Il faut s'accrocher !

ft Marie-Colette

Ah ! La fin de l'après midi, celle ou tu peux enfin poser tes fesses et faire autre chose que des mathématiques, de la philosophie et de l'histoire de la magie. Et aujourd'hui j'avais décidé que pour une fois, je n'allais pas travailler. Nous avions pas d'exercices ni de révisions à faire pour demain, j'avais même pris de l'avance ce week end donc, hop ! Les cours au placard pour ce soir. Mon père serait furieux s'il me voyait ainsi mais j'avais envie de décompresser pour une fois, de faire autre chose, de profiter un peu de mon temps libre.

Aussi je m'étais mise des playlists au hasard sur mon ordinateur portable ouvert sur mon lit et je lisais tranquillement un roman, allongée sur mon matelas, une petite tisane posée sur ma table de chevet, encore fumante. Voila ce que j'appelle une petite soirée tranquille. Surtout que mon roman était passionnant. C'était Inferno de Dan Brown - oui je voulais m'essayer à d'autres genres - et il traitait en grande partie de la surpopulation, un sujet passionnant permettant de débattre sur tellement de sujets et de problématiques différentes. Surtout que j'aimais bien la vision de l'auteur dans son œuvre ainsi que sa piste de réflexion. Je voulais vraiment connaitre la fin car ce livre promettait du grandiose. Mais soudainement j'entendis frapper à la porte de ma coloc. Qui cela pouvait-il bien être ? Eden probablement, pour aller jouer de la musique ou pour ses cours.

Je mis mon marque page, appuyai sur la barre d'espace de mon ordinateur pour mettre ma musique en pause puis me levai de mon lit pour aller voir, mon coloc étant absent. Je lissais au passage les plis de ma robe en style des années 50 à pois noire et blanche et vérifiai que je n'avais pas retiré mes collants. Une fois sûre d'être présentable, j'ouvris alors la porte de mon habitation et que ne fus pas ma surprise de découvrir sur le pas de ma porte la petite Colette, vêtues d'un salopette et d'une marinière, un panier de fraise dans les mains qu'elle me tendit en bredouillant une phrase à peine compréhensible, mais qui m'arracha tout de même un sourire.

- Bonjour Colette. Ravie de vous revoir. Venez, entrez, ne restez pas sur le pas de la porte.

Je me poussai alors, lui ouvrant la porte en grand pour la laisser rentrer dans mon logement. Puis je refermai la porte derrière. Si je m'attendais à la voir ce soir, je devais avoué que j'étais surprise. Depuis notre rencontre, je me demandai quand est-ce qu'elle pensait passer me voir un jour pour ses cours ou autre. Et bien voila qui était chose faite et je devais avouer que ça me faisait vraiment plaisir de la voir ici, elle et son jolie visage enfantin.

- Venez, ma chambre est de ce côté.

Je la conduisis alors jusque dans ma chambre et fermai de nouveau la porte derrière nous pour que nous puissions être tranquille et surtout ne pas déranger mon coloc. Je balayai un instant la pièce du regard. Tout était plutôt rangé si on oubliait l'ordinateur sur mon lit et la tasse sur ma table de nuit. Mon bureau était ordonné, avec posé dans un angle la lampe de jardin en forme de fleur que m'avait offert Télesphore - oui ne cherchez pas à savoir. Mon violon était à sa place, posé sur ma commode, dans son étui ouvert, laissant voir le magnifique instrument reposant à l'intérieur. Il y avait quelques livres ordonnées sur une étagère et mes placards étaient soigneusement fermés. Je vérifiai une dernière fois mais ne vis pas non plus de vêtements trainer hormis ceux qui étaient soigneusement pliés sur une chaise. Parfait.

- Installez vous ou vous voulez. Mettez vous à l'aise surtout.

Elle n'avait pas de manteau, sinon en bonne hôte je l'en lui aurais débarrassé. Aussi ne pouvais-je qu'attendre de voir où elle voulait s'installer. Je partis donc me rassoir sur mon lit, pris ma tasse et en bus une gorgée avant de me tourner vers la jeune femme avec un sourire.

- Venez vous ici pour quelque chose en particulier ou simplement pour discuter ?

Il faut s'accrocher !

ft Marie-Colette

Elle avait envie de me revoir. Oui très bien, d'accord, comment dois-je prendre cette information, je ne sais pas mais d'un côté ça me faisait plaisir. Colette était vraiment adorable et je devais avouer que j'avais eu moi aussi envie de la revoir pour discuter simplement comme deux connaissances voir deux amies le ferait, sans prise de tête. Des amis. Je commençais à m'en faire quelques uns ici et je devais avouer que l'amitié était quelque chose de vraiment formidable. Pourquoi n'avais-je pas connu cela plus tôt ? Enfance pourrie que la mienne. Si seulement j'avais pu aller à l'école lorsque j'étais petite, je me serais pas sentie si perdue et démunie aujourd'hui.

Bon et visiblement, elle était venue aussi pour ses devoirs. Et bien nous allions voir cela. Personnellement, ça ne me dérangeais absolument pas de travailler avec elle, au contraire : si je pouvais l'aider à reprendre confiance en elle et à améliorer ses notes, c'était le principal. Et puis moi, ça ne me ferait pas de mal de revoir mes bases. Je regardai le bureau avec les fraises dessus où elle semblait avoir posé ses affaires. Je reposai ma tasse sur ma table basse et me levai de mon lit.

- Allez y, installez vous à mon bureau, je vais chercher une chaise et du sucre pour les fraises. Nous allons regarder cela ensemble.

Je lui fis alors un magnifique sourire amical avant de sortir de ma chambre pour me diriger dans la pièce à vivre. Je farfouillai dans les placards à la recherche de sucre en poudre. Rien qu'en ayant vu les fraises, j'en avais l'eau à la bouche. Je pris également une petite assiette comme récipient pour le sucre. Puis d'une pensée je fis léviter une chaise de la salle à manger derrière moi et je reviens alors dans ma chambre ainsi chargée. Je déposai mes victuailles sur le bureau et reposai la chaise sur le sol près de mon bureau avant de m'asseoir dessus, lui laissant l'autre qui était bien plus confortable pour qu'elle soit plus à l'aise. Après tout, c'était elle qui allait travailler, pas moi.

- Bien, par quoi commençons-nous ?

Pendant qu'elle sortait ses manuels, je versai un peu de sucre dans l'assiette puis saisis une fraise et la plongea dans tout ce saccharose avant de croquer dedans. Elle était juteuse et sucrée à souhait, un vrai délice. Cela faisait longtemps, très longtemps que je n'avais pas mangé de fraises. La dernière fois, ça devait remonter à l'été dernier. Ma gouvernante m'en avait rapporté de son jardin et je les avais alors dégusté au soleil sur la terrasse, profitant du bon temps que cette saison apportait. Et alors que je finissais d'avaler celle que j'avais en bouche, j'avais l'impression d'être de retour sur cette terrasse, quelques mois avant cela. Ma maison me manquait terriblement, ma gouvernante aussi. Mais après ma discussion avec Eden, je n'avais plus tant envie que cela de revoir mon père pour le moment. Je voulais d'abord vivre ma vie, faire mes propres choix et arriver à assumer pleinement qui j'étais avant de réaffronter mon père qui m'avait gardé enchainé toutes ses années.

