T’es rincé.e. T’as passé la nuit à peindre un truc hyper cheum et à t’enquiller des boissons énergisantes, et ça t’a tenu réveillé jusqu’à au moins midi. Résultat, tu dors alors qu’il fait jour, même si même lui décline, et tu as complètement perdu la notion du temps. Il y a quelque chose qui te réveille, un [THUMP] assez brusque, suivi de rien, alors tu prends ton temps pour émerger. T’as un mal de crâne de grands morts qui n’ont pas été assez hydratés par tes soins, et un mélange de soif/faim/j’ai-de-la-peinture-dans-la-bouche-berk pas hyper plaisant à vivre. Ok, il y avait peut-être, peut-être, éventuellement, éventuellement, possi—yeah, you got the gist— de l’alcool fort dans ta boisson énergisante. Ou, PEUT-ÊTRE, mais encore une fois on modalise pour l’effet hein, qu’il y avait un peu de boisson énergisante dans ton alcool. Eh, who’s to say ?

Tu mets vingt minutes à te redresser précairement, et c’est plus ou moins le temps qu’il te faut pour comprendre que tu as trempé tes fringues de sueur en dormant dedans sous tes deux couettes. Putain et ya de la peinture dans tes draps maintenant. Eeeeet sur le sol visiblement. Oops. Tu te fous en caleçon, histoire de te débarrasser de la pellicule d’humidité désagréable et malodorante sur ta peau. Tu pues l’alcool et la transpi. Tu pues la fièvre, sauf que t’as pas la fièvre, t’as juste décidé d’être con. A-fucking-gain.

Tout ton matos pour te doucher est déjà dans la salle de bain, et comme l’autre connasse a disparu de la circulation, tu peux te permettre de faire un détour par la case frigo. Il reste peut-être du curry de l’autre jour. Celui qui était trop épicé et t’as fait te moucher à chaque bouchée, exactement comme tu l’aimes. Eh. Non, ça aussi, tu l’as englouti cette nuit. Un reste de wrap ? some fucking carbs ? please ? Le seul truc sur lequel tu mets la main a déjà commencé à apprendre à compter, au vu de l’état de vie avancé dans lequel il… j’ai pas d’adjectif, juste dites vous berk, voilà. Tu le fourres à nouveau dans le frigo en espérant que quelqu’un qui n’est pas toi le mettra à la poubelle, puis nettoiera de bonne grâce. On sait jamais. Tu peux aussi le déposer devant la porte de Muse sinon. Yep yep yep. C’est la solution la plus mature pour régler ce problème.

Toute notion de douche est officiellement oubliée, et tu fermes la porte du frigo d’un coup de hanche qui manque de te faire te ramasser la tête dans le plat. Eeew. Tu poses le tupperware dépareillé sur la table basse en essayant de pas réveiller l’inconnu.e qui dort sur le canapé comme um gros.se schlag.

Wait.

Rewind.

Qu’est-ce qu’iel fout sur ton canapé ? C’est qui ? tu recules discrètement, retournes dans ta chambre, vérifies qu’il s’agit bien de ta chambre. Sors de l’appartement et vérifies que ton nom est écrit sur la porte. Bon. Tu fronces les sourcils. Hésites quant à la marche à suivre. Choisis la diplomatie et transfères la boite en plastique abominable de ta main gauche à ton bras droit, pour aller claquer des doigts devant la tête de l’intrus.e jusqu’à obtenir une réaction d’éveil, prêt.e à lui foutre un auriculaire baveux dans l’oreille si besoin.

- Hey hey, yo. T’es qui ? Pas de gestes brusques je suis armé.e !

