TW pensées suicidaires, détestation de soi, mention d'actes immoraux et de mutilation.

Alphonse te guide vers un endroit plus calme. Hors de vue et de portée de voix d’Elarielle, probablement pour vous éviter de vous insulter davantage.

« Assied-toi si tu veux. Est ce que tu as besoin d'un verre d'eau, de quelque chose ? »

Tu l’entends fouiller son sac, poser des stim toys sur la chaise à côté de là où tu t’assois.

« Heu. C'est si ça peut t'aider. Des fois c'est cool donc hésite pas. »

Tu restes figé un moment. Vide. Les mots d’Elarielle tournent en boucle dans ta tête et tout te dit qu’elle a raison. Vous êtes pareils. Ses souvenirs, aussi choquants soient-ils, obéissaient à une justice arbitraire par loin de la tienne il y a longtemps. Tes yeux se posent sur les stim toys puis tes mains que tu as commencé à bousiller. Tu ne veux pas les salir, tu ne les toucheras pas.

« Non. Merci. Est-ce que je peux partir ? »

Tu te sens prêt à craquer. C’est mieux de s’isoler quand c’est comme ça. Te laisser aller aux pulsions destructrices. Sortir physiquement ce qui te blesse mentalement. Al te regarde, embêté.

« ... Bientôt. »

Non. Maintenant.
Maintenant.
C’est urgent.

« Promis je fais au plus vite. Si c'est trop dur maintenant on pourra prendre rendez-vous un peu plus tard pour détailler mais il faut au moins que j'ai de quoi évaluer la situation. Tu penses que c'est possible de m'expliquer brièvement ce qu'il s'est passé ? »

Tu inspires lentement. Chaque seconde est un coup dans ta bâtisse intérieure. Expires. Tu aimerais cracher ce qui s’effondre à l’intérieur de toi. Ta respiration peut être lente si tu forces.

« C’est pas dur. »

Si.
Tes actes et tes mots ne te laissent pas tranquilles. Elarielle a raison. Quelqu’un de moins solide qu’elle… Avec cette torture… Tes mutilations régulières n’effaceront jamais le sang que tu as sur les mains. Comme si tu pouvais le remplacer par le tien… Chaque amélioration du quotidien te fait rechuter plus bas vers la destruction.

« Elle occupait une cible au club alors qu'elle n'était pas en état de s'entraîner. Comme il n'y en avait plus de libre, je lui ai demandé de me la céder. Elle a refusé. J'ai profité qu'elle soit blessée pour la pousser à partir, mais elle a répondu et le ton est monté. »

Alphonse glitch. Iel apparaît et disparaît à plusieurs endroits avant de revenir à côté de toi. Iel revient face à toi.

« D'accord. C'est entendu. Si j'ai bien compris ce qu'elle à dit, vous avez utilisé vos pouvoirs. Comment tu te sens ? Tu veux qu'on respire un peu ensemble ? »

Tu te concentres pour le regarder. La réalité commence à s’éloigner, tu te perds dans un voile engourdi.

« Je veux bien. Je ne sais pas comment je me sens. Bien, je suppose. J'ai utilisé ma magie pour amplifier sa douleur, et elle pour appuyer sur mes peurs.
-Ça me paraît un peu violent comme expérience... Tu as le droit de ne pas te sentir.... bien... si jamais, enfin... c'est pas facile quoi. Si tu veux on peut commencer, pour la respiration. Tu es prêt ? »

Iel prend le temps de respirer avec toi pour t’aider à retrouver ton souffle progressivement. Iel te propose aussi des exercices pour t’aider à t’ancrer dans la réalité en sentant la répartition de ton poids. Tu suis tout à la lettre mais ne te sens pas mieux. Tu t’enfonces dans tes boucles de pensées, te noies dans ta haine et ton regret. Tu ne peux pas continuer.

« C'est bon, on peut arrêter. J'ai dit que je ne sais pas comment je me sentais. A partir de là, si l'identification n'est pas possible je préfère me dire que c'est mieux que mal. »

Alphonse triture ses mains.

