Quand on a envie de brûler son cahier de math

ft Natheon

Cela faisait maintenant quelques semaines que j'avais repris les cours. Il fallait dire que mon passage à l'infirmerie après mon arrivé fut pour moi inévitable : mon corps avait été bien trop épuisé et meurtrit par le voyage pour être en état de fonctionner correctement pendant quelques jours. Mais maintenant j'allais beaucoup mieux : j'avais repris les cours, un rythme de vie normal et surtout le sport. Courir à nouveau me faisait beaucoup de bien, surtout après deux mois enfermé sur un bateau. J'avais la sensation de retrouver un à un tous les muscles que j'avais perdu en cours de route ainsi que mon souffle. Ca avait été dur mes premiers runnings, moi qui d'habitude pouvait courir pendant 1h sans trop me fatiguer, je devais avouer que les premiers jours, je tirais la langue au bout d'un quart d'heure. Mais à présent mon corps c'était de nouveau adapté et j'arrivai à refaire mes footings habituels sans cracher mes poumons.

Mais nous n'étions pas la pour parler course à pied aujourd'hui mais plutôt, je vous le donne en mille... des échecs. Et rien de mieux que le silence de la bibliothèque pour jouer aux échecs. Bon en vrai, il y avait aussi le silence de ma chambre mais j'avais eu envie de voir si, ici, ils possédaient des ouvrages sur les échecs que je n'aurais pas encore lu et qui auraient pus m'enseigner deux petites choses de plus. Aussi avais-je emmené mon échiquier en bois jusque dans cette grande bibliothèque puis avais-je parcours les différents rayons.

J'étais tombé sur un livre fort intéressant sur la physique quantique et un autre sur la biologie animal, plus précisément sur le fonctionnement des cellules animales. Deux ouvrages fort passionnants que j'avais décidé d'embarquer avec moi pour les lire durant la semaine. Mais quand j'arrivai devant ce qui me semblait être le rayon des échecs, que fut ma déception de ne découvrir que trois ouvrages que j'avais déjà décortiqué dans leur ensemble. Moi qui espérais trouver des livres qu'on ne trouve qu'en Europe et nul part ailleurs, j'étais fort déçu. C'était donc avec mon livre de physique et de biologie sous le bras, et mon jeu dans les mains que je m'installai à une table non loin d'un jeune homme aux cheveux noir, mi-long qui semblait fort occupé sur ses devoirs.

Je posai mes deux livres à côté de moi et mis en place mes pièces d'échecs sur le plateau. Bien, quelle technique allais-je revoir aujourd'hui ? J'avais eu l'espoir d'en apprendre de nouvelles mais tous mes espoirs furent envolé, aussi devais-je trouver autre chose. Et si je perfectionnai ma défense sicilienne ? C'était une des ouvertures les plus techniques et les plus compliquées à faire mais qui pouvait avoir son importance dans une partie. Seuls les jours professionnels l'utilisaient, comme moi.

Je commençais alors à mouvoir les pièces sur le plateau assez rapidement, passant des noirs au blancs sans réfléchir entre chaque coups plus de trois secondes. Cela devait venir naturellement. Je me forçais à jouer mon adversaire de manière saugrenue pour voir ce qui pouvait en ressortir de mon côté, dans quelles impasses cela pouvait-il me mener mais aussi quelles solutions j'allais bien pouvoir trouver pour contrer cela. Car dans les tournois, je rencontrai des joueurs très classiques, qui se cantonnaient aux techniques habituelles. Mais il y avait aussi des petits malins qui faisaient des fantasy en se disant que ça allait passer crème et qui arrivaient parfois à me surprendre. Je devais donc me préparer à parer toutes éventualités.

J'entendais à côté de moi l'élève maugréer contre sa feuille. J'essayai de ne pas y prêter attention : après tout je ne connaissais pas ce jeune homme et puis ce n'était pas mes devoirs. Bien que visiblement il semblait pester contre des mathématiques. Ah les mathématiques : elles étaient d'une logique implacable pour moi. 1+1=2. En tout cas j'étais bien plus à l'aise à résoudre des problèmes de mathématiques ou de physique qu'à m'expérimenter dans les relations humaines complexes. S'il y a bien une chose que je ne pourrais jamais étudier ce sont les sciences sociales. L'homme est tellement imprévisible... Un jour il peu vous sourire et le lendemain vous poignarder dans le dos. Alors que les mathématiques, elles, elles vous trahiront jamais. 1+1 sera toujours égal à 2.

