I et surtout d’Ailin, son mentor. Chaque coup donné au creux des tempêtes, chaque bête portée sur les épaules, chaque broderie, chaque couteau forgé… Tout est gravé dans sa mémoire, accompagnant ses jours.

Iel porte sur lui le souvenir de tout les siens, en permanence. La tempête, le bruine, le soleil, le vent, le froid, l’aube et le soir l’habitent profondément. Vivre son présent, aussi intensément que l’être le veut…

Sous le souvenir de l’embrun.

à la côte, le corps...

Le corps de Saoirse est marqué par son enfance et le début de son adolescence à l’Archipel. Iel est petit et fine mais bien bâtie. Le poids du travail quotidien s’est inscrit dans sa chair au fil des ans, des cales indélébiles de ses mains à ses innombrables cicatrices aux genoux. Iel se tient très droit la majeure partie de temps, parfaitement ancrae dans le sol, avec une allure de roc. Carraig. Le rocher, leur nom de famille à tous.
Sa crête est généralement mal entretenue et il lui faut parfois plusieurs semaines de repousse pour se motiver à y passer la tondeuse. A part ses cheveux et ses sourcils broussailleux, iel est globalement imberbe. Ses yeux marrons tirent sur le rouge, marque de fabrique lui venant de sa mère et ses oreilles sont entièrement percées. Marque de fabrique de son frère pour le coup qui s’est appliqué à le lui faire. Le dragon qui court sur son bras droit est dû à sa « soeur » de coeur qui avait besoins de s’entraîner sur quelqu’un. Il a quelques défauts mais iel le garde comme un souvenir de ses racines, de l’endroit d’où iel vient.
Pour ce qui est des vêtement et accessoire, c’est très variable. Iel a des tendance goth/punk, particulièrement lorsqu’iel souhaite avoir l’air féminine. Dans ces cas là, le maquillages et les jupes longues peuvent être de sortie. Après, la majeure partie du temps, iel s’habille pratique ; force de l’habitude. Pantalon de chantier, marcel et chemise, pull qu’iel a tricoté ellui-même…

Non, la particularité de Saoirse, celle qui a fait son surnom de changelin est due à son pouvoir… Quand il pleut, quand il y a du vent, quand iel va se baigner ou fait du sport, le champignon magique avec lequel iel est en symbiose émet des spores. Énormément de spores, qui s’échappent par ou elles peuvent, créant autours de lui une auréole de fumée lumineuse. Ses cheveux et sourcils émettent alors une douce lumière violette que le moindre coup de vent emmène au loin.

Mais durant les tempêtes… Durant les tempête, quand iel se précipite à l’extérieur pour danser ou se battre, ses yeux pleurent de ce liquide épais et phosphorescents. Ses cheveux disparaissent sous les spores et sa bouche exhale leur particules par milliers, Saoirse n’est plus humain. Iel n’est alors qu’un écosystème magique, disséminant de la lumière sur son chemin, laissant derrière ellui une trace palpitante de couleurs de son passage et allumant, jusqu’au plus profond de la pluie et du vent, la lumière d’un phare vivant.  

au large, la mémoire et le cœur.


Protagonistes:

Saoirse, anciennement Eoghan (thème): protagoniste

Affoue (thème): soeur de jeu et de coeur de la famille, mage rouge manipulant les corps.

Caemgen : frère ainé, mage vert du feu.

Moira: soeur cadette, mage noire pervertissant la nature des choses selon ses émotions.

Brighid: mère, mage verte du feu

Bruce: père, mage noir

Aguistin: père, mage blanc

Teàrlach: père, mage blanc

Adama: père d'Affoue, apprenti des Doyennes, mage blanc

Ma': Doyenne, mage noire

Aj'I: Doyenne, mage blanche

Lily (thème): mentor, mage verte de l'air


Au large de l'Irlande se trouve un ensemble d’îles rocheuses assez peu hospitalière à première vue, battues par des vents violents: les rochers aux sorciers. Sur ces bout de terre vallonnés ont poussées, telles d’improbables fleurs, des maisons biscornus et fabuleuses, des ponts impossibles reliant les îlots entre eux, des phares improbables… Ont dit que ces îles ont toujours été habitées et que ces ponts et phares sont à depuis des siècles, mais il n’y en a aucune trace dans aucunes archives communales… Pourtant, vous aussi, en les voyant vous avez eu cette conviction que ces constructions étaient immémorielles et immuables.  Il ne peut en être autrement.
Lorsque dans le soir la flûte s’élève, le vent la suit et emmène la flûtiste avec lui faire le tours de l’île et en rappeler les moutons. La mer y chante une chansons si vieille qu’elle a précédé l’humanité même et c’est cette même mélodie qui abreuve en eau de pluie les jardins des habitants de cette contrée. Le soleil qui lèche les parois de pierre abreuve le verger fabuleux qui remonte sur les pans à vif de l’île centrale et, lorsque l’ont rentre de la pêche, éclaire la préparation du dîner.
L’hiver y est froid et l’été doux, la tempête violente et le printemps pluvieux. L’automne gorge les vignes sauvages de raisin pour remplir en vin aigre les verres des quelques soixante dix adultes de la communauté qui veillent sur près de quarante enfants de tout âge.

La vie y est rude. On cultive soit même sa nourriture, et ce depuis le plus jeune âge. L’électricité est rare car il a été décidé de ne pas participer même indirectement à l’exploitation des mages : tout se fait donc par moyen détourné. Panneau solaire, éolienne, mise a disposition par les habitants de leur magie… Tout les moyens sont bon sauf compter sur le continent.
On apprend petiot à pêcher, broder, tisser, carder et filer la laine, dépecer les moutons, récolter le miel, lire, écrire, pratiquer sa magie, lire le temps, naviguer, dresser les chiens… Tout mage est le bienvenu dans ce refuge à condition qu’il accepte leur manière de vivre et les règles liées et à concurrence de la place disponible. Il prend alors le nom de Carraig, le nom du rocher.  Les enfants de la communauté sont élevés plus ou moins par tous jusqu’à leur 14 ans, la majeure partie du temps se baladant librement sur les différentes îles… A partir du collège il est coutume, depuis que Leoska a ouvert, de les envoyer là bas pour leur offrir la possibilité de faire leur vie comme il l’entende et de connaître autre chose que l’Archipel. Depuis, plusieurs Archipels ont été créés ailleurs par des enfants du rocher partis ailleurs, notamment en Norvège et au large du Groenland.

C'est sur l'île principale de l’Archipel originel, dans une maison labyrinthique à quatre étage que commence cette histoire.
Ce jour là une légère bruine tombait sur l’Archipel et depuis le ciel gris soufflait un vent léger. Dans la chambre du quouple, Aguistin et Teàrlach travaillaient à l’accouchement de Brighid depuis le matin déjà. Cinq heures que les deux mages blanc étaient auprès de leur amour tandis que Bruce faisait les cents pas dans la pièce d’à côté. Déjà à la naissance de Caemgen il avait été tendu comme une corde d’arc et savoir que cela c’était bien passé la dernière fois ne suffisait pas à le détendre. Il avait fini par transmettre son stress à la mère et avait été mis dehors par les deux autres. Depuis, il grinchait toujours mais de l’autre côté de la porte.
Les quatre mages avaient formés un quatuor amoureux il y avait maintenant dix ans et, cinq ans auparavant avait déjà eu un fils. La famille était donc composé de quatre adultes et bientôt deux enfants.
Brighid, seule femme de cette équipée, étaient une mage verte. Rousse, les yeux vairons verts et bleus, elle ressemblait à un cliché hollywoodien d’irlandaise un peu sorcière.
Aguistin et Téàrlach étaient tout deux des mages blancs, du même âge et se connaissant depuis l’enfance. Si l’un était tout aussi roux que Brighid, des cheveux à la barbes ce qui le désignait comme le géniteur de Caemghen, l’autre était brun aux yeux marrons, parfaitement imberbe. Enfin Bruce était d’un blond clair aux yeux bleus et entretenait de beaux favoris sur ses joues.
Leur premier enfants était aussi roux que sa mère et aussi hyperactif que Aguistin.