- Elles sont excellentes ! Est-ce vous qui les avait fait pousser ?

Il faut s'accrocher !

ft Marie-Colette

Je regardai une à une ses copies tout en dégustant une fraise. Mon dieu, il y avait des fautes partout sur des choses basiques en plus. Les racines carrés visiblement, elle n'a rien comprit, les fonctions ce n'était pas mieux et la conversion des heures en minutes je n'en parle même pas. Bon, ce dernier point était facile à résoudre, elle avait divisé au lieu de multiplier, mais ensuite le reste du raisonnement était bon, sauf la réflexion à la fin si son calcul était cohérent ou non, car c'est vrai que bon, 250 000 s/m, c'est vraiment un super saumon qui nage aussi vite que Flash court. Et cette réflexion aurait put lui mettre la puce à l'oreille comme quoi elle avait faux quelque part.

Et quand je jetais ensuite un coup d'oeil à sa biologie... Bon et bien il y avait du travail d'apprentissage. Mais nous allions plutôt commencer par les maths, comme cela j'allais pouvoir lire un peut mieux sa biologie pendant qu'elle fera quelques exercices d'entrainement. Parce que là, je venais de lire rapidement chronoplaste et mitose au lieu de cytoplasme et de mitochondrie. Il allait falloir clarifier tout cela dans sa petite tête et qu'elle arrête de tout mélanger, car si elle commence à parler de mitose qui correspond à la division cellulaire au lieu de la mitochondrie qui est l'organite qui permet de créer l'énergie pour la cellule grâce au cycle de Kreps, nous n'étions pas rendu.

- Bien, commençons par résoudre le problème de super saumon. Regardez votre conversion d'heure en seconde. C'est très bien d'y avoir pensé, c'est super, au moins vous avez fait attention à vos unités. Mais ne pensez-vous pas qu'il y a comme un petit problème ? Selon vous, y a-t-il 0,016 secondes dans une heure ? Je sais que la vie est courte et que le temps passe rapidement mais là on n'a même plus le temps de vivre.

Je marquai un blanc pour qu'elle puisse analyser son problème. Je la voyais se déconfire un peu sur place alors qu'elle prenait conscience de son erreur. Je pris alors un stylo et commençais à noter sur une feuille à part.

- Vous savez que dans 1h, il y a 60 minutes, et dans une minutes il y a 60 secondes. Donc 1h = 60 minutes et 1 minute = 60 secondes. Donc si vous devez passer des heures en minutes ou en secondes, forcément que le chiffre que vous obtiendrez à la fin sera plus grand que celui des heures. Comment expliquer cela clairement... Imaginez que ma barquette de fraises contient 20 fraises, et que chaque fraise contient 10 graines. J'improvise un peu mais imaginons. Donc nous sommes d'accord que je n'ai qu'une seule barquette. Mais cette barquette elle à 20 fraises. Donc la 1 barquette = 20 fraises. Donc vous voyez que pour passer de ce que je considère comme le plus grand au plus petit, mon chiffre est plus important, 20>1. Ensuite une fraise contient 10 graines. Donc 1 fraise = 10 graines. Donc idem 10>1. Et maintenant si on prend 2 fraises, combien ai-je de graines ?

J'espérai qu'avec mon exemple je ne la perde pas de trop mais c'était plus facile de visualiser des objets physiques que des quantités abstraites comme les heures ou les secondes. La, au moins, elle se rendait plus facilement compte des choses. Aussi continuai-je mes explications tout en ayant la crainte de l'avoir déjà perdue.

- 1 fraise = 10 graines, donc 1*2 fraises = 10*2 graines, vous appliquer le même coefficient multiplicateur de chaque côté de l'équation pour garder l'équilibre de l'équation, ce qui nous fait que 2 fraises contiennent 20 graines. Et vous voyez que 20>2. Jusque là, ça va ? Ok nous continuons. Appliquons maintenant ce raisonnement pour 20 fraises. 1*20 fraises = 10*20 graines, ce qui nous donne que 20 fraises contiennent 200 graines. La dessus, ça va toujours ?

Je commençais enfin à arriver à la fin de mon raisonnement et je voyais dans ses yeux qu'elle commençait à capter l'idée, de là où je voulais en venir à travers mon exemple. Ce que j'espérai surtout c'est qu'elle ait bien compris l'idée avant que nous ne repassions sur la conversion en secondes, qu'elle ne soit pas de nouveau perdue devant les choses abstraites. Au pire, si ça l'aidait, sa vie allait être comptée en fraises et plus en minutes.

- Donc si on reprend ma barquette, nous savons qu'elle contient 20 fraises. Donc 1 barquette = 20 fraises. Or 20 fraises = 200 graines. Nous pouvons donc remplacer dans la première équation les 20 fraises par leur nouvelle valeur, à savoir 200 graines, grâce à l'égalité qui existe entre les deux. Donc 1 barquette = 200 graines. Et voila comment j'ai convertit une barquette en graines. Bien, maintenant revenons en au temps.

Je passai alors à la ligne suivante pour laisser de l'espace sur ma feuille entre mes fraises et mes mesures de temps.

- Vous savez que 1 heure = 60 minutes et 1 minute = 60 secondes. Donc si on prend la deuxième équation et qu'on multiplie par 60 de chaque côté pour avoir le nombre de secondes dans 60 minutes, ça nous donne 60*1 minutes = 60*60 secondes, donc 60 minutes = 3600 secondes. Donc dans une heure, si nous reprenons la première équation, nous avons donc 3600 secondes, et non 0,016. Et là nous pouvons enfin prendre le temps de respirer et de voir la journée se dérouler tranquillement.

Bon par contre clairement elle n'allait pas poser ses équations toute sa vie. Je venais de lui faire la démonstration pour qu'elle comprenne bien mais il allait falloir qu'elle apprenne la conversion par multiplications successives histoire qu'elle aille plus vite dans la résolution de ses exercices.

- Tout cela c'est bien joli mais c'est un peu long. Ce que vous devez absolument retenir c'est que lorsque vous convertissez des heures vers les secondes, le nombre va devenir plus grand, et lorsque vous convertissez des secondes vers des heures, le chiffre va devenir plus petit, déjà, pour vous donner un ordre d'idée. Ensuite quant à savoir ce que vous devez faire comme calcul, retenez ceci : déjà, je passe de quoi à quoi ? Des heures vers des secondes. Donc j'écris le nombre d'heure que je dois convertir, puis le nombre de minutes que contient une seule heure, puis le nombre de secondes que continent une seule minute, comme ceci : 1 60 60. Puis comme je passe des heures vers les secondes, j'applique alors le symbole multiplier, comme ceci : 1 * 60 * 60 et miracle, ça donne 3 600. Et par exemple si j'avais deux heures : 2 * 60 * 60 = 7 200 secondes. Ca va ça ? Et si vous vouliez simplement convertir en minutes, et bien vous enlevez le 60 des secondes, 2 * 60 = 120 minutes. Ceci se démontre très facilement avec les équations du dessus. Et avec ce principe vous pouvez même convertir des jours en secondes. Vous savez qu'un jour dure 24 heures. Donc une journée comprend 1 * 24 * 60 * 60 = 86 400 secondes. Ensuite pour aller à l'inverse, des secondes vers les heures, il suffit de diviser. Vous inscrivez le nombre de seconde que vous avez puis le nombre de secondes et de minutes que contient une minute et une heure, comme ceci : 7 200 60 60 et ensuite vous mettez le symbole divisé : 7 200 / 60 / 60 = 2 heures, sous entendu que c'est 7200 que vous divisez par 60, puis le résultat que vous divisez de nouveau par 60.

