C’est une rareté qu’un événement, quel qu’il soit arrive à porter atteinte à ton groove quotidien. Tu es toujours d’une bonne humeur qui frôle presque le paranormal et en général tu ne comprends pas les mauvaises nouvelles ou tu les interprètes avec optimisme. Celle de ce début d’après-midi n’est pas de la catégorie de celles qui peuvent te passer au-dessus puisqu’elle touche directement à ton travail, mais n’est pas assez fournie en information pour que tu ne la saisisses non plus.

« Attribution de la tutelle de Mordred Arraw »

Ça a commencé par « Mdrrr il s’appelle Raw comme le format de fichier ou une sorte de “greuh” » puis tu t’es décidé à lire plus d’une syllabe du mail au cas où. Quelle déception, Arraw c’est beaucoup moins drôle.

Attends.

Mais tutelle c’est encore moins drôle en fait c’est quoi cette histoire ?

Tu as joint directement la personne des classes d’aides en charge du dossier pour mieux comprendre ce qu’il se passe. Tu n’as pas envie de lire, tu souhaite qu’on t’explique calmement ce qui est en train de se déroulé sans ton avis. Pendant l’appel, tu marches de long en large littéralement à travers les étages tout en accueillant les nouvelles.

« Sentence des classes d’aides à cause d’une connerie.
— Connerie ?
— Connerie.
— Non, mais genre du niveau ou il a mis du beurre sur le sol de la résidence des professeurs ou du niveau genre c’est juste Jean-Hyves la castagne ? Non parce que vous allez rire, mais je me souviens de la fois où…
— Du niveau confidentiel, c’est tout. »

Aucune possibilité pour toi d’expliquer que finalement s’il avait beurré les couloirs comme des tartines ce n’était pas si grave parce que ça permet de superbes dérapages, le gars est occupé contrairement à toi.

« Vous avez le dossier par mail. Soyez attentif à la disparition de matériel, et faites remonter tout problème.
— Et… Je dois lui faire faire quoi ?
— Foutez-lui un balai dans les mains et faites-le suivre en mission ça devrait suffire. »

Tu lâches un « Euké » pas serein, ça raccroche, youpi.

Toujours pas plus d’info que ça. En ouvrant le mail ce n’est pas mieux, tu as juste ses renseignements personnels, des lettres avec aucun sens genre D4 et I1, qui sont au mieux le nom des cases de l’échiquier de ton ignorance. Ah si ! Sa tutelle a été retirée de Harold Andréatus peut-être à cause de son âge avancé, pour te la transférer. Harold Escargot Andréatus. Le fameux.

Tout le monde le déteste, mais toi, ça va parce que tu n’as jamais compris ce qu’il te racontait, préférant interpréter le fait qu’il voulait te jeter le classeur du trombinoscope par la tête comme une maladresse. Après tout, c’était ta tête qui était censée être dans le trombinoscope et pas l'inverse, on a tous droit à l’erreur, les concepts nouveaux ne sont pas toujours simples à assimiler, même si le mot « trombinoscope » guide bien. « Trombi » c’est bien pour « tronche » et « scop » pour « scoop » non ? Genre des tronches à retenir un peu, celle qui passe bien dans les unes.

Bref, il est rigolo. Enfin oui et non, deux trois broutilles ne t’ont pas trop plu avec lui, mais ça ne t’empêche pas de lui envoyer un mail pour éclaircir ta situation.

« Titre : Halp
Message :

Bonjour Monsieur,

En fait c’est super compliqué donc je vais reprendre depuis le début : bonjour Monsieur on m’a donné la tutelle de Mordred Arraw, je sais que vous n'êtes pas en état donc je vous dérange pas plus (désolé !), mais je voulais savoir quel type de tutorat il lui fallait, le travail que vous lui donniez ? Enfin des trucs du genre pour être sûr de l’encadré de façon adaptée ! Merciii !

PS : Bon rétablissement ! »

Tu joins à ton encouragement un GIF fancy de take care pour lui remonter la morale.

Sur un malentendu, le mage noir sera de bon renseignement pour que tu puisses prendre correctement tes responsabilités. C’est terrifiant. Tu n’étais psychologiquement pas prêt.e à ce que quelque chose d’aussi important te tombe dessus. Tu passes la journée à ne plus savoir où tu campes et à nettoyer n’importe comment l’école en oubliant la moitié des surfaces et à envoyer des messages de panic à tes amis qui ne peuvent pas y faire grand-chose. Harold te répond au soir, faisant de toi la première personne de l'école soulagée d'avoir un mail de lui.

« Titre : Re : Halp
Message :

Monsieur Villeneuve ;

Mordred Arraw n’a pas besoin de cours ou de rattrapage dans aucune matière. C’est un très bon élève. Il semble cependant dépourvu de sens du risque et de morale. Malgré les avertissements et les punitions, il a récidivé dans ses agissements. Je ne sais absolument pas quoi vous conseiller.

Bonne journée.

PS : Étonnamment je suis sûr que vous pouvez lui apporter du bon sens. Bon courage. »

Tu ne saisis pas du tout le sarcasme du post-scriptum et penses à un sincère compliment de la part du professeur. Mais tu es franchement inquiet. Dépourvu de sens du risque ? De MORALE ?

MAIS ?

Un GIF « I'm in danger » tourne en boucle dans ta tête avant que tu ne la secoue pour songer à autre chose. Après tout le mage noir avait souvent le sens du drame, son élève n’était peut-être pas si terrible que ça ?

Un long soupir t’échappe et tu te laisses tomber sur ton canapé. Ouin. Des responsabilités. Des trucs qui sonnent comme des machins graves et importants. Tu n’aimes pas ça, et le manifestes par une moue embêtée.

Et comment on fait passer une moue embêtée ? Par de la grosse résoit sa mère avec des potes de l’époque où tu étais élève.

Avantage : la plasticité mentale offerte par de l’alcool et un peu de beuh te permet d’envisager les choses sous un autre angle et de lever tes aprioris sur l’élève avec un peu plus de facilité.

Inconvénient : p’tite gueule de bois. Pas méchante, mais fatigante. Pour le jour du rendez-vous. Fuck.

Tu essaies de mettre le paquet pour avoir l’air réveillé : thé détox, fond de teint, fard à paupières rouge qui encadre ton regard, robe année 50 marqué à la taille par une ceinture, bottine a talon.

Mais tu as beau avoir un look de princesse tu as l’âme d’une truite aujourd’hui. Tu envoies quand même un message au jeune que tu dois gérer.