@Samuel Renard

Vu la réaction de l’individu en face de toi, tu présumes que tu ne cours pas un danger imminent. Iel a l’air aussi du-per que toi, et tu viens de te réveiller d’une grosse murge, ce qui en dit long sur son air paumax. Tu fronces les sourcils quand même, parce qu’iel a l’air de pas savoir où iel habite. Genre. Littéralement. Et y a une place vide dans ta coloc. Personne t’a prévenu de l’arrivée d’um intrus.e, mais ça veut pas dire qu’iel fait erreur. Iel a les clés, après tout. A moins que…

- Deux secondes, pause, temps mort, tout ça. C’est Muse qui t’envoie ? Parce que si c’est le cas, déjà sache que tu es l’émissaire du démon, et c’est vla nul. Et puis. Un démon de type pas cool du tout, pas badass ou quoi. Elle a peur des cacahuètes. Anyway. Si t’es juste maon nouveau coloc, euh. Bah. Bienvenu.e ? ‘fin je présume que c’est ce qu’il se passe ? vu que t’es… bah… là. Sur mon canap.

Tu te souviens du tupperware de moisi et as la brillante idée de le poser sur la table basse pour ne pas que l’um d’entre vous deux l’ouvre par mégarde et ne répande de la daube dans l’appartement.

- Alors euh, fuck off, pour commencer ? Encore heureux que j’ai pas une tête de militaire, 1. T’as vu leur gueule et 2. L’armée c’est le mal ? jsp si tu as réalisé ? vu que t’es un mage ? Et non je suis pas anti-mage, je suis littéralement dans une académie pour les mages ? T’as pas l’air de grave suivre ce qu’il se passe, t’as pris un coup sur la tête ? Parce que si c’est le cas faut surtout pas que tu te rendormes. Mais let’s back up a bit please, t’es là pour Muse ? Non, ça fait pas sens… elle a pas mes clés. Mmmmmmmmh.

Tes maux de tête t’empêchent de réfléchir correctement. Vendu, nouveau colocataire, gros weirdo qui s’est planté de piaule ? c’est à n’y rien comprendre, et c’est exactement ce qu’il se passe, tu n’y comprends rien. Dans les faits les choses sont plutôt simples, tu as juste tout compliqué tout.e seul.e comme um grand.e, tel qu’est ta spécialité. Tu étais parti.e pour aller faire une crasse à Muse, résultat, elle est restée dans ta tête et tu as du mal à voir les choses clairement. Ça, ou l’alcool qui s’est pas entièrement évaporé de ton cerveau, c’est une autre possibilité.

@Samuel Renard

Tu fronces les sourcils. Ouais. L’individu marque un point. Tu peux lui concéder ça, même si ça t’emmerde un peu et que t’es pas d’humeur à être emmerdé. T’es d’humeur à le tej du canapé pour te blottir sous un plaid et regarder des rediff des Super Nanas. Pas à essayer de comprendre ce qui vient de lui arriver et pourquoi mentionner une arme serait pas hyper pertinent. Tu soupires.

- Oké, oké, my bad j’avais pas capté que tu venais tout juste d’échapper aux camps. Non mais si tout est réglo et que tu est pas um pote de Muse c’est bon, j’ai aucune raison d’utiliser la force. Ils m’ont pas prévenu, mais si ils viennent tout juste de sauver ta peau c’est normal. Bon… bah…

Ouais, parce que t’es en caleçon Rondoudou devant quelqu’un que tu connais pas, qui va vraisemblablement vivre avec toi pendant un bon moment, donc c’est chelou comme situation. Tu hoches la tête, sautes sur l’occasion de sauver la discussion avant que l’autre se rende effectivement compte de ta situation vestimentaire.

- Ah, oui, tiens. Je suis Scout, pronoms il/iel, tu peux alterner. Et toi ? et sinon Muse c’est genre. Wow, par où je commence. Une horreur c’te meuf, elle est horrible. Elle a failli foutre en l’air ma veste pref, elle m’a étalé du crachat à la gueule et elle nous a fait virer d’un bar alors que j’étais dressed to the nines et en gros besoin d’alcool. Un bar de mages, plutôt cool, en ville. Anyway y a un petit rigolo qui s’est amusé à nous filmer pendant qu’on se battait comme des gosses, du coup on a teamed up pour læ retrouver mais j’ai toujours envie de me venger et je suis sûr qu’elle aussi. Enfin, ça c’est juste mon histoire avec elle parce que plein de gens ont des histoires avec elle, parce qu’elle est odieuse et fourbe et franchement unbearable. Ouais. Du coup je me méfie des inconnu.es maintenant déso. Mais si t’es pas um de ses potes, et que tu viens d’arriver, je peux te montrer sa gueule pour que tu fasses gaffe quand tu la croises. Parce que ouais. Faut faire gaffe à elle. Genre. Vraiment. Bref.

