"Va me chercher un truc à boire."

Cette journée a commencé de la pire des façons. Je me suis réveillée plutôt en retard et j'ai dû me presser pour arriver à l'heure en cours. Pas question de montrer aux professeurs à quel point je suis désintéressée de leur enseignement. Je dois entretenir au mieux mon image d'élève studieuse car il s'agit-là d'une de mes meilleures armes durant mon cursus à Leoska. À partir du moment où ils pensent que je suis motivée et sérieuse, ils ne me verront pas d'un mauvais oeil et je pourrais continuer mon chemin sans encombres. Les problèmes se sont enchaînés, du gars qui m'a bousculé dans les escaliers à celui qui a prit le dernier melon pain que je convoitais. En quelques heures à peine, mon humeur a drastiquement changée et mon ventre à commencé à crier famine. Visiblement ennuyée, j'ai demandé à un de mes camarade de classe d'aller me chercher une boisson au lait de soja - et il a intérêt de se rappeler que c'est ce que j'entends par "quelque chose à boire" -, en espérant que mon estomac se calmerait un peu avec ça.

Entre temps, une fille dont j'ai totalement oublié le nom s'est approchée de moi et a commencé à me faire une jolie tresse, comme elle apprécie s'amuser avec mes longs cheveux sombres. "Tes cheveux sont magnifiques, Dahyun !" Rien de nouveau. C'est ce qu'elle me dit à peu près à chaque fois qu'elle s'installe à coté de moi en pause. À coups de compliments et de petits cadeaux, elle espère probablement se faire bien voir. Je déteste ce genre de comportement. Mais tout le monde autour de moi est ainsi, alors comment pourrais-je lui en vouloir de ne pas avoir de fierté ? Dans la vie, les faibles ont besoin des forts pour survivre, se reposer contre eux. C'est pour ça que je la tolère, que je tolère tous ceux qui sont présents en ce moment. Je croire les jambes sous ma table.

"Les tiens aussi."

Je lui réponds d'une voix mielleuse en lui accordant un sourire en coin. Elle s'esclaffe et me remercie en prenant un peu de couleur. Ouah. Elle serait presque mignonne. Cependant... Tu ne connais pas le coiffeur ? Tes pointes sont rèches, ta couleur manque de peps et ta frange est trop longue. Tu fais pâle figure à côté de moi. C'est ce que j'aimerais dire tout fort, mais après tout elle peut me servir, alors autant ne pas me la mettre à dos tout de suite.

Mon camarade revient alors avec une boisson entre les mains. Je hausse doucement les sourcils et le regarde traverser la pièce pour venir déposer une petite canette de carton face à moi, le dos courbé et l'air terrassé par la peur. Je reste une seconde à sonder son âme, parfaitement consciente que sa peur vient du fait qu'il n'a pas réussi à me trouver ce que je voulais. Je baisse légèrement les yeux sur une boisson à base de café au lait. Je me mords un instant la lèvre en essayant de garder mon calme au mieux. "Je suis désolé ! C'est tout ce qu'il restait, je n'ai pas trouvé mieux." Jeez. Je dois m'éloigner de cette classe d'incapables maintenant où je vais finir par commettre un meurtre. Je m'attrape un chewing gum, espérant que l'effet placebo marcherait, puis la cannette et je sors de la classe sans dire un mot pour finir ma pause dehors. Bon sang, mais quelle journée de merde. Pourquoi je me tape des glands pareils.