La porte s’ouvrit, laissant passer Adama et Aj’I. Le mage noir soupira de soulagement en voyant la doyenne entrer chez lui.

« Enfin ! On ne vous attendait plus. »

La vieille femme leva un sourcil interrogateur.

« On ne m’a pas dit que c’était urgent, répondit-elle. M’aurait-on menti ?
-Non…
-Adrian a de la fièvre qui elle par contre est inquiétante, je suis passé le voir pour la contenir. Je suis mage blanche, je n’ai pas le don d’ubiquité.
-Oui, je le sais. Pardon, c’était déplacé mais… »

Se rapprochant de lui, elle posa sa main sur son épaule.

« Tu es un papa inquiet, nous le savons tous. C’est pour cela qu’ils t’ont sorti n’est-ce pas ? »

Le mage ne répondit pas, regardant par terre avec gène.

« C’est bien ce que je me disais aussi. Adama, veux tu bien veiller à ce qu’il ne fasse pas de crise cardiaque ?
-Bien sûr. »

Ainsi, la doyenne disparu dans la chambre tandis que son apprentis restait auprès du père inquiet. Quelque jour auparavant il état lui même devenu l’heureux père d’une petite Affoue et il comprenait la tension qui habitait Bruce ainsi il tenta tant bien que mal de détendre l’atmosphère, au départ avec succès. Cependant tout ses efforts furent anéantis au moment où Brighid se mis à hurler. Il dû alors saisir son compère à bras le corps pour l’empêcher de se ruer à l’intérieur. Le tenait fermement, il l’empêchait de bouger comme il le voulait mais ne parvint pas à l’empêcher complètement d’avancer. Ainsi, c’est sur la vision cocasse d’Adama traîné malgré lui par Bruce que se rouvrit la porte de la chambre.
Aj’I les regardai avec circonspection, tenant dans les bras un petit truc braillard et fripé.

« Bruce, je te présente ton fils, Eoghan. »


C’est ainsi que ce petit être au futur littéralement lumineux naquis. Une journée grise et pluvieuse, calme comme tant d’autre, devant le poêle de la grande chambre.  Les premières années de sa vies furent calmes et pourraient se résumer assez simplement. Imaginez les embruns qui emplissent vos narines. Vous les avez ? Bien, maintenant imaginez un grand frère qui vous apprends les pires bêtises que vous puissiez faire, notamment monter par surprise sur les ânes pour faire du rodéo. Vous suivez toujours ? Figurez-vous un foyer à quatre parents occupés du matin au soir, vous apprenant les bases de la vie comme filer la laine ou récolter les fruits. Envisagez des journées pluvieuses où le sourire de votre sœur de jeu amènerait immanquablement le soleil.  Rajoutez à cela le goût de confiture et des œufs, l’odeur du feu de bois et l’appel de la navigation et vous aurez la recette complète. Ou presque.


C’était un matin de décembre, le matin du Yule de ses cinq ans pour être plus précis. Brighid avait été amenée à la maison et Bruce avait été envoyé à la pêche par Ma’, sans qu’il n’ait le droit de dire quoi que ce soit. Aj’I était là pour assister Adama qui se chargerait cette fois-ci presque seul de l’accouchement. Aguistin et Teàrlach avaient invité les deux aînés à venir observer la naissance de leur sœur et, si Caemgen se montrait brave et s’était placé à côté de leur mère, Eoghan restait à côté de son Daddy, la tête plongée dans son tablier. Il faut dire que Mommy criait fort et que c’était impressionnant… Jamais il ne serait maïeuticien, juré !
Les adultes avaient beau jurer que tout se présentait bien, elle criait quand même.. Elle poussait, poussait… Mais rien, rien ne venait. A côté d’elle, Daddou le mage blanc roux se mit à chanter, tout doucement. De sa bouche sortait un air arc-en-ciel qui allait se mêler à celui qu’inspirait l’accouchante qui, d’un coup, hurla plus fort. Et un pleur retentit. D’entre ses jambes fut amenée une petite tête pleine de poils blancs, qui gigotait dans tout les sens. Teàrlach se pencha vers Eoghan. Le poussant légèrement vers le lit, il lui frottait paternellement la tête.

« Bruce pense qu’on devrait l’appeler Moira. T’en pense quoi ? »

Il passa la tête par dessus les draps, jetant un coup d’œil au nouveau duo familial.

« Tu vois, commença son aîné, t’avais pas besoins de faire ton béb…
-Caem…
-Bah quoi ?
-Laisse le tranquille »

Le bébé était petit et étonnamment violacé.

-Ca lui va bien.

L’adulte le regarda en souriant. Désormais, c’était Moira. Et c’était sa petite sœur.  

L’arrivée de Moira ne fut pas entièrement calme. Il fallu déjà accepter de ne plus être le plus petit et se rendre compte que le bébé était fragile et surtout… Un autre être humain. Et, lorsqu’il eu 7 ans, on lui laissait parfois la charge de sa cadette. Comme cette après-midi là.

Affoue et lui étaient dans le salon de la maison familiale, les fesses posées sur le tapis moelleux. Derrière eux brûlait un feu de cheminé et, au milieu des legos, Moira racontait joyeusement des histoires sans sens. On leur en avait laissé la garde le temps que Caemgen arrive d’avoir étendu le linge mais à dire vrai, il faisait beau et la neige avait cessé de tomber aussi étaient-ils particulièrement agacés par le fait de devoir rester à l’intérieur. Le gardiennage était donc bien secondaire par rapport au fait de raconter ce qu’ils ferait une fois dehors et la petite cessa bien vite de leur raconter quoi que ce soit pour arpenter le salon à la place.

-On pourrait aller voir les ânes ? Commença Eoghan.

-Ils se méfient maintenant, répondit Affoue. Ils savent que quand ils nous voient on va leur monter dessus…

-Cueillir des pommes et les manger dans l’arbre ! Ou mieux ! Jouer à faire l’oiseau voleur !

L’oiseau voleur était un jeu de leur création où il fallait manger entièrement un fruit sans le toucher ni le cueillir, à même l’arbre, tout en étant en équilibre dans ses branches.

-Mais noooon ! On est en février, patate ! Y’a pas d’pooomes.

Silence. Regard complice. Puis il s’écrièrent ensembles.

-Bataille de boule de neig...


Leur phrase fut interompue par un cri de Caemgen qui dévalait les escaliers, une expression horrifiée figée sur le visage.  Ils eurent juste le temps de se retourner pour constater avec horreur que Moira était en train de basculer dans le feu. Le temps s’arrêta alors qu’eux même se levaient pour essayer de la rattraper.  D’un seul coup, les flammes s’écartèrent, quittèrent le foyer, foncèrent vers l’aîné et embrassèrent la moquette de l’escalier. Leur soeur, terrifiée par sa perte d’équilibre et les évènements se mit à pleurer à chaude larmes alors que le feu commençait à gagner  rapidement le bois qui craquait de protestation. Prit dans sa lancée, Caem récupéra la petite dernière dans ses bras avant d’attraper comme il pouvait les deux autres par la manche pour les précipiter hors de la maison.

-Au feu ! Hurla-t-il. Au feu ! Affoue, va prévenir des adultes ! Et toi , à quoi est ce que tu pensais !