T’étais censé.e te présenter, mais une présentation de Muse était plus pertinente. En plus si c’est en réalité bien elle qui est l’evil mastermind derrière l’arrivée de Machin, soit iel sera offensé.e qu’on bitch sur sa pote (sérieux, elle est capable d’avoir des potes ?) ou inquièt.e parce qu’elle læ fait chanter et est derrière sa présence ici, et dans les deux cas ça se verra sur sa gueule. Iel sent trop l’alcool pour avoir une bonne poker face.

@Samuel Renard

La seule trace visuelle que tu as de Cunégonde-Pouffiasse, c’est un dessin que tu as fait de sa tête pleine de masque, et le GIF incriminant qui vous montre en train d’ « interagir » – càd de vous battre comme des gosses – et le premier n’est pas abouti, le second profondément humiliant. Mais si c’est pour éviter la misère à un pauvre nouveau, c’est peut-être important, alors tu dégaines ton téléphone, et tapes quelques fois sur ton écran avant de lui montrer le court extrait de vidéo.

- Bah chais pas, tu me demandes du contexte, je contextualise. Mais ouais on va pas trop s’étaler sur la question j’ai trop la gueule de bois pour penser à elle, ça risquerait de trigger mon gag reflex. Mais en principe non je pense pas à elle. C’est juste que j’ai eu une idée géniale pour la faire chier juste avant de te voir échoué sur mon canapé donc mon cerveau a fait des liens.

T’as bien compris le sous entendu « à part entretenir des rancunes débiles » et… bah la question est legit hein, on va pas se mentir. Tu hausses les épaules. Des trucs, t’en fais pas mal. Vaguement.

- Mh, alors, je suis en études d’arts. Je préfère les arts visuels, la peinture et le dessin surtout mais je dabble un peu par-ci par-là. Je suis hyper doué.e pour lire l’avenir dans les cartes de tarot aussi. J’aime bien lire. J’aime bien tagger des trucs. J’ai un compte insta sur le réseau de l’Académie et en dehors, mais je suis connu.e sur aucun des deux encore. Ah, j’aide um pote avec un projet de Bubble Tea participatif aussi, ça prend pas mal de temps. Uuuuuh, fut un temps j’écrivais des fanfictions gay où je shippais les leaders de partis politiques britanniques opposés. Drôle de phase, ça m’est passé. Et toi, tu fais quoi ? ‘fin. « Faisais », I guess parce que ta vie vient probablement de basculer quoi.

Pas hyper sympa de lui balancer ça dans les dents, t’as pas fait exprès mais c’est sorti tout seul. Tu grimaces. T’es toujours en calbut debout devant lui alors qu’il est assis et même si t’es pas hyper haut, ça vous donne une allure cheloue alors tu te laisses tomber sur le canapé à côté de lui, te retournes pour lui faire face et t’installes en tailleur. Tu fais un geste de la main pour dire « bullshit » et procèdes à une explication de ton pouvoir.

- Je manipule l’ombre. Elle est matérielle, alors je peux lui faire prendre des formes différentes, couper les lumières dans certaines pièces – ‘fin, pas exactement ; en gros les lumières restent allumées mais la lumière ne peut rien toucher. C’est fun. Anyway. Comme elles sont aussi immatérielles, je peux les utiliser comme conduits. Pour faire voyager des trucs. J’ai chopé l’idée dans Percy Jackson. Bref ça a l’air cool et tout mais en vrai j’ai peur du noir et mon contrecoup c’est de perdre la vue donc yay fun. Et toi, tu peux faire quoi ? is it a blessing or a curse ? Je tablerais plutôt sur curse vu que t’as parlé de camion et de gens armés mais on sait jamais. La question se pose.

Eeet encore une question hyper insensible, GG Scout. Tu vas te faire adorer comme ça. Enfin, ça pourra pas être pire que quand Kyle était là, le type a l’air au moins OK tiers.