Je traverse le couloir et me dirige à un étage inférieur où je pourrais être tranquille. Malheurs sur malheurs. Décidément, ça ne paraît pas grand chose, mais tout cela mis bout à bout alors que je suis en ce moment sur les nerfs, ça va forcément mal finir. Je vais finir par exploser, et j'ai comme un mauvais pressentiment. J'ai besoin de me défouler. Mais pas ici, pas maintenant. Je m'arrête une seconde pour regarder l'un des tableaux qui m'inspire le plus dans cette allée. L'illustration d'une mage aux cheveux noirs, longs, ondulés, et tous ses ennemis vaincus autour d'elle. Pas que l'art me touche spécialement, mais ce tableau m'inspire de temps à autre. Je sens que quelqu'un me tape dans l'épaule. J'inspire un grand coup et me retourne. "Oops..." Une fille que je ne connais pas et qui se chamaillait avec un garçon m'est rentrée dedans, probablement par accidents. J'en ai marre des accidents. Ils ont quoi tous, aujourd'hui ? Ils veulent mourir, c'est quoi leur problème ?

"Dégage si tu veux pas que je t'explose."
"C'est marrant, t'es comme un petit chien, tu aboies beaucoup mais tu ne fais pas grand chose."

Le temps s'est comme figé l'espace d'un instant. Les élèves qui passaient se sont arrêtés, la fille est restée statique, se demandant probablement pourquoi elle a dit ça tout haut et aussi spontanément, et de mon côté, je mets une seconde avant de réagir.

"Pardon ?"

Elle reste silencieuse et baisse la tête, cherchant quoi me répondre. Je fronce les sourcils et lui fait calmement face. Ça y est. C'est la goutte de trop, celle qui fait déborder le vase. Bravo, c'est tombé sur toi. Tu vas regretter de m'avoir adresser la parole et d'avoir gaspiller de l'oxygène. Je repousse son épaule une fois.

"Tu peux répéter ?" Deux fois. "J'ai pas bien entendu ce que tu as dis." Trois fois. "Puisque j'aboie beaucoup, je ne devrais pas te faire grand chose, n'est-ce pas ?"

Elle recule de plus en plus, ne sachant pas réellement que répondre. Elle a raison. Elle ferait mieux de rester silencieuse. Enfin, elle aurait mieux faire de rester silencieuse, et sur son chemin. Maintenant c'est trop tard. Je lui fais un croche patte rapide et elle s'effondre au sol, se retenant de peu avec ses mains qui doivent désormais la brûler. J'ouvre ma canette de café et commence à lentement la verser sur son uniforme, ses cheveux, son visage.

"Je vais t'apprendre quelque chose qu'on n'a pas dû t'enseigner." Je marque une courte pause et jette la canette par terre lorsqu'elle est vide, puis m'accroupis doucement à son niveau. "Tu vois, en terme de puissance, les mages sont au-dessus des humains." Je souris doucement. "Et tu sais qui se trouve au dessus des mages ? Les Kwon."

Sans réellement que je ne lui demande, mon pouvoir s'active. J'ai encore du mal à le maîtriser comme je suis toute nouvelle dans le monde de la magie, et que c'est ma première année à Leoska, mais ça m'arrange. C'est le bon moment d'en apprendre plus sur ce don qui court dans mes veines et me donne cette sensation grisante d'avoir le pouvoir sur les autres. Seule cette fille peut me voir changer d'apparence. Après tout, il ne s'agit que d'une illusion. Quel moment intime. Alors, quel est ton plus cher désir ? Scanant ses yeux, je comprends rapidement qu'à l'instant présent, elle souhaite me voir disparaître de la surface de la terre. Elle me souhaite la mort. J'ai l'impression que mon corps se distord dans le temps, qu'il devient flou, invisible. Ma peau est meurtrie, je suis blessée.