Il hurlait sur son frère qui, en pleurs, voulait juste disparaître. Il ne voulait pas ça, il avait juste un peu trop parlé… Et d’ailleurs, c’était pas lui qui avait mis le feu à l’escalier, c’était Moira ! Bon, elle avait peur et elle avait juste voulu dégager les flammes mais… Mais elle avait deux ans. Ça ne pouvait pas être elle ! Qu’est ce qu’il s’était passé ?
Il n’entendit pas les adultes arriver. Il était prostré, en pleurs. Il n’arrivais pas à se concentrer tant il se sentait coupable. Ce fut la main d’Aiguistin posée sur son épaule qui le fit revenir à lui. Une dizaine de personnes étaient là mais aucun mage compétent en la matière... Moira était dans les bras de Bruce et Teàrlach tenait Caemgen par les épaules tout en lui parlant.

-Mon chéri, j’ai besoins que tu te concentre.

-C’est sa faute, répondit l’aîné, s’il avait été attentif ce ne serait pas arrivé !

-Oui, c’est sans doute vrai. Mais j’ai besoins que tu te calme.

-Pourquoi je devrais me calmer ! Je suis en colère !

Au moment où il avait hurlé qu’il était en colère, un cri de surprise avait retentit à l’intérieur de la maison.

-A cause de lui, Moira a dû utiliser ses pouvoirs à deux ans, et je suis sûr que c’est pas bon pour elle ! Il a fait n’importe quoi !

Teàrlach regardait d’un air anxieux la maison de temps à autre. À l’intérieur, on s’activait apparemment sans résultats. Les flammes semblaient contenues mais pas éteintes et, à travers la porte ouverte un « le feu repart » fusa.

-Mon chéri, écoute moi. C’était pas le pouvoir de Moira, tu as sauvé ta sœur en utilisant le tient. Ta colère alimente l’incendie, j’ai vraiment besoins que tu te calme. Là tu vas t’épuiser et brûler la maison. Calme toi..

La panique traversa le regard de l’adolescent qui comprit soudain que la maison brûlait par son intermédiaire. Il se remit à pleurer à chaudes larmes face à leurs pères qui, impuissants tentèrent vainement de le calmer. De l’intérieur sortirent en urgence ceux qui cherchaient à éteindre le feu. L’un d’eux vint à leur rencontre.

-On y arrive pas, y’a beaucoup de fumée, ça devient irrespirable. On a essayé les extincteurs, l’eau… Rien n’y fait. Aucun mage vert n’est là… C’est sans fin.

-Je suis désolé, je… Je…

-Caem, calme toi, regarde moi… Ça va aller… Juste, calme toi….

A travers les fenêtres ont voyait les flammes dévorer l’escalier en entier. Eoghan, en pleurs lui aussi, vint prendre son frère dans les bras et le serra fort.

-Je suis désolé… Pardon… Pardon… J’aurais dû la surveiller… Pardon… Par…

Dans un craquement, le feu quitta la bâtisse pour partir dans les airs. De derrière la maison, Affoue arrivait en courant, son père sur les talons. En dessous de la boule de feu, Brighid, accompagnée d’autre mages verts pyromants, faisaient jouer les flammes pour les contenir et les étouffer. Caem devenait quant à lui livide et sa respiration semblait s’affaiblir inexplicablement.

-Caem, s’affola Bruce, arrête de te débattre, laisse partir !

-J’y arrive pas…

Eoghan sentait son frère se débattre contre la magie des adultes, malgré lui. Il tentait de rivaliser et, le groupe de mage expérimenté perdait du terrain : ils ne voulaient pas prendre le risque de le blesser en brusquant l’extinction des flammes.
Arrivé à leur niveau, Adama se mit à genoux à côté des enfants, mettant ses mains sur les tempes du malade.

-Affoue, va me chercher de l’eau au puit. Vite. Caemgen, écoute moi. Tu as bien agis, tu as sauvé ta sœur. Ta maison va bien, tu n’as rien cassé qui ne soit réparable. Tout le monde est en sécurité. Tu peux te reposer maintenant.

Alors, comme par magie, les flammes disparurent et Caem s’effondra dans les bras de son frère qui, toujours en pleurs, le serra contre son cœur.

Ainsi fut clos l’épisode de vis où l’on failli perdre Moira, puis la maison, mais ou au final Caemgen apprit à mieux se connaître et où on obtint un câlin général. Plus jamais Affoue et Eoghan ne firent preuve inattention en gardant leur cadette, l’aîné finit par pardonner et la vie continua. Entraîné par sa mère, Caemgen fut suffisament stable à temps pour son entrée à Leoska. La maison fut bien vite vide sans lui, mais le quotidien remplissait bien suffisamment les journées.
Eoghan passaient le plus clair de leur temps avec Affoue, invitant parfois petite Moira dans certains de leur jeux. Il apprit à naviguer avec Bruce et se révéla excellent. Particulièrement récéptifs aux enseignements de Ma’ et Aj’I, il se mit assez vite à laisser des offrandes aux esprits et aux faes, à lire l’avenir dans le vol des oiseaux et à arpenter la côte à la recherche de lutins. Assez émotif et plutôt petit, il fut surnommé par Adama d’abord leprechaun puis changelin quand il lui fit remarquer qu’il n’était pas roux.
Eoghan découvrait donc la magie telle que les doyennes l’enseignaient mais ne savait pas encore ce que l’Equilibre lui réservait.
Caemgen était un mage vert principalement pyromancien, tout comme sa mère. Sachant cela, spéculer autours des futurs pouvoirs des deux cadets était devenu un jeu familial. À dire vrai, même si leurs couleurs de cheveux était un indice sur leurs géniteurs respectifs, tout était ouvert à spéculation. Par ailleurs, on avait déjà vu des personnes développer des dons très différents de ceux de leurs ascendance donc rien n’était joué.

C’est au détours d’une de ces conversation que vous sera conté la suite, lors d’une soirée musique. La famille au complet était rassemblé dans le salon à l’escalier noirci pour fêter une dernière soirée ensemble avant la rentrée de Caemgen qui irait de nouveau se perdre en France. Les cours reprenaient une semaine plus tard mais il lui fallait le temps de retourner dans le pays du coq. De leurs côtés, Affoue et Eoghan devraient attendre encore quatre ans pour y aller et n’était pas plus pressés que ça étant donné ce que leur en disait leur aîné. Habitués à recevoir un enseignement à la maison, fait par les membre de leur communauté, ils n’avaient pas hâte de commencer à prendre des cours où il faudrait non seulement parler français mais en plus « vouvoyer » leurs professeurs, le tout au milieu de gens qu’ils ne connaissaient pas.

Aguistin, tout en chantant, emplissait la pièce de lumière et de repos. Bruce brodait, assis sur les genoux de Teàrlach qui argumentait autours du fait que Affoue aurait, selon lui, un don blanc. Affoue quant à elle n’était pas d’accord. Elle voulait être mage noire pour lancer des malédictions sur tout le monde !

-Mais c’est pas gentil, ça ! s’indigna Bruce.

-J’ai jamais dit qu’j’étais gentille, hein.

-Oui mais tu pourrais l’être quand même… Être mage noir, ca veut pas dire être méchant. Regarde Ma’. Ou moi !

-Ma’ elle nous fait chier avec… Heu… Elle nous embête ? Avec les devoirs à rendre !

-Surveille ton langage jeune fille, la reprit Teàrlach. Tes aînés méritent du respect, particulièrement nos doyennes !

La jeune femme regarda ses pieds, l’air penaude.

-Pardon…

-Dites, commença Eoghan pour changer le sujet de la conversation, on peut aller dehors ?

Les adultes se concertèrent avant de hocher la tête en signe d’accord. Ni une, ni deux, les enfants furent dehors, semant Moira qui était pourtant partie pour les suivre. Dans la nuit, seule la lune éclairait vraiment ce qui les entouraient. Tout en marchant, Eoghan réfléchissait.