@Samuel Renard

Ah ouais, la tuile. C’est con parce que c’est pas un pouvoir trop voyant, en soi. Il aurait pu filer sous le radar toute son existence. Mais s’interdire de taper cuite avec des potes pour se préserver de ce genre de situations, ça devait être hyper nul. Pis dans un sens…

- Ouais, en vrai t’as eu de la chance. Vu le déroulé des évènements, t’es passé pas loin de la case « camps », et si c’était arrivé à un autre moment… Yeesh. Mais c’est arrivé maintenant et les brigades t’ont récupéré et maintenant tu n’auras plus à t’inquiéter de ton pouvoir. Lucky même, en un sens. T’as même pas eu besoin de chercher Leoska pendant des mois. Ils t’ont juste posé ici. Ça t’a évité des galères.

Wow, pour que tu formules quelque chose d’aussi positif après une mine de cette envergure, tu dois y mettre du tien. Mais bon, si ça peut lui éviter de se ratatiner sur ton canapé et de s’y scotcher jusqu’à la fin de ses jours, autant faire en sorte que ça aille. Parce que bon. Faire la loque sur le canapé c’est un peu ton move. Ou ton non-move, pour le coup.

Tu n’as globalement pas une idée très précise de ce qu’il vient de dire. Relieur-doreur. Doesn’t ring a bell. Tu essaies de réfléchir. Il dort des trucs ? S’il dormait, ce serait « dormeur ». A moins qu’il se soit mal exprimé. Vu qu’il a tapé cuite hier soir, c’est une possibilité. Et relieur… Bah pareil, si ça avait rapport avec les livres, ce serait « relecteur »… Donc tu sais pas, t’es paumé. Mais tu hoches la tête avec assurance, le regard vide de toute lueur d’intelligence, et prends un air songeur.

- Peut-être… Le club d’art est bien fourni dans plein de domaines hyper obscurs. Tu pourras aussi essayer d’autres trucs j’pense. Et yep, j’y suis inscrit. Même si bon. J’ai pas des horaires hyper réguliers, surtout nocturnes en plus, et j’aime bien la peinture grand grand grand format. Genre. Les murs. Du coup… Des fois j’emprunte des trucs, mais j’y reste pas. J’aime bien taper la discut de temps en temps mais je veux pas emmerder les autres quand ils brainstorment ou produisent des trucs.

Autrement dit : t’as trouvé personne qui te soit tapé dans l’œil et t’as de crush amical ou romantique sur personne des gens que t’as croisé dans les locaux donc tu fais comme s’iels existaient pas et basta.

Sa question suivante te fait mal au cœur. Tu aimerais pouvoir le rassurer, mais dans les faits, même en n’y connaissant R, t’es plus ou moins sûr qu’il peut faire une croix sur sa famille. Pour un bon moment, si ce n’est pour toujours. Tu peux pas imaginer ce que ce serait de vivre sans ta famille. Tu envoies des messages à tes frangines dès que tu es en ville et tu appelles ta mère au moins une fois par semaine. Ne plus pouvoir les joindre, même pas téléphone… c’est l’angoisse. Compliqué d’avoir l’air hopeful dans cette situation pourrie, mais tu y mets du tien. Le pauvre vient d’arriver à Leoska, sa vie vient de basculer, il a rien du y comprendre, c’est peut-être la seule fois de ta vie où le tact sera requis. Tu prends un coussin du canapé pour le coller sur tes jambes et commences à jouer un peu avec le temps de trouver tes mots.