Une certaine vision se déroule sous mes yeux. Ouah. C'est sanglant tout ça. Je la vois, face à moi. Elle se déchaîne sur mon corps sans vie. Elle donne tout ce qu'elle a, cette petite ! Alors c'est ça son désir ? C'est comme ça qu'elle me voit actuellement ? Mais elle n'est en capacité de rien faire ? Elle n'arrive pas à me tenir tête ? Tu m'étonnes ! Personne ne le ferait dans cette école ! Il n'a fallut que quelques jours pour que la rumeur tourne ! "Dahyun, en première ? C'est la fille d'un chef de la mafia coréenne, faut pas la faire chier !" Clairement ! Ça te dégoûtes n'est-ce pas ? Non seulement je te maîtrise totalement toute seule, mais si tu ne fais, ne serait-ce que de penser à te venger, tu le regretteras amèrement ! Est-ce que tes parents tiennent à leur vie ? Et si tu n'en as pas, est-ce que tu tiens à la tienne ? Ça te fais enrager, hein ? Que mon père soit là pour couvrir mes arrières si tu te la joues de façon héroïque ! Allez, baisse la tête comme tout le monde le fait. Excuses-toi d'avoir tourné le regard vers moi. Et elle s'excusa.

"Ohh, je vois ! En fait, le petit chien qui aboie beaucoup, mais ne fait pas grand chose, c'est toi !" Je m'esclaffe et me relève. "Évite de me répondre la prochaine fois. Parce que c'est toi qui disparaîtra de la surface de la terre."

Je lance mes cheveux en arrière, essayant désormais de me libérer de mon pouvoir que je ne sais point comment arrêter. Je pourrais l'utiliser sur toutes les personnes présentes et en profiter pour connaître chacun de leurs désirs, mais je veux juste avoir la paix un moment. Que cette journée ne se finisse pas de la pire des façons qui soit. Car pour l'instant, j'ai toujours cette vision d'horreur et cette odeur de sang qui me hante. Et ça me démange de recaler cette fille comme il le faut. J'y suis allé doucement pour ne pas trop entacher ma réputation. Qu'elle soit reconnaissante que je ne l'ai pas plus humiliée que cela, et qu'elle réfléchisse à ce qu'elle a fait. Son désir me hante.

Encore agacée par cette fille qui viens de définitivement me ruiner la journée, je m'apprête à menacer les petits cons qui regardent la scène depuis quelques minutes. Certes, elle aura servi d'exemple, mais ça m'ennui qu'un tel attroupement ait lieu. Je peux dire adieu à ma tranquillité du jour.

Cependant, quelque chose me semble très vite anormal. Certains sont en train de rigoler, d'autres de se retenir d'éclater de rire, les derniers, en très petit nombre, se contentent de baisser les yeux comme s'ils voulaient effacer leur présence. Le problème, c'est qu'ils ne sont pas en train de pointer du doigt ma victime comme je l'aurai pensé, non. C'est de moi qu'ils se moquent, et je ne vois aucune raison de-

Quelque chose est en train de changer. Ma victime se relève et s'écarte en vitesse, fuyant dans le couloir pour ne pas revenir. Et moi, pendant ce temps, je vois une scène dérisoire se dérouler sous mes yeux. C'est quoi ce bordel ? Pourquoi est-ce que mon beau visage est-il soudainement déformé ? Je comprends bien rapidement que je suis le centre d'une hallucinations collective. Pas besoin d'être un génie pour le savoir. Comment pourrais-je, moi, me transformer en clown difforme et avec une pareille voix ? Je dois trouver le petit insolent assez rapidement avant que je ne vrille totalement. C'est de pire en pire, et j'entends les rires des personnes réunies dans le couloir s'accentuer. Ne vous inquiétez pas... Pendant que vous riez, je retiens chacune de vos têtes et je vais vous faire vivre un Enfer sur terre. À tel point que vous préférerez probablement fuir et affronter les humains et les camps plutôt que moi et mon clan.

"Dès que je te trouve, sale enfoiré, je te fais regretter d'être en vie."

Ce n'est pas spécialement évident, mais après tout, mon pouvoir aussi, est en train de se déchaîner comme je n'arrive pas à l'arrêter. La vision que j'ai eu un peu plus tôt ne veut pas me quitter tout de suite et ça m'ennuie d'être piégée dans plusieurs visions de la sorte. Dès que je croise le regard de quelqu'un, ses désirs se mélangent à la scène absurde, grotesque, et inutile, à l'image que je renvoie. Bientôt, plus rien ne fait vraiment sens, à tel point que je me sens plus confuse qu'alerte. Est-ce que là, il s'agit de la réalité ? Ou encore d'une illusion qui peut aussi bien être provoquée par moi-même que celui ou celle qui m'attaque.