Parce que sinon ça mettait le bazar dans l'équation et les deux 60 s'annulaient, bref je vous passe les détails. A retenir Du plus grand vers le plus petit on multiplie, du plus petit vers le plus grand on divise. J'observai un instant la jeune femme, cherchant à savoir si je l'avais définitivement perdue ou non.

- Surtout si vous avez la moindre question ou le moindre doute, vous me dites et je recommence tout, parce c'est super important de savoir bien faire ses conversions de temps, que ce soit en mathématique mais surtout en physique. Bien, pendant que je relis vos copies de biologie, vous n'avez qu'à faire quelques conversions de temps, celles que vous voulez et dans le sens que vous voulez.

Je lui fis un sourire. Il n'empêche que j'avais beaucoup parlé et pas mal écrit sur la feuille, j'avais à présent la gorge un peu sèche. Ah ! Ma petite Amicia, c'est bien de vouloir être précise dans tes explications, mais il faudrait que tu apprenne à être plus concise. Je tournai la tête vers ma table de nuit et fit venir jusqu'à moi ma tasse de thé encore chaud pour me désaltérer un peu avant de la poser sur le bureau et de voir si elle avait des questions avant de me plonger dans ses copies.

Il faut s'accrocher !

ft Marie-Colette

Je la regardai de nouveau résoudre le problème du saumon. Elle avait enfin compris la conversion du temps. Par contre elle fit une petite erreur d'unité à la fin, exprimant sa vitesse en kilomètre par heure et non en mètre par seconde. Presque, on y était presque.

- Faites juste attention à vos unités. Vous avez tout convertit en mètre et en seconde donc votre vitesse est en mètre par seconde et non en kilomètre par heure. Si vous voulez la vitesse en kilomètre par heure, il suffisait de garder les mesures telles qu'elles. Mais sinon votre calcul est juste, continuez comme cela.

Et pendant qu'elle faisait d'autres conversions de son choix, je pus me plonger dans ses copies, prenant des notes sur une feuille à part pour savoir quels points j'allais devoir aborder avec elle lorsqu'elle aurait finit avec ses vitesses. Il y avait tellement de confusions, de termes inversés, de définitions non comprises ou non apprises. Je pouvais tout lui réexpliquer mais de son côté il allait falloir qu'elle apprenne les terme par coeur. En tout cas, ses schémas étaient bien fait et plutôt complets. J'avais l'impression qu'elle avait plus une mémoire photographique et que l'utilisation des dessins l'aidait à retenir plus facilement les choses.

Lorsqu'elle reposa son crayon, je me penchais alors vers sa feuille et un sourire s'inscrivit sur mes lèvres au fur et à mesure que je lisais ses réponses. Cette fois ci elle avait fait attention à ses unités et toutes ses conversions étaient bonnes.

- C'est bien, très bien même. Je pense que vous avez enfin compris et saisit l'idée. Bien, passons à la biologie histoire de faire autre chose.

Nous reprîmes alors ensemble sa copie point par point. Je lui racontais de nouveau la composition et la vie d'une cellule, en m'appuyant sur un dessin, essayant de me rapprocher au maximum de son cours pour ne pas trop en dire. Je la félicitais au passage pour ses schémas clairs et précis. Je lui refis une liste complète de vocabulaire avec les noms de chacun des organites d'une cellule et leur définition ou caractéristiques principales, ainsi que des mots qu'elle avait employé à tors. Nous y passâmes vraiment beaucoup de temps, voulant être sûre qu'elle comprenne bien tout ce que je lui racontait, n'hésitant pas à utiliser des métaphores pour expliciter mes propos.

Une fois que nous arrivâmes à la fin de sa copie, je n'en pouvais plus d'avoir tant parlé. Ma tasse de thé était vide et il ne restait plus que quelques fraises pour calmer ma gorge. Je me tournai alors vers ma jeune amie qui semblait tout autant épuisée que moi par toutes ses explications.

- Je vous propose de faire une pause avant que nous attaquions les fonction et les racines carrés. Je vais me servir un nouveau thé. Voulez vous quelque chose également ?

Je soulignai ma demande avec un sourire et piquais dans l'assiette une nouvelle fraise que j'agrémentais de sucre avant de la croquer avec gourmandise, laissant l'eau qu'elle contenait me désaltérer partiellement.

Il faut s'accrocher !

ft Marie-Colette

Une fois que le thé fut servit, j'invitai la jeune fille à venir s'asseoir sur le divan du salon de ma colocation, histoire d'être plus à l'aise. J'utilisai très peu le séjour, n'ayant pas beaucoup de contact avec mes colocataires. J'avais donc plus tendance à rester seule enfermée dans ma chambre qu'à venir m'assoir ici pour chercher du réconfort. A la limite, si j'avais vraiment besoin de voir quelqu'un, j'allais dans l'appartement d'Eden ou je me promenais dans les couloirs à la recherche d'une connaissance.

Je remarquai que Colette était très curieuse, regardant tout autour d'elle avec ses grands yeux émerveillés d'enfants. Je savais que les chambres des lycéens étaient différentes de celles des étudiants, mais je ne savais pas ce qui différait hormis le fait que la leur ressemblait plus à un dortoir qu'à un appartement. Il faudrait que je lui pose la question à l'occasion. Elle aborda le sujet de la présence ou l'absence de colocataire dans cet appartement. Je souris, légèrement amusée par cette question.

- Oui j'ai des colocataires, mais je ne les connais pas très bien, les voyant peu. J'ai un peu tendance à faire bande à part.

Lorsque je rentrai le soir, après avoir joué du violon, j'avais tendance à avoir besoin de m'isoler, mes problèmes personnels que j'avais mis de côté toute la journée faisant alors surface dans mon esprit, ne pouvant plus être contenu plus longtemps. Je m'enfermai alors dans ma non joie de vivre et essayai de les évacuer et de les gérer au mieux, souvent en me plongeant dans un roman ou en travaillant sur mes cours jusqu'à ce que, lasse de la journée, je finisse par aller me blottir sous ma couette, prenant au passage ma tisane pour dormir et mes cachets.

Aussi je ne serais dire si j'appréciai mes colocataires, je les connaissais mal. Il faudrait n'empêche qu'un week end on se prenne du temps pour faire connaissance autour d'un verre et d'un peu de musique, ça pourrait être sympa. Mais revenons en à Colette qui me regardai avec ses grands yeux marrons tout bonnement adorables.

- Et vous, avez vous des compagnons de chambre ? D'ailleurs, j'ai entendu dire que les chambres des lycéens étaient très différentes des nôtres, est-ce vrai ?