Soudain, alors que je bougeai mon cavalier en C4, une boule de papier vient alors faire un strike parmi mes pièces d'échec. Mais d'où elle sortait cette feuille ? Je la dépliai et vis alors un mélange de formules de mathématiques et de gribouillages en tout genre. Je tournai alors la tête et étudiai un instant du jeune homme. Il était bien plus jeune que moi, ne devant sans doute pas dépasser les 15 ans. De cheveux noirs mi-longs, des yeux bleus aussi beau que ceux d'Amicia, tirant légèrement sur le gris. Je remarquai aussi une petite cicatrice au dessus de l'arcade sourcilière : une mauvaise chute sans doute. En tout cas, plongé dans sa musique avec son casque sur les oreilles, il semblait ne pas s'en sortir avec ses mathématiques et avait par inadvertance envoyé son brouillon chiffonné avec rage sur mon plateau. Et visiblement à cause de son casque, il n'avait même pas entendu le strike qu'il avait fait parmi mes pions, se replongeant tant bien que mal sur son exercice.

Je soupirai. Il me faisait de la peine n'empêche. Pour moi, les sciences étaient évidentes et n'avaient aucun secret. Mais tout le monde n'avait pas un QI de 172 et tout le monde n'aimait pas forcément les maths. D'autres étaient bien plus fait pour la littérature par exemple. Alors que moi, la littérature, fallait même pas m'en parler. Je n'avais jamais compris ce que les professeurs attendaient de nous dans nos dissertations. Pourtant je retenais facilement tous les exemples et les citations. Mais visiblement ça suffisait pas. Il fallait un je ne sais quoi que je n'avais pas, une petite fibre émotionnelle ou autre. Bref, j'étais nul en littérature. Mais j'aimais bien l'histoire par contre, la retenant facilement dans ma mémoire.

Mais nous n'étions pas là pour parler de mes facilités en cours mais de plutôt comment allais-je apporter mon aide à cet élève en difficulté devant des choses aussi basiques que les fonctions visiblement. Je sortis un stylo de ma poche et écrivit sur sa feuille chiffonnée :


Puis je glissai la feuille vers lui et attendit sa réaction, une expression neutre s'affichant sur mon visage comme à mon habitude. Au pire des cas, je retournerais sur mes échecs. Je n'étais donc pas perdant dans cette histoire.

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ft Natheon

Le jeune remarqua alors sa feuille de brouiller avec mon message griffonné dessus et releva la tête vers moi, m'observant un instant tout en enlevant son casque, surement pour entendre ma réponse, qu'il, malheureusement, n'entendra jamais puisque je ne pouvais émettre le moins son avec ma gorge. Il m'invita alors à s'assoir à côté de lui. J'hochai la tête et prit d'abord le temps de ranger mon échiquier. Une fois celui ci replié, je posais mes deux livres dessus et emmenai le tout à côté du jeune homme. Je m'installai alors sur une chaise à côté de lui et reprit la feuille de brouillons pour pouvoir l'avertir.


Je fis alors pivoter la feuille vers lui pour qu'il puisse lire. Je détestai cette méthode, vraiment. Elle était longue et fastidieuse, fatiguant tout le monde plus que de raison. Mais bon, dans cette école, uniquement de rares professeurs parlaient le langage des signes, ce qui était déjà très rare. Aussi n'essayai-je même pas de communiquer avec les élèves via ce moyen bien plus simple et plus efficace car je savais que j'allais les perdre, n'y recourant que pour des gestes simple comme pour saluer, remercier, demander si ça va, ce genre de petites choses. Et encore, la plupart du temps, je prenais pas les vrais gestes de notre langage mais plutôt ceux connus par tous car utilisé dans d'autres endroits, comme le OK des plongeurs.