« Yoooo pour le rendez-vous 14 h c’est dans mon bureau au fait, c’est le 7e sur la droite dans le couloir du deuxième étage »
« Non en fait sur la gauche »
« Au pire y’a mon nom dessus, tu entres et tu t’installes ! J’amène la bouffe UwU »

Tu es un des rares fervents utilisateurs du « UwU » au premier degré, tu trouves ce smiley adorable, mais au lieu de s’attarder sur ce genre de détail tu ferais mieux de te concentrer sur ta course pour arrêter de te prendre le mobilier de l’école. Tu te téléportes plusieurs fois sans t’en rendre compte, ça te ralentit et ça te fait surtout atterrir dans le mauvais bureau à cause de la fatigue. Les yeux rivés sur le téléphone, tu penses d’abord en les relevant que quelqu’un a eu l’audace de ranger ton bazar.

Puis tu captes que les affaires dans les tiroirs ne sont pas les tiennes. L’hypothèse d’être apparu dans des couloirs similaires à ton chemin initial et de t’être trompé d’étage-côté-porte te semble envisageable. Effectivement le nom à l’entrée ne te correspond pas. Oupsie daisy.

Cas d’urgence, tu enfile tes écouteurs et lance Maniac pour te donner de la force.

Demi-tours, droite, tu traces à travers les allées pour lutter contre la montre, regrettant amèrement les bottines. Prenant en compte le fait que ce matin tu ne travaillais pas et que tu connais ta tendance au retard tu aurais pu partir tôt, mais que serait la vie sans un léger goût du risque. Tu débarques à toute vitesse dans le bureau et restes essoufflé dans l’encadrement de la porte. Ton pauvre corps malmené par du breakdance la veille n’est pas en mesure d’accepter un traitement aussi sauvage en ce début d’après-midi.

Cette fois-ci tu reconnais ton office. Des piles de dossier partout, des punaises avec du fil qui relie des points tant sur un panneau de liège, que sur l’armoire ou le sol.
Pour organiser tes idées ? Oui et non. À la base tu as tenté une anamorphose puis tu y as trouvé une bonne manière de structurer tes pensées. Bref c’est un peu le bordel. Mais au milieu, une nouvelle tête, le jeune dont tu as la charge. Ooh il est super cute avec ses yeux tout bleus et ses cheveux longs !

« Helloooooo ! Moi c’est Alphonse De Villeneuve, comme tu as dû le voir dans la note je suis taon nouveau tuteurice éwi. »

Que c’est dur de paraître fraîche en cette rude journée. Cependant la nouveauté qui se présente t’a fourni un regain d’énergie supplémentaire appréciable. Tu t’installes à ton bureau et ouvres ton sac pour sortir des paquets de gâteau, un thermos de thé, des tasses et tout. Le thé c’est aussi parce que là, tu as plus que besoin de t’hydrater pour survivre.

« J’ai pris du thé, mais je ne sais pas si tu bois autre chose, au pire ils doivent bien avoir des trucs en salle de pause. Bref, sers-toi. »

Tu clignes des yeux en le regardant ne sachant pas quoi dire. Habituellement tu sais toujours quoi dire, mais là, tu es éclaté et la situation te dépasse doooonc….
Tu. es. Perdu.  Mais puisqu’il a ton nom et que tu es même passé par Andréatus second pour avoir son CV, tu skip la cinématique. Enfin les présentations quoi.

« Qu’on soit claire, je ne comprends pas du tout ce qu’il se passe dooonc. Beh. On va improviser. On m’a dit de te mettre un balai dans les pattes pour que tu fasses des TIG, mais me suis dit que c’était pas tip top la compote si le but c’était de t’aider à avoir un meilleur comportement, et cetera, et cetera. Tu envisages les choses comment toi ? »

Est-ce que tu es allégrement en train de lui refiler le bébé, sachant que le bébé en question, c’est lui ?

Oui.

So smart.

Ça aurait pu en tout cas si tu n’avais pas oublié d’enlever tes écouteurs et que tu marqué toujours le rythme de ta musique d’un mouvement de tête.

It’s a push-shove world, but there’s always a chance, If the hunger stays the night.

Beh c’est très joli, mais qu’est qui dit ?

OH PURÉE.

Tu arraches tes écouteurs à la hâte pour entendre ce qu’il raconte puis poses ta tête dans ta main accoudée au bureau d’un air innocent. Nonnonnon, tu es parfaitement professionnel, oublié d’enlever tes écouteurs, toi ?! Pffff…

Oui. Évidemment que oui.

La musique continue dans ta tête et vaguement des sorties son désormais cachées dans ta poche et tu tapes du pied en rythme.

Stap losing yourself to the music, even if you're a maniac on the floor

Concentration à fond, stylo, feuille, et on écrit. Alors alors… Il te manque la première question, mais à la seconde tu as un millier d’interrogations à surenchérir. Une petite voix te dit que ce n’est pas à l’élève de te répondre, mais… pensez-vous ! Les employés des classes d’aides ont une langue de plomb et Harold Andréatus est Harold Andréatus. Alors non, tu n’as pas toutes les clefs en main et il ne pourra sans doute pas te les fournir. Tant pis, tant pis. Voyons la vie comme une devinette dont il faut chercher la solution. Si on retournait immédiatement le petit papier dans les papillotes de Noël pour avoir la réponse sans réfléchir, le concept serait moins sympa.

Bon.

Tu fais donc le choix de visualiser ce dossier comme une papillote de Noël.

Une bonne chose cependant, le jeune est loiiin du portrait diabolique qu’on t’en a fait. Poli, courtois, volontaire. Il a l’air même plutôt enthousiaste à l’idée de personnaliser ses TIG. Parce que, qu’on soit clair, ça te fait plaisir d’avoir de la compagnie et de la main-d’œuvre supplémentaire quelques temps. Mais l’intérêt des TIG, s’il a fait une bourde et tu ignores laquelle, c’est un peu de l’aider à ne pas recommencer non ? Tu n’as jamais compris les mesures punitives. Chaque fois que tu t’es pris une sanction pour n’en avoir fait qu’à ta tête, ça n’a jamais fait ne serait-ce que vaciller ta vision très libre des choses.

En même temps à vrai dire tu n’as jamais rien fait de « grave » alors effectivement, pour les soucis de la nature de ceux que tu causes, la discussion est souvent suffisante.

Peut-être pas pour Mordred d’après les classes d’aide ? Pourtant, « C’est un travail à faire, plus important que de nettoyer des vitres », il est définitivement sur ta longueur d’onde ! Merveilleux ! Bon tu n’es toujours pas très serein à l’idée qu’on t’aie mis la responsabilité d’un autre humain entre les pattes, mais finalement cela pourrait être amusant et instructif.