Je finis cependant par poser les yeux sur un jeune homme, semblant être plus vieux que moi. Je plisse doucement les yeux. Il est sur son portable. Ou en tout cas, fais semblant. Son désir ? Me voir être le centre de l'attention sous cette forme de clown affreux. Je vois. Cette illusion vient de toi. Quel dommage que tu te serves de tes illusions de cette façon. Ça ferait presque honte à mon propre pouvoir. Maintenant que je l'ai en vu, je deviens bien plus sérieuse et une foule d'idée me vient en tête, de quoi faire de sa vie un cauchemar pour le restant de son cursus à Leoska. Mais pour l'instant, essayons juste d'arrêter ce massacre rapidement.

"Ahh... Il s'agit donc de toi." Je me rapproche ce gars se croyant plus futé que les autres, en ayant l'air le plus tranquille possible. "Quelle impressionnante expression artistique !"

Le sarcasme qui s'entend dans ma voix permet au moins de faire taire les curieux qui regardent depuis tout à l'heure. Sentant qu'il ne vaut mieux pas rester par ici, et je peux les comprendre, certains commencent déjà à regagner leurs salles de classe. Ceux qui restent ne savent tout simplement pas à quel point ils sont dans la merde. Je me re-concentre sur mon vis-à-vis et en m'approchant un poil plus, donne un coup de genoux dans son ventre pour le faire se baisser à mon niveau. Puis, je viens passer une main sur son épaule et murmurer à son oreille :

"J'aurai quelques questions à te poser... Tu préfères subir une mort lente et douloureuse maintenant, ou te faire traquer toute ta vie par mes sbires qui feront de ta vie un Enfer sur terre ?"

Je m'esclaffe doucement. Aïe aïe aïe... Ne connais-tu pas ma réputation ? Dans quelle situation gênante viens-tu de te mettre ? J'espère qu'il s'est bien amusé durant ce court moment de pur fun. C'est mon tour de dé-stresser, à ma façon.

Il frappe ma main, tente de me repousser. Je fais quelques pas en arrière sans me départir de mon sourire en coin. La situation le ferait paniquer ? Ça ne fait que confirmer son implication dans cette affaire. Et il pense qu'il va s'en sortir en rejetant la faute sur une autre ? Il croit que je suis conne ? On dirait un enfant qui aurait mangé du chocolat en en aurait plein autour de la bouche en train d'accuser le chien. Quand bien même il saurait mentir correctement, est-il obligé de s'enfoncer de la sorte ? Mon pouvoir m'a clairement montré qu'il était dans le coup. La meilleure solution pour lui actuellement serait de me présenter ses plus plates excuses et s'en aller la queue entre les jambes car s'il continue il cherche vraiment la merde et il va prendre cher.

« Je te dis ça parce que tu perds ton temps. La personne que tu cherches est sûrement loin maintenant. C’est certain que tu ne la retrouveras pas en cherchant de manière aussi hasardeuse. »

Je ne peux retenir un ricanement moqueur. Il va trop loin. Ça en devient presque gênant. Comment puis-je lui faire comprendre d'une manière plus explicite que je sais que c'est lui, que je l'ai vu, que je fais confiance à mon pouvoir, et qu'il ne peut pas me mentir de la sorte ?

« La personne que je cherche est juste sous mes yeux, mais c'est gentil de penser à ne pas me faire perdre de temps. »

Je le vois commencer à ranger ses affaires mais je ne le laisserais pas filer comme ça. Déjà il me ment, puis cherche à fuir ? Quoi que ça reste une bonne idée de vouloir s'en aller très rapidement d'ici après la connerie qu'il a fait. Mais je ne risque pas de le laisser s'en tirer aussi facilement. T'as voulu jouer avec une Kwon ? Je vais t'apprendre que je gagne toujours. Je me poste devant lui pour lui bloquer le passage.