- Well, dude, je t’avoue que j’y connais pas grand-chose question sécurité et tout… Faudrait voir avec des patrouilleurs ou je sais pas qui qui s’occupe de la sécurité, um adulte… mais ça va être compliqué. Peut-être qu’au bout d’un moment, tu seras mis en contact avec eux… mais là, tu es un appât idéal pour les autorités, tu as été sorti d’un camion d’usine par des membres des brigades de libération des mages… te retrouver c’est trouver ceux qui t’ont sauvés, ou au moins ton refuge… et ils veulent vraiment nous retrouver. Tes parents seront surement pistés, leurs moindres faits et gestes épiés. Tu vas pas pouvoir leur parler avant un bon moment. Mais d’un autre côté, p’t’être qu’ils finiront pas arrêter de les surveiller au bout d’un moment ? Et là tu pourras essayer de les contacter. Si quelqu’un sait comment reprendre contact avec sa famille sans risque, cette personne est à Leoska, ou affiliée à Leoska somehow. En attendant… well, je crois que la seule chose à faire, c’est de profiter de l’enseignement que tu vas recevoir ici, des locaux, tout ça… ce coin c’est le paradis. Ta situation pourrait être bien pire… Elle craint, je le nie pas, mais dans ton malheur, t’es pas trop mal tombé.

Ta voix commence à s’essouffler sur la fin, tu parles beaucoup trop d’un coup et tu oublies un peu de respirer. Tu as essayé d’être sympa, c’est pas toujours ton point fort, alors tu espères qu’il va pas se mettre à chialer sur ton épaule. Au pire tu le repousseras doucement avec le coussin. Non mais, ouais, sa situation est à chier. Tu le plains. T’espères que tu es pessimiste et qu’en réalité il retrouvera ses parents à l’envie. Mais t’es aussi réaliste, et conscient que l’espoir que tu as essayé de lui donner est peut-être irréalisable. Pour son bien, tho, t’espères pas.

@Samuel Renard

Ah, I see you’re a man of culture as well.

Il semble s’intéresser aux tags. Bon garçon. Tes tags sont effectivement très cool, et même si l’Académie ne t’a pas explicitement donné le feu vert pour refaire la déco de quelques bâtiments – dans des stades plus ou moins avancés d’ébriété ou de colère, parfois (souvent) les deux – tu n’as pas encore été inquiété pour vandalisme. Peut-être qu’elleux aussi sont des gens de culture as well. C’est une possibilité. Evidemment, tu sautes sur l’occasion pour mettre en avant ton travail : tu sautes également du canapé – toujours en boxers, il va peut-être falloir remédier à ça – et fouilles dans le bordel qui jonche la table basse. Sous un calepin où tu as dessiné exclusivement en vert pomme, tu trouves ton portfolio, un classeur avec des dessins glissés dans les pochettes plastifiées, des collages, des fiches de projet et, à la dernière intercalaire, des croquis pour tes tags, et des photos des résultats une fois que la peinture a séché sur les murs et que le soleil tape pile au bon endroit. Tu peux rester des heures devant une peinture avant que la lumière soit parfaite. Tout doit être parfait. Tu flip through some pages et atterris sur celle que tu cherchais, une double page avec un croquis en crayons de couleur et la photographie d’un mur qui ne donne sur rien, entouré de verdure, sur lequel tu as peint un chat avec deux têtes, trois yeux sur l’une d’entre elle, un seul sur l’autre. En couleurs pastelles, avec des courbes rondes. Tes productions sont souvent très différentes les unes des autres. Tu lui poses le trieur sur les genoux, et lui fais signe qu’il peut parcourir les pages. Différentes photos, à différents endroits et sur différentes échelles, sont répertoriées dans ces dernières pages, des slogans anarchistes et anticapitalistes dans des couleurs chatoyantes, des illustrations plus détaillées quand tu avais le temps ou que tu travaillais dans des lieux peu ou pas fréquentés, accompagnés parfois des croquis que tu as dessiné avant de te lancer dans l’entreprise grand format. Quelques serviettes de tables sur lesquelles tu as gribouillé de vagues esquisses. Une photographie d’une poubelle sur laquelle tu as essayé de peindre en petit format, à la peinture à l’huile, un des paysages visibles depuis la fenêtre de ta chambre. Tu es putain de fier de tes productions, et de l’évolution nette de style qu’on voit entre chacune d’entre elles, et tu ne cherches pas à t’en cacher. La fausse modestie, c’est pas pour toi.

L’ambiance retombe bien vite, cependant, quand le sujet revient sur sa famille. Poor bloke. Il a la voix qui tremble. Tu n’aimerais pas être à sa place. Une grimace de circonstance s’affiche sur ton visage, et tu essaies de relativiser.