Je bus une gorgée de mon thé brulant. J'allais bientôt devoir aller au toilettes à ce rythme. Deux thés en si peu de temps ? J'avais une plutôt bonne vessie mais il n'empêche que je n'étais pas surhumaine. Mais pour le moment, l'envie ne s'en fit pas sentir, aussi ignorais-je cette pensée qui venait de me traverser l'esprit, profitant seulement de la tasse de thé qui me réchauffait les doigts et de la présence de la jeune femme qui réchauffait le coeur. Les relations humaines et les amis... Il n'y avait décidément que ça de vrai dans la vie. Mon père avait eut tellement tors de me couper ainsi du reste du monde, bien que je savais que c'était d'une pour ma sécurité, mais surtout pour pouvoir me façonner à son image.

Il faut s'accrocher !

ft Marie-Colette

Les lycéens avaient donc bien une chambre commune plus style dortoir que appartement comme la nôtre. Il faudrait que je vienne visiter un de ses jours, histoire de voir comment sont agencées ces pièces, peut être à l'occasion lorsque je viendrais aider Colette de nouveau pour ses devoirs. Elle me parla ensuite de ses deux colocataires : une fille du nom de Aslynn qui était plus âgée qu'elle et un garçon du nom de Natheon. Et visiblement la présence d'un garçon dans sa chambre semblait grandement la perturber vu comment elle me le révéla.

Moi même ça m'étonnait. Bon, je partageai ma coloc avec un jeune homme aussi mais nous avions chacun notre chambre, donc pas de prise de tête la dessus, chacun faisait ce qu'il voulait dans sa pièce personnelle et nous nous voyons que dans les parties communes la journée. Mais je devais avouer que de partager sa chambre avec un garçon devait faire bizarre à Colette, surtout en pleine adolescence où le corps changeait énormément. Moi même je ne comprenais pas le choix de l'école de faire des chambres mixtes. Des coloc mixtes, oui, mais des chambres mixtes ? Au secours. Comment avoir un moment d'intimité avec soi autre que de s'enfermer dans la salle de bain ? Je pouvais clairement comprendre son malaise, vraiment.

Je répondis à son hochement de tête par un soupire, comprenant sa galère. Mais je n'avais de solution pour elle, hormis de demander à la direction de changer de chambre peut être, ou alors de tirer des draps à travers la chambre pour essayer de faire une partie fille et une partie garçon ? Oui mais le pauvre Natheon, être mit ainsi à l'écart juste parce qu'il avait la malchance d'être un garçon dans une chambre de fille. Pas simple cette histoire, effectivement. Après je ne connaissais pas les autres étudiants en lycée à part Astrid, donc je n'allais pas pouvoir l'aider sur ce point.

Elle me demanda alors de confirmer que je n'avais pas fait mon lycée ici, pensant à tors que tous les étudiants de cette école avaient fait leurs études ici. Et malheureusement ce n'était pas mon cas. Je n'étais pas issue d'un famille de mages et bien que ma mère avait prévu de m'envoyer ici pour me mettre à l'abri, elle n'avait jamais pu le faire, étant morte peut de temps avant ma rentrée au lycée. Je m'étais retrouvée seule avec mon père, livrée à moi même et devant cacher seule la nature de mes dons avec seulement les dernières paroles de ma mère gravées dans ma mémoire, me disant d'aller à Leoska si jamais j'avais des ennuis. Ce qui avait été le cas.

Dans la réalité des choses, je pensais que j'aurais préféré qu'elle m'y envoie bien plus tôt, ou qu'elle voit avec mon père pour m'y envoyer en faisant croire qu'il s'agissait d'un pensionnat par exemple. Mais maintenant que j'y réfléchissais, ça n'aurait jamais marché, mon père avait toujours voulut superviser mon éducation avec les professeurs qu'il m'avait choisit, voulant contrôler chaque aspect de ma personne jusqu'au moindre de mes gestes, de mes décisions et de mes pensées. Je n'avais été qu'une marionnette entre ses doigts, une poupée de cire qu'il exposait à ses convives comme bon lui semblait. Et ça c'était aggravé à la mort de ma mère : n'ayant plus personne pour me protéger, j'avais été exposée à tous ses volontés, ses sévices et ses abandons. Ces quatre années avaient été les pires de ma vie et je ne regrettais qu'à moitié de m'être enfuie.

Mais assez discuté de mon passé, revenons en à Colette et à sa question, sinon je sentais que j'allais me foutre le cafard à ressasser tout cela. Comment lui répondre sincèrement sans en dévoiler de trop ? Essayons ceci :

- Non, j'ai fait mon lycée au domicile de mon père, comme tout le reste de mes études d'ailleurs. C'est un homme riche vous savez, un homme influent avec des origines bourgeoises bien ancrées et qui a donc tenu à ce que j'ai la meilleure éducation possible. J'avais des professeurs particuliers qui venaient me faire cours dans ma chambre et j'avais même le droit à des cours de bienséance. Aussi je n'ai jamais mis les pieds dans une école avant cette année, et ce malgré lui.

Je marquai un silence, observant le contenue de ma tasse. Puis je finis par boire une gorgée brûlante avant de reprendre en relevant les yeux vers ma jeune amie :

- En vérité, je pense que j'aurais préféré faire mes études ici plutôt que chez mon père. J'ai l'impression d'être une étrangère ici, moi qui n'ai jamais vécu en société. Pendant des années j'ai été coupé de toute civilisation de mon âge, ne fréquentant que des adultes de temps à autre, aussi je ne connais presque rien à tout ceci. Et le pire, c'est qu'avant d'arriver ici, je n'avais jamais eu d'ami, j'ai toujours été seule jusqu'à maintenant.

Mais pourquoi lui parlais-je de tout cela ? Me voila à me confier sur un sujet aussi personnelle à une jeune fille que je connaissais à peine. Elle était vraiment adorable, certes, mais tout de même. En même temps, il était si facile de discuter avec elle que ça me venait naturellement, je n'avais même pas besoin de me forcer pour que cela sorte. Mais bon, je venais de casser l'ambiance. Merci Amicia ! Franchement, on ne te félicite pas. Oui c'est bon, je sais, je vais balayer ça d'un revers de la main et ça sera réglé.

- Enfin maintenant tout ça c'est du passé, je me suis fait quelques connaissances ici dont certaines sont devenues des amis. Et j'arrive de plus en plus à m'intégrer aux autres, ce qui est une nette progression depuis mon arrivée ici. Mais et vous, ça va votre intégration dans cette école ? Vous arrivez à vous faire des amis ?

Il faut s'accrocher !

ft Marie-Colette

Je sentis la difficulté avec laquelle elle avait du mal à me parler de tout cela. Je ne connaissais pas son père ni la relation qu'ils avaient entretenu tous les deux mais à travers ses quelques mots je pouvais sentir toute la difficulté de leur relation. Colette n'avait pas l'air d'avoir grandir dans une famille riche, certes, mais en dehors de l'argent, il y avait d'autres moyens de faire plaisir à ses enfants et de prendre soin d'eux. Ma mère l'avait si souvent fait sans dépenser le moindre centimes pour moi : elle m'avait permit d'échapper au joug de mon père l'espace de quelques heures en m'emmenant découvrir le monde extérieur. Mais on ne s'échappe pas si facilement de sa cage, il avait toujours fallut que j'y retourne malgré tout.