-Dis. Pourquoi tu veux maudire tout le monde ?

-Hein ? Ah ! Heu… Je sais pas trop… Je me dis que si on était suffisamment de mage noirs pour maudire tout ceux que l’Équilibre a pas choisis, on pourrait enfin être en sécurité. Là, on doit surveiller en permanence, espérer que les bateaux du continent comprennent pas ce qu’il se passe ici… T’en a pas marre qu’Aguistin soit souvent absent de ta maison ? Moi j’en ai marre qu mon père passe ses journées à angoisser.

Aguistin faisait partit des adultes qui avait mis en place les illusions protégeant les îles et qui les entretenant. Assez régulièrement il partait faire le tours des rochers, parfois de nuit. Il n’allait jamais sur le continent de peur de manquer à l’appel à un moment crucial.
De même, en tant qu’apprenti des doyennes, Adama avait sur ses épaules une lourde charge à porter et, à la mort d’Aj ‘I, il était censé reprendre son rôle de guide.

- C’est sûr mais… On nous apprends pas ça… On nous apprends que l’Équilibre nous a créé pour se maintenir, que l’on sert la magie plus qu’elle ne nous sert et que chacun à un rôle y compris les autres, ceux qui sont pas comme nous… J’arrive pas à sav…

Sur sa joue venait de s’écraser une boule de tourbe. Il prit un air outré avant de foncer en direction de sa camarade et de la pilonner de tourbe en retour. Il s’envoyaient de joyeux nions quand un détail interpela Eoghan qui s’arrêta en plein mouvement.

-Aff’….

Elle en profita pour lui envoyer de la tourbe directement en pleine poire avant d’exploser de rire. Il s’énerva aussitôt.

-AFFOUE ! C’est pas drôle ! Il se passe un truc. Tu te sens bien ?

-Oui, pourquoi ?

-Tu fume.

Elle le regarda sans comprendre.

-Littéralement. Tu fume. Regarde tes mains.

Une grande quantité de vapeur d’eau s’élevait de sa peau sombre en volutes. Son ami s’avança vers elle pour poser sa main sur son front et la retira aussitôt en criant aïe.

-T’es brûlante ! Mais genre… Pour de vrai !

Elle regardait ses main d’un air ahuri tandis que l’eau du marécage se mettait à bouillir autours d’elle. Eoghan se recula de quelques pas puis sorti carrément de la zone humide.

-Bouge pas, je vais chercher des adultes !

-Eoghan !

-Oui, quoi ?

-Je crois que c’est rappé pour maudire tout le monde.

-Ouais. T’es une rouge ma pote.

Ainsi, Affoue fut rouge. Prise en charge par les adultes et plongée dans de la glace pour le reste de la soirée, elle finit par reprendre une température normale. Ainsi commença sa longue quête de maîtrise de pouvoir. Il fallut un peu plus de temps pour qu’Eoghan découvre le sien, vers ses 11 ans.

C'était un soir alors qu’il prenait un bain. La journée avait été fraîche et il avait réglé l’eau suffisamment chaude pour compenser. Versant des poudres au hasard dans la baignoire, il avait obtenu une épaisse mousse rose débordant du récipient et embaumant l’entièreté de la pièce.
La journée avait été prolifique en activité. Affoue, Moira et lui étaient allée observé les « Feu des bois », ces champignons qui lâchaient leurs spores les jours de grand vent. Ils s’étaient ébahis dans la lumières générée par les nuages de Sortius igni, bataillant contre la bise en colère avant de rentrer et de se serrer contre leur sœur de coeur qui les avait réchauffé. Avoir une bouillotte consciente à domicile, c’était quand même passablement pratique. Mais la bouillotte avait dû rentrer chez elle et il avait dû trouver une autre source de chaleur.

Dehors, la pluie commençait à tomber, encore, et il l’écoutait avec attention. C’était agréable d’être à l’intérieur alors que dehors les éléments étaient sur le point d’éclater. Plongeant sa tête dans l’eau, il ressortit couvert de mousse. S’étalant de tout son long sur l’émail, il resta comme ça, le corps dans l’eau et la tête à l’air, ce qui eu pour effet de faire sécher le produit dans ses cheveux. Ces derniers se plaquèrent peu à peu sur sa tête, lui donnant l’impression qu’on lui avait casser un œuf sur la tête. Pour faire passer la sensation, il se replongea dans l’eau. Mais à peine eu-t-il sortit la tête que la chose recommença. Agacé, il passa sa main dans ses cheveux et se les ébouriffa. Ses cheveux reprirent une consistance normale et, satisfait, il ne remarqua pas immédiatement les gouttelettes lumineuses qui venait de tomber sur la mousse. Il se replaça confortablement quand il eu la sensation que quelque chose d’épais lui coulait sur l’épaule. Portant sa main à l’endroit, il la retira couverte d’un violet luminescent. Interloqué et légèrement paniqué il se redressa, dégageant une partie de la mousse. Il pu ainsi constater que, sous la couche rose, une matière pailletée avait envahi le bain. Retirant le bouchon de la baignoire, il se rinça en vitesse et s’enroula dans sa serviette pour nettoyer la baignoire de cette étrange fuite. Il se dirigea donc vers le lavabo pour récupérer le vinaigre blanc dans le placard en dessous et, en relevant la tête, tomba nez à nez avec son reflet.

L’entièreté de ses cheveux brillait de mille feu. Ravalant un hurlement, il arracha sa serviette pour se frotte vigoureusement la tête avec, mais rien n’y fit.  Ses cheveux produisaient des spores. Après un instant d’hésitation, il finit par hurler.

-Mommy ! Daddiiiiiiies !

Ce fut Teàrlach qui débarqua en premier, le tablier couvert de farine. En le voyant, il eu un instant d’incompréhension.

-Oh dear… Brighid ! Brighid, j’ai besoins de toi ! T’inquiète pas, Eoghan, c’est rien de grave. Je pense que c’est ton pouvoir. Penche la tête sous la douche honney, on va rincer tout ça.

Brighid arriva en trombe, demandant ce qu’il se passait.

-Eoghan produit des spores de feu des bois par les cheveux, commença l’adulte.

-C’est… Original. Répondit la mage verte. Rien de grave mais original. Par contre va falloir trouver comment rincer tout ça !

Deux de ses parents venant de déclarer à la suite qu’il n’y avait rien de grave, le changelin ne paniqua pas particulièrement. Cependant il ronchonna, la tête coincée sous l’eau. Caemgen avait sauvé leur sœur lorsque ses pouvoirs s’étaient révélés, et lui… Lui il était condamné à rester sous l’eau de la douche. Froide parce que Pa’ voulait pas gâcher de l’eau chaude. Et cela dura plus de dix minutes, trois remarques moqueuses de Caemgen, une blague de Moira et une réaction beaucoup trop enjoué d’Affoue qui était venue aussitôt que Moira l’avait appelé pour lui dire ce qui se passait.

-C’est trop bien ! Genre, t’as une auréole ! T’es un ange mycolo… Mycogi… T’es un ange champignon !

-Ouais bah ça va !

-Non mais si, c’est trop bien ! Tu te rend pas compte, c’est trop beau. Oh ! Je sais ! Je vais te faire des tresses !

Silence. Regard boudeur.

-Tu veux pas que je te fasse des tresses ?

-Si.

-Bah pourquoi tu boude ? Ça va être super joli en plus !

Un nouveau silence se fit, que la jeune fille prit comme un signal pour commencer son office. Ce n’est qu’une fois qu’elle eu fini la première tresse qu’Eoghan lui répondit.

-Chuis pas un ange. Chuis un changelin.

Cet épisode passé, l’adaptation fut assez rapide, tout du moins au début. Il était donc un mage vert, axé autours de l’élément des plantes et capable de symbiose. Le feu des bois avait profité de son don pour s’installer en lui comme symbiote principal et simplement lui emprunter son corps, à première vue sans conséquences. Du moins, pendant quelques semaines, jusqu’à une nuit de tempête.