« Ok, je comprends, désolé. De toute façon je n'ai pas a te dire comment tu te sens, c'était maladroit de ma part. Je… Vue ce qu'il s'est passé, avec ton accord je voudrais te proposer d'appeler um des psy de l'école. Mais en attendant, est-ce que tu sais si des choses t'aident dans ce genre de moment ? De la musique, des exercices, une couverture lesté... »

Tu trouves la force de lui sourire. Peut-être parce que c’est Alphonse et que tu lui fais confiance. Tu ne te sens pas en danger à ses côtés et tu es même reconnaissant pour sa présence.

« Ce n'était pas un problème, Alphonse. La formulation de ta phrase était correcte, je n'ai juste pas une réponse précise à te donner. ...On peut appeler um psy. »

Tu réfléchis à sa question.

« Les livres. »

Répondre que tu veux lacérer ta peau, y percer des trous et te vider de ton sang ne passera pas. Tu ne peux pas céder à cette envie de toute façon. Tu n’en verrais pas la fin.

Si.

Justement.

Tout a une fin.
Tu peux précipiter la tienne.

Le sourire d’Alphonse te tire de tes pensées sinistres et tu l’en remercies intérieurement.

« Ok. Cool ! Enfin pas cool, cool mais genre cool... cool.  Iel change l'intonation pour se faire comprendre, plus basse sur la seconde. Je te passe des livres et je vais les appeler ! »

Iel ouvre son sac et grimace. Tu comprends mieux en voyant le choix qui t’est offert.

« J'ai que ça ? J'ai du mal à focus sur les romans. Ça ira ? »

Tu prends Moon River de Fabcaro sans être emballé par cette histoire de bite dessinée sur la joue. Ça lae fait rire, ce genre d’histoire débile ? Tu essaies de te distraire quand même, seulement pour phaser sur le livre. Alphonse s’éloigne pour passer un appel. Iel revient rapidement avec une carte de visite de la bijouterie de ses parents. Le nom de lae psy, l’heure et le lieu du rendez-vous sont écrits au dos. Iel a ajouté des smileys et des encouragements et ça te vide autant que ça te touche de le remarquer. Tu mérites pas son optimisme.

« Voilà ! Celle-là avait de la place pour un rendez-vous d'urgence, il est bientôt. Tu auras aussi rendez-vous demain pour la partie un peu plus disciplinaire de l'incident, si tu veux que je vienne je peux. »

Tu prends la carte et soupires en entendant parler de l’aspect disciplinaire. Tout se répète et t’apprends rien.

« Je sais pas si ce sera utile que tu viennes. De toute façon, la sanction risque d'être la même que d'habitude.
-C'est toi qui vois ! De toute façon si tu as besoin de quoi que ce soit qui soit dans mes cordes -pas de guitare- Tadam psshh. -ça c'était une batterie- BREF. Tu sais que tu peux venir me voir après. »

Iel sourit et tu souris aussi. Ses blagues allègent l’ambiance. Elarielle était un miroir que tu ne voulais pas croiser. Alphonse te permet de penser à autre chose.

« Si c'est le cas, et que ça sert toujours à rien depuis tout ce temps, parles-en leurs. Ils sont pas là pour distribuer des sanctions par principe, l'important c'est que ça serve. Comme le tutorat ! Y'a peut-être moyen de trouver des choses plus adaptées pour toi, ça je peux l'appuyer si besoin.
-Honnêtement, je sais pas ce qui pourrait servir. Pas les classes d'aide disciplinaires en tout cas, ça me donne juste envie de... faire l'inverse. »

Iel a un rire bienveillant.
Ça pique.
Tout ne serait-il pas plus simple s’iel te voyait comme le connard que t’es ? Plus tu perdras de gens, plus tu pourras te laisser aller à…
Concentre toi.

« C'est normal que tu saches pas, c'est pas ton travail en tant qu'élève. Il faut surtout que tu sois honnête sur tes difficultés pour être bien orienté. »

Même si c’est pas ton travail, tu es agacé de ne pas trouver les réponses seul et de ne jamais être honnête avec toi même. Iel attrape un des stim toys pour lui mettre la grosse misère.

« Avoir identifié que les classes d'aides disciplinaires t'emmenaient pas vers les bons comportements c'est déjà top. Y'a plein d'autres dispositifs. Dit positif ? Finger gun. Elle était pas ouf. Mais les classes psy sont hyper différentes par exemple ! »

Tu agites une main pour lui signaler que sa blague était franchement bof.