Par contre je ne compris pas de quoi elle parlait lorsqu'elle évoqua les camions. Parlait-elle de la police ? Son père l'aurait-il dénoncé aux autorités ? C'était fort possible, après tout ça arrivait à beaucoup de monde. Mais quel parent horrible, de livrer ainsi sa fille à ces usines monstrueuses, tout ça pour toucher la prime qui allait avec. Cela me révoltait, je trouvais cela abjecte de sa part. Mais après, je ne connaissais pas ses motivations et peut être était-ce l'acte d'un homme désespéré et non d'un homme cruel. Je n'étais personne pour juger.

En tout cas j'étais heureuse pour elle si jusqu'ici elle n'avait fait que de bonnes rencontres dans cette école. Et puis, les amis, ça viendra, il suffisait qu'elle prenne confiance en elle. Après tout, moi aussi au début j'avais eu beaucoup de mal à m'intégrer, ne sachant pas comment réagir avec les jeunes de mon âge. C'était toujours difficile de s'intégrer dans un endroit quand tu connaissais personne et encore moins les eus et coutumes de chacun. Je comprenais donc parfaitement ce qu'elle pouvait ressentir.

Je posais ma tasse sur la table basse et posai mes mains sur les siennes en signe de réconfort, tout en plongeant mon regard dans le sien, affichant un sourire qui se voulait rassurant et prit une voix douce pour lui répondre :

- Je ne sais pas ce que c'est que de se faire dénoncer par sa propre famille. Personnellement j'ai du m'enfuir de ma maison car un inconnu m'avait vu utiliser ma magie et m'avait alors dénoncé. J'ai donc du vivre comme une fugitive avec une seule destination en tête : Leoska. Je n'avais personne pour m'aider et ne pouvais me fier à personne. J'ai eu beaucoup de chance lorsqu'au final je suis tombée sur une mage qui m'a conduite jusqu'ici, sinon je ne sais pas ce que je serais devenue.

Je fis une pause et me mis à caresser la main de la jeune femme du bout du pouce pour la réconforter.

- Mais moi c'était un inconnu, après tout je ne peux pas lui en vouloir, la peur et le conditionnement par les autorités poussent les honnêtes citoyens à faire des choses dont ils n'ont même pas conscience des conséquences. Cet homme n'a fait qu'obéir aux ordres du gouvernement. Mais concernant votre père... Peut être y a-t-il une raison derrière son acte, ou peut être n'étiez vous devenu à ses yeux qu'une source d'inquiétude et de revenu facile. Je ne saurais vous le dire, je ne connais pas. Mais ici, sachez le, vous allez trouver une nouvelle famille, des gens sur lesquels vous pourrez compter toute votre vie. La séparation avec votre famille a été peut être douloureuse, mais ne vous laisser pas abattre par cela. Nous méritons tous de vivre une belle vie, épanouie et heureuse, et il en va de même pour vous. Si votre père n'a pas su vous aimer, d'autres le feront à sa place.

Je finis par enlevé mes mains des siennes et repris ma tasse en main pour boire une gorgée. J'avais l'impression d'avoir parlé à moi même. Moi aussi, ma relation avec mon père avait toujours été très complexe et tendue, car il me gardait continuellement sous son contrôle, décidant de chaque aspect de ma vie sans que je puisse y trouver à redire. J'aimais mon père mais je n'étais pas mécontente pour autant de m'être enfuie de chez moi pour atterrir ici où je rencontrais chaque jour des personnes formidables qui me faisaient voir le monde de manière différente.

- En tout cas, sachez que vous pourrez toujours compter sur moi et sur mon soutiens.

Il faut s'accrocher !

ft Marie-Colette

Au moment ou je vis la jeune femme fondre vers moi pour m'enlacer, je réussis à mettre ma propre tasse en sécurité pour éviter de renverser mon thé, non sans que quelques gouttes ne s'échappent malgré tout. Je mis alors mon pouvoir à disposition pour maintenir la tasse en suspension à côté de moi et reportai mon attention sur la jeune femme qui me serrait dans ses bras. Visiblement, la vie n'avait pas épargné Colette et elle avait besoin en ce moment d'un ami plus que n'importe qui. Elle dut tout de même sentir ma surprise face à cet élan car elle se sépara de moi rapidement en bafouillant des excuses. Je lui souris gentiment. Elle m'avait surprise par son geste, certes, mais au final, je le comprenais et n'en était nullement gênée. Après tout, lors d'une de mes crises de larmes, j'étais moi même allée me réfugier dans les bras de mon ami coréen en quête de soutien. Je comprenais donc parfaitement qu'il en soit de même pour la jeune fille.

- Ne vous excusez pas, c'est normal. Ca m'a juste surpris c'est tout.

Je la vis alors attraper des serviettes en papier et s'éponger les jambes. La pauvre, dans son élan, le contenu de sa tasse avait finit sur ses cuisses. J'espérai juste qu'elle ne se soit pas ébouillantée avec. Tiens ma tasse d'ailleurs, elle était toujours en suspension à côté de moi. Je la raccompagnais d'un mouvement de tête et de la pensée jusqu'à la table où je la déposai délicatement avec l'aide de mon don. Puis je me tournai vers Colette. Je ne pouvais pas la laisser dans cet état là, ça ne devait pas être agréable du tout pour elle. Je devais bien avoir quelque chose dans mon placard qui fasse l'affaire comme une jupe ou un short, ayant un peu peur que mes robes et mes pantalons soient trop grands pour elle. Je me levai alors du canapé.

- Ce n'est rien, venez avec moi, je vais vous trouver quelque chose d'autre à enfiler à la place de votre salopette, vous serez plus confortable comme ça.

J'entrainais alors la jeune fille dans ma chambre sans lui demander trop son avis et me dirigeai vers mon armoire. J'avais pas mal de vêtements stockés dedans mais la plupart étaient des robes de toutes les longueurs. J'avais juste un peu peur qu'au niveau du haut ça soit trop grand pour elle. Je me rabattis alors du côté de mes jupes. J'en avais deux qui se maintenait grâce à un élastique et qui étaient donc multi-tailles. Je les sortis toutes les deux et les posai sur mon lit avec l'aide de ma magie. Puis je fouillais rapidement parmi mes shorts et mes jeans.

- J'ai ces deux jupes qui pourront peut-être vous aller. Sinon j'ai des shorts et des jeans, avec l'aide d'une ceinture ça devrait tenir, mais j'ai un peu peur que les jeans soient trop long. Vous préférez quoi ?

Dans ma tête, ce n'était qu'un emprunt qu'elle me faisait pour la journée et qu'elle me rendrait lorsque nous nous recroiserons. Mais je ne pouvais pas la laisser dans cet état alors que je possédais malgré tout une garde robe fournie. Honnêtement, je n'étais pas à une jupe ou un jean près dans mes étagères, surtout que je portais principalement des robes. Quoi qu'elle choisisse, ce vêtement n'allait pas me manquer, même si elle le gardait pendant des semaines.