Dehors, le vent dangereusement. L’électricité ne marchait plus et on s’attendait à ce que le lendemain révèle un certain nombre de dégât. Chacun confiné chez soit, on attendait que la nuit passe.
Habitué depuis la jeune enfance à ce genre d’évènement, les enfants de la famille dormaient tous dans leur chambre. Enfin tous…

Eoghan, lui, ne dormait pas. Les yeux grand ouvert dans le noir, il transpirait à grosses gouttes en fixant le plafond. Le vent hurlant dehors le hantait. Il avait comme soif de pluie, comme envie de sortir et cela le rongeait de l’intérieur. Le dehors était dangereux. Mais le dehors était là où il devait être à tout prix. Maintenant.

Les ongles plantés dans le bois de son lit, il tentait de résister à l’appel irrésistible de la tempête tandis qu’autour de sa tête s’agrandissait  l’auréole de spores lumineuses émises par ses cheveux. Ses yeux étaient douloureux et dans sa bouche se répandait un goût âcre. Mais malgré cela, il tentait encore de résister à son envie en s’accrochant au petit reste de bon sens qui lui restait. Pleurant un liquide plus épais que les larmes, aveuglant, il resta encore couché une dizaine de minutes. Puis, sa volonté céda un peu de terrain. En silence, les joues recouvertes de larmes luminescente, il marcha d’un pas lourd et hésitant vers la porte. Laissant derrière lui une traînée de spores lumineuses, il descendit les marches de l’escalier et se dirigea vers la porte. Son esprit partait loin… Si loin. Il n’était plus qu’un corps, un corps qui ne devait pas sortir mais qui le voulait plus que tout. Debout, immobile devant la porte, il en fixait le bois en se balançant d’avant en arrière. Lumineux, il salivait plus que d’habitude et au coin de ses lèvres perçait du mucus violet.
Le temps se figea autours de cet instant. Longtemps, si longtemps… Puis, son esprit craqua, sa volonté se craquela et il ouvrit la porte.

A la première bourrasque qu’il se prit de plein fouet il hurla de tout son coffre et de sa bouche sortit un nuage lumineux. L’énergie afflua en lui comme jamais elle ne l’avait fait et ni la pluie ni le vent ne semblaient exister. Les éléments n’étaient que joie, euphorie, violence. En T-shirt dans le maelstrom, Eoghan se mit à danser de manière chaotique, passant obsessivement sa main dans ses cheveux pour permettre aux spores de s’envoler plus loin. Ses yeux étaient tellement larmoyants qu’ils brillaient comme des lampes et dans sa bouche, l’écume débordait.
Il ne tenait pas debout. Le vent le poussait et lui, en hurlant le défiait d’autant plus. Couché sur l’air, il s’époumonait à mort, euphorique, se griffant les bras au sang. Et de chaque blessure s’envolait une nouvelle nuée lumineuse.
Il n’était qu’un sac de dissémination fantastique et fou, trimballé par les éléments. Tombant. Se relevant.
Au milieu des couleurs hypnotisantes de son symbiote il dansait, dansait, dansait. Hystérique, hors de contrôle, il courait, courait, courait. Autours de lui, les feu de bois sauvages relarguaient aussi leur promesse de vie, offrant au chaos ambiant une lumière froide et fabuleuse. L’obscurité ainsi déchirée grondait et hurlait de tonnerre et de vent, arrachant au ciel des éclairs sonores. Tout n’était que danse, que mouvement. Ça voulait sortir, il fallait que ça sorte. Son corps n’était là que pour cela, il fallait bouger, il fallait provoquer… Provoquer leur départ, provoquer le relâchement.

Il glissa.

Il roula.

Il se releva, faisant face à un rocher. Immobile, il l’observa comme droit dans les yeux, absorbé par sa surface lisse. Une vague qui manqua de l’emporter l’arracha un instant de sa contemplation et il la regarda se retirer, se traînant à quatre pattes hors de l’eau.

De nouveau, il hurla de joie et, faisant face au rocher, commença à le boxer. Euphorique, il s’écrasait les poings au sang en riant au éclat. Les yeux fous, toujours pleurant, il tombait à chaque vague mais, plein d’énergie, réussissait à rester sur le rivage par miracle. Autours de lui se formait une flaque lumineuse, balayée par chaque passage de vague. Ailleurs, la foudre semblait se déchaîner pour concurrencer sa lumière mais il s’en moquait. Il frappait, frappait… Frappait encore.  Avant d’être frappé.

Le tenant par le col, Aj’I venait de le claquer et l’horreur fut qu’en plus de rire, il le lui rendit. Surprise, la vieille femme commença par reculer. Lui, toujours heureux avançait vers elle. Il avait envie de se battre. Il avait envie de sentir ses phalanges se briser et sa peau se déchirer. Il avait envie d’avoir son corps écartelé, morcelé, désintégré.

Il avait envie de laisser les spores s’en aller.

-Et que le sommeil s’empare de toi, comme il s’empare des morts. Et que l’Autre laisse en paix le corps et s’endorme avec l’esprit. Que le parasite que je maudis soit soumis à l’obéissance et se TAISE !

Ma’, plus haut sur le rivage, était suivit d’Adama, de Bruce et de Brighid. Elle avait les yeux entièrement noirs et les mains tremblantes de la malédiction qu’elle venait de lancer sur le champignon qui habitait l’enfant. Sans réfléchir, les trois autres la laissèrent à son office et sautèrent dans l’eau pour aider Aj’I à regagner le rivage avec Eoghan qui, bien qu’endormi, continuait à suinter de lumière. Bataillant contre l’eau, il parvinrent néanmoins à atteindre la terre ferme saufs.

-Les maisons sont trop loin, c’est trop dangereux de faire le trajet retours ! Criait Ma’. On va se réfugier dans une bergerie !

Et Adama de dire, à la radio.

-On l’a récupéré. Il est blessé à plusieurs endroit, a sans doute des fractures multiples et a peut être inhalé de l’eau. On s’occupe de lui, on va se réfugier dans la bergerie commune. Over.

Si Eoghan n’avait perçu de cette scène que la joie de la tempête, les autres protagonistes en garderaient un souvenir tout autre. En effet, Caemgen s’était réveillé au moment où son cadet quittait la chambre et, le voyant briller plus qu’avant et agir de manière très étrange était allé réveiller ses parents. Ils avaient alors appelé Eoghan, tenté de l’attraper sans obtenir aucun réaction de sa part. Un vent de panique avait alors soufflé sur la famille et les doyennes avaient été prévenues par radio. Le changelin hystérique et courant partout au milieu de la tempête avait été dur à suivre et, lorsqu’il avait chuté sur le rivage, les adultes avaient pensé le perdre. Mais il avait tenu bon et ils avaient pu le récupérer tant bien que mal.

Le réveil du lendemain avait été… Folklorique. Eoghan n’avait qu’un souvenir vague des évènements et, aussitôt se fut il rappelé d’avoir claqué Aj’I qu’il fondit en larme de honte. Les émotions qui naquirent cette nuit là mirent un certain temps avant de redescendre et, grâce à la malédiction de Ma’, plus aucune tempête ne fut aussi violente. Pour lui permettre cependant de se défouler, Bruce et Brighid prirent l’habitude de l’emmener se battre à chaque tempête. Ainsi, les spores pouvaient être disséminées de façon sécure et contrôlée.