« Je sais qu'elles le sont, ça c'était mieux passé quand j'y étais allé.
-Meh. L'avantage c'est qu'iels peuvent te concocter une popote personnel si jamais. T'as relevé des points en particulier qui plombaient le dispositif pour toi ?
-Oui. Des tas. Déjà je n'étais plus chez moi, je n'avais plus aucun repère. Je suis désolé mais si l'objectif est de remettre sur le « droit chemin » il faudrait éviter de me mettre en situation d'hypervigilance dès le réveil. Ensuite le rythme n'était pas le mien. Il l'était un peu, mais pas comme je voulais. Je sais que tout ne dois pas être fait pour moi mais dans ma tête à ce moment là rien n'allait. Rien. Je bloquais sur tout. En plus, j'ai fait des séjours où je devais cohabiter avec des inconnus. C'était une énorme difficulté. J'ai déjà du mal à faire des concessions à la personne que j'aime, donc des inconnus c'est impossible. Bref, ces points se résument en une angoisse irrationnelle à tout moment de la journée. Je ne parle même pas du fait que mon opposition à l'autorité était à son maximum. Rien ne me faisait plaisir alors je n'allais faire aucun effort. C'est suffisant ? »

Tu soupires. Tu n’as jamais dit ça au personnel de l’école. Pour toi, la souffrance induite par les sanctions étaient justifiée et tu n’avais aucune légitimité à demander des adaptations. Tu ne vois pas pourquoi on t’écouterait. Tu n’es pas sûr de le vouloir. Qu’on te précipite vers ta perte est arrangeant.
Oui.
Ça te fait de bonnes excuses.
Même si ça fait
trop
mal.

Alphonse te sourit avec douceur.

« Bien sur que c'est suffisant. Parfait même. Franchement que demande le peuple ? Un sens de l'analyse tip top la compote ? Beh voilà, le champion olympique. Non mais sérieusement Mordred tout ça faut vraiment leur dire si tu peux. Ou le noter ! Ou si tu veux je leur en parle. Parce que c'est carrément aménageable, t'imagines sinon ça serait total craignos de l'infini et au delà si un dispositif destiné a l'appuie psy était complètement rigide ! »

Iel pose un stim toy sur sa tête et en attrape un autre pour aider à cadrer ses pensées.

« Faut surtout pas que ça reproduise un cadre qui te mettait aussi mal ça aurait strictement aucun sens. Si tu l'imagines en visualisant le fait de toujours vivre chez toi, avec des horaires plus adaptés à ton rythme en considérant que tu y passes que la moitié de ton temps de cours par exemple, est-ce que ça t'apporterais quelque chose d'y aller ?
-A quoi ça sert de leur en parler ? Je fais n'importe quoi, j'écoute pas les conseils, j'emmerde juste tout le personnel de l'école. Comment je leur en parle, même ? En leur demandant d'être sympa avec moi alors que je m'amuse à faire souffrir des gens ? »

Tu ris jaune.

« Ta proposition a l'air pas mal, oui, mais je vois pas pourquoi ce serait accepté.
-J'aiiiii, une question avant de te répondre. Je suis membre du personnel et vu que visiblement ça nous concerne tous je me demande ; quand est-ce que tu m'as emmerdé ? »

Alphonse essaie de faire tenir le stim toy sur son nez mais il tombe. Quand iel se penche pour le récupérer, l’autre tombe aussi. Tu les regardes tomber sans rien dire.

« Oupsie j'avais zap que j'en avais un sur la tête.
-Tu es agent d'entretien, Alphonse. J'ai bousillé les dortoirs, la scène du bal, la piscine, les couloirs une fois. Même la bibliothèque. Je parle même pas des conneries qu'on ramène dans l'école avec saph pour... Parce que c'est drôle. »

Tu évites de dire que vous vous séduisez avec vos conneries, Saph et toi. C’est complètement con et tu ne penses pas qu’iel comprendrait bien votre fonctionnement. Al pouffe de rire.

« Franchement t'as plus ramassé que moi au bal. Mais j'avais jamais vu une performance aussi créative, ça valait bien le boulot que ça m'a demandé. »

Tu rougis et te face-palm avec un « oh non » honteux. Pourquoi le public veut se souvenir de cette catastrophe ? Iel est amusé mais bienveillant.