Il faut s'accrocher !

ft Marie-Colette

Visiblement, une jupe lui convenait. Et bien parfait, je n'aurais pas à sortir d'autres vêtements de mon placard. Je n'avais la qu'une portion de tout ce que je possédais, ayant du en laisser les trois quart chez mon père, ma pauvre valise ne pouvant pas tout contenir. Déjà que ce soir la j'avais du m'enfuir en transportant une grosse valise, un sac et mon violon, je ne vous parle même pas s'il avait fallut que je prenne l'entièreté de ma garde robe. Ca aurait été mission impossible. Heureusement que mon pouvoir m'avait aidé à en transporter autant sans effort, surtout pour courir à travers la forêt.

Pendant qu'elle se changeait, je remis un peu d'ordre dans mon placard pour que tout soit bien aligné après avoir fouillé au milieu de tous mes vêtements. Une fois satisfaite du résultat, je me tournais vers la jeune fille qui était entrain d'enfiler l'une des deux jupes, la noir plissée qui était faite dans une matière plutôt légère et la rendait très volante. Je devais avouer qu'avec sa marinière, ça lui allait très bien. Je fis venir jusqu'à moi la deuxième jupe et la rangeai avec le reste. Puis je me dirigeai vers la jeune fille qui s'admirait et attendait visiblement mon approbation, un sourire aux lèvres.

- Elle vous va à ravir. Il vous manquerez plus qu'une jolie paire de talons et plus aucun garçon ne vous résisterait.

Pourquoi disais-je cela ? Il est vrai qu'elle était vraiment adorable, avec un visage délicat et de grands yeux expressifs, remplis de gentillesse et de curiosité. Colette était une petite perle précieuse qu'il fallait préserver, surtout après ce qu'elle venait de subir pour arriver jusqu'ici. Je ne sais ce qu'elle avait vécu d'autre durant sa vie mais j'espérais qu'elle avait gardé en elle encore des touches d'innocence et que ce monde impitoyable ne l'avait pas encore brisé comme il m'avait brisé moi. Personne ne méritait le même châtiment que moi, personne, pas même mes ennemis.

Je m'assis sur mon lit et observai un instant son visage et ses cheveux. J'aimais beaucoup sa coupe au carré, ça lui allait parfaitement. Personnellement, je n'oserai jamais les couper aussi court, je trouvais qu'ils m'allaient mieux très long que court et attaché ainsi en queue de cheval avec l'aide d'un ruban. Mais j'avais un visage un peu plus anguleux, moins rond que celui de Colette. Et mes cheveux étaient d'une couleur si atypique qu'il leur fallait une certaine longueur pour être beaux et surtout qu'on ne me prenne pas pour une grand mère de dos. Mais pour en revenir à Colette, je ne pouvais m'empêcher de trouver qu'il lui manquait une petite touche de couleur.

- Avez-vous déjà essayé d'attacher vos cheveux avec l'aide d'un foulard ? Pour leur donner une petite note coloré ?

Je me levai de nouveau de mon lit et retournai auprès de mon armoire à la recherche d'un foulard noir et blanc qui pourrait aller avec l'ensemble de sa tenue. Le port du foulard dans les cheveux comme je l'imaginait pour elle était à la mode il y a des années de cela et c'était finalement arrêté. Mais je trouvais cela toujours élégant pour des cheveux coupés au carré le port d'un joli foulard pour les retenir en arrière tout en faisant habillé. Après quelques secondes de recherche, je sortis un carré de soie, pile celui que je cherchai, et le pliai soigneusement pour en faire une bande. Puis je me dirigeai vers la jeune femme.

- Puis-je ?

Une fois que j'eus son accord, je dégageai sa frange du reste de ses cheveux. Je déposai le foulard sur le sommet de son crâne et le nouai derrière la nuque pour ainsi séparer ses cheveux de sa frange. Puis je me reculai pour observer le résultat. Je remis quelques mèches rebelles en place pour faire quelque chose de plus soigné, et une fois satisfaire de l'image qu'elle renvoyait, je finis par la laisser se regarder dans le miroir, affichant un sourire sur mon visage.

- Simple, mais ça fait toujours son petit effet.

Il faut s'accrocher !

ft Marie-Colette

La réaction de la jeune fille me fit presque rire, affichant sur mon visage un grand sourire. Elle n'avait visiblement jamais trop eu l'occasion de se faire belle pour se faire belle. Après, de ce que j'avais compris et au vu de ses vêtements, elle ne venait pas d'une famille aisée et semblait avoir vécu pendant longtemps à la campagne, je dirais dans une famille d'agriculteurs, d'où cette connexion à la nature tellement ancrée en elle. En tout cas j'étais vraiment contente et satisfaite de moi si cette petite séance relooking lui avait plus.

Sa question me fit sourire tout en me rendant nostalgique. Evidement que non, je ne voulais pas en faire mon métier, étant bien plus tourné vers la musique que vers la mode. Mais le shoping et l'art de savoir d'habiller était une chose que je tenais de ma mère. Du plus loin que je me souvienne, ma mère avait toujours était gracile et élégante, accordant ses tenues d'une certaine manière suivant les situations et ce qui convenait le plus de faire. Elle connaissait le langage des vêtements et me l'avait enseigné dans nos cours de bonne conduite et nos escapades en ville pour remplir mon dressing de nouvelles jolies tenues, m'aidant à choisir soigneusement mes vêtements pour les divers occasions qui se présentaient à moi.

Aussi depuis très jeune j'avais appris à prendre soin de mon apparence, à accorder les vêtements d'une certaines manières. J'avais étudié l'art de la mode au fil des âges, ce qui m'avait beaucoup aidé parfois pour pouvoir accorder certaines robes de style rétro avec des chaussures ou un foulard par exemple, me remémorant ce qui se faisait à cette époque là. Et puis, j'aimais bien la mode, suivant de loin ce qu'il se faisait et ayant dans ma garde robes quelques robes de luxe que malheureusement j'avais du laisser chez mon père sauf une, que je gardais précieusement dans une housse au fond de ma penderie.

Il n'empêche que lorsque je regardai ma penderie, je me demandai toujours comment j'avais fait pour tout emmener. Ce jour là, j'avais vraiment plié soigneusement tous les vêtements que je voulais prendre. Heureusement que j'avais eu des heures pour préparer ma fuite après avoir fait mon erreur devant témoin, ainsi j'avais pu emmener vraiment un maximum d'affaires avec moi, ce qui aujourd'hui m'étais profitable. Je n'imaginai pas ceux qui partait dans la précipitation et laissait derrière eux tous leurs biens ne sachant jamais s'ils allaient les revoir un jour.

- Non, pas du tout, je voudrais être musicienne, violoniste ou chanteuse. C'est juste un passe temps que je tiens de ma mère et de mon éducation.

En tout cas c'était vrai qu'elle était belle ainsi vêtu. L'ensemble lui allait très bien et le foulard apportait une petite touche sympa qui faisait vraiment toute la différence. Si elle voulait des conseils pour s'habiller ceci-dit, je restais disponible et j'adorais faire les boutiques régulièrement pour dénicher de nouvelles choses et compléter ainsi mon dressing. Peut être que ça pourrait être une activité amusante à faire toutes les deux à l'occasion. Après elle ne semblait pas rouler sur l'or, mais je pourrais sans doute lui offrir une tenue ou deux. A voir si une occasion particulière se présente comme ce bal de fin d'année dont j'avais entendu parlé mais où j'étais arrivée trop tard pour pouvoir y participer.