Ainsi passèrent encore quelques dizaines de tempêtes jusqu’à ses quatorze ans et son départ pour Leoska. Étant rarement allé sur le continent et encore moins en ville, se rendre à la gare de Londres pour prendre l’Eurostar était somme toute cauchemardesque. Un bonnet profondément enfoncé sur le crâne pour prévenir toute fuite de magie, il avait traversé la ville accroché à la main de Teàrlach qui les accompagnait en France et à celle d’Affoue. Durant tout le trajet, il avait espéré que l’académie serait plus calme et à taille humaine. Que nenni.

Déjà, il n’était ni dans le même bâtiment qu’Affoue ni dans la même classe. Ensuite, l’Académie était une gigantesque foule contenue dans d’encore plus gigantesques bâtiments. L’adaptation fut… Compliqué et Eoghan passa la majeur partie de la première semaine à louper des cours pour coller aux basque de son frère ce qui lui valu un rendez vous chez le CPE. La semaine d’après, il avait tout de même loupé pas mal de cours mais pour rester dans sa chambre d’internat. Pour être tout à fait honnête, les deux premiers jours il n’était même pas sorti de sa chambre. Il était resté sous sa couette, ne faisant que quelques aller-retours dans sa cuisine pour faire à manger. Mais pas pour manger, non. Juste pour cuisiner des plats qu’il n’avait pas l’intention de consommer pour se changer les idées.  Il était en train de mélanger la pâte à cookie quand on toqua a la porte.

D’abord hésitant, il s’essuya les mains pour aller entrouvrir la porte. Derrière se tenait une jeune adulte, assez élancée. Noire, la têt couverte de dreadlocks, elle lui sourit affablement.

-Eogane ?

-Ca se prononce o-an, répondit-il avec un fort accent.

Bien qu’ayant apprit les bases de français avant de venir, il avait toujours du mal à le parler.

-Ah. Eoghan ?

-C’est meilleur.

-Cool. Je peux entrer ?

-Je préférer pas.

-Ah. J’vais m’asseoir alors.

Ce qu’elle fit, par terre, dans le couloir. De son côté, le mage vert garda la porte entrouverte et s’assit en face d’elle.

-Tu préfère qu’on parle en français ou en anglais ?

-En irlandais.

-Je parles pas l’irlandais.

-Alors je préfère qu’on pas parle.

Elle hocha de la tête d’un air entendu. Et ainsi, on ne parla pas pendant cinq minutes. Puis six. Cependant, arrivé à la septième, la jeune femme reprit.

-Je peux entrer maintenant ?

Eoghan fixa ses pieds intensément. Puis, il se leva et ouvrit grand la porte pour la laisser entrer. Elle lui sourit, reniflant l’air avec appétit.

-Tu cuisine quoi ?

-Mouton. Et cookies.

-Chouette ! Je peux prendre une chaise ?

Il hocha la tête et elle attrapa un siège puis s’assit à l’envers, le torse contre le dossier.

-Je m’appelle Lily. Je viens te voir parce qu’il faut que t’aille en cours.

Il ne lui répondit pas, trop absorbé par sa patte à cookie.

-Je comprends que ce soit dur, mais si tu viens pas en classe, ils te renverrons chez toi.

-Je sais… connais personne. Je parle pas bien. Y’a trop de gens. Je ne veux pas y aller.

Doucement il se mit à pleurer. Lily se leva et vint poser sa main sur son épaule.

-Je sais que ça fait peur. Mais tu vas y arriver, d’acc ? Avec la vie scolaire et ceux du cycle supérieur qui sont pions on fait des cours de français pour les étudiants étrangers. Si je t’apprends le français, tu m’apprendrais l’irlandais ?

Relevant les yeux, il hocha doucement la tête. En retours, la pionne lui sourit.

-Aller, viens, je t’accompagne en classe. Je reste avec toi jusqu’à ce que tu n’en ai plus besoins, ça marche ?

Il acquiesça de nouveau et ensemble ils quittèrent sa grotte.

Lily était une mage verte de l’air de 20 ans. En échange d’une rémunération, elle faisait aussi office de pions pour les élèves du secondaire et était disciple et triple championne académique dans le club de boxe. Si au départ elle ignorait tout d’Eoghan, elle finit par découvrit qu’il était le frère de Caemdgen avec lequel elle s’entendait bien. Aussi, par solidarité avec son potaux, elle prit le jeune irlandais son son aile d’abord pour les cours de français. Puis, lorsqu’un soir de grand vent elle le surpris sur les toits à se foutre joyeusement sur la tronche avec Affoue, elle finit par devenir leur mentor en combat. A chaque épisode de pluies diluviennes, de vents violent ou des deux combinés, les trois se retrouvaient sur le toit pour des matchs intenses et brillants, au sens propre du terme.

Un soir, alors que le vent retombait, Eoghan et Affoue étaient resté sur le toit. Accroupi devant la rambarde, le mage vert avait passé son bras entre les barreaux pour aller déposer, dans une zone ou n’allait pas les humains, un peu de viande à l’attention de choucas qui se baladaient sur le campus. Fermant les yeux, il énonça d’une voix grave son respects aux éléments. Puis, il continua sa prière, en français.

-Au plumage noir, gardien de cette école, je dédie cette offrande. Que son vol soit prospère et heureux et que l’Équilibre garde un œil bienveillant sur les apprentis de ces terres.

-Tu t’améliore en français dis donc, lui fit remarquer Affoue.

Il acquiesça en se redressant.

-Si je fais des offrandes aux esprits du coin, faut bien que je parle leur langue.

-Ils parlent français, les esprits ?

-Chais pas. En tout cas, ils entendent plus de français durant la journée que de gaélique.

-Il est vrai.

Silence. Eoghan pensait. Il voulait dire quelque chose à Affoue, quelque chose qu’il ne savait pas comment formuler.

En arrivant à Leoska, quelque chose de nouveau et de particulier s’était révélée à lui : le genre. Élevés de manière globalement neutre à l’Archipel, il ne s’était jamais vraiment rendu compte que… Comment dire.. Que rien de tout ce qui concernait le genre lui allait. Vraiment. Des choses qui à l’Archipel étaient minimes prenaient ici une toute autre valeur et cela le mettait… Profondément mal à l’aise. Il en avait déjà parlé avec Lily qui avait fait émerger un certain nombres de concept nouveau. Il ressentait le besoins d’en parler à Affoue.

-Dit…

-Ouais ?

-Ça te dérange pas la manière dont… D’être une fille ?

-Hein ?

-Je… Je sais pas, en arrivant ici tu t’es pas rendu compte qu’en fait t’étais pas une fille ?

-Pourquoi ? En arrivant ici tu t’es rendu compte que t’étais pas une fille ? dit-elle en riant.

En face, Eoghan se taisait, tentant de rassembler ses idées.

-C’est quoi être une fille pour toi ? Pourquoi t’es une fille ?

-Mais chais pas moi ! T’en a de ses questions. Parce que c’est comme ça, je suppose ?

-Mais ça te va ?

-Ouais. Enfin je crois… Mais oui ça me va ! Bien sûr que ça me va ! T’es sûr que ça va, changelin ?

-Est ce que l’idée que y’a que des garçon et des filles sur la terre ça te paraît logique ?

Affoue fronça les sourcils, prenant le temps de réfléchir. Elle semblait retourner toutes les possibilités dans sa tête, comme pour résoudre un puzzle dont il lui manquait des pièces.

-Bah écoute comme ça… Oui. Après, mon père a déjà fait naître un bébé qu’était ni tout à fait fille ni tout à fait garçon, il y a longtemps, avant qu’on soit né. Il vit dans l’archipel du Groenland maintenant je crois. J’y ai jamais réfléchi, mais c’est vrai que du coup je sais pas. Pourquoi tu parle de ça ?

-J’ai pas l’impression d’être un garçon.

De nouveau, un silence. Ce fut la mage rouge qui le brisa.

-Ah, fit-elle.

-B, répondi-t-il.

Elle leva les yeux au ciel en éclatant de rire.