Il espère que vous vous entendrez bien et fera de son mieux. IL. EST. ADORABLE. Quel petit ange !

Tu relèves les yeux de ta feuille puis réponds sans trier l’information, un smile plus grand que toi dessiné sur le visage. D’ailleurs, tu le pointes du stylo en marquant le rythme de la phrase.

« C’est-exac-te-ment-l’idée ! »

Bien, maintenant : réalise que sans précision il ne peut pas savoir de quoi tu parles.

« Que c’est plus important que de nettoyer les vitres. Même si c’est satisfaisant des vitres propres. Atta je recommence j’ai noté trop de truck. »

Tu penches la tête de côté pour tâcher de saisir les précieuses données dont recèle ta feuille, plisses les yeux. Ouaiii mais non. Quand t’es aussi crevé essaie pas de prendre de notes, la seule information qu’on peut en ressortir c’est que tu as rédigé c’est que tu as eu le temps de faire une fleur au-dessus d’un i.

Fait donc travailler un peu cette jolie mémoire qu’est la tienne.

« Alors alors, en fait ce que je n’ai pas saisi, c’est des éléments un peu flous des bribes de dossier que j’ai reçu, et ce qu’on attendait de moi exactement. MAIS. Puisqu’on a l’air de se comprendre, on va construire un truc trop chouettos. Bon, je ne sais pas encore sous quel angle aborder les choses, parce que je ne te connais pas, donc, beh je ne sais pas ce qui te convient. Alors n’hésite pas à me le dire si tu penses qu’il y a des pistes qui pourraient t’aider à t’épanouir ! Dans ce que je peux te proposer déjà, mes tâches ne sont pas uniquement ménagères. »

Bon, maintenant il s’agit de faire une liste mentale de ce que tu peux lui apprendre ou lui faire faire.

« La moitié du temps, je fais aussi de l’animation. Beaucoup l’été ! Tu es là depuis quelques années, tu as dû voir les activités possibles. Donc si tu veux participer à des animations, organiser des débats, ou je ne sais quoi, on peut s’y pencher pour y réfléchir. Enfin je crois qu’il faut que je demande si j’ai le droit. Pas de réfléchir, ça, c’est ok, mais le reste. Mais si ça te tente, je communiquerais l’info ! »

Ensuite… Tu es certain que tu peux lui transmettre plein de choses utiles il suffit… de les connaître. Tu reprends dans un murmure en fixant le bureau de tes yeux fatigués, perdus dans tes pensées. Tu ne t’en rends pas compte parce que tu phases, mais tu commences à "clignoter" sur place pendant quelques secondes, ton image apparaissant et disparaissant à plusieurs reprises avec un léger décalage. Ça hache ta phrase.

« Hmm. Sin- des br-coles sur les ench-ments, mais ça pourrait-ait faire l’obj-de machins… »

Il est mage noir, tenter des enchantements pourrait être sympa. Tu pourrais lui faire des cours particuliers sur les reliques et objets magiques, mais un peu flemme : ta famille t’a trop bassiné avec ça. L’enchantement t’amuse, mais pas trop les trucs super sérieux et historiques autour. Et puis encore des autorisations. Toute manière tu feras un programme listé de ce que tu comptes lui faire faire et tu le feras valider.

Après quelles autres activités… Oh ! La danse et le chant ça aide à s’exprimer non ? Puis vous pourriez faire des duos ?! Ton sourire s’élargit.

« Ou t’apprendre le swing, le hip-hop, le jive, le rock ! Oh attend, est-ce que tu sais chanter ? Dis oui s’il te plaît ! »

Eeeet c’est repartie. Ton attention sur l’aspect important et sérieux des choses connaît, à l’instant, un dramatique tournant vers les limbes de l’oubli. Il faut constamment te recadrer. Autrement dans les cinq prochaines minutes tu seras probablement en train de lui montrer ta collection de cartes Pokémon sous prétexte que tu viens de rencontrer quelqu’un de sympa.

À l’exception que tu as sa garde.

Subtil détail qu’il faudra que tu marques sur ta main pour ne pas oublier que tu n’es pas là pour jouer aux cartes avec lui. Même si tu aimerais bien, ça t’est plus familier que de… jouer les responsables ?

Mordred rit à ta question et ça te fait sourire

Ça l’a surpris ? Les gens s’y attendent rarement et pourtant tu ne comprends toujours pas pourquoi les aborder en leur demandant « TU AIMES CHANTER ? » serait supposément plus étrange que directement lancer un « Ça va ? » qui en soit est une question beaucoup plus personnelle. En tout cas tu te dis que cela traduit peut-être d’une forme inédite de diplomatie plus que d’un oubli notoire des règles de politesse. Les nouvelles tombe lorsqu'il reprend.

Il ne chante pas. Holy music stop.

Et les duos de chant en faisant des dérapages sur la scène de théâtre ? Et le concerto en B mineur de Beyoncé fin de journée ?

Mais il n’est pas contre apprendre la danse. HA-HA !

Ton expression passe du même de Sad Pepe the Frog à un sourire si rayonnant qu’il est probablement plus chargé en UV que le soleil lui-même. Qu’il soit débutant n’est pas un problème, tu adoooore faire découvrir la danse aux autres et c’est un des domaines où tu arrives à prendre le temps de tout expliquer tant ça te passionne.

Oh tu n’irais pas jusqu’à dire que tu as un intérêt spécifique sur ces activités. Plus que tu as un immense intérêt (spécifique) intense et intarissable sur la danse et le chant. Un II(s)IIDC. Oui, parce que si tu avais un respect pour la nomenclature des termes techniques tout le monde le saurait depuis longtemps.

Le problème c’est que cette perspective d’apprentissage t’a donné un PIC d’énergie brutale et indomptable, qui implique que ton cerveau tourne en boucle là-dessus. La gueule de bois est soudain beaucoup plus secondaire, mais ta concentration n’en est pas du tout facilitée pour autant et tu joues un peu avec tout ce qui passe sur ton bureau pour t’occuper les mains.

Il apprécie ta vision des choses ? Trop chouette c’est super gentil à lui ! Il commence à comprendre pourquoi on t’a confié son dossier ? C’est drôle parce que toi tu sais, mais alors, vraiment pas du tout pourquoi. Mais bonne nouvelle s’il a des réponses ça veut dire qu’il y avait des raisons. Peut-être.