- En tout cas, à l'occasion, si vous voulez des conseils shoping ou tout simplement vestimentaire, n'hésitez pas, vous savez où me trouver. Même si ce n'est que pour faire du lèche vitrine. J'ai aussi développé avec ma mère une manière peu conventionnelle de faire du shoping mais avec laquelle nous rions énormément à l'époque. Nous nous donnions des thèmes ou des objectifs et nous créions à partir de cela une tenue en lien avec le thème.

Bien, maintenant qu'elle était changée et qu'elle semblait rayonner, que faire ? Devais-je la couper dans son élan et lui dire que nous devions nous remettre aux mathématiques ? Ou lui proposer de faire autre chose ? Comme tout simplement discuter si elle le souhaitait. Mais de quoi ? De la mode et des belles tenues ? Je pouvais lui tenir la conversation pendant des heures à ce sujet mais je pense qu'elle allait vite être à la dérive sur un tel sujet. Et alors que je venais de me rassoir sur mon lit et que je posais mes yeux sur mon ordinateur, un autre sujet me vient alors à l'esprit.

- Vous écoutez quoi comme style de musique ?

La musique, une valeur sure et un sujet sans fond pour continuer une discussion, surtout que j'adorais la musique et surtout la chanson. Depuis petite je rêvai de devenir chanteuse, mais mon père me l'avais finalement fortement déconseillé, presque interdit, me poussant plus vers le violon. Je m'étais pliée à ses exigences, comme toujours, mais j'adorais toujours chanter surtout que je possédais, à mon humble avis, une voix des plus extraordinaires si je la travaillais correctement.

Il faut s'accrocher !

ft Marie-Colette

Si j'avais un professeur ici ? J'en avais eu pendant des années lorsque j'habitais chez mes parents mais à présent je n'en avais plus du tout, m'entrainant pour mon plus grand plaisir et n'écoutant que les conseils d'Eden lorsque nous travaillons ensemble car il m'apportait un point de vue différent sur la musique que je n'avais jamais eu jusqu'ici, ayant eu une formation très classique où je devais me contenter de suivre et de donner vie à une partition, rien de plus ni de moins.

- Non, je n'ai plus de professeur de musique, j'en ai eu pendant très longtemps mais à présent je m'entraine toute seule, parfois avec l'aide d'un ami musicien qui est aussi étudiant dans cette école.

Bien, repassons à la musique à présent, bien que nous restions toujours dans le même sujet. Donc elle écoutait principalement ce qui passait à la musique ainsi qu'un peu de classique. Elle ne devait pas avoir eu souvent l'occasion de pouvoir écouter ce qu'elle voulait quand bon lui semblait, devant sans doute se contenter d'un poste de radio chez elle ou dans la voiture de ses parents, et des cours d'éducation musicale à l'école. Triste vie pour moi qui aimait la musique et qui la considérais comme ma porte de sortie pour m'évader de mon enfer quotidien.

Elle me cita alors deux musiques dont elle se souvenait, ce qui me fit sourire. Les deux étaient des chansons françaises, à savoir SOS d'un terrien en détresse de Daniel Balavoine que j'affectionnais particulièrement tant par son message que sa complexité, et Je l'aime à mourir de Francis Cabrel qui était l'un de mes paroliers préféré. Je devais avouer qu'elle avait bon gout. Bon, je n'avais pas de piano sous la mains pour les interpréter aussi allais-je devoir me contenter d'une version karaoké. Je commençais à chercher sur mon ordinateur un son qui pourrait faire l'affaire pour accompagner ma voix tout en lui répondant :

- J'adore ces deux musiques, comme tant d'autres d'ailleurs. J'ai une playlist énorme de chanson français et anglophone à tout va, si vous voulez je pourrais vous écrire quelque part qu'elles sont mes préférés et celles que je vous conseille d'écouter. Après j'écoute tellement de style différent, ça va de la variété, à la pop, puis au rock, avec un peu de jazz, de classique, d'opéra... En vrai je suis ouverte à toute proposition musicale sauf peut être le rap... Car je ne comprends rien à leurs textes et je trouve la performance vocale pas terrible.

Après chacun ses gouts musicaux j'ai envie de dire. Peut être que de son côté, elle allait adorer le rap et trouver leurs textes passionnants. Mais en la regardant bien, j'en doutais. Elle était bien trop pure et sage pour comprendre leur charabia et l'apprécier. Après, peut être que je me méprenais totalement... Surement même. On ne pouvait juger un livre à sa couverture.

Je trouvais enfin un accompagnement au karaoké pour Sos d'un terrien en détresse. J'hésitais à cliquer dessus. Était-ce vraiment le moment de s'improviser un karaoké maintenant alors qu'elle avait encore des devoirs ? Peut être pas non. Aller Amicia, mets tes talents de chanteuse pour plus tard et remettez vous plutôt au travail pour terminer ses maths. Tu chanteras du Balavoine ce soir sous la douche. Je changeai alors ma recherche pour mettre ma playlist de musiques classiques qui était arrivée à la Sarabande d'Haendel, une musique mondialement connue et utiliser partout, que ce soit dans les films ou les publicités. Donc peut être que la jeune femme connaissait, peut être pas, mais au moins ça nous ferrait un fond sonore pour terminer de travailler.

- Ca vous dérange si je mets de la musique pendant que nous terminions les mathématiques ? Personnellement j'écoute toujours de la musique quand je travaille mais je peux comprendre que ça en dérange certains.

Il faut s'accrocher !

ft Marie-Colette

Nous travaillâmes de manière efficace pendant une bonne heure, parcourant le reste des difficultés de la jeune femme. Elle fit de remarquables progrès, comprenant peu à peu ses erreurs et notant de manière consciencieuse les différents points que nous abordâmes ensemble pour qu'elle ne refasse pas ces erreurs plus tard. Elle pouvait être fière d'elle, en tout cas moi je l'étais pour elle. Je ne savais pas si de tels progrès étaient dû à mes bons conseils ou simplement à sa volonté, surement un mixte des deux, mais il n'y avait plus qu'à espérer qu'elle continue sur cette bonne voie.

La jeune fille me remercia, affichant de nouveau sa timidité après des heures passées ensemble. Notre nature nous rattrapait toujours, peu importe à quel point nous pouvions la combattre, ou à quel point les autres nous forçaient à changer. On ne pouvait changer, juste évoluer. Vaincre sa timidité était faisable mais le chemin était long et difficile et nous le restions toujours un peu. Comme moi et la difficulté que j'avais à sortir des sentiers battus, par crainte de me perdre ou de me faire réprimander. C'était en ce moment un travail constant que je faisais en musique, m'exerçant inlassablement à faire de l'improvisation, sous les conseils de mon ami coréen. Mais mon esprit retournait rapidement sur ce qu'il connaissait, me faisant jouer de nouveau la base. Je devais à chaque fois d'énormes efforts de concentration pour arriver à maintenir le cap et j'espérai qu'à force d'entrainement et d'échec, un jour, j'allais y arriver, à ce que ça devienne plus naturel. Mais ce n'était pas pour tout de suite.