-Si t’es pas un mec, t’es quoi ?

-J’en ai parlé avec Lily, et je crois que je suis rien.

-Tu peux pas être rien…

-Un peu des deux, ça te dérange pas, mais rien tu trouve ça bizarre ?

-Je… Ouais, un peu. Enfin non. Enfin je sais pas. Je me suis tellement pas posé la question…

-Je crois que je vais me maquiller de temps en temps.

-Hein ? Mais pourquoi faire ? Crois moi, j’ai essayé en arrivant ici, c’est long, c’est chiant, ça gratte.

-Parce que j’en ai envie ?

Derrière eux, le soleil déclinait, tapissait le ciel d’orange. Affoue renifla.

-Ouais, ça fait sens. Tu veux que je te file le matos que j’avais acheté ?

-Je veux bien. Et, Affoue ?

-Mh ?

Il inspira, prenant son courage à deux mains. De sa bonne volonté dépendait tellement de chose qu’il valait mieux ne pas y penser.

-J’ai besoins de toi pour confirmer quelque chose. J’aimerais bien changer de prénom et utiliser d’autres pronoms. Genre remplacer il par autre chose, pour voir si ça me va, si c’est… Bien. J’aimerais bien que quand on est tout les deux tu fasse ça pour moi, sans en parler aux gens de l’Archipel, même à Caemgen.

Il la regardait droit dans les yeux et le regard de sa sœur de coeur s’agrandit en voyant son expression. Elle était intense et déterminé. C’était vraiment très important pour lui, plus qu’elle ne le pensais. A dire vrai, elle ne comprenait pas, pas encore même si cela viendrait avec le temps. Mais elle l’aimait profondément, il était son camarade de toujours et à jamais. Aussi, elle lui prit les épaules et, solennellement, lui jura de rien en dire tant qu’il ne le voudrait pas.  

-J’aimerais bien utiliser Iel ou they et m’appeler Saoirse.

-Ça marche. T’es désormais ma… mon… Maon… Comment on dit frère, sans genre.

Iel lui répondit en pleurant et riant en même temps.

-Adelphe je crois.

Iel avait 15 ans. Iel était heureuxe. Iel était Saoirse.


Ainsi, la transition se fit de manière douce et progressive, à petit coup de vernis à ongle, de jupe et de maquillage occasionnels. Avec le soutiens d’Affoue et de Lily, iel mis au courant Caemgen. Ce dernier mit un peu plus de temps à assimiler l’information mais finit par s’y faire. Le problème pour ellui restait de l’annoncer à leurs parents. Cela lae travaillait beaucoup et prenait beaucoup de sa pensée. Il lui fallut plus d’un an pour accepter l’idée d’en parler aux siens.
Ce fut une après midi de grands vents où Affoue avait la grippe qu’iel se décida à en parler à Lily. Comme il serait seuls, l’aborder serait plus simple que si ça très chère mais néanmoins moqueuse camarade avait été là.

Sur un des toits terrasse iel ébouriffait ses cheveux lumineux en sautillant sur place pendant que sa maître se bandait les mains. Derrière eux la lumière du soleil se mêlant au voile nuageux et estompait la lueur de ses spores. Tout en s’échauffant, iel s’approcha de l’autre mage.

-Hey, Li ! J’ai une question.

-Ouaip ?

-Tu pense que ce serait une bonne idée d’en parler à mes parents ?

-De quoi ?

-De mon genre.

Elle attaqua, lae frappant à la pommette droite directement. Iel avait paré un peu trop tard et s’était quand même mangae le coup ce qui pour effet de disséminer encore plus de spores dans l’air.

-Pour quoi cette question maintenant ?

Crochet, esquive, direct, direct, contre-attaque, balayette et Saoirse finit le cul par terre dans une envolée de spores. Iel se redressa directement, se mettant sur pied pour faire face à son adversaire.

-Je les ai eu au téléphone se matiheiiiiiiiiiiiiin…

Esquive in extremis, perte  d’équilibre, rattrapage au dernier moment.

-Moira a eu ses pouvoir de révélés, c’est une mage noire. Elle était en colère, elle a transformé une des bergerie en monstre tentaculaire pendant une demie journée sans le vouloir. Aouch !

Lily venait de lui mettre son pied dans l’estomac, ce qui l’avait pliae en deux. Par terre pour reprendre son souffle, iel cracha un peu de bile lumineuse avant de relever les yeux sur sa mentor avec un air de défis. Puis, poussa sur ses jambes, iel lui écrasa son crâne dans le pif, la faisant reculer. Elle répliqua par un coup de pied à la « this is Sparta » qui l’envoya valser plus loin.

-Je t’avoue que je vois pas le rapport. T’es sûr que ça va ?

Saoirse trépignait. Prise entre son envie de parler de ses émotions et l’urgence que le champignon avait de répandre ses spores, iel était sur le point d’exploser. Aussi, sa voix et son expression reflétaient de l’empressement, de la colère et de l’agacement mais rien de tout cela ne reflétait ses réelles émotions.
-Ouais ! Ouais, t’inquiète, c’est pas moi c’est le squatteur. HEY !

Elle venait de lae renverser par terre, secouant toute la poussière brillante déjà présente au sol.

-Bah je sais pas, tu me dis que ça va, moi je continu-ouf !

Coup dans les genoux, réponse par un coup dans la mâchoire qui l’empêcha de se relever. D’un bond en arrière, Lily s’éloigna.

-Tu veux pas genre soit te retenir cinq minutes, on parle en mode posé, ou alors qu’on se foute sur la gueule une bonne fois pour toute et qu’on en parle après ? Chuis déso, hein, mais c’est vraiment pas pratique là. On est pas concentrés, on fait de la merde, c’est un peu dangereux.

Saoirse arrêta le mouvement amorcé et s’assit par terre dans la foulée. Il fallait parler, iel en avait besoins. Se battre était secondaire même si irrésistible. En tailleur, tressautant frénétiquement et se servant des ses jambes comme d’une batterie pour évacuer la tension, lae changelin s’expliqua.

-Ce que je veux dire, commença-t-iel  à toute vitesse, c’est que je ne fais plus partie de leur quotidien. Ils ont pardonné à ma sœur mais… Elle est dans leur vie au quotidien. Et… Jaipeurkacauzdeladistanseilnemaimentplussufisamanentpour (inspiration) accepteretqueMoirameremplace. Jesaisquesèridiculemè…

-Stop. J’ai rien compris.

Elle s’assit elle aussi, créant autours d’iel un courant d’air pour évacuer les spores au fur et à mesure.

-Recommence. Doucement.

-J’ai peur qu’à cause de la distance, Moira ai prit tellement de place qu’ils se moquent de couper les ponts et de ne pas me pardonner, parce qu’ils ont déjà une fille. A qui ils ont pardonné la perte de dix brebis. Je sais que c’est ridicule mais j...

Iel se ramassa directement le pied de Lily sur le front. Tombant à la renverse, iel tenta de lui attraper la jambe, sans résultat. Le combat avait repris, de plus belle et, cette fois, sa mentor mêlait sa maîtrise de l’air au reste, lae laminant violemment sans qu’iel ne puisse vraiment riposter. De temps à autre, iel parvenais à lui mettre un coup mais sans grande efficacité. De son côté la championne était calme et implacable, enchaînant coup sur coup sans la moindre hésitation. Passée en mode automatique, elle cherchait à épuiser son élève autant que possible, à lae pousser dans ses dernier retranchement. Cela dura jusqu’à ce que le vent retombe enfin et que Saoirse ne soit plus en train de tressauter dans tout les sens. Les mains posées sur les genoux en sueurs, iel sourit d’un air satisfait à Lily qui… Lae mit par terre. Depuis toute sa hauteur, elle lae regardait.