Une fois que le jeune homme eu prit connaissance de mon handicape, je pus alors attaquer le gros de son problème, les mathématiques. De ce que j'avais pu rapidement lire sur sa feuille de brouillon, il avait du mal avec les fonctions. Pourtant c'était simple les fonctions, il n'y avait pratiquement que des équations à résoudre et des tableaux d'une logique imparable à faire. C'était toujours la même méthode à appliquer et il n'y avait jamais rien de farfelue. Mais visiblement, pour ce jeune homme, c'était loin d'être évident. De ce que j'avais vu, il bloquait déjà à résoudre f(x)=0. J'allais avoir du travail pour lui faire apprendre toutes les bases de l'étude de fonction. Par contre je ne savais pas jusqu'où je pouvais aller, ne sachant pas en quel niveau il était, ni jusqu'où ils avaient étudié. Je repris alors la feuille pour continuer :


Avec ces quelques informations supplémentaires, j'allais être alors en capacité de pouvoir mieux l'aider à appréhender les mathématiques. J'espérai juste que mon esprit trop vif n'allait pas aller trop vite pour lui, ni que mon handicape ne posera trop de problème pour qu'il puisse comprendre. L'avantage, comme j'allais devoir tout écrire sur une feuille c'est qu'il allait pouvoir tout garder en note et ainsi mieux réviser par la suite. Mais après je n'allais pas pouvoir m'étaler de trop dans mes explications. Il allait falloir que je sois concis et précis tout en restant clair et simple. Pas de problème, ça pouvait être dans mes cordes, surtout sur des choses aussi simple que les fonctions, j'y croyais.

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ft Natheon

Je regardai un instant le jeune homme. Natheon donc. Mais oui, je pense que j'utiliserai l'abréviation Nath car c'était plus rapide à écrire, n'ayant pas d'autres manières de pouvoir lui parler, bien que sa question à propos du LSF me laissa un peu perplexe : connaissait-il lui aussi le langage des signes ? Ou était-ce par simple curiosité qu'il me posait cette question ? Ou bien alors par simple déduction au vu du fait que j'étais muet ? Je finis alors par lui répondre un Oui en langage des signes tout en hochant légèrement la tête pour confirmer au cas où il ne connaisse pas ce simple signe qui ressemblait au OK des plongeurs mais que l'on présentait de face, paume vers le haut, et non de profil, doigts vers le haut.

Il était donc en seconde, il allait falloir que je replonge je pense un instant dans ses cahiers, non pas pour me rappeler des formules, mais plutôt pour savoir jusqu'ou dans le raisonnement ils allaient. Parce que si je commençais à lui parler de dérivés, de tableaux de variation, de solutions multiples aux équations, de comportement vers l'infini et que sais-je encore, qu'il ne soit pas perdu.
Il voyait donc les fonctions affines, facile donc, très facile même. J'allais donc devoir déterminer où est-ce qu'il coinçait dans la compréhension de cette résolution d'équation car lorsqu'il allait arriver sur les fonctions bien plus compliqué comme les carrées, les logarithmiques ou les exponentielles, qu'il ne soit pas totalement largué.

Je le vis sortir un paquet de gâteau et m'en proposa. Je le regardai un instant avant de lever un pouce vers le haut pour à la fois le remercier et lui dire que j'étais intéressé pour en gouter un. Noisette ou chocolat... Commençons par noisette. J'en croquai un morceau et devais avouer qu'ils étaient excellents. J'acquiesçait de la tête pour lui faire savoir que je les appréciais. Mais revenons en à la résolution de son exercice. Je m'emparai d'une nouvelle feuille qui trainait devant lui, d'un stylo puis commençais à rédiger :


Devant le regard perdu du jeune homme et sa négation, je soupirai légèrement avant de me repencher sur la feuille. Je réécrivis alors la fonction autrement, posant 21 * x * (78/6) pour qu'il comprenne bien que 21x n'est pas un chiffre à part mais une multiplication entre les deux. J'entourai alors 21 * x * (78/6) d'une part et 62 de l'autre, pour qu'il puisse ainsi mieux différencier les deux groupes, indiquant d'un flèche le premier groupe comme étant le a * x et le deuxième groupe comme étant le b.