La conversation se recentre sur le cœur des TIG et notamment sur une "des bricoles" qu'il n'aurait pas compris. Bricoles ? Brique ? Colle ? Bricoler ? Travaux ? BTP ? Attends, mais tu n’as pas parlé de… reviens un instant sur tes pas s’il te plaît… Voilà remémore toi ce que tu as dit, c’est bien tu y es presque, les ench-… Hmm non tu l’as perdu. Ça ne te dit rien, tu as complètement oublié ce que tu aurais pu dire sur le BTP à force de bloquer sur la danse. Tes schémas de pensée vont malheureusement trop vite pour ton propre bien être.

La suite par contre… Tu inverses ce que tu penses et ce que tu rédiges à cause de ton état actuel, tu marques donc « Trop de questions » sur ta feuille tandis que tu les notes dans ta tête. Ce n’est pas très efficace. Heureusement elles semblent mener au même point de - faire un discours complet sur l’animation ça fera genre que t’as tout retenu -. La dernière te faire plire. Pleurer intérieurement et rire extérieurement. Du tutorat ?

« Absoluuuuument jamaiiiiiis ~ »

Tu as pris un ton de voix mélodieux et fredonnant pour mieux faire passer la pilule, mais si vous étiez dans un Disney ta chanson s’intitulerait probablement « Je n’ai absolument aucune idée de ce que je suis en train de faire ~ ». Heureusement ça ne t'inquiète pas tant puisque tu as décidé de que la vie était une immense fonction aléatoire. Par conséquent, tant que ça passe c’est ok. Et là tu as l’impression que c’est tranquille, le seul problème c’est que tu ne réalises pas que chantonner à quel point tu es inexpérimenté devant un élève que Harold Andréatus HIMSELF qualifie d’immoral n’est peut-être pas une si brillante idée que ça en a l’air.

« Mais c’est pas grave. AH ! Et je serais ravi de t’apprendre à danser, honnêtement ça serait un pur bonheur, j’adooore enseigner ce genre de chose, mais je vais très très très vite et très très très subtilement changer de sujet parce que, in fact, je vais pas pouvoir me concentrer sur le reste si on en parle maintenant. Mais après. Sans faute. »

Travail, travail, travail. Allez. Tu t’y mets.

«  Alooooooors. L'animation peut être un exercice intéressant si ce que tu veux développer c'est ta propre méthodologie, ta créativité, le contact avec les autres. Enfin je crois ?  Bref, vis-à-vis de ce que tu me demander, comment organiser des animations, l’idée c’est de vivre dans un brainstorming constant. »

En fait, c’est l’idée pour toi. Et la raison pour laquelle ton bureau ressemble à ça, avec des concepts notés sur les meubles, murs, reliés par des fils. Pas que des pistes d’animation d’ailleurs.

« Enfin, pas forcément, mais c’est toujours cool de noter ses idées dès qu’elles… » Tu fais un geste d’ouverture de mains comme pour projeter quelque chose « Plaf ? Pop ? Enfin dès qu’elles quelque chose quoi. Ensuite pour la réalisation ça dépend de l’idée en question. Les méthodes de conduite de projet peuvent être utiles. Genre comme EOAPI, c’est pas celle qui s’applique le mieux au métier, mais c’est la seule que j’ai en exemple parce que ça ressemble à Okapi. Ennuyeux Ordre d’Action Précipité et… »

Tu vérifies dans ton classeur « Truc d’organisation » parce que tu n’utilises jamais de méthode.

« Enjeux Objectifs Acteur Planning Indicateur, c’est ce que je disais. »

Sans être influencé par ta vision des méthodes stricte et cadré, évidemment.

« Honnêtement, je vais pas pouvoir t'éclairer beaucoup plus sur ce type de méthode. Je trouve qu'en gros l’important c’est juste de savoir identifier les tenant et aboutissant de l’action que tu veux mettre en œuvre, le public visé, la période et les moyens à disposition pour la communication de l’animation et sa réalisation. Puis avec ça tu bricoles.»

Tu hausse les épaules avec un sourire simple. Si ces méthodes en aident d'autres... Toi, yolo un peu. Mais tu ne vas pas lui dire que des fois tu improvise, personne n'est censé savoir sinon personne n'aurait la surprise. Puis tu veux essayer d'être mégasuperpro au moins a ce premier rendez-vous.

«C’est assez intuitif dans la manière dont s’imbriquent les choses tant que tu mets le cadre qui te convient pour ce que tu réalises. Des fois par exemple j’écris des scénarios de ce qu’il peut se passer pour pouvoir imaginer les possibilités et rebondir là-dessus. On va rester sur l’exemple d’un débat, c’est un des trucs les plus simples vues que l’aspect matériel et sécurité n'est pas très poussé contrairement à une sortie kayak par exemple. Enfin, la sécurité n’est pas à négliger suivant les personnes qui débattent. Bref. Tu as la thématique marquée sur ta main, à partir de là tu trouves la date, le lieu et la façon de la communiquer, comme l’annoncer au mégaphone. »

Naaan, ne lui vend pas ton animator dream alors que tu n’as pas encore réussi à filouter pour y parvenir. L'espace de quelques secondes, ta moue se fait déçue.

« J’ai toujours rêvé de pouvoir parler dans le micro du bureau des surveillants, mais Jean-Sébastiens est pas d’accord. Du coup on va partir sur un format d’inscription en ligne sur l’exemple, pour avoir le nombre de participants pour la logistique. Ensuite tu mijotes un scénario où tu peux “prédéfinir” tes dialogues d’introductions, les idées qui risque de ressortir, du contenue à fournir au fur et à mesure du débat pour relancer la discussion avec de l’information...»

Tu mime une sorte de et cætera avec tes mains, emporter par ton discours. L'esprit de synthèse n'as jamais été une de tes grandes qualités et tu es parti pour parler.

« Comme ça tu as une idée de comment déroulé les choses et le jour même tu as juste à tout installé de façon à ce que ce soit convivial, accueillir les gens et appliqué ce que tu as réfléchi précédemment. Puis point bonus, en travaillant par “scénario”, en plus de te préparer à des éventualités diverses, tu peux aussi ajouter des moments de suspens et des cliffhanger et ça c’est super cool. »

Est-ce que tu as dérivé sur les soirées « conte », ou est-ce que tu as déjà fait des cliffhanger en fin de débat ?

Vous le saurez au prochain épisode.

Tu relèves les yeux vers lui après avoir parlé… beaucoup trop longtemps. Et très vite.

