La fin d’après midi était déjà bien installée quand Paulia et Lisianthus arrivèrent à l’appartement. Ils étaient partis se balader en ville pour, entre autre, acheter des vêtements au fantôme qui en avait un peu marre de ce qu’il portait maintenant depuis 3 mois sans discontinuer. Il avait donc opté pour un jean, un t-shirt rouge et un sweat noir avec pleins de motifs brodés en blancs dessus.

Après avoir fermé la porte, Paulia alla dans le petit jardin qu’ils avaient et remplit le fût de bois. Quand il eut bien pris, elle jeta le pantalon dedans en attendant qu’il se consume et, quand il n’en resta plus rien, Lisianthus saisit dans la fumée l’essence du vêtement et l’enfila avant que Paulia ne fasse subir le même sort au T-shirt puis au pull.
En cherchant à travers les différentes cultures du monde, le duo avait réussit à rassembler un ensemble de tactiques qui permettaient à Lisianthus d'interagir un minimum avec le monde mortel sous forme d’offrandes, notamment par le feu. Cependant, ces choses ne substistaient que si Lisianthus gardait contact avec. Ainsi, à part pour de courte nouvelles, il était inutile de lui brûler des livres et il était condamné à garder les même fringues pendant plusieurs mois avant de les voir disparaître dans le néant.
Une des première choses qu’ils avaient cherché à faire en arrivant à Leoska était de permettre à Lisianthus d’avoir un espace réservé dans l’appartement, un espace où il pourrait interagir avec le monde matériel sans avoir besoins de Paulia. Avec un des mages noir de l’école ils avaient conçu un autel d’environ cinq mètre carré situé dans un coin de la pièce qui, via divers sort, rendait les choses accessibles aux morts. Par conséquent, l’appartement était très vite devenu une autoroute à fantômes qui venaient profiter des lectures et plats. Paulia n’en savait rien mais souvent Lisianthus se prenait le choux avec d’autre morts et, parfois, ils retrouvaient l’autel sans dessus dessous. Aussi le même mage noir accompagné de collègues mage rouge et mage blanc étaient passés de nouveau pour rendre le studio hermétique aux autres errants. Paulia avait espéré que les voix ne pourraient plus rentrer elles aussi mais cela ne changea malheureusement rien à leur présence. Mais bon, c’était comme ça… Et leur petit coin de paradis avait vraiment des allures d’antres ésotériques.

Partout sur les murs étaient peint des symboles magiques et, sur certaines parois, la mage avait tendu d’immense tentures. Le sol était recouverts de tapis et de dessins et partout poussaient des herbes aromatiques et des champignons comestibles. La seule ouverture était une baie vitré donnant sur le jardinet intérieur dans lequel se trouvait un potager.
Paulia n’était pas très doué avec les plantes en général, mais par contre la nourriture ça lui parlait. Alors elle ne cultivait que des choses qu’elle pourrait manger plus tard. Ca et la weed.

Paulia retourna à l’intérieur pendant que le fantôme restait flotter dehors, visage face au soleil. Elle sortit de son sac “Aucun souvenir assez solide” et alla le placer dans la bibliothèque de l’autel au mort. Puis, elle alla au congelo chercher de la crème glacé dont elle remplit une assiette avec une cuillère et l’apporta aussi dans l’autel. Lisianthus n’avait pas besoins de manger mais sa crème glacée était excellente et, askip, faut prendre soins de ses fantômes. C’était arrivé une fois que quelqu’un vienne pendant que Lisianthus était en train de vaquer à ses occupations matérielles et, visiblement, voir des livres flotter tout seuls fait pâlir.

-J’en veux pas de ton livre pourri, y’a des taches de gras de partout dessus.

-T’es sûr ? dit-elle en faisant mine de le reprendre.

-Non, je te taquine. Laisse le.

Il posa sa main sur son épaule, flottant le plus proche possible du sol. Doucement, il l’attira à lui.