« Tu crois que tu peux jouer l'innocent ? Mon pouvoir m'a clairement montré que tu étais à l'origine de cette illusion. Tu peux toujours essayer de me prouver le contraire, mais ne t'attends pas à ce que je crois une seule de tes paroles. » Sachant pertinemment qu'il ne le ferait pas, je lui demande tout de même : « Écoute, je suis prête à accepter tes excuses si tu t'inclines devant moi. Peut-être même que je songerais à te laisser tranquille après ça. »

Je penche légèrement la tête en haussant un sourcil, l'air hautain, attendant sa réaction qui je me doute, ne sera point en ma faveur. Il n'y a plus grand monde dans le couloir. Est-ce que la sonnerie à marqué la reprise des cours ? Je ne l'ai possiblement pas entendue. Mais je ne quitterais pas mon emplacement tant que je n'en aurais pas finis avec ce trouble-fête.

Un surveillant qui passait par là en décide autrement. Je le vois arriver de derrière mon vis-à-vis à grands pas en nous interpellant. « C'est inadmissible ! », « Comment osez-vous vous comporter comme ça ? » « Vous êtes dans une école, vous devriez avoir du respect pour les autres et le matériel. » Blah. Blah. Blah. J'ai écouté d'une oreille très peu attentive ce qu'il racontait, mais j'ai bien compris la dernière phrase « Vous nettoierez ce couloir de fond en comble jusqu'à ce que tout soit propre. »

Fulminant, il nous demande nos noms et les note sur un papier, nous prévenant que le corps enseignant sera mis au courant le plus rapidement possible. Il nous indique aussi où trouver le matériel pour tout nettoyer et après peut-être bien dix minutes de remontrances que je n'écoute pas, s'en va. Je fais les yeux ronds puis les lèves au ciel. Je n'ai rien fais pour mériter ça ? Il est taré ce type. Je croise les bras, frustrée, et bien décidée à ne pas participer à cette tâche ennuyante. Comme si j'avais déjà fais le ménage. Ils peuvent pas engager des serviteurs pour le faire à leur place ? Ah oui, des agents d'entretien... Bon bref, pourquoi est-ce que je dois me coltiner ça alors que je devrais être en cours en train de faire autre chose que de le suivre ?

« Bon, bah t'as entendu ce qu'il a dit. Je te souhaite bon courage. » Je saute sur le rebord de la fenêtre et pose mon dos contre le mur, repliant mes jambes devant moi. « D'une certaine façon, ça te permet de réparer tes erreurs. »

Je sors mon téléphone et envoie un message à un camarade de classe pour qu'il prenne les cours pour moi. Pas que ça m'intéresse, mais je dois quand même faire genre que je veux vraiment être ici pour travailler. Ahah.

Donc... Mordred Arraw, hein ? Je m'occupe de ton cas moi-même ou pas... ? Oui, ce n'est pas quelque chose d'assez grave pour que j'appelle mes contacts. Et puis, après tout ça peut être amusant. En général, mes victimes ne se plaignent pas. Ce n'est pas réellement amusant. Même un peu embarrassant quand certains gars cherchent la merde juste pour se faire marcher dessus. Mais bon, il n'a pas l'air comme ça. Alors autant essayer de passer le temps en l'embêtant un peu.

J'essaie de ne pas élargir mon sourire en le voyant partir chercher le matériel nécessaire pour nettoyer le couloir. Je jette un coup d'oeil par la fenêtre. Pas que le fait de rater les cours me dérange, j'aurai préféré être à l'extérieur plutôt que bloquée ici. Je pourrais m'éclipser maintenant. Je pourrais faire ça et aller en ville. J'y pense cependant trop tard car je le vois revenir plutôt rapidement et déposer le matériel entre nous, en me demandant d'aider. Mhm... Je ne sais pas trop. Est-ce que je vais vraiment m'abaisser à ce niveau ? Mhmmm......