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ft Natheon

Je regardai le jeune homme essayer de simplifier son équation pour obtenir l'équation ax + b mais... mais qu'est ce qu'il faisait ? Il n'y avait qu'une bête multiplication et une division à faire, pourquoi il me faisait un développement de la sorte ? D'accord, même les mathématiques les plus basiques étaient à reprendre. Je comprenais pourquoi il ne pigeai rien, si déjà il était perturbé ainsi par de simples parenthèses, nous n'étions pas rendus.
Parce que évidement que la réponse à cet exercice était f(x) = 273x + 62 et que par conséquent si f(x) = 0, alors x = -62/273, soit à peu près -0,23. Pourquoi allait-il me faire un développement de la sorte avec le 13 ? Cela n'avait aucun sens. Bon, reprenons depuis le début. En réponse à sa question, je secouais négativement la tête avant de reprendre le stylo.


Je me mis alors à écrire que 78/6 = 13, puis dans l'équation de base ou il était écrit 21*x*(78/6), j'entourai le groupe entre parenthèse et fit une flèche de mon petit calcul à part vers ce groupe pour lui signifier de remplacer l'un part l'autre, écrivant alors 21*x*13 + 62. Puis j'entourai 21*x*13 et écrivis à côté =21*13*x


Puis je terminai en en disant que c'était donc égale à 273*x, ou 273x. Et que par conséquent, f(x)=273x+62. Je m'arrêtai alors là et me tournai vers mon élève en espérant avoir été assez clair. Pour moi c'était limpide comme de l'eau de roche. Visiblement pas pour lui. Je passai une main dans mes cheveux puis remontai mes lunettes un peu plus haut sur mon nez pendant qu'il examinait mes explications, le regard septique. Je ne voyais pas comment être plus explicite que cela.


La réponse à ses deux questions étaient f1(x)=10x+80 et f2(x)=16x+36 mais je préférai d'abord le laisser se dépatouiller. S'il avait bien compris ce que je venais de faire, normalement la première ne devrait pas lui poser de problème. Par contre la deuxième risquait sans doute de l'embêter, sauf s'il avait compris mon exemple de développement de facteur de toute à l'heure. Ce n'était qu'une bête "formule" à appliquer, rien de bien compliqué.

Je finis au passage son gâteau. Je devais avouer qu'il était très bon et m'en servis un nouveau au chocolat cette fois ci. Je me demandai au passage si c'était lui qui les avait fait ou non. En tout cas, si ce n'était pas ses talents de cuisinier qui les avaient sorti du four, j'allais devoir lui demander où il les avait acheté car ils se mangeaient sans faim. Moi qui pourtant préférait la nourriture japonaise et qui pourrait tuer en ce moment pour avoir des sushis, je devais avouer que je me régalais avec ces petits gâteaux.

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ft Natheon

Je l'observai simplifier les deux équations que je venais de lui donner sans rien dire. Il avait l'intelligence de se baser sur tout ce que je venais de lui écrire et pour cela je l'en félicitai intérieurement. Au moins je n'avais pas tout expliqué dans le vent. Et au vu de ce que lisais, il avait vraiment compris. Plus qu'à retenir tout cela pour le ressortir en contrôle mais nous étions sur une bonne voie en tout cas. Au moins, Nath était un élève attentif qui ne baissait pas les bras et qui essayait vraiment de comprendre, du moins c'est ce que je constatai, et ça faisait plaisir.

Aussi, lorsqu'il tourna la tête vers moi, un sourire s'affichant sur son visage pour me demander s'il avait juste, je levai alors les deux pouces en l'air, un mince sourire aux lèvres, en signe d'encouragement et pour lui confirmer que c'était tout bon. Je repris ensuite le stylo et notai sous ses équitations :


Parce qu'une fois qu'il aura fait cela, normalement, il aura vu tout le programme que l'on enseigne sur les fonctions à son niveau. Il n'y a que si x=quelque chose à combien est égal f(x) mais ça il avait l'air de s'en être débrouillé précédemment, au vu de ce que je voyais sur son cahier. Le tout est de ne pas oublier les priorités de calcul lorsque l'on remplace x par sa valeur.