- Je suis pas le pingouin le plus glissant de la banquise, je manque surement d’informations, peut-être que l’école a des moyens de te laisser contacter ta famille. C’est pas parce que j’y connais R que tout espoir est perdu.

Il a l’air d’essayer de se faire à l’idée, mais difficilement. Il a touché ta corde sensible, pourtant : le mot « fête ».

- Is there ? oh boy ! j’ai de quoi hydrater – déshydrater – une petite armée pour la soirée. En plus ça guérira ma gueule de bois, c’est impecc. Je peux appeler des potes pour faire quelque chose, j’ai une connaissance qui serait surement down to party et qui pourrait remmener deux trois gens… Ou on peut juste se pinter à deux. J’ai some pot quelque part aussi. Et si tu cherches plus fort, il est encore temps de choper quelqu’un pour se fournir. J’évite les drogues de synthèse et je suis pas sûr qu’on puisse en trouver ici de toute façon, mais si tu cherches des trucs magiques, y a de quoi faire. J’ai le contact du contact d’un contact. Or something.

Mais genre… Si tu commençais par mettre un fut’ ? ça pourrait être bien. Même some pajama bottoms ou un jogging. N’importe quoi en fait. Pis un T-shirt. Et tant qu’à faire, profites en pour prendre une douche, c’est pas parce que tu vas boire que tu dois puer la transpi’.

@Samuel Renard

- Yep. Ça vaut le coup de profiter de l’expérience Leoska. L’environnement magique c’est juste le rêve. Y a un bar en ville, par des mages pour des mages uniquement, une vraie dinguerie. Et il se passe toujours un drama ou deux, keeps us on our toes. Le dernier en date c’étaaaaaait… mh, le live p’t’être. Pas hyper fun comme drama celui-là, pour être honnête. Il y aura sans doute mieux prochainement !

T’as peut-être encore des restes d’alcool dans le sang, mais t’es pas assez débile pour raconter au type qui vient d’échapper de peu aux camps qu’il se balade un autre type dans l’académie qui dénonçait des mages dans sa jeunesse. En plus ça te forcerait à reparler de Muse et t’étais censé être passé à autre chose, au moins momentanément – c’est pas hyper drôle de bitcher sur quelqu’un quand la personne avec qui tuparles ne connais pas la cible de ta haine et de tous tes crachats. Autant lui laisser le temps de découvrir cette charmante personne par lui-même, eh.

Tu sors immédiatement ton téléphone, pour prévenir ta personne pref de Leoska, tout en étant conscient qu’iel est probablement déjà double booké.e, c’est un risque quand on est aussi populaire qu’ellui. Tu cliques sur le surnom « Business Partner », et composes rapidement un message :

Yo. Hyper short notice, mais je viens d’avoir un colocataire et il a besoin de réconfort. Chaud.e pour faire la fête genre maintenant ? J’ai quelques bouteilles à moitié pleines et du soft qui traine, et quelques joints. Also, est-ce que ton coloc vends des substances magiques ? il est chaud pour tester et jsp si le type que je vois d’habitude en aura sous la main. Sinon whatever hein mais on sait jamais.

- The Chillest. Iel est hyper cool. Et iel peut peut-être ramener d’autres gens cools, vu qu’iel connaît tout le monde ici. Après je fais pas toujours confiance à ce qu’iel deams « cool » ou « chill » vu qu’iel est pote avec l’autre dégénérée là. Son coloc est chill. Un peu chelou. Mais il a un raton laveur donc je le pardonne. J’aime trop les ratons laveurs. Il deal pas mal de trucs qu’il fait pousser lui-même, y a moyen qu’il ait des stocks de quelques herbes magiques différentes ! j’ai demandé on sait jamais.

April a refait surface aussi, ça pourrait être l’occasion de la revoir. Tu envoies vite fait le même message sans parler de colocataire. Et en espérant qu’elle se dise pas « mais c’est bien sûr, proposons à Mordred d’aller faire la fête chez Scout ! » parce que autant leur troisième pote, BG, iel est læ bienvenu.e whenevs, autant Mordred ça dépend de ton mood, il passe pas toujours le vibe check.