« Je parle, je parle, mais ça sera peut-être plus rapide de te demander directement ; Toi, tu penses que tu dois travailler sur quoi ? Trouver ce qui te convient sera peut être plus simple en partant de là ! »

Hey you, tu serais pas un peu en train de te laisser dépasser ? Hmm. Si, ça a l’air en tout cas à vue ta tête de sceptique qui comprend pas. Bah quoi ? Elle avait quoi ta formulation ? Tu ne vois pas comment dire les choses autrement. "Il pense qu’il doit travailler sur quoi ?", "Sur travailler pense doit il quoi ?", non vraiment ça ne marcherait pas.

Haaaaaa ! L’impératif. C’est ça le problème ? C’est vrai que cela implique de « devoir », mais en même temps il  doit  faire ses TIG pour des raisons sur lesquelles il "doit" travailler non ? Mais du coup ça serait… "Qu’est-ce qu’il pense devoir travailler, pour qu’il puisse le faire au travers d’activités adaptées dans ces TIG ?"

Ah non encore le verbe "devoir" sur lequel il t’a repris.

Ton cerveau est cas-sé en deux. Tu saisis une tasse de thé pour te changer les idées. Ça te permettra de réhydrater ton cerveau après les larmes d’incompréhension qu’il vient de perdre. Elles sont certes métaphoriques, mais leur réhydratation aussi donc... ça fait sens ? Non vraiment tu es éclaté, ça ne va plus du tout.

Lui en revanche a la giga forme de l’extrême pour ce qui est des questions. Il est intéressé par les cliffhanger ? HA ! Dire que peu étaient convaincus par tes méthodes, iels seraient étonnés aujourd’hui !

« HA ! Pour une fois qu’on me demande ! C’est effectivement une manière de capter l’attention pour recentrer les participants, ça ne perturbe pas le débat. Comme les moments de silence dans une présentation pour resaisir l’auditoire, en créant l’attente, où en surprenant. Ça peut passer par un ajout de la tension dramatique sur la confrontation des arguments ou sur le sujet du débat. Où en finissant pas sa phrase comme ça tout le monde attend la suite. »

C’est diablement efficace. Ou suffisamment à l’ouest pour qu’effectivement tout le monde se tourne vers toi quand tu fais ça. Tu reprends encore du thé.

« Le renouvellement du débat vient juste après. Enfin dans la version actuelle ! J’aimerais bien mettre en place une sorte de fil conducteur scénarisé qui est suivi en parallèle des sessions des groupes de débats. Il y a la discutions, etc et hophophop au fur et à mesure on donne des infos sur l’histoire et l’univers qui serait mis en place et qui évoluerait selon les thém-tiques des d-b-ts. »

Ça recommence. Tu clignotes à deux reprises, mais cette fois tu réapparais dans l’angle de la pièce, en position assise comme précédemment. Tu te ramasses en arrière, et finis le dos contre le mur et le pied contre le meuble d'en face dans une tentative désespérée de te rattraper. Quand tu essayes de remonter, tu glisses. Bon tant pis t’as qu’à rester coincé comme ça.

« Et comme ça les cliffhanger pourrait être utilisé de la même façon que par les séries, p-r m-tenir… l’audimat d’une séance à l’autre. »

Tu réfléchis en essayant de te redresser et tes yeux s’écarquillent.

« Attends, mais c’est le concept des jdr de table en fait ? »

Nooon ton idée révolutionnaire tombe à l’eau. Puis renais. Pourquoi tu n’as pas encore fait de jeu de rôles ? C’est tout de même scandaleux.

« Pour l'accueil de l'idée... Les gens rient en principe, j’imagine que ça veut dire que c’est bien accueilli. Ha ! Sauf quand je finis pas les phrases, ils font des têtes un peu bizarres, j’ai jamais compris. Peut-être qu’ils avaient faim. »

En fait, ils avaient probablement envie de te menacer avec leurs notes pour que tu arrêtes de ne pas finir tes phrases. C’est insupportable.

Au fait ! Tu tombes.

ET EN FAIT NON ! Plot twist, tu es réapparu… Où ? BAM. Tu te prends une commode de papier et les tiroirs te font la gueule. Tu leur rends la même moue à ces sauvages, tandis que tu titube, désorienté.

« Oupsie. Heu où est mon- » Tu balaies la pièce du regard le temps que ta localisation te revienne. Ta main semble compter les objets d’un mouvement répétitif de l’index, mais tu veux juste repérer ta place initiale « Ah, ça y est. »

Non sans galère pour ne pas trop écraser ton bordel, tu atteins à nouveau ton bureau. Bravo toi. Cette journée va encore être une sacrée course d’orientation, c’est juste embêtant que ça arrive pendant l’entretien. Tu passes ta main sur ton front comme si ça pouvait t’aider à rafraîchir ta tête en surchauffe. La question importante.

« Merde c’était quoi. Le truc… Si… là tu sais, si tu pensais devoir… Non pouvoir. Oui voilà ! Ce que tu penses bon d’améliorer, enfin que tu aimerais travailler de personnel quoi, qui pourrait se traduire en TIG. Wow attends, j’ai réussi c’est ouf ! » Tu claque dans tes mains pour ponctué l'effusion de joie « J’adore. Bref, c'était pour te confirmer que tu peux me transmettre ta réponse plus tard, prend le temps qu'il te faut pour y réfléchir.»

Ton visage s’éclaire d’un sourire sincère. Tu as réussie. Par-fait ! C’est important de se féliciter quand on arrive à surmonter des petites épreuves du quotidien, ça aide à rester positif. Même la gueule de bois n’aura pas raison de ton professionnalisme à toute épreuve ! Après tout, s’il n’existe pas, rien ne peut l’entraver. Hé ouais. Belle philosophie non ?

Mordred semble rencontrer quelques difficultés pour revenir au bureau à cause de ton bordel ambiant. Oups. C’est vrai que tu sais (vaguement) quelles affaires sont où, ce qui aide à se débrouiller pour se déplacer sans trop virer de chose. Même si des fois tu joues un peu au twist pour survivre. Maintenant qu’il y a les fils rouges, ça te donne un petit côté agent secret. Parodique, vu que tu te ramasses souvent.

Lorsqu’il s’installe, il revient sur la transmission de cette réponse qui vous permettra de constituer son programme. Oh. Heu. Bah. Tu veux une réponse, c’est tout. Faut pas se casser la tête il peut - ah non il peut pas tant que ça prendre son temps si tu dois transmettre des autorisations. Bah. Au pire, tu trouveras bien une solution.