Pendant que le jeune homme s'attelait à sa tache, je ne pus m'empêcher de reprendre un gâteau et de l'examiner sous toutes les coutures, pour m'occuper l'esprit. Je me demandai ce qu'il pouvait bien se trouver à l'intérieur comme ingrédient, hormis des noisettes ou du chocolat. De la farine sans doute. De l'eau. Des oeufs peut être. Après je ne saurais dire. Je connaissais un peu la cuisine japonaise mais il ne fallait pas me demander plus.

Je reposai ensuite un regard sur la feuille de Nath pour voir où il en était et évaluer comment il s'y prenait pour aborder se type de question. Normalement, il devrait s'en sortir sur la résolution de f(x)=0 vu qu'il me l'avait très bien fait tout à l'heure avec sa simplification farfelue. Aussi ces deux la ne devraient pas lui poser de problème. Il ne restait plus qu'ensuite à dresser les deux tableau, la partie la plus facile pour peu que l'on sache ou regarder l'information.

Etant des fonctions affines, pour la variation, il suffisait de regarder le coefficient directeur a. S'il est positif, la fonction est croissante, s'il est négatif, elle est décroissante, entre - l'infini et + l'infini. Ensuite, pour le tableau de signe, il fallait regarder ou est ce que f(x)=0. Entre - l'infini et le x pour lequel f(x)=0, le signe de la fonction était celui inverse de a (genre si a est positif, la fonction elle est négative), entre le x et + l'infini, il est du signe de a. Simple comme bonjour pour peu que l'on s'en souvienne.

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ft Natheon

Et bien finalement, il avait comprit son cours. Je le regardai dérouler une à une les résolutions d'équations sans se poser plus de questions que cela puis dresser ses deux tableaux parfaitement. Au final, s'il avait bloqué tout ce temps c'était uniquement parce qu'il n'avait pas réussit à simplifier ses équations, le reste il savait le faire. De toute manière, une fois qu'on avait l'équation sous la forme ax+b, il est vrai que le reste était d'une simplicité.

Je pourrais lui donner d'autres équations bien plus compliquées à simplifier pour qu'il puisse s'entrainer du style (4x+7)/5 mais je préférais le laisser tranquille pour le moment. Je l'avais aidé à se débloquer sur certains points et il allait à présent pouvoir se débrouiller tout seul pour la suite. Il savait faire des maths, il connaissait son cours. Le tout à présent c'était d'arriver à se faire confiance et à ne pas paniquer devant une formulation un peu complexe, et surtout de bien se souvenir de ses mathématiques de base, surtout ce qui concerne les priorités de calcul.


Je lui lançais un regard qui se voulait confiant et plein de fierté. Je n'étais pas une personne très expressive mais j'essayai de faire des efforts quand je voyais des personnes en difficulté écouter mes conseils et essayer de faire de leur mieux pour progresser. J'en avais formé des jeunes au shogi dans mon ancien club. Les premières parties n'étaient jamais évidente, ils me sortaient souvent des mouvements farfelus. Mais quand je les voyais progresser sous mes conseils, je ne pouvais m'empêcher de me sentir fier d'eux. J'avais encore du mal à sourire mais rien que le regard que je leur lançais pour leur confirmer que c'était bien semblait les satisfaire. Aussi me contentai-je de cela pour le moment.

Je pris un quatrième gâteau. Décidément, je commençais à en être addicte, c'était pas possible. Ou alors c'était parce que j'avais très faim. Pourtant je n'avais pas fait une énorme journée aujourd'hui, juste mon jogging du matin qui m'avait un peu épuisé, rien de plus. Après il faut dire qu'après deux mois de traversé en mer sans pratiquement rien manger, j'avais perdu du poids et je mangeai comme quatre pour compenser. Surtout que, j'avais beau me nourrir, mon corps brulait très vite mes graisses si bien que j'avais du mal à reprendre de la masse. Mais ça allait revenir avec le temps, j'y croyais.