-Merci. Je suppose qu’il est à moi ?

-Jusqu’à ce que tu veuille l’offrir à quelqu’un d’autre, oui.

Elle tendit la main en direction du poste de radio et appuya sur le bouton play du lecteur cd. Un morceau de rock lent s’échappa des enceinte alors que tout deux commençaient leur duo. La danse avait assez vite fait parti de leur relation. Après la fuite, Lisianthus en voulait à Paulia de l’avoir cloué sur terre, de l’avoir empêché de partir. Il avait d’abord ruminé puis avait commencé à se venger en la privant de sommeil. C’était à ce moment là que la direction avait voulu qu’elle aille voir une psy et cela avait apporté un certain nombre de solutions. Déjà, trouver un moyen pour Lisianthus de se débarrasser de son uniforme taché de sang et de porter des vêtements qui ne rappeleraient ni à l’un, ni à l’autre les évènements passés. Ensuite laisser à chacun son espace personnel. C’était d’ailleurs pour ça que la Docteur avait rendue sa porte imperméable aux fantômes, pour permettre à Paulia d’être seule avec sa thérapeuthe. De son côté, Lisianthus n’avait qu’un problème: le fait de ne plus avoir sa place parmi les vivants. En lui redonnant un lien tangible avec la vie matérielle, leur thérapeuthe avit réglé un grand nombre de soucis.

Mais ça n’avait pas tout réglé. Pendant longtemps ils ne s’étaient pas parlé, pas vraiment. Un jour, Lisianthus avait simplement tendu la main vers Paulia et elle l’avait prise. Et ils avaient dansé.

Un pas après l’autre, comme au présent. Paulia avait fermé les yeux et chantait les paroles de la musiques à voix basse, laissant le mort la guider à travers la pièce. Son contact était étrange, jamais complètement chaud, jamais complètement froid… Il saisit plus fermement sa taille et commença à tourner en s’élevant, sa camarade avec lui. Elle était trop lourde pour flotter vraiment avec lui mais un instant ses pieds ne touchèrent plus le sol et ils tournoyèrent dans le vide. La brésilienne se grandit, adoptant un port de tête de ballerine, un immense sourire aux lèvres. Puis, quand ils revinrent au sol, elle passa son bras sous le siens pour que sa main passe de sa taille à son épaule et commença à mener. Pied droit, gauche, gauche et re droit. Arrière, avant, quart de tours, arrêt et cambre. Recommence, un peu plus vite mais toujours en rythme.
Au fur et à mesure du temps, ils avaient finit par apprendre à très bien danser tout les deux. Youtube aidant, ils connaissaient la bes du rock, de la valse, du tango… Ils avaient pensé à prendre de cours mais peu de prof les avaient acceptés comme élève. Voir quelqu’un danser seul, même pour des mages c’était perturbant.


Pas de bourrée classique glissé au milieu du rythme lancinant du morceau. Guidant Lisianthus sous son bras, elle passa dans son dos et enchaîna plusieurs combinaison la tête posée sur son épaule. Puis, se mettant à flotter convenablement de nouveau, le fantôme passa en salto par dessus sa cavalière et elle tourna sur elle même pour se retrouver face à lui. Il reprit le rôle de guide et, cette fois ci dans un saut, lui permis de nouveau de flotter un peu.

Le morceau se finit dans un solo de batterie mélancolique et tout deux se saluèrent avant de rester un peu dans le silence. Lisiathus alla lire le livre qu’on venait de lui offrir en mangeant sa crème glacée et Paulia s’en alla prendre sa douche.

Ce soir, elle mangerait une tarte aux épinards mais pour cela elle devrait la faire. Il lui restait deux heures avant l’heure du repas, elle avait un peu le temps de se voir venir.

Alors qu’elle s’apprêtait à refermer la porte de la salle de bain, Lisianthus lui lança depuis l’autre bout du studio:

-Elle est vachement bonne la crème glacée !

Elle sourit et referma la porte.