Tu finis enfin par remarquer le fait que ses bras sont encombrés d'affaires lorsqu’il s’excuse du déplacement de celles-ci. Oh ce n’est pas grave, qu’elles soient à un endroit où un autre elles restent dans la même pièce donc… Attendez.

Ventre-Saint-Gris.

Tu vas potentiellement devoir partager ton bureau selon ses tâches et ses horaires. Donc, mettre à disposition cette denrée rare que certains nomment sobrement l’espace. Oui. Il va falloir ranger. That’s rude buddy. Encore du travail en plus. C’est pas ta période. Avec une moue contrainte, tu rajoutes cependant cette nécessité dans un coin de ta tête.

Le jeune (oui parce que Dieu sait que tu peux employer le terme de « jeune » a ton âge terriblement avancé) commence à trier tes affaires et tu penches la tête sur le côté. Sa manière de classer les choses est fascinante. Tu aurais fait par couleur plus que par catégorie, mais soit. Un des tas ne te dit rien. Celui des trucs oubliés et oubliables, les étrangetés que tu ne croises pas assez souvent. Une petite pièce oblongue que tu attrapes se révèle être une montre a gousset cheap peinte par tes potes de cursus qui on fait en sorte que l’ouverture dévoile le même Roll safe avec annoté "Pas besoin de remettre les pendules à l'heure si le temps est relatif", probablement en l'honneur de tes retards quotidiens. Oh. C’est donc la pile des raretés. Tu la reposes avec la mine satisfaite des bonnes surprises.

Rareté ou non, le sujet n’a rien à voir. Son interprétation de l’expression des personnes aux cliffhanger pourrait faire sens, mais c’est embêtant si tu as frustré autant de monde sans t’en rendre compte. Tu aimes bien son idée de phrases mystérieuses pour dissimuler des éléments importants. C’est sans aucun doute plus subtil que ta méthode actuelle.

« Ooooh, mais c’est so malin ! Je note, merci de l’idée ! Ça peut être une bonne alternative, je ne sais pas encore dans quel contexte je vais l’utiliser, maiiiiis ça va être chouette. »

Bon évidemment ça pourra être utilisé dans les chasses au trésor où ce genre de chose, mais trouver des circonstances inattendues pourrait ajouter du pep. En tout cas ce tutorat pourra, mine de rien, t’aider à renouveler tes idées et identifier des erreurs que tu peux faire notamment sur la dimension sociale qui t’échappe un peu quand tu t’emportes dans tes trucs.

« No soucis pour les objets. Je ne promets rien, mais j’essaierais de… potentiellement, envisager de réussir à éventuellement arranger l’organisation du bureau si jamais on a à le partager des fois. J’ai conscience que c’est un poilichon… chargé. »

Bordélique. Mais bel euphémisme.

« Pour transmettre ta réponse ; avec des mots de préférences pour que je comprenne facilement. Mais pas de soucis si tu souhaites faire preuve d’originalité ça peut se discuter. Après tu me contactes bien comme ça te chante, SMS, mail, présentiel, drap-message sur le bâtiment d’en face, carte de vœux musicale, tiktok de réponse, ça m’est égal, mais si je pouvais l’avoir dans la semaine ça serait plus simple. La réponse à la question et les tâches que tu associerais à ta/tes réponse.s. Comme ça j’ai assez vite la liste de ce que tu veux faire pour demander au responsable des classes d’aides si je peux te laisser réaliser telle ou telle activité ! »

Attends. C’est bien beau tout ça, mais ses TIG auront déjà débuté.

« Ah oui, du coup, du coup. Pour les jours qui suivent du coup : que du ménage. Je t’enverrais les emplois du temps par mail, ça varie des fois selon les horaires d’utilisations de certains bâtiments et les disponibilités des collègues. D’ailleurs demain on commence à 7 h au gymnase, c’est cool, tu verras y’a une bonne acoustique. Je te passerais le matériel sur place évidemment. »

Toi aussi rejoins le club des tabliers so swagger avec des grandes poches pour tes affaires et tout genre les clefs et une enceinte. Enfin dans tes poches à toi, les clefs, tu ne vas évidemment pas les lui confier pour plein de raison évidente dont quelques vagues avertissements dont tu entends encore (miracle) les échos. Ni lui confier l’enceinte, tu dois avant tout tester ses goûts musicaux.

« Tu as d’autres questions ? »

Normalement tu as été assez… exhausti.ve.f dirons-nous. Mais comme tu as tendance à divaguer et à souvent oublier l’essentiel, tu préfères lui laisser la haute mission s’en rappeler à ta place.

Il transmet sa réponse dans la soirée ? Eh beh, rapido (ouai, Razmo ?) le gazier. Au moins, ça te laisse plus de temps à toi pour la rédaction de l’argumentaire qui ira avec la requête, pour faire savoir à quel point ce jeune est porté de bonne volonté et comment des activités particulières pourraient contribuer à son épanouissement. La danse pourra l’aider à s’exprimer et à s’affirmer comme il a dit vouloir en faire ! Regardez, il en a besoin, il est tout hésitant, peuchère.

Pour te demander s’il pouvait t'aider à ranger ton bureau en plus ! Oh non tu as le cœur fendu tant il est choupi, il n’ose pas demander s’il peut te rendre service pour que vous puissiez travailler ensemble dans de bonnes conditions. C’est exemplaire de sa part de faire preuve d’un tel d’esprit d’équipe ! Il est tellement prévenant !

Bien sûr, il finit d’achever TOUT ce qui subsiste de méfiance en toi, c'est-à-dire absolument rien quand il affirme espérer que ce tutorat se passe mieux que le précédent. Avoir Harold pour tuteur ne devait pas être facile, même si toi tu t’en carre la réalité, il reste rude pour les autres. Et pour un élève aussi sensible qu’à l’air de l’être Mordred ? Ça ne devait pas être évident. Mais le précédent tutorat ne te concerne pas au-delà des indications de Harold pour la continuité de ce suivi, le reste tu n’as pas à le demander à moins que Mordred ne l’exprime. Mais c'est vrai que cette proposition ne serait peut-être pas passée avec ce bon vieil Harold. Tu entends d’ici sa douce voix aussi chantante qu’une usine de chaussette désaffectée fredonner « Vous feriez mieux d’apprendre à ranger votre égo Arraw avant de vouloir ranger chez les autres. Comment OoOOsez vous m’adresser la parOooOole de la sorte. ». Oui bon après ce n’est que ton interprétation du professeur de magie noire, basé sur les tacles qu’il avait tendance à mettre aux élèves et sur ta propre imagination.