Parce que honnêtement ça m'intéressai de connaitre la marque, ou la recette si c'était lui qui les avait fait. Je ne sais pas si c'était ce qu'il y avait de mieux pour mon régime mais je voulais les mêmes pour pouvoir satisfaire mes petits creux lorsque je travaillais ou m'entrainais. Oui, c'est triste à dire, mais j'avais tout le temps faim ces derniers temps. Cette traversée avait vraiment laissé plus de séquelles sur mon corps que je ne l'imaginais. Mais bon, avec le temps, je finirais bien par retrouver un régime normal. Et puis j'avais toujours le sport comme garde fou pour m'empêcher de pendre trop de gras.

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ft Natheon

Il les faisait donc lui même. Whaou. Il devait avoir un certain talent pour la cuisine parce que honnêtement, ils étaient vraiment réussit. Je n'aurais jamais pu faire aussi bien, vraiment. Bon après c'est comme tout, il faut pratiquer pour apprendre à faire les choses. Après tout, ce n'est pas du jour au lendemain que j'étais devenu champion du monde du shogi et des échecs, je m'étais entrainé pendant des années pour maitriser toutes les stratégies et développer mon raisonnement au maximum lors de mes parties. Tout n'était qu'une question d'entrainement et de maitrise.

J'hochai la tête pour répondre à sa question, étant ravis de recevoir quelques biscuits fait maison de sa part. Si je pouvais faire payer tous mes cours particuliers de math en gâteau et autre nourriture, je ne manquerai plus jamais de faim. Surtout lorsque les gâteaux en question étaient aussi bons.

Il n'empêche que c'était une belle passion ça, la cuisine. Personnellement, j'avais toujours laissé ma mère me préparer mes bento quand j'étais petit et n'avait fait que très peu cas de l'art culinaire, bien trop occupé à m'entrainer au shogi. Mais maintenant que je me retrouvai dans cette école à devoir cuisiner pour moi dans ma colocation, il allait falloir que je m'y mette pour me faire autre chose que du riz, bien que j'adorais le riz. Aussi, si je pouvais chopper quelques cours au passage, je n'étais pas contre. Je repris le stylo et inscrivit dans un coin de la feuille :


Surtout que maintenant que j'y pensais, la cuisine, ça ne devait pas être plus compliqué que la chimie organique. Il suffisait d'ajouter les bons ingrédients au bon moment et de chauffer le tout sur la bonne durée sans dépasser certaines températures. Tout un art que la chimie, surtout la chimie organique. Et je devais avouer que j'avais toujours aimé les TP de chimie à l'école. Déjà parce que j'avais toujours été le plus doué, minutieux comme j'étais, mais aussi parce que je comprenais parfaitement chaque étape du processus et n'étais jamais perdu. Et puis c'était cool de manipuler tous ces produits dangereux. La chimie organique... Un de mes chapitres de cours préféré. Détailler le déplacement des électrons au sein de la molécules pour expliquer comment, et grâce à quel type de réaction, on passait d'une molécule à une autre. Ce n'était que pur logique et un peu de puzzle. Tout ce que j'adorais.

Bon par contre j'imaginai très bien que la cuisine était très loin de tous ses principes là, bien qu'ayant quelques points communs tout de même. Après tout, en cuisine comme en chimie, on suivait une recette à la lettre, avec des quantités indiquées. Et puis, lorsque je regardai faire ma mère, étant petit, ça ne m'avait jamais paru si difficile. Elle ajoutait les ingrédients un à un avant de toute mettre dans une casserole ou au four. J'étais sur de pouvoir y arriver, que la cuisine n'avait rien de sorcier et qu'avec ma super mémoire et mon intelligence, j'allais m'en sortir comme un chef. Ah nous deux cours de cuisine ! A condition qu'il accepte de m'apprendre, évidement. Je finis par rajouter sur la feuille :

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ft Natheon

Evidement qu'un magicien ne donnait jamais le truc de ses tours, mais un cuisinier passionné partageait ses recettes, non ? Non visiblement. Après je comprenais, chacun ses recettes avec ses ingrédients spéciaux. Après tout les grandes marques de l'agro alimentaire donnait la liste des ingrédients mais protégeait malgré tout la recette pour ne pas se la faire voler par une autre entreprise qui pourrait alors rentrer en concurrence avec elle et faire baisser le prix du marché. Bon après, nous étions entre étudiants, j'allais pas commercialiser ses gâteaux, il fallait être réaliste. Mais je pouvais tout de même comprendre sa remarque. Et si déjà il pouvait m'enseigner une recette similaire, ça m'irait parfaitement, ça me mettrait au moins un peu à la cuisine.