Tu suis son regard sur ta personne et fronces le nez. Ouais, les fringues.

- Oh, hum. Oé. J’vais même prendre une douche si ça te gêne pas d’être alone deux minutes. Si on accueille des gens autant que j’aie pas l’air d’avoir passé la nuit sur le bord de la route. BRB hésites pas à te servir dans le frigo ou quoi, juste touches pas au tupperware là, c’est une arme chimique le machin.

Tu te lèves, déjà distrait par la question : « que porter ? ».

@Samuel Renard

Après avoir – grand seigneur – accepté que ton nouveau coloc tape dans ta conso, tu fais un détour chambre et attrapes des fringues de soirée d’urgence. T’es pas loin de mettre la clim juste pour avoir une raison de mettre ta veste en fourrure rose, histoire que Samuel comprenne un peu qui tu es, peu importe ce que ça peut bien signifier, mais la raison l’emporte sur la vanité. Temporairement, en tout cas. Le temps qu’Aelig te réponde, tu es déjà sous la douche, et tu galères à ouvrir le SMS avec le sachet plastique emballé autour de ton tel pour pas qu’il prenne l’eau quand tu l’emmènes avec toi pour écouter de la musique. Tu déchiffres sa réponse sous l’eau et le plastique, ravi.e :

Salut !! Grave partant.e J'ai des bouteilles qui traînent chez moi, y'a de quoi faire !!! Je vais demander à Mitre s'il a de la vap ou de la beuh. On en a jamais trop J'arriiiiiive. Dans 15 minutes à peu près. A toute !

Attends. Shit, shit, shit iel a dit quinze minutes ? Mais ça te donne à peine le temps de finir de te laver. Tes cheveux seront encore mouillés quand iel débarquera, c’est hyper pas pro. Sans parler du maquillage. Tu commences déjà à accélérer ta routine capillaire, et décides de tenter le tout pour le tout : au lieu de te laver les dents, ce qui te ferait perdre trois minutes entières, tu déposes sur ta langue une noisette de shampoing à la pastèque. Comme on pourrait s’y attendre, c’est dégueu, et ton estomac fatigué par la nuit que tu as passée n’apprécie vraiment pas. Tu ouvres la bouche pour stocker de l’eau dans tes joues et mélanges le tout avec ta langue, pendant une trentaine de secondes pour être sûr.e que ça enlève l’odeur de rat mort qui y règne. Sans oublier de passer du produit dans tes cheveux, puis de t’occuper en deux deux de ton corps. Ok. Tu craches la gorgée, et incline la tête pour pouvoir garder la bouche ouverte sous le jet, histoire d’enlever ce gout atroce.

Tu te maquilles rapidement, le corps et les cheveux encore trempés. Tu ne prends pas la peine de mettre de fond de teint, et te contentes d’un bleu cyan sous les yeux et de paillettes sur tes paupières. Un mascara blanc, un blush rose, et le tour est joué. Tu poursuis ta routine capillaire d’une main et tentes de rentrer dans tes fringues de l’autre. Echec. Tu abandonnes momentanément le jean délavé que tu essayais d’enfiler, crunch une dernière fois le produit dans tes boucles, puis en reviens aux vêtements. Quand tu sors de la salle de bain, tu as toujours une serviette sur les cheveux, mais tu es maquillé et habillé et il ne reste plus qu’à sortir les boissons, ranger le tupperware de la mort et regarder ton téléphone pour voir si April a également répondu. C’est ton jour de chance, visiblement :

Ce serait avec plaisir, Scout. Je peux emmener um ami.e avec moi ? c’est Saphirre, tu læ connais, on a déjà fait une sortie ensemble.

Tu te tournes vers ton nouveau colocataire, tout sourire, et déclares :

- Impecc, le jeu est lancé. On devrait avoir un bon haul de bouteilles et autres joyeusetés et—

Quelqu’un frappe à la porte. Magnifique. Tu balances la serviette que tu avais sur la tête dans ta chambre en passant et vas ouvrir la porte.

- Welcome, bienvenu.e !

@Samuel Renard