Il se souci vraiment de ton bien être et de la confiance qu’on peut lui accorder de ce que tu écoutes et ça te conforte pour la suite. Tu n’auras qu’à faire de même et votre communication fluide et à but bienveillant devrait vous permettre de mener à bien ce tutorat. L’idée était probablement aussi compliquée pour toi que pour lui, mais avec cet entretien tu es maintenant convaincu que c’est une bonne chose.

« Noooo stress, tout va bien ce n’est pas malvenu de ta part et je n’ai absolument pas l’impression que tu abuses de ma confiance rassure toi ! Au contraire, c’est vraiment très aimable de ta part de me proposer de l’aide, c’est moi qui ne voudrais pas abuser en acceptant. Mais si vraiment ça ne te dérange pas, ça serait avec plaisir, et puis ne t’inquiète pas, c’est difficile de perturber mon organisation. »

Et bien, oui, parce que tu n’as quasiment pas de support pour t’appuyer sur le sujet. Enfin si. Mais trop varié et éparpillé pour être efficace. Tu pointes du menton le pire côté de la pièce d'un point de vue agencement. Tu n'as aucune notion de l'ergonomie et du rangement, ça c'est très claire.

« Il suffit d’éviter de bouger les fils. J’essaierais un nouveau schéma plus condensé dans un coin comme ça on aura plus de place. En plus ça fera peut-être une vraie anamorphose cette fois. Ouaip. Ça va être bien. Ça va être très bien même. »

Tu hoches la tête d’un air convaincu. De ce que tu n’as pas noté pour ton rendez-vous non organisé, il semblerait que tu aies fait le tour des grandes lignes. Lignes probablement circulaires puisqu’on en fait le tour ? Est-ce que ça a un peu la forme du circuit d’endurance du coup ? Siii avec les grandes lignes par terre pour les coureurs qui tournent là. Bref.

« Oui je réponds vite. Mais c’est plus efficace par message si as besoin d’une discussion plus complète pour ces questions. Ça rebondit mieux que les mails. »

Sous-entendu que le feedback est plus rapide avec l’écriture souvent plus concise, les envoie du tac au tac. C’est du ping-pong. Ça rebondit quoi.

« Cependant si tu n’as pas d’autres questions, je ne vais pas te retenir davantage, j’ai balayé -tu l’as ? - l’ensemble des sujets qu’on avait à voir. Comme on commence tôt demain pour ta reprise des TIG, je ne vais pas grignoter ton aprem’ non plus, allez, hophophop. Profite. Relax max. Have a good time. De toute façon je suis toujours disponible si tu as besoin d’information et on se voit demain ! »

Bah oui le pauvre quoi il est censé être en vacances et il va devoir travailler alors… même si c’est p’t’être mérité, tu ne sais pas, bah ça te rend triste pour lui. Donc s’il pouvait auuuu moins profiter de cette belle après-midi d’été pour chiller un max ça pourrait être chouette ! Ce qui explique pourquoi tu lui fait ce petit geste de mains de mono de colonie de vacance 6-9 ans pour dire "Oust la mangouste".
Attend, tu l'as pas dit, si ?

Mordred te salue poliment et semble rire de tes automatismes de langage rimé et allégé de sens. Tant mieux s’il en rigole vu le nombre de fois par jours ou tu risques de bavasser en rime par intérim, faute de calembour et d'humour… Au moins ça le mettra de bonne humeur !

Il a « hâte de voir comment tu travailles », héhé, il ne va pas être déçu. Enfin ça dépend de sa façon de percevoir les choses. Disons que ça devrait avec un peu de chance lui transférer ta petite vibe feelgoods ou des méthodes de travail inédites.

D’ailleurs, en parlant de travail, depuis combien de temps tu regardes le vide depuis qu’il est parti ? Ouep. Eh baaaah. C’est raide de faire des soirées la veille mon p’tit pote, tu viens en un instant d’écouler ton quart d’heure d’efficacité de la journée. Sur le reste de ton après-midi, tu décides de sélectionner les sujets les plus simples et agréables que tu as à traiter pour prendre soin de ton neurone actif.

Cette volonté soudaine d’amorcer des recherches sur les bouquins de jeux de rôle qui pourrait être sympa à faire jouer dans l’école revient à enrouler le dit neurone dans un plaid avec une boisson chaude. Félicitation, grâce à ce choix confortable il va survivre à cette journée. Le fameux thé détox n’y est pas pour rien ceci étant dit.

Bref tu as préparé ta petite sélection transmise à la bibliothécaire et tu penses commencer avec du Ryuutama pour pouvoir toucher le plus de public possible la première fois avec un JDR adapté aux débutants. Pour la suite tu aviseras.

Lorsque tu rentres le soir, tu t’échoues dignement sur ton canapé pendant que ta volonté d’en bouger, elle, plonge directement dans les limbes. Malheureusement du malheur, le téléphone vibre. Il est sur ta table basse, à deux allonge deux bras, allez, on croit tous en toi Alphonse.

Bon, après avoir fait ce truc galère qui consiste à avancer sur tes mains sur le tapis, les jambes toujours sur la banquette, pour choper le tel et revenir aussi laborieusement, tu constates que le message vient de Mordred. Vindiou, c’est vrai que tu as dit que tu serais dispo pour ses questions.

Alors alors…

Eh bien ça c’est un SMS concis et efficace. Tu as tous les domaines qu’il souhaite étudier : l’animation pour l’aspect social et la danse pour l’aspect fancy as fuck. Supposément.


Tu lui réponds à l’affirmative pour chaque idée avancée, enthousiaste à l’idée de l’accompagner sur ces différentes activités. Surtout la dernière, bien que ce ne soit pas du tout l’essentiel.


Bonsoir Mordred ! Je note, je note ! Le ménage je ne pourrais pas t’y faire échapper de toute manière. Pour les animations de groupes, je resterais générale pour que tu ne sois pas cantonné au débat si d’autres opportunités s’affichent (comme les soirées discussions où chacun présente une œuvre qu’il a appréciée pour découvrir de nouvelles choses ! Notamment des films, des livres… Ah et les jeux de rôle dont je parlais par exemple ! Je vais essayer de faire ça vite haha, tu pourras participer.)   Trop trop trop trop trop trop méga hâte de l’infinie de t’apprendre à danser !!!


Malgré la nature exhaustive du premier message, tu trouves le moyen d’en transmettre un deuxième à propos du mail aux classes d’aide que tu commences à rédiger dans ta tête. Puis un troisième pour conforter le deuxième. Et un quatrième pour le fun. Non en faite surtout parce que tu as vu qu’il signait les SMS, donc dans le doute… Bon.