Surtout que visiblement pour lui c'était une véritable passion la cuisine vu le nombre de plats qu'il semblait maitriser, tous européens je présume, mais chacun sa culture après tout. Personnellement je ne connaissais que la cuisine japonaise avec son poisson, ses algues et ses légumes à tout va. Les sushis et la soupe miso de ma mère me manquait, ainsi que les ramens que j'achetait au coin de la rue près de chez mes parents. Les bento du midi aussi me manquait, avec toutes les petites fantaisies que ma mère y glissait à mon attention. En règle général, mon pays me manquait, ayant été arraché à lui avec tant de précipitation, et je donnerai tout pour retrouver ma vie là-bas. Mais j'étais bloqué ici pour de longues années visiblement, sans aucun échappatoire. Si seulement ma mère n'avait pas eu cet accident...

Il me demanda en retour si j'avais d'autres passions, hormis les échecs et les maths. Oui c'est vrai qu'il m'avait vu jouer aux échecs tout à l'heure, et puis avec mon échiquier qui trainait à côté de moi sur la table, difficile de ne pas comprendre que c'était mon jeu préféré. Je m'emparai de nouveau du stylo pour écrire ma réponse. Qu'est-ce que je ne supportais pas cette méthode de communication n'empêche, je la trouvais longue et fastidieuse, nous demandant à l'un comme à l'autre de la concentration et du temps, ralentissant considérablement le flux de la discussion. Mais je n'avais pas le choix, ainsi ma condition était faite.


Je réfléchis un instant pour voir si j'oubliai quelque chose parmi mes passe-temps mais actuellement rien d'autre ne me venait à l'esprit. Après tout, toute ma vie à longtemps tournée autour du shogi, des échecs et des sciences, ne trouvant rien d'autre plus stimulant pour mon cerveau, catégorisé comme génie d'après les experts qui m'avaient fait passer de nombreux tests durant mon enfance. Il m'arrivait aussi d'essayer de résoudre des casses têtes et des énigmes lorsque je m'ennuyais mais c'était plus rare et périodique.

Mais revenons en à la cuisine car après tout en ce moment même, c'est ce qui m'intéressait le plus, car si ce jeune homme pouvait me donner quelques cours, ça me permettrait de mieux me débrouiller à la coloc pour les pauses repas.

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ft Natheon

Je regardai le carnet que me tendais le jeune homme. Il contenait donc toutes ses recettes ? Voila qui était intéressant. Il suffisait que je prenne une ou deux soirées pour mémoriser tout ce qu'il contenait pour connaitre un bon nombre de recettes. Et j'y aurais accès qu'en échange de cours de langage de signe ? Voila qui était intéressant, il était bien le premier à me faire une telle demande. Certains professeurs connaissaient le LSF et avaient avec moi une opportunité de s'exercer, mais je ne connaissais aucun élève qui ne s'y était intéressé pour le moment. Et ça faisait plaisir que quelqu'un me le demande, pour pouvoir plus facilement communiquer avec moi. Je me sentais ainsi moins mit à l'écart.

Je finis par hocher la tête avec un léger sourire sur les lèvres pour accepter la proposition du jeune homme. Je ne savais pas comment j'allais lui apprendre le LSF mais je trouverais bien un moyens, quitte à préparer des feuilles à l'avance pour faciliter la communication. Mon cerveau était déjà entrain d'établir les différentes leçons que j'allais devoir préparer, à commencer par les formes de politesse, puis les mots essentiels en cuisine pour que nous puissions facilement communiquer pendant nos cours de cuisine, puis on enchainera sur l'école peut être... ou la vie quotidienne... Ba, je verrais bien en fonction de ce qu'il voudra apprendre en premier.