-T’arrête d’être jalouxe de ta sœur de onze ans qui vient de se prendre en pleine poire la violence de son pouvoir ? Soyons clairs, je comprends ce que tu ressens, mais ce que t’en fait c’est de la merde maon grand. Genre… Ouais, t’as peur de pas pouvoir rivaliser avec ta sœur niveau féminité et que t’es parents te rejette, t’as fait un mix foireux dans ta tête et c’est ça qui ressort ? Come on, Saoirse… Tu vaux mieux que ça !

Regardant le ciel, iel sentit les larmes lui monter au yeux.

-D’autant que bordel, deux choses : elle à onze ans et c’est pas une compet’ ! Commence pas à lui coller des idéaux de féminités malgré toi ! Laisse la être ado, laisse la être ta petite sœur, laisse la vivre et la mêle pas à tes insécurités. Elle mérite pas ça, vraiment !

Puis, elle s’assit à côté de son élève, posant sa main sur son épaule.

-C’est normal que t’ai peur. C’est normal que t’appréhende et tu as le droit d’être rassurae à ce propos. Cependant, ne met pas ton poids sur les épaules de autres. S’il te plais. D’autant que c’est pas le sujet et que je sais que c’est pas ce que tu ressens. Que c’est simplement ta manière d’extérioriser qu’est confuse.

-Oui. Pardon.

Silence. Puis :

-T’as vraiment besoins de leur dire, hein ?

-Je veux plus qu’on m’appelle Eoghan et qu’on me genre au masculin...

-Bon. Tu veux que je reste avec toi quand tu vas les appeler pour leur dire ?

-Oui. Je vais le faire maintenant, ça te va ?

Lae tirant en position assise, elle lae prit dans ses bras. Le soleil déclina grandement avec que les deux mages ne se relèvent. Puis, Saoirse prit son téléphone. Il sonna un certain temps, et on décrocha.

-Allô Dad ? Tu peux rassembler tout le monde s’il te plais…

Au final la conversation s’était bien passée. Si au départ la majeure partie des adultes ne comprenaient tout simplement pas ce que leur enfant essayait de leur transmettre, l’appel s’était conclu sur une sorte de status quo. Il fut néanmoins brisé dés le lendemain par un appel de Moira que l’on pourrait résumer ainsi : Saoirse ça te va bien. On a parlé avec Ma’ et Adama et je crois que j’ai compris. On pourra en reparler ? Ainsi, l’adaptation se fit avec quelques incompréhensions et hésitations au premier abord mais, grâce une sœur intransigeante sur les nouveaux pronoms et accord de son adelphe, tout rentra dans l’ordre.

Les années de lycée passèrent jusqu’à obtention du « bac » des deux îliens et l’obtention de son diplôme par Lily. La dernière de la famille avait fini par les rejoindre à l’académie et, cet été là, ce fut un grand groupe qui rentra au bercail.
Affoue, Caemgen, Saoirse, Moira mais aussi Lily était du voyage. Appliquée dans l’apprentissage de l’Irlandais, elle avait fini par devenir quasiment bilingue et avait demandé à rejoindre l’Archipel une fois diplômée. Ma’ et Aj’I avaient accepté et cet été était l’été de l’emménagement.


Les cinq enfant de l’Équilibre s’étaient donc retrouvés au port du Havre, des bagages jusqu’au dessus de la tête à ne pas savoir comment les porter. Un bateau venant de l’Archipel devait arriver une heure plus tard et midi sonnait déjà. Lily et Caemgen étaient donc partis chercher à manger tandis que les plus jeunes restèrent sur le quai. Quand ils eurent disparu, Moira se mit à rire et Affoue à tirer la tronche sans explication apparente.

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Saoirse Carraig
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Dim 2 Fév - 16:09
Suite...


-Qu’est ce qu’il se passe ?

-T’as pas vu et on pouvait pas te dire avec eux à côté, mais Caemgen s’est enfilé quatre pastilles à le mente y’a cinq minutes. Et comme c’est lui qui a insisté pour aller acheter à manger, y’a de grandes chances que ce soit pour conclure. Du coup j’ai gagné mon pari contre Affoue, elle me doit vingts boules.

-Gnagnagna, repondit la perdante.

-Ah bah bien ! l’adulte tout juste majeure qui est plus enfantine que la collégienne de treize ans ! c’est propre dis donc !

Leurs chamailleries firent rire Saoirse.

-J’espère qu’ils vont pas oublier de ramener à manger, ajouta-t-iel. J’ai faim moi.

Les deux autres confirmèrent de concert et Afoue mis de petit coup de coude dans les côtes des deux autres.

-Ils reviennent, prenez un air naturel.

Rien de mieux comme remarque pour les faire tous exploser de rire à l’arrivée de leurs aînés qui, apportant sandwish et dessert, ne comprirent pas leur hilarité. Pour tenter des les éclairer, Affoue jugea bon d’attraper sa guitare et de jouer en chantant.

« From Leoska’s School up to the Archipel, from Marseille to Dublin town, no maid I’ve seen like the fair Lileen that I met in the Country Down ! »

Caemgen devint rouge et fusilla sa sœur du regard tandis que Lily éclatait d’un rire franc mais gêné. Elle s’apprêtait à dire un truc quand l’aîné de la fratrie fondit sur les autres pour entraîner une bataille de guillis épiques sur les quais du port. Autours d’eux, les marins passaient en les regardant de travers ou d’un air attendris. Et lorsque le bateau arriva, ils étaient tous en cerlcle en train de faire la sieste les uns sur les autres.
Bruce les réveilla et tous ensemble ils chargèrent la cale. Peu habituée au bateau, il fallu à Lily un temps d’adaptation mais la traversé se fit sans trop de galette régurgitée, avec beaucoup d’enthousiasme et de chansons. A bord, on fêta le bac des deux affreuxes et le diplôme d’éducateur spécialisé de Lily qui, au final, ne lui a toujours pas servis.

Et, le cap sur l’Archipel, on laissa le Havre des humains pour le paradis pluvieux des mages.

*****

Dans le salon de la grande maison familiale était rassemblée la fratrie complète. La rentrée pour Leoska était deux semaines plus tard et, Saoirse ayant quelques responsabilité au sein du club de jardinage, ils partiraient tous en avance. Comme d’habitude on s’était donc rassemblé chez eux pour boire, manger et chanter, probablement sans aucune modération pour certains d’entre eux. D’ailleurs, Moira n’ayant que quinze ans, elle n’avait pas droit à autre chose que du cidre et du vin ce qui l’agaçait passablement. C’est pourquoi Affoue lui faisait passer discrètement une lichette de rhum de temps en temps.

Assise sur une pile de coussin, Brighid chantait doucement avec sa fille, passant sa main dans ses cheveux. Adama jouait de la harpe et Caemgen du violon. Quand à la flûte, Aguistin et Bruce s’étaient lancé dans un duo accompagné par le rythme improvisé d’Affoue. Lily et Saoirse allait se joindre au morceau commun quand les cheveux du changelin s’étaient illuminés. Quelques secondes après, le tonnerre retentissait.
La mage des vents s’était alors tournée vers son élève qui commençait à pleurer des larmes épaisses et luisante pour l’aider à se lever. Dans la tempête naissante, elles s’éloignèrent pour danser avec la tempête une toute dernière fois avant qu’iel ne reparte pour Leoska.

Et dans le tumulte fusèrent des cri de joie.  

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Saphirre Lacey
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Lun 3 Fév - 13:02
Salut a toi Cunégonde et enchanté de te rencontré Cool
Aller, plus sérieusement c'est ok, tu est validé! Very Happy
Tu est donc mage vert.e, et dans la chambre 2 des cycles supérieur, dans l'aile ouest ! Amuse toi bien et n'hésite pas à aller prospecter les demandes de rp Wink
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