Croise les doigts pour que la demande passe !  

Mais ça devrait aller j’argumente bien UwU

Ah et du coup Alphonse

La réponse ne se fait pas attendre.

Pas trop général. Préfère savoir quoi faire quand comment. Précision le moment venu svp. Donc en avance.

Oh. Heu. Pas trop générale la demande ? Mais tu ne sais pas encore quoi préciser donc c’est compliqué… Où il a mal compris ?

Je voulais dire, dans la demande aux classes d’aides pour pas te fermer de porte. Bien sûr qu’on préparera ça bien, je vais pas te lâcher dans la nature faire des débats surprise t’inquiète ! L’idée est pas mauvaise cependant !

Tu pourrais débarquer au milieu de groupe et lancer des quizz surprise et des questions existentielles aléatoires par exemple. Ça serait à la fois instructif et inattendu, c’est une nouvelle façon d’amorcer les réflexions.

Tu te permets néanmoins une précision pour ne pas alimenter les quiproquos.

De débat surprise, pas de te lâcher dans la nature :'-)


ha

Haha

Ok

Euuuké. Outre le fait qu’en face tu as du mal à comprendre ce qu’on te dit et que tu piges encore moins à l’écrit… alors là wow. Il est surpris ? Vexé ? Il rit ? Qu’est-ce -que-quoi ? Tu es censé répondre quoi ? Y’A MÊME PAS DE SMILEY.

Hmm. C’est peut-être un code.

C’est probablement un code même. Court-long-court. Du morse. R ? Comme l’expression ?

._. ? R quoi ?


Quelle enquête.

.--. .- ... / -.-. --- -- .--. .-. .. ...

Tu fixes ton portable d’un air dévasté. Quelle grave, très grave erreur de lae joureuse Villeneuve. Tu es tellement fatigué d’avance d’aller traduire du morse que tu réponds aussi spontanément qu’à l’oral.

Oh non

Tu ne saisis rien de ce qu’il se passe, tu es perdu, et ta seule clef est un « pas compris » en morse. Tu prends donc le temps de traduire « moi non plus » pour finir de rendre cet échange moins productif.

−− −−− ··  −· −−− −·  ·−−· ·−·· ··− ···

Désolé, occupé. Bonne soirée.

Bon… Heu. Tu regardes ton téléphone d’un air un brin paumé. Beh c’est heu, c’est prompt. Concis. Et heu, il perd pas de temps au moins haha.

C’est même un peu sec à vrai dire ? Tu as peur de l’avoir embêté, mais tu ne sais pas trop puisque tu ne comprends plus rien de ce que vous vous dites depuis son deuxième SMS. Bon, bon, bon. Eh bah… Tu lui envoies un pouce en l’air pour être sûr de pas faire de bourde et de pas le déranger, puis tu poses ton tel aussi délicatement qu’une mine, comme si un mouvement brusque risquait de faire apparaître un message d’erreur en morse.

Tu t’étires longuement et parviens à rassembler tes forces pour te lever et franchement, bravo toi. Tu files devant ton pc et commence à rédiger le mail à transmettre aux classes d’aides. Avec la fatigue ton argumentaire est sans doute un peu bancal, mais tu as tout donné.


Bonsoir,

Je vous contacte vis-à-vis du tutorat de Mordred Arraw. Suite à un entretien préalable à l’organisation de ses TIG, nous avons discuté ensemble de la possibilité de varier les travaux en question afin de rendre l’exercice plus instructif.

En effet je pense qu’une punition classique n’aurait que peu d’intérêt et n’encouragerait pas Mordred à travailler sur les points qu’il souhaite améliorer.

Je soutiens qu’ajouter des heures d’animation à ses TIG permettrait de l’épauler dans sa volonté d’intégration. La dimension sociale et organisationnelle utile au bon déroulement des activités de groupe pourrait lui offrir une bonne expérience relative au lien social, à l'échange, et à la rencontre de ses camarades autour d’intérêts communs. Bien entendu, l'animation choisie sera supervisée par mes soins.

L’intégration de quelques heures de danse au planning est à réfléchir aussi. Si vous l’autorisez, je pense que cette activité pourrait permettre à Mordred de s’affirmer et de s’exprimer par le biais d’un nouveau vecteur créatif.

Enfin, pour le reste des horaires, elles seront assurées en ménage, comme convenu.

Bisous ^-^

Le bisou c’est quand même pour rajouter de la bonne humeur dans le mail sinon ça craindrait un max.
Tu reçois une réponse le soir même, étrangement. Et quelle réponse ! Déjà les cours de danse sont acceptés. On ne va pas se mentir, la formulation laisse supposer qu’iels trouvent ça un peu chelou maiiis. Ça paaasse. Pour les animations, c’est validé aussi, mais…

Damn ça en fait des instructions. Mordred Arraw ne doit jamais être laissé seul, toujours sous surveillance d’une manière ou d’une autre que ce soit pendant la préparation ou l’utilisation du matériel et d’autant plus dans les périodes d’intervention auprès des groupes. Tout le matériel doit être récupéré après utilisation.

Le fossé entre l’image que les classes d’aides et Harold te dépeignent de Mordred et ce que tu en as vu est vraiment étrange, mais tu ne t’en formalises pas. Tu préfères définitivement esquisser ta propre image de lui sans préjugé qui pourrait biaiser ton point de vue avant même les TIG.

En revanche… Aïe. C’est stressant un peu. Tu n’es pas sûr de te souvenir de tout, mais tu as l’intime conviction au regard de l’insistance des classes d’aides sur le matériel, que s’il manque quelque chose, ça te retombera dessus. Parce que tu es responsable.

Aaah… Tu n’as jamais été capable de garder un catalyseur une semaine sans le perdre, pourquoi iels t’ont confié un cas aussi complexe ? Tes propres oublies risquent de fausser la surveillance… et puis tu sais pas trop faire, surtout sans comprendre le problème.

Tu soupires. Bon. De toute façon, tu veux faire en sorte que ses TIG soient adaptés alors tu vas faire des efforts. Tu vas faire une liste. Et accessoirement, essayer d’être très vigilant, pour votre bien à tous les deux et aux personnes concernées par les travaux de groupe.

Ça va le faire. Il n’y a aucune raison, aux vues de l’entretien, que ces TIG se passent mal. Tu ne peux pas en être certain à 100 % effectivement… mais l’incertitude est aussi le goût des nouvelles choses alors… Tu n’as pas de soucis à te faire.