Je finis par prendre le carnet entre mes mains et le feuilletait rapidement, regardant ses différentes recettes. Il y en avait vraiment pour tous les gouts. Nous allions nous éclater à préparer tout ça tous les deux, surtout que je comptais toutes les tester. J'avais l'habitude de la nourriture japonaise et la nourriture française m'intriguait, elle était si différente de celle dont j'avais l'habitude, un peu plus grasse mais tout aussi délicieuse.

Je finis par reprendre le stylo pour écrire rapidement ce qui me traversait en ce moment la tête.


Comme cela je pourrais commencer à préparer mes cours en avance lorsque j'aurais deux minutes, écrivant sur une feuilles tous les mots que nous allions étudier pour éviter d'avoir à les écrire en temps réel et ainsi perdre du temps. Il allait encore falloir que je réfléchisse à comment j'allais animer cela pour ne pas le rendre ennuyant pour le jeune homme. J'étais capable d'avaler des quantités d'informations sans effort et sans besoin d'une quelconque méthodologie, mais ce n'était pas forcément le cas des autres et j'allais devoir trouver des astuces pour rendre mes leçons attrayantes.

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ft Natheon

La dernière demande du jeune homme me fit sourire : les insultes. C'était toujours les choses qui revenait lorsqu'on débutait une nouvelle langue : les formes de politesses, l'heure, les jours, les mois, demander son chemin et bien sur... les insultes. Sinon ce n'était pas drôle. Après était ce pour pouvoir insulter les autres en douce ou pouvoir comprendre lorsqu'on se faisait insulter par quelqu'un ? Hum... Voila un sujet de sociologie sur lequel... non, je détestais la sociologie, jamais je ne me pencherais sur un tel sujet. Les hommes étaient ainsi fait et j'avais arrêté de chercher à savoir pourquoi. Et visiblement, insulter et rabaisser les autres étaient une activité aimé par les humains. Peut être pour se sentir supérieur aux autres, se donner de l'importance... Enfin, des sociologues vous l'expliqueraient mieux que moi. Personnellement, je préférais les maths.

Pour en revenir ensuite à sa question, je pris un temps de réflexion. Que voulais-je apprendre en priorité ? Ne pas mourir de faim. Merci Arisu, tu fais avancer le propos avec tes idées, c'est impressionnant ! Bon, trêves de plaisanterie, quels étaient les plats que je voulais apprendre en premier ? J'étais plus cuisine salée que sucrée, même si je devais avouer que ses gâteaux étaient excellent. Mais là comme cela, je n'avais que très peu d'idée.

En observant Nathéon, je l'imaginais mal connaitre par coeur des recettes de mon pays comme les onigiri, les sushis, les maki, les sobas, les ramen et j'en passe. Il semblait plus connaitre la cuisine occidentale qu'autre chose. Et n'ayant plus aucun moyen pour contacter ma mère - enfin si mais je ne l'utiliserais pas pour cela car je pourrais la mettre en porte à faux vis à vis des autorités - je ne pourrais donc pas lui demander ses recettes. Et ça, ça voulais dire que j'allais devoir apprendre par moi même. Mais déjà je devais apprendre les bases de la cuisine, le reste viendrait par déclinaisons et se ferait tout seul. Je pris donc le stylo pour écrire ma réponse à la suite de notre conversation.


Bon avec ça, Nathéon n'était pas plus avancé, mais au moins il avait quelques pistes de réflexion. Il pourrait me proposer le jour j plusieurs idées et je choisirais à ce moment là en fonction de mes goûts et de mes attentes. Et à force de pratiquer, je ne pourrais que m'améliorer et arriver peu à peu sur des plats plus techniques à réaliser et ainsi devenir un vrai pro de la cuisine. Ma mère n'allait jamais en revenir lorsque je rentrerais au Japon, si j'y rentre un jour.

Je finis par hocher la tête, convaincu par ma liste avant de me rappeler que pour nos cours de langage des signes, il valait mieux nous fixer un cours à horaire fixe par semaine. La répétions régulière, il n'y avait que ça de vrai pour apprendre.