Je finis par afficher un sourire en réponse à la jeune femme et lui répondit d'une voix douce :

- Il n'y a pas de soucis, vous pouvez revenir quand vous voulez si vous avez d'autres difficultés. Et je dois vous remercier également, je passe une excellente soirée grâce à vous.

Oui il fallait l'avouer, je passais une bonne soirée, la présence de la jeune femme permettant de divertir mon esprit de manière utile et agréable. Je me sentais moins seule et si je pouvais aider ne serait-ce qu'une personne avec mes connaissances, j'en étais ravis. Surtout que Colette était vraiment loin d'être stupide, bien au contraire, il brillait au fond de ses yeux une intelligence qu'elle ne soupçonnait pas. Il fallait juste qu'elle retrouve confiance en elle, en ses capacités et qu'elle fasse la part des choses. La remise en question était importante, la relativité tout autant. Mais je savais que c'était loin d'être évident d'arriver à prendre du recul pour mieux sauter par la suite, j'en étais l'exemple même. Il y avait des choses dont je n'arrivais toujours pas à accepter ou à remettre en question, m'enfermant dans mes idées et mes blocages psychologiques.

- En tout cas vous pouvez être fière de vous, vous avez beaucoup progressé en l'espace de quelques heures. Il faut continuer comme cela mais je suis sûre que vous retrouverai bientôt un très bon niveau dans les matières générales.

Et je le pensais vraiment, transcrivant mes sentiments dans l'intonation de ma voix. Je voulais avant tout qu'elle reprenne confiance en elle, qu'elle se dise qu'elle n'était pas aussi nulle qu'elle le pensait et qu'elle pouvait aller plus loin. Le tout était de travailler sérieusement et régulièrement. On avait tous des facilités dans certaines matières et des faiblesses dans d'autres. Le tout était de savoir ce qu'on voulait faire plus tard pour cultiver les connaissances nécessaires pour notre réussite professionnelle, car c'était au final ce qui était le plus important. D'ailleurs, en voila une question fort intéressante ! Quoi que, elle n'avait peut être pas encore la réponse. Mais pour le savoir, il fallait que je lui demande avant.

- Avez vous une idée du métier ou du type de métier que vous voudriez faire plus tard ? Ou c'est encore trop tôt et vous n'avez pas encore eu le temps de vous poser la question ?

Il faut s'accrocher !

ft Marie-Colette

J'étais heureuse d'entendre que le travail que nous avions fournit aujourd'hui toutes les deux lui avait redonné confiance en ses capacités et courage pour aller de nouveau affronter sa classe et ses cours. Son sourire en disait long aussi sur son état d'esprit, ce qui me réconforta énormément : j'avais l'impression pour la première fois d'avoir été utile à quelqu'un, de ne pas être qu'une gentille petite poupée qu'on expose pour les beaux yeux des autres, mais bel et bien une personne capable d'apporter de l'aide, du réconfort et de la joie aux autres, tout comme ma mère avant moi. Je pouvais être utile à cette société, même si c'était à toute petite échelle. Aussi, un sourire s'afficha sur mon visage en réponse à celui de la lycéenne : son enthousiasme et son bonheur étaient contagieux.

Ensuite vient la réponse à ma question à propos de ses perspectives alors que nous nous dirigions vers la sortie de mon appartement. Visiblement, elle ne savait pas trop vers quel métier se tourner encore. Fille d'agriculteur si je comprenais bien, elle s'était visiblement toujours vue reprendre l'exploitation de ses parents, ce qui était noble et louable de sa part. Nourrir les êtres humains étaient une belle vocation et je ne pouvais que l'en admirer. Quant à savoir si Leoska donnait des cours dans ces domaines là... De mémoire, lorsque j'avais du choisir mes spécialisations - qui bien sûr avaient portés sur la musique - j'avais cru voir dans la liste agriculture, mais je n'en était plus certaine. Après, cette école formait pour tout type de métiers accessibles aux mages, donc pourquoi il n'y aurait pas agriculteur ?

- Renseignez vous auprès de vos professeurs, mais pour moi il y a une spécialisation dans l'agriculture parmi les matières proposées en plus des matières générales. En tout cas, en effet, c'est une noble vocation que de nourrir les humains, surtout qu'avec votre pouvoir, vous ne pouvez que réussir dans cette voie ! Accrochez vous, vous y arriverez, j'en suis sûre.

Je la vis alors hésiter à me demander quelque chose et fronçait légèrement les sourcils, attendant de voir ce qu'elle voulait savoir. Et alors que je tournais les clés dans la serrure de la porte d'entrée, la jeune fille me demanda si elle pouvait revenir autre que pour des cours de soutien dans cette chambre. Un sourire s'afficha alors sur mon visage alors que je tournais mes yeux vers elle, délaissant la porte d'entrée pour lui répondre. Je plongeai mes yeux clairs dans les siens et y lut toute l'envie de la petite agricultrice en herbe de revenir ici pour profiter de ma compagnie, passer du temps avec moi, en découvrir plus sur ma personne et tout simplement passer du bon temps entre ami. Cela me fit chaud au coeur d'entendre ceci : toute amitié que j'arrivai à tisser ici était précieuse à mes yeux, n'ayant jamais eut d'amis auparavant. Et c'est donc d'un ton enjoué que je lui répondis :

- Evidement que vous pouvez revenir quand vous voulez ici, même si c'est juste pour regarder un film, écouter un peu de musique, faire un karaoké avec les moyens du bord ou tout simplement discuter. Ma porte vous seras toujours ouverte, du moins si je me trouve derrière celle ci, ce que je ne peux pas toujours vous garantir car je passe beaucoup de temps en salle de musique pour perfectionner ma maitrise de la musique. Mais honnêtement, n'hésitez jamais à me déranger pour quoi que ce soit, je serais toujours heureuse de vous accueillir.

Et je le pensais sincèrement. J'avais l'impression de voir dans Colette une petite soeur que je n'avais jamais eu, mes parents n'ayant jamais voulu d'autres enfants que moi. Je n'avais jamais su pourquoi d'ailleurs, j'avais posé plusieurs fois la question à ma mère de pourquoi je n'avais jamais eu de petit frère ou de petite soeur avec qui jouer, et elle avait à chaque fois esquivé la question, si bien que j'avais finit par abandonner l'idée. Mais une chose était sûre, si un jour je devrais avoir des enfants, j'en aurais au moins deux pour qu'ils puissent grandir et jouer ensemble, ne jamais être seuls. Deux petits trésors qui se transformeraient en petits démons de temps en temps mais sur lesquels je pourrais m'émerveiller chaque jour que Dieu fera. Mais je m'égarais, de toute manière ce n'était pas du haut de mes 18 ans que j'allais avoir des enfants, ça attendra dans 10 ans, lorsque j'aurais un mari et un travail.

Revenons en donc à Colette. Ses grands yeux marrons brillaient d'une lumière propre qui la rendait vraiment adorable. J'avais l'impression que je venais de faire le plus beau cadeau du monde à cette jeune fille encore paumée il y a quelques semaines. L'amitié, il n'y avait que ça de vrai dans la vie, avec l'amour. L'amour après lequel je ne courrais pas spécialement mais que j'espérai un jour rencontrer dans ma vie et vivre de manière aussi intense que dans mes rêves.

- Et vos fraises seront toujours bien accueillies dans cette chambre !