« Mordred. Tu l'as dit, je suis agent d'entretien. T'imagines le nombre de conneries que je vois par jour dans une école pareille ? T'es pas le seul à avoir un abonnement grosse dinguerie. Je dis pas que c'est hyper méga trop le fun de ramasser des déchets alimentaires, juste que je suis factuellement agent d'entretien dans ce genre de cadre et que c'est normal que ce genre de chose arrive. Tu m'as vu ? T'imagines l'eeeeenfer pour les agents d'entretien quand j'étais élève ?
-D'accord, si tu le dis... Honnêtement ça doit toujours être l'enfer pour tes collègues. »

Iel hausse les épaules.

« P't'être des fois les mauvais jours mais ça vient pas que de toi. Mais déjà tu penses à eux déjà, tu vois ? C'est pas le cas de tout le monde ! AH SI. Un message de notre part. La piscine. Juste la piscine. Pourquoi la piscine. Steuplait. En plus l’acoustique est naze. »

Tu grimaces. Rien ne va dans vos dates avec Saph, d’un point de vue inconnu…

« Parce qu'on s'est rencontré là avec maon partenaire... »

Alphonse te regarde en souriant. Iel cligne des yeux. Oui bon ça va, tu sais que c’est nimp !

« Vous êtes bizarres. »

C’est ça qui fait le charme de votre couple.

« On sait... C'est la même personne que pour la performance du bal... »

Iel regarde vers le haut avec un air pensif.

« Hmm. Oui non mais ça fait sens, sur l’esthétique générale de vos apparitions publiques. C'est cool que vous ayez plein de point commun et si ça se passe bien entre vous. Enfin, j'espère, t'as pas l'air malheureux quand t'en parles en tout cas. Et c'est pas grave d'être bizarre, au contraire c'est positif ! Iel souris puis inspire. Mais pas la piscine. Je vous fait confiance pour trouvez de meilleures idées. »

Charme ou pas, tu sais pas comment vous défendre.

« Oui on a compris, on va éviter la piscine. La prochaine fois on ira faire un paint ball ou Je sais pas. »

Et vous inviterez Jean-Baptistin, votre meilleur ami. Tu souris.

« En tout cas oui, c'est très cool. On est heureuxes ensemble. »

Penser à Saph pourrait te faire aller mieux, mais avec les événements récents tu penses surtout au mal qu’Elarielle lui a fait. Tu veux lui faire du mal, la détruire pour ce qu’elle a fait. Alphonse, à côté, a l’air sincèrement heureux pour toi.

« Trop chouette. »

Iel clape des mains.

« Je pa-pi-lon-ne. Parce que à la base je voulais pas en venir au fait que c'était normal et quotidien de récurer des conneries d'élèves. Faut surtout te dire que c'est pareil pour les collègues en CA. Fais confiance aux gens -Au JEAN- -Mieux ?- pour faire leur taf. Ils travailleraient pas dans ce service de Leoska si ils s'attendaient à ce que les profils d'élèves en CA fassent zéro pas de travers en quelques séjours et pouf, s'engagent miraculeusement sur la sacro-sainte voie tracée par leurs conseils. »

Tu soupires.

« Je sais... »

Et pourtant tu continues. Un sentiment d’échec et de haine remonte brusquement. T’en as marre de te compliquer la vie. Marre de te supporter. Marre de pas t’en sortir. Tu inspires et expires.

« Merci pour ton aide.
-De rien, c'est normal ! Ah présente leur quand même la proposition dont je t'ai parlé, ok ? Je te juuuure qu'ils sont là pour ça. Et envoie moi un message ! »

Tu hoches la tête, réfléchissant déjà aux formes que tu donneras à ton argumentaire. Iel rit doucement.

« Si ils acceptent pas je ferais la grève du ménage dans leurs locaux.
-Merci encore. Je vais aller à mon rendez vous et j'attendrai qu'on vienne me chercher, j'imagine. Au revoir. »

Tu te lèves et regardes la carte de visite pour te diriger vers le bon bureau. Il est temps de déballer tes peines pour éviter de sombrer un peu plus.