« Attends, on peut trouver un moyen de se débarrasser vite fait de ça. Maudire l’eau pour qu’elle efface toutes les saletés doit être possible. En soit ce serait augmenter le côté abrasif, ou corrosif, des produits. Il faudra faire attention mais c’est possible que ça fonctionne et ce sera beaucoup plus rapide. Avant de le faire, j’aimerais avoir la certitude que tu te bouges réellement. On sait jamais, ma malédiction pourrait déraper, tu vois… »

Petit génie vient avec une idée pour nous aider à aller plus vite et je me contente de lui lancer un regard de côté, assez peu intéressée par ce qu'il me raconte jusqu'à ce qu'il ajoute une petite menace à la fin de sa phrase, qui me fait, je dois l'avouer, plutôt rire.

« Oh nan, t'es trop mimi. » Je tente d'effacer mon sourire, avec difficultés. « Mais honnêtement j'ai vraiment pas envie, là. »

Je saute du rebord de la fenêtre et m'approche un peu de lui, croisant les bras, l'air désabusée. J'ai envie de me casser. Je m'en fiche de leur taf de mort. Je ne vais pas le faire de toute façon. Et même si, avec toute la bonne volonté du monde, je daignais me mettre à la tâche, ça ne serait de toute manière pas fait correctement. Alors pourquoi on vient me faire chier comme ça ? C'est même pas de ma faute, là.

« Je comprends que ça puisse te faire chier aussi. Dis juste la vérité. Je me suis cassée et comme t'as pas à faire le taf tout seul, le pion te laissera tranquille. » Je balaye mes mots d'un vague geste de la main en roulant des yeux. « Je suppose qu'on a tous les deux mieux à faire, d'autant plus que c'est pas notre taf. Bref, tu fais ce que tu veux mais moi dans tous les cas, je reste pas là. »

J'ai vu ce sac de marque il y a pas longtemps et je pense que c'est le bon moment pour aller faire un tour voir si le prix a baissé. Sounds good. Déjà que j'ai pas envie d'être ici à la base, ils vont pas me faire nettoyer des couloirs en plus. Ils se croient où ? Ils doivent pas me connaître, c'est pour ça. Sérieux, engager des pions qui servent à rien comme ça, là. J'vous jure, que des incapables. Ces connards devraient s'incliner et me faire des offrandes au lieu de me demander de jouer l'agent d'entretien.

« T'as qu'à rejeter la faute sur moi, au pire. M'en fous, plus mon problème. Juste, que j'te revois pas à l'avenir. » Je souris, mais mon ton est sérieux. Je finis par ajouter : « Bref, amuses-toi bien, génie. »

J'ajoute un petit clin d'oeil à la fin de ma phrase et je fais volte-face, bien décidée à me casser de là. Je me dirige vers les escaliers les plus proche pour prendre ensuite la direction de la ville. Quitte à sécher, autant le faire correctement.


[hrp wowowow un mois pour ça, c'pour ça qu'il faut pas me dire "prends ton temps", on me tend la main je bouffe le bras en entier à chaque ptn de fois]

Je sors mon téléphone pour regarder l'heure tout en continuant mon chemin. Je suis prise d'une sensation plutôt étrange qui me fait ralentir un instant, essayant de comprendre d'où cela vient. Je fronce les sourcils, et soudainement, je ne me sens plus du tout maître de moi-même. C'est bizarre... Je... ? Mon corps bouge sans que je ne lui en donne l'ordre. 

« Reviens. »







Sans déconner. Il a quel âge ? Ça devient tendu. Même moi, je sais quand m'arrêter (faux). Mais bref, là c'est le moment avant que tout parte RÉELLEMENT en couille. 




[hourray]